C.N.R.S.
 
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     PENSEMENT     
FEW VIII pensare
PENSEMENT, subst. masc.
[T-L : pensement ; GD : pensement ; FEW VIII, 195b : pensare]

A. -

"Pensée" : De volenté, de desir se sambloient ; Un bien, un mal, une joie sentoient Conjointement, N'onques ne fu entre eaus deus autrement, Mais ç'a toudis esté si loiaument Qu'il n'ot onques un villein pensement En nos amours. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 64). Je ne fine nuit ne jour de penser À ma dame que j'aim de vraie amour, Et si ne puis nullement saouler Mon cuer d'assés penser à sa douçour ; Car la joie de la plaisant savour Que mes cuers sent en ce dous pensement M'i fait penser adès desiramment. Car il ha tant en son viaire cler De scens, de pris, de bonté, de valour Que vraiement, à raison regarder, Il n'est de li plus belle ne millour (MACH., L. dames, 1377, 53). ...ay en peinne et en labour Moult longuement, de toute ma vigour, Servi Amours et ma dame jolie, Sans esperer garison ne aïe. Et si l'ay fait toudis si loyaument Que pour la mort dont je sui en paour Onques en moy n'ot .J. seul pensement Contre l'onneur ma dame de valour ; Et de ce tray je à tesmoing vraie Amour Qui scet comment ma dame me maistrie, Sans esperer garison ne aïe. (MACH., L. dames, 1377, 86). Helas ! je l'aim si amoureusement, De si vray cuer et si sans decevoir Qu'onques en moy n'ot un seul pensement, Ne long ne près, d'autre amer ne voloir ; Et certes bien scet et voit Que mes vrais cuers autre amer ne porroit. (MACH., L. dames, 1377, 174). ...traire En sus se doit d'amoureux pensement Toute dame d'onneur (CHR. PIZ., Cent ball. amant dame C., c.1409-1410, 32). Mais pour donner fin aux commandemens de Madame, et pour estre diemenche ainsin joly, fist en son cuer maintes petis joieux pensemens. (LA SALE, J.S., 1456, 51). Comme elle fut couchée, ou profond pensemens des nouvelles qui en teste luy [reviennent], l'ypocrite pervers, de sa montaigne descendu, luy mect son baston creux a l'oreille (C.N.N., c.1456-1467, 102). Qui me saroit dire au certain Ce que je pencë a ma teste Repputé ne seroit pas beste De racompter mes pensemens. (Est., p.1460, 25). L'envoy du Saint Esperit est de deux manieres come celle du Filz. L'une est visible, comme il apparut sur Jhesu Crist en maniere et espece de coulon, et sur les apostles en figure de langues ardantes comme feu. L'aultre est invisible, par laquelle est envoié es cuers et pensement de l'ame pour sainctefier la creature. (Somme abr., c.1477-1481, 118).

 

Rem. Ponthus Sidoine C., c.1400, gloss. ; WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, 138/13...

 

-

"Ce que l'on pense, intention" : Tressour de grace souvereyne Que j'eyme si parfectement, Vulliés ouÿr mon pansemant (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 77). Et y le tint tres bien sans mauvaiz pensement. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 503). [aussi v.16197] Il avoyent en pensement De mectre tout a finement, Et en fusion de bataille ; Mais ont trouvé resistement Encontre leur faulz pensement Que y n'ont fait chose qui vaille. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 166). CAŸN. O Caÿn, quel grief pensement ? Qu'as tu cy entreprins de faire ? (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 108).

 

Rem. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, gloss.

B. -

En partic.

 

1.

"Méditation, réflexion" : Si m'en alay les saus menus, Pour ce que, s'aucun encontrasse, Que tant ne quant n'i arrestasse, Et par quoy on n'aperceüst Qu'en moy plour ou tristece eüst. S'alai einsi moult longuement, Sans issir de mon pensement, Tant que vi un trop biau jardin Qu'on claimme le Parc de Hedin. (MACH., R. Fort., c.1341, 29). En Dieu et vous semblablement, Devostement, Mon pencement Est mys affin que charitable Me soyez singulierement, Doulcement, Begnignement, Par requeste a cecy vallable. (LA VIGNE, S.M., 1496, 491).

 

2.

"Souci, préoccupation" : Li chevaliers, sans faire plus de plait, Dist doucement : "Dame, il n'affiert ci nul pardonnement, Car il n'y a meffait ne mautalent ; Mais je vous pri que vostre pensement Me vueilliez dire." Et la dame parfondement souspire Et dist : "Pour Dieu, laissiez m'en pais, biau sire ; Car mestier n'ay que me faciez plus d'ire Ne de contraire Que j'en reçoy". (MACH., J. R. Beh., c.1340, 60). Sachiez sans variation Qu'il [le Christ ressuscité] fera demonstration Par devant vous tout clerement, Laissiez tristesse et pensement Car bien brief devers nous venra. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 268). Mon bel [sire], je suis venu Avec nostre hostel cy present ; Nous avient trés grant pensement. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 140). ...il aprouvoit et louoit plus une petite maisonnette riant et seure que ung grant sale royale et plaine de douleurs, de soussis, de perilz et de pensemens (LA SALE, Sale D., 1451, 168). Or ça, il ne m'est desormais mestier, obstant le nombre de mes ans, tourmenter ne troubler de doleurs, d'angoisses ne de pensemens. (C.N.N., c.1456-1467, 557). Nul de vous n'en soit corrocié Allons voir que l'empereur fait J'ay grant pensemant de mon fait Je me sens trestout troublés (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 67).

 

Rem. FROISS., Méliad. L., 1373-1388, gloss. ; Guill. Orange T.H.G., p.1450, gloss. (pencement).

 

-

Ne pas avoir pensement que : Lors dist en bas Li chevaliers par maniere de gas : "Je croy qu'il ait oy tous nos debas." Et je li dis : "Sire, n'en doubtez pas, Que voirement Les ay j'oïs moult ententivement Et volentiers ; mais n'aiez pensement Que j'y pense fors bien ; car vraiement Venus estoie Sus un ruissel, par une herbue voie, En ce vergier ou je me delitoie Es oisillons que chanter escoutoie..." (MACH., J. R. Beh., c.1340, 105).

 

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P. méton. "La personne à qui l'on pense, pour qui l'on est préoccupé" : Las, mon filz, mon seul pensement, Voicy piteuse destinee ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 357).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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