I. -

Empl. trans. "Fournir, apporter, faire couler sur" : ...l'Esperit saint influe Sur pluseurs sa grace et afflue (DESCH., M.M., c.1385-1403, 207).

II. -

Empl. intrans.

A. -

[De pers., de groupes] "Se porter en nombre vers, se rendre en nombre qq. part" : Et incontinent après affluerent à S. Pol et par toute la ville de Paris pour venir à S. Pol au Roy gens d'armes sans nombre, tant à piet que à cheval (BAYE, II, 1411-1417, 126). ...grant multitude de peuple y affluet de toutes parts (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 68). ...les povres personnes qui yront et afflueront audit Hostel-Dieu (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1450, 393). ...et n'aura le prevost des mareschaulz aucune congnoissance des causes et questions qui seront de partie à partie entre les manans et habitans et autres gens affluans en la dicte ville ne aultrement, fors seulement du fait des gens d'armes. (Hist. dr. munic. E., t.1, 1477,,, 445). ...audit conté de Provence a plusieurs beaulx havres, plages et ports de mer, esquelz, de toute ancienneté, viennent et affluent toutes nations (Lettres Louis XI, V., t.9, 1481, 123).

B. -

Affluer de/en qqc. "Abonder, avoir qqc. en abondance" : Dieu son esperit li influe, Qui de sa saincte grace afflue (DESCH., M.M., c.1385-1403, 326). ...et si sera Dieu avecques vous contre tous adversaires que pourrez avoir, argent vous vendra a monceaux, et affluerés et habonderez en tous delices (JUV. URS., Loquar, 1440, 427). Et se je ne puis satisfaire à son escript obstant ma rudesse et ygnorance, s'il lui plaist il me donra excuse, et se fondera sur mon voloir indeficible, considerant la povreté que j'ay des biens et richesses dont il afflue. (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 133).

C. -

[D'une chose] Qqc. afflue

1.

"Couler abondamment"

a)

[De l'eau] : La fontainne afflue et habunde (MACH., Voir, 1364, 8668).

-

En partic. part. prés. [D'un cours d'eau] "Qui se jette dans (un autre cours d'eau)" : Et furent les rivieres de Seine, Marne, Yonne et toutes autres rivieres affluans en ladicte riviere de Seine, prises et gelées si très fort que tous charrois, gens et bestes passoient par dessus la glace. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 104).

b)

[D'une matière plus ou moins liquide] : ...la matiere aflue et s'assemble illec (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 225). ...plusieurs ordures et ymondices sont et affluent souvent a l'endroit de l'entrée dudit conduit (Rouen temps Jeanne d'Arc L., 1435, 296).

2.

Affluer qq. part. "Arriver, survenir en force, en nombre, en quantité" : ...marchans et toutes gens voulentiers s'y trairont pour ce que paour n'aront que on leur face tort. Et ainsi y affluera toute richece et bien et joye. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 97). ...considerans que pour l'expedicion et decision des causes, faiz et besoingnes qui affluent de jour en jour en sa Chambre que il a ordonné et fait tenir de par lui en son pays de Flandres, pour l'adrescement de ses subgiez et autres qui viennent et ont à faire en sadicte Chambre, il soit besoing et expedient, selon ce qu'il a entendu, de y avoir plus grand nombre de gens qu'il n'y a eu aores (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 179-180). ...mais le bruit qui se levoit partout et la grant noise des voix crians fit venir gens de tous lez et affluer secours vers eux plus qu'il n'en falloit. (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 48). ...pour illeq faire et construire ung cay pour descharger la pierre plastre, boys et autres matieres necessaires pour l'edifficacion et repparacion de lad. ville, obstant ce que les cays d'icelle ville sont ordinairement occupez pour charger et descharger les marchandises qui affluent en lad. ville (Commerce marit. Rouen F., Pièces justif., 1490, 382).

-

Affluer en. "Arriver en abondance dans" : ...en vostre cuer sont affluées Merancolyeuses pensées, Soupirs, tristeces et frivoles (MACH., Voir, 1364, 8739).

-

Empl. abs. "Se répandre abondamment" : Puis que n'est pas despendue La grace que m'as monstree Et qu'en tous temps elle afflue Sens descroistre et ne se mue Pour chose que soit donnee, Tu dois garder ma journee (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 34). Il [Dieu] est de bien la fontaine Et (la) bonte qui est souvraine Que convient quë espandue Soit par tout et estendue. Il faut qu'el afflue tousjours, Car rien në empesche son cours. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 303).