C.N.R.S.
 
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     COUP     
FEW II-2 colaphus
COUP, subst. masc.
[T-L : coup ; GD : cop ; GDC : coup ; AND : colp ; DÉCT : coup1 ; FEW II-2, 865,866a,867a : colaphus ; TLF : VI, 314a : coup]

A. -

"Mouvement d'une chose ou imprimé à une chose en sorte qu'elle vient heurter une autre, choc, heurt qui en résulte"

 

1.

"Action de frapper qqn, un animal, heurt qui en résulte" : Tu m'as deffié, deffens toy, Car ce cop aras de par moy (Mir. Amis, c.1365, 38). Li roy li dist : "Tu ne scez pas Encor comment m'espée taille, Mais briefment le saras, sans faille." Il passe avant ; si li rendi Tel cop que tout le pourfendi... (MACH., P. Alex., p.1369, 71). Et se peuent garder des coups et peuent bien ferir et se peuent bien contenir as armeüres et user en prestement et appertement. (ORESME, E.A., c.1370, 213). Ainsy ne fist pas saint Pol, aincoys s'en party quant il s'en party par grant vertus pour mieulz proffiter [aprés] sa vie, comme ung bon chevalier ou champion qui guenchira le cop pour mieulz ferir aprés. (GERS., P. Paul, a.1394, 500). On verroit te langue avaller Pour mettre les termes a roye, Ou de caux je t'alitteroie De cy jusques au my quaresme. (Mandel. T., c.1450-1475, 187). Messire Jehan de Rebremette guingna et barguingna de pres pour bien asseoir son cop, et ne s'avança point de voloir getter devant (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 166). ...et lui dist ledit Huguet plusieurs autres parolles injurieuses et leva le poing pour le cuider frapper ; lequel retint le copt du bras (Doc. Poitou G., t.12, 1476, 89). BEAUCOP. Icy emprès, De ce coup là ce fust merveille, De ma teste il alla si près Qu'i m'alla larder une oreille. (B. veoir, p.1480, 20).

 

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En partic. [Avec une arme] : ...de laquele darde il le fery et attaigny entre deux espaules, et dudit cop chei icellui Gieffroy illec à terre tout mort. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 171). ...il qui parle feri icellui Hernoulet d'un espée qu'il portoit un coup en la poitrine, et ledit Jaquemin, d'une pisque de Flandres qu'il portoit, un coupe par la teste dudit Ernouvel (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 172). ...un demi-glayve, duquel il se efforça de vouloir ferir ledit defunt ; mais lui qui parle lui retint le cop, et tint à une main ledit glayve (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 414). ...et la lance Olivier lui froya jusques que il fu poins ; et de la force du coup la lance Remondin chey a terre. (ARRAS, c.1392-1393, 62). ...il le fery [avec l'étrier] sur le bacinet, qui fu durs et bien trempez, et l'une des pointtes coula aval et entra entre la coupe du bacinet et la vosiere. Et le coup qui descendi de grant ravine, avec la force du bras de quoy il fu feruz, ly uns des cloux de la maisselle rompy (ARRAS, c.1392-1393, 62). Et toutesfoiz Sarrasins se departirent, car le roy de Chippre si resbaudissoit tellement ses gens que ilz ne doubtoient les cops ne que se ilz feussent de fer ou d'acier. (ARRAS, c.1392-1393, 107). Et Gieffroy empoingne l'espee a deux mains et le fiert sur la coiffe d'acier si grant coup qu'elle ne le pot garantir, mais lui embat l'espee jusques a la cervelle et le rue mort. (ARRAS, c.1392-1393, 200). ...et quant il ot l'espee en main (...) chascun de ses copz pesoient la mort d'un homme, pourveu qu'il l'assenast a plain cop (Comte Artois S., c.1453-1467, 42). Messire Enguerrant (...) haulsa sa haiche et le ferit tel cop au dessus de la charniere que tout le fist chanceller (LA SALE, J.S., 1456, 127). ...l'un d'iceulx, qui avoit ung glaive (...) le darda en l'estomac du chevalier et le percha de part en part, du quel cop incontinent cheut tout mort (C.N.N., c.1456-1467, 551).

 

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Coup sur coup. "Une atteinte après l'autre, sans arrêter" : Et de recief, plus que meshuy, [messire Jehan] poursievy ledit messire Henry pour luy faire oultraige, et, luy lanchant ung cop sur les flans bien felle et bien dur ariere par haultesse de ceur, desgorga ung tel son qu'avoit fait par avant, et se fit oÿr de tout chescun. Et cop sur cop plus et plus raddement le poursievy, bouttant et estocquant, et le mena bien ariere du juge, bien sur la tierce part des lisces (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 168).

 

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Tout à un coup. "D'un seul heurt" : ...ledit Jehan Eustace le refrapa par derriere tellement que il lui persa le corps et le braz tout oultre, et tout à un cop. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 415).

 

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Coup mortel/coup de la mort. "Atteinte fatale, coup de grâce" : L'autre fu cils de Gibelet, Li tiers fu cils de Gaverelles Qui li porta dures nouvelles, Car ce fu cils qui à grant tort Li donna le cop de la mort. Et cil troy tuer le devoient, Qui ses liges hommes estoient. Devant son lit sont arresté De mal faire tuit apresté. (MACH., P. Alex., p.1369, 268). Finablement, il fu pris entre yaus, et là occis sans merci ; et li donna le cop de le mort uns teliers qui s'appelloit Thumas Denis. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 103). ...et se tenoit le roy de Chippre a moult grant paine a cheval, car sachiez qu'il estoit bleciez de coup mortel, et ne feust que pour le venin dont le dart estoit entechié, et en pou de temps y paru, car il print mort de cellui coup. (ARRAS, c.1392-1393, 106). ...si se combatoit tousjours atendant la grace de nostre Seigneur et l'heure que le coup de la mort luy fut donné (Saladin C., c.1465-1468, 55). MORS. Ma dardille agüe et mortelle, Espineuse et plaine de noulx, De quoy je donne mortelz coups, Porteray pour ma grant seurté. (Cene dieux, c.1492, 127). Et l'un d'iceulx qui luy donna le cop de la mort, estoit nommé Pierre le Gorgiat, qui depuis fut archier de la garde du roy. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 331).

 

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P. anal. [Par la contagion] : ...ce gentilhomme malade, a deux heures près de sa fin, s'en vint a celle qui luy avoit baillé le cop de la mort [Contagieuse, une jeune femme a donné la peste au gentilhomme] (C.N.N., c.1456-1467, 349).

 

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Coup orbe. V. orbe "Coup qui n'entame pas la chair mais provoque des contusions (p. oppos. au coup tranchant)" : Et lors senty descendre sur lui, aussi dru que pluie chiet du ciel, coups et horions d'un costé et d'autre, et fu moult defroissiez de coupz orbes (ARRAS, c.1392-1393, 306). Le mien seigneur et prince redoubté, Floron de lis, roialle geniture, Françoys Villon, que Travail a dompté A coups orbes, a force de batture, Vous supplie par ceste humble escripture Que luy faciez quelque gracïeux prest. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 50).

 

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Coup de + subst. : Mais li nostre petit gaingnoient, Que Sarrazin maint en blessoient, De cops de pierre et de trais, Qui d'eaus estoient souvent trais. (MACH., P. Alex., p.1369, 86). Courtoisement leur ottria, Et puis moult bien les festia, Et fist jouster en leur presence Ses chevaliers maint cop de lance. Li Sarrazin se mervilloient Coment il ne s'entretuoient ; Car il sont dou gieu desapris, Pour ce qu'il ne l'ont pas apris. (MACH., P. Alex., p.1369, 126). Là ot mervilleuse meslée, Là ot feru maint cop d'espée ; Là ot grant hui et grant debat. (MACH., P. Alex., p.1369, 167). ...pour lequel reffus ilz lui donnerent et frapperent, c'est assavoir : ledit prisonnier et sondit frere chascun un coup de baston, et ledit cordouennier un coup de coustel (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 216). ...je vous donne ces deux verges d'or qui tiennent ensemble ; [dont] les pierres ont moult grant vertu, l'une que cil a qui elle sera donnee par amour, ne pourra mourir par cops d'armes, tant que il l'ait sur lui (ARRAS, c.1392-1393, 27). ...tant que Remondin venist, qui estoit avecques le conte et son frere, qui le mercioit de ce que du premier coup de lance qu'il donnast, il l'avoit la journee abatu. (ARRAS, c.1392-1393, 41). Desquelz Bourguignons en fut par eulx tué deux, et en fut prins cinq, dont l'un d'iceulx fut fort navré, et tellement que tout le devant de son visaige lui fut abatu d'un cop d'espée, et lui pendoit le visaige à sa peau sur sa pettrine. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 60). Ung grant coup de fouet Et que on luy baille au cul la pelle. (P. Jouh. D.R., a.1488, 27). ...et comme ilz furent si près que gecter les lances en l'arrest, les hommes d'armes bourguygnons rompirent les archiers et passèrent par dessus, sans leur donner loysir de tirer ung coup de flesche (COMM., I, 1489-1491, 27). Ilz se y arrestèrent ung peu et donnèrent des coups de picque au travers (COMM., I, 1489-1491, 156). Echilus (...) duquel raconte Valere en son IXe livre comme cestui Echilius eust veu par la revolucion sur sa nativité qu'il avoit à mourir de cop de perre ou semblable, tombant d'en hault (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 40 v°). Au Chasteau, dont en estoit capitaine mons. de Malicorne, nommé Jehan Aubin. XXXVIII. - Pont de l'Arche, auquel lieu y eut deux arbalestiers, dont l'un estoit du party du roy et l'autre à mons. de Berry, lesquelz se entredonnerent chascun ung cop de traict (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 201). Et taicha ledit de Dampmartin de gaingnier ledit Vendange, qui estoit abatu sy n'eust [esté] ledit mareschal, lequel Vandange depuis se retira dedens la place, où il eut un coup de tret au dessus de l'ueil par les gens du roy. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 201). Et en laditte saillie fut tué ledit seigneur de Bajaumont, et disoient aucuns que son cheval avoit esté tué soubz luy d'un cop de hacquebute de ceulx de la ville dudit Quesnoy. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 384).

 

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Coup de bec : Et aucune fois si pres s'en approuche qu'elle [la corneille] a vng coub de bec pour ce qu'elle empresse trop l'aigle. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 487).

 

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Coup de pied : Comment Gieffroy brise et desrompt a un coup de pié l'uis de la chambre ou le jayant estoit, et comment il l'occist. (ARRAS, c.1392-1393, 266).

 

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Coup de poing : LE SOT. Par le vray bieu, le ribault ment, El(le) luy donna deux coups de poing. (Gaud. sot, c.1450, 10). Il n'est engendrement qu'en boing Ne bon bruit que d'homme benny Ne riz qu'aprés ung cop de poing (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 56). Veulx tu veoir ung beau cop de poing Luy asseoir dessus le visage ? (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 736).

 

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P. métaph. Coup de langue : Pis vault le coup de langue que d'espee d'assier ! (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 219). Pis vault ung cob de langue que de lance. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 196).

 

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Coup à main : ...car le prince est chevaleureux, et de tel exercite de guerre, que par bleceure de cop à main, de trait à pouldre ou aultrement, il a bien souvent tant de gens bleciez en sa maison et en ses ordonnances, que, tant pour le grant nombre que pour les divers lieux où les bleciés sont, cinquante surgiens diligens auroient assez à besoigner, à faire leur devoir des cures qui y surviennent. (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, 1474,,, 17).

 

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Atteindre qqn à (plein) coup. "Frapper qqn (en plein)" : "De toutes les armes que les Catheloings et ceulx de vostre pays font et scevent faire, celles de jetter la darde me plaist le mieulx (...) et trop bien en scevent jouer, et qui en est ataint à cop, je vous di que il faut que trop fort il soit armé se il n'est percié tout oultre." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 264). Phillibert estoit descenduz lui IIIJe, et s'estoit mis sur la douve du cavain, par dessus, et faisoit assembler pierres, et gectoit par telle vigueur contre la valee que il n'y ot si fort, s'il est actaint sur la couppe du bacinet a plain coup, qui ne soit tous estourdiz ou ruez du cheval par terre. (ARRAS, c.1392-1393, 202). Lors entoise le levier et cuide ferir de toute sa force sur la teste de Gieffroy, et il guenchist, car sachiez, s'il l'eust attaint a coup, a ce que le levier entra, au chair, bien un grant pié en terre. (ARRAS, c.1392-1393, 264).

 

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Attendre qqn à coup. "Ne pas reculer devant qqn (dans un combat)" : Atant es vous venuz Regnault et Anthoine, qui se fierent d'accort entre les Sarrasins. Et font telle occision qu'il n'y ot Sarrasin ne crestien qui ne s'en donnast merveilleux coups que ilz donnoient. Et, en la parfin, il n'y ot si hardy païen qui les ose attendre a coup, mais par tout ou ilz tournent, ilz vont fuyant. (ARRAS, c.1392-1393, 184). Lors fu Gieffroy assailliz de tous costez, et il se deffent hardi comme lyon, que mal soit du Sarrasin qui a coup l'oze attendre, mais lui gettent de loing lances et dars, et lui traient sang en pluseurs lieux. (ARRAS, c.1392-1393, 232).

 

Rem. Aussi : Et si porte si vaillaument que chascun dit que ly roys est moult vaillant et preux de la main, et n'y ot si hardy Sarrasin qui acoup l'osast actendre [ms C : aucoup]. (ARRAS, c.1392-1393, 105).

 

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Charger qqn de coups : Et Uriien le fiert de l'espee sur le heaume grant coup de toute sa force. Et fu le soudant si chargié du coup qu'il fut si estourdiz qu'il ne voit ne entent, et pert le fraing et les estriers, et l'emporte le cheval partout ou il lui plait. (ARRAS, c.1392-1393, 112). Et Regnault le refiert et le charge si de coups qu'il le convint voler par terre (ARRAS, c.1392-1393, 185).

 

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Donner un coup/des coups : Et tel cop li donne en la face Que devant li chiet estendus, Ne plus ne puet estre entendus, Car on ne le vuet plus oïr. (MACH., D. Aler., a.1349, 323). Bremons une hache tenoit, Dont grans et rutes cos donnoit. (MACH., P. Alex., p.1369, 73). ...le senglier estoit enversé du coup que le conte lui avoit donné (ARRAS, c.1392-1393, 22). Et cil tira un costel trenchant et agu, et l'en cuida ferir, mais vostre pere despassa et lui donna du pommeau de l'espee qu'il lui avoit tollue si grant coup en la temple, a ce que la coiffe d'acier qu'il avoit affublee n'estoit pas forte, qu'il le rua tout mort sur la terre. (ARRAS, c.1392-1393, 50). En ce party se combatirent grant espace de temps, et s'entredonnerent moult de grans et horribles coups. (ARRAS, c.1392-1393, 63). Le roy de Craquo estoit armez et montez sur un fort destrier, sa banniere au vent, acompaignié bien de XV mille. Sarrasins, et s'en vint vers la bataille. La ot maint coup pris et donné, et par force convint Bahaignoiz reculer jusques aux barrieres. (ARRAS, c.1392-1393, 180). Et le jayant prent son flayel de plonc et en donne a Gieffroy grant coup sur le bacinet, si que prez qu'il ne fu tous estourdiz. (ARRAS, c.1392-1393, 246). Si vint a luy et luy dist, en luy donnant ung petit coup sur le chapeau... (C.N.N., c.1456-1467, 254). Il me fault ung bon cop donner [pour couper la tête à Jean-Baptiste] Pour luy mitiguer la doleur. (Pass. Auv., 1477, 101). Celle croix prenés sur le dos ! Galans, donnés luy de bons cops ; Puis luy aydarés charger la croix. (Pass. Auv., 1477, 189). Il est mort ; de riens ne fait compte ! Toutesfoiz luy donrey je ung cop. (Pass. Auv., 1477, 229). Et bien apparut au departir qu'il s'estoit trouvé là où les cops se donnoient, comme il povoit apparoir à saditte javeline aux enseignes qu'elle portoit. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 302).

 

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Faire un coup. "Frapper" : Or sa, sa, je feray ung cop Que ne sera bon ne honneste. Mon amy [Jean-Baptiste], salhés vostre teste ! Je suis venu pour la coper. (Pass. Auv., 1477, 99).

 

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Ferir un coup : ...ferir .I. cop d'espee. (FROISS., Chron. D., p.1400, 730). ...du dos du cousteau, fiert au col de l'yvroigne ung grant et pesant cop et a terre l'abbat (C.N.N., c.1456-1467, 63).

 

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Sans coup ferir. "Sans combattre, sans se défendre ; sans avoir à combattre, facilement, immanquablement" : Mon chier seigneur, s'il peut, la guerre Sans cop ferir eschievera (Mir. Amis, c.1365, 29). Einsi seront peri les nostres, Et mis à mort sans cop ferir. (MACH., P. Alex., p.1369, 82). Nous en yrons ; la vie y court. Nous ne volons mie morir Seans de fain, sans cop ferir, Ne ce n'est riens de no pooir Contre le leur, à dire voir. (MACH., P. Alex., p.1369, 107). Quant li roys oy la nouvelle, Moult li fu plaisant et nouvelle, D'un tel royaume conquerir Sans labeur et sans cop ferir. (MACH., P. Alex., p.1369, 223). Ilz sont desconfiz et sans cop ferir. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 106). Or regardez la grant desconfiture sus eulx, et sans coup ferir (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 112). ...mais les unes se rendoient sans coup ferir (JUV. URS., Loquar, 1440, 316). Et quant lesdiz traistres habitans du Liege virent leurdit evesque es mains dudit La Marche son ennemy, luy tournerent le dos et, sans coup ferir, s'en retournerent en ladicte cité de Liege. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 119). Mouray sans coup ferir Ou pictié veult, selon ceste teneur, Sans empirer, ung povre secourir ? (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 83). ...leurs gens s'estoient mys au pillaige et estoient bien aises de gaignier et de prendre partout ça et là sans debat et sans coup ferir. (BUEIL, I, 1461-1466, 109). Allons debatre la querelle, Sans coup ferir, dessus le mort ; Si conscïence le remort, Nous en aurons la verité. (LA VIGNE, S.M., 1496, 528).

 

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Frapper un coup : Et print d'un de ses gens son espée, et ledit Seignet miz à genoulx près du graphier, frapa IIJ grans couz ledit Roy sur le doz dudit Seignet (BAYE, II, 1411-1417, 244). Et lors monseigneur du Maine, monseigneur l'admiral de Montauban, le seigneur de la Barde et autres cappitaines qui bien avoient de VII à VIIIc lances, se retrahirent et s'en alerent et habandonnerent ainsi le roy, et, à ladicte journée, nul des dessusdiz n'y frapa un seul cop (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 67).

 

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Fuir au coup./Tourner du coup. "Éviter le choc" : Et quant le soudant le voit venir, si ne le reffuse pas, mais entoise la hache, et cuide ferir Uriien sur la croix du chief. Mais Uriien tourne du cop. La hache fu pesant, et a la baissier, la hache lui vola des poins. (ARRAS, c.1392-1393, 112). Ainsi comme vous ouez, fu Gieffroy a pié devant le jayant, qui tenoit la faulx en ses mains, et cuida ferir Gieffroy, mais il tressaut en fuiant au coup, et, au retourner, le fery de l'espee sur la hante de la faulx par telle maniere que il la tronconna en deux. (ARRAS, c.1392-1393, 246).

 

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Ravoir son coup. "Pouvoir frapper à son tour" : Lors [le géant] entoise le levier et cuide ferir de toute sa force sur la teste de Gieffroy, et il guenchist, car sachiez, s'il l'eust attaint a coup, a ce que le levier entra, au chair, bien un grant pié en terre. Mais, avant que le jayant peust ravoir son coup, le fery Gieffroy de l'espee sur le costé tellement qu'il lui fist le levier saillir des poings, et en sailly une grant piece. (ARRAS, c.1392-1393, 264).

 

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Traire un coup : Biaus fieux, dist Corbadas, ly vieux kenus floris, Cieus qui a trait ce cop avera ton pays (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 460).

 

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P. métaph. : ...Car ja ne te sera si fiere Qu'elle te laidenge ne fiere, Se ce n'est de ses trés dous yeus Rians, attraians et soutieus. Mais je les tesmongne pour tels Que leurs cops ne sont pas mortels ; Car douce en est la blesseüre Et aggreable la pointure. (MACH., R. Fort., c.1341, 104). Car assez à porter ay Des maus d'amer. Vers yaulz ne porray durer, Car, pour tels cops endurer, Foible me sçay. (MACH., Ch. bal., 1377, 625). Car vraiement, dame, se je perdoie L'esperence de joie recouvrer, Par autre amer, desesperez seroie, Car foibles sui pour tels cops endurer (MACH., L. dames, 1377, 166). Mes las cuers se sent tiex Qu'il n'est maus qu'il ne sente, Dont jamais n'iert sentieus, Car par engiens soustieus L'ateint de cos mortieus Amours qui en li s'ente. (MACH., Les lays, 1377, 301).

 

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Prov. : Pour nul exchès queilcunque, ne doient eistre impetrées queraintaines, s'ilh n'at oyut estour ou burynne, ou plus gran mal, entre les partiies. Car, pour maneches, haymes, vilains parleir, deffianches ne cas semblans, ne puet ons querantaines impetreir, s'ilh n'y at cop ferut ; car ly coup fait le guerre, et nient les parolles. (HEMRICOURT, Patron Temp. B., c.1360-1399, 152). ...comme dit Tulle, Melius est prevenire quam preveniri, cellui qui frappe le premier coup communement a grant avantage. (JUV. URS., Loquar, 1440, 389).

 

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Le coup premier vaut toujours cent : Mon tres chier frere, je vous prie Que ne vous esmayez de riens ; Vitoire arez, je vous affie, Contre ces desloyaulx chiens ; Que a nous y ne sont puissant Quant vitoire avons eu sur eulx. Le coup premier vault tousjours cent ; Qu'i bien en fait ung en fait deux. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 549).

 

2.

"Décharge de catapulte ou décharge d'une arme à feu" : Et, le lundi ensuivant [19 août], lesdiz Bretons et Bourguignons et autres de leurdicte compaignie vindrent devant le pont de Charenton, ouquel lieu ilz assirent plusieurs pieces d'artillerie, et d'icelle tirerent aucuns cops contre la tour dudit pont. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 85). Ce jour aussi, lesdiz Bourguignons tirerent de leur artillerie aux gens du roy estant audit Port à l'Anglois, et y ot ung gentilhomme de Normendie qui ot la teste emportée d'un cop de serpentine. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 98). Et si ot ung cheval de pris qui estoit tout bardé de cuir bouilly, qui fut tué d'un cop de coulevrine que lui baillerent lesdiz Bourguignons. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 109). Et, quant voz bombardes commenceront, faictes que les veugloires et la menue artillerie tirent quant et quant aprez le coup de la bombarde, affin que ceux de dedans n'ayent puissance de riens boulvarder ne de amender le dommaige que la bombarde leur aura fait. (BUEIL, II, 1461-1466, 41). Celluy tref on tire à chaisnes et est fait en manière que on le puisse bouter et retirer, tellement que ceulx qui sont dedans l'engin, pevent par ce tref ferir grans coups contre le mur, si que tout l'estonnent ; et donne ses coups tout à la manière d'ung mouton qui reculle, quant il veult ferir. (BUEIL, II, 1461-1466, 50). ...on tira plus de trois cens coups d'artillerie contre le dit chasteau. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 256).

 

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Coup d'artillerie : Et fut tué de ceulx de ladicte place, tant de cops de main que d'artillerye (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1488, 28).

 

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Coup de canon. V. canon1 : La commenca grant effroy de canons et d'arbalestres, d'archiers, de gect de pierres et de coups de canons. (ARRAS, c.1392-1393, 217). ...mutillé en l'une de ses jambes d'un coup de canon (Ch. VI, D., t.2, 1423, 86). Estant ainsi ces deux batailles rengées l'une devant l'autre, se tirèrent plusieurs coups de canon qui tuèrent des gens d'un costé et d'autre. (COMM., I, 1489-1491, 33).

 

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Coup à poudre : Plusieurs Liegeois furent tuez devant Saintron, les ungs de cop à pouldre et les aultres autrement (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 67).

 

-

[D'une arme à feu] Tirer un coup : Mais les estradiotz se trouvèrent bien espouventéz aussi de l'artillerie, car ung faulcon tira ung coup et tua ung de leurs chevaulx, qui incontinent les fit retirer (COMM., III, 1495-1498, 164).

 

3.

"Attaque"

 

-

Coup de main. "Attaque faite à l'improviste" : Et fut tué de ceulx de ladicte place, tant de cops de main que d'artillerye (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1488, 28).

 

-

Faire un coup. "Attaquer rapidement" : Et, quant le Jouvencel vit qu'ilz approuchoient de la ville, pensa qu'il estoit temps de faire quelque coup ou jamaiz, et envoya ung courreur au comte de Parvanchières luy prier qu'il lui envoyast le vieil Cappitainne et le Mareschal de Crathor, et qu'ilz renforçassent ung peu leur alle (BUEIL, I, 1461-1466, 215).

 

.

Faire les grands coups. "Faire des ravages" : Dont les riches, les puissans, qui estoient armez, faisoient les grans coups quant ilz s'embatoient entre les chevaliers mal armez. (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 297).

 

4.

"Fait de heurter qqc., heurt"

 

a)

[D'une pers. ou d'une chose] : ...quand ilz sont a l'endroit de la fenestre, maistre moyne (...) de son baston ung coup hurta (C.N.N., c.1456-1467, 107). Mon Dieu, veez la terribles cops. (...) O durs cueurs, Ne frapés plus sur ces gros cloux ! (Pass. Auv., 1477, 197). Par trois jours fut departy le vin que l'on donnoit chez le duc, pour les gens qui en demandoient, à coups de congnée, car il estoit gellé dedans les pippes et failloit rompre le glasson (COMM., I, 1489-1491, 168).

 

-

Heurter un coup : ...l'huys n'estoit pas ouvert (...) quand monseigneur hurta de son baston ung treslourd coup (C.N.N., c.1456-1467, 112).

 

-

Loc. fig. Au coup la quille. "Au hasard, à tort et à travers" : Il brouille de drap et babille Puis de brebis, au coup la quille ! (Path. D., c.1456-1469, 168).

 

Rem. Aussi Coquillart, Le Monologue de la gouttière, vers 152-159 : Je m'en partis faisant les saulx, Frisque, mignon, gaillart, habille Saultant, voustant sur les carreaux, Pour prendre congé de la fille. Je payoie bien au coup la quille, Bref, nous fismes si grans despens Que je n'avoie plus croix ne pille Quand j'arrivay cheux mes parens.

 

b)

[Le corps qui frappe est un outil ou un élément d'un mécanisme] : ...et fera la roue du mouvement ung tour et ung quart et la roue du foliot 20 tours par heure, et frappera a ung des boutz de la rencontre 540 cops. (Traité d'horlogerie Z., c.1380, 276).

 

-

"Coup (de la hache)" : ...et doivent et sont tenus païer pour un cop en boiz vert XII d., et pour un faiz de boiz XII d. ; et pevent abatre et desbuchier lesdiz arbres sans en païer aucune amende (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 225).

 

-

"Coup (du marteau)" : Dient plus les Ebreux que par sept ans durant eut chacun jour XXXm maçons et qu'il fut fait hors Jherusalem et puis par pieus assemblés au lieu où il devoit estre et que onques coup de martel ne de lime n'y fut oy, qui est chose moult merveilleuse. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 34 r°).

 

c)

"Action de frapper pour produire un son" : TRESORIER. Avant que monsieur soit venu, Faictes le dernyer cop sonner, Marellier. MARELLIER. Tresdru et menu, Sans plus longuement sermonner, A sonner me veulx ordonner. (LA VIGNE, S.M., 1496, 544).

 

-

P. ext. Coup de trompette : Au second cop de la tronpete, tout s'armerent ; et au tierch son de la tronpete, tout monterent as chevaus (FROISS., Chron. D., p.1400, 774).

 

-

[P. réf. au son de la cloche] Estre bien tant de coups. "Être bien telle heure" : Il est bien neuf cous (Myst. st Clément Metz D., p.1439, 554).

 

5.

[Cont. grivois] : ...si tost qu'il en auroit fait ung coup ou .ii., il se leveroit (...) et tout secrettement s'en alla au lit ou cuydoit la jeune fille trouver et trouva sa femme et luy fist deux foys. (TARDIF, Facéties Pogge D.H.-P., c.1490, 239). LA FILLE. Quant ung homme n'a les rains fermes Pour jouster ung coup de lance, Ce n'est riens que de sa puisance A l'encontre d'ung bon escu. (P. moyne, a.1500, 49). LE GENDARME. (...) J'ay encore une verte vaine. LA FILLE. Ung coup a la longuë alaine, Par ma foy, ce seroit grant peine, Si n'esse pas ce qu'il me maine En ce lieu que de vous avoir, Car vostre puissance est trop vaine Pour bien faire vostre devoir. (P. moyne, a.1500, 51).

 

-

Heurter un coup : ...des la premiere nuyt qu'il se maria, et après qu'il eut heurté ung coup a sa femme, elle luy rendit ung enfant (C.N.N., c.1456-1467, 7).

B. -

P. méton.

 

1.

"Trace laissée par un coup donné" : Et avoit ledit duc de Bourgongne ung cop d'un baston nommé halebarde à ung costé du milleu de la teste par dessus l'oreille jusques aux dens, ung cop de pique au travers des cuisses et ung autre cop de pique par le fondement. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 41). Veez-cy ceulx qui en viennent. L'un a un coup d'espée au travers du visaige ; l'autre est tout effrayé et dit que tout est mort ou priz (BUEIL, I, 1461-1466, 144).

 

2.

"Son que rendent certains corps quand on les frappe" : Faites le saint un cop sonner (Mir. emp. Julien, 1351, 184).

 

-

"Coup de cloche annonçant une heure" : ...recordant que oudit jour d'uy, environ heure de prime, lui avoit esté dit que ledit drap seroit retondu et appareillié au cop de nonne, s'en retourna environ icelle heure de nonne par devers ledit tondeur, en entencion d'avoir et recouvrer icellui drap (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 112). Quant vint au coup de midy, le jour dessusdit, la grosse cloche de ladite église sonna par troys foiz l'espace d'une heure, et avecques icelle cloche la cloche de l'université, affin que ung chascun se rendist es lieux depputés. (Roi René vie L., 1481, 390).

C. -

P. ext.

 

1.

"Mouvement brusque (imprimé à qqc.)" : Item, par ce appert pourquoy le coup d'une chose jectee ou traicte est plus grant non pas ou commencement du mouvement ne en la fin, et pourquoy aucune fois pres du commencement, si comme de ce qui est gecté ou trait droit en haut, et aucune fois plus loing du commencement et plus vers le milieu, si comme de ce que est trait en travers, car le coup est plus fort la ou l'isneleté est plus grande. (ORESME, C.M., c.1377, 416).

 

-

De son coup même. "De son propre mouvement" : ...mais dame Fortune, qui donne à l'un et oste à l'autre, se tourna à celle heure à l'encontre de messire Jacques, car il se bouta de son coup mesme parmi la pointe de la hache de son adversaire (Faits Lalaing K., c.1470, 185).

 

-

Tourner un coup. "Tourner soudainement et vivement" : ...et, comme par une grant constraincte, tourna ung coup, puis se remist en fuitte, comme cellui à qui il ne tenoit pas semblant fors de soy sauver. (BUEIL, I, 1461-1466, 135).

 

-

Coup de langue. "Mouvement de la langue (conduisant à un excès de nourriture)" : Le second damaige qui vient de gloutonnie est maladie et maladies de corps, car selonc le proverbe commun, plus de gens muerent de caup de langue que de caup de lance, et l'Escripture dit que en planté de viandes ne fauldra pas maladie. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 285).

 

2.

En partic.

 

a)

"Mouvement donné à un instrument" : ...en faulchant et ramenant son coup par derrière, ainsi que font tous aultres faulcheurs, de force et de tout son povoir, et sans ce qu'il pensast à aucun mal faire audit Simon, son cousin, rencontra icellui Simon de la poincte de sadicte faulx en la cuysse senestre à l'endroit de la souriz et le blessa (Doc. Poitou G., t.12, 1475, 23).

 

b)

JEUX "Au jeu de boule, chacun des lancers que fait un joueur dans une partie" : ...les diz Canteau et Marchant retournerent par esbatement à ycellui jeu, pour veoir qui feroit le meilleur cop et plus près du dit jeu, sanz vouloir jouer pour le vin ne autrement que par esbatement. et lors le dit Jehan Canteau gecta sa bille contre la butée d'icelui jeu et suivy sa dicte bille ; et après, advint que en soy abaissant pour lever sa dicte bille, le dit Jehan Marchant gecta la sienne et en ataigny par la teste le dit Canteau ainsi abaissé (Doc. Poitou G., t.6, 1394, 179). ...ledit Guillaume demenda s'il y avoit aucun qui voulsist entreprandre de geter la boulle depuis le coing de la maison de Janolhac en XIIII. copz, icellui suppliant respondi que il la lui bailleroit en XIII. depuis ledit coing jusques à Sacheignes, ce que ledit suppliant print a geter en XIII, copz parmy ce qu'il suivroit sa boulle, mes que, s'il la mettoit aux vigniez, il perdroit. Et ledit Guillaume adonc geta deux grans blans à terre pour la misallie, ce que ledit suppliant en mist autant. (Doc. Poitou G., t.12, 1476, 87).

 

-

Jeter ses coups : ...ledit supliant s'en alla en ung chenevreau près nostre ville de Poictiers, avec ung nommé Meriache et autres compaignons estans audit chenevreau, lesquelz jouoient aux quilles, et illec se print à jouer avec eulx. Et ainsi qu'ilz jouoient, y arriva Guillot Varlet, qui pareillement se print à jouer, et ainsi qu'ilz eurent getez leurs copz, ils furent parelz en jeu, tellement qu'il y eut rapeau (Doc. Poitou G., t.12, 1478, 224).

 

-

[Au jeu de dés] : C'est ung legier jeu a aprendre Du premier cop le sçay entendre. Or ça, lequel commencera ? (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 192).

 

.

Coup de dé : Lequel argent icelli prisonnier perdi tout, ausdiz jeux, aus trois compaignons qui illec s'estoient assemblez, sanz ce qu'ilz jettassent coup de dé, ne couchassent ou engaigassent aucunement leurdit argent (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 139).

 

3.

"Action d'absorber un liquide en une seule fois, par un mouvement plus ou moins brusque ; quantité de liquide ainsi absorbée"

 

-

Boire un coup : Tout fut rifflé par le plaisir d'amours Et tout galé sanz compte et sanz mesure, Et buvoit on de gros cops et de lours Et avoit on souvent grace pasture (MACH., App., 1377, 637). Et fist crier Uriiens que qui vouldroit boire un cop, qu'il beust, et donnast avoine aux chevaulx. (ARRAS, c.1392-1393, 98). ...il estoient ja entré dedens, et tout mis a sauveté (...) et avoient encores eu loisir de boire un cop et de euls rafresqir. (FROISS., Chron. D., p.1400, 546). Il beut un cop, menga quelque lopin Comme plusieurs bien sçavent la façon (LA VIGNE, V.N., p.1495, 156).

 

-

Coup à boire : SOTOUART. Il n'eust eu [ne] sens ne memoire S'il n'eust eu chascun coup a boire, Par boire fort de ce bon vin Estoit reputé sot devin. (Vig. Trib., c.1480, 230).

 

-

Prov. [P. allusion à ce geste] Qui a les coups, si les boive : Mais il n'en fit pas grant compte et dit : "Les folz font les folies. Qui a les coups, si les boyve. Si n'y fussent pas alez sans congé. Encores avoye-je deffendu que on ne fit riens ou peu ennuyt..." (BUEIL, I, 1461-1466, 196).

 

Rem. DI STEF., 208b.

D. -

Au fig.

 

1.

"Action ou circonstance"

 

a)

"Action subite, entreprise" : De l'autre qui son doy copa, Vraiement fait un let cop a. Car Guillaume, quoy que nuls die, Je le tien a grant cornardie, Si m'en pense po a debatre. Car il y avoit trois ou quatre Voies qui deüssent souffire, Et il prist de toutes la pire. (MACH., J. R. Nav., 1349, 240). Si que, ma chiere damoiselle, Qui moult amez honneur la belle, Vous devez bien, a dire voir, De ce cop ci honneur avoir. (MACH., J. R. Nav., 1349, 252). Ilz sont bons en ne soy hobant Soubz cheminees, Quant leurs bouches sont avinees Et ilz ont les bonnes vinees. Lors comptent de leurs destinees Les quoquars foulx ; Alors se vantent des gros coupx Et font gras despens et grans coustx. (CHART., L. Dames, 1416, 225). Mais je m'escriay : "Saincte Barbe, Vueille moy ayder a ce coup, Et je t'ayderay l'autre coup !" (Fr. arch. B., c.1468-1480, 31). BEAUCOP. Qui ? ho, je fis ung tour de maistre Pour le premier coup, mais aussi Oncques puis ne fuz, Dieu mercy, Que ne me trouvasse trompé. (B. veoir, p.1480, 16). Par quoy on doit bien craindre de se mectre au hazard d'une bataille qui n'y est contrainct et, si force est que on y vienne, mectre avant le coup toutes les doubtes dont on se peult adviser. (COMM., I, 1489-1491, 121).

 

-

Faire un coup. "Accomplir une action" : Egar : g'i voi deux grans ribaus Qui semblent estre fors et baus Pour faire tost un cop cornu. (Mir. femme, 1368, 186). Là fist Hanris de Gibelet Le pieur cop et le plus let, Car trop durement le haoit Pour ses enfans que pris avoit, Einsi com devant conté l'ay, Si qu'il ne fist pas lonc delay (MACH., P. Alex., p.1369, 269). Le mary, qui mouroit de faire ung cop de sa main, trouva façon d'envoyer son cousin veoir que faisoient leurs chevaulx (C.N.N., c.1456-1467, 355). Et fis ce coup la au Dimanche, Que dy je ? ung lundy matin (Fr. arch. B., c.1468-1480, 36). Et, se ledit duc se y mect, envoyez querir le mareschal de Loheac et vous joignez ensemble, et alors serés assés gens, mais qu'il amene tout ce qu'il a pour destrousser quelque convoy et faire quelque bon coup. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 298).

 

b)

"Action intense ; d'où grande quantité"

 

-

Beau coup. V. beaucoup : Et coment qe homme purreit trover de cest temps passee assez de bon matire pur plus parler beau coup de la grande humblesce de ceo douz filz Jesus Crist (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 35). J'estoye cy venu pour vous dire Par mon ame, vecy pour rire, J'ay l'entendement partroublé, Se j'avoye beau coup doublé, Je seroye riche marchant, Ha seurement g'iroye marchant Parmy les rues de Paris, Faisant monsieur du gros bis, Fouré de robes de regnars, Comme font ung tas de cornars (S. fol, c.1480-1490, 7).

 

-

Grand coup : ...toudis demeuroie et galés et ribeaux De boire et de riffler et de jeuer grans caux ! (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 862). Guilliam, deschausez vous tost et lavez voz jambes, et puis les ressuez d'un drapelet et les frotez bien pour l'amour des puces, qu'ils ne se saillent mye sur voz jambes, car il y a grant cop gisans en le poudre soubz les juncs. (Man. lang. G., 1396, 86). De ceulz ne tint on compte qui eurent mais drappeaulx, Ains avoient de maches ou de bastons grans caux. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 111).

 

-

Coup et menu. "Beaucoup, abondamment" : Chascun tiengne cop et menu Tant que vïande durera. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 431).

 

c)

"Occasion, circonstance (favorable ou non)" : Tel cop porroit venir (...) Que... ["il pourrait arriver que..."] (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 312).

 

-

Voir son coup. "Trouver l'occasion favorable, le moment opportun" : ...et s'ilz veoyent leur cop d'aventure, ilz s'aventureroient (LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1352-1356, 197). ...si saillirent quant ilz virent leur cop sur l'ost (LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1358, 324). ...Gerard (...) s'enamoura tresfort d'une damoiselle de leans nommée Katherine. Et, quand il vit son cop, il luy osa bien dire son gracieux et piteux cas. (C.N.N., c.1456-1467, 163).

 

.

Voir son coup de + inf. : ...la seur de nostre gentilhomme (...) jectoit l'oeil souvent et menu sur ce bergier ; et de fait jamais ne cessa tant qu'elle vit son coup de luy dire... (C.N.N., c.1456-1467, 358).

 

-

Un coup viendra qui paiera tout : Et ainsi fut trompé le Jouvencel. Mais neantmoings il fut plus entalenté d'entreprendre sur ses ennemyz que devant. Et s'en retourna à Crathor en reconfortant ses gens en leur disant que ung cop viendroit qui tout payeroit. (BUEIL, II, 1461-1466, 120).

 

Rem. Prov. H., C 325.

 

-

De coup de malaventure. "Par malchance" : ...[Jehan Gaultier] tira ung petit poignart qu'il avoit à sa sainture et de copt de malavanture lui en bailla ung copt soubz le braz droit, dont ledit Huguet se escria, disant qu'il estoit mort. (Doc. Poitou G., t.12, 1476, 89).

 

-

Par coup d'aventure. "Par chance, par extraordinaire" : Si advint que le Chevalier du Serf gicta son espee en la tarverse ; si embrace messire Lamer si fort a la main, par coup d'avanture, qu'il ne peut tenir son espee en sa main, et faillit qu'il la rendist au chevalier, lequel la print moult doulcement a mercy. (Charles de Hongrie C., c.1495-1498, 107).

 

2.

[Dans le temps]

 

a)

À ce/cest coup. "En l'occurrence" : ...je t'aideray sanz demour, Si qu'a ce cop ne faudrons mie, Tant leur ferons d'engeingnerie Pour la mére Dieu courrocier. (Mir. enf. diable, c.1339, 5). ...Olivier est courtois, Bien a tenu convent, a ce coup m'aperçois (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 198). Daniel en mi eaus se dresse Et dit : "La verité sarez ! L'un long de l'autre separez." Et tantost on les separa. Grant honneur a ce cop ara, S'il fait que la verité pere Par la vertu de Dieu le pere. (MACH., C. ami, 1357, 13). Amis, compains et tresdoulz sires, Je serai a ce cop vos mires, Quar telz nouvelles vous diray Que de tous poins vous gariray. (MACH., Voir, 1364, 46). Et dist à ses gens : "J'ay erré. Or cheminons ferme et serré, Tout ensamble et le petit pas. A ce cop Dieux ne faurra pas, Qu'il ne nous conforte et aïde, Se nous requerons son aïde. Mais il faut que nous nous aidons Et que tres bien nous deffendons." (MACH., P. Alex., p.1369, 93). A ce cop cognois je bien que jamais ne vauldrez riens. (LA SALE, J.S., 1456, 9). Ha ! dit elle, sur ma vie, ce a esté mon mary. A ce coup suis je une femme perdue (C.N.N., c.1456-1467, 381). ...toute raison estoit de luy a cest cop arriere mise ; seullement luy challoit d'accomplir sa fole volunté (C.N.N., c.1456-1467, 456). A ce coup me tiengë infaicte, Moy, pouvre Vie, en chacun sexe La Mort de tous quartiers me vexe, Hommes, femmes de chacun aage, Ensemble le maistre et le paige, Les dames avec les pucelles, Adolescens, tendres pucelles Perdront leur fleur par mort amere (Cene dieux, c.1492, 133).

 

-

[Impliquant un enchaînement] "Là-dessus, sur ces entrefaites" : "...pour la paix de mon cueur, je vous requier que nous l'esprouvons." Et a cest coup el [ouvroit] l'huys (C.N.N., c.1456-1467, 113). "...Helas ! monseigneur, ce respond il, jamais ne m'aviendra ; elle fut cause de ce que j'ay fait !" A cest coup, il s'en alla (C.N.N., c.1456-1467, 457).

 

-

Après coup. "Postérieurement, ensuite" : ...il ne se peult tenir qu'il ne la baisast, et elle le souffry en retirant son viaire aprés coup. (Percef. I, R., t.2, c.1450 [c.1340], 725). Encheute a enffans de plussieurs mariaige. Jugement (...) que dit coment que, se plussieurs enffans que soient freres et suer, dont li aulcun ne sont mie germain, partent heritaige ensambles que vient de pairt lour peire ou de pairt lour mere, et il avient aprez copt que li ung des enffans germain aille de vie a mort, tout son heritaige eschiet a cez suers ou a ces freres que sont germain (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1345], 245).

 

-

Avant le coup. "À l'avance"

 

Rem. Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], gloss.

 

b)

[Idée d'une chose qui arrive brusquement, subitement]

 

-

À coup. "Subitement, brusquement, immédiatement, tout de suite, sur le champ" : ...et par grant orgueil du patron qui ne daigna commander que le voisle fust abaisse, [un] raffle a cop seurvint si fort que la galee ne le pot soustenir, et reversa la moitie de la galee en la mer (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 581). ...et illec se tenissent jusques environ après heure de soleil levant, que le capitaine et portier d'icellui chastel à cop et à très-grant haste mettent ceulx qui ont gueritié ycelle nuyt hors dudit chastel (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 191). A coup sembla tout esperdu (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 133). ...et aucuneffois en faisant la cerche par leur guet, se ilz ne leur respondent hastivement et a cop, leur imposent que ilz dorment (Chron. Mt-St-Mich. L., t.1, Pièces div., 1425, 226). ...ceulx auxquieulz le roy Richard meismes se fioit le plus a coup se tournerent contre luy (JUV. URS., T. crest., c.1446, 152). LE GAUDISSEUR. Quant sus ma teste ay ma salade Pour a coup faire une passade, Homme ne crains dessus la terre. (Gaud. sot, c.1450, 7). LE SOT. Voire pour batrë ung malade, Quant il a sa grant halebarde, Et pour casser a coup ung voirre. (Gaud. sot, c.1450, 8). Moustrés ça que vous baillierés Acoup et ne demourés guieres, Et je laverey les verres, Mes despachés vous victemant. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 87). "...je me leveray et luy monstreray le derriere. - Et que c'est bien dit, dist l'oste, qui a coup pensa ce qu'il vouloit faire..." (C.N.N., c.1456-1467, 403). Sus, tost ! la royne des guiternes, A coup, qu'el(le) me soit aprouchee ! (Path. D., c.1456-1469, 122). ...icellui jeune homme, à coup et soudainement, acquist renom envers le cappitaine de Luc. (BUEIL, I, 1461-1466, 33). Alors les ambassaeurs prindrent congié du roy (...), et furent menéz a cop par le marissal et conte de Dampmartin en une chambre dudit hostel du roy, et illec firent collation. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 41). TESTE VERTE. Sa, a coup venez. (Sots triumph., c.1475, 39). LA FEMME [au chrétien]. A cop Allons vers ces juifz, je vous prie, Et comptons nostre cas a coup. LE CRESTIEN. A coup Il fault penser d'avoir la vie. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 86). LE PAINTRE. Do[nc] je le fais à dire veoir ... auray quatre florins d'or. LE VILLAIN. Or ça, maistre, j'en suis d'accort. Metés vous a copt en besongne. (ARCEL., Vieill. C., c.1480-1520, 606). Il [Lazare] estoit mis ou limbe, mais Il est venu tout maintenant Une voix haultement tonnant (...) Laquelle a haultement huchié : "Lazaron, vien a cop dehors". Si ne fusmes pas assez fors Qu'il est vuidé de nostre porche, Maugré nous (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 507). Sus, sus, a coup qu'on se despesche ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 416). Venés parler a vostre sire, Laurens, et vous aussi, Vincent. Il a ung bon maistre entre cent, A coup vous veult ouyr parler. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 142).

 

Rem. WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, gloss.

 

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Si à coup. "Si promptement, si vite" : ...se ils eussent esté cent hommes ensemble, ils eussent gagnié dès cette heure ladite ville de Bayonne, et fussent entrez par la porte pesle-mesle avec ceulx de dedens ; mais ilz ne pouvoient monter si à cop lesdits fossez pour venir hastivement, tant estoient profonds, pource qu'ils n'avoient nulles eschelles. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 316).

 

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"En une fois" : LE SOT. Quant il se treuuë avec gens Pour a coup menger six harens, Jamais n'en a nulz a mercy. (Gaud. sot, c.1450, 8).

 

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Coup à coup. "Immédiatement, brusquement" : Tuer le voloit cop a cop. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 118). Il ne m'en fault jurer saint Mor, Quans en est qui font cop a cop Comme Sichen le fil d'Emor Yvre de l'amoureux cyrop ! (MARTIN LE FRANC, Champion dames D., t.2, 1440-1442, 165).

 

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Tout à coup. "Subitement, aussitôt" : Il eüst ja feru sur le chief par devant, Se le roy ne ce feust tout a coup detournant (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 209). Quant un jour suis sans que je voye Un seul plaisir que mes yeulx ont, Toutes les lëesses qui sont Ne me mectroient pas en joye. Plus me dueil que se je perdoye Tous les biens qui ja m'aviendront, Quant un jour suis sans que je voye Un seul plaisir que mes yeulx ont. Mais s'il lui plaist que la revoye, Mes doleurs tout a coup s'en vont, Qui au departir reviendront Plus dures que je ne vouldroye. (CHART., R. Bal., c.1410-1425, 383). Car Couvoitise est tousjours coustumiere D'amer honneur assez escharcement Et tout a coup par son aveuglement Entrerompre l'ordre de bon ouvrage. (CHART., B. Nobles, c.1424, 400). ...le chevallier (...) se redressa tout a coup et fery Pernehan sus son escu si anguoisseusement qu[e]... (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 57). Madame tout a cop se leve, et prend sa robe de nuyt (C.N.N., c.1456-1467, 119). Et, ainsi qu'il parloit à ses gens en ung païs estroit, lui vint soudainement dire l'un de ses serviteurs : "Veez cy nos ennemys." Et tout à coup le Jouvencel dist à ses gens de pié : "Il ne fault pas reculler d'icy ; car en recullant, se l'on chargeoit sur nous, nous serions desconfitz ; et pour ce tost à pié." (BUEIL, I, 1461-1466, 151). SOTIE. Tout a coup, sans plus de langaige, Faictes Chascun venir a moy. (Sots triumph., c.1475, 39). ...son dit cheval se tira tout a cop pres du dit puiz si soubdainement que le dit homme cheut en icelluy puiz et fut noyé (LA VIGNE, V.N., p.1495, 259).

 

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"Très vite" : Chascun pense de mesnaiger, Car le temps passe tout a cop. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 633).

 

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À ce coup/à ces coups. "Au moment même, à ce moment-là, alors" : Adonc leur pria il que il se traïsissent tout bellement et en pais en leurs maisons. A ces cols il descendi, et toutes ses gens partirent dou marchiet et retraïssent à leurs hostels. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 217). A cel cop monta Phelippes à cheval (...) et prist le chemin de Gand. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 27). "Volés vous (...) que je me deshonneure ? J'aroie plus chier que vous fuissiés tout pendut, enssi que vous serés, car vous n'arés autre fin." A ces cops, il quida remonter sur son cheval, mais il fali de l'estrier. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 116). C'est a ce coup qu'il fault vostre noblesse (...) escrire et mettre en coche. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 153).

 

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Tout à ce coup. "À ce moment même" : ...la cloche de l'Ave Maria sonna tout a ce coup et le bon homme s'enclina (C.N.N., c.1456-1467, 217).

 

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À ce coup que. "Au moment où" : ...ce bon filz une foiz d'adventure la vint veoir, et a ce coup qu'elle rendit l'esperit. (C.N.N., c.1456-1467, 459).

 

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Tout à coup que. "Aussitôt que" : ...si auray emprès de moy ung grand seau d'eaue (...) dont je vous affubleray tout a coup que vous passerez. (C.N.N., c.1456-1467, 259).

 

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Un coup. "Subitement, brusquement" : Et tellement dissimula l'homme du Jouvencel, en deboutant tousjours son ennemy de luy et en gardant son aleine, que ung coup l'homme du duc Baudouyn mist le pié jusques bien prez hors de la lisse (BUEIL, II, 1461-1466, 110).

 

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À un (seul) coup : ...tant vous fiez De moy, las ! que vous m'ociez, En moy disant sans couverture Que vous n'avez mais de moy cure. Car il me vaut trop mieus morir Pour vous a un cop que languir. (MACH., R. Fort., c.1341, 154). Et pour ç', amis, je te chastoi Que les vertus tires a toy, Et s'en lay toutes autres choses, Car plus souëf sentent que roses, Et richesses et vices puent, Si qu'ame et corps a un cop tuent. (MACH., C. ami, 1357, 71). S'ay trop plus chier, en lieu de ma tristour, Qu'à un seul cop me face definer, Qu'einsi languir sans merci esperer. (MACH., L. dames, 1377, 113). ...il a veu Que la mort A ung seul coup l'a amenee. (Myst. st Clément Metz D., p.1439, 456).

 

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Tout à un coup : ...li abateray sa jangle Toute a un cop. (Mir. Amis, c.1365, 36). Faites mon cuer tout à .J. cop morir, Tres douce dame, en lieu de guerredon, Puis que de riens nel volés resjoïr. (MACH., L. dames, 1377, 121). Et, si tost que lesdiz Suixes se trouverent au dessus et au costé dudit duc de Bourgongne, tout à ung cop se tournerent le visage vers lui et son armée, et sans arrester marcherent le plus impetueusement et orguilleusement que jamais gens firent (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 38).

 

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"Promptement" : ...et que de fait Avoit tous les Crestiens pris, Qui estoient en son pourpris, C'est à dire en sa signourie. Et sont en peril de leur vie, Car tout à un cop les fist prendre, Après la prise d'Alixandre. (MACH., P. Alex., p.1369, 119).

 

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Coup sur coup. "À la suite, sans interruption" : ...car en ce faisant ilz se mettoient en desordre coup sur coup (LA VIGNE, V.N., p.1495, 283).

 

c)

[Idée de répétition] "Fois"

 

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À un (seul) coup. "En une seule fois" : ...si faisons tant Que l'un soit l'autre combatant, Et puis qu'il s'en voisent ensemble : Ainsi a un cop, se me semble, Deux en arons. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 250). Or verra on qui oncques ama Josselin, mon oncle, ne son filz Olivier. Il le devra cy monstrer a vengier leur mort. Cy povons a un seul coup avoir tout le lignaige, et cellui qui telle honte nous a faicte. Et cilz lui respondent que ja pié n'en eschappera que tout ne soit mort. (ARRAS, c.1392-1393, 70). Les maulx, ce qu'il en y a, sont mis en compte, mais les biensfaiz sont en pou d'eure oubliez, sans avoir remembrance de maintes belles aventures et honnourables esploiz que pluseurs nobles hommes ont faiz es jours passez en ceste guerre. Ilz ne pevent pas tout a ung coup desconfire, car ainsi que le mal que nous avons et la guerre que nous soustenons ne fut pas mise avant a une seule heure, aussi ne sera la ressource trouvee a une foiz, mais il faut saillir de ce meschief en souffrant les douloureux desconforts de doubtes meslez d'espérance. (CHART., Q. inv., 1422, 42).

 

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Au coup. "À chaque fois, à la fois" : ...il n'y povoit entrer que deux chevaulx au cop (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 27). ...et se alèrent logier à ung groz village sur l'eaue d'Authie, nommé Labroie. Lequel estoit furni de vivres très habondamment. Et y furent quatre ou cinq jours. Et alèrent très souvent batre, vaner et recueillier vivres, cent ou six vins au cop, en aulcuns villages, à demie lieue de leurs logis["ils étaient de cent à cent vingt à chaque fois"]. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 313). Avec cela furent amenéz plusieurs grandz bateaulx de Seine, qui eussent peu passer grand nombre de gens de pied au coup. (COMM., I, 1489-1491, 63).

 

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Un au coup. "Un à la fois (en se battant un contre un)" : Quant Giron appercoit ce meschief, si fu moult ayrez, car il ne povoit advenir a Gieffroy fors que un au coup, et voit que il n'en y avoit mais que deux devant lui (ARRAS, c.1392-1393, 200). Et par espécial, à une escarmouche qui fut sur l'eau, entre Bellemote et la posterne d'Arras, y eut grant perte du costé des asségans, pour tant que ceulx de l'avantgarde estoient passez tout de pié pardessus une petite planchète, ung au cop, jusques à six ou sept vingt combatans pour venir devers la porte, c'estassavoir la petite posterne. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 25).

 

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Coup à coup : Mon coupperet couppe Coppieusement, Ce qu'en pié on couppe Coup a coup destouppe Et le coup recouppe Par mon couppement. (Copp. lard., a.1488, 156).

 

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Tout à un coup. "En une fois, d'une seule fois" : Et ainsi avient il souvent a ceuls qui cuident oster leur acoustumance tout a un coup ou a une foiz, et non pas petit a petit. (ORESME, E.A.C., c.1370, 390). Gervaise pourchaça la finance du Mareschal de Crathor et la sienne et alla et vint plusieurs foys à Escallon pour celle finance payer. Il y mena le Jouvencel et toute sa compaignie et les paya tout à ung coup, ainsi que vous orrez. (BUEIL, II, 1461-1466, 123). J'en y ay pris aultrefois trois [bêtes, à la chasse], Tout a ung cop entre mes cordes. (Pass. Auv., 1477, 141). Or a Nostre Seigneur, tout à ung coup, fait cheoir si grant et sumptueux edifice, ceste puissante maison, qui a tant soustenu de gens de bien et nourriz (COMM., II, 1489-1491, 157).

 

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"Tout à la fois" : ...Car j'ay chaut et froit si ensamble Que tout a un cop sue et tramble, Et s'ay toute vigour perdue... (MACH., R. Fort., c.1341, 114).

 

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Tous à un coup. "Tous ensemble" : ...a la chambre de Jaques Martel, premier escuier d'escuerie du roy (...) vindrent ledit Perrin de Solle, tailleur, Jehan de Busse, chaussetier, François de Nantes, brodeur, et Guillaume Soldam, cordouanier, tous du roy, qui portoient, l'un le pourpoint, l'autre les chausses brodees, solers et patins, tous a un cop. (LA SALE, J.S., 1456, 53).

 

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À deux coups. "Deux fois pour une" : S'il y a quelque villenaille Qui dient riens encontre vous, Je le ouray bien a deux cops Qu'ilz en seront tous subournés. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 170).

 

Rem. Cf. fr. fam. "à tous les coups".

 

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À tout coup : FINE MINE. Sainct Jehan, il en y a plusieurs En l'ostel de ces grans seigneurs Qui en ont fourrez (le) nos cotelles, Et, par faulcetez et cautelles, Font ce qu'il veuillent a tous coups. (Sots mal., c.1480, 83).

 

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À quant coups. "Littér. combien de fois ; sens de dénégation en phrase exclamative : pas de danger que" : CUIDER. Aportés engins et fallaces Et decepvons sans qu'il y pere, Il en est heure. PLAISANT FOLLIE. Laissez moy fayre. A quant cops je les obliasse ! (Pipée R., c.1470-1480, 177). ST PIERRE. A quant coux je le souffreroye. Ja Dieu ne plaise qu'i m'aviengne Que mon maistre devant moy viengne Pour moy si bassement servir ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 649).

 

Rem. Aussi GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 239 (v.17974-17977) ; Deux moralités inédites, éd. A. et R. Bossuat ; La Mandelette, éd. Thomas, Rom. 1909, p. 188.

 

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Au premier coup. "La première fois" : Sathan ne se vault contenter Quant aus .ij. premiers cops failly (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 104).

 

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D'un (seul) coup. "En une fois" : Or je pry a Dieu qu'Il efface Ses meffaiz et mercy lui face, Et qu'en brief de son gré defface D'avec le corps M'ame qui vouldroit estre hors Et qui ne desire rien fors Que d'un seul coup fussons deux mors En ceste guerre, Et les corps tous ensemble en terre, Tous en un cerqueil bien en serre, Et peussons paradis acquerre. (CHART., L. Dames, 1416, 218). ...laquelle eglise par fouldre fut penetrée et tua d'un cop trois hommes estans en divers lieux et en bleça plusieurs autres. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 107 v°).

 

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Du premier coup. "La première fois, à la première tentative" : ...car fortune ne favorise jamais du premier coup à ceulx qu'elle ayme (BUEIL, I, 1461-1466, 27).

 

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En un coup. "En une fois" : Notre matière d'Angleterre estoit jà accordée, comme avez ouy, et se menoient tous ces marchéz en ung temps et en ung coup. (COMM., II, 1489-1491, 52).

 

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Pour ce/cest coup. "Pour cette fois" : Pour cest cop nostre orfevre avoit tant de gens qui pour luy ouvroient que force luy fut le chareton (...) en son lit heberger. (C.N.N., c.1456-1467, 65). Monseigneur, qui voit son mignon enhurté, pour ce coup plus ne le presse. (C.N.N., c.1456-1467, 81).

 

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Pour un coup. "En une fois" : ...je ne pense pas que noble homme eust jamais pour ung coup gueres fortune plus dure a porter que le bon seigneur (C.N.N., c.1456-1467, 191). Car jamais roy d'Angleterre ne passa si puissante armée pour ung coup, que fut ceste-cy dont je parle, ne si bien disposée pour combattre. (COMM., II, 1489-1491, 10).

 

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Encore un coup. "Une fois de plus" : S'il est force que je m'aplique Encor ung coup a le tempter (LA VIGNE, S.M., 1496, 515).

 

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Tous les coups. "Toutes les fois, immanquablement, sûrement" : Avez vous admiracion D'une meschante fiction ? Vous seriés tous les cops seduit. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 512).

 

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Un bon coup. "Une bonne fois pour toutes" : Autour de luy tant allez et venez Qu'au trebuchet ung bon coup on l'agrappe Et, s'en voz las une foys le tenez, Gardez vous bien que jamais il n'eschappe. (LA VIGNE, S.M., 1496, 353).

 

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Chaque/chacun coup que + ind. "Chaque fois que" : ...ne failloit gueres que chacun coup qu'il toussoit qu'il ne fust oy de la chambre ou estoit l'assemblée (C.N.N., c.1456-1467, 436). Et là attendoit le chevalier du pas, chascun coup qu'il faisoit ses démarches, lesquelles démarches fit toujours belles et grandes (Faits Lalaing K., c.1470, 232).

 

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Le premier/second ... coup que + ind. "La première ... fois que" : Le second cop qu'ilz tournerent a la jouste, Pierre fist ne plus ne moins qu'il avoit fait le premier coup. (Belle Maguel. C., 1453, 25).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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