C.N.R.S.
 
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     ROSE     
FEW X rosa
ROSE, subst. et adj.
[T-L : rose ; GDC : rose ; DÉCT : rose ; FEW X, 477a : rosa ; TLF : XIV, 1251a : rose1/rose2]

I. -

Subst.

A. -

"Fleur du rosier, rose" : Onques mais je ne senti chose Si bon flairant, ne lis ne rose, Ny autre espice. (Mir. ev. N.D., c.1348, 82). La fu la belle Proserpine Qui cueilloit o ses compaingnettes Roses, esglentiers, violettes. Mais si tost com Pluto la vit, Il l'ama et si la ravit. (MACH., C. ami, 1357, 87). Sur toutes flours tient on la rose a belle (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 79). Car ceuls qui se esjoïssent trop en odeurs de pommes ou de roses ou de choses aromatiques, nous ne dison pas que pour ce ilz soient desactrempéz. (ORESME, E.A., c.1370, 220). De toutes flours n'avoit et de tous fruis En mon vergier fors une seule rose : Gastés estois li surplus et destruis Par Fortune qui durement s'opose Contre ceste douce flour Pour amatir sa coulour et s'odour. (MACH., Bal., 1377, 556). Helas ! dolens, ma rose est mise en mue Soudeinnement, dont je suis en doubtance Que sa douceur et son oudeur ne mue Et sa coulour en estrange muance, Car à li hurtent souvent Bise, galerne et tuit li autre vent (MACH., L. dames, 1377, 194). ...la rose flaire souef (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 31). Les roses sont abres et fleurs de froide et subtille substance trempeement déclinant à siccité desquelles tant les fueilles et la semence que les fleurs et mesmement les fleurs valent en médicine. (LA HAYE, P. peste, 1426, 224-225). Puis nous avons les roses et boutons Qu'en noz maisons pour sentir [nous] boutons (LA VIGNE, S.M., 1496, 332).

 

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P. compar. : Mais a merveille Fu sa couleur, des autres nompareille, Car elle fu vive, fresche et vermeille, Plus que la rose en may, eins qu'on la cueille, Et, a briés mos, Blanche com noif, polie, de biau gros Fu sa gorge, n'i ot fronce ne os ; Et s'ot biau col dont je la pris et los. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 71). LE COUSIN. (...) Il [l'enfant] a couleur aussi vermeille Comme belle rose en esté (Mir. enf. ress., 1353, 72). Et pour ç', amis, je te chastoi Que les vertus tires a toy, Et s'en lay toutes autres choses, Car plus souëf sentent que roses, Et richesses et vices puent, Si qu'ame et corps a un cop tuent. (MACH., C. ami, 1357, 70). Et sa fresche coulour, Qui passe en douce odour Rose et lis en blanchour, Fruit, grainne et toute flour, Quant elle est en verdour, Fait que toudis m'atour D'estre liez sans irour, Pour ce que siens demour. (MACH., Vez ci, 1364, 273). Quand je pense a vostre coulour Fresce et vermelle comme rose, Je ne sçai comment plus vivre ose, Quant je ne m'ocis d'autre part. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 88). Et nompourquant trop m'esmay, Car je me deliteray En remirer Son doulz vis riant et gay, Trop plus doulz que rose en may À odorer. (MACH., Ch. bal., 1377, 626). Blanche com lis, plus que rose vermeille, Resplendissant com rubis d'Oriant, En remirant vo biauté nonpareille, Blanche com lis, plus que rose vermeille, Sui si ravis que mes cuers toudis veille À fin que serve à loy de fin amant, Blanche com lis, plus que rose vermeille, Resplendissant com rubis d'Oriant. (MACH., L. dames, 1377, 90). Onques dame ne fu si belle Ne plainne de si grant douçour, N'onques en may rose nouvelle Ne fu d'odeur et de coulour Si plaisant com le doulz vis De celle qui sor toutes a le pris De sà mer et de là mer. (MACH., L. dames, 1377, 199). Dame, que chacuns apelle, Par droit, tres bonne et tres belle, Douce, humble com turterelle, En qui grace se revelle, Com rose fresche et nouvelle, Recevés mon lay Où ma dolour renouvelle (MACH., Les lays, 1377, 313). Lors qu'elle [la pucelle] vint en la chambre, elle enclina Anthoine et tous les barons, et en lui regardant, elle mua une couleur plus vermeille que rose. (ARRAS, c.1392-1393, 170). [Elle] estoit moult bien comprise de corps, par longueur moderee, blanche comme la rose de may, les cheveux avoit reluysans comme le fin or, et dessoubz estoit sa face terminee a ung petit de longueur (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 73). Fille, acomplissez la chose Et Dieu sera avecques vous, Qui vous gardera comme une rose, De polucion contre tous. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 293). Demander luy fault son advis Et le faire sus toute chose ; Qu'elle est plaisante en fais, en dis, Belle et blanche comme la rose, En conseil si bien disposee De guerre qu'on ne pourroit mieux De ce qu'elle dit et proppose (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 524). Dame plus plaisant que la rose, En laquelle est joye et plaisir, De tous François le souvenir, Et ou est leur amour enclose. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 598).

 

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Rose de Provins/rose d'outre mer. "Rose de Provins, très parfumée, rapportée des croisades par Thibaut de Champagne en 1240" : Cogneut avec ce, que la veille de la Saint-Jehan derrenierement passée, elle estant ès hales de Paris, acheta deux chapeaux de roses d'oultre-mer, avec plusieurs autres herbes, à soy saindre et mettre environ son corps, comme jeusnes femmes font à tel jour (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 338). Les roses de Prouvins sont les meilleures a mectre en robes (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 273).

 

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Rose de Vanves. "Fête des roses (à Vanves)" : Et est comme l'en fait a la rose de Vanves. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 119).

 

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Chapeau de roses. V. chapeau : Un chappel de roses faisoit, Et les prenoit la dame doulce De ce marchant dedanz la bouche (Mir. march. larr., c.1349, 116).

 

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P. métaph. : Quant Gieffroy voit le nouvel chevalier qui si bien l'avoit secouru, si l'en mercie moult. Et lui dist : Mon ami, telles roses fait il bon mettre en son chappel. Le seigneur qui a son hostel garny de tele fleur de chevalerie et de gentillece, amant et craingnant honneur, doit et puet seurement reposer. (ARRAS, c.1392-1393, 233).

 

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Loc. Perdre la plus belle rose de son chapeau. "Perdre le fleuron de sa couronne (c'est-à-dire le bien le plus cher)" : Beaulx enfans [les enfants perdus], vous perdez la plus Belle roze de vo chappeau ; Mes clercs pres prenans comme glus, Se vous alez a Montpipeau Ou a Rüel, gardez la peau, Car pour s'esbatre en ces deux lieux, Cuidant que vaulsist le rappeau, Le perdyt Colin de Cayeulx. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 129). Sur les murs nous fault mectre gens Et faire garder les Tourelles, Que plus depiz sont [les Anglais] que chiens Dont leurs besoignes sont ytelles, Qui leur sont rudes et cruelles A leur voir souffrir ceste chose, Que de leur chappeau et querelle Il ont perdu leur belle rose. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 478).

 

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Couronne de roses : Après tu aras pour ta pacience couronne de roses, pour ta continence couronne de lis. (Mir. st Val., c.1367, 123). Encor veul ge et te ordonne Que tous mes saintz ayens coronne De ros(s)ez [l. rossez], de lis, de florettes, De toutes autres vïollettes. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 246).

 

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Eau (de) rose. V. eau "Essence de roses diluée dans l'eau (utilisée en particulier pour faire revenir d'une pâmoison)" : Car ilz dient que la ame atent et espoire de venir à son corps duquel elle est partie, jusquez à tant que on la esparsse par eaue rose, et par aultrez buvrages comme dessus est dit. (JEAN LE LONG, Voy. Bieul B., 1351, 305). ...c'est une eawe qe homme appelle eawe rose ; et ensi est appellee pur ceo qe de roses est elle faite (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 149). La .VIIe. passion la plus perilleuse de ceulx et de celles qui rompent le loyen de leur mariage cy est deffaulte de cuer, une maladie qui a nom cardiaque et aucunement paumison (...) Ceste dolour de cuer qui a nom paumison, par aucune similitude puet estre appellee noli me tangere (...) il n'a que une seule medecine qui entierement puist garir le passient. L'yaue rose, aromas bien flairans ou autres herbes feront bien revenir a soy le passient de paumison (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 238). ...reffaire en eaue boulant, puis boutonner de venoison, qui en a, ou lart, et mengier au sel menu, ou a l'eaue froide et eaue rose et ung petit de vin, ou en eaue rose les troiz pars, jus de pommes de orenges et le vin le quart (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 229). Aussi est ce moult seure chose, Sentir souvent eaue de rose Avec vinaigre, sans mençonge Portez en boiste ou en esponge. (LA HAYE, P. peste, 1426, 82). Et former, selon la pratique, O le gluz de gomme arabique Et eaue rose, nète et clère, De pommes d'icelle matère (LA HAYE, P. peste, 1426, 152). Et soit le vaissel tout appoint Souventes foiz par dehors oint D'eaue rose comme est sonné, Où soit miz et mixtionné Pou de camphre, plaisant et fin (LA HAYE, P. peste, 1426, 152). L'eaue rosë a laver les mains, Aprés disner, furent les baingz Bien preparez par beaulx conduitz. (Gaud. sot, c.1450, 14). ...amandes sucrees et pelees, cerneaux a l'eaue rose, aussi figues de Melicque, d'Allegarbe et de Marseille (LA SALE, J.S., 1456, 252). Ung parc tout clos ou sont maints herbes saines (...), Plains d'oliviers, orengiers, grenadiers (...) Et de rosiers, assez bien dire l'ose, Pour en tirer neuf ou ditz muytz d'eau rose. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 249).

 

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Jus de rose : À quoy valent, selon Hali, Franches roses et sandali, Et nénufar aromatique, C'est la fleur d'une herbe aquatique, Et vin aigre qui le compose O la matière ou juz de rose (LA HAYE, P. peste, 1426, 138).

 

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Conserve de rose : Et fut sa collère et challeur naturelle si grande qu'il ne beuvoit point de vin, mais, le matin, beuvoit ordinairement de la tizanne et mangeoit de la conserve de roses pour se refroischir. (COMM., II, 1489-1491, 129).

 

Rem. CHASTELL., ROBERTET, MONTFERRANT, Douze dames rhétor. C., 1462-1463, gloss.

 

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Pot aux roses. V. pot : De tes levres les portes closes Penses de saigement garder, Que dehors n'eschappe Parler Qui descuevre le pot aux roses (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 326).

B. -

P. méton.

 

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HÉRALD. "Meuble représentant la fleur du rosier" : ...messires Loeis de Recombes... portoit d'argent à cinq roses de geulez (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 35). ...ung orle de roses de geulles (LA SALE, J.S. E., 1456, 297).

 

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ORFÈVR. "Ornement, motif en forme de rose" : ...une emeraulde contrefaicte, trois grosses perles et un grenat, et autour du cercle a treze roses de six perles chascune et un grenat ou millieu (Ch. VI, D., t.2, 1418, 350). ...une roze d'or poisant quatre onces cinq gros d'or. (Invent. biens Ch. Savoie T., 1484, 432).

 

Rem. Doc.1380 ds TLF.

 

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[Dans une enseigne] : ...environ XIJ heures de nuyt elle qui estoit lors couchiée en sa chambre près de ladite enseigne de la Rose, oy hurter aus fenestres de sadite chambre très-fort (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 508).

C. -

P. métaph. [Avec la valeur symbolique de perfection, de beauté, de pureté...]

 

1.

[Pour désigner une pers.] : Affin que en tendre eage ne aprende che que par apréz lui convendroit desaprendre ou desacoustumer, face tant que de tous en bien soit amee, et que tout son linage se esjoïsse de avoir tel rose qui soit de lui issue (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 366). N'y ait nul de vous angelz quil mener orgueil ose, Loéz Dieu de sa gloire, des cieulx estes la rose. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 5). Cy parle Elizabeth a Marie. (...) Maintenant sçay qu'en toy repose La fleur precieuse et la rose Dont Isaye avoit escript, Sur laquelle le Saint Esperit Prendera son digne repos. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 15). M'amour, ma joye, mon bon filz, Vous soyez le tresbien venu ! Jhesus ma rose et moy mon lis ! Jhesus la fleur que tant m'a pleu ! (Pass. Auv., 1477, 166).

 

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"La Vierge" : Vierge, vo doulx nom soit loez ! Rose de doulce odour parée... (Mir. enf. diable, c.1339, 50). Ha ! fleur des fleurs, des roses rose Odorant et suppellative (Mir. ev. N.D., c.1348, 75). Voirement, a dit Sapience, bien seroit chose mesapartenant que ainsy se feist et que l'estoille journale a sa naissance fut eclipsee, la rose nouvelle flestrie, la fontaine tarie, la fleur du lis epalie, la mere mer[e] de vie mortifiee mortifie[e], la royne du monde faicte subjecte, subjecte a la plus vile et abhominable subjection qui soit, c'est celle de pechié. (GERS., Concept., 1401, 401).

 

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[La Raison] : Hé ! dame des cieux descendue [Raison], Cler dyamant resplandissant ! Grant louhange vous est bien deuhe, Tresnoble rose florissant ! De Dieu eternel tout puissant Estez envoyee, com je croy, Obvïer tout autre passant. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 202).

 

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[La femme aimée] : Item, m'amour, ma chiere rose, Ne luy laisse ne cueur ne foye ; Elle aymeroit mieulx aultre chose, Combien qu'elle ait assés monnoye... (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 81).

 

2.

"Ce qu'il y a de plus précieux" : Certes, jamais joie n'eüsses, Car tu fusses si fort pilliez, Si destruis et si essilliez, Qu'on te demandast dis fois plus Que n'eüsses, et au seurplus De ton tans perdisses la rose, Qui ne m'est pas petite chose, Eins me samble la riens, sans feindre, Que tu deüsses plus fort pleindre (MACH., C. ami, 1357, 100). Mais ja merci n'iert en amant enclose Pour riens qu'Amours puisse faire ne dire, Se souffissance à li ne fait souffire, Qui des vertus est la fleur et la rose. (MACH., Les lays, 1377, 339).

 

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[Symbole de périodes douces, de moments agréables] : LA CHAMBERIERE. Ce ne sont que roses encore, Ma dame, soiez en certaine ; Car il n'y ara sur vous vaine, Quant venra a l'enfantement, Qui ne rompe, fors seulement Du petit doit. (Mir. enf. ress., 1353, 20).

 

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"La virginité"

 

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Cueillir la rose : Ainsy nos josnes enfans mariés se hastent de cueillir la rose vermaille avant qu'elle soit en bouton, et les filz, peres et meres, les confortent a ce faire, et ont si grant desir d'estre claméz grant pere et grant mere qu'il en pleurent depuis maintes larmes bien ameres. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 249).

 

Rem. Hist. prem. destruct. Troie R., c.1470-1480, gloss.

II. -

Adj. "De la couleur de la rose" : Vous savez par hault appareil Les lumieres du rose souleil Et de ses clers illustremens. (Exc., Science A.R., c.1465-1468, 49).

 

Rem. Ex. d'a.fr., cf. TLF.

 

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MÉD. Goutte rose. V. goutte

 

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Eau rose. "Eau de rose"

 

Rem. Percef. I, R., c.1450 [c.1340], 292/19.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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