C.N.R.S.
 
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     VANTER     
FEW XIV vanitare
VANTER, verbe
[T-L : vanter ; GD : vanter1 ; GDC : vanter ; DÉCT : vanter ; FEW XIV, 155a : vanitare ; TLF : XVI, 918b : vanter]

I. -

Empl. trans. Vanter qqn. "Faire l'éloge de qqn, présenter qqn de façon élogieuse" : Et cuydes tu que je renye Mon treschier sire dieu venus Pour cest meschant palliart jhesus Que tu me vas ainsi ventant [ ?] (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 95).

II. -

Empl. pronom. (ou intrans.)

A. -

Se vanter. "Faire son propre éloge, faire état de mérites que l'on s'attribue" : C'est a savoir que magnifier ses faiz et soy venter fait mal a oïr as autres. (ORESME, E.A.C., c.1370, 268). Et [Desirs] deffent que point ne me vance (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 223). Il me sembloit que Orgueil dist en [s]e vantent : "Je suys celuy par lequel ma maistresse, Male Voulenté, osta la belle paix de paradis au bel ange Lucifer, et le feist tresbucher de si hault si bas en horrible confusion...." (GERS., Noël, p.1404, 303). ...soiez humble et courtois ou que vous soiez, sans vous venter ne trop parler, ne aussi estre muet, car le proverbe dist que pour trop parler, et estre mus, puet ou bien estre fol tenus. (LA SALE, J.S., 1456, 46). Tel se vante qui n'a que vent. (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 98). Mauldit, plain de malignité, Tu te ventes pour nous confundre ! (Pass. Auv., 1477, 121).

 

-

Empl. intrans. : Mais je ne vous weil pas chanter S'il scevent jurer et vanter. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 52). ...coquins qui ne font que vanteir [var. ne se font que vanteir] (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 193). Point je ne suis comme la feuille Qui tremble et se tourne à tout vent Et puis se retourne souvent Avec un fort vent quand il vente, Constante suis et patiente, Mon père bien fort ventera, Quand à soy me retournera. (Myst. ste Barbe P., 1493, 41).

B. -

Se vanter de qqn. "Se louer de qqn" : ...depuis lequel temps jusques ad present elle s'est vescue et gouvernée avec ses pere et mere, lesquieulx de ce l'ont moult de fois blasmée, au mieulx que elle a peu et sceu, sanz ce que aucune autre personne, fors ledit sire de Nouvion, se peust venter ou moquer d'elle qui parle. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 122).

C. -

Se vanter de qqc.

 

1.

"Tirer vanité de qqc., se flatter de qqc."

 

a)

Se vanter de qqc. : ...ceulx qui s'enorgueillissent de leur parentage et se vantent de leur lignage de char (Mir. st Val., c.1367, 122). Berengier sa voulenté A fait d'elle, et s'en est vanté Devant mon oncle en plaine court. (Mir. Oton, c.1370, 360). Celui qui superhabunde est appellé ventëeur, qui faint et se vente de grans choses et glorieuses lesquelles ne sont pas en verité, et qui faint les choses plus grans ou grandes que ilz ne sont. (ORESME, E.A., c.1370, 267). L'autre dit que elle prendroit icy son karesme prenant de paradis et que en enfer elle s'en venteroit. (GERS., Trin., 1402, 165). ...[il] vint en sa maison, sans soy vanter a sa femme de sa nouvelle adventure (C.N.N., c.1456-1467, 46). Il monstra de fait ce dont il s'estoit vanté de bouche. (C.N.N., c.1456-1467, 358).

 

-

Se vanter que : ...moult vous tiens pour oultrecuidiez quant devant moy vous vantez que vous avez occis mon nepveu (Bérinus, I, c.1350-1370, 90). Et vous dy bien que je me vant Que je ne sçay femme vivant Mais que deux foiz a li parlasse Que la tierce avoir n'en cuidasse Tout mon delit. (Mir. Oton, c.1370, 341). ...conme faux et sanz raison D'une moye suer se vanta Qu'a li charnelment habita (Mir. Oton, c.1370, 376). Et se vanta devant toute la baronnie (...) qu'il estoit le meilleur chevalier du monde (Chev. papegau H., c.1400-1500, 31). Et si se peut bien vanter qu'il a couché par trois nuiz au plus près d'elle (C.N.N., c.1456-1467, 179). Maintenant me puis-je venter Que je suis un maistre parfait. (Pasté T., c.1475-1500, 195). LA FEMME. Par Nostre Dame, je me vante Que j'ay reffusé de la ville Des compaignons des plus habille Qu'on trouveroit aux faulxbours. (Sav. Calb. T., c.1475-1500, 146).

 

-

Prov. : Car fait dont on se vante ne vault une cerise. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 78).

 

b)

Se vanter de + inf. "Se flatter (d'avoir fait / d'avoir eu qqc.), en tirer vanité" : Jamais clerc vanter ne se peut d'avoir eu meilleure adventure (C.N.N., c.1456-1467, 96). Ilz (...) se vantoyent de estre pourveus de gens et de vivrez pour tenir l'espasse de .VII. ans. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 471). SAINCT MARTIN. De plus porter je ne me vente Jamais habit de chevalier ; Je renonce au bras seculier Pour garder l'ecclesïastique (LA VIGNE, S.M., 1496, 262).

 

-

Vanter de + inf. : J'ai veu pluseurs de nobles gens venter De faire faiz de grant chevalerie (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 123).

 

c)

[À la première pers.] "Se féliciter de, se réjouir de" : Je me puis bien de ce vanter Que j'ain plus belle creature C'onques fourmast Dieu de Nature. (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 341). Je pers toutes joyes et saulx Pour vous assaulz. D'advoir enfant plus ne me vante. Que farey je, pouvre doulente ? (Pass. Auv., 1477, 200).

 

2.

"Se prévaloir, s'autoriser de qqc." : ...les gens dudit arcevesque se ventoient d'une bulle de reduction du tax des benefices (BAYE, I, 1400-1410, 274). Ce jour, la Court a enjoint à maistre Oudart Le Fer, procureur de messire Jehan Le Roqueys, qu'il mette devers la Court, dedens le jour de l'Assumpcion Nostre-Dame, les lettres des dons de regale, dont il se vente à l'encontre de maistre Jehan Le Boulengier... (FAUQ., II, 1421-1430, 209). Et audit jour fera foy des paiemens et acquictz dont il se vante, pour sur tout procéder au surplus, comme il appartiendra par raison. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 54).

 

-

Se vanter de + inf. "S'autoriser de" : ...il est publiquement et nottoirement crié, sur la peine du pilory, que nul ne aporte verjus vendre à Paris sans avoir cedule et enseignement des justices des lieux où eulx auroient prins iceulx ; que ladite prisonniere n'a de ce apporté ne aussi s'est ventée de avoir aucun enseignement (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 251).

 

-

Empl. intrans. : ...fu fait venir et attaint le dessus dit Girart Doffinal, prisonnier, auquel fu demandé s'il avoit aucunes lettres de sa tonsure dont il estoit vantez par la maniere que dit est (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 246).

 

3.

"Se faire fort (de faire qqc.), déclarer avec force que"

 

a)

Se vanter de + inf. "Se faire fort (de faire qqc.)" : ...beaucop luy greve d'avoir amené ses compaignons en lieu ou il s'estoit vanté de les bien faire festoyer. (C.N.N., c.1456-1467, 476). ...aucun mot estrange ou quelque terme de science qui leur soit incongnu, ilz dient incontinent que c'est nom de quelque deable ; en quoy ilz monstrent bien qu'ilz ne scevent que ung peu et qu'ilz n'ont gueres veu, et veullent et se ventent de tout corriger. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 7 r°). Primo ce maistre monachus Dit qu'il joura ung personnage Qui vauldra plus de cent escutz, Et se vante de faire raige (P. moyne, a.1500, 51).

 

-

Se vanter + inf. : ...Soy vantant sçavoir dire Ce qu'onques fut escript Par seulle fois le lire (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 93).

 

-

Se vanter que : ...piech'a se vanta Le Chief d'Or et forment jura Que tueroit sans guarison Le Beau Chevalier au Lyon. (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 288). Et si se pora bien vanter Que de toute chevalerie Ara toute la signourie. (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 314). Et se tu me fais gaaignier, Je te promet et si me vant Qu'a touz les jours de ton vivant Riche seras. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 135). Roys Ostes, je me vant ici, Se vous ne me faites desrois, Que je seray d'Espaigne roys. (Mir. Oton, c.1370, 350). Va, beste, que disies que le temple Charroit et te loues et venties Qu'en trois jours le rediffiaries. Or sa, donc, tu l'ediffiaras ? (Pass. Auv., 1477, 212). Et encore outre vous vantez Que vous mesmes le pugnirés (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 33).

 

b)

"Déclarer, affirmer, garantir qqc." : Et pour ce Nostre Dame en sa cantique, ce est ou Magnificat qu'elle fit, se vente de son humilité et taist sa virginité quant elle dit : ... (FRÈRE ROBERT, Chastel perill. B., c.1368, 300). Car d'une chose je me vante Qu'en loyauté n'ay point failly (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 232). Le danger y est sy grant Que par ma foy je me vant Que diffamée j'en seroye. (Chans. XVe s. P., c.1430-1500, 60). Voecy monsieur, qui c'est vanté Et dict pour nous faire plaisir, De nous prester d'un bon desir Sis vins flipus avec cent soublz (Gent. moun. T., c.1500, 354).

 

-

En incise Je m'en vante./Je me vante. "Je l'affirme avec force, je m'en porte garant" : NOSTRE DAME. (...) Or chantez vous deux, je vous pri, Aucun biau chant. GABRIEL. Dame, voulentiers, je m'en vant : Michiel, chantons, quant li agrée. (Mir. abbeesse, 1340, 87). La demoiselle, je m'en vant, Quant venue fu a l'ostel De Montgriès, lors, de par Camel, Fist son message bien et biel. (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 35). Et a toute heure, je m'en vens, Queurent la tous les .IIII. vens (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 60). Rendez vous tantost au dit lieu Et nous bevrons bien, je m'en vant. (Path. D., c.1456-1469, 78). Il eust ung oncle lymosin Qui fut frere de sa belle ante : C'est ce qui le fait, je me vante, Gergonner en limosinois. (Path. D., c.1456-1469, 126). C'estoit le meilleur, je me vante, Qu'on treuve à faire bobelin (Sav. Calb. T., c.1475-1500, 139). Les parens de ses faux payens Nous les aurons tous je m'en vens (Myst. st Martin K., a.1500, 180).

 

Rem. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 409.

 

.

De ce / cela (je) me vante. "Je vous le garantis, vous pouvez m'en croire" : Et deux aultriers y ordonna (...), de ce me vant ! (LE PETIT, Champ d'or L., c.1388-1392, 192). Si grant puissance ot en sa vie, Et quant fut mort, n'en doubtez mie, Il ot trop plus grant que devant N'avoit, de ce me vant ! (LE PETIT, Champ d'or L., c.1388-1392, 197). Se le chat entre dans la bourde Souris hayront la chandelle, De cela bien je me vante. (Rapp., c.1480, 69).

 

-

Pouvoir se vanter que. "Pouvoir déclarer que, être assuré que" : Sire, bien vous poieis vanteir que teille chose ne pouriéz accomplir ! (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 122).

 

-

Se vanter en lieu de qqn. "Se faire passer pour qqn, se déclarer, se présenter autre qu'on n'est" : En lieu d'Esaü se vanta [var. se bouta], Sa beneïchon supplanta. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 118).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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