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Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500) - ATILF - CNRS & Université de Lorraine - http://www.atilf.fr/dmf
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     NON-VALOIR     
FEW XIV valere
NON-VALOIR, subst. masc.
[GD : valoir (nonvaloir) ; FEW XIV, 133b : valere]

A. -

"Absence de valeur" : Et quant il revint, ses amis li distrent que par sa negligence ses possessions estoient desertes et en non valoir. (ORESME, E.A.C., c.1370, 343). ...et doit on considerer que ilz ne ont que menger et ou eulx tenir a couvert, car les presbitaires des povres curés sont abatus et destruis, et est a advertir que les gens d' esglise ne vivent que de leurs rentes et revenues, qui sont aujourduy reduites a non valoir (JUV. URS., Nescio, 1445, 505). O tres douce liqueur divine (...) se je ne fine, Ne te metray en nonvaloir. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 74).

 

-

Tourné en non valoir. "Devenu sans valeur" : ...une partie des dictes huit barges sont du tout tournees en non valoir de leur corps, et l'autre partie qui encore est en estre, seroit tantost du tout perie et gastee si briefment remede n'y estoit mis (Clos galées Rouen M.-C., t.1, 1382, 270).

 

-

[D'un bien] Devenir/estre en non valoir. "Devenir sans valeur, ne plus rien rapporter" : ...ledit hostel deviendroit en non valoir et en ruine (Sent. Chât. Paris M., II, 1430, 102). ...ladicte maison est en non valoir de longtemps (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1447-1449, 611). Item deux estangs qui, de présent, sont en ruyne et en nonvaloir (Chartes Ste-Chapelle Vincennes B., t.1, 1466, 329).

B. -

"Partie d'une imposition qu'on n'a pas pu recouvrer" : ...l'informacion des non valoirs bailliez par Jehan Thomas, japieça receveur du demaine de ladite ville, en ses comptes par luy rendus de ladicte recepte (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1440-1441, 247). ...Pierre du Brueil, clerc, demourant à Paris, à ce par eulx commis sur le fait des non valoirs de ladite recepte, lesquelles information et mandement sont attachés à un cayer de papier où sont declairés et contenues lesdites nonvaloir cy rendus et servant pour les parties contenues en ce present chappitre (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1446-1447, 528). Pour certaine despense faicte par feu Michel Culdoe, eschevin, Jehan Croix, sergent de ladite ville, et Perrin du Breuil, Martin de la Planche et autres, en faisant la visitation des non valoirs baillez par feu Robert Louvel, en son vivant clerc et receveur dudit domaine, en sept de ses comptes finis au terme Saint Remy 1447 (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1449-1450, 686).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 2/2 
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     VALOIR     
FEW XIV valere
VALOIR, verbe
[T-L : valoir ; GD : valoir ; GDC : valoir ; DÉCT : valoir ; FEW XIV, 130a : valere ; TLF : XVI, 905b : valoir]

I. -

[En empl. intrans., idée de valeur en soi]

A. -

[D'une pers. ; idée de valeur, de mérite]

 

1.

"Avoir de la valeur, du mérite" : [De l'âme] Penson donques ["Préoccupons-nous donc, faisons donc en sorte"] que l'ame vaille Et du corps polir ne nous chaille, Quar se l'ame vault, el vauldra De valour qui ja ne fauldra. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 88). LE CHEVALIER GUILLAUME. Las ! las ! las ! je doy bien plourer, Quant mon bon seigneur ay perdu, Par qui je vail et ay valu (Mir. st Guill., c.1347, 36). Ottroie a moy, qui petit vail, Grace que (...) en la fin je puisse Venir en ta gloire (Mir. march. larr., c.1349, 97). Son corps de valoir ne se faint ["La valeur (la vaillance) qu'il manifeste n'est pas feinte"] (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 130). C'est [Jésus] ung homme que beaucop vault, Plain de miracles et vertus. (Pass. Auv., 1477, 136).

 

-

Ne rien valoir. "N'avoir aucune valeur" : Chascun me clame Et me reclame - putain immunde, Tant suis parfunde En toute onte, - que riens ne vaulx. (Pass. Auv., 1477, 151). Pour ce que tu ne vaulx riens ["tu ne vaux rien, tu n'as aucune force"], ne porte riens. (MACHO, Esope R., c.1480, 11).

 

.

Ne valoir en rien : Le jeune pastoureau (..) Disant que vers luy ne vailloit En rien pour soy povoir deffendre. (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 114).

 

-

Valoir mieux. "Avoir, acquérir plus de valeur, gagner en mérite" : ...Cil qui mielx vault ["qui a le plus de valeur"] et mains se prise. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 97). Se me voulez entendre, voir, vous en vaudrez miex (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 154). ...se tu creois Dieu, tu en vaulroys mieulx. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 154). ...ce bon chevalier, pour mieulx valoir et honneur acquerre et embrasser, se partit de sa marche (C.N.N., c.1456-1467, 246). En ce faisent farés assés Pour en estre loué tout temps Et de Dieu et des bonnes gens ; Et vous mesmes en vouldrés mieulx. (Pass. Auv., 1477, 275).

 

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Part. prés. en empl. subst. masc. : Et les autres, c'est asavoir, les chevaliers qui se combatoient en leur compaignie, se mectoient au commencement bien avant es perilz, aussi comme les mieulx vaillans. (ORESME, E.A., c.1370, 213).

 

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Valoir mieux de qqc. "Acquérir plus de valeur du fait de qqc., tirer avantage de qqc." : Si se bouta en une bien grande frenesie et parfonde melencolie, dont il ne valut pas mieulx. (C.N.N., c.1456-1467, 319). ...croiez mon homme de ce que par moy vous dira ; et s'ainsi le faictes, vous en vauldrez mieulx. (C.N.N., c.1456-1467, 120). Qui a de certains lieux La cherge et la gouverne, Il en doit valoir mieulx ["Il doit en tirer des avantages"] (...) : Le mÿel mal gouverne Cil qui ses dois n'en lesche. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 53). [v. 571]

 

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Valoir le mieux de qqc. "Gagner le plus d'estime du fait de qqc." : Vous en vaurrés encor le mieus De vo prison et de vo prise ! (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 144).

 

-

Valoir pis. "Perdre de sa valeur, devenir pire, être en plus mauvais état" : Il me semble que tu empires Et vaulx pix hui que devant hier. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 3). Aucunes personnes ne dient point tous leurs pechiez plainement pour ce qu'elles se doubtent que le prestre n'en vausist pis ; et vrayment ceste doubte puet estre bonne a la fois, mais on y doit p[ou]rveoir par [s]e confesser a tel qui n'en devra mie pis valoir. (GERS., Pent., p.1389, 82). Vous m'aveiz donneit ung grant coup, j'en varay piez toute la sepmaine. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 107). ...sy jure Dieu que les trahitrez le comparront et sy en varont pis. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 124).

 

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Valoir pis de qqc. "Perdre de sa valeur du fait de qqc." : ...tellement s'accorderent [la servante et le chapelain] que le maistre en valut pis tant en bien comme en honneurs. (C.N.N., c.1456-1467, 457).

 

-

Valoir plus / moins. "Avoir plus / moins de valeur" : Et en celle entree fu blacé Jozeph d'Arimatie d'une lance par les cuisses, mes il n'en vouscist moins [var. ne vailit gaire moins / nen mourut point]. (Veng. Nostre-Seign. F., t.1, c.1300-1400, 138). Mon amy, vous me affollez toute, et auxi, mon amy, vous en vauldrés moins ["vous vous en trouverez moins bien"]. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 38). ...de Roboam, auquel les joennes disoient qu'il valoit plus que son pere Salomon, et perdi son peuple (GERS., Annonc., a.1400, 234). C'est a dire, mon ami, que le filz de la chambriere bien moriginé vault assez plus que le filz du roy qui est mal condicionné. (LA SALE, J.S., 1456, 21). ...il ne s'ensuit pas pourtant que la très noble et excellante science de astrologie et les purs astrologiens en doyent estre blasmés ou en valloir mains (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 2 r°).

 

-

Valoir moult. "Avoir une grande valeur" : ...Une dame qui moult vauroit (TAILLEV., Songe thois. D., 1431, 66).

 

-

Valoir tant. "Avoir une si grande valeur" : Sire, qui tant vers Dieu valez, Humblement vous requier et pri Avoir baptesme sanz detri De vostre main. (Mir. st Lor., 1380, 184). ...Celle dame qui tant vailloit (TAILLEV., Songe thois. D., 1431, 66).

 

-

[Avec un mot interr. interrogeant sur la valeur de qqn] : ...[afin] elle sache qu'il vault ["ce qu'il vaut"] et qu'il scet faire (...), elle luy baille jour (C.N.N., c.1456-1467, 106).

 

-

Valoir de qqn. "Gagner en valeur par qqn, gagner par qqn" : [C'est Jupiter qui parle] ...on doit prisier ceulz de qui on vault. Il [mon père] a vallu de moy tant que son royaulme monte ["il me doit son royaume"] (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 179).

 

-

Valoir de qqc. "Avoir de la valeur par qqc." : ...Ce qui m'a fet et envaï [mes dons littéraires] Et dont je vauch ["et ce qui constitue ma valeur"]. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 50). [v. 90]

 

-

Estre valant. "Avoir de la valeur" : ...celle (...) Qui de toutes est mieulx et plus valente (Rond. poés. XVe s. R., c.1400-1500, 139).

 

-

Se faire valoir. "Montrer sa valeur, son courage" : LE PERE. (...) Pour les parens, en guerre s'en va l'oir ; Martin, Martin, pour Dieu faiz te valoir Dorenavant. (LA VIGNE, S.M., 1496, 165).

 

-

Valoir de + inf.

 

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"Avoir assez de valeur pour, mériter de" : ...ilz estoient beaulx compaignons tous deux, et valoient bien d'estre retenuz serviteurs d'aussi femmes de bien qu'elles estoient. (C.N.N., c.1456-1467, 362).

 

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"Acquérir plus de valeur, gagner à" : Pervers Juïfz ou rain de mort repose, Traïstres chiens, contre vous je m'oppose, Vallez vous huy d'abandonner tel chose ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 340).

 

-

En partic. [Dans le domaine de la santé]

 

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"Aller mieux" : Ung gentilhomme des marches de Flandres, ayant sa mere bien ancienne et tresfort debilitée de maladie (...), esperant d'elle mieulx valoir et amender, combien que es marches de France il feist sa residence, la visitoit souvent. (C.N.N., c.1456-1467, 458).

 

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Valoir en santé. "Être en bonne santé" : NOSTRE DAME. (...) Et luy requier [à Dieu] d'umble vouloir Qu'il vous doint en senté valoir (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 58).

 

2.

P. méton. "Être estimé pour sa valeur" : Filz a putain, tu n'es pas bon pour declareir de cel fait et valoir, car tu murdris l'empereur Constantin du raisoir ! (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 54). La vouldray regner, Valloir, gouverner, Triumphe mener. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 14).

B. -

[D'une chose ; idée de valeur, d'utilité]

 

1.

"Avoir de la valeur, être utile, efficace" : ...Que le secours nous vint de Dieu qui sur tous vaut ["c'est le plus efficace des secours"] (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 158). ...j'ay escript une petite chosette que se tout vault petit, mais que soit au plaisir de Dieu et de vostre seignourie (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 4). Quant celle voit que sa priere N'y vault, a moult dolente chiere, S'en fuit devers le roy Priant (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 98). Maiz, ès autres quartiers et poins De l'an, valent pommes de coigns, Et poires nèfles et corneilles (LA HAYE, P. peste, 1426, 96). Seigneurs, le lamenter n'y vault ["est inutile"] (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 192). ...mais Saintré (...) l'actaint du tranchant de sa haiche sur les dois de sa main droicte, que n'y valut la rondelle que tous les dois ne lui effroissast et endormist. (LA SALE, J.S., 1456, 127). ...pour ce que je vous voy plus feru que la chose ne vaille, vous ay je pieça voulu advertir (C.N.N., c.1456-1467, 230). ...[le sacrement de baptême] est tel et si ferme que seul il vault sans aultre aide, voire accompaigné de vraye foy. (C.N.N., c.1456-1467, 428). Car trop plus vault en ce loyaulté et preudhommye sans prudence que prudence sans loyaulté et sans justice. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 231).

 

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Ne rien valoir. "N'avoir aucune valeur, ne servir à rien" : Mort m'a pére et mére tolu : Richesce n'y a riens valu (Mir. parr., 1356, 3). ...jacoi ce que trop bien par dehors ilz oïent huchier et appeler, riens ne vault. (GERS., Pent., p.1389, 79). Riens n'y valent doulces paroles pour l'amolir, ne dures pour la rompre ou flechir, car elle est sourde a tous biens (GERS., Purif., 1396-1397, 66). Riens ne vauroit faire si loing parlement (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 112). A ce cop cognois je bien que jamais ne vauldrez riens. (LA SALE, J.S., 1456, 9). [Je ne suis pas homme, dit le premier venu, que vous doyez contenter de paroles], car excusance n'y vault rien. (C.N.N., c.1456-1467, 234).

 

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"Ne pas être estimé à sa valeur" : Je suys plus preux de vous asseiz, maiz ma proesse ne vault riens a la vostre (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 106).

 

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Rien n'y vaut. "Rien n'y fait" : Dont la commença Sexte a prier, rien n'y vault (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 54). Mais rien n'y vault, ce ne peut estre (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 22). Et encores plusieurs foiz vous et voz gens ont esté advertis que ilz faisoient mal, mais rien n'y vault, et va tout en empirant. (JUV. URS., Loquar, 1440, 413).

 

-

Néant valoir / non valoir. "Être dommageable, nuire" : ...Que moult peut nuire et néant vault En ce temps user de baing chault, Si non en deux cas par exprez Qui sont tantost nommez aprez (LA HAYE, P. peste, 1426, 86). Derrainement est assavoir Que moult peut nuire et non valoir Lors à table souvent logier, Et le mengier y prorogier (LA HAYE, P. peste, 1426, 96).

 

-

Valoir mieux. "Avoir plus de valeur" : Car ainsi une souris vaudroit mieulx que un pierre precieuse, pour ce que la souris a vie sensitive. (ORESME, E.A.C., c.1370, 295). Car labeur de corps subtilie le humeur naturele, et quant il est trop grant il seche tele humeur laquelle vault mieulx de estre subtiliee, et empire par desutacion. (ORESME, E.A.C., c.1370, 328). Et de quelle fain ? De la fain espirituelle qui de tant est plus perilleuse, de combien l'ame vault mieulx [que le] corps, et la vie pardurable que la temporelle. (GERS., Purif., 1396-1397, 59). Bones pleiz, à ce en chières, Et dorées avec gournaulx, Et moult d'autres espéciaulx, Qui mieulx valent communelment Rostiz en four, ou autrement, Que cuiz en eaue, gresse ou paste (LA HAYE, P. peste, 1426, 93). Et valent mieulx quant les noyaulx Des noix sont netoiez des peaulx. (LA HAYE, P. peste, 1426, 96). ...affin que la besoigne dont il le veult requerre en vaille mieulx, luy respondit qu'elle estoit morte (C.N.N., c.1456-1467, 285). ...le nom n'est pas si beau que de chevaucher ; mais la maniere du faire vault trop mieux d'assez (C.N.N., c.1456-1467, 300). L'odeur que je sens est tresbonne ; Mes encore le corps vault mieulx. (Pass. Auv., 1477, 260).

 

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Valoir pis. "Perdre de sa valeur, devenir pire" : Supersticion oste la gloire de Dieu comme se le dyable fust plus puissant, ou plus saige, ou plus amant. Se paroles bonnes y sont, tant pis vault car on en abuse. (GERS., Noël, p.1404, 308). ...du desir que nous avons d'aler deux mois ou trois veoir noz terres, dont il est grant besoing, car sont plus de XVJ ans passez que nous n'y fusmes, dont noz affaires n'en vaillent que pis. (LA SALE, J.S., 1456, 242).

 

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[Avec un mot interr. interrogeant sur la valeur de qqc.] : Et que valent tous [c]es estas oultrageux ? (GERS., Annonc., a.1400, 238). Qu'en vauldroit le long compte ? (C.N.N., c.1456-1467, 74). ...creez qu'il ne demoura pas vestu. Qu'en vauldroit le long compte ? (C.N.N., c.1456-1467, 103). Que vauldroit il en demander dispence ? (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 5). Cestui monstra bien ou voyage de la croisée qui fut en son temps, que ["ce que"] valloit astrologie en ses subtilles pourvoyances et predicions (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 109 v°). SAINCT MARTIN. Ma mere, le deable le tient Et l'a si bien mys en ses las Que si guere ainsi s'entretient, La fin luy fera dire : hellas ! Que vault lÿesse ne soulas Et vayne delectacion, Que, quant le corps de vivre est las, Tout s'en va a dempnacion, A payne et tribulacion, A misere et a grant tourment (LA VIGNE, S.M., 1496, 294).

 

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(Très) bien vaut + inf. "Être (très) utile de" : ...advint (...) une assez gracieuse adventure, qui tresbien vault la racompter et mectre en compte (C.N.N., c.1456-1467, 449).

 

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Il vaut. "C'est bon, c'est fait" : SATHAN. Levez donc la pate : Aultrement, je ne vous croy point. LUCIFER en levant la main. Il vault. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 18).

 

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Il ne vaut. "Ce n'est pas bon, cela ne réussit pas, rien n'y fait" : LUCIFER. Comment, ne la sces tu tromper ? Tu es tant subtil et tant cault, Deslëal Sathan. SATHAN. Il n'y vault. C'est merveille que de sa vie : Son ame est toute a Dieu ravye (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 100). [Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 338]

 

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Il vaut moult. "Il est utile, il est bon" : Fault faire fumigation, Dedens la maison ou la chambre, De boiz d'aloe, musc ou ambre Pour les riches et les puissans ; Maiz aux autres mains suffisans Vault moult fumiguer, et proffite, De storax, mastic, calamite, D'olibane et de majoraine (LA HAYE, P. peste, 1426, 80). Il fault noter premièrement Du vin aigre soigneusement, Duquel user par tempérance Vault moult en temps de pestillence (LA HAYE, P. peste, 1426, 124).

 

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Vaille que vaille. "Quelle qu'en soit la valeur, quel qu'en soit le profit, le résultat, de toute façon, tant bien que mal" : Qu'en jugez vous, vaille que vaille, Par vostre advis ? (Mir. marq. Gaudine, 1350, 147). Puis qu'il vous plaist, vaille que vaille, Je m'en tairay. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 4). Je me vueil droit cy arrester Et poinctier ce beau dé cy Que m'a baillié je ne sçay qui, Mais puis que je l'ay ne m'en chaille, Je le vueil bien vaille que vaille (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 191). Et tantost l'admiral vaillant Passa sur ung destrié saillant Tout par my la grosse bataille Des Barbarins, vaille que vaille, Lors qu'i vit Barbarins abatre, Puis ung, puis deux, puis trois, puis quatre (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 24). Je l'ay ja fait, valhe que valhe. Compaignhons, alés l'aultre pendre ! (Pass. Auv., 1477, 207). LE FRIPIER. (...) Sa, sa, marchans, que l'on m'assaille ! Marché feray vaille que vaille, Car il me fault argent pour boire. (LA VIGNE, S.M., 1496, 550). Tirez archers vaille que vaille. (Myst. st Martin K., a.1500, 252).

 

Rem. FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 109 ; EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 277r20 ; HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 64 ; CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 392 ; GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 168 ; Danse macabre femmes H., p.1480, 96 ; MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 118 ; P. moyne, a.1500, 51...

 

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Si vaut si vaille. "Quoi qu'il arrive" : Ils vous feront a Pasques bonne taille, Vous absolvant tout, si vault, se vaille. (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 137).

 

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Part. passé en empl. adj. "De valeur, important"

 

Rem. Scheler, Gloss. Geste Liège, 304 (II, 495 : Dites que j'en feray de la citeit value).

 

2.

"Être valide, rester en vigueur" : Il sera dit que l'ordonnance faicte par le bailly de Saint Deniz, en tant qui touche les teinctures d'escailles de nois, de racines et d'escorces, tendra et vaudra (BAYE, I, 1400-1410, 281). ...mais consentent que, sans prejudice desdictes libertés, ycelles graces expectatives expediées par le Pape Jehan XXIIIe vaillent et sortissent leur effect (FAUQ., I, 1417-1420, 50). ...lesquelles coustumes nous voullons et approuvons que, de ores en avant, se continuent et vaillent (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 214).

 

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"Être fondé, acceptable, recevable" : ...[les eschevins de Cambray] vendront ceans dedans XV jours, se bon leur semble, dire leurs excusations, et se elles valent bien, senon seront sommez, comme il appartendra. (BAYE, I, 1400-1410, 80). Laquelle constitucion ne vault et ne se puet soustenir pour pluseurs raisons. (FAUQ., III, 1431-1435, 102).

 

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[D'un raisonnement] "Être valable, efficace" : Et pour ce que le contraire de leur conclusion est monstré par evidence comme dit est, il appert assés que leurs raysons ne pourroient valoir, pousé que je ne sceuse monstrer la deffaute de elles ou que je ne les peusse entendre (ORESME, C.M., c.1377, 204). Mais ce ne vault, car telles impressions ou vapeurs ne demeurent pas longuement en un estat et celle tache appert touzjours sanz crestre et sanz appeticier et sans mutacion ou variacion de figure ne autrement. (ORESME, C.M., c.1377, 454).

 

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[D'un argument] "Être convaincant" : Mais ce ne puet valoir, car se une chose dure plus que l'autre il ne s'ensuit pas pour ce, que il soient de diverses especes. (ORESME, E.A., c.1370, 114).

 

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Rien ne vaut. "N'avoir aucune validité, ne pas être valable légalement" : L'evesque dit que le calice a esté trouvé en la possession du cordelier, si en aura l'evesque congnoissance, et du clerc et des meubles trouvez en sa possession, et ne vauldroit riens le procès que sur ce feroit la Court laye (FAUQ., III, 1431-1435, 126).

 

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Valoir autant. "Avoir la même validité" : ...et a dit que non obstant qu'il fust adjornez au XXJe de ce moiz ceans pour asseurer maistre Oudart Correl, procureur ceans, estoit prest de l'asseurer, et voloit que l'asseurement vaulsist autant comme s'il l'eust asseuré ledit jour (BAYE, I, 1400-1410, 157).

 

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Part. prés. en empl. adj. "Valable" : Jehan Froutart n'a sceu dire cause vallant pour empescher qu[e]... (Sent. Chât. Paris M., II, 1395, 472).

 

-

Non valoir. "Dispense d'une imposition (imposition invalidée)"

 

Rem. Ph. Contamine, Guerre, Etat et soc. à la fin du Moy. Age, 1972, 357 (doc. 1472).

 

3.

Faire valoir qqc. "Montrer, afficher, faire la démonstration de qqc." : LE PERE. (...) Quant vous serez sur voz chevaulx bardez, Faictes valoir vostre chevalerie ; Et quant serez en la cherpillerie Des ennemys, quelque part que se soit, Sans long parler ne grant babillerie, Vostre couraige las de frapper ne soit. (LA VIGNE, S.M., 1496, 190).

 

4.

Valoir à / pour qqn. "Être profitable, bénéfique pour qqn, profiter à qqn" : Et lor vault lor sens moult petit (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 104). C'est une chosse qui moult li vaudra (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 211). S'il i chiet, ne li vault pas pis ["cela ne lui profite pas moins, cela n'en est pas moins méritoire"] Que se un gros oysel avoit pris (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 357). Et si n'est pas par raison vraysemblable que tous ceuls qui ont estudié as arts et as sciences eüssent ignoré telle chose et que euls n'eüssent enquis se elle leur peüst aidier et valoir (ORESME, E.A., c.1370, 116). LE MESEL. Sy voir que je le tieng a digne, De cire ma longeur li baille [à Saint Fiacre] A celle fin que il me vaille. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 35). La IIIIe question : Vault autant a mon ami singulier se je prye pour luy en general et en commun comme se je prioye pour luy tout seul (...). Et le saint sacrement de l'autel, quant a sa valeur, est de ceste condicion, et est de certaine efficace et puissance, et pourtant une messe ne vault pour pluseurs ensemble comme pour ung tout seul. (GERS., Déf., 1400, 233). Et soit seure qu'il lui vauldra Autant comme il lui a neü ! (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 116). ...et a faire Ung traictiet, lequel moult vaurroit A tous coeurs de vaillant affaire. (TAILLEV., Songe thois. D., 1431, 61). S'il est riens qui nous puist valoir... (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 55). Le hault braire ne vous y vault (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 351). ...a la requeste de Madame et la vostre je luictay deux foiz a vous (...) et ne m'y valu excuse que a sa requeste et a la vostre je ne passasse par la. (LA SALE, J.S., 1456, 295). ...Dieu, qui fait tout pour le mieulx et scet ce qui nous duyt et vault trop mieulx que nous mesmes, en soit loé ! (C.N.N., c.1456-1467, 95). ...il confermoit [sa harangue] par cent mille sermens et autant de promesses. Pour abreger, rien ne luy vault. (C.N.N., c.1456-1467, 116). ...il y a assez place a l'ostel, et vous vauldra autant la le dire [un Pater noster] que maintenant en ce moustier (C.N.N., c.1456-1467, 218). Se tu faicts ce que te commande, Il te vauldra. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 148). [GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 50] ...et jaçoit qu'il advertist icelui Daire de son infortune, il ne voulut croire et se confioit en sa grande puissance que peu lui valut, car au derrer il fut blecié à mort et ses gens perduz, mors et desconffiz. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 55 r°). Victor Capuanus, le bon evesque qui les cicles paschalz descripvit si subtillement, monstra bien que comme astrologie valoit et servoit à l'Eglise. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 98 r°). LA BOURGEOISE. (...) Je me voys soubdain mectre en voye, Car le tarder rien ne me vault (LA VIGNE, S.M., 1496, 389).

 

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[À un animal] : Et, s'il y a chiens saiges qui se saichent garder dou change et il voit que tout cela ne li vaut, donc aprimes [l. a primes] commence il a faire ses malices et foir [l. foïr] les voies et refoir sus soy [Éd. : "rien en fait de ruse et de malice ne vaut au cerf [ne profite au cerf], les chiens ne prenant pas le change et n'abandonnant pas la bonne voie"]. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 63).

 

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Doive valoir à qqn ou non. "Quel qu'en soit le résultat, quoi qu'il en soit" : Car, me doie valoir ou non, En l'onnour la bele parfaite Par cui fu ceste prise faite Sera cilz diz rimés et fais. (ACART, Prise am. H., 1332, 3).

 

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Valoir à + inf. "Permettre de, aider à" : Et est aussi comme le moyen qui a mestier et vault et profite a acquerir bien honneste, si comme sont richesces qui sont utiles pour pluseurs vertus excercer. (ORESME, E.A.C., c.1370, 153). Et ainsi ce que je ay dit par esbatement en ceste maniere peut aler valoir a confuter et reprendre ceulz qui voudroient nostre foy par raysons impugner. (ORESME, C.M., c.1377, 538).

 

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(Faire) valoir qqc. (à qqn). "Faire que qqc. soit utilisable par qqn, faire obtenir qqc. à qqn, procurer qqc. à qqn" : ...qu'ilz li apportassent tout ce qu'il auroient, et elle leur feroit valoir ce qu'il vaudroit. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 163). ...il convenoit qu'il deist la verité et que riens ne lui valoit delay qu'il eust prins. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 482). ...la Court a respondu que sa requeste sera enregistrée pour lui valoir ce qu'il appartendra (BAYE, II, 1411-1417, 6). ...et requeroit que ces choses fussent enregistrées pour valoir en temps et en lieu ce que raison donroit (FAUQ., I, 1417-1420, 123). ...au mieulx qu'elle savoit s'en excusoit. Mais que luy valut ceste excusance ? certes pou ou rien. (C.N.N., c.1456-1467, 423).

 

5.

Valoir à qqc. "Être utile à, être utilisable pour qqc." : ...ceste onccion vault a trois choses : a medicinement de plaie et a curacion, a assavourement de refeccion, et a norrissement de feu (Mir. ev. N.D., c.1348, 59). ...et requeroit que ces choses fussent enregistrées pour valoir en temps et en lieu ce que raison donroit, et aussi pour valoir à sa descharge et monstrer, s'il estoit besoing, qu'il s'est aquitié en ceste matiere (FAUQ., I, 1417-1420, 123). Le devot convent des cordeliers de ceste ville nous a beaucop valu et vault a la conservation des biens dessus dictz. (C.N.N., c.1456-1467, 223). Fist aussi ledict Moïse, comme est recité en la Bible, deux anneaux en certaine constellacion, desquelz l'un valloit à memoire et l'autre à oblivion. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 25 r°).

 

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[De témoins] : Et à ceste fin pourra chascune desdictes parties faire examiner jusques au nombre de XIJ tesmoins qui vauldront à fin principal (FAUQ., III, 1431-1435, 131).

 

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"Profiter à, contribuer à" : Par quoy tu dois conclure que a la vraye pureté de nature humainne ne s'apartient corruptibilité ne imcorruptibilité, car les deulx ensamble ne font point la destruction de nature ne la conservacion d'icelle, mais l'une vault a la misere de nature - c'est assavoir corruptibilité -, et l'autre vault a sa beatitude - c'est assavoir imcorruptibilité. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 224).

 

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Valoir à + inf. "Être efficace pour" : Car Sextus Tarquinus, qui eust indignacion de ce que son pere par force ne povoit vaincre la cité de Sabine, sur laquelle estoit assiegé, cestui Sextus penssa maniere qui plus vallut a la prendre que force d'armes (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 37).

 

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[Inf. de sens passif] "Mériter la peine de" : ...sans adventure trouver qui acompter [l. a compter] vaille (Beufves Hant. I., c.1499-1503, 64).

 

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N'y rien valoir. "N'être d'aucune efficacité" : ...chacun s'employa a l'accordement d'icelle [noise], pour trouver maniere de les appaiser ; mais rien n'y valoit. (C.N.N., c.1456-1467, 393). ...elle prend et fait tout ce qu'on veult pour recouvrer santé. Mais rien n'y vault. (C.N.N., c.1456-1467, 33). Ung poste vint, qui apporta nouvelles Que prins estoyent ville et chasteau tant fort Que pour les vaincre rien n'y valloit effort Comme on disoit. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 241).

 

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[D'un remède] Valoir à / contre qqc. "Être efficace contre qqc." : Celle herbe vaut mont a toutes maladies des ieus (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 212). Aussi fault-il, sans muser trop, Prendre dedens aucun syrop, Ou autre propre médicine À ce valant, plaisant et digne, Aiant en sa confection Quelque partie ou portion De ces choses, froides ou sèches (LA HAYE, P. peste, 1426, 121). ...fut très grant philosophe et sceut la vertu de plusieurs herbes et experimenta contre toute ebrieté valoir raphane (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 56 v°).

 

-

Faire valoir de qqc. "Tirer parti de qqc., mettre qqc. à profit" : ...et dit que les descharges ne sont mie inutiles et en pourroient les generaulx faire valoir. (FAUQ., II, 1421-1430, 167).

II. -

[En tournure comparative ou avec un obj. interne]

A. -

[En tournure comparative ; idée d'évaluation comparative]

 

1.

Valoir autant / valoir tant. "Être équivalent à" : ...car oblacion vault autant comme donacion, car offrir vault autant comme donner (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 383). Et disons premierement que ceulx confessent et tesmoingnent verité de Dieu qui valent autant comme messages de Dieu, c'est assavoir les angelz. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 193). ...elle luy dist qu'elle estoit mariée autant vault, et que jour de sa vie aultre homme n'aroit a mary (C.N.N., c.1456-1467, 360). PATHELIN. Dy grans merci. LE BERGIER. Bee ! LE JUGE. Dis je bien : Va t'en, ne te chault, autant vaille ["Que ton bêlement soit l'équivalent d'un remerciement !"]. (Path. D., c.1456-1469, 182). Quant ce venoit es noises et discors Qu'il convenoit ses entrailles lascher Pour soy defendre ou pour autruy sercher, Tant eult valu avoir ouÿ d'enfer Tous les grans deables avecques Lucifer. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 136). LE SOUBDAN. Se je rencontre quelc'un au descouvert, Aultant vauldroit que le deable le tint. (LA VIGNE, S.M., 1496, 230).

 

2.

Valoir plus que. "Être supérieur à" : Et ainsi, pour ce que ilz ne les peuent bien porter [les bonnes fortunes], ilz cuident superexceller, seürmonter et plus valoir que les autres qui ne ont pas teles fortunes et les ont en despit. (ORESME, E.A., c.1370, 252).

 

3.

Valoir mieux

 

-

Qqc. vaut mieux à qqn (que). "Qqc. est préférable pour qqn" : Trop mieulz pour lors me eust valu la mort que la vie. (LA SALE, J.S., 1456, 162). Et qui a ceste heure l'oyst, mieulx luy vauldroit la mort que sans prochain remede vivre en ce monde ! (C.N.N., c.1456-1467, 74). ...fut grand piece en son courage, asavoir si bon estoit qu'il parlast ou si mieulx luy valoit le taire. (C.N.N., c.1456-1467, 243). Mieulx luy vauldroit la fievre quarte Que d'estre mis entre noz mains ! (Pass. Auv., 1477, 192). Mon Dieu, que ma teste est atonee Et les yeulx me deulent molt fort ! Il me vauldroit mieulx estre mort Que d'ausi vivre longuement. (Pass. Auv., 1477, 231). Homme vicieulx, Il voulsit mieulx pour ton profit Perdre tes yeulx Faulx, envieulx, - que croire au dit De ce mauldit dampné, Veu qu'il s'ensuit Que Jhesu Christ - soit condempné. (Pass. Auv., 1477, 246). Mais que sont ilz devenus ? Certes quant ilz t'ont sentu approcher, quelque oultrageux ne terribles qu'ilz fussent, fouyr leur a mieulx valu que une mauvaise attente. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 299).

 

-

Mieux vaut + inf. "Être préférable" : ...[ils] firent ce pourquoy ilz estoient assemblez, qui mieulx vault estre pensé des lysans qu'estre noté de l'escripvant. (C.N.N., c.1456-1467, 186).

 

-

Prov. Consens vaut mieux que force : ...et, au moïen des bonnes ellections que print, desconfit les Italliens. Pour ce, dit Fulgence, consens vault mieulx que force. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 97 v°).

 

Rem. Cf. DI STEF., 797b, s.v. sens : «"sens vault mieux que force" Ysaye le triste, 60».

 

-

Qqn vaut mieux + inf. que... "Il est préférable pour qqn d'être..., plutôt que..." : ...vous pourriez mieulx valoir estre en Inde que avoir emprins la jouste contre lui ! (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 81).

 

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Empl. impers.

 

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Il vaut mieux. "C'est préférable" : S'il vous pleust, chier sire, attendre Qu'acouchie me laississiez Et que vostre hoir vous veissiez, Il vaulsist miex. (Mir. fille roy, c.1379, 12).

 

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Il vaut mieux que + subj. : Et donques puisque ilz different, vault il mieulx que chascun ait son propre nom. (ORESME, E.A., c.1370, 179). ...verité est que elle dist a sadite seur qu'il valoit mieulx que elle feist la volenté et plaisir dudit chevalier que ce qu'il la baillast à sesdiz varlez et garçons. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 46). ...et a semblé à la plus grant partie desdis conseilliers que, qui vouldroit pourveoir audit Courtin, oultre les gages de l'office d'auditeur, qu'il vauldroit miex qu'il prist chascun an sur le Roy XX livres jusques à ce qu'il soit pourveu dudit office de conseillier (FAUQ., II, 1421-1430, 341). Monseigneur, pour vostre honneur et celuy de la fille aussi, il me semble qu'il vault mieux que je lui descouvre l'embusche de vostre vouloir (C.N.N., c.1456-1467, 154). ...au fort il vault mieulx que la tromperie soit seulement sceue de nous que de nous et d'elles. (C.N.N., c.1456-1467, 206). Tel s'enquiert et le veult sçavoir Que mieulx vaulsist qu'il n'en sceut riens (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 87). Trop mieulx vauldroit que fuyssions Bien tost d'icy. (LA VIGNE, Aveugle boiteux D., 1496, 124).

 

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Il vaut mieux à qqn que + subj. : Las ! chestiz ! il me vaulsist miex C'onques ne fusse né de mére Qu'avoir fait euvre si amére (Mir. pape, 1346, 367).

 

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Il vaut mieux + inf. : Et, par aventure, vault il mieulx enquerir de l'universele ydee separee et que ce est a dire et comment. (ORESME, E.A., c.1370, 112). ...mieulz vault envoyer une personne en purgatoire sans penitence que en enfer sans absolucion (GERS., Déf., 1400, 232). Tant pour tant mieulz vault confesser a son curé plus seurement. (GERS., Concept., 1401, 428). Cayn, mieulx valist retourner Envers la divine puissance. (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 119). Tel fait aucunesfoys ung sault Que mieulx vaulsist n'avoit [l. n'avoir] sailly (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 117).

 

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Il vaut mieux à qqn + inf. : Aussi nous vault il miex avoir Emperiére (...) D'un paien que d'un crestien (Mir. st Lor., 1380, 139). Et se, de aventure, il y a aucune present qui pour la consideracion de ceste misere soit triste, ou qui en parle, mieulz luy vausist estre bien arriere : tantost sera moqué, monstré au doit ou vilené. (GERS., Purif., 1396-1397, 67). Dame, il vous vaulsist mieulx attendre (Myst. Incarn. Nat. L., t.1, c.1454-1474, 55). ...et pour ce, Saintré, il vous vaulsist mieulz a Madame dire la vérité. (LA SALE, J.S., 1456, 60).

 

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Il vaut mieux (à qqn) + inf. que + inf. : Car selon les philosophes, supposé que aprés la mort nul ne eüst bien ne mal, si vault il mieulx bien morir que mauvaisement vivre. (ORESME, E.A.C., c.1370, 213). Et mieulx nous vausist en Egipte Estre mors que venir icy. (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 394). Ho ! il me vault mieulx vivre que morir pour prendre soing pour la garder ! (C.N.N., c.1456-1467, 560).

 

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[Verbe sous-entendu] : Or bien force est que je perde ; si vault mieulx tost que tard. (C.N.N., c.1456-1467, 540).

B. -

[Idée d'évaluation monétaire ou marchande]

 

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[D'une chose ; le compl. indique le prix] Valoir tant. "Coûter tant, équivaloir à (une certaine somme d'argent)" : ...il print et embla, en une hostellerie où estoit logé le maistre d'ostel du roy de Navarre, deux cens florins d'Arragon, cinq ou VJ anneaulx d'or qui valoyent outre deux cens fr. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 251). ...l'en print et osta, en la chambre et soubz les piez dudit lit dudit prieur, un sien breviaire qui bien valoit XX frans et plus (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 214). ...et icelle bourse de cuir, pour ce qu'elle ne valoit riens, il avoit despecée et jettée aval lesdiz champs du Lendit. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 279). Item, cogneut avoir baillié à Berart de La Todie (...) un chappel de perles qui vaut bien Vc frans (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 212). ...l'en trouvoit que l'en avoit porté hors ce royaume à Court de Romme bien XXX cent mil escus qui valent IIJ milions. (BAYE, II, 1411-1417, 155). ...et valoit lors le marc d'or fin à la monnoie du Roy LXXVJ livres V sols tournois. (FAUQ., II, 1421-1430, 31). ...car les XXX solz n'en valoient que dix de forte monnoye (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 125 r°). ...III pourceaux et sept veaulx, qui sont mil XVIII pieces royaulx, qui valent IImXXXVI pieces (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 146 r°). ...predist deux ans devant de la grant famine, qui fut à Paris, que le septier de blé valloit IX frans. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 156 r°). Le froment valut en Lionnoys un escu d'or l'année ["asnée"], c'est certaine mesure venant près à la charge d'un cheval et le vin valut II frans. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 161 v°).

 

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Valoir une somme / une valeur / de l'argent... : ...et audit disner ledit Sardain trouva ladite tasse qui avoit esté emblée à Molins, laquele tasse ledit Sardain print, et dist qu'il l'avoit païée la valeur qu'elle valoit et que ledit Pierre estoit lierres et traitres (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 444). Ceste [Discrétion] ne vault pas tant d'avoir, Combien qu'il la couviengne avoir Comme l'autre [Considération] et plus est commune (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 27). Il est beau [le signet d'or], veritablement, Et vault de l'argent. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 44). ...ilz ont donné aussi à mondit seigneur le duc et autres de sa compaignie aucuns chapeaulx couvers de grosses perles de compte, valissans grant chevance, en especial cellui de mondit seigneur le duc (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1454, 445). ...il avoit bouté en ung de ses doiz ung aneau d'or garny d'un beau gros dyamant qui bien povoit valoir la somme de trente nobles. (C.N.N., c.1456-1467, 390).

 

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[Valeur minimale (tournures négatives)] V. maille : J'ay la male sanglante hart : Je n'ay fait qui vaille un festu. (Mir. ev. arced., c.1341, 135). Car fait dont on se vante ne vault une cerise. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 78). ...toutes leurs explanacions ou addicions ne vallent pas une feve (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 383). ...je ne tieing de vous qui vaule ung denier ["je ne vous estime pas plus que"] (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 50). Car il avoit ung haubert tel que il n'a en tout le monde, ne fer ne acier qui le peust empirer vaillant ung denier ["de la valeur d'un denier, si peu que ce soit"] (Chev. papegau H., c.1400-1500, 46). Le païs ne valoit ung blanc Si le passage ne fust franc. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 187). Repoz eternel donne a cil, Sire, et clarté perpetuelle, Qui vaillant ["la valeur de"] plat ne escüelle N'eust oncques, n'ung brain de percil. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 143). Pierre rouse le front. Il n'a pas pris que valhe ung quart [à la pêche]. (Pass. Auv., 1477, 126).

 

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N'avoir vaillant (un denier, un blanc...) : Et si n'ont pas vaillant ung blanc (S. fol, c.1480-1490, 7). ...Qui n'ont vaillant ung seul denier (S. fol, c.1480-1490, 7).

 

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[D'une pers.] : Mauldit, tu ne vaulz pas deux noiz ! (Pass. Auv., 1477, 93). Tous ne valés pas deux ongnhons ! A l'ault, a l'ault ; levés a force ! (Pass. Auv., 1477, 210). Or es tu maintenant confus. Tu te disies Emanüel. Encore vaulx tu mains q'ung aigneaul, Car de sa peau on fait des guans ! (Pass. Auv., 1477, 212).

 

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Valoir cher : PREMIER MARCHANT. Le bled de cest an a vallu Beaucoup plus chier qu'il ne vauldra. (LA VIGNE, S.M., 1496, 270).

 

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Inf. subst. "Valeur" : Mon voisins en prosperité Et qui ses bien vient à souhait, Grant doeul et grant annuy m'en fait ; Et se ie oys de luy mesdier, Ie ne le voy point escondir, Mains souent en voy mesdisant Et se valoir amenrisant. Par maluaise detraction, Auoir luy fay mauais renon (Sept péchés C., c.1300-1350 [p.1478], 229).

 

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Estre / demeurer en non valoir. "N'avoir pas de valeur, rester sans valeur" : Et quant il revint, ses amis li distrent que par sa negligence ses possessions estoient desertes et en non valoir. (ORESME, E.A.C., c.1370, 343). Ainsi demourent les maisons des eglises en ruine, et les revenus en non valoir (Ordonn. rois Fr. P., t.15, 1461, 206).

 

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Part. prés. en empl. adj. "Selon la valeur qui a cours"

 

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Un denier vaillant. V. denier

C. -

[Idée d'équivalence]

 

1.

[D'une pers.] Valoir qqn. "Être égal en valeur à qqn" : Chascun devroit valoir un roy Contre Luxure et Gloutonnie ["être estimé à l'égal d'un roi"]. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 261). Or m'en nommez deux qui le vaillent, Qui ne soient pas soz ne nices, Mais qui soient a ce propices Et convenables. (Mir. st Lor., 1380, 129).

 

2.

[D'une pers. ou d'une chose] Valoir qqc. "Équivaloir à qqc., tenir lieu de qqc." : ...et ce qui sera fait par lesdiz commissaires vaudra arrest, du consentement de Hogouart, procureur de l'abbé et dudit d'Aigny. (BAYE, I, 1400-1410, 210). ...et a esté commendé que ledit Pingué et Chatelbriain en ayent quictance et descharge de par la Court, ou copie du registre qui leur vaudra quictance. (BAYE, II, 1411-1417, 149). ...supposé que ce ne montast ou valist sa légitime porcion... (Vieux cout. Poitou F., c.1451-1454, 183).

 

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Valoir ce qu'on vaut : Chascun de vous vault ce qu'i vault, On congnoist voz faiz et voz diz Et, se n'estiez hommes hardiz, Vous n'eussiés pas eu ceste charge De quoy Centurïon vous charge Au commandement du prevost. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 762).

 

-

[De nombres] "Équivaloir à" : Exemple se 8 valent .12. que vauldront .14. (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, I, 632). QUATRIESME. Pour bien gorgïaser dehaict, Six vings valent deux fois soixante. (LA VIGNE, S.M., 1496, 266).

 

-

[Du nombre de points obtenu par un joueur aux dés, par rapport à celui d'un concurrent] "S'élever à un certain total"

 

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Ne valoir pis ne mieux. "Être égal" : Deux six et quatre seze font ; C'est mon jeu. Mes quines et six Est le tien, que ne vault rien pis Ne mieulx ; par ainsi il est per. (Pass. Auv., 1477, 204).

 

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Valoir quinze. "Faire perdre des points au jeu" : Faulte vault quinze et au besoing le jeu Qui le joueur en jouant desconforte (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 130).

 

Rem. Cf. DI STEF., 743c qui, pour faulte vault quinze, renvoie à : «Donner quinze, (...) rendre des points à un adversaire moins habile au jeu de paume».

 

-

Valoir + part. passé. "Équivaloir à + part. passé, être tout comme + part. passé" : Villain, vous y lairrez la vie. C'est a vous que nous en voulons. Venez moy aidier compaignons ; Il vault que prins se j'ay secours ["C'est tout comme s'il était pris si..."]. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 254). ...et, d'aultre part, il faisoit son possible de soy absenter, sachant que s'il estoit tenu et apprehendé, il valloit que mort. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 634).

 

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Valoir fait. "Être comme si c'était fait" : Elle [la lettre] vault faite, elle vault dite. (...) Je la vois faire ysnel le pas. (Mir. st J. Cris., c.1344, 293). Dame, nous volons pourveoir Et faire ce que demandez. Vostre vouloir nous conmandez Et ce vault fait. (Mir. ev. N.D., c.1348, 70). Leur procés vault ja que tout fait ["peut être considéré comme achevé"] (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 317).

 

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Ne pas valoir mieux que + part. passé "Être tout comme + part. passé, ne pas mériter mieux que d'être + part. passé" : [Ceste complaincte au prevost faicte, le compaignon] encusé de ce crime fut en l'heure prins et saisi ; et, au dict du commun peuple, ne valoit gueres mieulx que pendu au gibet (C.N.N., c.1456-1467, 159). ...ne valoit son compaignon, qui oyoit son dire, gueres mieulx que mort, s'il le treuve (C.N.N., c.1456-1467, 236).

 

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Prov. Tant vaut l'homme, tant vaut sa terre. V. homme

 

-

Part. prés. en empl. subst. Vaillant de. "Équivalent à" : Sainte vierge, je vous merci (...) Quant vous vous estes demonstrée A un povre boiteux hermitte, Qui onques vaillant d'une mitte Ne fist pour vous. (Mir. femme roy Port., c.1342, 196).

 

3.

"Signifier"

 

a)

[D'un mot, d'une expression...] Valoir (autant / comme) à dire. "Équivaloir en signification à, signifier" : ...je sui, dit elle, conme le fleuve de Dorix. Dorix vault autant a dire conme medicinement de generacion. (Mir. ev. N.D., c.1348, 59). Solem nube tegam, qui vault autant a dire en françois conme je couverray le soleil de la nue. (Mir. st Ign., 1366, 72). ...et, en signe de ce, elle est dicte estre en Galilee, qui vault a dire transmigration ou mutation. (GERS., Annonc., a.1400, 238). ...autant vault cela A dire comme d'un millier Esleus et pris pour bataillier. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 182). ...Male Voulenté reprent ung autre habit assez pareil, qui se nommoit adulacion, qui vault autant a dire comme aimable decepcion. (GERS., Noël, p.1404, 306). Parconcession, qui vaut autant que ["qui est l'équivalent de"] ottroyement. (Règles sec. rhétor. L., c.1411-1432, 54). ...nous disons que les povres doivent prendre les aulmosnes des riches, quy vault autant a dire que les riches doivent donner aulmosnes aulx povres. (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 249). Selon les docteurs de Grece quatre dictions sont, dont ilz usent en leur langaige et maniere de parler, c'est a scavoir usye, usyosis, ypostasis et prosopon, lesquelles selon le latin valent a dire et se raportent en signification a ces quatre dictions essence, substance, subsistence et personne (Somme abr., c.1477-1481, 129). ...car Astor en grecq signiffie ligne en français, et ainsi l'astrolabe vault autant à dire, comme les lignes de Lab. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 35 r°). "Libertate, libertate, chier sire !" Qui en françois vault autant comme dire : "Helas, sire, donne nous liberté Et nous trestous pour tes subjectz eslire, Ou autrement ce pays est gasté". (LA VIGNE, V.N., p.1495, 201).

 

-

Valoir autant comme. "Signifier la même chose que" : ...a ce non «Jhesus», quy vault autant comme saulveur (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 253). Car il s'appelle Crist, quy vault autant comme «oing», duquel tu as prins ton non, quy est «crestien». (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 279).

 

-

Valoir dire. "Signifier" : Et adont Cirus le nommerent, Qui autant vault dire en persant Comme droit heritier poissant. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 198). Et autant vault dire le mot Selon l'interpretacion Comme est ymaginacion. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 71).

 

b)

Ce que vaut qqc. "Ce que signifie qqc." : Quant Lyonnel se oÿ ainsi appeller de la jouste, lui qui sçavoit bien que ce valloit [,] fut tantost prest, car il print une lance, puis picque contre le chevalier (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 304).

D. -

[Idée de récompense ou de compensation]

 

1.

Valoir qqn. "Mériter qqn, être digne de qqn" : Qu'en dictes vous ? que vous en semble ? n'est il pas beau ? vault il pas bien une belle fille ? [Cont. érotique] (C.N.N., c.1456-1467, 308).

 

-

"Être favorable à qqn, le récompenser" : Quant je parle de tel bataille, Je n'entens pas, se Dieu me vaille, Que... (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 365). Maiz l'endemain levat ung vent et ung oraige qui at leur nave toute debrisee. Sy commensont a reclameir saint Macel et saint Pharon et saint Nicolay. Maiz ilz ne les valit, car ilz furent tous noyéz (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 5). [Le singulier est étonnant ; accord avec le dernier saint nommé ?]

 

2.

Valoir qqc. "Mériter qqc., être digne de qqc." : Sire, la vierge souveraine (...) vous mette en si hault degré Que deveignez ou conte ou roy, Car bien le valez a l'arroy Qu'en vous voy estre. (Mir. fille roy, c.1379, 79). Dès ores mais est en aage C'on le marie [Alexis], et bien le vault, A femme de bon lieu et hault (Mir. st Alexis, 1382, 288). ...les seigneurs de ceans (...) ne povoient recevoir ledit de Vailly oudit office (...) mais le averoient bien pour recommandé, comme bien le valoit, quant l'en feroit l'election (BAYE, II, 1411-1417, 133). ...dont pour obeïr, et pour l'amour de lui [Saintré] qui le valloit, tous estoient tres lyez et contens. (LA SALE, J.S. E., 1456, 294). "Dieu mecte en mal an l'orde beste qui m'a encusé, dist le bon seigneur. - Ha ! que vous le valez loyaument, dit la damoiselle..." (C.N.N., c.1456-1467, 213). ...il s'accointera de sa dame et se fera privé d'elle. A quoy il ne faillit pas, car en peu d'heure il fut vers elle (...) tres bien venu, [comme] celuy qui le valoit (C.N.N., c.1456-1467, 228). ...[je] n'ay aultre regret que si bonne vous ay esté, car vous ne le valez pas. (C.N.N., c.1456-1467, 244). Par ma foy, dit le bon homme, monseigneur le curé, vous m'offrez plus de biens que je ne vaulz (C.N.N., c.1456-1467, 297). ...et puisqu'il avoit plu au duc de monstrer ainsi ses bontés envers luy, qui onques service ne lui fit et point ne le valoit... (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 29). Or entrez devant, Sire Jaspart, en la maison ; Vous le valez. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 307). ...ouquel service fut fait le plus grant dueil de prince que jamais fut veu. Helas ! il le valoit ; car c'estoit l'escharboucle des princes de son estat en beaulté, en bonté, en humanité, en sagesse, doulceur et benignité. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 309).

 

-

Valoir que + subj. : Car Eufemian vault bien Que façons pour li tant et plus. (Mir. st Alexis, 1382, 288). Et aussi Lyonnel vault bien que on lui presente lances, escus et joyaulx pour soy habilliter (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 312).

 

-

Valoir mieux. "Mériter mieux" : Il me fault mectre au reng des trespassez, car je ne vaulx gueres mieulx, quelque langage qu'encores je pronunce. (C.N.N., c.1456-1467, 142).

 

3.

Valoir qqc. à qqn. "Rendre, revaloir qqc. à qqn" : Droit la a l'yssue des graces se vint ruer a genoux ledit messire Henry devant le duc en luy disant : "Mon tresredoubté seigneur, je vous mercye le plus humblement que je puis que a vostre tresnoble seigneurie et haultesse il a pleu de vous rabaissier tant que pour moy, povre fol et petit homme, estre venu jusques icy, qui ne vous puis valoir ne deservir l'onneur que vous m'y faites..." (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 160).

 

-

Ne pouvoir valoir qqc. "Ne pouvoir compenser (une faute)" : Beaulx seigneurs, dist le roy, par le Dieu que j'aour, Se pouoie sçavoir qu'il eust fait ung tel tour, Ne le pourroit valoir pour d'or plaine une tour, Car morir le feroye a deul et a langour. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 232). [Le roi de France :] Saint Jehan, saint Jehan, il y a droit cy quelque ung entre vous, qui qu'il soit, qui a revelé mon conseil (...). Dont, se je savoie qui c'est, il ne le poroit valoir. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 302).

V. aussi vaillant
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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