C.N.R.S.
 
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     TORT1          TORT2     
FEW XIII-2 86b torquere
TORT, adj. et subst.
[T-L : tort1 ; GDC : tort ; DÉCT : tort1 ; FEW XIII-2, 86b : torquere]

I. -

Adj.

A. -

Au propre

 

1.

"Tordu, courbé"

 

a)

[D'une chose] : Barbeles croissent ou palais de la bouche dessous la langue du cheval (...). Guerissiez l'en ainsi : hauciez les barbes de .I. tort fer crocu, agu, et les trenchiez delés le palais prés. (Chir. chevaux P., c.1325-1350, 366). Es agues continues, se la levre, l'euil, le sourcil, ou le nez soient teurs, ainsi que le pacient ne voye point, la vertu du corps affoiblie et debilitee, se toutes ces choses sont faictes, le pacient est prez de la mort. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 76). Et semblablement font ceulz qui veulent drecier les fusts ou les bastons qui sont tors, corves et boisteus. (ORESME, E.A., c.1370, 173). Les os (...), les ungs sont drois et les aultres sont tors (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.1, chap.5).

 

-

"Torsadé" : Item pour une piece de reuban large et torde dont a esté garnie par hault ladicte table d'autel et pour attachier par hault, 4 s. (Comptes argentier Ch. le Téméraire B.F.L., t.3/2, 1470, 616).

 

-

Au plur. "Enlacé" : Argent n'i avoit point ne or Sus leurs targes qui furent fortes Et faites de nervures tortes (FROISS., Méliad. L., t.3, 1373-1388, 48).

 

.

[Des cheveux] "Torsadés" : Lors Morpheüs Prist la fourme que Ceïs avoit nus Et moult forment fu mouilliez et emplus ; Plus tors avoit les cheveus et locus C'une cordelle. Dedens la chambre Alchioine est venus, Descoulourez, pales et esperdus, Et le peril ou il est encheüs Tout li revelle. (MACH., F. am., c.1361, 166).

 

.

Empl. subst. "Partie torsadée des cheveux" : Leur seront pas ung jour leurs barbes faitez Et les cheveux abregés sur le tourt ? (Astr. P., 1498, 203).

 

b)

[D'une pers.] "Tordu, boiteux, contrefait" : Tant ay songiez qu'esvoilliez fuis Pour ung boiteux qui m'a feruz Qui porte le glayve en la boche. Onques si tort ne fut vehuz. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 111). L'on claimme tort celluy qui cloiche (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 119). L'ung est boiteux, li autre tort (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 224). L'un va droit qui estoit tous tors, Et l'autre voit qui fut borgnet. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 84). ...Contrefait, aveugle ou bossu, Tort, demoniacle ne mu (Trespassement N.D. G., 1484, 332). Il m'a coupé la jambe dextre Dont il m'a faict un tresgrand tort Car j'en seray a jamais tort (Myst. st Martin K., a.1500, 335).

 

2.

"Tortueux" : Voies y a : li une est torte, Mais sieuir vodrai la plus forte Et plus aperte. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 111). Et entre en une voie torte, Qui l'enmainne devers le bois (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 152). [Contexte métaph.] Car Fortune nous fait tort Par diverse voie et torte (MACH., Lays, 1377, 418). Tant avons passé de sentelles Et de chemins tors et bossus Que sommes des desers yssus (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 133).

 

Rem. Aussi GD VII, 766b, torte voie.

B. -

Au fig. "Mal tourné, pervers, fourbe" : Je ne te voel estre enfrune ne torte (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 133). Il prist lettres de no saint pere, Ad fin qu'à tous jours mais appere Qu'il estoit purs et innocens, Et li autres avoit po scens Et tort, qui appellet l'avoit De gage, chascuns le savoit. (MACH., P. Alex., p.1369, 245). Retien esperence forte De ta sorte Et n'aies pensée torte, Eins aies le cuer enclin À leesse et t'i deporte Et conforte, Ou autrement je suis morte. (MACH., Lays, 1377, 447). S'il est ainssy, com nous creons, Que vous soyez vrays dieux, et force Hayez de vengier chose torse, Je vous pri que mon filz Pharnaces Puist encor oyr telz menaces De ses enfens, com j'oz de luy, Sanz confort avoir de nulluy. (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 22). J'en mue ma coleur et sorte, Quant je recorde Une si forte - et tresinurbaine malice, Que vient de l'orde Nacïon torte - que vous est si tresmal propice. (Pass. Auv., 1477, 257).

II. -

Subst.

A. -

Subst. masc. et fém. "Celui qui est tordu, boiteux, contrefait" : Boiteux [var. Boyteurs] ne tors ne essanchiez [var. eshanchiez] Qui vont par la ville... (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 102). ...les sains font les tors aler droit (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 37). Devers occident l'orgueilleuse Richece y vint, qui merveilleuse Gent ot o soy de pluseurs sortes, Car biaux et lais, bocus et tortes Et gent d'eglise grant foison Amena la devant Raison, Marcheans, marcheandes a grans tas Et gens de trestous les estas. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 121). Exemple est qu'on doit craindre et bataille et discors, Son ennemy doubter, foible, menchot ou tors (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 169). Vees tu, Natort, c'est nostre foy, Pour ce qu'il ressussite les mortz, Aveugles, bossus, ladres et tors Guarit et toutes maladies. (Pass. Auv., 1477, 161). Vecy celuy qui enlumine Les aveugles et fait aller Les tors et les muetz parler (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 223).

B. -

Subst. masc. "Sathan" : Adam, Eve, tempté du tort, Au monde aporterent la mort (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 22). La fame a tourné le dos A pechié (...). Mes li malicieus, le tort, Qui tous tans veille et grain ne dort, Du jouvencel print la figure. S'il puet, i li fera laidure (Mir. N.D. Rosarius K., c.1330, 41).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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