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À la fin de la vie doit être tout orgueil jeté : Encor le drap blanc signifie Douleur et grant humilité, Pource qu'a la fin de la vie Doit estre tout orgueil gecté. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 129).

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[Sentence] Ceux qui font les choses en crainte gagnent plus souvent que ceux qui procedent ave orgueil : Car voulentiers ceulx qui font les choses en craincte donnent les bonnes provisions et plus souvent gaignent que ceulx qui y procèdent avec grant orgueil, combien que, quant Dieu y veult mectre la main, riens n'y vault. (COMM., I, 1489-1491, 120).

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Du péché d'orgueil naît envie : De che pekiet d'orguel vient tost et naist envie, Et tent cescuns avoir sour autrui signourie, Et se paine que nuls ne le sourmonche mie : Trop regnent chil doy visce, mais fol est qui s'i fie. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 12).

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En haut courage n'appartient pas orgueil : D'Ector aussi peut on enquerre Que tant estoit doulx et humains Qu'a toute gent tendoit les mains, Tant yert plain de grant amistié ; Mesmes les vaincus en pitié Recevoit, quant ilz se rendoient. Et qu'ainsi faire les grans doient, Dit Vegece qu'en hault courage Point n'appartient orgueil, n'oultrage (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 35).

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Il n'est orgueil que de pauvre enrichi : Il n'est danger que de villain, N'orgueil que de povre enrichi, Ne si seur chemin que le plain, Ne secours que de vray amy, Ne desespoir que jalousie, Ne hault vouloir que d'amoureux, Ne paistre qu'en grant seignorie, Ne chere que d'omme joieux (CHART., R. Bal., c.1410-1425, 391). ...Du malheureux qui monte en hault Par droit on se peut rire aussi, Car au monde n'est rien si cault Que l'orgueil d'ung povre enrichi. (Paraboles Maistre Alain H., 1493, 89).

Rem. Hassell 186, O82. Proverbe latin : Paupere ditato nil acrius putato cité p.141, n.992 dans Paraboles Maistre Alain ; Stefano 620a, orgueil.

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Les honneurs élèvent en orgueil V. honneur

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Les riches ne doivent point avoir honte de leur orgueil : Secondement que les povres ne doyvent point avoir de honte de leur povreté, ne les riches orgueil de leurs richesses : on puet bien tenir estat mais que ce soit par mesure et humilité et sans autruy injure. (GERS., Noël, p.1404, 296).

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Orgueil a maint homme affaibli : LA MORT au BOURGUIGNON. Se dix personnes a tuees, J'en ay vingt millers ravies Les ames, non restituees Par moy, ne par autres leurs vies. De peu de chses ne te vante ! J'ay esté a ton duc servante, Selon les cas qu'a estably. Orgueil a maint homme affebly. (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 116).

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Orgueil détruit tout : ...plusieurs vices püent bien Destruire par plus fort raison Les vertus, de quoy nous parlon, Mesmement quant orgueil y est Avec, duquel tout vice naest. (...) orgueil pour voir Destruit tout, qui le veult avoir. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 308).

Rem. Morawski 2387 : Tout destruit orgueus où il se met.

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Orgueil est commencement de tyrannie : Ces parolles dittes par le Cappitaine, et après qu'il vit que tous estoient desirans d'entendre et escoutter ce qu'il voulloit dire, et par especial le Jouvencel, il commença à parler d'orgueil, en remonstrant comment orgueil est commencement de tirannye et est la rachine des autres pechiés, et qui plus nuyst et fait dommaiges à pluseurs gens et mesmement à gens de guerre, quant ilz en sont entechez. (BUEIL, I, 1461-1466, 119).

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Orgueil est le prince de tous les vices : Maintenant se tu qui es vaincu par les vices de l'ame demandes victoire sur ton corporeil ennemy, peult advenir que Dieu te laissera vaincre quant au corps, affin de humilier ton cueur, et que tu puissez avoir victoire sur orgueil qui est le prince de tous les vices. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 154).

Rem. Hassell 186, O84.

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Orgueil fait souvent trébucher celui qui trop en soi-même se fie : Quant li paiiens l'entent, le quief pris a drechier Et voit Jourdain armet a loy de cevalier. Quant le voit esseulet, ne le prise .I. denier, Ne li daigna respondre, ains se recoucque arier ; Tant est fel et despis et tant le fait cuidier Orguel Qui trop en lui se fie (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 266).

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Orgueil fait toutes les femmes jouer à simagrée ("agir de manière hypocrite") : Orghieus se tapisçoit, or pert ["apparaît"] tieste levée ; Orghieus voelt que li femme soit quointement parée Dou chief, de tout le corps noblement achainmée : Orghieus fait toutes femmes jeuer à simagrée. (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.1, c.1347-1353, 52).

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Orgueil ne monta onques, mais humilité vainc avec belle raison V. humilité

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Orgueil règne moult fort, envie règnera : Orghieus régne moult fort, envie régnera, Et li puans luxure avoec se metera (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.2, c.1347-1353, 44).

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Pauvre orgueil n'est que fiens : Laissiés couller et faindre vostre mautalent, povre orgueil n'est que fiens, nul fruit n'en peult venir. Tu ne puelz grever Alexandre et il te puelt grandement aidier. Il te couvient en oubliance mettre la mort de ton pere, laquele tu ne peulz en quelque fachon vengier.. Oultrageux hardement le mena à sa fin (Faits conq. Alexandre N.L., c.1450-1475, 191).

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Quand orgueil chevauche devant, honte et dommage suit de bien près : Et estoient ces Liégeoys icy excommuniéz, cinq ans avoit, pour le different de leur evesque dont ne faisoient nulle estime, mais continuoient en leur folle et mauvaise oppinion, sans qu'ilz eussent sceü dire qui les mouvoit, fors trop de biens et grant orgueil. Et usoit ledict roy Loys d'ung mot, à mon gré bien saige, où il disoit que, quant orgueil chevauche devant, que honte et dommaige suyt de bien près. (COMM., I, 1489-1491, 120).

Rem. Hassell 186, P86.

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Quand un chétif vient en domination, il y a en lui plus d'orgueil qu'en un prince de nom V. chétif

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Toujours orgueil son maître avile : L'amour des gens on a par estre Humble, comme il peut apparestre ; C'est vertu qui moult bien avient ; Mais certes au contraire advient, Car, soit a chasreau ou a ville, Tousjours orgueil son maistre aville. (ALECIS, ABC P.P., 1451, 12).

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Tout orgueil cherra : Et croy que tout orgoeul cherra Et longuement ne demourra. Orgoeul peut courre une estendée, Mais il chiet à la longue alée, Au jour du Jugement tout droit. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 4).

Rem. Hassell 186, O85.

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Trop grande humilité est une très grande partie d'orgueil V. humilité

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Vouloir enseigner les sages est orgueil et corriger les obstinés est folie V. enseigner

Rem. Cf. aussi Morawski 2218 : Rien ne vault orgueil contre aise.
 

"Orgueil" : En grant orgueil lors s'est soubzlevez Arphasat (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 212).
 

"Orgueil" : Croyés mes parolles et dicts Pour faire aux diables desfarde. Nulz de vous amis ne se parde Par ire, orgueulh ne luxure ! Le feu d'avarice nul n'arde ! (Pass. Auv., 1477, 125).
 

"Orgueil" : ...car il ne le font pas pour cause de gaaing, mais pour fuir et eschiver que il ne molestent ou charchent et contristent ceuls avecques qui ilz conversent et pour fuir orgueil. (ORESME, E.A., c.1370, 269).
 

"Orgueil"

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Abattre l'orgueil de qqn : Valerien, je vous adjure Qu'en cest heure, soit droit ou tort, Ilz soient tous livrés a mort Devant leur maistre, c'est mon vueil, Afin d'abatre leur orgueil (Myst. st Laur. S.W., 1499, 261).

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Rabattre l'orgueil de qqn : ...Pour leur orgueil rabatre, Vouloir avons de les combatre Et tous mettre a destruccion (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 13).
 

"Orgueil, péché capital" : LE CURÉ. (...) Or me dites (...) Sanz riens celer ce qu'avez fait En penser, en parler, en fait, Soit d'envie, d'orgueil ou d'ire. (Mir. mère pape, c.1355, 354). Certes elle a vaincu Tout orgueil par humilité. (Mir. Theod., 1357, 127).
 

"Orgueil" : Une femme sera belle et riche : elle en usera en orgueil ou en charnalité (GERS., Pent., p.1389, 80). ...en trespassant ton commandement de non mengier la pomme, et en preposant leur volenté a la tienne par orgueil et fole rebellion. (GERS., Concept., 1401, 398). Pour ceste cause les passions et desordonnez mouvemens sont lais et coulpables es hommes, qui point ne le sont es bestes, comme orgueil n'est point pechié, ou laydure en cheval, cruaulté en lyon, malice en renart, envie es chiens, avarice es cornailles, et ainsy des autres. (GERS., Concept., 1401, 399). Se ung tel exemple, ung tel miroir, une telle medicine ne garist cuer humain de la maladie d'orgueil, ne scay chose autre qui la doye garir. (GERS., Noël, p.1404, 295). Mais la science des aultres choses quant tu ne te congnois est vaine et ne fait que enfler par orgueil et ne edifie point par humilite. (CIB., p.1451, 196).

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[En cooccurrence avec vent] : Le vent subtil de chippre, qui fait enfler les gens, est prins en figure pour le pechie d'orgueil. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 108). Bien tu l'esprouvas, o Lucifer, jadiz ange tres bel, car incontinent que le vent d'orgueil ot enflé ta pensee et tellement demenee que tu volus monter a l'equalité de ton Seigneur, tu qui estoyes fait pour le servir, point n'y ot de remede. (GERS., Purif., 1396-1397, 61).

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Abaisser l'orgueil de qqn : Nabusgodonozor fut en ce temps appellé Main forte, pour ce qu'il fut incité de Dieu pour abaisser l'orgueil des Juifz en Babillonie, dont il tenoit le resne. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 44 r°).
 

"Contentement excessif de soi-même" : O tresmauldite oultrecuydance, Tu m'as trop longuement deceu Par orgueil et par arrogance (LA VIGNE, S.M., 1496, 508).
 

"Péché consistant à se croire supérieur aux autres" : C'est a dire, mon ami : Combien que tu soies bon, se tu es orgueilleux tout est gasté : ton seul orgueil te dampne. (LA SALE, J.S., 1456, 18).
 

A. -

"Orgueil, présomption, outrecuidance" : Et s'ay si noble signourie Qu'au monde n'a prince ne roy, Tant soit ses cuers de grant desroy, Durs ou hauteins ou pleins d'orgueil, Que ne le face, se je vueil, De fin cuer loial sans amer Cent fois mendre de lui amer, Sans ce qu'il en ait ja solas ; Eins sera loiez en ses las (MACH., D. verg., a.1340, 22). Et son humilité parfaite [de ma dame] M'estoit escuz, deffense et gaite Qu'orguieus ne me peüst sousprendre, Qui mains maus norrist et engendre, Et qu'envers tous trés doucement Me maintenisse et humblement. Et vraiement bien dire puis Que d'umblesse est fonteinne et puis (MACH., R. Fort., c.1341, 7). Ceaus qu'il voloit humelier, Il les metoit au pain prier, Et ceaus qu'il haoit jusqu'a mort, Il estoient en l'eure mort. Quant il se vit en si haut point, Orgueil, qui ne scet faire a point, En son cuer se mist et bouta Et telement le debouta Qu'il perdi sa gloire et son regne, N'orgueil n'i tint regle ne regne. De tous hommes fu deboutez Pour l'orgueil ou il fu boutez, Et parmi champs, parmi boscages Fu mis o les bestes sauvages. (MACH., C. ami, 1357, 29). Mais encor supplier te vueil Que seur tout te garde d'orgueil, Car de tous vices c'est li pires Et cils que plus het nostres sires, Et si fait l'omme trebuchier, Et paresse le fait mendier. (MACH., C. ami, 1357, 126). Et qui le fait pour lui prisier Ou pour lui plus auctorisier, Y fait mal, car si fole emprise Fait li homs, si tost qu'il se prise, Qu'il boute orgueil et vanité En sa povre fragilité. (MACH., C. ami, 1357, 133). J'ai tant mon cuer et mon orgueil creü Et tenu chier ce qui m'a deceü Et en vilté ce qui m'amoit eü, Que j'ay failli Aus tres dous biens dont Amours pourveü Ha par pitié maint cuer despourveü Et de la tres grant joie repeü Dont je langui. (MACH., Motés, 1377, 495). Mais c'est trop tart : je ne puis recouvrer La soie amour ; Et s'ay paour, se je li vueil rouver, Qu'il ne me deingne oïr ne escouter Pour mon orgueil qui trop m'a fait fier En ma folour ; Et se je li vueil celer ma dolour, Desirs espris d'amoureuse chalour Destraint mon corps, et mon cuer en errour Met de finer. (MACH., Motés, 1377, 495).

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En partic. : On ne doit pas croire en augure, Car c'est pechiez contre la foy Et c'est sorcerie et laidure Et grant deshonneur ; car je croy, Quant homs voit ses anemis Qui destruisent sa gent et son païs, Qu'il ne se puet excuser de combatre, S'il a pooir de leur orgueil abatre. Car la victoire et l'aventure Gist en Dieu et en bon arroy Et en grant avis qui n'a cure De folier ne de desroy (MACH., L. dames, 1377, 230).

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P. méton. : Que fist il premiers en Behaingne ? Que qui s'en loe ou qui s'en plaingne, Par force d'armes et d'amis En subjection les a mis, Comment qu'il li fussent rebelle Tuit, mais il gaaingna la querelle, Et maintes fois se combati, Dont maint grant orgueil abati. Après ce vint a Esselingne, Une ville qu'est en Duringne. (MACH., C. ami, 1357, 106).

B. -

"Hauteur, arrogance, contenance hautaine et méprisante, fatuité, vanité" : Mais nompourquant grant destresse d'amour, Ardant desir, la crueuse langour, Ou j'avoie demouré par maint jour, Son bel acueil, Esperance de terminer mon dueil, Sa grant biauté, si dous riant vair oueil, Et ce qu'en li n'avoit goute d'orgueil, Le hardement De requerre merci couardement Me donnerent (MACH., J. R. Beh., c.1340, 76). Mais son attrait et son gent appareil [de la dame] Qui simples fu n'avoit point de pareil ; Et si fu blanche Plus que la noif, quant elle est sus la branche, Sage, loial, courtoise, et de cuer franche, Et si parfaite en toute contenance Qu'en loiauté Estoit assez plus belle que biauté ; N'en li n'avoit orgueil, ne cruauté, Ne riens qui fust contraire a amisté. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 104). Et vraiement bien dire puis Que d'umblesse est fonteinne et puis ; Qu'onques turtre ne turterelle, Aingnaus, coulons, ne coulombelle, Damoiselle, ne pucelette Ne pot estre d'orgueil plus nette, Ne plus pleinne d'umilité, Acompaingnie de pité, En tous cas et en tous endrois, De li. (MACH., R. Fort., c.1341, 8). Li roys Jehans, dont Dieus ait l'ame, Ot espousé la milleur dame Qu'on peüst trouver en ce monde. Car d'orgueil estoit pure et monde, Et sot quan que nature donne De bien : ce fu ma dame Bonne. Bien le say, car moult la servi ; Mais onques si bonne ne vi. Fille yert dou bon roy de Behaigne (MACH., P. Alex., p.1369, 24). Tant est parfaite en tout et enterine Que trestuit cil qui sont et ont esté S'onneur, son pris, son scens, sa douceur fine En cent mille ans n'aroient recité. Chascun à bien faire attrait Par son maintieng et par son dous attrait, Humble envers tous et d'orgueil pure et munde ; Mais de son bien, certes, c'est tout le munde. (MACH., L. dames, 1377, 177). Et si maudi l'acueil, l'attrait, l'atour Et le regart dont l'amour engendrée Fu en mon cuer, qui le tient en ardour ; Et si maudi l'eure qu'elle fu née, Son faus samblant, sa fausseté prouvée, Son grant orgueil, sa durté où tenrour N'a ne pité, qui tient en tel langour Mon dolent cuer en estrange contrée. (MACH., L. dames, 1377, 192).

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Sans orgueil : Et bien pensoie qu'escondire Ne me vorroit pas ma requeste, Car tant fu courtoise et honneste, Bele, bonne, sage, honnourable, Humble, sans orgueil, raisonnable, Douce, debonnaire, po fiere, D'atour, de port simple et de chiere, Que je me commensay a traire Vers son dous gracieus viaire. (MACH., D. Lyon, 1342, 184). Et si ne vueil pas oublier Le bon Jehan de Bouviller Que j'aim, n'Endruet de Braibant, Sans orgueil nul et sans bobant. (MACH., P. Alex., p.1369, 142). Et quant il furent tuit venu, Grant, petit, moien et menu, Li sires de Lesparre estoit Avec les autres, qui estoit Piessa venus au mandement Dou pape, et tout premierement. Et li gentils roys sans orgueil Se seoit en un fausdestueil. (MACH., P. Alex., p.1369, 241).

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Sans hautesse n'orgueil : Si pri a Dieu que jamais ne mefface Chose envers vous qui nostre amour efface, Et que vo vueil Puisse acomplir, einsi com je le vueil Faire, humblement, sans hautesse, n'orgueil. Car, se je puis, assez mieus que ne sueil, Vous serviray Trés loiaument de cuer et ameray, Et vostre honneur en tous cas garderay, N'en dit, n'en fait, n'en penser ne feray Chose envers vous. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 82).

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[Dans des énoncés plus ou moins stéréotypés, à propos de la dame, de son attitude, son maintien, etc.] : ...Pour sa biauté sans orgueil Qui toutes passe, a mon vueil, Et pour son trés bel acueil Qui toudis rist, Si qu'en plaisance norrist Mon cuer et tant m'enrichist Qu'ainsi vivre me souffist, Ne plus ne vueil (MACH., R. Fort., c.1341, 19). Car souvenirs en moy figure Sa fine biauté sans orgueil, Sa bonté, sa noble figure, Son gent maintieng, son bel accueil, Et comment si dous riant oueil Par leur attrait m'ont mené, si Que j'aim dame, s'aten mercy. (MACH., Bal., 1377, 549). Si que, tres belle sans orgueil, Que j'aim d'amour entiere, Pour vous si grant doleur recueil, Quant einsi m'estes fiere, Que je sui en doubtance D'estre en desesperence (MACH., Ch. bal., 1377, 582). ..Car vo biauté sans orgueil, Qu'aim et desir, Et dous espoir de merir En tel escueil M'ont mis qu'au goust de joïr Mes maus recueil. (MACH., Ch. bal., 1377, 600). Martyrés sui de l'amoureus martyre Plus durement assez que je ne sueil, Car j'ay desir qui m'ocist et martyre De reveoir la belle sans orgueil Qui fait en moy demourer si grant dueil Que pour s'amour souvent soupire et pleure, Pour ce que trop ensus de li demeure. (MACH., L. dames, 1377, 144). Tres bonne et bele, mi oueil Joieuse pasture Prennent en vostre figure, Simple et sans orgueil, Et mes cuers en vostre acueil Vie et douce norriture. (MACH., L. dames, 1377, 185). Bien parée, sans orgueil, D'acueil, Bien vueil Par vo vueil Morir, pour vous faire lie, Dou grief mal que je recueil. (MACH., Lays, 1377, 313). ...Amours riens ne me conseille Fors l'amer : s'aim par son vueil Ce qui ma mort appareille, C'est des fleurs la nompareille Qu'on claimme blanche, vermeille, Belle, bonne et sans orgueil. (MACH., Lays, 1377, 314). Ne say, se je dor ou veil, Quant son riant oueil, Son gent corps qui n'a pareil Et son dous accueil Voy et son cointe appareil, Simple et sans orgueil, Et son vis blanc et vermeil Plus que fleur en brueil, À qui d'amer me conseil, Dont maint plaisant mal recueil. (MACH., Lays, 1377, 428). Avec ce son riant oueil Et son gracieus accueil M'ont ad ce mis Que je sui ses vrais amis Et estre vueil ; Mais la bele sans orgueil, Qui met en moy tout ce dueil, Ne vuet que passe le sueil De son pourpris Ne que voie son cler vis, Si com je sueil. (MACH., Lays, 1377, 435).

C. -

"État de mécontentement extrême qui rend agressif" : Qu'autrement nul bien ne vueil, S'il ne vient par leur escueil Et par leur gracieus vueil, À cui je sui plus sougis C'un chiennet devant l'orgueil D'un lyon, quant il ha dueil Qu'il n'a pasture en son breuil Pour ses faonnés petis. (MACH., Lays, 1377, 390).

D. -

"Fierté" : ...Fortune par ses conduits Monte l'un, l'autre avale, et puis Rien n'i aconte A roy, a duc, a per, n'a conte : L'un donne honneur, et l'autre honte ; L'un desgrade ; l'autre seurmonte ; C'est ses deduis ; Tout orgueil amolie et donte. Mais Boëces si nous raconte Qu'on ne doit mie faire conte De ses anuis. (MACH., R. Fort., c.1341, 36).
 

"Orgueil ; confiance en soi et mépris des autres " : Tant tint li contes Derbi son siege devant le chastiel de la Riole, que messires Agos des Baus falli a ses ententes, car il quidoit que poissance de par le roi de France deuist la venir pour lever le siege, mais non fist ; car ensi que je vous ai ja dit, li orgoels et la negligense estoient si grandes en l'ostel dou roi Phelippe, pour ce temps, que on ne faisoit compte de tels coses, ne del aler ne del envoiier. (FROISS., Chron. D., p.1400, 630). ...chil signeur de Gascongne, vinrent en France pour remonstrer au roi et a son consel conment les besongnes de Gascongne se portoient mal.... Mais les faisoit on la croupir et seoir au palais ou ailleurs, tant que il estoient tout lasset et tout hodet, ...ne il ne pooient veoir le roi ne parler a lui, ne il ne se savoient a qui traire, pour avoir responses de lors requestes. ...et maudisoient l'orgoel : de France, et l'aise et le sejour ou li rois et si consilleur estoient, et se departoient de Paris malcontent et plus endebté assés que qant il i estoient venu pour esploitier. Li rois de Navare ... et pluiseur aultre chevalier de Normendie estoient contraire à ces impositions et lkes avoient deffendues en leurs terres. Li rois retint ceste cose en grant orgueil et grant presumlption et dist qu'il ne voloit nul mestre en France fors lui. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 176).

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L'orgueil est souvent personnifié et sujet d'un verbe d'incitation, et associé à outrecuidance : Et fuissent bien rentré dedens et a petit de damage, se il vosissent ; mais orgoels et outrequidance les amonesta de demorer et faire armes. (FROISS., Chron. D., p.1400, 497). Espagnols se comfient grandement en lors vassiaus, ... Et dient li auqun que il s'en fuissent bien alé, se il vosissent, et que ja il n'euissent eu nul rencontre des Englois ; mais orgoels les sourmonta et outrequidance, et quidierent bien desconfire le roi d'Engleterre et ruer jus les Englois, et disoient que il estoient fort assés pour tout cela faire. (FROISS., Chron. D., p.1400, 882).
 

"Orgueil, sentiment exagéré que l'on a de sa valeur" : Dieu par sa pitié weille avoir pitié et mercy de nous et nous donner cognoiscence de nos fautes et orgueil, et mauvaistié. (BAYE, I, 1400-1410, 333).
 

"Orgueil" : Sur toutes choses je vous deffend orgueil. Je vous commande a faire justice aussi bien et faire raison au petit comme au grant. (ARRAS, c.1392-1393, 86). Gieffroy envoya devers les freres, en disant comment ilz venissent faire obeissance a Remond son pere. Et ceulx dirent au messaige : Pour Remond ne pour homme de par lui, ne feroient ilz rien (...). Et sachiez, se le messaige n'eust si tost hasté le cheval, qu'il estoit mort sans remede, car ilz estoient felz et crueulx, et ne craingnoient Dieu ne homme. Et le messagier retourna a Gieffroy, et lui compte l'orgueil et le bobant des IIJ. freres. Par mon chief, dit Gieffroy, grant vent chiet pour pou de pluie. Je les payeray bien de leurs gaiges. (ARRAS, c.1392-1393, 198). Haa, Glaude, beau frere, nous sommes par vostre orgueil cheuz en grant chetivité, et me doubte bien que nous n'en eschapperons ja sans perdre les vies, car trop est Gieffroy crueulx. (ARRAS, c.1392-1393, 205). Or advint en ce temps qu'il ot un jayant en Gueurrande, en qui avoit si grant orgueil que par sa force il mist tout le pays en patiz jusques a la Rochelle. (ARRAS, c.1392-1393, 239).

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Il meut à qqn de grand orgueil de + inf. "Un grand orgueil le pousse à" : Par ma foy, vassaulx, il vous muet de grant orgueil ou de grant niceté de ainsi passer par devant damoiselles sans les saluer, combien que l'orgueil et la niceté puet bien estre en vous tout ensemble. (ARRAS, c.1392-1393, 24).