C.N.R.S.
 
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     ACCEPTER     
FEW XXIV acceptare
ACCEPTER, verbe
[GDC : accepter ; AND : accepter ; FEW XXIV, 71 : acceptare ; TLF : I, 343b : accepter]

A. -

Accepter qqc. "Prendre, recevoir ce qui est proposé, offert, ce qui se présente"

 

1.

[Une chose concr.] : Et ledit capitaine lui promist baillier, et de fait bailla un sauf conduit, lequel il print et accepta, afin qu'il peust seurement aler et venir entre les François et les Engleiz (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 123). DIEU. Vous reboutés ma discipline et voulés que je accepte voz oblations. [cf. Jér. VI, 16-26] (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 175).

 

2.

[Une chose abstr.]

 

a)

[Un office, une charge, un titre] : Et combien que offises reaulz et cathedraus aient esté gouvernees par la doutrine Renart, ne vout il onques assieuter nulle office que une, si comme il vous sera dist es condicions et proprietés du loutre. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 152). Ce nom [de saint homme] ne vueil point acepter (Mir. st Alexis, 1382, 342). ...finablement mesdis seigneurs pour ladicte Court ont accepté lesdictes nominations (BAYE, II, 1411-1417, 196). ...ledit Vivian (...) accepta ledit office de president clerc en la Chambre des Enquestes (FAUQ., I, 1417-1420, 149). Et de fait, je le proteste Qu'en ces septente et cetera, Cristus son regne acceptera. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 130). ...et supposé que vous [le roi] ordonnés une personne en office de judicature comme pourfitable, toutevoye celluy que vous ordonnés doit tellement considerer ses propres vertus et condicions que il ne doit point prendre ne accepter l'office se il ne se sent suffisant. (JUV. URS., Verba, 1452, 325). Les femmes donques ayans laissié le rire, dirent que temps estoit d'eslire la dame qui l'endemain presideroit. Si eslurent d'un commun accort dame Abonde du Four qui l'accepta benignement et promist d'en faire son povoir. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 95).

 

-

Empl. abs. : ...car au moins mettoit il [le roi] temps dedens lequel l'expectant devoit accepter. (JUV. URS., Nescio, 1445, 489). L'ARCHIDIAQUE. Puis qu'il [saint Bernard] ne veut durant ma vie Accepter, vous ly donerés Après de moy [l'archidiaconé], et vous aurés Pour luy honneur et bon service (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 104).

 

-

Accepter de + inf. "Consentir à" : Messire Jaques luy bailla ung povoir du duc par lequel il povoit accepter d'estre juge d'icelles armes et aultres, se elles survenoient durant le pas dessusdit ; et ainsi accepta ledit bailly d'estre juge en icelles armes (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 167).

 

b)

[Une proposition, une situation, un état de fait] : Et se li nomme la journée Que li bons roys a aceptée. (MACH., P. Alex., p.1369, 211). ...ou cas que il estoit requis et appelez de faire armes et que il les avoit acceptees sans les achiever (...) il s'en seroit alez mal deuement (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 119). De laquele noble franchise Dieu soit loé en toute guise, Qui donna aux gens tel povoir Que seurement, par franc vouloir, Ilz pevent accepter et faire Pluseurs choses ou leur contraire (LA HAYE, P. peste, 1426, 70). ...il [Jean II] eust puissance trop plus grande que le prince de Galles, pour ce que le dit prince en le laissant aler luy faisoit de belles offres qui ne furent point acceptées (JUV. URS., T. crest., c.1446, 118). ...le jour de partir fu devisé et accepté et eult la charge le gentil Olivier de haster leur besongne, ce qu'il fist trez diligentement, et taillier une gente robe pour sa dame avecquez tous abillemens a luy neccessairez, comme il eust fait pour ung homme (Comte Artois S., c.1453-1467, 102). Disoit oultre [le défendeur] que, aprés ce qu'i trouva la ditte dame vacquant d'amy et qu'elle luy eust fait une gracieuse chiere et gracieusement acueilly, il accepta l'amour d'elle et fist pourveoir par l'executeur de sa dite grace expectative, et n'y eust refus ne contredit de Danger ne de Male Bouche, et dés lors en fut mis en pocession et saisine. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 25). Et ausdiz de Charrolois et autres seigneurs fist de grans offres pour leurs defraiemens, ce qu'ilz ne devoient point refuser ; ce qu'ilz ne vouldrent accepter. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 107). En laquelle treve estoient comprins les amis et aliez d'icellui de Bretaigne, lesquelz il declaira estre ledit duc de Bourgongne, qui aussi print et accepta la trefve ledit temps durant (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 286). Oultre, luy dist ledit du Bouchaige que aultre chose n'avoit peü faire que ladite trefve, et qui estoit au choix du roy de l'accepter ou refuser. Le roy l'accepta (COMM., III, 1495-1498, 293).

 

-

[Avec une idée de résignation, de soumission] Accepter qqc. en gré : Sans faire mise ne recepte Du monde, dont compte ne tien, Mon cueur en propos je maintien Que mal et bien en gré accepte. Se Fortune est mauvaise ou bonne, A chascun la fault endurer (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 448).

 

-

Accepter qqc. (pour) + attribut. "Reconnaître, tenir qqc. pour" : L'ERMITE. Amis, quant tu as tel desir Que ton cueur a ce s'humilie, Tu feras plus sens que folie (...) Diex, qui sur touz est rois possibles, Ta foleur pour euvres sensibles Aceptera, je te plevis (Mir. parr., 1356, 9). Vueillez acepter pour valable Le fait, car tant l'ay agreable Pour mater ma char lasse et ville (Mir. parr., 1356, 31). Et de fait [la vieille] y restiva alencontre [d'un mariage célébré par erreur] de tout son pooir, et fist venir la cause devant l'evesque de Cambray, la ou elle fut rabbouree durement et moquee, et tellement qu'en fin elle mist de l'eaue en son vin et accepta aggreable ce que l'eglise avoit fait (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 232).

 

c)

[Une excuse, un conseil, une décision] : Comme l'une sentence ne l'autre ne fust acceptee, Herennius eust treportez des tentes. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 3.13, 6). Lors Hercules, extendue sa dextre, dist car il acceptoit bien celi aür et que il voloit bien acomplir les destinees. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 7.11, 13). Si leur a dit que il avoit tant demouré pour ce car on l'avoit esleu pour juge et arbitre a reconcilier un filz avecquez son pere et que il avoit en cela gasté trestout le jour, mez que le jour emprés il feroit ce que il avoit ordené. Laquele excusation n'a pas Turnus bien acceptee et a dit que il n'est nul contens si aysé a paisier comme entre pere et fil (BERS., I, 1, c.1354-1359, 50.9, 84). Vostre conseil accepteray, C'est bien droiture. (Mir. mère pape, c.1355, 366). ...la dispensation seroit aceptee et impetree (FROISS., Chron. D., p.1400, 804). ...si Dieu plaist, de ma durté A ma dame pitie prendra (...) Elle et le dieu des amoureux En peuent faire leur voulenté : J'ay leur jugement acepté. (GARENC., Poésies N., 1400-1415, 12). MERE SOCTIE. Ayez de mon fait souvenance. LE GENERAL. Je l'accepte. (Sots, c.1480-1500, 269).

 

d)

En partic. [D'une oeuvre littér.] Estre accepté. "Faire autorité, connaître une grande fortune" : Et pour ce, par l'espace de mil et .VI. cents ans et plus, en toutes lays et sectes et par tout le munde a esté [le livre de Politiques d'Aristote] plus accepté et en plus grande auctorité que quelcunque autre escripture de policies mundaines. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 44).

B. -

Accepter qqn

 

1.

"Admettre (qqn) [dans une fonction, un honneur, une dignité]" : ...car, combien que il [le roy] soit accepté par la volenté du pueple, toutesvoies, aussi comme en un home droite raison a naturelment seigneurie sus la partie sensitive et la regule, semblablement le roy gouverne par raison et par justice ses subjectz et reprime et corrige leurs mauvais mouvemens. (ORESME, E.A.C., c.1370, 438). ST MATHÏAS. Puis que Dieu m'y a invocqué, Je mercye sa bienveillance Quant, a sa bonne pourvëance, Il m'a par sa grace accepté Que je suis douziesme compté [au nombre des apôtres, en remplacement de Judas] En ung tant reverend colleige (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1051).

 

-

Accepter qqn à [une dignité] : Semiramis ne eust pas esté acceptee au royalme ne fust ce qu'elle se mist en habit de homme et faint se estre Ninus son filz, auquel elle estoit semblable de voult et de corps (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 155).

 

-

Accepter qqn pour/à + attribut. "Reconnaître pour, considérer comme" : Et s'il a chevalier ou monde Ferme, loyal, net, pur et monde De mal, je vous vueil accepter Pour tel, sans nul autre excepter. (MACH., P. Alex., p.1369, 243). Et si ne convient pas que un home accepte .I. autre pour ami jusques a tant ou avant que il leur appere a chascun de l'autre que il est a amer et que il croie que l'autre est son ami (ORESME, E.A., c.1370, 420). [M]onseigneur (...) vous pri que me octroiés une requeste. C'est que il vous plaise conbatre ung chevalier de ceste marche (...) jucques a oultrance (...) Et sy c'estoit vostre plaisir d'aceter pour juge mon seigneur le conte de Bennevent qui cy est, qui est homme en ce cognoissant. En cas pareil l'aceteroit le dessus dit chevalier. (WERCHIN, Corresp. G.-W., 1402-1409, 148). ...[le demandeur] avoit seulement seduitte celle dame si par persuasions et belles paroles tellement qu'elle c'estoit condescendue a le aimer et l'avoir en garde, qui estoit mal fait a luy veu qu'il savoit qu'il [le défendeur] l'avoit par avant accepté a dame et en estoit pourveu. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 27). Puisque je ne suis pas accepté pour juge par messire Jaques de Chabannes, je ne me puis excuser d'estre partie avecques le seigneur de Pesmes, car il est mon parent (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 254). Et de ceste heure les ditz seigneurs et autres du dit royaulme de Napples le receurent et accepterent pour vif roy (LA VIGNE, V.N., p.1495, 268).

 

2.

"Accueillir favorablement, agréer" : DIEU. Gabrïel, alez exposer En terre ce divin mistere A la vierge qui sera mere De mon chier filz et bien amé. (...) La vierge, que j'ay acceptee, Par nom Marie est appellee Et native de Galilee. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 50). Toutes gens quy en Dieu croient et le redoubtent et oeuvrent de justice, Dieu les accepte et les a pour agreables (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 190).

 

3.

Accepter les personnes. "Faire acception de personnes, favoriser injustement une personne au détriment d'une autre en raison de sa fortune, de sa situation sociale, de sa puissance, de ses relations, etc." (GDC VIII, 20b ; ex. de a.1500) : Il semble ainsy que Dieu accepte les personnes, contre le dit de ton saint Pol, l'apostre (MARTIN LE FRANC, Estrif D., 1447-1448, 133).

 

-

Sans accepter personne : Roix doit mont pou paller et bien faire justice Au povre homme et au riche senz accepter persone (Gir. Ross. H., c.1334, 131).

 

-

N'accepter personne : Pour che, comme on list en Ecclesiastique ou .XLI.e chapitre, "bon est le jugement de la mort" car elle ne accepte personne. Dont dist Boece ou second livre de Consolation : "Mort despite haulte gloire et envolepe ensamble hault estat et humble, elle fait tout ung des choses esleveez et des abaissees." (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 347).

 

4.

En partic. [D'un navire] "Être en mesure de recevoir, de contenir [des passagers]" : Pour vous dire chacune part De tous ces gens et orde secte, Cest excessif navire accepte Innumerables gens et peuples De tous estatz, boyteux et feubles, De tous portz, toutes nations, De priz et dominacions, Sicque par sa immense trace Tout le monde quasi l'embrasse, Et si sont peu les exceptez, Qui n'y soient tous acceptez. (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 793).
 

DMF 2020 - Synthèse Jean-Loup Ringenbach

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