C.N.R.S.
 
http://www.atilf.fr/dmf/definition/affuir 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     AFFUIR     
FEW XXV aufugere
AFFUIR, verbe
[T-L : afüir ; GD : afuir ; FEW XXV, 872b : aufugere]

I. -

Empl. intrans.

A. -

Affuir qq. part

 

1.

"Accourir qq. part en fuyant, fuir qq. part pour y trouver refuge, se réfugier qq. part" : Et il savoient bien qu'il avoit en le cité très grant avoir assamblet, car tous li pays d'entours y estoit afuiois. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 123). Et couvint toutes les dames et les damoiselles dou pays et les chevaliers et les escuiers qui escaper leur pooient, afuir à Miaus en Brie, l'un apriès l'autre, empurs leurs cotes, ensi que elles pooient (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 101). ...et demanderent aux fuyans qui afuyoient à sauveté à Trentouse où leurs ennemis estoient et où ilz les trouveroient. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 272). Mais desordenance y ot tele Es Persens, qui la affuioient Sanz arroy (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 245). VERITÉ. Ces mos ila me plaisent fort. MICHEL. Les hommes auront reconfort. GABRIEL. Vous les verrez cy affuir. (Myst. Incarn. Nat. L., t.1, c.1454-1474, 144).

 

2.

Affuir à/envers/devers qqn. "Fuir auprès de qqn, se réfugier auprès de qqn" : Pour quoy, sains homs, a toy m'apuy Et a garant a toy afui. (Mir. emp. Julien, 1351, 207). A toy afui, a toy aqueurs ; Dame, ayde moy et sequeurs. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 117). ...elle [la mort] est a iceulx plus large Qui la defuyent Qu'a ceulx qui envers elle affuyent Et a qui leurs vies ennuyent (CHART., L. Dames, 1416, 213). Je ne sçay pour quoy la mort targe, Quant je ne quiers vers elle targe, Ains tous mes regrez m'y conduient. Treshumblement l'en prie et charge, Et elle est a iceulx plus large Qui de leur povoir la deffuient, Qu'a ceulx qui devers elle affuient Et a qui leur vies enuient. (Narcissus, p.1426, 304). N'est ce le tres redoubté roy de toutes bestes mues, a qui estranges, sauvaiges, prochaines et longtaines afuyent a refuge et a garand comme a leur souverain justicier ? (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 19).

 

3.

Empl. abs. "Fuir" : Lors corne Amours ; Plaisance esmuet ; Amours hue ; et Voloirs affuit. (ACART, Prise am. H., 1332, 17). C'est pour doubte de mort, sire, font ilz, que besoing nous fait ainsi affuyr (Mabrien V., 1462, 72).

B. -

P. ext. Affuir (qq. part / à qqn...). "Venir promptement, venir" : Babiloinne a nous affuit, Et Egipte nous conduit Es plaies de Pharaon (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 307). Ceulx qui veulent mesdire, a lui [l'homme jaloux] affuyent Et lui sacoutent (CHART., D. Fort., 1412-1413, 186). Lors au saillir de l'ostel veissiez chevaulz saillir, bondir en l'air, crier, huer, ou chascun affuioit et acouroit que onques chose plus joieuse a veoir ne fut (LA SALE, J.S., 1456, 236). Dyables affuyront, les tempesteront, Persecuteront, Et en feu mectront. (MART. D'AUV., Mat. Vierge L.H., c.1477-1483, 158).

 

-

Venir affuyant. "Venir promptement" : Si ne fut mie celee ceste doloreuse nouvelle au duc son pere, qui y vint affuyant comme ung prince plein d'amertume et de desconfort (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 141).

 

-

[Dans un cont. métaph.] : ...je voy les IIII vertus cardinales affuir droit cy vers toy (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 171).

C. -

P. anal. [D'un liquide] "Affluer" : Et puis [Vienne] prist l'anel que Paris luy avoit donné et le commenca a regarder, et tantost elle le recogneust. Et lors tout le sang luy affoy au cuer, et le cuer luy fremist dedans le ventre, si que elle ne scavoit ou elle estoit. (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 293).

II. -

Empl. pronom.

A. -

S'affuir qq. part. "Fuir qq. part pour y trouver refuge ; se réfugier qq. part" : Lequel prestement s'en fouy au Louvre et fist dire aux seigneurs du sang royal et aux autres qu'ilz se saulvassent et affuissent audit Louvre. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 141).

B. -

S'en affuir

 

1.

S'en affuir qq. part / à qqn. "Quitter un lieu pour fuir (et se réfugier) ailleurs" : Et s'en afui li rois englés à moult peu de ses gens jusques à Londres. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 10). ...à grant meschief li dis messires Loeis se parti de le bataille, durement navrés en pluiseurs lius, et s'en afui par devers ses naves, tous desconfis. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 162). Aucun de leur mesnie s'en afuirent à monseigneur Gautier de Manni (FROISS., Chron. [Amiens], D., t.2, c.1375-1400, 236). ...certains compaignons come pages et varlez, desquelz ledit exposant ne scet les noms, s'en feussent venuz de ladicte bataille et affuys droit audit lieu de Neufbourg (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1424, 113). ...[Maistre Michel de Pompadour] fut moult famillier de saint Thomas, quant il fut exillié d'Angleterre et qu'il s'en affuit en France. Cestui predist aussi la peste qui fut en Jherusalem où tant de pelerins moururent. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 118 r°).

 

2.

Empl. abs. "S'enfuir" : ...tous les aultres chevaliers d'Angleterre (...) s'en estoient afuis avecq elle (LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1352-1356, 14). ...et il s'en afouy et s'en vint mucer ès bois qui sont à demie lieue d'icellui lieu de Salucet (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 124).

III. -

Empl. trans. [D'une chose] Affuir qqn. "Rallier qqn, s'attacher à qqn" : En ce bordeau ou tenons nostre estat. Vente, gresle, gesle, j'ay mon pain cuyt. Je suis paillart, la paillarde [la Grosse Margot] me suyt. Lequel vault mieulx ? Chacun bien s'entressuyt, L'un vault l'autre, c'est a mau rat mau chat. Ordure aimons, ordure nous affuyt, Nous deffuyons honneur, il nous deffuyt, En ce bordeau ou tenons nostre estat. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 126).

IV. -

Part. prés. en empl. subst. "Fuyard" : ...tout le plat pays fuioit devant eulx, et tant que les affuyans et les nouvelles en vinrent en Trentouse. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 272).

V. -

Part. passé en empl. adj. ou subst.

A. -

Empl. adj. Affui qq. part. "Présent qq. part" : ...il [le roy Charles] rendit son esprit à Dieu, petitement accompagné pour un roy de France, car n'avoit que son chambellan, son chancelier, son confesseur, et aucuns autres menus officiers emprès luy à son dernier, là où les hauts et grands membres de France devoient estre affuys ["présents"] tous pour assister sa personne. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 346).

B. -

Empl. subst.

 

1.

[P. oppos. à banni] "Exilé volontaire" : Par ces presentes alliances, nous n'entendons ne volons que aucun prejudice se face à nous ne à nos hoirs et subgès, par quoi nous et eulz ne porions et porons recepter, porter et tenir tous les banis dou royaume de France et afuis, presens et à venir (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 31).

 

2.

Prendre son affui vers qqn. "Avoir recours à qqn" (Éd.) : ...quant soy eslongeant de la maison de son prince le duc, où luy et les siens avoient esté faits, prit son affuy vers le roy et s'allia à messire Charles d'Anjou et au conestable Artur de Bretagne. (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 171).
 

DMF 2020 - Synthèse Monique Haas

 Retour à la page précédente 
Fermer la fenêtre