C.N.R.S.
 
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     TRESSUER     
FEW XII sudare
TRESSUER, verbe
[T-L : tressüer ; GD : tressuer ; DÉCT : tressüer ; FEW XII, 394b : sudare]

A. -

[D'une pers., de son corps...] "Suer abondamment (sous l'effet de la peur, de l'angoisse, de la douleur, de la passion ...)" : Or est descouverte Et parmi ton corps espandue, Dont a un cop tramble et tressue. Et pour ce que le feu aproches D'Amours qui te point de ses broches, Pers tu maniere et contenence, Scens, joie, vigour et puissance. (MACH., R. Fort., c.1341, 116). En moy sens un trop dur assault. La char me bout, tressue et sault De ce que ja dedans ce lit N'a pris et eu son delit (...) de la pucelle Qui y gist (Mir. chan., c.1361, 174). Ne je ne suis onques ne nuit ne jour Que je ne soie adès à li pensis ; Car mes cuers est de li et de s'amour Par sa bonté si durement espris, Qu'elle me fait souvent, com vrais amis, Teindre, palir, fremir et tressuer Et en plaingnant sa douceur regreter. (MACH., L. dames, 1377, 96). Quant j'aproche vo dous viaire cler, Dame, trop sui dou veoir esperdus ; Car il m'estuet fremir et tressuer, Quant j'aproche vo dous viaire cler. (MACH., L. dames, 1377, 121). Elle me fait trambler et tressuer, Taindre, palir, fremir en tressaillant, Quant pour ma mort voy en corps si vaillant Ouvertement, de fait et de pensée, Cuer de marbre couronné d'aïmant, Ourlé de fer, à la pointe asserée. (MACH., L. dames, 1377, 223). ...Dont j'ai maniere esperdue Et vigour perdue, Car biauté, creüe De valour, m'arguë, Dont li scens me mue, Si que j'en tramble et tressue, N'en moi n'a raison ne droit, Einsois suis com beste mue. (MACH., Les lays, 1377, 303). Pource quant a orgueil, nature humaine est subjecte a toute fragilite, passions, maladies et contraires humilitez, et quant a avarice, nature humaine, selon Seneque le philosophe, de pou de biens a large neccessite est soustenue sans amasser tant de biens corrompables, pour lesquelx maintesfoiz on tressue. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 337). Et la commenca la luicte forte, et s'en vont, hurtebillant de telle force qu'il n'y a cellui qui ne tressue. (ARRAS, c.1392-1393, 298). Le conte monte vistement Tant que plus puet ysnellement, Monte jusqu'au plus hault estage. (...) Le conte de paour tressue, Et quant il voit, a brief parler, Qu'il ne puet plus avant aler, Par une fenestre sailly. (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 285). ...lors commencerent ses yeulz a plourer, son vis a palir et a tressuer (LA SALE, J.S., 1456, 12). Vous savez veritablement La peine que vous avez eue : Tant blessez, tant mis a tourmant, Il n'est celuy qui n'en tressue. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 471). ...je tressue et tremble En mauldissant ma dure destinee (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 182).

 

Rem. Renart contref. R.L., 1328-1342, gloss. ; DESCH., Oeuvres Q., t.4, c.1370-1407, 165 ; Erec C.T., c.1450-1500, gloss. ; Myst. process. Lille K., t.3, a.148536/167...

 

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Tressuer de : Quant Berinus se vit ainsi saisir, si mua couleur et fremy et tressua d'angoisse (Bérinus, I, c.1350-1370, 45). Quant Aigre entendi la menace, sy fremy et tressua de hide et de paour (Bérinus, I, c.1350-1370, 253). Dont y vint l'empereur et regarda, si aperceut bien qu'il estoit moult amenuisez et avalez, lors fu si courcié, avecques l'ire qu'il avoit de ses hommes qui estoient occiz, que par un pou qu'il n'erraga, et lui tressua tout le corps de maltalent (Bérinus, I, c.1350-1370, 384). D'anoi tous li corps me tressue, Quant je voi que verde herbe sue Sanc vermel qui issi de vous (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 88). A ceste foys a ceste vision, je tramblay tout et herissay et tressuay de paour que ceste beste infernale ne se embatist en France. (GERS., Noël, p.1404, 309). Lasse ! com je suis espardue De ce qu'ay veu presentement ! De peur le corpz me tressue De la painne que j'ay heüe Huy, toute nuyt. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 197). Et quant de ly je me remembre, Je n'ay en mon corps cy bon membre Qu'il de douleur ne me tressue. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 220). Perdu y a sa chevance A oultrance, De desplaisir en tressue. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 171). De maltalent et de couroux commencha toutte a tressuer. La face luy devint obscure. (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 70). ...et se vindrent joindre avecq leur admiral qui tressuoit de honte et de deul (Comte Artois S., c.1453-1467, 74). Et sur ce frappent sy tresmerveilleusement l'un sur l'autre que les corps de tous deux tressuent d'angoisse et de payne. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 61). Et quant les aras estuvé Tant qu'ilz tressuent de mehain, Fergalus leur fera le baing De plong fondu et de metail (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1040).

 

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[Du coeur] "Être violemment agité" : ...cuer d'amant qui aimme fort Or a joie, or a desconfort, Or rit, or pleure, or chante, or plaint, Or se delite en son complaint, Or tramble, or tressue, or a chaut, Or a froit, et puis ne li chaut D'assaut qu'Amours li puisse faire (MACH., R. Fort., c.1341, 32). La suis je pis qu'en continue ; La sens je doleur qui m'argue ; La tramble mes cuers et tressue ; La m'asseür Que m'esperence est esperdue, Se la grief doleur continue Qui tant s'est en mon cuer tenue Que bon eür N'arai jamais (MACH., R. Fort., c.1341, 50). Craincte me revient assaillir, Qui me fait tout le cueur faillir, Trembler, fremir et tressuer (Narcissus, p.1426, 291). Prince, d'amour vous salue, Vous m'avez bien entendue, Tout le cueur si me resjoye Et d'amour si me tressue Quant a si bon suis rendue (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 91). Cest homme cy compte le diable, Et dit motz qui sont a cremir Tant qu'i me fait le cueur fremir Et tressuer de fine angoisse. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 591).

 

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[Avec un obj. interne] Tressuer sang : Cy fait Jhesus son oroison et l'angle du ciel le conforte et Jhesus tressue d'angoisse sang par gouttes par la destresse de la mort. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 136). [Réf. à Luc 22, 44]

B. -

P. ext. Tressué de. "Couvert de" : ...les deux sourcilz qui estoient dessus les yeulx apparent faisoient obumbracion sur les deux joues rondetes, blanches comme la fleur du lis [et] un petit tressuees de rougeur. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 73).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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