I. -

Empl. trans. "Arranger, disposer, mettre en ordre" : ...ledit Jehan, qui lors estoit jeune, ne les pouoit arruner, retenir ne aconsuyr [les pourceaux qu'il devait garder] et souvent ne sçavoit se il en avoit perdu aucuns (JEAN DE BRIE, Le Bon Berger C.W., 1379, 42). Ce vint dedens huit iours apprès que monsgr de Bethencourt eut arruné ces gens et ces besongnez, led. Bethencourt et Gadiffer se partirent des pais des Canares, et s'en alerent en Espagne (BÉTHENCOURT, Canarien G., c.1490, 113).

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Au fig. : Dont vous verrez que se vertu n'arrune Les faits humains tout ne vault une prune (MARTIN LE FRANC, Estrif, éd. H. F. Williams, 1447-1448. In : Mél. E. Li Gotti, 1962, 473). [Éd. D, 59, v16]

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P. iron. "Arranger, mettre mal en point" : Fieramort, puis que je vous tien, Je vous sçauray bien arruner. Garde n'avez de m'eschaper, Tant que soye en Enfer le puant. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 281).

II. -

Empl. pronom.

A. -

[De pers.] "Se préparer" : Et cils, qui au parler s'arine, Les fist venir en un tropel Et dist... (FROISS., Past. M., c.1362-1394, 184). JOAB. Arruner Se fault pour aller au demeure. ELNATHAN. Cha, veuillez vous tous attourner De partir. (Myst. Incarn. Nat. L., t.1, c.1454-1474, 52). Cha, Anathot, puis qu'il ne tienent Compte de nostre desjeuner, Penson de nous y arruner. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 163).

B. -

[De choses] "S'arranger (?)" : Laisse qu'on dit, ou tout se arrivera [ l. arrinera ou arunera ?] de soy mesmez. Oncques ne fut que le fort ne mangast le feble, le riche le poure. (GERS., Réf. roy. G., 1405, 1152). [suggestion de G. Roques ; var. ja, ce dit on, laisse, laisse, il se reformera de soy mesmez]

III. -

Part. passé en empl. adj.

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(Bien) aruné. "Bien arrangé, en ordre" : Or chevaucherent Nauarrois, et sont desroutez ; et quident trouver les Franchois fuianz, mais les trouverent en belle bataille et bien arrunnez. (COCHON, Chron. norm. B., c.1430, 112). ...les clers de l'université faisoient une processionz bien notables, et aloient à Sainte-Katherine du Val-des-Escoliers, .IJ. et .IJ. bien arunnez d'un costé et d'autre. (COCHON, Chron. norm. B., c.1430, 326). Je ne sçay pas se trop demeure Ou non, mais est il jour ou nuyt ? Le solleil ou la lune luyt, Mais je ne sçay lequel. La loge De mes yeux dit que je ne desloge Encore, pour tant je ne sçay S'el est bien arrunee ou quoy. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 65).

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Mots arunés : Il m'ont tant flaté Et dict des biens a ma presence Tant de moy, sus ma conscience, Que ne m'en savoys delivrer ; Enfin y m'ont cuidé navrer En me disant : "Ce drap est fin, Ce pourpoinct est beau et godin", Voyere, en plusieurs mos arunés, Cuidant que je dise : "Tenés". (Troys Gal. P., c.1445, 42).

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Estre aruné à + inf. "Être préparé à" + inf. : Je m'estoye endormy icy Dès aussy tost que j'eus disné, Affin d'estre mieux arruné A veiller quant en sera heure. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 65).

V. aussi arrimer