C.N.R.S.
 
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     SIEN     
FEW XII 481b suus
SIEN, poss.
[T-L : sien ; GD : sien ; FEW XII, 481b : suus ; TLF : XV, 475b : sien]

[Poss. tonique, "prédicatif" ; le "possesseur" est de la troisième personne du singulier]

A. -

Adj. poss. "Sien"

 

1.

Dét. + sien + subst.

 

-

Un sien + subst. : Sy escrisy tout son convine Devers une sienne cousine (Dit prunier B., c.1330-1350, 87). Honoré, soies bauz et liez De par la royne honnorée, Qui veult que ta manne doublée Soit, si la t'envoie par my, Pour partir a un sien ami, Qui par cy assez tost venra. (Mir. enf. diable, c.1339, 42). Comme dame avisée et sage, Dist a un sien privé message : ... (MACH., J. R. Nav., 1349, 235). ...et laissa en son lieu ou royaume de Corinthe un sien nepveu qui ot nom Grigois (Bérinus, I, c.1350-1370, 194). Aprez Danemont fist mander tout son barnage, et s'en alerent a une sienne cité, grant joye demenant. (Bérinus, I, c.1350-1370, 291). ...un sien breviaire qui bien valoit XX frans et plus (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 214). ...icellui chanoine lui bailla un sien cheval pour aler ou païs de Gastinoiz (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 281).

 

-

Le sien + subst. : ...de tel fruit avoit assez Par dedens le sien tenement (Dit prunier B., c.1330-1350, 43). Par devant lui s'agenouilla Et les lettres lui delivra En excusant le sien seigneur. (Dit prunier B., c.1330-1350, 67). Et si pense que, la sienne mercy, Elle me tient son servant et amy (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 63). ...il saluerent leur dame premier et consequamment le sien pere (Comte Artois S., c.1453-1467, 142). Elle en fut contente, si montay sus, et elle m'adressa ceans, la sienne bonne mercy. (C.N.N., c.1456-1467, 213).

 

.

[Fém. ancien soie, soue] : Ains veult que par moy soit la soie mort jugie (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 330). Et apriés celui temps, dont je vous sénefie, S'en revint Godefrois en la soie baillie. (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 7). ...d'icelles [places] et de chascune l'en avons mis et mettons en possession et saisine paisible, comme en la soue propre chose, en deboutant et privant touz autres qui dorez en avant diroient avoir droit, tant en proprieté comme en obligacion, ou autrement, en ycelles, paravant ceste presente baillete, par la teneur de ces presentes. (Doc. Poitou G., t.3, 1358, 262). Ensi Beauté tire a soi et esveille La plaisance dou coer, qui s'esmerveille Et esbahist en la soie pensee Ou chose de tel pris fu compassee. (FROISS., Orl., 1368, 86). Et en vos mains si les tenez, Jusques a tant c'on vous dira La ou chascuns de vous ira Espandre la soue fiole. (Jour Jug. R., c.1380-1400, 239).

 

2.

[Empl. comme attribut] : Ne t'a elle fait assez grace, Quant elle t'a, se bien le gloses, Fait user des estranges choses ? Car elles ne sont mie tiennes, Einsois sont de son droit et siennes. (MACH., R. Fort., c.1341, 97). ...le tort en est sien (Bérinus, I, c.1350-1370, 375). ...combien qu'il soit seigneur de che qui est sien (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 182). Mais se aucun gaaigne ou acquiert ce qui ne doit pas estre sien, ceste injustice ou ce mal n'est raporté a nulle autre malice quelconques fors a injustice. (ORESME, E.A., c.1370, 281). Et pour ce à tous vée M'amour qui sans dessevrée Est sienne. (MACH., Les lays, 1377, 364).

 

-

[Fém. ancien soie, soue] : Lors me prist en icelle heure Et (me) mena tout sans demeure Vers une maison qu'elle avoit Qui seuue estoit si com disoit (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 13). Trop fort li tardoit la demeure Que Bretaigne n'estoit jà soue. (SAINT-ANDRÉ, Livre Jean de Bret. C., c.1400, 528).

B. -

Pron. poss. Le sien/la sienne/les siens/les siennes : ...le[s]diz religieus ont mielz et plus souffisaument prouvee leur enten[c]ion que n'a le procureur du roy la sienne (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1334, 66). Lors se treï courtoisement Vers moy pour savoir de mon estre, Et si me prist par la main destre De la sienne, blanche et polie, Pour mieus savoir ma maladie (MACH., R. Fort., c.1341, 57). ...il ne recevra couronne, ains esprouveray mon pouoir contre le sien. (Bérinus, I, c.1350-1370, 158). Ensi appert que je fai mon devoir Tout ensi com l'orloge fait le sien. (FROISS., Orl., 1368, 110). Ma grant valeur la sienne trop excede Et mon pouoir vault trop mieulx que le sien. (LA VIGNE, S.M., 1496, 236).

 

-

[Fém. ancien soie, soue] : ...Et que veoir trop miex amoie La mort ma fille que la soie. (Mir. Berthe, c.1373, 218). Et fist venir logier ses freres et le maistre de Rodes emprès lui, et leur navire trait avecques la soue. (ARRAS, c.1392-1393, 221). Adonc ung capitaine Sarrazin fist ung signe de sa main, auquel tous les autres laissèrent cheoir leurs espées à terre, et le capitaine rebouta la soie ou fourrel (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 263).

 

Rem. Forme déviante ds Vie Adam et Eve F., a.1456, 387 : ...lyquelz s'apara a eulx en eux demoustrans le lieu merveilleux de la soulz magesté.

C. -

[Empl. de nominal]

 

1.

Le sien. "Ce qui lui appartient, son bien" : Par foy, moult sera grant dommage se cil bacheliers, que je voy si entreprins sanz raison, n'a confort et aide, et se il pert le sien par defaut de conseil. (Bérinus, I, c.1350-1370, 57). Et avecques ce, Logre ottroya que qui vouldroit entrer en mer avecques lui, il s'en pouoit aller quittement et emporter le sien (Bérinus, I, c.1350-1370, 200). Et pour ceste chose faire pour moy avancier, le preudons vendi et despendi tout le sien et tellement qu'il ne lui demoura riens, et se parti de Romme povres (Bérinus, II, c.1350-1370, 16). Et n'osoit nulz demorer sus le plat pays, s'il ne voloit le sien mettre en aventure (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 13). Si leur recorda Jehans comment il ...avoit sauvé tout le sien et ce ossi de ses compagnons (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 118). ...et despent le sien en choses superflues (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 150). ...oultre et par dessus lesquelx 200 frans ledit messire Thomas, comme il a affermé en sa concience, ait despendu et missionné du sien propre bien la somme de 400 frans, tant en despense de lui et ses gens comme pour change de monnoye à or, pour ce que la monnoye des pays de mondit seigneur n'avoit point cours esdiz pays d'Alemaigne (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1420, 757). ...[il] leur dist que de lui ilz n'auroient riens (...), car il avoit tout perdu le sien aux dez. (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1433, 242). Alors se part le povre suppliant, venu de loings despendre le scien, et voist qu'il n'a riens fait ; sy se complaint en sa penssee et dist que son seigneur l'a mesprisié, tant soit il petit. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 13). Ouster a aultruy le scient Est mal fet, je le scey bien, Contre Dieu et l'Escriture. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 108). [Toi, la vieillesse] Tollu m'as [à la belle Heaumière] la haulte franchise Que Beaulté m'avoit ordonné Sur clers, merchans et gens d'Eglise, Car lors il n'estoit homme né Qui tout le scien ne m'eust donné, Quoy qu'il en feust des repentailles, Mais que lui eusse abandonné Ce que reffusent truandailles. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 53). Sy me souvient bien, Dieu mercis, Que je feiz a mon partement Certains laiz, l'an cinquante six, Qu'aucuns, sans mon consentement, Voulurent nommer testament ; Leur plaisir fut, non pas le myen. Mais quoy ! on dit communement Qu'ung chacun n'est maistre du scien. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 71). ...elle se commença fort à plaindre à eulx desdiz mauvaiz termes que son dit mary luy avoit tousjours tenus et tenoit, et comme il avoit tout vendu et despensé le sien (Doc. Poitou G., t.11, 1471, 285).

 

-

Prov. Qui perd le sien, il perd le sens. V. perdre

 

2.

Les siens. "Ses proches (sa famille, ses hommes...)" : Pour ce fait bon entendre a bien amer L'arche qu'amours (c' est Diex) ot raemplie De son chier fil pour les siens visiter Et rachater (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 244). Lors Amours qui les siens n'oublie Et qui les bons a bien alie, En l'eure un po me dellia (MACH., D. Aler., a.1349, 291). Si lui direz de par moy que je ne doubte lui ne les siens (Bérinus, I, c.1350-1370, 157). Se on le voloit laissier partir, les siens et tout le leur[leurs biens], ... il renderoit le chastel (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 81). Item, a maistre Jacques James, Qui se tue d'amasser biens, Donne fïancer tant de femmes Qu'il vouldra, mais d'espouser, riens ! Pour quy amasse il ? Pour les sciens ; Il ne plaint fors que ses morceaux ; Ce qui fut aux truyes, je tiens Qu'il doit de droit estre aux pourceaux. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 138).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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