A. -

[Poss. clitique ("non-prédicatif", atone, antéposé) ; défini, comme l'art. le, et relationnel comme la prép. de (vostre bien = "le bien de vous") : les relations du "possesseur" (de deuxième personne et du pluriel, notamment du pluriel de politesse) à l'objet "possédé" correspondent aux relations que marque de (relation d'appartenance, de propriété ou qualité, de provenance, d'inclusion, de localisation, de comparaison, d'agentivité... ; v. de, en partic. III A 1)] Nostre / nos

1.

[L'objet "possédé" est du singulier] Vostre. "Votre" : Jehan le Forestier, vostre sergant... (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1330, 16). Comme, a cause de vostre office, vous eussiez arresté et mis en la main du roy nostre seigneur certainne rente que... (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1334, 55). Je say bien vostre entencion, Ma chiére mére debonnaire. (Mir. enf. diable, c.1339, 47). ... j'ay grant joye de vostre venue... (ARRAS, c.1392-1393, 53).

-

[Forme vos (vo, voz)] "Votre" : Mais je croy que fait en ayez A vo pooir vo dilligence (Dit prunier B., c.1330-1350, 47). Par Jhesucrist le hault celestre, Jou ay bien sy grant desir d'estre Chevalliers, s'estre le pooie Par vo gré, que riens ne vauroye, Par m'ame, en ce lieu souhaidier. (Dit prunier B., c.1330-1350, 70). Vierge, priez a vo doulx hoir, Dame, fontaine de pité Qui nous doint a sa voulenté Ouvrer en faisant son service (Mir. enf. diable, c.1339, 7). Dame, par vo sainte doulçour Vueillez moy garder de ses laz (Mir. enf. diable, c.1339, 7). Et vous souliez estre si sainte Que pour vo sainte renommée Fustes vous abbesse sacrée (Mir. abbeesse, 1340, 91). Dame, dit Famius, or en soiez du tout a vostre paix, car par la foy que je vous doy, Berinus voz filz n'ara ja sueffrette de riens tant comme je vive (Bérinus, I, c.1350-1370, 14). ...se j'ay aucun enfant de vous, il ne avra terre ne heritage, mais avra tout vo filz, qui est de si mauvaise preuve que je en ay grant honte pour vous (Bérinus, I, c.1350-1370, 25). ...sire Diex, par vo bonté Vueilliez pitié de s'ame avoir (Mir. fille roy, c.1379, 23). Car, dame, en vo precieuse Char prist Diex humanité Qu'il conjoint a deité. (Mir. st Alexis, 1382, 339). Demandez a vo chamberiere Se j'ay en mauvais lieu esté (DESCH., M.M., c.1385-1403, 121). ...vous leur envoiez Vo chamberiere Convoitise (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 124). Mais quant vo durté me fera Mourir... (CHART., B. Dame, 1424, 349). ...de vo grant humilité ne me sçay trop esmerveillier (Comte Artois S., c.1453-1467, 121). ...veritablement, je ne voy remede en voz fait que [ne] soiez prins, car les sergens me dirent, il m'en souvient maintenant, qu'ilz retourneroient sur la nuyt (C.N.N., c.1456-1467, 509). Et de ce se farsoient et moquoient les Picars et autres de leur party, qui en disoient telz motz : "Et rewoitiez vo roy qui parle à no seigneur de Charrolois, et a passé à deux heures qu'ilz y sont..." (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 125). Beaulx enfans [les enfants perdus], vous perdez la plus Belle roze de vo chappeau (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 129). Est bien vo chaperon ? (P. Jouh. D.R., a.1488, 22). Par ma foy, beau sire, vous perdez vo temps (LA VIGNE, S.M., 1496, 264).

2.

[L'objet "possédé" est du pluriel] Vos. "Vos" : ...au lieu ou il fu resqueus de par vous et par vos genz (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1330, 16). Mais de vos joyaux me paroye ! (Dit prunier B., c.1330-1350, 82). Chevauchiez tot hardïement Et voz eschelles arroiez (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 79). Or alez et si m'amenez Deux de vos voisines ou trois : Si irons au moustier (Mir. enf. diable, c.1339, 16). Seigneurs, voz patenostres dites Pour messire Jehan Compaigne (Mir. ev. arced., c.1341, 119).

B. -

[Empl. "prédicatif"]

1.

Adj. poss.

a)

Un vostre + subst. V. un

b)

Le vostre + subst. : ...et le vostre Filz Jhesus et Pierre l'appostre (Mir. pape, 1346, 386). Ne souffrez en nulle maniére Le vostre pais plus destruire (Mir. st Guill., c.1347, 39). Guillaume, assez souffissanment, Selonc le vostre entendement, Avez vostre propos baillié (MACH., J. R. Nav., 1349, 208). Fillie, le vostre saulvemant Ne vouldroye pas destorbé. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 100).

c)

[Comme attribut] Estre vostre. "Être vôtre, être à vous" : Mon treschier seigneur, il me semble Ma fille est vostre de touz poins (Mir. femme roy Port., c.1342, 181). ... Jossellins (...) a un filz qui gouverne a present toute la terre de Leon, qui doit estre vostre. (ARRAS, c.1392-1393, 50). Lors s'encline devant le lit du roy, et prent la couronne, et la mist a Hermine sur son giron, en disant : Damoiselle, elle est vostre (ARRAS, c.1392-1393, 120). Si avés tres grant conmencement de requerir et calengier ce qui est vostre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 229). Ne avez vous pas doncques juste querelle de recouvrer ce qui est vostre et qu'il vous ont iniquement osté par voye de fait ? (JUV. URS., T. crest., c.1446, 161). ...et en ce vous devés fort entendre, car la charge en est vostre. (JUV. URS., Verba, 1452, 339).

2.

Pron. poss. Le / la / les vostre(s) : ...mes dolours sont assez plus petites Que les vostres (MACH., J. R. Beh., c.1340, 93). ...et me semble que par raison ilz ne deüssent avoir autre hostel que le vostre. (Bérinus, II, c.1350-1370, 123). ...ma maison est aussi bonne que la vostre (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1392, 650). ... je vous recommande ma terre et la vostre... (ARRAS, c.1392-1393, 148). ...se vous avez plaisir de le faire en aucune maniere et vous sentez que cellui qui sera vostre mary eust plaisir de la faire en une autre maniere, faictes avant au plaisir de cellui qui sera vostre mary que au vostre, car son plaisir doit preceder le vostre. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 70).

3.

[Empl. de nominal]

-

Le vostre. "Ce qui vous appartient, vos biens" : ...miex amez a escient Estre povre et le vostre perdre Que vous a mariage aerdre Ne prendre femme de valeur Pour vous maintenir en honneur (Mir. chan., c.1361, 151). ... nous ne sommes pas venus pour avoir du vostre, ne or, ne argent, villes, chasteaulx, terres, ne finances... (ARRAS, c.1392-1393, 118). Noz peres nous sont chiers, enffans chiers, parens et familliers chiers en amour, maiz il n'est telle amour, ne ou vous puissiez mieulx emploier le vostre, que ou fait du roy et de la chose publicque (JUV. URS., T. rever., 1433, 87). Ça, messeigneurs, la mercy Dieu, Vous estes a port arrivez Sans du vostre avoir riens perdu, Ne sans nul autre destourbier. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 109).

-

Les vostres. "Vos proches" : Sire, la grant affectïon Et l'amour grant qu'a vous avons, Qui vous et les vostres amons Chascun endroit soy fermement, Nous ont donné le hardement De vous aucune chose dire. (Gris., 1395, 11). Et se vous estes fort, de par vostre roi et les vostres, de acorder toutes ces coses recordees, si dites "Oil ", et nous entenderons a la paix. (FROISS., Chron. D., p.1400, 215). ...nous porterons les clefz de voz maisons et vous en bouterons dehors, vous et les vostres (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 114).