C.N.R.S.
 
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     ABSTRAIRE     
FEW XXIV abstrahere
ABSTRAIRE, verbe
[GDC : abstraire/abstrait ; FEW XXIV, 57b : abstrahere ; TLF : I, 269a,271a : abstraire]

PHILOS. RELIG.

I. -

Empl. trans.

A. -

Abstraire qqc. de qqc. "Dégager qqc. de qqc." : La tierce proprieté de l'homme est de speculer par haulte consideracion de l'entendement les choses espiritueles, abstraittes des sens et de toute matere corporele et temporele. (Somme abr., c.1477-1481, fº 85 vº).

 

-

Abstraire qqc. "Isoler qqc. par une analyse sensorielle ou intellectuelle" : La vertu estimative n'est pas seulement apprehensive, pour apprehender les formes sensibles qui ont été abstraittes des sens du dehors, mais est aussi motive ou mouvante. (Somme abr., c.1477-1481, fº 68). Comme a la veue corporelle est requise la lumiere pour abstraire les intentions des couleurs (...) ainsi l'entendement agent, qui est la lumiere de l'ame, met les especes abstraittes de la fantasie en l'entendement possible (Somme abr., c.1477-1481, fº 74 vº).

 

-

Empl. abs. "Procéder par abstraction" : Et, se tu lieves et ostes l'entendement abstraent qui considere les choses materieles par abstraccion de matiere, l'officine et le lieu de tous les ars liberals est perie et perdue. (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 159). Et l'entendement ainsi abstraent, quant il fait ces choses, doit il estre dit et clamé oyseux ou non proffitable (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 161).

 

-

Empl. pronom. à sens passif [D'une chose] S'abstraire. "Être objet d'abstraction" : ...le particulier dont l'abstraction se fait, le universel qui se abstrait (Somme abr., c.1477-1481, fº 73 vº).

B. -

Abstraire qqn de qqc. "Séparer, détacher qqn de qqc., le retirer de" : O mon Dieu (...) tourne moy en amertume toute consolation charnele qui me abstrait de l'amour des choses eterneles (Internele consol. P., 1447, 148). Par amour purifiant, je suis abstraicte et separee du monde et des mondains, a moy totalement et parfaictement recoligee. (Disc. amour divine, 1470, 272).

II. -

Empl. pronom.

A. -

S'abstraire. "Faire abstraction de soi" : ...on se doit acoustumer à oir le contraire, et doit on soy abstraire, en résistant à son inclination (ORESME, Divin. C., c.1366, 118).

B. -

S'abstraire à. "Se détacher de sa propre volonté pour se soumettre à, s'en remettre à" : De testament ne fit autre ordonnance, Fors seulement qu'elle donna puissance A son mary et a son pere faire A leur vouloir (...) Plus riens n'y vault ne faire ne deffaire [à son testament], Autre chose si n'y fut ordonnee, Au vouloir d'eulx [son mary, son pere] du tout se voult abstraire. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 183).

C. -

S'abstraire de. "Se détacher de, se soustraire à"

 

1.

[D'une pers.]

 

-

S'abstraire de qqc. : Je vous conseille que vous abstrayez virilement de toutes choses foraines et vous retirez dedans vous mesmes par meditation. (Disc. amour divine, 1470, 207).

 

-

S'abstraire de qqn : Quiconcques doncques se astrait de ses congnoissans et aimis, Dieu se approcera de lui avec ses sains angeles. (Internele consol. P., 1447, 327).

 

2.

[D'une chose] : Quant raison se abstrait plus plainement des choses basses et foy se convertist totallement a la lumiere incree (CIB., Ame raisonnable, c.1452-1458, fº 237).

III. -

Part. passé en empl. adj. ou subst. V. abstrait
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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