C.N.R.S.
 
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     COUTEAU     
FEW II-2 cultellus
COUTEAU, subst. masc.
[T-L : coutel ; GD : coutel ; GDC : coutel ; AND : cotel1 ; DÉCT : coutel ; FEW II-2, 1498b,1499 : cultellus ; TLF : VI, 380a : couteau]

A. -

"Instrument tranchant (muni d'une lame et d'un manche) servant à divers usages, couteau" : ...Mais ne m'affiert ; et toute voie, Qui les penderoit par la gorge Ou de coustiaus de bonne forge Corps et membres leur escorchast Et de bon sel les arrochast, Et puis fussent de chiens mengiez, N'en seroit il pas bien vangiez ? (MACH., D. Lyon, 1342, 201). Si dist : "Amis, foy que li doy, Avuec l'anel ara mon doy, Car ja par moy n'en partira." Si que lors un coutel tira, Son doy copa et li tramist Aveques l'anel qu'elle y mist. (MACH., J. R. Nav., 1349, 236). Et par operacion factive il entent celle qui passe en la matiere dehors ; si comme doler d'un coutel ou ferir d'un martel pour faire un ymage ou une maison. (ORESME, E.A.C., c.1370, 333). Item, ung coutel et ung canivet en une gayne, dont les manches sont d'or semez de roziers enlevez ; avec les forcettes. Item, deux couteaulx en une gayne, dont les manches sont d'ybénus, à deux virolles esmaillez de France ; et sont les forcettes d'or. Item, ung coutel et ung canivet en une gayne, à manche d'or où est escript Karolus, et ont chascun une perle au bout ; et sont les forcettes, d'or. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1380, 299). Et tout ainsi que frotant le couteau a la queuz il s'aguise et devient plus trenchant, tout ainsi moralisant en lisant la saincte chevalerie sustouchee, ton premier varlet de ta chambre, Ardant Desir, soit la queuz et ton cuer soit le cutel (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 222-223). ...un coulteau à viroles d'argent (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 438). Ceinturetes ou estoient Pendans bourses et couteaulx, Et aultres soubz leurs manteaulx, Chappellez vers, devisez Gentement, moult desguisez, Me presentoient en don (CHR. PIZ., Dit Pastoure R., 1403, 235). Item trois paire de cousteaulx à usage de femme, envirolez d'argent avec les forcettes (Invent. test. Surreau Foville F., 1435, 54). Si se prend a ceste langue de beuf, et de son coulteau bien trenchant en deffist tant de pieces qu'il n'en demoura oncques lopin. (C.N.N., c.1456-1467, 486). Qui estrine ou donne couteaulz, l'amour refroide et deffault. Et d'autres joiaulz advient le contraire. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 126).

 

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Couteau à clou. "Couteau fermant dont la butée de la lame est un clou" : [Il] retourna en son hostel chausser ses sorlez et print ung coutel a clou en intencion de retourner au dit lieu pour soy vengier (Arch. Nord, 1467, B 1692, f° 39, IGLF).

 

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Couteau à pis. "Couteau à pied (?)" : Tachet, incontinent qu'il fut en sa dicte maison, prinst ung cousteaul a pis dont l'on taille les soulliers et repartist en la rue (Arch. Nord, 1467, B 1692, f° 20, IGLF).

 

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Couteau à pointe. "Couteau pointu" : Il avoit donné une plaie au dit Jehan de Olsene, a tout ung coutel a pointe en sa pottrine ou costé senestre empres la tette, par mal talent (Arch. Nord, 1458, B 1688, f° 12, IGLF).

 

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Couteau à table./Couteau de table. "Couteau utilisé à table" : À Huguenin Lambelot, coutelier, demourant à Dijon, la somme de 11 frans (...) c'est assavoir, les neuf frans tant pour avoir fait une paire de cousteaulx à table pour madicte dame comme pour l'or et l'argent mis es vires desdiz cousteaulx et pour la façon desdiz vires et la gaine d'iceulx cousteaulx, et les autres deux frans pour ung pairepain à vire d'argent (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 492). ...la somme de 18 ú 15 s. dudit pris pour une pair[e] de cousteaulx de table a trenchier devant mondit seigneur garniz de chapplepain, gainne et autres choses y servans (Comptes argentier Ch. le Téméraire B.F.L., t.3/2, 1470, 638).

 

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Couteau à trancher : Thomas de Fieuvillier, coutelier, pour deux paires de couteaux à trancher devant le Roy, à tous les parepains garnis de viroles et de cinglètes d'argent, dorées, et esmaillées aux armes de France (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 133). ...une paire de couteaulx à trencher, c'est assavoir, deux grans, ung petit et le partpain de mesmes, à manche d'argent doré, rond, à fleurs de lys. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 110). ...une paire de cousteaulx à trancher, garnis de petit coustel et de parepain, engaignez ainsi qu'il appartient, pour trancher devant le Roy nostresire (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 205). ...un petit costel à trenchier pain, à un manche de letton (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 117).

 

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Couteau tranche pain : ...un petit coustel trenche pain (Doc. Poitou G., t.5, 1384, 218). ...[il] tira ung petit coustel tranchepain, qu'il avoit, et en fery ledit feu Colin par la poictrine. (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1426, 314).

 

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Couteau de cuisine : À Lusquin de Marez, queuz de mondit seigneur, la somme de cinquante frans que mondit seigneur, pour consideracion des bons et agreables services qu'il lui a fais dudit office et (...) aussi pour avoir ung couteau de cusine pour le fait de sondit office (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1420, 793).

 

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Couteau à trancher (la) cire : ...II cousteaux de fer à trancher cire oudit office (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1380-1381, 82).

 

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[Désignant une sorte de petit couteau] Couteau de Prague. V. pragois : ...un couteau de Prague qu'il avoit (Doc. 1492. In : P. Rézeau, R. Ling. rom. 78, 2014, 413). [Archives hist. de la Saintonge et de l'Aunis]

 

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[P. exagér.] On le taillerait au couteau : Comme [ce] lait est espés, On le tailleroit au coutel. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 74).

 

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[En vénerie]

 

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Couteau à chasseur : Et lors ledit Lardant, qui avoit un baston en sa main et si avoit un grant cousteau a chasseur ou veneur a son costé, sacha sondit coustel (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1425, 241).

 

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Couteau de chasse : ...pour ung grant coulteau de chasse pour ledit seigneur et pour ung cornet d'or à mettre les esguilles de chasse (Comptes roi René A., t.1, 1453, 298).

 

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Tonlieu des couteaux. "Perception (par une corporation) du tonlieu sur la vente des couteaux, au marché" : Tonneux. Jugement dez tonnowiés du franc mestier d'une pairt, et des tonnowiez bouchiés d'autre pairt, que dit coment li tonneux dez coustel a bien a estre auz compaignons don franc mestier parmei les .VII. sepmeinnes. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1344], 228).

 

Rem. Le Franc-Mestier était un groupement de huit corporations ayant certains privilèges et le Maître du Franc-Mestier contrôlait les marchandises (cf. J. Schneider, La Ville de Metz aux XIIIe et XIVe s., 1950, 227-231) ; la puissante corporation des Bouchers était habilitée à percevoir le tonlieu aux portes de la ville et sur les marchés pendant les Sept-Semaines : 21juill.-7 sept. (cf. J. Schneider, La Ville de Metz aux XIIIeet XIVe s., 1950, 237-238).

 

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JEUX Jouer de couteaux et des faucilles. "Jongler avec des couteaux et des faucilles (?)" : À trois menesterelx, qui avoient joué d'entreget despartie et des basteaus devant le Roy, à Soisy, par III jours, 64 s. p. - Chevalier, joueur de basteaux, lequel joua devant le Roy de cousteaux et des faussilles. (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1381, 185).

 

Rem. FEW II-2, 1499a, s.v. cultellus et DU CANGE III, 651b, s.v. cultellus signalent un Ludus ad cultellum en donnant une attest. de 1393 : «Jeu, appellé au plus près du Coustel», qui est un jeu de lancer avec un couteau comme cible auquel participent plusieurs joueurs, alors que l'ex. supra semble faire réf. à un jeu d'adresse fait par un homme seul.

B. -

"Poignard (ou couteau servant de poignard)" : Pour ce ne savoie Comment de moy faire devoie, Car je n'eus coustel ne espée, Hache, guisarme, ne riens née Dont je me peüsse deffendre (MACH., D. Lyon, 1342, 169). Si dist : "Amis, foy que li doy, Avuec l'anel ara mon doy, Car ja par moy n'en partira." Si que lors un coutel tira, Son doy copa et li tramist Aveques l'anel qu'elle y mist. (MACH., J. R. Nav., 1349, 236). ...la teste li fendi, Si que la cervelle espandi. Apres il li copa la gorge D'un coustel de mauvaise forge, Que mal fust il onques forgiez (MACH., P. Alex., p.1369, 270). Pour c'entroduiz ma fille lors Qu'elle d'un costel se navrast Et puis a Berthe le baillast (Mir. Berthe, c.1373, 219). ...lequel homme ledit Perrin Breton print aus corps, le abatirent à terre de dessus son dit cheval, et illec le ferirent de plusieurs coups de cousteaux, et tant qu'il fu tuez (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 63). Et traist l'espee en ce disant, et cuida ferir vostre pere d'estoc parmy le corps, mais il tressailly, et en passant que le nepveu du roy fist, il lui osta l'espee des mains. Et cil tira un costel trenchant et agu, et l'en cuida ferir, mais vostre pere despassa et lui donna du pommeau de l'espee qu'il lui avoit tollue si grant coup en la temple, a ce que la coiffe d'acier qu'il avoit affublee n'estoit pas forte, qu'il le rua tout mort sur la terre. (ARRAS, c.1392-1393, 50). ...il est tous desarmez, sans coustel et sans espee ; il ne vous puet eschapper (ARRAS, c.1392-1393, 58). Et cil retourne et tire bon coutel et en fery mon pere par my la cuisse, mais il lui cuida bien bouter par my le corps. (ARRAS, c.1392-1393, 58). ...il se saisirent dou portier et traissent lons coutiaus que il portoient desous lors gonnes, et li dissent : "Se tu sonnes mot, tu seras mors." (FROISS., Chron. D., p.1400, 304). Si a pris un coutel de taille, En son pis tel coup s'en donna Que tost a mort s'abandonna (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 191). ...puiz fit deschaucer l'un de ses esperons dorez et ly fit chaucer par l'un de ses gens, et ly ceindre une ceincture où estoit pendu un cousteau long pour espée. (BAYE, II, 1411-1417, 245). Dit oultre que ses devanciers ont bien acoustumé de prendre et avoir couteaux et espées defenduz à porter (FAUQ., II, 1421-1430, 163). La tierce [femme] estoit eschevellee, et sa robe pourfendue sur le pis, ses yeulx presque mortiffiez et enfoncez en sa teste, la couleur destainte, ung suaire sur son bras, le chevestre au col, et le coustel au poing. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 6). Et quant il fut davant luy, il mist la main a ung lonc coteau qu'il portoit, qui estoit fait a la guise morisque. Si le tyra hors du feurre, et puys le prist par la pointe, tenant le pomel vers le dauphin. (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 299-300). Touteffoiz ilz furent desarmez et mis en la battaille par derriere ; mais ilz avoient couvertement cousteaulx moult trenchans, desquelz coppoient les gambes aux Rommains qui se combattoient, tant que la battaille fust vaincue (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 48). Si se prend a ceste langue de beuf, et de son coulteau bien trenchant en deffist tant de pieces qu'il n'en demoura oncques lopin. (C.N.N., c.1456-1467, 486). ...Cathon (...) quant il ouyt dire la mort de Pompee se frappa d'un cousteau (JUV. URS., Exort., 1458, 414). Ou moys de decembre, oudit an IIIIcLXXVI, feste de Saint-Jehan es festes de Noel, advint que par male fortune le duc de Milan fut tué et murdry par ung gentilhomme du pays, qui, ledit jour, en feignant de vouloir parler à lui dedens la grande eglise dudit Milan, où il se pourmenoit avecques une ambaxade qui estoit venue pardevers lui, vint secretement lui bouter ung cousteau parmy la fente de sa robe dedens le petit ventre, où le bouta soudainement par trois ou par quatre foiz, et sans dire mot cheÿ soudainement à terre tout mort. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 32). Sy le tira par terre par telle force qu'il chut le visage dessous, si rudement que la visière d'iceluy bassinet entra dedans le sablon, le derrière en haut et tout découvert, et tant que d'un bien petit coutel, si messire Jacques de Lalaing eust voulu, il estoit en luy de l'occire et mettre à mort (Faits Lalaing K., c.1470, 185). PREMIER. (...) Puisque vous l'avez inventé, De mon cousteau serez deffaict. (Icy tire son grant [cousteau] et le prent, faisant semblant de luy vouloir copper la teste.) (LA VIGNE, S.M., 1496, 447).

 

Rem. GAY I, 477c, 478c, 531c-534a.

 

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P. métaph. Estre sous mortel couteau. "Etre sous la menace du couteau de la mort" : Ce monde n'est perpetuel, Quoy que pense riche pillart ; Tous sommes soubz mortel coustel : Ce confort prens, povre viellart, Lequel d'estre plaisant raillart Ot le bruyt, lors que jeune estoit, C'on tendroit a fol et paillart Si, viel, a raillier se mestoit. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 50).

C. -

Couteau de charrue. "Fer tranchant fixé à l'avant de la charrue, coutre" : Et de fait tira un coustel de charue qu'il avoit et en cuida ferir ledit Richard sur la teste. (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1424, 172).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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