I. -

Empl. pronom. "S'irriter, se mettre en colère ; se monter l'un contre l'autre" : Quant Morans vit le roy qui si fort s'agremy, "Danemont, dist Morant, trop vous voy aaty De meffaire a messaige..." (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 576). Et li dui champion se sont bien agrami : Li uns regarde l'autre, si com son anemi ; Les glaives en lor main, se sont fort aati. (CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.1, c.1380-1385, 91). [Éd. F. engrami]

II. -

Part. passé en empl. adj. [D'un animé ou d'une personnif.] "Irrité, en colère ; plein d'ardeur agressive ; mauvais" : Et si avoit les chers de courre amanevis, Les dains et les sainglers et noirs et blans et bis, Iriés et escumans, felons et agregis [var. agremis, engramis] (BRIS., Restor paon D., a.1338, 80). Quant li faus dyable anemi Et li sept pechiet agrami Virent que leur fui escapés, Si grant tourment, je vous affi, Si horrible, et si aspre aussi, Menerent, que tous tourmentés En fu Infers (JEAN DE LE MOTE, Voie d'enfer P., 1340, 88). Quant roy Othovïen le parler entendi Du lÿon qui avoit sa gent si mal bailli, Forment en ot le cueur dolent et esbahi [var. agramy] (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 448). Et a le fin toux deux furrent si agramy Que de loeur volenté sont en estant sailli, Et ensus l'ung de l'aultre il se sont departy. (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 284). Et si voeul que la paix soit faitte en chest paÿs, Encontre les Lombars que trop voy agramis. (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 476). "L'outrage que tu dis," dit [Charles], "te sera mery, Dieu m'aidera et a lui me commant et octri." Adonc se courent sus [Charlemagne et Balinguant s'opposant en duel] com lion agrami, Souvent fierent l'un l'aultre du branc fourbi. (Galien D.B., c.1400-1500, 138). Plus est li enfez fiers c'uns lïons agramis (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 246).

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Agrami de + subst. désignant un sentiment de colère : [Marie, fille du roi défunt au comte de Champagne qui veut l'épouser :] "Mieus voroie estre morte que presisse cellui Qui le bon roy mon pere a faussement murdry ! (...)" Quant ly contez l'entent, tout ly frons ly rougy. Quant Fedri voit sen frere de courour agremy, Sy li a dit : "Biau sire, trop vous voy amati..." (Hugues Capet L., c.1358, 28). Li ung va ferir l'aultre de grant ire agramis (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 178).