C.N.R.S.
 
http://www.atilf.fr/dmf/definition/pied 
Liste des articlesStructure des articlesArticles sans exemplesArticles complet
 16 articles
 
 Article 1/16 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     AVANT-PIED     
FEW VIII pes
AVANT-PIED, subst. masc.
[T-L : avantpié ; GD : avantpied ; GDC : avantpied ; AND : avant1 ; DÉCT : avantpié ; FEW VIII, 303a : pes ; TLF : III, 1059a : avant-pied]

"(Partie de la) chaussure couvrant l'avant du pied, empeigne" : ...pour mettre un avant pied an une chausse (Ordonn. rois Fr. L.S., t.2, 1350, 372). ...que ledit talon ne passe point l'assiette de l'avant pié (Ordonn. rois Fr. V., t.9, 1404, 35). ...les chausses destachees (...) et en avantpiez, bien entortillees soubz les genoulz (LA SALE, J.S. E., 1456, 413). ...quatre paires de chaussons à avan-pié (Comptes roi René A., t.3, 1480, 323).

 

-

[Avec allusion grivoise ?] : Item, au Loup [Jean Le Loup] et a Cholet Je laisse a la foys ung canart Prins sur les murs, comme on souloit, Envers les fossés, sur le tart, Et a chacun ung grant tabart De cordelier jusques aux piez, Busche, charbon, des poys au lart, Et mes houseaulx sans avanpiez. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 22).

REM. Doc. 1390 (les avant pieiz de vos chauces) ds Romania 15, 1896, 182. GADIFER DE LA SALLE, Canarien, c.1404-1406. In : Chrestom. R., 65. RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 815.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 2/16 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     CHAUFFE-PIED     
FEW II-1 calefacere
CHAUFFE-PIED, subst. masc.
[T-L : chaufepiet ; GD : chaufepied ; FEW II-1, 80a : calefacere ; TLF : V, 618a : chauffe-pied]

"Cheminée basse" : À plusieurs maçons qui ont habillé et mis à point les huisseries, chaussespiez [l. chauffespiez] et les cuysines du logeiz des Forges [leçon chauffespiez ds GD] (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1478-1481, 358).

Rem. Doc.1381 (chauffepied) et 1400-1401 (chauffepied) ds GD II, 97a. Sans doute aussi chaussepié, l. chauffepié, ds GD VIII, 66b, s.v. treumee, doc.1400-1402. GAY I, 349a.
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 3/16 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     CLOCHE-PIED     
FEW II-1 *cloppicare
CLOCHE-PIED, subst. masc.
[FEW II-1, 794b : *cloppicare ; TLF : V, 930b-931a : cloche-pied]

"Cloche-pied"

REM. CHR. PIZ. ds TLF.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 4/16 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     DEMI-PIED     
FEW VIII pes
DEMI-PIED, subst. masc.
[FEW VIII, 298b : pes]

MES. "Demi-pied, mesure de longueur valant environ 16 centimètres" : Remondin le va ferir de la lance ou cousté, tellement qu' il le porta a terre de l' autre lez du destrier, et demoura a Olivier bien demy pié du fer de la lance dedens le corps. (ARRAS, c.1392-1393, 63).
 

DMF 2020 - Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach

 Article 5/16 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     HAUSSE-PIED     
FEW XXIV 365a *altiare
HAUSSE-PIED, subst. masc.
[T-L : haucepié ; GD : haussepié ; FEW XXIV, 365a : *altiare ; TLF : IX, 709b : hausse-pied]

A. -

"Marchepied"

 

Rem. Doc. 1336 ds GD IV, 439b.

B. -

ARM. "Instrument servant à tendre les grosses arbalètes avec le pied" : ...trente arbalestes prestes, trente baudrés, moitié de cuir et moitié de fil, six milliers de viretons en 12 cases et quatre milliers de carreaux a un pié, et deux haucepiés. (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1342, 20). ...huit milliers de trait, vint arbalestes simples et six arbalestes à haucepie [l. haucepié] avec les baudriers (Mand. Ch. V, D., 1367, 190). ...de bailler à messire Jehan du Juch 500 viretons à grosses arbalaistres et deux hausses pieds (Actes Jean V Bret. B., t.1, 1406, 123).

 

Rem. Doc. 1417 et 1421 ds GD IV, 439c.

 

-

Hausse-pied d'arbalete. "Grosse arbalète que l'on bande en passant le pied dans un anneau" : ...apres solleil couchant, la Pucelle fut ferue d'un trait de haussepié d'arballestre par une cuisse. (CAGNY, Chron. M., 1436, 167).

C. -

"Chausse-trape, piège" : Des maces de Damas, de fliaux, Des piques que les Flamans ont, De Haucepiedz qui sont ysneaulx (...) soit mort ou en trance Cilz, ou qu'ilz soies qui t'armes. (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 35).

 

-

CHASSE "Piège à noeud coulant" : Et aussi les prent on es viviers a cordeletes, comme on fet les lievres, aux filez, aux haucepiez et autres engins. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 106). Aussi peut on prendre loux, renartz et tessons a leur viandeïz ou menjues en ceste meïsmes maniere au haussepié, qui est fet en tieu maniere comme yci est figuré. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 261).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 6/16 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     MI-PIED     
FEW VIII pes
MI-PIED, subst. masc.
[T-L : mipié ; FEW VIII, 298b : pes]

[Mesure] "Demi-pied" : Les deus pans doivent chevauchier l'un sus l'autre, quant il sont tirés, plus de mi-pié. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 284).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 7/16 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     PIED     
FEW VIII 293a,297b,298b,299a pes
PIED, subst. masc.
[T-L : pié ; GD : pied ; GDC : pied ; DÉCT : pié ; FEW VIII, 293a,297b,298b,299a : pes ; TLF : XIII, 330b : pied]

I. -

"Chez l'homme ou chez l'animal, partie terminale du membre qui est en contact avec le sol ; p. anal., base ou support de certains objets"

A. -

[Chez l'homme] "Partie terminale d'un membre inférieur"

 

1.

[Comme extrémité inférieure du corps]

 

a)

Au propre : Sans nul mestret Avoit le corps par mesure pourtret, Gent, joint, joli, juene, gentil, grasset, Lonc, droit, faitis, cointe, apert et graillet. Trés bien tailliez Hanches, cuisses, jambes ot, et les piez Votis, grossez, bien et bel enjointiez, Par maistrise mignotement chauciez. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 71). Si fu juigez (...) à estre mis ou pilori et puis avoir coppé le pié ou le poing senestre (Conf. Jug. Parlem. Paris L.L., 1345, 173). Uns telz fers vous seront lassez, Sire, par les piez et les mains (Mir. marq. Gaudine, 1350, 169). E ! Dieux, ce ne sont pas les piez Cy de Berthe, bien les cognois (Mir. Berthe, c.1373, 215). Item, une houppelande de gris drap de Monstreviller, doublé de pers, et longue jusques aus piez. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 15). Premiers, s'orine resgarderent, Et puis après si la tasterent ; Li uns après l'autre tastoient Partout ou taster la devoient, Les piez, le pous, et puis les temples ; Et puis si moustroient exemples Des cures qu'il avoient faites En pluseurs lieus et bien parfaites. (MACH., J. R. Nav., 1349, 202). ...messire Jehans Sovain Y fu bleciés par mi le pié D'une sajette ou d'un espié. (MACH., P. Alex., p.1369, 147). Li [au corps du roi assassiné] avoient mis unes chausses Rouges, reses, viez et usées ; Et s'estoient toutes troées ; Et uns viez solers emboez Qui tous IJ. estoient troez, Si que l'un des piez li paroit Telement qu'à tous apparoit ; Et un viez chaperon de pers Qui estoit tous mengiez de vers, Ort et vil, et puant, et sale Avoit, mors gisans en la sale. (MACH., P. Alex., p.1369, 272). Item, tout aussi comme de l'ueil et de la main et du pié et de chascun membre particulier il est aucune operacion, semblabement convient il mectre que il soit aucune operacion de homme, senz celles des membres singuliers. (ORESME, E.A., c.1370, 120). Maudis de Dieu, de tous sains condampnés, De la clarté des estoiles bannis Puist estre li mois de Mars Et de mal feu d'enfer brulés et ars, Li et si jours et sa puissance toute, Quant il m'a fait avoir en piet la goute. (MACH., L. dames, 1377, 222). ...il [le juif] seroit penduz par les piez, et à ses deux costez à chascun un grant chien pendu par les piez samblablement comme lui. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 52). Aucuns magnifierent en saint Pierre l'onneur qui luy est fait par le monde es eglises et ailleurs par seigneurs et princes, tant soyent excellens, jusques a baisier non pas ses piés seulement mais ses os, sa robe et sa chayne. (GERS., P. Paul, a.1394, 487). ...et tant que plusieurs furent navrez tant des gens du Roy que des diz freres, et en eut IJ en peril de mort, comme l'en disoit, et un armeurier navré d'un piet (BAYE, I, 1400-1410, 11). ...Forget (...) avoit esté (...) trouvé pendu ou chemin en revenant, et avoient esté trouvées les lettres royaulx dessirées soubz les piez dudit pendu. (BAYE, I, 1400-1410, 284). ...se l'empereur eust tant soit peu tardé de les faire prendre et departir que vraiement ilz estoient au dessoubz, car l'un estoit fort blessié ou pyé tout outre, qui ne pouoit plus, et les autres deux avoient ja perdu du sang tant qu'ilz estoient presques pasmez (LA SALE, J.S., 1456, 269). Si le prindrent par teste, par piez et par jambes, et tout en air le sourdirent (C.N.N., c.1456-1467, 63).

 

-

(À) nu pieds./Pieds nus. "Non chaussé" : Il s'en vint devant le seneschal, tout sifflant et sa massue paumoiant entour son chief tondu en croix, piez nuz et mauvaisement vestuz. (Bérinus, I, c.1350-1370, 90). ...alez bonne erre Mettre paine a secourre Ignace, Tellement que mal ne li face Ne qu'il n'ait cause de doubter Le feu c'on li veult aprester Pour lui faire aler sus piez nuz. (Mir. st Ign., 1366, 84). Je vueil qu'il y voit tout nu piez, Si que les plantes li cuisez (Mir. st Ign., 1366, 85). ...lequel estoit en habit d'ermite, et here vestue, nuz piez, grande barbe et grelles cheveux, tenant un bourdon ferré (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 471). ...tous lesdiz channoines et chappellains estans nuz piez en alant à S. Germain l'Aucerroiz, et en revenant à ladicte saincte chappelle (BAYE, II, 1411-1417, 21). La Court a vaqué pour la procession de la Saincte Chappelle, qui, accompaignée de la Court et pluseurs religieux et colleges de religieux de Paris, a esté piez nuz à Saincte Katerine du Val des Escoliers, et y ont esté portez la vraie croix et le chief de saint Loiz (BAYE, II, 1411-1417, 75). Et en ce mesmes temps fut pris par justice a Lille et mené a Tournay ung herese (...). Estoit lait et de vil abit. Alloit deschaulz et a nuz piéz (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 226).

 

-

À pied sec : ...c'est assavoir cellui qui produit et mande les vens de son treson, selon le dit du prophete David, qui a pie sec feit saint Pierre aler sus les ondes de la mer, en ladicte nef francoyse par la deffaulte et negligence des patrons et seigneurs et jour et nuyt est offendu (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 592). ...par la verge de Moyse la mer rouge fu devisée et passa la peuple à pié sec (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 127). Parmy la Mer Rouge passatez A pied sec, oncques n'y moilastez Pied de vous cy com vous sçavéz. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 42). C'est celle [Espérance] qui fait aller sur l'eaue a piez secqz (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 181). Il veoit la mer estre par le mylieu partye et les ondes estre et demourer immobiles et fermes, comme deux murs, de une part et d'aultre, et chemyn, par le mylieu, par ou passoit le peuple de Dieu a piez secz. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 240). ...afin que les gens (...) puissent venir à pié sec pardessus led. pont dedens lad. ville (Commerce marit. Rouen F., Pièces justif., 1476, 372). ...où l'en passe quasy à piedz secz son primerain cours. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 42). ...un quidam qui se dist estre nouvel Moïse, qui fist devant aucuns plusieurs merveilles et signacles, leur promettant les mener en la terre de promission et les faire passer à pié seq la mer et les tira et mena jusques en l'isle de Crete où il en fist noyer plus de cinquante mil. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 91 r°).

 

.

Au fig. "(Faire qqc.) sans effort, sans risque" : Quel merveille ! car pour ce que ou dit estang avoit pou de eauue, c'est de resistence, les ennemis ont acoustume de peschier a pie sec et de prendre les groz poissons. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 364).

 

-

Aux pieds de qqn : Si se couchoit moult doucement Aus piez la dame, et humblement Resgardoit son trés dous viaire. Mais qui oïst les bestes braire Et la noise qu'elles faisoient, Quant einsi le lion vëoient, C'estoit hideur a escouter (MACH., D. Lyon, 1342, 181). Si brisa ung rain ["une branche"] a ses piés [le serpent du Paradis terrestre !] (Liber Fort. G., 1346, 122). Et je par dedens mon corage Avoie un mervilleus talent, De cuer hastif et de corps lent ; Car mes corps ne s'osoit crosler, Et se mes cuers peüst voler, Jusques a ses piez s'en volast, Et, s'il vosist, se l'afolast, Que ja ne s'en querist deffendre, Et le deüst on par mi fendre, Tant amoureusement l'amoie. (MACH., D. Aler., a.1349, 271). Et toutevoies une dame, Cui Amours gart de tout diffame, Ne tint ses parlers fors qu'a truffe, Et se li donna tele buffe Que jus a ses piez l'abati. (MACH., D. Aler., a.1349, 321). Donques le fist la roine amener en sa chambre, et elle s'asist sus les piés de son lit et le fist assoer a ses piés. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 134).

 

.

[En signe d'humilité ou d'imploration] Se jeter aux pieds de qqn : Sire, qui secoru m'avez, A voz piez me doy bien jetter. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 169). ...la bonne pucelle se gecta aux piez du ribaulx, en luy faisant pluseurs piteuses remonstrances, luy priant qu'il eust pitié d'elle. (C.N.N., c.1456-1467, 552). Desoubz la table, mon saulveur, Ad voz piés gecter je me vaiz. Helas, je vous donne mon cuer (Pass. Auv., 1477, 152).

 

.

Venir au pied l'abbé. "Demander grâce" : Ores le mien, A qui j'ay tousjours fait du bien, Il ne m'a pas pour bien gabbé : Il en viendra au pié l'abbé, Par la benoiste couronnee ! (Path. D., c.1456-1469, 138). [Se jeter au pied de l'abbé, du juge, pour demander grâce]

 

.

Jeter / mettre à ses pieds ce qu'on tient dans la main. "Se conduire de manière irrationnelle" : J'ai geté à mes piés chou que tenoie à mains. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 370). ...il est fol, qui ["lui qui"] gecte a ses piez ce qu'il tient a ses mains (Apoll. Tyr Z., c.1400-1500, 110).

 

Rem. Prov. H., 200, P171.

 

-

De pied en cape : Nous avons esté les premiers Et tous arméz de pié en chappe. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 246). Et encor, suyvant voz editz, Sommes armer de pied en cappe. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 677). Armés sommes de pié en chappe. (Moralité cincq pers. B., 1484, 72). Pour leur faire souffrir maulx inhumains, Me voicy jà armé de pied en cappe. (Cene dieux, c.1492, 117).

 

Rem. LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, v.4120 (de pié en cap).

 

-

Depuis la plante du pied jusqu'au chef. V. plante

 

-

Depuis la teste jusques aux pieds. V. tête

 

-

Dès le pied jusqu'en chief : Car einsi com la fueille en tramble Contre le vent fremist et tramble, Leur trambloit li corps et les james En la presence de leurs dames, Voire, dès le piet jusqu'en chief, Tant avoient il de meschief (MACH., D. Lyon, 1342, 196).

 

-

[P. réf. à Ex. XXI, 24 ; châtiment qui consiste à rendre la pareille] Pied pour pied : Lors fu la royne Misericorde assise en la haute table devant et par dessus Justice la riguoreuse, qui avoit acoustumé a dire ou Viel Testament, "Oeuil pour oeuil, pié pour pié et dent pour dent". (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 97).

 

-

Le piet en l'estrier

 

.

Avoir le pied en l'estrier : Quant Brun de la Montaigne ot le pié en l'estrier, Il monta sus la selle a loy d'un escuier (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 114).

 

Rem. Doc. c.1440 (Jaique Dex, Chronique de Metz, éd. G. Wolfram, 294) ds G. Roques, R. Ling. rom. 46, 1982, 328.

 

.

Au fig. Bouter / mettre le piet en (l')estrier. "Prendre une initiative" : Quant madame Jaque se vit ainsi à Calais, eschappée des mains de son mary (...) puisqu'elle avoit mis le pied en l'estrier, pensez que moult se tenoit à aise (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 215). ...il sambloit que jamais l'evesque ne se peuist ressourdre ne bouter pied en estrier pour garandir son pays. (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 177).

 

.

Tenir le piet en l'estrier : Li roys seoit sus son destrier, Et tenoit le piet en l'estrier, Fort et ferme et seürement. Là se combat si durement D'une hache bien enferrée Que riens à ses cops n'a durée. (MACH., P. Alex., p.1369, 94).

 

-

Les pieds dessus. "La tête en bas, les pieds en haut" : Prenez le tost et le boutez Les piez dessus en la chaudiere. (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 658).

 

-

Les pieds contre le mont. "La tête en bas, les pieds en haut" : Adont icy y a pause et doit on tirer la grosse bombarde la Bergere, et du trait doit cheoir tout le feste des Tourelles et ung grant quartier de la tour, et doit cheoir six Anglois les piez contre le mont a terre, mors du coup tiré de la Bergere du bouloart de la Belle Croix. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 245).

 

-

Baiser les pieds de qqn : Frans homs, bien mercier vous doy (...). Certes, or vous vueil je baisier Et bouche et piez. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 169).

 

.

[En signe de respect] Baiser mains et pieds à qqn : Au bon Jhesus farons honneur, Et luy bayserons mains et piés, Pour ce qu'il est nostre saulveur. (Pass. Auv., 1477, 256).

 

-

Ne bouger pied ne teste. "Rester parfaitement immobile" : Et la veue sy fort nous troubla Que, tandis qu'il yssit dehors, A terre cheusmes comme mors De paour de fouldre et de tempeste, Et n'eusse bougé pié ne teste, Qui m'eust donné cinq cens besans, Tant estoye matz et pesans Et tous mes compaignons aussy. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 883).

 

-

Desbattre les pieds et mains. "Se débattre des pieds et des mains" : ...elle qui parle se demenoit et debatoit les piez et mains, afin que ycellui Oudot qui se efforçoit de la charnelment congnoistre ne la congneus (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 510).

 

-

[D'un pendu] Faire la beneïçon au pied. "Se balancer au bout d'une corde" : Dieux vous gard, evesque des folz ! Faites le beniçon au piet. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 193).

 

-

[D'une femme] Faire pieds neufs. "Faire un enfant" : Je croy qu'elle faira piez neufs S'elle n'est bien contregardée (Chans. XVe s. P., c.1430-1500, 144).

 

-

[P. réf. à Jean XIII, 10] Laver les pieds (des pauvres) : LAURENS. (...) Si vous pry a tous doulcement, Se vous voulez m'amour avoir, Que je puisse voz piedz laver Ou nom de Dieu et de sa mere, Ainsi comme le voulut faire Jesus, le roy de Paradis, A ses apostres et amys Le jour du jeudy absolut. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 202).

 

.

[En signe d'hospitalité] Laver les pieds de qqn : D'uile ne m'as pas oint ma teste, Ne d'eau lavé mes piés fangeux ; Et elle de l'eau de ses yeulx Moult bien nectiés A doulcement lavé mes piés Et de ses doulx chaveulx nectiés, Et les a oint benignement. (Pass. Auv., 1477, 154).

 

.

Laver ses pieds : La tierce collation du Saint Esperit fu faite aux apostles devant la passion, quant ilz furent baptisiéz. Car leur baptesme est demonstré par celles paroles de nostre Seigneur, quant il dist : "Qui est lavé, riens ne lui est besoing si non qu'il lave ses piez." (Somme abr., c.1477-1481, 120).

 

-

Marcher / passer sur le pied de qqn : Adont sur le piet ly passa Sy fort conme elle pot (Dit prunier B., c.1330-1350, 53). L'un lui presente beaux moz plaisans et gracieux, l'autre lui marche dessus le pié ou lui estraint la main (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 16). Quant la josne damoiselle veyt ce, elle passa Le Tors sur le pié afin qu'il perceust la trayson (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 302).

 

-

Ne remuer ne pied ne main ne bouche : Dedens la chambre ou Dieus de sommeil couche Avoit un lit trop riche et une couche. La dedens gist, aussi comme une souche, De tel maintien Que ses mentons a sa poitrine touche, N'il ne remuet ne piet ne main ne bouche (MACH., F. am., c.1361, 164).

 

-

Ne touchier qqn de pied ne de main ne de bouche : Et s'il y a femme qui gise, Soit tantost ton enseigne mise Seur le sommet de sa maison, Et en ce garde si raison Qu'il n'i ait homme qui la touche De piet ne de main ne de bouche. Einsi le faisoit, dont j'en ri, Li bons fils l'empereur Hanri, Qu'en son ost n'estoit si hardis Qu'en ce ne fust acouardis Et que la teste ne perdist, S'a femme efforcier s'aërdist. (MACH., C. ami, 1357, 121).

 

-

Les pieds ne peuvent porter le corps. "Ne pas pouvoir se déplacer (parce qu'on est malade)" : ...se il est malades (...) ...et se doit envoier excuser, et envoier excuseur qui jurroit que le[s] piez ne puent porter le corps. (Ordonn. rois Fr. L.S., t.2, 1350, 349).

 

-

[Agacerie amoureuse] Le jeu des pieds : ...il prestoit ses yeulx a l'ostesse, sans espargner par dessoubs la table le gracieux jeu des piez (C.N.N., c.1456-1467, 219).

 

-

Prov. : Certes ja soit ce que celle qui fait le pechié en doye porter son fait horrible et pesant, aussi fera celle qui l'aide et consent ou porte ou soustient, car autant fait cil, dist on en proverbe, qui tient le pié ["qui participe au mal"] comme cil qui escorche. (FRÈRE ROBERT, Chastel perill. B., c.1368, 263). [Prov. H., 199 P153] Qui tel piet a tel souller chausse. (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 150). ORILLART. (...) Aussi t'avons nous bien aidié. CLAQUEDENT. Autant a cil qui tient le pié ["qui participe au mal"], Par raison, que cil qui escorche. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 341).

 

b)

P. méton.

 

-

"Le haut du pied (enchaîné)" : Et si leur fist sans detrier Les piez et les jambes lier Et eaus geter dedens le fu Qui fu tels qu'onques tels ne fu, Car pluseurs Caldez qui la furent De la flame dou feu moururent. (MACH., C. ami, 1357, 22). Li roys commanda qu'on l'enserre, Et qu'on le mette estroitement Uns fers en ses piez, telement Et si pesans qu'il ne s'en vole, Car mettre le vuet en géole, Ou apenre un autre mestier, Dont cure n'avoit, ne mestier. (MACH., P. Alex., p.1369, 258). Pause de menestriers. I[l] retourne. Puis doit crier ung homme desmonyacle enferré par les piedz et [par les] mains. (LA VIGNE, S.M., 1496, 456).

 

.

Au propre et au fig. Lier pieds et mains / lier pieds et poings. "Faire prisonnier" : Et j'ai tout ceo si lessee affaire par cele peresce qe me lie si pieez et mayns, qe jeo ne puisse faire mon bien, mon sen, ne mon preu (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 79). Mez Fabricius ne luy voult rien donner ne promettre, mez le fist lier piés et poins, et l'envoïa a Pyre, et luy signifia toute la mauvetié de son physicien (Songe verg. S., t.2, 1378, 269).

 

-

Le grant pied. "La jambe" : Le grant pié ou la grande jambe dure depuis la joincture de scia jusques aux dernieres parties des arteilz. (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.2, chap.8). Une partie du grant pié ou de la grande jambe est dicte coxa, l'autre est dicte parva tibia, l'autre est dicte pes parvus mais la grecque translacion appelle crus ce que l'arabicque translacion appelle coxe et jambe ce qui est appellé cuisse. (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.2, chap.8).

 

-

Ne ... pied. "Personne" : ...pié de nostre lignage, Sire, ne connoisson, dont nous avons damage. (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 153). ...Beaumanoir est prins, Lui et sez compaignons, pié n'y en demourra vis (Bat. Angl. Bret. B., a.1355, 50). Je vous dy par ma foy que ja pié n'y iroit (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 88). L'EMPEREUR. (...) Sur li, seigneurs ! mettons au bas Ceste chiennaille. YSABEL. N'en eschappera pié sanz faille. (Mir. fille roy, c.1379, 76). ...C'onques n'en demoura pié qui ne fust tuez. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 29). Il fu si esconfis que piet n'en remena. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 114). ...si lui feistes vous plus grant honneur de le prendre qu'il avenist oncques a pié de son lignage. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 19). ...et se deslogerent et partirent, c'oncques piet n'y demoura (Ysaÿe Triste G., p.1400, 73). ...se ilz s'i fichoient, jamais pié n'en retourneroit (Bouciquaut L., 1406-1409, 243). ...lui eussent couru sus, ne jamais pié n'en fust eschappez (Bouciquaut L., 1406-1409, 250). ...tantost on n'en seuist trouver piet qui se mesist a la deffense, ainchois se rendoient prisonniers quant plus courir ne pooient (WAUQUELIN, Faits conq. Alexandre H., c.1450, 175). ...et furent tous prys ou mors sans en eschapper piet (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 152). LE FILZ DE L'EMPEREUR. Mettez tout a l'espee fourbie, Quant vous serez en la partie De Gaule, je le vous command. TARQUIN. Treshault prince, je vous affie Que ja pie n'en lairron en vie, Tant que tout vous soit obeissant. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 153).

 

Rem. COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, v.638. Cf. aussi : ...et tellement espoventa yceulx et tous les autres subgietz que oncques puis ne s'osa pié rebeller. (CHR. PIZ., Cité dames, c.1404-1407). [cité par L. Dulac, Mél. C. Camproux, 1978, 342]

 

.

Ne pied ne patte. "Personne" : ..oncques n'en eschapa pié ne pate (Galien Rethoré K.K., 1500, 319). ...n'en eschappa oncques ne pié ne pate (Galien Rethoré K.K., 1500, 319-320). ...de tous les dix mille n'en reschapa oncques ne pié ne pacte que tous ne fussent occiz (Galien Rethoré K.K., 1500, 366).

 

-

[En tournure forclusive] "Quelqu'un, qui que ce soit" : Je croy assez que mon beau cousin d'Ostrevan yra [en ce voyage, cette expédition], car il en a tresgrant voulenté, et y menra des Hennuyers en sa compaignie, mais aventure est se jamais il en retourne piet (FROISS., Chron.[Livre IV] V., c.1400, 574).

 

.

À pied que ce soit : ...car encores me semble il que voz armes vous sieent mieulx que a piet que cy soit. (WAUQUELIN, Faits conq. Alexandre H., c.1450, 86).

 

c)

Loc. fig.

 

-

Pieds et mains. "Tout" : Et je croy que en ce mectra Davus piez et mains en euvre. (RIPPE, Andrienne, a.1466. In : Chrestom. R., 209).

 

.

De pied ou de main. "D'une façon ou d'une autre" : Garde que de pied ne de main Ne peche plux contre ton Pere. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 160).

 

.

De pied et de main. "De toutes les façons" : ...Qui n'i facent hommage et de piés et de mains. (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 111).

 

.

Ne voir ni pied ni main. "N'y voir goutte" : LE CHEVALIER. L'as tu en forte prison mis Jusqu'a demain ? LE VARLET. Sire, il ne voit ne pié ne main, Ou je mis l'ay. (Mir. femme roy Port., c.1342, 201).

 

-

Les pieds devant. "Mort" : Par la mort bieu, beau pere, vous ne saulterez a jamais d'icy sinon les piez devant, se vous ne confessez verité. (C.N.N., c.1456-1467, 220). Jamais robe ne vestira Que de blanc, ne ne partira Dont il est que les piés devant. (Path. D., c.1456-1469, 104). ...je ne le rendray à personne qui vive qui ne m'en jetera [de la maison que j'ai en garde] les piedz devant (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 257).

 

-

Avoir les pieds cuits, les pieds pourris. "Être en piteux état" : Aler ne s'en peut qui les piez a cuiz. (Percef. III, R., t.3, c.1450 [c.1340], 222). En ce miroir resplendit jours et nuys, Car dame fut qui n'ot point les pieds cuis. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 679). Ce papellart, qui a grant los Et qui n'a point les pietz pourris, Plaide contre les rattelos (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 743).

 

.

Ne pas avoir les pieds pourris. "Ne pas être lent à agir, agir avec rapidité" : Vous n'avez pas les piez pourriz, Vous avez bien tost fait vuydange. (Myst. ste Agathe B., c.1450-1500, 192).

 

-

Ne pas avoir la crampe au pied. "Ne pas être lent à agir, agir avec rapidité" : [Envie] Partout se met ; partout se fiche ; Partout vuet estre ; partout rampe ; Elle n'a pas eu pié la crampe, Eins est vigueureuse et aperte, Nom pas a pourfit, mais a perte. (MACH., D. Lyon, 1342, 225).

 

-

Ne pas avoir le sens au bout du pied. "Ne pas être lent à agir, agir avec rapidité" : Et pour iceulx promps canoniers subtilz Qui n'avoient pas au bout du pié le sens, Patrons, pillotes, contremaistres puissans, Voilles a force, guydons et estendars, Adventuriers et oultrageux soubdars Tant la qu'ailleurs pour estre brigans dignes, Fourniz d'arnoys et riches brigandines. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 136).

 

-

Avoir froid aux pieds. "Être en mauvaise posture (en partic. être jaloux)" : Se laide est, toute sera tienne, Au mains froit aux piez n'en aras. Doubte n'aras que l'en la vienne Par amours prier (MARTIN LE FRANC, Champion dames II, D., 1440-1442, 128).

 

-

Estendre plus son pied que la couverte a de long. "Mener un train de vie supérieur à son rang social" : Et toutesfois, de telles gens es cours royalles, qui par vanite, par grandeur et par avarice estendent plus leur pie que la couverte n'a de long, leur pie leur pert tout descouvert, c'est assavoir parlant moralment, que leur memoyre, comme le son de la cloche quant le batail se repose est perie, tout ainsi leur puissance, legierement acquise et malfondee, est tantost oubliee et en un moment evanoye. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 330).

 

-

Trouver soulier à son pied. "Trouver ce qui convient" : Celluy qui est en telle adresse A trouvé sollier a son pié. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 82).

 

.

Estre soulier au pied de qqn. "Lui convenir parfaitement" : Il luy compta son cas tout du long, comme il a prié une telle, la response et le refus qu'elle fist, doubtant qu'il ne soit pas bien solier a son pié (C.N.N., c.1456-1467, 107). ...il estoit de plus haulte estoffe et trop mieulx soulier a son pié que le premier venu. (C.N.N., c.1456-1467, 228).

 

-

[Idées de domination, de mépris] Sous le pied / les pieds : Encor ne deust estre servante L'orguilleuse beste retive. Assez a elle, dont se vante, Que soubx le pié de l'omme vive. (MARTIN LE FRANC, Champion dames II, D., 1440-1442, 46).

 

.

Fouler qqc. sous les pieds. "Mépriser, bafouer qqc." : Et que pis est, lez biens que, ja, justement nous tenons et avons acquis, se nous ne lez vous distribuons, vous lez nous ostés et par force lez ravissiés ; vous foulez noz drois soubz lez piés, noz libertés vous enfraingnés. (Songe verg. S., t.1, 1378, 14).

 

.

Jeter / mettre / ruer qqn / qqc. sous (les) pieds. "Mépriser, bafouer, dominer" : Ma commere, fait l'autre, ne lui acoustumez pas ainxin a vous lesser mectre soubz les piez (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 19). Il fault que le plus foible doncques Soit tousjours gecté soubz le pié (CH. D'ORLÉANS, Compl. C., 1433-p.1451, 285). Pourquoy souvent je metz soubz mon piéce [l. pié ce] (CH. D'ORLÉANS, Compl. C., 1433-p.1451, 466). ...et rua son honneur sous pieds (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 282).

 

.

Laisser qqc. sous le pied. "Négliger qqc." : Et n'ont pensee fors de mentir et de faire faulx rappors et avec ce bien vestus, montés, habillés et laissier l'office soubz le pié. (Un traité d'héraldique inédit, éd. L. Houwen, M. Gosman, c.1435-1449. In : Romania 112, 1991, 499).

 

.

Mettre qqn sous le pied. "Écraser, vaincre, soumettre" : Car il voult homme devenir Et nos miseres soustenir, A celle fin que l'anemis, Qui homme avoit souz le pié mis, Sy fust par homme sourmonté Et sa mauvestié par bonté, Et mort par mort a mort livree (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 125).

 

.

Mettre qqc. sous le pied. "Maîtriser, dominer qqc." : ...nous devons du tout entierement Mettre soubz pie ce mode [l. ce monde] decepuable Pour bien mourir et vivre longuement. (Danse macabre femmes H., p.1480, 43).

 

.

Tenir qqc. sous les pieds. "Mépriser, ne pas tenir compte de" : Les glotons tel vie demennent Que de nul bien feyre n'ont cure. Il tignient c'est verité pure Reysom fermee soulx les piés. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 8).

 

-

Passer sur le pied de qqn. "Traiter mal qqn" : Et se par adventure, comme souvent advint, aucun tyrant, ou aultre quel qu'il soit, de ma haulte justice criminelle et du patrimonie de Jesuscrist, m'empeschera et sur le pie me passera ou m'en fera meslee, je lui feray guerre ouverte (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 322).

 

Rem. Cf. aussi G. Roques, Trav. Ling. Philol. 31, 1993, 388.

 

-

Tenir le pied. "Participer à une mauvaise action" : Vous tenistes le pié et Guesne l'escorcha ! (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 393).

 

-

Tenir Dieu par les pieds. "Croire avoir obtenu tout ce qu'on voulait, se croire au septième ciel, être heureux" : La veille, de joye esprise, cuidant Dieu tenir par les piez, [se] leve de haulte heure (C.N.N., c.1456-1467, 101).

 

Rem. Cf. A. Langfors, Mél. M. K. Michaelsson, 1952, 351-355, et J. Thomas, "De Pétrone aux patois modernes : Croire tenir Dieu par les pieds", Z. rom. Philol. 74, 1958, 413-423.

 

.

Trouver Dieu par les pieds : ...ses povres subjets (...) cuidoient avoir trouvé Dieu par les pieds quant l'avoient à nouvel roy et que dussent estre soulagés des grandes tailles et impositions que le roy son père avoit mis sur eux (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 143).

 

2.

[Comme instrument de l'appui, de la station debout]

 

a)

Au propre [Loc. relatives à la sation debout]

 

-

En pied(s). "Debout" : L'empereur, qui sages estoit, Devant le roy en piez estoit. (MACH., P. Alex., p.1369, 37). A la senestre de Verite la royne, voyre ung pou plus bas que les troys dames et assez pres du Blanc Sanglier couronne estoient en piez plusieurs grans Sangliers, noirs et hericez, qui jadis furent filz du puissant et noir Sangler, qui tant de foys par la divine permission rompy les hayes des belles vignes du grant champ a fleurs de lis dorees. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 395). Tu n'as point fait de mesprison Pour quoy doyves estre dampnés. Deslïéz le et le pannéz. Sus maintenant, en piedz te dresse ! (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 146). Mes seignieur, vous veéz bien trestous Que je ne puis [plus] estre en piés. Je suis velliart et debrisié. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 103).

 

.

Es pieds : Ces gens dorment jusques a primme ! Il deussent estre ja ez piés. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 87).

 

.

À deux pieds : ...a deux piés estoit sus la cruppe de son cheval (Ysaÿe Triste G., p.1400, 58).

 

.

Saillir en pieds. "Se lever, se mettre debout, bondir" : ...il sault en piéz et fiert Gerart (...). Le duc Gerart sailhit en piéz (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 30). Saillez tous en piéz, levez sus ! (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 17). ...nostre clerc (...) saillit en piez, assault sa maistresse et la reboute en sus de luy (C.N.N., c.1456-1467, 151).

 

.

Sourdre en pieds. "Se lever, se mettre debout, bondir" : Et tantost aprés ceste responce faite, sourdy en piéz le procureur du roy, et commença a faire plusieurs grans plaintes et doleances a l'encontre du duc leur maistre (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 127).

 

-

Sur / sus (ses) pieds. "Debout" : Bien me soubstendray sus mes piés ; Mayne moy la ou tu vouldras (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 133). Seigneurs, faictes le sus piez traire ; Sy verra l'en s'yl ira point. (Mart. st Pierre st Paul, fragm. Anholt R., c.1480-1500, 182).

 

.

Ester sur pied : Non fera l'en tant com je puisse Sur piez ester. (Mir. femme, 1368, 191).

 

.

Estre sur pied : PREMIER BOURGOYS. (...) Seez vous sur ceste herbe vert Decoste moy (...). SECOND BOURGOIS. Si feray je, sanz estre plus Sur piez huimais. (Mir. emp. Julien, 1351, 186). Croisie a terre me vueil mettre ; Ne puis de mesaise plus estre Sur pié que j'aye. (Mir. emper. Romme, 1369, 282).

 

.

"Être vivant" : ...ilz ne sont mors tous deux que de chaulde maladie ; et si je les eusse aussi bien roncynez quand ilz furent malades que j'ay fait ma femme, ilz fussent maintenant sur piez. (C.N.N., c.1456-1467, 138).

 

.

Au fig. Estre tous drois sur ses pieds. "Être tout disposé (à faire qqc.), en situation (de faire qqc.)" : Lors, par une vois, respondirent (...) Que volentiers le serviroient Et son commandement feroient, Pour mettre le corps et la vie, Et qu'il avoient grant envie D'aler contre les mescreans, Qui pas ne sont en Dieu creans. Et li pueples qui là estoit, Qui tous drois sur ses piez estoit, Respondi à X. mille vois : "Alons, alons ; g'i vois, g'i vois." (MACH., P. Alex., p.1369, 55). ...et ne donne encore jamais sy grant auctorité qu'y n'en retiennent tousjours aucune chose devers elles et qu'elles ne soient sur leur piés pour user de leur volentés et plaisirs (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 39).

 

.

Se dresser / se lever en / sur (ses ) pieds. "Se dresser (quelle que soit la position préalable)" : Et la dame qui resgardoit Devers l'uis et ne s'en gardoit, Le vit et congnut a l'entrée ; Se s'est tantost en piez levée ; S'ala a l'encontre de lui, Et se n'i atendi nelui. (MACH., J. R. Nav., 1349, 187). Adont s'est Foy en piez drecie Comme sage et bien adrecie De droit, de coustume et d'usage (MACH., J. R. Nav., 1349, 216). Preudon, sur piez vous fault dressier (Mir. st J. Paulu, c.1372, 132). Quant Verite la royne ot ainsi repris et chastie la chevalerie d'Angleterre, dame Allegresse se lieva en piez et dist ainsi, "Ma treshonnoree dame et ma tresamee suer, entre les generacions de ce monde, et par espicial entre les Crestiens, je me plains plus de ceste generacion occidentale..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 398-399). Ogier entend ce, sy est en piés leveiz (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 92). LE PARALETIQUE. Je me sencte bien consolé. Je me vuel lever sur mes piés (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 180). ... celui se dressa sus piez (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 95). ...elle se leva sus piez (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 120). ...si perceut d'adventure que le chevalier (...) se lieve en piez [La journée, lors d'une réception] (C.N.N., c.1456-1467, 254). Quand l'autre entendit la plainte de sa mere et l'inhumanité de son filz, il se leva sur piez tres courroussié [La nuit, il est au lit] (C.N.N., c.1456-1467, 325).

 

.

Se mettre sur (ses) pieds. "Se lever (d'une position allongée)" : A quelque meschef que se fut, se mist sur piez, cuidant parmarcher sur son houseau et par ce l'oster de sa jambe (C.N.N., c.1456-1467, 158). ...tantost qu'il eut rompu deux lances, elle se leve et se mist sur ses piez. (C.N.N., c.1456-1467, 517).

 

.

Estre mis sur pieds. "Être debout" : ...la bonne femme fut vistement mise sur piez, et en pou d'heure habillée et lassée de sa cotte simple (C.N.N., c.1456-1467, 27).

 

.

Estre remis sur pieds : A chef de piece, il print courage, et, o l'ayde de sa femme, la Dieu mercy, il fut remis sur piez. (C.N.N., c.1456-1467, 52).

 

.

Tenir sur pieds. "Rester debout" : Ma foy, dit elle, il m'est prins ung tel mal de teste que je ne saroye tenir sur piez (C.N.N., c.1456-1467, 242).

 

-

Avoir un pied sur (la) glace. "Manquer de tomber (au propre ou au fig.)" : Tel genz gens ont toudis un pié sur glace (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 6). De toutes pars Envie sur vous court Et n'y avez fors un pié sur glace. (DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 9).

 

-

Changer pied. "Changer l'appui (pour retrouver l'équilibre)" : Et quant ce vint a l'aprochier, l'un se leva sus ses pattes et donna au chevalier tel coup de sa corne qu'il fut constraint de changier piet. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 275).

 

-

Tenir le pied derrière. "Rester en arrière" : Quoy, tenez vous le pié derriére ? (Myst. Viel test. R., t.5, c.1450, 241).

 

b)

[Loc. comportant l'idée de position sur le sol, de position en un lieu]

 

-

[D'un homme à cheval] "Descendre de monture"

 

.

Descendre à pied : A piet descent Ogier quant il parçoit que le roy gisoit en palmison (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 113).

 

.

Mettre pied à terre : Dont mistrent pié a terre (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 17). ...il avoit mis pié à terre sur ledit chemin, pour paour de certaines gens armez que il avoit veuz en un bois. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 539). Tantost qu'il eut mis pié a terre (...), son hostesse luy vint au devant (C.N.N., c.1456-1467, 431). Messeigneurs, faisons sans esloigne Que chacun mecte pie a terre, Et que aussi on pense et soigne Ses bagues cuillir et requerre, Et aussi de son logeis querre Jusques demain au point du jour (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 109). Mettons pied a terre nous tous. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 243).

 

.

Se mettre à pied : Et se voyant par ledit suppliant, qui est homme noble, ainsi dementy, villipendé et oultragé par ledit des Monceaux, homme rural, pour demander le sien, fut fort esmeu et courroucé, et desplaisant desdictes parolles, descendit de dessus son cheval et se mist à pié. (Doc. Poitou G., t.12, 1480, 343).

 

-

Ficher son pied qq. part. "Se fixer qq. part, s'y implanter" : ...ceste Chevalerie sera neccessaire pour aler devant les rois comme noble et poissant fourriere en la terre d'oultre mer et la fichier son pie et prendre terre vaillaument, en attendant les rois qui vendront au saint passage. (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 49).

 

-

Garder le pied derriere. "Rester en retrait" : Bon fait garder le pié derriere. (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 148).

 

-

Marcher un pied sur une terre. "Tenter d'envahir un pays" : LE ROY. (...) Ilz y mourront ou g'y mourray, S'ilz marchent un pié sur ma terre. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 166).

 

-

Mettre pied en terre. "Débarquer" : ...et ne vouldrent lesdiz Bretons par argu prins contre les François mettre oncques pié en terre, mes (...) retournerent en la haute mer [au cours d'une expédition d'aide à la reine d'Angleterre] (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 293).

 

-

Mettre (le) pied (qq. part). "Aller, arriver (en un lieu)" : Guillaume (...) M'a de m'esveschié puis un po Chacié, n'y os mais le pié mettre (Mir. st Guill., c.1347, 15). ...n'a cheval n'a pié N'y mettroit homme d'armes pié (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 167). ...il mist le pié en France (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 162). Et lors luy fist jurer que jamais en eglise pié ne mettroit (C.N.N., c.1456-1467, 59). ...jamais n'y mettroit le pied (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 475).

 

c)

Loc. fig. [Idées de position, de situation]

 

-

DR. En tiers pied. "En troisième position" : Quant applegement est fait entre aucunes parties, ung tiers pretendant avoir droit es choses se peut venir contreapleger au sergent ou juge en tiers pié (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1426, 297). Messire Robert Morin chevalier s'applege en tiers pié (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 366). Si applegement et contreapplegement pend entre parties à cause d'aucune chose, ung tiers pendant le procès qui advoue droit en la chose en quelque estat qu'elle soit ne combien de temps qu'il ait duré, se peut en jugement appleger en tiers pié à deffendre que la saisine ne soit adjugée à l'un ne à l'autre, mais à lui. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1464, 289).

 

-

À pied fermé. "Sans quitter sa position, fermement" : Si actendy a pié fermé Long temps et aprés m'enfumé De ce qu'on me laissoit seulet. (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 36).

 

-

De pied coi. "Sans bouger, avec calme" : ...l'en s'aresta de pié quoi pour parler a luy et luy tenir langaige (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 5). Et vous actendrons de pié quoy (Myst. Résurr. Angers S., 1456, 456). ...et elle (...) ne fist que ung sault jusques a la chambre de celuy qui l'attendoit de pié coy. (C.N.N., c.1456-1467, 250). ...de pied quoy fit et pourvit en tout (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 104). ...et le Jouvencel les attendit de pié coy sans bougier (BUEIL, I, 1461-1466, 152). ...et allerent requerir les Françoys jusques en leur champ, où ilz les attendoient de pié coy (BUEIL, II, 1461-1466, 65). ...lesdis Francois (...) attendirent hardiment et de pied quoy lesdis Bourguignons (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 118). Je suis icy Ou je vous attens de pied quoy. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 94).

 

.

Estre de pied coi. "Être calme" : ...quant tu seras de pié quoy et a repos (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 148).

 

-

Pied contre pied. "D'égal à égal, fermement" : ...le roy de France, avecques lequel toutesfois en temps de guerre il a maintenu l'estrif, pied contre pied, comme constraint, et en temps de paix s'est porté envers luy vertueux homme et en acquit d'honneur (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 241).

 

-

Bon pied. "Fermeté, stabilité" : Or advisez doncques, Jouvencel, que c'est que de sieuvre la court, qui n'y a bon pié et grant fondement. (BUEIL, I, 1461-1466, 50).

 

.

Bon pied bon oeil : La guerre est de telle condicion, qu'on y doit avoir bon pié et bon oeil. (BUEIL, I, 1461-1466, 198).

 

-

Pied ferme. "Fermement" : Si conclus et soustien pié ferme Qu'il n'est point Dieu (Myst. Résurr. Angers S., 1456, 119).

 

.

Demeurer pied ferme : ...leur compagnye (...) estoit demeuree pied ferme, surattendant. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 230).

 

.

Tenir pied ferme : ...tousjours tenoit pié ferme (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 146). ...obligez de tenir pié-ferme. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, c.1437-1464, 15).

 

-

Avoir tel pied. "Être dans telle ou telle situation" : ...et pour tant vous, les seigneurs de l'ambassade, qui avez ce pié maintenant (...), vous pouvez estre plus asseurés (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 431).

 

-

Avoir pied qq. part. "Avoir ses entrées qq. part" : ...ces gouverneurs estoient accusés et imputés du peuple en commune criee de ce grand larcin, avoient toutesfois port et pied en court, pour estre défendus et garantis, par l'argent qu'ils en distribuoient. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 251).

 

.

Avoir grand pied / pied ferme qq. part. "Être solidement établi qq. part" : ...d'avoir madame Catherine de France pour espouse, et au remanant pied ferme dedans ce royaulme (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 86). ...car [les Anglais] avoient grand pied en Normandie, Rouen et beaucoup d'autres puissans villes et forts (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 102).

 

-

Bailler tel pied à qqn. "Donner tel ou tel état à qqn" : De ceste femme (...) fut le roy durement assotté ; y mist de grands et innombrables frais contre honneur ; et se faisoit grandement blasmer du pied qu'il luy bailloit ; car en chrestienté n'avoit princesse qui à hautement parée ne se fust tenue d'avoir esté en tel estat. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 365).

 

-

Bien choir sur ses pieds. "Tomber bien, s'y retrouver" : Dieux, qu'il est bien cheut sur ses piéz Pour estre souldé de ses gaiges ! (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 278). Il rechiet tousjours sur ses pies. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 195).

 

-

Demeurer sur ses pieds / en pieds. "Conserver la situation acquise" : ...la pratique que les nouveaux trouveront, pour demourer tousjours sus leurs piez et non perdre leur double provende et les grasses distribucions, desquelles sont edifiees et acquises les grandes maisons et belles possessions. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 357). ...avecques toutes remonstrances et preuves faites de leur cas, du premier jusques au derrain, ils sont demorés en pieds, familiers en grâce avecques le duc, résidans en court en leur autorité et haut bruit. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 208).

 

.

[D'une chose] Demeurer sur pieds. "Se maintenir" : Et par ainsin leur emprinse, qui contenoit l'un parti ou l'autre estre remis, demeura sur piez (LA SALE, J.S., 1456, 181).

 

-

Donner pied à qqn pour + inf. "Mettre qqn en situation de" : ...et pour tant ne vouloit point donner pied au roy pour courir sus autruy, afin que autruy ne luy donnast pied aussi pour se former contre luy. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 80).

 

-

Laisser pied à qqn. "Laisse le champ libre à qqn, quitter qqn, l'abandonner" : Nous-mesmes de nos mains et labeurs vous nourrirons (...). Male honte aient nos corps, dont les coeurs seroient jamais si faillis que de vous laisser pied (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 335).

 

-

Mettre qqn sur ses (frans) pieds. "Rétablir qqn sans ses droits, dans sa liberté" : ...après avoir mis son frère sur ses pieds, s'en retourna au pays de Picardye (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 295). ...devers le seigneur de Crèvecoeur [assiégé] pour luy certiffier que secours lui venoit et qu'il ne s'estonnast de riens, car, à l'aide de Dieu, on le mettrait sur ses francs pieds. (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 121).

 

-

Estre mis sur pieds

 

.

[D'une pers.] "Être en position d'agir" : ...prestes furent et sur piez mises, et leur pou de mesnage mis a point (C.N.N., c.1456-1467, 99).

 

.

[D'une chose] "Être mené à bon terme" : ...[j']ose et presume ce present petit oeuvre, a vostre requeste et advertissement mis en terme et sur piez, vous presenter et offrir [Décidace du recueil] (C.N.N., c.1456-1467, 22).

 

.

Remettre qqn sur (les) pieds. "Le rétablir, le réhabiliter" : ...le trahitre ou homicide par force d'argent sera purgie et repute par preudomme, voire par le baillif, viconte ou prevost, qui scet bien le contrayre, et sera remis sus les piez. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 472).

 

Rem. Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 111. Cf. FEW VIII, 296a : «remettre sur pied "rétablir dans ses affaires" (seit 1668, Molière)».

 

-

Perdre le pied à qqc. "Perdre en qqc., être déconfit en qqc." : DUC DE FALAIZE. (...) Regardez, est il droit, Bien pris, bien mys, de gracïeuse taille ! PRINCE D'ANTHIOCHE. Mouche ne sçay qui le pied n'y perdroit Si une fois se trouvoit en bataille. DUC DE FALAIZE. A, si quelc'un devant luy s'entretaille Pour luy cuyder faire quelque finesse, Je me foys fort, soit d'estoc ou de taille, Que le deable luy chantera bien messe. (LA VIGNE, S.M., 1496, 176).

 

Rem. L'éd. donne, s.v. mouche, l'expr. faire perdre les pieds aux mouches "passer son temps à des niaiseries" (cf. HUG. V, 354) ; toutefois, le sens ne paraît pas très convaincant en cont. Suivant DI STEF., 683a («Perdre les piez, devenir fou») et 563c («Mouche, homme habile et rusé»), on peut proposer de comprendre une loc. ne savoir mouche qui le pied n'y perdrait comme "ne connaître personne d'assez habile pour ne pas y perdre, pour ne pas y être déconfit".

 

-

Prendre pied à / sur qqc. "S'appuyer, se fonder sur qqc." : ...et depuis, pour esmouvoir les autres princes ou leurs ambaxadeurs qui survindrent à icelle journee, fit nostre dit saint Pere icelle offre de mondit seigneur dire et reciter en concistoire publique, affin que chascun y print pied, commencement et exemple de quelque chose offrir et presenter pour ceste saincte besoingne (Doc. 1460. In : H. Stein, Bibl. Éc. Chartes 98, 1937, 312). ...enfin me requist qu'en faveur d'elle et par compassion de son annui (...), je voulsisse faire aucun petit traittié de fortune et p[r]enant pié sur son inconstance et deceveuse nature, je le feisse sy especial que la doctrine luy en peust tourner a fruit. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 5). Prenant toutevoies assez pié sur cas samblables dont les nobles historiographes romains ont escrit en matière de prodige... (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 359).

 

.

Prendre mauvais pied à qqc. "Trouver en qqc. une situation défavorable, être troublé par qqc." : ...il leur compta comment il estoit traveillié chascune nuit de ces songes et qu'il y prenoit sy mauvais piet qu'il lui sambloit que, se aucun chevalier venoit qui lui callengast la pucelle, il ne la pourroit nullement deffendre (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 204). ...le roy, pensant qu'en ces allées et venues de l'un pays à l'autre, il y pouvoit avoir quelque couvert mystère et secret entendement, y prit imagination et mauvais pied. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 15). ...la rompture (...) vint mesmes du costé des Anglois, par le mauvais pied qu'ils prirent du costé de France (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 43). ...et vit des personnages qui mal luy revenoient (...), cui ["à propos de qui"] mesmes il prit mauvais pied. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 101).

 

.

Prendre pied avec qqn. "Être en lien avec qqn" : [Il s'agit de l'entourage du roi, inquiet de voir le dauphin accueilli par le duc de Bourgogne] ...mais à cause du piet que lui veoient prendre avecques celuy du monde qui plus le pouvoit porter et reffaire, sy en furent en grant mésaise très tous (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 186).

 

.

[D'une chose] Prendre pied qq. part. "Se fixer qq. part" : ...comment oncques en coeur de noble homme, ceste, ne telle erreur, put descendre, ne prendre pied (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 172).

 

-

Restituer qqn en pieds. "Rétablir qqn" : ...il l'alla querre en personne, luy estant banny du royaume, et le restitua en pieds (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 91).

 

-

Se sentir fort sur ses pieds. "Se sentir en position de force" : Gantois, qui avoyent vent en poupe et se sentoyent fors sur leurs piéz... (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 214).

 

-

Tenir pied (fort et) ferme. "Résister fermement" : ...et les deux qui avoient le meillieur courage et aussi qui estoient les mieulx armez tindrent piet ferme. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 164). ...mais courage vindicatif de sa honte luy fit tenir pied ferme par constrainte (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 160). Pour ce, peust l'on bien dire qu'il est vaillant qui va jusques là et a le cuer de y tenir pié ferme. (BUEIL, II, 1461-1466, 113). ...la pluspart de la ville vindrent au secours, tenant pié ferme supz la muraille. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 640). Le roy fut donc en l'enclos de Florence Avec les siens tenant pied fort et ferme Pour demonstrer sa haultayne puissance Des le lundy compté dixseptïesme De novembre, jusqu'au vingthuitiesme. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 221). A Bressaigne depuis le vendredi En decembre des jours dixneufvïesme, Le roy se tint jusques au mecredi De ce dit moys, conté XXXI, Sans reculler, tousjours tenant pied ferme ; Mais ad ce jour qu'il convint desmarcher Avec son ost, luy en personne mesme, Il s'en alla dedens Romme coucher. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 230).

 

.

Tenir pied (à / contre / encontre qqn). "Résister (à qqn)" : Contre tous deux ne pourroit pié tenir (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 20). ...après ce [les Angloys] vindrent devers Paris pour gaigner le remenant de France, et nul ne les contredisoit que ceulx des bonnes villes qui leur tenoient ung pou de pié (Journal bourgeois Paris T., 1419, 120). Tallebot (...) tenoit pié encontre le roy et sa puissance (Journal bourgeois Paris T., 1419, 359). A Vieillesse tenir pié ne pourray (CH. D'ORLÉANS, Songe compl. C., 1437, 103). ...car estoit tout certain, si une fois il se pouvoit trouver sur les champs en barbe de Warwyc, Warwyc ne tenroit point de pied, qui estoit lâche et couard, ne oncques ne se trouva en lieu, fors fuitif. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 486). Et pour tenir pied à leurs voisins, fut force aux Franchoix de querir et mander capitaine ou gouverneur, pour les conduire en leur deffense. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 20).

 

.

"Soutenir qqn" : Et, quant vous allez à pié, tout le contraire : vous devez mettre votre traict devant avec quelque peu de gens d'armes ou front, pour leur tenir pié et soustenir le faix. (BUEIL, I, 1461-1466, 186). Tiendra Vertu pied a Misericorde ? (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 6).

 

.

Tenir bon pied. "Résister, rivaliser avec succès" : Je tins bon pied. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 98).

 

.

Tenir bon pied à qqn. "Soutenir qqn" : ...toutesfois il soustint le faiz avec ung petit d'hommes d'arme qui luy tindrent bon pied (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 89).

 

-

Tenir pied à boule (de qqc.). "Maintenir (qqc.) fermement, tenir ferme" : Encor tendray je pié a boulle Et ne m'en yray point si tost (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 335). Bien tindrent piet a boulle Tenremonde et Alostz (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 262). Se Patience ayant arc et boujon Tint pied a boulle en vostre bel donjon... (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 345). On a beau tenir piet a boulle, Car il n'est celle en verité Qui ne veulle prester le moule. On est vaincu a tour de roulle. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 29). Encore tiendray pié a boulle Icy, sans mot dire (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 404). Et peult bien estre que quelc'un au fourraige Se transportoit avecques quelque paige, Fust pour chasser ou pour piller la poulle, Ce neantmoins q'on tenoit pied a boulle D'ordre, de droit au sceu des ordonnez (LA VIGNE, V.N., p.1495, 143).

 

Rem. Cf. DI STEF., 685a : «Tenir pié a boulle, (...) être assidu, persévérer».

 

3.

[Comme moyen de mouvement, de déplacement]

 

a)

[P. réf. aux circonstances du déplacement]

 

-

À / de pied. "En marchant (et non à cheval ou en voiture)" : Le bourrel tout a pié ira Devant, la charrette menant (Mir. marq. Gaudine, 1350, 162). Je verray la force des corps, Car le champ a pié se fera. Au jour d'uy verray qui sera Bon ou mauvays. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 164). Si que je vueil entroublier le mal De tristece, car il me siet trop mal. A piet s'en va, mais il vint a cheval, Dont trop me poise (MACH., F. am., c.1361, 175). Vous pouvez oïr leurs tabours : Qui ne les oit, il est bien sours. Et jà sont descendus aval Pluseurs à piet et à cheval ; Et li autre gardent le pas Pour ytant qu'il ne vuelent pas Que nuls puisse monter amont. (MACH., P. Alex., p.1369, 151). D'autre conseil user nous faut ; Lassé sommes et il fait chaut, Si ne porrons aler à pié. Prenons chascuns lance ou espié, Et leur courons sus vitement Tous ensemble et serréement. (MACH., P. Alex., p.1369, 215). LA DUCHESSE. (...) Et, pour Dieu, s'en va il a pié, Ou a cheval ? L'ABBÉ. A pié (...) S'en va, pour plus sentir grevance. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 35). ...et si n'avoit denier ne maille, et aloit à piet en guyse de varlet ou de garçon. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 386). ...et ala, il qui parle, à pié l'espace de deux lieues ou environ avant ce que ledit de Moustereuil lui ramenast son cheval (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 518). ...et autres plusieurs sergens, tant à cheval comme à pié (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 520). Mais d'un costé ne d'autre ne l'aprochoit homme plus d'une toise excepté les sergens d'armes qui tout à pié environ lui aloient. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 72). LE BOURREAU. De pié viendra. Je n'ay point trouvé de charrette. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 55). De pied iray et sans cheval. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 206). Et alerent au devant desdis duc et conte et de leurs femmes jusques au champ de Lendit les gens du Conseil du Roy et autres officiers, bourgois, manans et habitans de la ville de Paris en grant nombre à pié et à cheval. (FAUQ., II, 1421-1430, 143). Et de fait s'en vint de pié droit audit lieu d'Aveny. (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1428, 79). ...chascun college et corps, le mieulz acompagnié de ses suppostz, habilliez le plus honnestement qu'ilz pourront, yront de pié au devant desdiz segneur et dame (FAUQ., III, 1431-1435, 142). En obtemperant auquel commandement de sondit maistre, il alla à pié dudit païs de Xantonge ondit païs de Poictou (Doc. Poitou G., t.12, 1483, 611).

 

.

[Par déférence] : LE DUC DE FLORENCE. Faire luy debvons reverance, Car moult nous aime, bien le sçay. Pour ce, briefmant je descendray, Et a pied l'yray saluer. Descendat de equo. LE ROY DE CARTAIGE. Il ne vous failloit remuer Pour ce faire, c'est grant oultraige. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 49).

 

.

Tout de pied : Comme doncques ce bastard avoit pris terre et bu une fois, dressa son chemin vers Gorkem tout de pied, là où estoit le comte de Charolois (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 82).

 

.

Du pied : Ce villain est de douleur fade, Tant est, se croy, nice et fetard ; Et si fait tant du papelart Qu'i ne veult cheminer du pié S'il n'est hasté et bien torché Tousjours a chascun pas qu'il marche. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 713).

 

.

À / de son pied : ...ledit Pinel fut emmené en son hostel, à son pié, à l'aide de ses voisins. (Ch. VI, D., t.2, 1408, 211). Et le redressèrent et lui redressé s'en alla d'illecques jusques audit lieu d'Arnac, de son pié, distant dudit lieu de Latières d'un quart de lieue ou environ (Doc. Poitou G., t.12, 1483, 607).

 

-

À beau pied : ...et lors, fut l'accort fait et porta que la dame wideroit, elle et son estat, laquelle debvoit ou pooit emporter .III. chariotz de baghues à sa volenté ; et wida le joeudi à beau piet, plourant, aveuc son estat. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 330). Sur grans chevaulx leurs payges les suyvoyent Et a beau pied, laquais de point en point Qui de drap d'or et de velours avoyent Le grant sayon, ou du moins le pourpoint, Possible n'est de voir gens mieulx en point (LA VIGNE, V.N., p.1495, 215).

 

-

Au fig. Tout à pied. "À point, à propos" : Quant li cheval furent à terre Et trestoute sa gent, grant erre Les menerent devers le roy, Qu'il trouverent en grant conroy, Tout à piet, dessous sa baniere, Qui n'estoit mie tout entiere, Eins y avoit plus de C. tros De sajettes et de garros. (MACH., P. Alex., p.1369, 79). ...et yssit de la maison tout a piés et s'en alat (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 17). Atant vinrent en champs tout a piés aultrez trahitrez. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 133).

 

-

Combattre à pied : ...il se combatoit a piet a Baligant (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 95).

 

.

[D'un soldat] À pied. "Qui combat debout (et non à cheval)" : ...ceulz a pié qui sur chevaulz ne pouoient plus monter... (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 628). ...entre lesquelz prenostica l'occision de cinq mille Romains à pié et trois cens à cheval d'une part, et de IXc et IIIIxx à l'autre, le VIIIe jour de novembre, l'an XIIe du regne de Neron. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 74 v°).

 

.

Tout de pied : Et s'assemblerent ceulx de la ville, qui furent bien .XX. mille tout de pié pour aider au conte de Flandrez s'il y avoit bataille aulcunement. (Baud. Flandre P.-M., c.1443-1452, 74).

 

-

(Estre) à pied. "Sans cheval (et donc dépourvu)" : À toi, Hanri, dous amis, me complain, Pour ce que mais ne queur ne mont ne plain, Car à pié sui, sans cheval et sans selle (MACH., Compl., 1340-1377, 251). Sire, il est voirs comme evangile Que li contes de Tanquarville M'envoia une haguenée Sans selle, à bride renouée, D'un piet et d'un oueil desferrée, Qui est de tous poins aveuglée ; Si que je sui à piet sans lance. Et volentiers iroie en France, Car moult desir que je vous voie. Mais deffendu m'i ont la voie Li pilleur, li vens et la pluie Et li yvers qui moult m'anuie, Et especiaument la goute Et mes chevaus qui ne voit goute. (MACH., Compl., 1340-1377, 262). Item, il fut ordonné avant que partir du dict camp, que tous les bagaiges, coffres, bahus, vivres de gens, de chevaulx, vivandiers et autres gens non armez tant a pied comme a cheval, yroient par oultre les greves a main gauche. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 283).

 

Rem. Estre à pied et sans lance. "À pied, ruiné et sans ressources" (DI STEF., 678c).

 

-

Armes de pied. "Combat livré à pied, et non à cheval" : Alors le seigneur de Loissellench dist : "Vous voiez mielz que moy mon honneur et ma honte : je les remetz en vos mains." Alors ilz dirent que sur eulz ilz le prenoient, pour le tresgrant dengier ou ils le veoient, le confortant que aux armes de pyé il se pourroit bien recouvrer (LA SALE, J.S., 1456, 158).

 

-

[P. oppos. à gens de cheval] Gens de pied. "Troupes à pied, infanterie" : De gent de piet et de cheval Furent plein li mont et li val, Quant il firent leur monstre faire. Car, si com j'ay oy retraire, Si grant planté en y avoit, Que home nombrer ne le saroit. (MACH., P. Alex., p.1369, 55). Toutes gens de piet demourerent En Chypre, et le païs garderent, Car honte est de perdre sa terre, Pour aler une autre conquerre ; Et se fait cils biaus vasselage, Qui bien deffent son heritage. (MACH., P. Alex., p.1369, 59). ...et fut ordonné que ses tribuns receussent les aultres tribuns, les centurions les aultres centurions, et les gens de piet ceulz de piet, et ceulz de cheval (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 43). ...les gens de pié. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 604). Et est assavoir que comment qu'il en allast, il ne demoura guieres de gens de pied que tous ne fussent mors ou blessez, s'ilz n'avoient plustost arpenté que ceulx qui les chassoyent de trop pres. Et mesmement aussi ceulx de cheval, ausquels la meilleure piece et la plus certaine de tout leur harnoys qu'ilz portoyent estoyt la poincte de leurs esperons. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 292).

 

-

Homme de pied. "Fantassin" : ...et ainsi comme ilz furent alez ensemble environ demie lieue, aconceurent un homme de pié qui aloit le chemin devant eulx (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 134). Lors esleut tous les plus durs et les plus fors hommes de piet jusques a VI mille et pluiseurs hommes de cheval (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 42). Entour cestui temps le roy de Phez (...) vint assegier icelle cité a grant multitude et puissance de gens, entre lesquelz avoit XVm hommes a cheval et IIIIxx mille de pié (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 76). .IIIc. hommes de pié (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 35).

 

-

Lance à pied. "Lance destinée au combat à pied" : Desquelles lances a cheval et a pié, toutes garnies, aussi des autres bastons dessusdiz, il sera tenus et veult que en la lice li [l. il] en donra le choys. (LA SALE, J.S., 1456, 145).

 

Rem. Sur hommes de pied, gens de pied, compagnons de pied (doc. 1355), archers à pied (doc. 1352) cf. Ph. Contamine, Guerre, Etat et soc. à la fin du Moy. Age, 1972, 21 et suiv., en partic. p. 22.

 

-

Garçon / messager de pied. "Serviteur, messager qui se déplace à la marche" : ...acompaigné d'un garsson de piet qui vient avecq moy et qui garde mon palefroy en celle praierie. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 224). ...un messagier de piet s'en vint mettre a un genouil devant lui et luy bailla unes lettres (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 49).

 

-

[P. réf. à l'attitude du guerrier franc représenté sur les pièces de monnaies auxquelles il a donné son nom] : Cedit jour, maistre J. de La Marche, conseiller du Roy nostre Sire, a receu en depost, de par la Court, par Pierre Bertier les sommes qui s'ensuient, c'est assavoir VIIJc pieces d'or en frans à pié et à cheval (BAYE, II, 1411-1417, 16). ...ledit evesque avoit laissié en la garde desdis religieux trois cens pieces d'or frans à pié, pesans quatre mars cinq onces (FAUQ., II, 1421-1430, 276).

 

-

Biller du pied. "S'enfuir" : Bille du piet, va devant, passe, passe. (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 105).

 

-

Porter ses pieds qq. part. "Se diriger, se porter quelque part" : Ie me vouldroye bien amordre (...) A faire cecy nuict et iour Estre vostre religieux Et seruir Dieu en tout lieu Que ie pourroye mes piedz porter (Myst. st Martin K., a.1500, 239).

 

b)

[P. réf. à l'allure, à la rapidité du déplacement, au pas]

 

-

Pied à pied. "À la même allure, à la suite, immédiatement après" : ...Qui cuidoie que pie a pie Avec moi tous jours venissiez (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 218). Rapine, Usure et Faulx-traictié Le suivent tousjours pié a pié (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 12). Pié a pié l'alasmes suivant (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 35). Mais pour ce ne laissay je pas Que n'alasse plus que le pas Piet a piet avec le lion, Car toute estoit m'entention A savoir ce qu'il voloit faire. (MACH., D. Lyon, 1342, 172). Le chien qui suyt pié a pié est tres bon et proffitable (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 128). C'est fait, maistre ; devant issiez, Nous vous suiverons pié a pié. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 13). Alez devant ; nous vous suivons Pié a pié, sire. (Mir. st Lor., 1380, 177). Pié a pié je te conduyray, Car besoing as de mon conduit. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 16). Il seroit bon qu'alast devant Piet a piet avec no marchant, Afin que Jhesus l'enchanteur Ne nous face aulcun deshonneur. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 137). Pié a pié avec vous yrons (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 365). ...piet a piet l'emmena jusques en la sale (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 75). Sus ! dressez vous, ne targez plus, Car piet a pied venir vous fault ! (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 145). ...Qui les suivent pié à pié (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 95). ...il obeyt comme il devoit, car il suyvit pié a pié la meschine qui le vint querre. (C.N.N., c.1456-1467, 320). Quant les archiers en leurs pompes haultaines Furent passez trois a trois, quatre a quatre, Pied a pied vindrent leurs nobles capitaynes Qui ne sont pas gens pour cropir en l'astre, Comme Cresol et Claude de la Chastre Avec son filz dit monsieur Quoquebourne En ordonnance chevaleureuse et bonne (LA VIGNE, V.N., p.1495, 214).

 

.

Au fig. "Immédiatement, sans délai" : Les procès des foyres : la congnoissance en appartient au prévost et requiert célérité que les adjournemens se doivent faire pié à pié, et du matin au soir et du jour au matin (Chartes communes Bourg. G., t.1, 1371, 411).

 

-

Sur les pieds de qqn. "Tout de suite après qqn" : S'y n'estoit assis a paine icelly que le second n'entrast sur ses piez, roy aussi (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 29).

 

-

Du pied. "Au pas" : Ce villain si est douleur fade : Il ne vueult cheminer du pié S'il n'est hutiné et torchié Tousjours a chascun pas qu'il marche. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 256).

 

-

Le / de bon pied. "D'un bon pas" : Or, alons doncques le bon piet Car il en a tres grant desir. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 41). Or, cheminons donc de bon pié ; Que Dieu soit nostre conducteur ! (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 198). [Même ex; ds Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 493]

 

-

Aller à quatre pieds. "Marcher à quatre pattes (ou ramper)" : Dès maintenant vueil conmencier Ce que jamais ne quier laissier, C'est aler men aval ce boys A quatre piez. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 117). Icy s'en va Sathan, a quatre piéz, comme un serpent (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 18). AVEUGLE. Pour ce que tomber je ne veulx, A quatre piedz vault mieulx que j'aille (LA VIGNE, Aveugle boiteux D., 1496, 60).

 

.

Estre bas des quatre pieds : Telz estoient nez Bien fortunez Qui, quant tout y ont despendu, Sont sy bas des quatre piez, Que tout leur bien, rentes et fiefz, Ne vault pas les brayes d'un pendu. (ALECIS, Blas. faulses am. P.P., a.1486, 223). ["au bas du cheval" ?]

 

-

Estre rade du pied. "Avoir la démarche leste" : Le filz, oye ceste menace, si sault sus, et s'en picque par derriere et se sauve. Son pere le suyt, mais c'est pour neant : il n'estoit pas si radde du pyé comme luy. (C.N.N., c.1456-1467, 325).

 

-

Haster son pied. "Aller plus vite, presser le pas" : Va t'en corant, aste ton pié ! Donne luy boere sans delay ! (Pass. Auv., 1477, 221).

 

-

Suivre qqn à pied levant. "Talonner qqn" : LE BOURREAU. Sus, sus ! Tost mettons nous en voye. Fine Epice, trote devant. LE SERGENT (Icy viennent). Je vous suyvray a pied levant Et vous conduyray jusque au lieu. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 53).

 

c)

Loc. fig.

 

-

À pied. "À propos, au moment convenu" : ...de lui rendre et restituer ladicte somme de LVIIm francs d'or à pié et lesdiz arreraiges (Ecorch. Ch. VII, T., 1447, 157).

 

-

Pied estant. "Sur le champ, tout de suite" : Pol, or me dictes pié estant Pour quoy vostre Dieu amez tant Que vous souffrez pour ly martire ? (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 146).

 

-

Au pied de. "À l'allure de, au rythme de (au propre ou au fig.)" : Saroit il jeuer tant ne quant, Ne danser au piet de Braibant A la maniere de jadis (...) ? (FROISS., Past. M., c.1362-1394, 166). [Cf. le pas de breban ds Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 86] Et lors les deux escuiers avecq les deux pucelles aloient au pié des flagolz si bien que l'on ne pouoit mieulx. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1067). ...par Allemans et Liégeois qui dansoient tous au pied du roy. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 194).

 

Rem. Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 114, v. 1776 (à quel pied va celle danse).

 

.

À quel pied : A quel pié, dea, va celle dance ? (Jeu st Den. S., c.1380-1400, 130).

 

.

De quel pied danser / saillir : Au fort, puis que suis en la dance, Bon gré maugré, m'y fault fournir, Et n'y sçay de quel pié saillir, Je reculle, puis je m'avance (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 470). Il ne scet de quel pié danser. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 195). ...ilz ne scauront de quel pie danser (WAVRIN, Chron. H., t.3, p.1471, 59).

 

Rem. DI STEF., 684b.

 

-

Sur / sus pieds. "Sur le champ, tout de suite" : Or veult avoir sur piez arrest (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 362). ...le premier president, (...) donra son arrest encontre le pauvre homme, qui au commaincement avoit juste cause, et toutesfoiz le ver de conscience ou cuer du president et des assistens ne devroit pas dormir en compassion considerant que le bon homme, qui avoit juste cause se elle eust este sus piez delivree, est condempne par importunite de long procez et mis a pauvrete (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 476). Sathan, faulx chien, je te regnie Et t'iray sur piéz devorer Se tu les laisses demourer En ce point (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 18). Se de son fait avez doubtance, N'en soyez jamais estrivans : Il a pere et mere vivans. Envoyez les querre sus piedz Et, s'ilz sont bien interroguéz, Ilz diront voir si feront sens. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 191). [Même ex. ds Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 454] Tout sur pied le mal cessera. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 205). ...tout sur piez alla deffermer ung coffret et en tira pluseurs richez joiaux (Comte Artois S., c.1453-1467, 136). Penses tu qu'il puisse trouver Sur piez ses fais par qui prouver ? (Path. D., c.1456-1469, 150). Sur piez le Jouvencel monte sur son cheval (BUEIL, II, 1461-1466, 17). S'il voit aucune belle femme, Sus pies dira : "Vela ma dame !" (Lord. Tart Ab. L., a.1465, 163).

 

.

Sur le pied : ...pour prestement faire sur le pied ou à jour assigné (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 246).

 

.

Tout sur pied : Se nous le laissons eschapper, Que nous ne l'ayons tout sur piéz... (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 30).

 

.

Sur pied sur bille : Et je trouvoye mon advantage Incontinent ; sur pied sur bille C'estoit. (Maistre Mim. T., c.1480-1490, 256).

 

Rem. MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, Add. II, 263 (J. Orr, Rom. Philol. 19, 1965, 379).

 

-

À / au pied levé. "À l'improviste" : ...nous choisirons lieux Pour le surprendre a pié levé. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 217). ...et eust voulu les avoir pu exterminer, ou par bataille ou par légères occasions à prendre à pied levé sous ombre de justice. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 221). ...de peur que (...) ne fût pris à pied levé. (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 184). ...on le vouloit prendre au despourvu et à pié levé (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 418). La chose se refroidira Encor ung petit pour le mieulx Et, tandiz, nous choisirons lieux Pour le su[r]prendre au pied levé. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 566).

 

Rem. DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 112.

 

.

"À la légère" : On ne doibt prendre au pié levé L'Escripture en toute partie. (MARTIN LE FRANC, Champion dames V, D., 1440-1442, 111).

 

-

Sur un pied. "À l'improviste" : Car chil qui vinrent sus euls, frés et nouviaus, les envairent tellement et les prissent si sus un piet que il n'eurent loisir ne espasse de euls armer (FROISS., Chron. D., p.1400, 816). [Autres ex. de FROISS., Prov. H., 200, P164]

 

-

De bon pied. "En toute sûreté, franchement" : Sur cestes paroles eut des grans argumens et de grandes remonstrances de la part du connestable, qui toutesfois y alloit en équité et de bon pied, comme serviteur et ami (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 342).

 

-

Mettre son pied avec celui d'un autre. "Emboîter le pas de qqn, l'aider, le seconder" : Et se la personne d'un petit chevalier comme je suis vous y peut aidier, je mettray mon piet avecq le vostre. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 198).

 

.

Prendre pied à / sur qqn. "Emboîter le pas de qqn, se conformer à sa démarche" : Chil signeur s'ordonnoient tout par grant loisir, et ne se delivroient point, ensi que li rois d' Engleterre vosist, et prendoient piet sus le duch de Braibant. (FROISS., Chron. D., p.1400, 298). Certes seigneurs (...), nous prendrons pié a vous, car a ceste fois vous nous devez moustrer l'entrée de prouesse. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 447).

 

-

Mettre qqn à pied. "Rabaisser qqn (comme celui qu'on oblige à descendre de cheval)" : Et pour mettre a piet le chevalier qui tant s'eslieve en court... (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 348).

 

-

Parler à pied et à cheval. "Parler tantôt humblement, tantôt en haussant le ton" : Lesquelz trois poins bien peséz et percogitéz, et sachant qu'au monde n'en avoit nulz aultres, [le duc de Bourgogne] dressa son ambassade comme j'ay dit, et leur donnant voye de parler a pié et a cheval (...), delibera en ly que... (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 298).

B. -

[Chez l'animal]

 

1.

Au propre

 

a)

"Patte" : Sire, il est voirs comme evangile Que li contes de Tanquarville M'envoia une haguenée Sans selle, à bride renouée, D'un piet et d'un oueil desferrée, Qui est de tous poins aveuglée ; Si que je sui à piet sans lance. (MACH., Compl., 1340-1377, 262). Il nous couvint sëoir aussi, Qu'elle le commenda einsi. Mais si tost qu'elle fu assise, Li lions qui moult l'aimme et prise Sus ses quatre piés se coucha, Et la dame li atoucha De sa belle main sus la teste. (MACH., D. Lyon, 1342, 223). ...et, ce fait, mist un gant en l'une de ses mains, et un chascun desdiz botereaulx print par le pié, et iceulx, chascun à par soy, mist en un pot de terre neuf (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 330). Ce mois, en ung des hostelz de me J. Porcher, conseillier du Roy, nasqui ung veau ayant VIIJ piés et une teste. (FAUQ., II, 1421-1430, 311). Il ne me sçauroit enchanter, Remede y sçay pour contrester, Mais que chascun me veulle croire : Il nous convient ung peu de voirre Pourter en nostre compaignie Avec deux piez d'une arengnie, Ung peu de sel et ung crapault (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 133). ...son cheval, qui venoit de toute sa force, faillit de quatre piez et tumbe (C.N.N., c.1456-1467, 332).

 

-

[Chez l'oiseau] : La conquiert honneur en volant, En tous bons endrois assevie, Voire, se li autre partie, Piez, bec et tuit li remenant, Sont disposé a l'avenant. (MACH., D. Aler., a.1349, 352). Je qui la senti [une verdiere] resvillier, La repris amiablement Et li loiay moult belement L'un des piez d'un filet de soie. (MACH., D. Aler., a.1349, 394). Ci devise comment l'en peut garir un oysel qui a le pié enflé. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 209). Cestui predist la venue d'aucuns montres, comme ung veau à trois testes, ung poussin à IIII piez (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 65 r°).

 

-

À pied ouvert. "À pinces ouvertes" : ...et aussi, en fuiant, [le cerf] avoit les piés ouvers (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 47).

 

-

Beste à pied clos. "Animal à ongles rétractés, tel que lièvre, renard, blaireau, etc." : Item, que ilz ont la chasse à toute beste à pié clos et la prendre à chiens courans, levriers et terriers, et fouir les goupils et autres bestes en terre. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 10).

 

Rem. Cf. DU CANGE IX, 305b, s.v. pié et I, 255a, s.v. animalia.

 

-

Pied nouveau. "Chez le cheval dont le sabot s'est détaché, à qui revient une nouvelle corne" : Il [le cheval] est velus comme uns louviaux, Et s'a les .IV. piez nouviaus, Espavins, courbes et moletes, Et s'a les jambes trop mal nettes, Car nuls nettoier ne li puet, Pour ce que souffrir ne le vuet. (MACH., Compl., 1340-1377, 263).

 

Rem. Cf. FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 335.

 

-

Jeter le pied. "Griffer"

 

Rem. LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, v.6816 et 7092.

 

-

Se dresser sus ses pieds : Et s'il ne puet si tost voler, Pour ce qu'il a souffert assez, Par quoy il puet estre lassez, Il se puet sus ses piez drecier Et ses plumettes adrecier Lés l'esprevier privéement. (MACH., D. Aler., a.1349, 285).

 

-

Estre sûr du pied. "Avoir la démarche sûre" : ...prenez ma mule. Elle est tresbelle et si va bien et doulx, et est aussi seure du pié que je n'en trouvay oncques point. (C.N.N., c.1456-1467, 312).

 

-

[De l'oiseau de proie] Mettre (la proie) au pied. "Saisir (la proie) par les serres" : Et le faucon es piez la mist (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 219). Les faucons de haie muyers Ne chacent mie volentiers Se ce n'iert un oysel blecié, Que volentiers metent ou pié. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 359).

 

-

[De l'oiseau de proie] Porter bon pied. "Ne pas faire mal au fauconnier sur la main duquel l'oiseau se pose" : Il faut avoir un espervier Bien volant et sain et entier Et aussi qu'il porte bon pié. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 451).

 

-

Pied large. [Oiseau palmipède ?] : ...par ceste fable d'un laboureur qui jadis tendit ses las et ses fillés pour prendre les oies et les grues, lesquelles mengeoient ses blez, avecques lesquelles il prist une fois le pyé large, lequel pria le laboureur et luy dit : "Mon ami, je te prie laisse moy aller, car je ne suis pas grue ne oye. Je ne suis pas venu icy pour toy mal faire." (MACHO, Esope R., c.1480, 198).

 

b)

"Pied d'animal préparé en cuisine" : En oreilles, pieds et groins de pourceaux, et ung gigot farcy d'aulx, que le roy donna au Bailly (Comptes roi René A., t.3, 1476, 303).

 

-

Pied de boeuf : C'est une chose manifeste Que piedz de beuf ne sont pas tripes. (Menus propos P., 1461, 82).

 

-

Pied de mouton : ...En trippes et piez de mouton (Vig. Trib., c.1480, 229).

 

-

Pied en paste. "Pâté de viande fait avec des pieds (sans doute de porc)" : C'est bon mengier que piez en paste (Menus propos P., 1461, 108). [H. Lewicka, Les Comp., 1968, 80]

 

c)

Pied de veau. "Danse aux gambades désarticulées, plus ou moins comique" : Filles amans jeunes gens et nouveaulx, Danceurs, saulteurs faisans les piez de veaux, Vifz comme dars, aguz comme aguillon, Gousiers tintans clers comme gascaveaux, Le lesserez la, le povre Villon ? (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 68). [H. Lewicka, Les Comp., 1968, 69]

 

d)

Pied de chevre. "[Instrument métallique (pied de biche ?)]" : ...et amenèrent aveuc eulx piedz de chièvre garnis de fer, gros baulx et certains instrumens sur intention de saisir la porte d'Arras (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 297).

 

2.

P. méton.

 

a)

"Sabot (du cheval)" : ...d'unes tenailles à esrachier cloux de piez de chevaux, qu'il trouva d'aventure, esracha les cloux à quoy la ferreure dudit petit coffret estoit atachiée (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 226).

 

b)

"Trace laissée par un animal" : Mais celui qui a la veüe Bonne et clere et tres bien agüe Puet congnoistre par les fumees, Par le freür, par les portees, Par le pié, par le viander Quel beste c'est (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 478). On apele de toutes bestes mordanz les trasces et des bestes rouses le pié ou les foyes. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 91). ...par le pié ou par les foulees ou par les fumees ou par les portees (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 172).

 

c)

Pied fourché. "Bétail au pied fendu" : ...sera levé l'imposition du gros du pié fourchié, c'est assavoir pour chascun beuf, trois solz tournois, pour vache, deux solz (Pol. Louis XI, G., Pièces justif., 1465,,, 429).

 

-

Pied pelu. "Ensemble des petits animaux à fourrure (chat sauvage, lapin, lièvre, renard)" : Messire Guillaume Herouart, curé de Canteleu, a en la forest de Roumare, à cause du presbitaire de sa dicte cure, (...) sa cache à pié pelu en ladicte forest entre deux soleux. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 66-67). Son franc pasnage et pasturages pour toutes ses bestes, avec le melleur porc du porcage, quant il eschiet pasnage. Sa chace au pié pelu, c'est assavoir au lievre, au connin, au regnart et au chat sauvage. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 138).

 

3.

Loc. fig.

 

a)

Querir les cinq pieds de mouton / cinq pieds en un mouton. "Chercher une chose impossible à trouver" : Mais les lieutenans de nostre suer Sapience sont reputez en terre par les saiges du monde, de groz engins, ruddes et ydiotez, pource que ilz se treuvent a la sapience esprouvee et ne vont pas querrant nouvelles oppinions et ouvrage apparant, ne les cincq piez de mouton avec la quinte evangile. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 492). ...et mesmement que iceulx prevostz fermiers ont accoustumé de faire de grans abuz de justice et de querir V piés en ung mouton qui n'en a que quatre. (Doc. 1413. In : H. Moranvillé, Bibl. Éc. Chartes 51, 1890, 440). Sans vouloir par subtilité Quérir cinq pieds en un mouton (CHASTELL., Oeuvres K., t.6, c.1435-1475, 31). Vostre malice bien voit on Vous qui demandés a combattre, Chincq piés querés en ung mouton Sy sçavés qu'il n'en a que quatre. (TAILLEV., Prise Luxemb. D., 1443, 168). ...autant vauldroit en ung bouton Querre les cinq piez de mouton. (CHAST., Temps rec. D., 1451, 97).

 

Rem. MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 207. FEW VIII, 296b ; cf. aussi G. Roques, Trav. Ling. Philol. 31, 1993, 393 ; DI STEF., 684a, s.v. pied.

 

b)

Avoir les pieds fendus. "Être stupide comme une bête" : L'EMPEREUR. (...) Veult on avoir mon ceptre et ma calote ? Ha, ha, voire ! Suis je une marïote Ou une beste ? Ai ge les piedz fendus ? Tousjours au fol baille on la marote Et a la fin sont les guerdons rendus. (LA VIGNE, S.M., 1496, 240).

 

Rem. Cf. DI STEF., 679a : «Avoir les piedz fenduz, être une bête».

 

-

[Du cheval] Avoir les pieds blancs. "Risquer de manquer à son cavalier à un moment critique" : [Contexte métaph.] Et se j'ay prins en ma faveur Ses doulx regars [de celle que j'aimais] et beaux semblans De tres decevante saveur Me tresparsans jusques aux flans, Bien ils ont vers moy les piés blancs Et me faillent au grant besoing : Planter me fault aultres complans Et frapper en ung aultre coing. (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 12). [Sur la superstition du cheval marqué au pattes de blanc, cf. M. Roques, Mél. Hoepffner, 1949, 95-106 (repris ds Études de littérature française, 1949, 53-65)]

 

c)

Pied ou aile. "Quelque chose" : S'en voz cueurs eust eu vaillandise, Vous en eussiés eu piet ou elle. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 401). Ou il a sellé son martin, Il en apporte ou pié ou elle. (Myst. Viel test. R., t.6, c.1450, 77).

 

-

En attraper pied ou aile. V. aile "En avoir quelque chose, en tirer quelque avantage" : Soit par devant ou par derriere J'en attraperay pied ou elle. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 7).

 

-

Perdre ou pied ou aile. "Perdre une partie importante de ses biens" : "Or retournons", dist la chambriere Hardiesse, "au second besant empirant la precieuse forge de ma maistresse, le quel besant a son cours en parlement comme une loy divine, c'est assavoir des commissaires des causes, des syndiques et reformateurs plusieurs, par lesquelx tous ceulx qui ont affaire a eulx se tiennent pour salvez et ja n'en eschapperont sans perdre ou pie ou helle, en vendant et leur vin et leur blef..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 501-502).

 

-

Tenir pied ou aile qq. part. "Se tenir qq. part" : La planete court de tel belle [?] Que ung chascun fault qu'il mefface ["qu'il commette des fautes"] Ou qu'il y tiengne piet ou elle ["quel que soit le lieu où il se tient"] (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 11).

 

d)

Pied ne queue. "Personne" : Noz gens ont eu fort afaire, Et des Anglois bien deffendue ; Mes, Dieu mercy, avons eue Victoire allencontre d'iceulx, Que reschappé, ne pié ne queue, Y n'en n'est pas ung tout seul d'eulx. (Myst. siège Orléans Ha., c.1480-1500, 499).

 

-

"Rien" : Vous nen aures ne pie ne queue (MILET, Destruct. Troye S., c.1450-1453, 23).

 

e)

Pied ne patte. "Personne" : S'il y demeure pié ne pate Qui tost ne viengne a la meslee... (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 54). [Tous viendront] Il n'y en fauldra pié ne pate. (Myst. Incarn. Nat. L., t.1, c.1454-1474, 262). NACHOR. Tu sçays donc bien Se les autres y sont. LUDIN. Rien, rien, Il n'y en a ne pié ne pate. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 109). [Autre ex., 66]

 

f)

Pied et ongle : ...et de son aigle imperial qui le deffendoit au pied et à l'ongle (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 33).

C. -

P. anal.

 

1.

"Partie d'un objet servant de support" : Pour faire et forger le tuyau du pié de la couppe St Louys, et le reburnir tout de nouvel ; pour croissance d'or de touche, 6 esterllins, rendu à Symon des Landes environ Pasques ; pour déchè et façon, 48s. p. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 125). ...six cent vingt trois livres de fer (...) pour faire deux paelles, un rouable, un eschaudouer et les piés des contreroustiers pour la Cuisine du Roy (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1389, 254). Lequel homme (...) se leva de son lit, et aus piez print en drapelet certains gros tournois jusques à la somme de deux frans (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 267). ...onze tasses d'argent pesant chascune un marc et plus, esmaillées au fons, et à un chapiau de marguerites à pié (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 401). LE BOURREAU. Ung oultrecuydé on espreuve Bien de leger a sa parolle. Tu n'a pas esté a l'escolle. Assez. Tiens le pied de l'eschelle. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 73). ...ont lesdits personnaiges, les mains joinctes et à genoulx sur ung coussin fait en manière de drap d'or mis et assiz sur ung hault pié, garny dessus et dessoubz de grosses moulures fort eslevées (Comptes Lille L., t.1, 1477, 508). ...pour la façon de la couppe de voirre que je garnie d'argent doré, qui a les patenostres taillées tout autour du pié, et dessus le pingnon de la couverte de ladite couppe, je fait ung ver mur, esmaillé de sa couleur (Comptes roi René A., t.1, 1477, 325).

 

-

[Valeur minimale] : Les raisons si dessus descriptes Ne vauroient le pié d'ung banc. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 7).

 

-

"Dans un moulin, chacun des quatre pilliers maçonnés sur lesquels reposent les soles"

 

Rem. Doc. 1410, 1414, 1457. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 795.

 

-

Pied droit. "Chacun des jambages d'une porte, d'une fenêtre" : Doivent faire II piéz drois a l'uys de la voulte de dessoubz la chapelle et enduire l'entredeux des dictes II chambres basses et avec ce soustraire le pié de la porte de la premiere chambre et ycelui enduire d'un costé et d'autre. (Hist. industr. commerce F., 1408, 195).

 

Rem. Doc. 1403 ds GD VIII, 297c, s.v. volsoir.

 

-

GÉOM. "Branche (du compas)" : Puis aprez mect l'un pié de ton compas au meilleu de la table et estend ledit compas pres du bort de ladite table comme par l'espace d'ung poys ou de demy, et selon celle grandeur fay le cercle de capricornus (FUSORIS, Astrolabe P., c.1407-1412, 95-97). Encores soit divisé .a.b. en deux porcions egales et illec soit fait ung point, et sus cellui point soit mys l'ung des pyez du compas, et l'aultres sus .c., puys soit levé le compas et soit mys sus .a. l'ung des pyez... (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 286).

 

.

Pied immobile : Ores sus .h. soit mys le pyé immobile du compas, et l'aultre soit tant ouvert qu'il puisse faire deux pointz sus les deux lignes orthogonales... (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 290).

 

.

Pied mobile : Puis soit mys le pyé immobile du compas sus .a., et soit ouvert l'aultre pyé mobile jusques a.c., ou plus ou moins, a ton plaisir... (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 385).

 

2.

"Partie par laquelle une construction repose sur le sol, soubassement" : ... .XII. deniers de annuel et perpetuel rente seront cueillis et levez à tousjours (...) sur chacun pié de fache et de nature de maison habitable et ediffiée ou qui pour le temps avenir seront habitables ou ediffieez sur lesdis cays et hable (Commerce marit. Rouen F., Pièces justif., 1362, 127). [Autre ex. p.125] ...avecques ce fault repenre le cou du piller par dessoubz qui est soubz le bort de la riviere et refaire le piet droit de l'arche de celuy costé du piller tout de mortier, de caulx et de sablon (Industr. Paris F., 1393,,, 346). ...par les heurs continuelx des glaces contre les pez de boiz qui soustenoient le Petiz Pont (BAYE, I, 1400-1410, 213). ...la repparacion d'une goutière de dessus le siège de monseigneur l'Official et d'une goutière de dessus le pié du degré du palaiz et pour le conduit de la cuisine, que pour employer a atacher les graffez mises sur le mur du portail aux Boursiers (Comptes Archev. Rouen J., 1438-1439, 185). ...dès le pié ["la base"] du fondement Jusques a la feste [du mur] (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 8).

 

-

"Soubassement d'un moulin" : ...sur la riviere de Vanze, en laquelle souloit avoir deux molins, l'un a pix [l. pié ?] et l'autre a choisel, lesquelz sont fondus et ruynez et par ce ne rendent riens (...) ; item, le tier d'une place assise on ban et terroir dudit Pierepont sur la riviere de Vanze, en laquelle soloit avoir deux molins, c'est assavoir ung a pict [l. piet ?] et l'autre a choisel (Trés. Reth. L., t.3, 1441, 206).

 

Rem. Doc. 1391,1424, 1444, 1496, 1500, ds Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 794.

 

3.

HÉRALD.

 

a)

"Partie inférieure de l'écu" : ...qui portat ung escut de guele a I lupart d'argent et, en pis, une aigle de sable (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 10). [Ou faut-il comprendre "debout" ?] ...pour ung [écu] qui y estoit pendu au dessus des autres qui avoit le pié vert et le chief de gueule (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 222).

 

b)

"Partie inférieure d'une croisette" : Le premier jour de la IIJe sepmaine vint le conte de Hostindon en tresbel estat, qui aussi fist mectre sa banniere, qui estoit d'azur semee de croisectes d'or recroisectees aux longs piés, au chief d'or, et crioit "Saint George ! Hostindon !" (LA SALE, J.S., 1456, 178).

 

Rem. Cf. aussi : [Un des meubles de l'écu est une croix] ...et au pié d'icelle croix une escelle (Doc. 1402. In : L. Mirot, Le Moy. Âge 19, 1915, 136).

 

4.

[D'un arbre] : Jadis (les) bosqueillons vendoient Leur bos sur (le) pie (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 300). ...se les diz chesnes ne sont plus gros par le pié d'un bout de charrue, iceux habitans les pourront coupper hors (Chartes communes Bourg. G., t.1, 1379-1380, 552).

 

-

(Avoir, couper, prendre) par pied. "(Prendre l'arbre) en entier en le coupant à la base" : ...et par semblable ilz ont droit de aller en iceulx bois au faucillon pour coupper des branches seches, pour paier chacune XVne es dis exploiz II s.t., le tout sanz rien coupper par pié. Item, ilz puent aller en iceulx bois et en prendre et coupper par pié ou aultrement, sanz scye et sans y aller par nuit ne aux jours festés et deffendus ne en tout boiz de deffens (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 32). Et avec ce ont lesdiz habitans en icelle haulte forest chesne vert par pié pour dix solz la charettée (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 315).

 

-

Couper près pied. "Couper à la base" : Les gens et habitans de Gallezfontainez et de Conteville ont acoustumé prendre en ladicte forest le mort boiz à couper préz pié pour ardoir et pour clore (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 197).

 

-

Sec sur son pied : ...pour prendre du bois mort, sec et cheu, et qui sera saic sur son piez, lequel ils pourront abatre à la main (Chartes communes Bourg. G., t.1, 1404-1405, 554).

 

-

Au fig. Secher sur (le) pied. "Se consumer" : ...douleur et mesaise me chacent a la mort si durement que je seiche sur le pié sans attente de mieulx (CHART., Q. inv., 1422, 25).

 

Rem. MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, XXIX, 75. DI STEF., 683a, 684b.

 

5.

Loc. Au pied de. "Juste en bas de qqc."

 

-

[D'un lit] : ...en la bourse de la dame dudit hostel, qu'il trouva sur un coffre au pié du lit d'iceulx, print dix soulz en petiz blans. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 495).

 

-

[D'une construction] : Li roy fu au piet de la tour Et sa gent li furent entour, Tuit prest de faire leur devoir (MACH., P. Alex., p.1369, 98). Au piet dou chastel descendirent Et en bel arroy se meïrent, Et puis il monterent amont. Là de gens avoit si grant mont Que ne le saroie nombrer, Tant bien m'en sceüsse encombrer. (MACH., P. Alex., p.1369, 195). ...il trouva une petite mulette au pié des degrez du chasteau (C.N.N., c.1456-1467, 208). Adonc s'en vont jusques au pié de l'estage de l'empereur (Myst. st Laur. S.W., 1499, 182).

 

-

[D'un arbre] : ...ly jardiniers planta au pié du datilier une courge (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 64). ...pour une soye lance qu'il avoit laissie au pié d'un arbre. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 3).

 

-

[D'une montaigne, d'un lieu en hauteur] : ...tantost leur coururent seure Si fierement, qu'en petit d'eure La place qui estoit perdue Leur fu tout quittement rendue, Et les mirent, qui que s'en pleingne, Jusques au piet de la montaingne Et si près que li Sarrazin Qui leur estoient dur voisin Pooient geter pleinnement Sur eaus, sans nul empeschement. (MACH., P. Alex., p.1369, 152). La fu mort, droit au piet du mont, Messires Philippes d'Omont ; Dont ce fu pitez et damages, Car grans estoit ses vasselages. (MACH., P. Alex., p.1369, 155). Cestui fonda une cité nomée Aclydem, assize au pié du mont Olympus, jouxte Macedone, et y ordonna les jeux que ce faisoit de V ans en V ans que l'on appella Olympiades (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 26 v°). Et aprés disner, le roy alla coucher droit au pied des Arpes. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 277). Le dict lundi, de juing .XXIX., Pour mettre gens et de brief en besongne, Il se parqua sur le soir fort et ferme Tout droit aux pieds des Arpes de Boulongne (LA VIGNE, V.N., p.1495, 277).

 

-

[Au bas d'un document] : ...et signer de mon seing manuel ou pié d'icelle missoire (Ecorch. Ch. VII, T., 1448, 267).

 

-

Depuis le pied jusques à mont. "De bas en haut, entièrement" : Et baillez l'assault si estroit Depuis le pié jusques a mont, Se nul est qui se trouve au droit, L'envoyerez pescher aux poissons. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 171).

 

6.

[Idée d'extrémité]

 

a)

"Extrémité, bout de qqc. (en partic. du lit, p. oppos. à la tête)" : En eulx [les idoles] n'a force ne vertuz Ne plus qu'il a en ung festuz Quant il est par le pié copez. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 103).

 

-

Aux pieds du lit : Gobin amis, alez me querre En ma chambre un escrin bonne erre Qu'aux piez de mon lit trouverez (Mir. march. juif, c.1377, 203).

 

-

Sur les pieds du lit : Donques le fist la roine amener en sa chambre, et elle s'asist sus les piés de son lit et le fist assoer a ses piés. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 134). Madame, assise sur les piés du petit lit, le fist entre elle et ses femmes venir, et lors print la foy de lui de ly dire de toutes ses demandes la verité. (LA SALE, J.S., 1456, 7). Et quant elle fut en sa chambre, assise sur les piez du petit lit, dist a tous ses escuiers et autres qu'ilz s'en alassent hors. (LA SALE, J.S., 1456, 12).

 

b)

"Objet métallique (caractérisé par son extrémité, en partic. dont l'extrémité est en pointe)" : Et ne seront faictes aucunes serrures à tour et demy si les rez et la bouterelle ne sont mis à deux piez ; et s'il y a rasteau en la clef, il en fault ung à pié en la serrure. (Ordonn. rois Fr. P., t.20, 1490, 230). [Autre ex. p.189 (deux rateaux apie, l. a pié)]

 

-

En partic. "Pointe inférieure du fer de meule"

 

Rem. Nombreux ex. ds Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 795.

 

-

Épee à deux pieds : ...mais se deffendirent d'une espée à deux piedz (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 129). [Autre ex. p.343]

D. -

Au fig.

 

1.

"Soutien" : ...car savoit de vray, si une fois il eust eu le pied de confort de ce duc de Bourgogne et que la voix en fust allé par le royaume, le duc breton se fust à coup humilié envers luy et soubmis à son plaisir (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 80).

 

2.

"Ce qui permet d'avancer, de progresser" : Car puis que la saincte Ame, qui va a Dieu, aura mis ung de ses piez, le pié de l'entendement, en la voye de Dieu en creant qu'il est comme raison enluminée de vraye foy crestienne lui a tesmoingnié, tout bon et tout amoureux et tout desirable (...), lors elle avance l'autre pié de affection par devocion amoureuse (GERS., Trin., 1402, 171).

II. -

"Unité de mesure"

A. -

"Unité de longueur égale à douze pouces (environ le tiers d'un mètre, correspondant approximativement à la longueur d'un pied d'homme)" : S'un piet en vuet, il en a une toise. (MACH., F. am., c.1361, 176). A senestre ha un aviron Lonc de cent piez ou environ Et gros a l'avenant sans faille Dont il [Polyphème] retourne son aumaille. (MACH., Voir, 1364, 622). ...prinsonnier detenuz oudit Chastellet, pour souspeçon qu'il n'oit mal prins et emblé une houpelande de drap gris longue et sengle, une autre houpelande de pers cler sengle, longues jusques environ les genoulx, avecques environ pié et demi de roigneures de ladicte houpelande de pers sengle (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 120). Item, toutez les branchez qu'ilz pourront coupper de terre à une hache de IIII piés et demi de manche (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 335). ...les sieges et bancs et porches de la Chambre du Parlement estoient vielx, derompus, et moult malhonestes, et aussy malaisez et trop bas d'environ pleinne paume ou demi piet (BAYE, I, 1400-1410, 155). ...premierement a esté marchandé en tasche audit Jehan Rose de mectre et asseoir ou grant pont de la Lijs estant derriere l'ostel de Gilles Pipe 14 sommiers et vint huit pillos (...) et les nouveaux pillos fichier et frapper ens, chacun 12 piez de parfont, et les lier aussi chacun de quatre bons liens en maniere de braquons (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 637). ...mettra [Jehan Rose, charpentier] sur ou soubz chacun debout de ladicte asse deux baulx sur les filieres au moylong de 8 piez de long et 10 paulx d'espés en la quarure, et sur lesdiz baulx au debout de ladicte asse mettra 2 blox, chacun 5 piez de long et 20 poch d'espés, où les pannelettes sont mis et ladicte asse se tourne, et aussi doit refaire la parroit de nouvel contre la roe de l'eaue (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 647). ...a Thomas Rave pour la vendue et livrée de LXV piés de gouttière de boys (...) pour VI mines de caulx (...) pour IIII canlattes (...) et pour IIII bennelées de sablon (...) pour l'aportage des choses dessusd. (Comptes Archev. Rouen J., 1437-1438, 170). A Michel Trouvé pour avoir refait six penneaulx de verre en la chappelle et replombé de neuf, avoir refait trois penneaulx en la chambre des comptes et mis III piés et demi de verre et avoir refait les lozenges d'un cassis en la salle (Comptes Archev. Rouen J., 1455-1456, 298). Et quant tous deux furent venus, le roy incontinant fist mesurer leurs lances, qui devoient estre, dez la pointe jusqu'a l'arrest, de XIIJ piez de long. (LA SALE, J.S., 1456, 114). ...à Florent de Hemon, voitrier, demourant à Paris, la somme de 11 l. 8 s. 8 d. p., qui deue luy estoit par ladicte ville pour 98 pieds de verre mis en oeuvre ès fenestres de l'auditoire de Mesdits Seigneurs (Comptes Paris M., t.2, 1473-1474, 363). ...car lui seul porta un boeuf tout vif sur ses espaulles l'espace d'une stade, qui contient cent XXV pas et chacun pas V piez et chacun pié IIII palmes et chacune palme IIII doiz de main commune (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 41 r°). Fist ung fossé de dix piez de perfont et XVm pas de circuit, en la durée de trois lieux (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 69 v°).

 

-

Demi-pied : ...et doivent avoir demi pié de lonc (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 218). ...un sachet de cuir gros d'environ plain poing, et long de demi-pié ou environ (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 82). Dessouz le col l'arbaleste bendee Qui n'estoit pas de foiblesse fardee, Mais par raison grosse, puissante et forte, Et le garrot ou la vire fondee Pour trespercer ung demy pied de porte. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 213).

 

-

Plein pied. "Pleinement" : ...l'arme, qui en pechié Est trouve[e] hors du corps plain pié (Liber Fort. G., 1346, 125).

 

.

Tenir plein pied : Et [Marguerite, comtesse de Flandres] dist un jour a Bouchard d'Auvergne, qui estoit son amy, que jamais jour de sa vie il n'auroit sa compaignie s'il ne faisoit tant qu'elle fut sa femme espousee ne que luy ne ses enfans bastardz ne tiendroient jamais plain pié du paÿs de Flandrez. (Baud. Flandre P.-M., c.1443-1452, 256).

 

-

Ne de plein pied ne demi. "Nullement" : N'oncques n'ot cuer esperdu, Ne de plein pié ne demi Ne guenchi, Ains parti Au parti Qu'au tieü Qu'orent eü Si que bien ot perceü, Et comment son corps offri Sans detri Et sans si Et einsi L'a on ami congneü. (MACH., Lays, 1377, 475).

 

-

Pied (à / de) main. V. pied-main

 

-

Pied marchand. "(?)" : Et est assavoir que qui vouldroit promptement mesurer la dessusdite circuite de la terre, il fauldroit mesurer l'espace qui respond a plusieurs degrez ensemble si comme a 10, 20, 30, et ledit espace ramener a certaines mesures uisitées si comme a lieues francoyses mesurées par toyses, des piez marchans ou autres mesures uisitées, car en divers pays les lieus et les mesures sont diverses. (FUSORIS, Astrolabe P., c.1407-1412, 121).

 

-

Aimer mieux estre à cent pieds sous terre. "Être rempli de honte" : J'aymeroie mieulx enrager Que je ne m'en peusse venger, Et estre a cent piez soubz terre. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 459).

 

-

[Valeur minimale] : Car jamais par tel voye n'y aurés demy pié. (Bat. Angl. Bret. B., a.1355, 39). Tantost li grant et li meneur Respondirent que il iroient Volentiers, et que prest estoient Pour aler où le roy vorra, Et que ja piet n'en demorra. Li roys les mercia forment, Puis fist crier isnellement, Que le landemain partiroit (MACH., P. Alex., p.1369, 59).

 

Rem. F. Möhren, Renforcement nég., 1980, 189-191 (FROISS. ; JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 4720).

B. -

"Unité de superficie (les côtés étant mesurés en pieds)"

 

-

Pied de terre : Ne te laisse desheriter Pour riens qu'on te puist enditer, Car par ma foy, mieus ameroie, S'empereres ou rois estoie, Despendre tout en bonne guerre, Qu'on me tollist un piet de terre, Car tout prince desherité Vit a honte et a grant vilté. (MACH., C. ami, 1357, 126). ...chinc piés de terre estans et assis a Fay lez Saint Félis, au pris de la vergue, a compter vint chinc piés pour la vergue (Cartul. Beauv. L., 1368, 652). C'est la maniere, c'est la guise Comment Alixandre fu prise Dou second assaut, sans retraire ; Qu'onques pour lancier ne pour traire N'i ot celui qui se treïst Arrier, ne qui se retreïst Vingt piez de terre ; et se vous di Que ce fu en un venredi ; Et fu, pour ce que je ne mente, L'an mil CCCV. et sexante, Landemain de la St. Denis, Einsois que li jours fust fenis. (MACH., P. Alex., p.1369, 95). ...en Espaigne voir ne tendra, Jour que je vive, pié de terre. (Mir. Oton, c.1370, 336). ...il avoit prins a cens ou seurcens annuel et perpetuel de nostredit très redoubté seigneur vint quatre piedz de terre commençant au bout du jardin ou courtil audit Pierrart appartenant et venant directement aux cloyers estans devant (Trés. Reth. L., t.3, 1449, 286). ...et dist que jamais ne tenderoit piet de sa terre (WAVRIN, Chron. H., t.1, p.1471, 88). Ne qu'i n'ayent nulle baillyve En France, ne ung seul pié de terre, Ne que plus nul Anglois y vive, Mes s'en aillent en Engleterre. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 474).

 

-

[À propos d'un emplacement pour la vente] : Les autres drappiers qui ne peuvent estre loigiez en la dite grange, l'en les loige devant la dite grange au long de la rue, et leur loue-on leurs estaulx au pié de terre (...), et leur loue-on le pié ung gros (Chartes communes Bourg. G., t.1, 1371, 409).

C. -

"Mesure établie pour les écritures des clercs en chancellerie" : Et grossera le commissaire, là où mieulx lui plaira, à ses despens, la dite enqueste. Et sera paié de la grosse d'icelle par ceste maniere : c'est assavoir d'un chascun pié d'escripture du long escript, sanz fraude, 1 gros et demi. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 172). ...de toutes escriptures qui se feront es dites cours, c'est assavoir de faiz ou de raisons baillées en court, de la coppie d'icelles, de copie de tesmoins ou d'autres escriptures, les clers se paieront au pié, c'est assavoir pour un chascun pié de long et de large sanz fraude escript 1 gros et demi (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 173).

D. -

"Mesure formant une unité rythmique en versification" : Si n'est ci mestier de parler des piez, des daptilles, spondées ou autres dont l'on use en latin (LE FÈVRE, Vieille C., a.1376, 10). ...et se il y a aucun ver coppé qui soit de cinq piez, cellui qui vient après doit estre de dix. (DESCH., Art dictier R., 1392, 274). Les piez donc font les mettres telz qu'ilz sont aussy que les sillabes, selon ce qu'elles sont longues ou briefves, font les piez dessus diz. Et c'est aussy que nous veons que les sillabes en gramaire font les diccions de diverses manieres selon ce qu'elles sont diversement aussy de lettres composees, et les diccions jointes et ensamble ordonnees deuement font la parole ou l'oroison parfaite ou de bonne sentence. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 71). Et ces piez dessus diz sont ainsy appellez par aventure a la similitude des bestes qui ont piez. Car ainsy que les piez des bestes qui se meuvent vont ordonneement, aussy les piez des mettres s'entresuivent et vont l'un aprés l'autre par ordre convenable tres ordonneement et tres regulierement. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 71). Et pourroit on dire que ces parties comparees ainsy ensamble dont la ryme de .XIJ. est composee et les autres aussy sont semblables aux piez qui vont l'un aprés l'autre es mettres dessus diz. Toutesfois, la meilleur maniere de prononcier ceste ryme, c'est de faire sa pause dessus six et de finer sur .XIJ., et en celle de dix de faire pause sur .IIIJ. et de finer sur .X. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 75). Pareille taille de vers huitains est maintenant en usage, et n'y a difference si non que les metres sont de .X. et .XJ. piez. (MOLINET, Art rhétor. L., c.1482-1492, 221). [Nombreux ex. ds ce texte, cf. gloss.]

E. -

"Mesure monétaire marquant la valeur du marc monnayé" : ...sur le pié de soixante Gros Tournois d'Argent-le-Roy (Ordonn. rois Fr. S., t.6, 1336, 1). [Supplément] ...ce Pié durant seulement (Ordonn. rois Fr. L.S., t.2, 1350, 329). ...vous feissiés faire et ouvrer bonne et forte Monnoye sur le pié de Monnoye vingt-quatrieme (Ordonn. rois Fr. S., t.3, 1356, 84). ...en ouvrant sur le pié de Monnoye trente-deuxième (Ordonn. rois Fr. S., t.3, 1356, 88). ...le pié d'icelles [monnaies] ne changerons (Ordonn. rois Fr. S., t.3, 1356, 132). ...ès Monnoies de Paris, de Tours et d'Angers on ouvroit sur autre pié de monnoie et donnoit on en ycelles plus en chascun marc d'argent aus marchanz que on ne faisoit en la dite Monnoie de Poitiers (Doc. Poitou G., t.3, 1360, 281). ...et toutesfois ilz [les Postulas] sont de si bas aloy que mendre ne se pourroit trouver ; et, encores, qui pis vault, irréguliers (...), et n'y a aucune vraye assiète ou pied, sur quoy on se puist actendre. (ORESME, Monnoies W., c.1365, IV). ...sanz sur ce estre tenu de paier ou donner quelque chose à la garde, assaieur, tailleur ou quelque autre officier ou serviteur de ladicte Monnoye, pourveu que se ledit pié de monnoye se muoit dedens ledit terme de trois ans ledit Buridan seroit lors tenu de baillier caucion et de rappleger lesdictes monnoyes et paier les officiers d'icelles comme il appartiendra (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 193). ...la monnoye d'Auxonne, que monseigneur le duc leur avoit accordé forgier et monnoyer en icelle à leurs frais et despens avec toutes matieres neccessaires pour faire ledit ouvraige de monnoye dau telz pié, poix et aloy que l'en ouvroit lors en ladicte monnoye (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1420, 801). ...et ne dot le Roy muer pié ne pris en ses monnoies de Paris ne d'ailleurs, que pareillement ne fust fait esdictes monnoies de Tournay et Saint-Quentin. (FAUQ., II, 1421-1430, 63). ...le pié des monnoies n'avoit esté entretenu es pays voisins (Doc. 1441. In : A. Haneron, Bibl. Éc. Chartes 98, 1937, 305). [Doc. bourguignon] ...en deffendant icelles monnaies en en faisant ung nouveau pié sans aucunement toucher a celui de présent. (Pol. Louis XI, G., Pièces justif., 1464,,, 425). Il ne faisoit faire aucun pié nouveau ou changemens de monnoyes. (BAUDE, Eloge Ch. VII, V., p.1484, 138).

 

Rem. Sur le calcul de cette valeur, cf. Ordonn. rois Fr. S., t.3, CIX.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 8/16 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     PIED-DE-BOEUF     
*FEW VIII pes
PIED-DE-BOEUF, subst. masc.
[]

REDEV. "Droit dû au seigneur" : ...pour les assises de pluseurs hommes et femmes demourans en laditte ville et ailleurs, lesquelz doivent au jour de feste saint Remy dix solz appellés piés de buef, et puent valoir lesdis hommes et femmes pour leur chief environ II sestiers de grain, fronment et aveinne, douze deniers et II poulles (Trés. Reth. L., t.3, 1441, 194).

REM. À rattacher à FEW VIII, 295 : pes.
 

DMF 2020 - Chartes et Coutumes Edmonde Papin

 Article 9/16 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     PIED-DE-CHÈVRE     
FEW VIII pes
PIED-DE-CHEVRE, subst. masc.
[GDC : pied (pieddechevre) ; FEW VIII, 300b : pes]

"Levier servant à bander l'arbalète" : Item pour contreminer se besoing est puis, piés de chievres, marteaulx, hotes, pelles, loches, crocs de fer, eschelles (CHR. PIZ., Fais armes cheval., 1410, 53 r°). Autres parties payés par ledit Fraignot aux personnes cy apres nommees à cui elles estoient deues pour le fait des voictures des bombardes, pierres, pouldres de bombardes, piez de chievres et autres abillemens de guerre (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1420, 838). Item, une trocoize de fer. (...) Item, ung pié de chèvre en fer. Item, une besse ou pale de bois ferrée au bout de fer. Item, 6 coignetz ou detrez à taillier du bois. Item, trois serpes ou goiz. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 328). ...lequel, tenant en une main son arbaleste bendée, et en l'autre main ung pié de chièvre, reboutoit ledit Sauvestre afin qu'il ne chargast lesdictes gerbes (Doc. Poitou G., t.11, 1474, 450).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

 Article 10/16 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     PIED-DE-LION     
FEW VIII pes
PIED-DE-LION, subst. masc.
[FEW VIII, 299b : pes ; TLF : XIII, 339b : pied]

"Alchemilla vulgaris" : Leontepedion, c'est une herbe que lon appelle pié de lion. Elle croist en plains champs et empres fossés. (Grant herb. C., c.1450, 127).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 11/16 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     PIED-DE-VACHE     
*FEW VIII pes
PIED-DE-VACHE, subst. masc.
[*FEW VIII, 300 b : pes]

[Sorte de projectile] : A lui, pour avoir fait et delivré dix douzainnes et quatre pieces de fer appellez piez de vaiche servans aux hunnes desdiz navires de Zellande pour les getter contre les ennemis, pesans en tout 1250 livres, a 5 d. la livre parmi la fachon, 25 ú 16 s. 8 d. (Comptes argentier Ch. le Téméraire B.F.L., t.3/2, 1470, 954).

Rem. Le contexte et la quantité des pièces livrées semble clairement indiquer qu'il s'agit d'une sorte de projectiles, néanmoins l'expression a l'air d'être un calque du moyen néerlandais coevoet qui désigne un instrument du charpentier de marine servant de levier comme le pied-de-biche ou le pied-de-chèvre, cf. J. Verdam, Middelnederlandsch Handwoordenboek, 1964, 299b, s.v. coevoet.
 

DMF 2020 - DMF 2015 Hiltrud Gerner

 Article 12/16 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     PIED-DE-VEAU     
FEW VIII pes
PIED-DE-VEAU, subst. masc.
[FEW VIII, 300a : pes]

"Arum italicum" : Iarus... L'en appelle aussi barbe Aaron et aussi pié de veau. Elle croist en lieu moite et sec, et en montaignes et en plaines, et la treuve l'en en yver et en esté. Aucuns l'appellent oueil a prestre. (Grant herb. C., c.1450, 120). [R. Arveiller, R. Ling. rom. 42, 1978, 452]
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 13/16 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     PIED-D'OISON     
FEW VIII pes
PIED-D'OISON, subst. masc.
[FEW VIII, 300a : pes]

"Sanguinaire" : Sanguinaire. Il en est de .II. manieres, l'une est appellee sanguinaire pour ce qu'elle fait saignier et l'autre pour ce qu'elle estanche le sanc. De la premiere parlons cy endroit, et l'appelle l'en autrement galligrus ou pié de oison, pour ce que sa semence se espart et fourche comme le pié d'ung oison... L'autre sanguinaire qui estanche le sang est autrement appellee bourse a pastour. (Grant herb. C., c.1450, 157).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Robert Martin

 Article 14/16 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     PIED-MAIN     
FEW VIII 298b pes
PIED-MAIN, subst. masc.
[GD : piedmain ; FEW VIII, 298b : pes]
 

-

Pied (à / de) main. "Unité de longueur égale à six pouces (correspondant approximativement à la longueur d'une main d'homme), demi-pied" : ...et doivent avoir demi pié de lonc, a pié main (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 218). ...quer le chambel, ou la here est, doit avoir trois piés et demi, a pié main [var. pié a main ; pié de main] (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 279). ...une torche aussi gros[se] comme le bras a un homme et longue comme un pié, a pié main [var.come ung pié a main] (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 305).

 

Rem. Doc. 1356. In : L. Delisle, Etudes sur la condition de la classe agricole et l'état de l'agriculture en Normandie au moyen-âge, Évreux, 1851, 530-531, note 18 (Les estaulz qui se comportent de la première huisserie de l'entrée des diz estaulx jusques à l'endroit de la première coulombe d'emprès le grant post qui fait closture devers la maison qui fu au Voleur, avec trois piez à pié main d'espasce de lé oultre l'espasse des diz estaulz demourront au dit seignour). GD VI, 149c.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

 Article 15/16 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SOUS-PIED     
FEW VIII pes
SOUS-PIED, subst. masc.
[GD : souspied ; FEW VIII, 303a : pes ; TLF : XV, 808b : sous-pied]

"Marche-pied"

REM. Doc. 1477 (pour ce qu'il estoit petit [le jeune valet tranchant], le roy fit faire un souspied, ou il se tenoit quand il servoit a table) ds GD VII, 553c.
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

 Article 16/16 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     TORCHE-PIED     
*FEW XIII-2 torques
TORCHE-PIED, subst. masc.
[*FEW XIII-2, 105a : torques]

"Paillasson" : Que fit ce roy Charles après, entandis que ton père glorifioit son règne en autres divers lieux ailleurs ? (...) et qui mesmes avoit son royal thrône et siége gisant par terre, tombé et enversé ce dessus dessoubs, scabeau des pieds des hommes, foulure [place que les pieds ont foulée] des Anglois, et le torche-pied des sacquemans, il, en grand sens et labeur, (...) le remit en justice et en paix (CHASTELL., Avert. duc Ch. K., 1467, 325).
 

DMF 2020 - DMF 2015 Robert Martin

Liste des articlesStructure des articlesArticles sans exemplesArticles complet
Fermer la fenêtre