C.N.R.S.
 
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     TROUSSER     
FEW XIII-2 91b torquere
TROUSSER, verbe
[T-L : torser2 ; GD : tourser/trosser3 ; GDC : trousser ; DÉCT : torser2 ; FEW XIII-2, 91b : torquere ; TLF : XVI, 700a : trousser]

A. -

[Idée d'attacher qqc., de charger qqc. ou qqn (principalement en vue d'un déplacement) et par ext. idée de déplacement]

 

1.

Trousser qqn/un animal/qqc.

 

a)

"Attacher, fixer ensemble, mettre en paquet, emballer qqc." : Ilz cherchierent partout et firent trourser et enfardeler draps, toilles, robes et pennes et touttes choses dont ilz pensoient à avoir prouffit ; (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 219). Tut son arroi ad fait trusser. En meer entrerent lui baroun Et tout li chivaler de noun (HÉRAUT CHANDOS, Vie Prince Noir T., c.1385, 89). Coment le rois dans Petro s'en ala vers Seville, et la fist trusser son tresour au meer et tant sigla q'il vient au port de Calonge sur la meer (HÉRAUT CHANDOS, Vie Prince Noir T., c.1385, 97). Si tost qe elle la novelle savoit, S'en ala plus tost q'ele pooit Ou ceo q'elle pooit porter De bien qe elle pooit trusser. (HÉRAUT CHANDOS, Vie Prince Noir T., c.1385, 146). Et retournerent li signeur a Villevort et se conmenchierent a deslogier et a tourser tentes et tres, auqubes et pavillons et toutes manieres de logeis portatis, et a metre sus chars et sus charettes. (FROISS., Chron. D., p.1400, 308). ...sangles, contresangles et cordes pour trousser et faire tenir lesdictes bouges sur lesdiz chevaulx (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 332). ...pour avoir fait, chargier et trousser lesdits tableaux en ladicte mande (Comptes Lille L., t.1, 1451-1452, 409). À Robine, femme de Jehan Guérin, cordier, pour huit liaces cordes pour trousser et emballer la tapicerie (Comptes roi René A., t.1, 1453, 254). Et n'y ara petit ne grans Des François qui s'ose monstrer, Ne la Pucelle tant ne quant ; Pensera ses bagues trousser. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 549).

 

-

"Mettre dans un trousseau de foin, une botte de foin" : ...ledit barbier qui est marcheant de poisson sallé, leur bailloit et livroit, oultre leurs porcions, conuntement gros congres et gros mellus et les faisoit troussier et mucier dedenz troussiaus de foin par semblant que ce feust foin. (Conf. Jug. Parlem. Paris L.L., 1333, 88).

 

b)

P. ext. "Attacher qqc./installer qqn sur une bête de somme ou un moyen de locomotion "

 

-

Trousser (une bête de somme, un moyen de locomotion). "Charger (une bête de somme de bagages)" : Va mettre a son cheval le bas Et le trousse. (Mir. Theod., 1357, 99). Cescuns fu tantost appareilliés, sommier toursés , chars chargiés (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 160). Tout leur cheval estoient ensellé et tout toursé ; il montèrent sus (...) et s'en partirent (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 132). Niefs et galeis fist tourser Et son tresour y fist porter. (HÉRAUT CHANDOS, Vie Prince Noir T., c.1385, 97). Et atant s'en part Remond, et s'en vint a l'ostel, et fait tout erraument trousser les sommiers et tout son arroy. (ARRAS, c.1392-1393, 271). ...après vindrent IJ vallès de son hostel à IJ chevaulx en la place non pavée pour trocer leur chevaulx (BAYE, I, 1400-1410, 107). ...quant ilz eurent tous disné et les chevaulx bridez et tous troussez (LA SALE, J.S., 1456, 99).

 

.

Part. passé : Guillot, par amours te vueil dire Pour moy que tant faces et paines Que mon cheval troussé m'amaines Yci devant. (Mir. Theod., 1357, 100).

 

-

Trousser (les bagages, les marchandises...). "Charger (les bagages sur une bête de somme, un moyen de locomotion)" : Puis que j'ay dessus ce cheval Troussé mes barilz et mon bas, Le chemin m'en vois (Mir. Theod., 1357, 91). ...il prenderont le captal et tourseront et l'emporteront entre yaus (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 117). ... il fist tourser et mettre en nef et en grans calans son tresor, sa femme et ses enfans, et se parti de Seville (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 191). Lors fu Uriiens moult joyeux, et fait tantost sonner ses trompetes. Tout fu troussé, et se mirent a chemin. (ARRAS, c.1392-1393, 109). Qant ces nouvelles furent sceues ... toutes manieres de gens se prissent priés que de tourser vins et viandes et cervoises, et fains et avainnes pour les chevaus, et se missent tantos a voie, (FROISS., Chron. D., p.1400, 134). Grans avoirs Rommains y gaignierent, De tresor trousser ne finerent. (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 16). Car prestement firent trousser leurs bagues et montèrent à cheval (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 209). Si troussa ung soir nostre gouge ses bagues et habillemens, et avec elles a l'ostel du marchant se vint rendre, en abandonnant son premier amy (C.N.N., c.1456-1467, 147).

 

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Trousser ses agoubilles/ses quilles. "Plier bagages" : Sans plus dire, despesche toy ; Incontinent trousse tes quillez. (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 366). Et messire Jehan de Chassa trousse ses quilles et s'en va tout droit devers le roy (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 482). Si les laissay illecques trousser leurs bagues et leurs quilles, et m'en alay reposer. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 111). Sur ce se commencerent toutes a elles lever et prendre leurs quenoilles, fuiseaux, fuseez, hepples, vertoiles, tourés et autres bagaiges appartenans a l'art de filerie, pour elles retourner chascune a sa chascune. Et je troussay mes agoubilles pour m'en tourner dormir car la minuit approchoit. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 99). Le departement et fin des euvangiles Grande risee fut illec faitte de toutes les assistentes qui desja avoient lavé leurs cheveulx et desvuidié leurs fuseez et estoient prestes de trousser leurs quilles et agoubilles. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 116).

 

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[D'un cavalier] "Prendre qqc. (de la nourriture) avec soi (en l'accrochant à la selle)" : ... il tourse derriere lui unes besaces plainnes de farine, (FROISS., Chron. D., p.1400, 223). Et fu ordonné que on laisseroit la tous harnois et tous charois, et que casquns ne presist q'un pain et le toursast derriere lui. (FROISS., Chron. D., p.1400, 131). ...ces Broussellois, montez les aulcuns as chevaulx et leur varlez par derriere eulx, (...) portoient flacons et boutelles plaines de vin toursées à leurs selles, (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 164).

 

-

[Dans un cont. métaph.] : L'ACTEUR PARLE "(...) Or soient donc toutes levees (Sur) li les armes et troussees Et puis je m'en irai devant Et elle me venra suiant". ... GRACE DIEU PARLE "Or es tu, dist elle, apresté D'aler en la belle cité. Tu as Memoire, ta sommiere Qui aprez toi ira derriere..." (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S.C., c.1330-1331, 300).

 

-

Au fig. Trousser qqc. qq. part. "Mettre, ranger qqc. qq. part" : Tu n'as point troussé en ta mémoire toute ma conclusion ? (MARTIN LE FRANC, Estrif D., 1447-1448, 33).

 

-

Part. passé en empl. adj. "Chargé" : Et puis ont ramené Gieffroy a son cheval, et il monte, et descendent la valee atout l'avoir troussé, chascun sa part. (ARRAS, c.1392-1393, 267).

 

c)

Trousser qqn (sur un animal ou sur son propre dos). "Installer qqn (sur le dos d'un animal) ou sur son propre dos" : ...je te trousserai Et toi et ton corps porterai (GUILL. DIGULL., Livre pèler. vie hum. E.M., 1355, 632). Lui dist que "bien la passeroit Et de cel erre penseroit, Mais que sus sa crouppe troussast La dame..." (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 21). Sus, troussons nous deux, saquemens, Ce faulx murtrier desesperé ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 373).

 

d)

Empl. abs. "Boucler son paquetage" : ...il veï que varlet s'apparilloient et toursoient pour aller leur chemin (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 231). En ceste partie dit l'ystoire que Uriien fist sonner sa trompete a l'aube du jour esclairant, et se leva. Et puis fist tromper pour trousser et mettre les selles. (ARRAS, c.1392-1393, 98). Toutes manieres de gens, au son des tronpetes, sallirent sus et se resvillierent et armerent ; au secont son des tronpetes, on toursa et apparilla, et se missent toutes gens en ordenances des batailles, (FROISS., Chron. D., p.1400, 707).

 

e)

Empl. pronom. "Se charger de ce que l'on doit transporter" : Je me tourse, hourde et apoise De metail que voi qui plus poise. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. D.-M.-S.-T., c.1330-1331, 105).

 

f)

Part. passé en empl. adj.

 

-

[D'une pers.]

 

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Troussé de qqc. "Chargé de qqc." : Et s'en retournerent les Englois viers Bourdiaus (...) tout rice et toursé de bonnes coses. (FROISS., Chron. D., p.1400,).

 

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Troussé de marchandise. "Accompagné d'une certaine quantité de marchandise" : On m'a redit qu'une grant somme De deniers a pris de Moussé Et que par mer s'en va troussé De marchandise. (Mir. march. juif, c.1377, 198).

 

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En partic. "Drapé, revêtu de qqc." : Dames sans nombre a face angeliques, Bien acoustrees de drap d'or et satin, Verges, carcans, bordures auctentiques, Gros dÿamans et saphirs magnifiques Pour enrichir la gorge et le tetin ; La robbe longue, la gorgïas patin, Le corps troussé frisquement de velours : C'estoit assez, qui entend mon latin, Pour y avoir ung tribunal d'amours ! (LA VIGNE, V.N., p.1495, 168).

 

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Au fig. Troussé de besognes. "Surchargé de travail" : ...procureurs bien troussez De besongnes (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 60).

 

-

[D'une chose] "Drapé, paré" : Les litz y sont tenduz et tapissez [à l'Ostel Dieu], Spacïeux, grans et larges assez, De cramoisy, satin et tafetas, Haulx eslevez, mignonnement troussez Et de drap d'or plusieurs entrelacez, Lesquelz sont faictz pour gens de grans estatz (LA VIGNE, V.N., p.1495, 225).

 

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[D'un lieu] "Bien réussi architecturalement, plaisant" : Lequel jour il partit pour aller a Montcailler, qui est une tres gente petite ville et bien troussee, assise en ung hault lieu, et au bas d'icelle passe la belle et bonne riviere. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 301).

 

2.

[D'une substance (une pâte)] "Prendre, durcir" : Et pour petites crespes convient batre moyeulx et aubuns d'oeufz et de fleur parmy, et qu'elle soit ung petit plus troussant que celle des grandes crespes (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 256).

 

3.

P. ext.

 

a)

[Avec une idée de mouvement]

 

-

Trousser qqn. "Au cours d'un combat de lutte, projeter son adversaire dans une direction donnée, après l'avoir déséquilibré" : ...lors damp Abbés estant sa jambe et par dedens la lye a celle de Saintré, puis tout a coup se deslye et par dehors le trousse, tellement que les piés du seigneur de Saintré furent assez plus hault que la teste, et sur l'erbe vert l'abati (LA SALE, J.S., 1456, 281).

 

-

S'en trousser/trousser. "Partir, s'en aller" : Tien, ce sac plain de blef emporte, Trousse bien tost, vuide ma porte ; Va, pour Dieu soit ! (Mir. femme, 1368, 222). Herculés l'en crut et lui trousse La dame, et aussitost s'en trousse (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 21). Sus tost tourse, et sy reva, Et si chier que t'as de ravoir L'amour de moy, sache la voir Et le droit neu de la besoingne (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 13). Sus, maistre, trousses aultre part ! (Pipée R., c.1470-1480, 197).

 

-

Trousser avant. "Avancer" : TERCIUS SERVIENS secondo martiri. Et vous aussi trossés avant En mal gain et en pute estrainne ! Vous nous avez donné grant painne ; Mais aussi n'eschapperez pas. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 74). Sus, troussez avant, magister ! Vous venrés sermonner ailleurs. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 710).

 

-

Trousser en voie. "Se mettre en route" : Erec s'en retourne en son chemin et fait Enide tourser en voie (Erec Brux. C.T., c.1450-1460, 188).

 

b)

[Avec une idée de vitesse dans l'exécution] Trousser (un propos oral ou écrit). : Des vins et viandes parler ne seroient que redictes ; et, pour trousser le compte court, faulte n'y avoit que du trop. (C.N.N., c.1456-1467, 25). ...après plusieurs excusacions et remonstrances qu'elle en bref luy troussa (...) elle fut contente qu'il sceust qu'il luy plaisoit bien. (C.N.N., c.1456-1467, 91).

 

c)

Part. passé en empl. adj. au fig. [D'une pers., avec une idée d'empressement] "Appliqué, zélé" : Une partie en jeu de paulme Vis par songe la nuyt passee, Qui fut bien jouee, c'estoit baulme. La chose fut bien compassee. Vertu, diligente et troussee, Jouoit les bons tout au travers ; Et Fortune, fort courroussee, Le rabat avecq le renvers. (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 43).

B. -

"Retrousser, relever qqc."

 

1.

Trousser (un vêtement) : À Guillem Lelièvre, d'Angiers, ledit jour, pour cinq chappellez délivré au varlet des paiges, pour trousser leurs manteaulx (Comptes roi René A., t.2, 1453, 416).

 

-

Trousser (une partie du corps) "Relever (telle partie du corps, pour la rendre plus visible)" : Dame vieille, combien que nous soyons joliz et cours vestuz, et les dames et damoiselles ainsi parees en troussant et moustrant leurs mamelles, dont elles nous en semblent et plus chieres et plus belles (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 343).

 

2.

Trousser qqn. "Soulever, relever la robe d'une femme" : ...sans plus dire, la trousse et prend entre ses braz, et dessus ung peu d'herbe mise en tas qu'elle avoit assemblé, souvyne la coucha (C.N.N., c.1456-1467, 156). ...le dit Thomas trousse la damoiselle sur le lit en faisant cela. (C.N.N., c.1456-1467, 391).

 

3.

Part. passé en empl. adj. [D'une partie du corps, avec une valeur esthétique] "Relevé" : Et ce beau tetin qui tant est bien troussé, n'est il pas de mon compte ? dit il. (C.N.N., c.1456-1467, 320).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

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