I. -

Adj.

A. -

"Troisième"

1.

[Au masc.] : ...c'est sainlier en tiers an ["un sanglier (devenu courable) de trois ans"] (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 73). L'espousee avoit devant soi Sept dames (...). Sus un degré estoit cascune en son regard (...). Et ou second degré bien priés Humilité aloit apriés ; Francise estoit ou tierch degré (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 100). Tout ce fu dit ou tiers chappitre. (ORESME, C.M., c.1377, 68). Le premier article parle de (...). Le second article (...). Le tier article (...). Le quart article (...). Le .Ve. article... (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 3). ...[les religieux, abbé et couvent de Jumieges ont droit de prendre et avoir en la forest d'Andeli] le tiers fourc et la branche sans deshonorer l'arbre (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 36). ...ilz paient pour chacun porc deux deniers au premier pasnage, au second ung denier et au tiers maille, lequel tiers pasnage est aux deux sergans. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 337). ...maistre H. de Marle, nagueres tiers president, et de present premier president (BAYE, I, 1400-1410, 66). Le tiers enseignement de Prudence a la princepce est que se elle a enfans de se prendre garde diligemment de eulx et de leur gouvernement (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 59). ...nous avons nagueres octroyé à nostre cher et amé cousin le seigneur d'Avaugour noz lettres pactentes à vous adreçans pour estre receu en certain procés en tiers pié qu'il a en icelle (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1489, 375).

-

En partic. [Dans la succession des jours] : En l'an dessus dit, le mercredi tiers jour de janvier, par devant mons. le prevost, presens honorables hommes et saiges maistres Jehan de Saux et Guillaume Porel, conseilliers du roy nostre sire en parlement (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 285). ...le thier jour arriva à... (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 184). Jeudi, tiers jour de juing. (FAUQ., I, 1417-1420, 22). Croire que au tiers jour il resuscita par sa propre puissance de mort a vie. (LA SALE, J.S., 1456, 38). ...dedans le tiers jour après, icelluy compaignon ala de vie à trespassement. Et a ledit suppliant depuis satisfait à partie. (Doc. Poitou G., t.11, 1466, 47). Jhesus disoit en son vivant Qu'aprés sa mort suscitaroit Le tiers jour, et tout temps vivroit. (Pass. Auv., 1477, 272). Es bas enffers se transporta Ou il fit la redempcion Et au tiers jour ressuscita. (LA VIGNE, S.M., 1496, 299).

-

[Précédé d'un pron. pers.] "Avec deux autres" : Nous venons vostre bien venue Querre, n'en soiez mal paiez, Et qu'a ces deux ci la paiez Et a moy tiers. (Mir. ste Bauth., c.1376, 129).

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[Pour la désignation des souverains] : Ladicte royne Jehanne seconde, fille des dessusdiz roy Charles tiers et royne Marguerite (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 193).

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Tiers age. V. age

-

Tiers ciel. "Troisième ciel" : ...quant il fut ravis jusques au tiers ciel et vit les secrez de paradis (GERS., P. Paul, a.1394, 513). Je scay homme ravy jusques au tiers ciel (Somme abr., c.1477-1481, 135). [P. plais., comme un lieu concret] CROQUEPIE. (...) Je suis a foloyer transsi ... Jusques au tiers ciel. SOTIE. Quoy ? si hault ? CROQUEPIE. S'il y avoit ung eschauffaut, Je feroye rage, par mon serment. (Vig. Trib., c.1480, 224). [H. Lewicka, Les Comp., 1968, 716 ("sorte de galerie (?)")]

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Tiers degré. "Troisième degré de parenté" : ...et qui ne suis que sa parente en tierc degré (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 99).

.

Tiers hoir. "Héritier au troisième degré, à la troisième génération" : Tiers hoir ne jouist de chose mal acquise. (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 129).

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Tiers estat : ...nous (...) vous mandons que (...) vous assemblez (...) les gens d'eglise, nobles, gens des bonnes villes et autres du tiers commun estat de vostre seneschaussée (Lettres Louis XI, V.M., t.10, 1482, 29). A noz trés chers et bien amez les gens d'eglise, nobles, gens de bonnes villes et aultres du tiers et commun estat de nostre bailliage de Senlis. (Lettres Louis XI, V.M., t.10, 1482, 37).

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Gens du tiers : Je ne sçay se leur chief fu roys, Mais grans et fors, aspres et fiers Furent plus qu'aultre gent du tiers, Et merveille y ot grant commune. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 178).

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Tiers ordre

Rem. Dict. encyclop. du Moy. Âge, t.2, 1997, 1516-1517, "association religieuse de laïques" (s'ajoutant à un premier ordre, masculin, et un second ordre, féminin).

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À tiers poil. "?" : ...ung drap d'or large et plantureux, riche et beau aussi, non pas broché, ainçois estoit de veloux sur veloux plus velu qu'a tiers poil, de tresfin cramoisi (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 145).

2.

[Au fém.] Tierce : ...neuces charnelles Segondes et tierces (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 90). ...ly tierche maniere des rubis carbocles sy est nommés balayze (MANDEVILLE, Lap. M., c.1350-1390, 173). Il avoit en sa nef trois questes l'une ... un bout et l'autre ... l'autre et la tierce au milieu (JEAN LE LONG, Voy. Odoric C., 1351, 266). La parole qui de lui [saint esperit] yst, C'est la vertu qui est es deux Et fait une unité en eulx Et s'a non de tierce personne (Mir. st Sev., 1362, 227). Le quart jour est indicatif du VII^e, mes le VIII^e jour est commencement de la II^e semaine, et le jour XI^e est indicatif du XIIII^e ; le XVII^e est indicatif du XX^e et le IIII^e jour de la tierce sepmaine, et le XX^e est la fin ; le XVII^e jour est quart au regart de le XI^e. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 60). Ce sont la tierce et la quarte condicions qui sont communes as autres vertus. (ORESME, E.A.C., c.1370, 243). Item, soit une tierce roe fichiee en la seconde et ait son centre en la circonference de la seconde (ORESME, C.M., c.1377, 200). Apres il met une tierce response. (ORESME, C.M., c.1377, 512). Ci commence la tierce partie du Livre de la mutacion (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 3). Explicit la tierce partie du Livre de la mutacion de Fortune. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 95). La tierce vertu est sobrieté ou sobrece (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 167). ...la place de Montbeliart (...) seroit à la fin du mois de juillet derrenierement passé mise en la main et garde de monsr le conte de St Pol, comme main tierce, pour icelle place tenir et garder pour le Roy nostredit seigneur (Ecorch. Ch. VII, T., 1445, 212). La tierce cause est que nul ne puet estre pugny autrement que par voye de gaige (LA SALE, J.S., 1456, 32). La tierce nouvelle, de la tromperie que fist ung chevalier (C.N.N., c.1456-1467, 1). ...on dit de coustume : A la tierce foiz va la luycte. (C.N.N., c.1456-1467, 102). ...la premiere et la principale fut aux dens de dessus, lesquelles il avoit autrefois perdues par une cheute ; la seconde fut d'une cicatrice à cause de la plaie qu'il eut à la rencontre de Montlehery en la gorge, en la partie dextre ; la tierce, à ses grans ongles qu'il portoit plus que nul autre homme de sa court ne autre personne (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 41). A ceste responce elle non assouffie encore, mes tendant au plus fort, de meshuy lui demanda la tierce fois : ... (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 312). De ce nom "Spiritus Sanctus" il est a scavoir comment se puet entendre une maniere d'exposer ung nom propre, et en tele maniere seulement apartient a la tierce persone de la trinité (Somme abr., c.1477-1481, 121).

Rem. Forme wallonne tirche (à la tirche nuitie) : Scheler, Gloss. Geste Liège, 295.

-

La tierce partie. "Le tiers" : ...et que à tous ceulx qui justement et sans fraude leur denonceront les turbateurs d'icelle paix baillent et distribuent, ou facent bailler et delivrer la tierce partie des amendes et proufiz en quoy yceulz turbateurs seront par eulz condempnez. (BAYE, II, 1411-1417, 153). ...les maire et eschevins de nostre ville d'Angiers, soubz umbre du don que leur avons fait d'aucuns membres de ladicte prevosté, qui se montent environ les deux tierces parties du revenu d'icelle, veullent applicquer à eulx plusieurs choses de ladicte prevosté qui ne sont conprinses en leurdit don (Lettres Louis XI, V., t.9, 1481-1482, 66).

-

[P. ell.] "Tiers" : ...pour toutes les tierces et gaingnes de guerre que il eut ne receut onques durant le temps qu'il a esté capitaine desdiz lieux (Chron. Mt-St-Mich. L., t.1, Pièces div., 1418-1432, 176).

Rem. Doc.1361, 1453, 1488 et 1498 ds GD VII, 709c.

-

Fievre tierce. V. fievre

B. -

En partic. Tiers/tierce

1.

ARITHM.

a)

"De troisième rang, chiffre des centaines" : Item plus est de savoir que une chascune de ces dix figures estant prime, c'est assavoir estant ou premier ordre, vault une fois sa valeur (...) et si elle est tierce elle represente cent foiz sa valeur (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, I, 593).

b)

Racine tierce. "Racine cubique" : Racine tierce est celle qui mises en troys lyeux et puys multipliee la premiere par la seconde et ce qui en vient par la tierce la derreniere multiplicacion est le nombre dont elle est racine ... telles racines par les anciens sont appelles racines cubiques (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, I, 655).

2.

ASTR. Tiers regard. "Écart angulaire de 120 degrés, jugé favorable" : Et ces eslongnemens [des planètes] ainsy notez sont appellez regart des astronomiens, lesquelz sont cinq principalement nommez, c'est assavoir le quart regard, le tiers, et le sextille ou sixiesme regart, et la conjonccion et l'opposicion aussy. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 78). Le tiers regart aussy est ainsy appellé pour ce que les planettes qui ainsy se regardent sont l'une de l'autre eslongnies par la tierce partie de tout le cercle, qui comprent quatre signes ou six vins degrez (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 79).

3.

MÉD. "Qui vient au troisième rang, au troisième degré d'élaboration" : Et je dy quant a present que le schile et les humidités tierses se peuent bien putrifier (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 4). Les aultres opérations des médecines sont tierces qui ont ce faire en particules determineez : que par leurs manieres sont dictez specifiques ou fourmelez comme medicines laxatives et urinativez et qui clariffient la veue et aguissent l'oÿe et leurs semblables (PANIS, Guidon, 1478, tr.VII, doct.1, chap.4).

C. -

P. ext. "Extérieur à une affaire" : Et lors ledit Vignault demanda audit Piquet s'il vouloit que les gerbes dont ilz avoient question ensemble fussent sequestrées et mises en main tierce (Doc. Poitou G., t.11, 1474, 450).

II. -

Subst.

A. -

Subst. masc. et fém. [P. ell. du subst. qualifié, pour désigner une personne ou une chose] Le tiers / la tierce

1.

"La troisième (personne), le troisième (personnage)"

a)

[Dans une situation quelconque] : PREMIER SERGENT. (...) Je le vueil batre sur le flanc Premiérement. DEUXIESME SERGENT. Et je sur cestui, tellement Qu'il y parra. LE JOLIER. Je seray[l. feray ; R. Glutz, Mir. de Nostre Dame par personnages, 1954, 141 signale que le ms. porte généralement feray] le tiers, qui ferra Au long du corps. (Mir. st Val., c.1367, 161). Puis qu'avec nous deux fait le tiers, Vous li direz nostre conseil, Archadès sire (Mir. st Alexis, 1382, 290). Et Ogier baisat sa lance, sy ferit Andelay (...) et l'abatit mort. Puys trait Courtaine, sy fendit Ysonart jusqu'en bauldreit, puys occit le thier et le quart. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 233). ...quatre chevaliers lui vindrent au devant, dont l'un estoit Gadiffer le jenne, l'autre Nestor son frere, le tiers estoit le Tors de Pedracq et le quart estoit Thelamon. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 18). Saint Jehan ! si a fait le mien, dit la tierce, mais au fort je n'en feray ja procés [Discussion entre trois femmes] (C.N.N., c.1456-1467, 204). ...le deuxiesme venu, tantost que au tiers il eut baillé sa place, se sentit tresmalade (C.N.N., c.1456-1467, 349).

-

[Le troisième homme, le confident] : Noel le tiers ot qui fut la Mitaines a ces nopces telles. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 65). [Pierre Champion, Villon, sa vie et son temps, 1984, 107 (Noël Jolis)]

b)

"Jeu de plein air"

-

Jouer au tiers : Ainsi fu accordé, et vindrent a Romme et trouverent les unes devisans, les autres jouans au bric, les autres a qui fery, les autres a pincemerille, les autres jouans aux cartes et aux autres jeux d'esbatement avecques leurs voisines. Les autres, qui avoient souppé ensemble, disoient des chançons, des fables, des contes, des jeux partis. Les autres estoient en la rue avecques leurs voisines, jouans au tiers et au bric ; et ainsi semblablement de plusieurs jeux. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 53). ...Ou a jouer au tiers s'accueillent, A l'erbette, a la calemaigne. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 74). [Une dame] ...jouant au tiers en ung beau grant prëau vert et par joyeuseté en courant par derriere mist au dit amant ung tantinet d'herbe entre la chemise et le doz (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 213). ...et sy ne jouerez (...) A la queuleuleu, aux billettes, Au tiers, au perier, aux buchettes, A gecter au sain et dos l'erbe, Au propos, pour dire sornettes (Amant cord. M., 1490, 75).

Rem. T-L X, 300, l.8. MART. D'AUV., Arrêts Am. R., note : "probablement, jeu semblable à celui que nous appelions deux c'est assez trois c'est trop. Les joueurs sont groupés deux par deux, l'un devant l'autre, en cercle. Deux joueurs se poursuivent en dehors du cercle ; le poursuivi échappe au poursuivant en se plaçant devant l'un des groupes de deux ; le troisième (tiers) extérieur de ce groupe doit aussitôt filer, poursuivi à son tour, jusqu'à ce qu'il se réfugie devant un des groupes ou qu'il soit pris, auquel cas il devient poursuivant." Vilho Puttonen, 272-273. L. Sainéan, La langue de Rabelais, 1, 1922, 283.

2.

"Troisième chose (d'un lot, d'un ensemble, d'une série)" : ...et chascune latitude ou profundité selonc verité, fors que tant que celle qui premiere est nommee ou ymaginee est dicte longitude, et la seconde latitude, et la tierce profondité ou spissitude. (ORESME, C.M., c.1377, 48). Item, à Choisy, à l'enseigne de l'Espée, il print et embla trois saintures de fer, dont il en y a une dorée, desquelles il donna une à son hoste de Laon, et l'autre il donna aussi, et la tierce le prevost de Laon a devers lui. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 30). Forte fut la batailhe dez deux costeiz, et le roy Charles assailhoit la cité, qui faisoit la thierce [var. la thierce bataille] (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 233). Le premier sens si est de (...). L'aultre si est de (...). Le tiers si est de... (Chev. papegau H., c.1400-1500, 50). Elle a esté trois mois entiers Hors d'icy et, au bout du tiers, Je l'ay toute ensaincte receue. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 60). Cinelle de la seconde [pièce du manteau] fara Unes chaulses ; et puis Sirus Ara la tierce sans habus, Et la quarte Maliferas. (Pass. Auv., 1477, 201). Illec autour d'entre sept a huit mille A quatre villes, ou gist grant populaire, Appartenans au dit messire Virgille Et dont il est seigneur proprietaire. Premierement l'une est dicte Vigaire, L'autre est nommee comme dit est, Bressaigne, La tierce aprés se nomme l'Anguillaire Et la quatriesme par son droit nom, Termaigne. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 229).

3.

"La troisième (fois)" : ...il hurte pour la tierce, et l'appella par son nom, une foiz, deux foiz. (C.N.N., c.1456-1467, 28).

4.

En tiers / en tierce. "Au troisième degré de parenté" : ...ains vous voit volentiers Trop plus que ses cousins en tiers. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 145). ...li cusins le roy Henris d'Engleterre, qui moy est en thierche ["qui par rapport à moi est au troisième degré de parenté"] (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.4, a.1400, 5). Charles luy estoit cusin germain et il luy ["le lui"] estoit en tierch : son ayon fut seure Pepin (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 29).

B. -

[Subst. masc. à valeur de neutre]

1.

"Une des trois parties égales d'un tout" : En recompensacion du tiers des aides et fouages que nostre très cher et feal cousin le conte de Perche souloit prendre en son conté du Perche... (Mand. Ch. V, D., 1371, 447). ...des larrecins qu'ilz feroient, lesdiz Jehan de La Noe et Phelipot devoient avoir les deux pars, et lui et ledit Camus le tiers (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 510). Nous avons ouÿ que tel guerre Y font les usuriers marchans Qu'ilz gaignent le tiers tous les ans [le tiers du prêt] (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 16). ...et si montoit bien ladicte taille à plus le tiers que une qui derrainement fu faicte pour le mariage de l'ainnée fille du Roy nostre Sire au Roy d'Angleterre (BAYE, I, 1400-1410, 34). Puis fault aller par la creste de ce mont environ deux milles, qui sont deux tiers de lieue. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 75). ...les deux pars blef et le tiers advoine (MAUPOINT, Journ. paris. F., 1461, 14). Y sont venuz faire une monstre Dont n'est pas reschappé le tiers. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 404).

-

Par tiers. "Par ensembles de trois, trois par trois" : Judas, recepvéz vous deniers, Je les vous conteray par tiers. Trois et trois six, trois neufz, trois douze ... (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 172).

-

Ne pas dire le tiers. "Ne pas dire complètement, ne pas pouvoir exprimer" : Ces huyt cens lances en tel estat passees Trop mieulx en point que je ne dis le tiers, Des ordonnances frisquement compassees, Vindrent aprés deux cens arbalestriers, Hardiz, vaillans, couraigeux et entiers (LA VIGNE, V.N., p.1495, 212).

-

Ni le tiers ni le quart./À quart ni tiers. "Rien ou presque" : Mais ce ne puet avenir par nul art Que j'en aie ne le tiers ne le quart, Car trop sui loing de vous (MACH., Bal., 1377, 565). En desespoir, dame, de vous me part Com cilz qui ay perdu toute esperance, Pour ce que n'ay ne le tiers ne le quart De vostre amour, dont je sui en doubtance De morir pour vous à tort. (MACH., L. dames, 1377, 219). Sire, vous demandez merveille, Qui voulez saouller tant de gens ! Nous n'avons comme point d'argent, Non pas pour nous a quart n'a tiers (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 172).

Rem. Au sens de "personne", cf. R. Ling. rom. 55, 1991, 281 (CHR. PIZ.).

2.

En partic. REDEV. "En Normandie, droit qui appartient au roi dans les bois et forêts et qui se monte au tiers du prix de vente" : Item, par confirmacion de Pierres de Courteney, seigneur de Conches, en l'an mil IIcXLIII, pour ledit hostel du Moulin Chappel, boiz grant et petit à tous ses usages, son boiz franc de tiers (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 303).

-

Tiers et danger : ...et une tasse de bois à elle appartenant appellée le bois de Briquesart, dont il nous appartient et est deu tiers et dangier (...) d'environ noz bailliages de Caen et de Costentin (Mand. Ch. V, D., 1371, 406). ...l'office de sergenterie du tiers et dangier des menuz boiz de la viconté de Ponteaudemer (Mand. Ch. V, D., 1378, 874). ...item, la forest de Halate environ XL arpens de bois en deux pieces en gruage du Roy n. s. en tiers et dangier (Doc. 1389. In : L. Mirot, Le Moy. Âge 15, 1911, 58). Le seigneur des boiz du Molley Bacon, es mectes de la verderie du Bur le Roy, a son verdier es diz boiz tenuz à tiers et danger du roy, sa jurdicion, povoir de vendre à son prouffit le mort boiz d'icelle forest du Mollay, et tout autre boiz, reservé chesne, fou, pommiers de bosc et houx (...) et auxi leur vendre [aux potiers] du plain bois pour aesserie et autre chose necessaire à leur mestier par le martel, sans paier de ce tiers ne danger, en paiant la disme au curé du Mollay. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 63). Les potiers ramagiers du Moulay ont en la forest du dit lieu du Moulay, laquelle forest est à tiers et danger du roy et appartient au seigneur de la Champengne, droit de prendre et avoir en la dicte forest tout vert boiz pour leur usage et amesnagement pour l'amende et emplaidement simple sans forffaitture et sans perdre leurs feremens, hors la scie. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 81). Pour la délivrance de XX quesnes prins en lad. forest hors la vente dud. Pastart, lesquieulx avoient esté arrestés en cas de forfaicture par les officiers du Roy pour le tiers et danger, non paié, en plusieurs parties, tant au sergant que a Jehan Gouel, lieutenant du maistre des eaues et des forestz, paié IX l. XIIIIs. Vd., et pour deulx bonnés de escarlate donnés a Estienne Branlestre pour solliciter une supplicacion baillée a sire Jehan Hardouin, trésorier de France, affin de non paier led. tiers et danger (Comptes Archev. Rouen J., 1463-1464, 334).

Rem. Cf. Fr. Ragueau, E. de Laurière, Gloss. du dr. fr., 1969 [1704], s.v. danger. GD II, 421b. M. Devèze, La Vie de la forêt fr. au XVIe s., I, 1961, 65, 173-175, 180 (danger au sens d'autorisation du maître, du roi ; un dixième du montant de la vente, qui s'ajoute au tiers).

C. -

Le tiers. "Trois fois"

Rem. COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, v.2882 (aras meilleur le tiers "tu auras une situation trois fois meilleure") ; note p.370.

D. -

Un / le tiers

1.

"Personne étrangère à une situation ou qui y est mêlée indirectement" : CELCIDON. (...) Dy, Rabanus, si tu es prest D'y aller, allons y ensemble ! RABANUS. J'en suis content, car il me semble Que je serviray bien d'ung tiers. EMELIUS. Messeigneurs, j'yray voluntiers Avecques vous par compagnie. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 218).

2.

DR. "Personne étrangère (à une affaire)" : ...et ordonne que iceulx biens meubles et immuebles, esquelx n'a aucun tiers detenteur ou possesseur, soient delivrez à ceulx à qui par avant ladicte main mise apartenoient (BAYE, II, 1411-1417, 88). Et si ce est ung tiers tenant les biens de l'obligé, il a temps de soy opposer jusques à huit jours après la monstrée faicte. (Vieux cout. Poitou F., c.1451-1454, 92).

V. aussi tierce
 

"Tiers-État, p. opp. à la Noblesse et au Clergé" : Ces deus bestes peuent bien estre figure et essample au tiers estat ; ce sont les gens de labour qui labourent cen de quoi les autres se vivent, lequi[ex] estoient au bon tans gens loyaulz et sanz malices (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 144). Aprés nous fault mettre en division Ceulx de son sang pour leur destrucion, Car eulx destruiz nous n'avons plus que faire Qu'au tiers estat. (NESSON, Lay guerre P.D., c.1424-1429, 54).

-

Tiers (et) commun estat. "Le Tiers-État" : ...nous (...) vous mandons que (...) vous assemblez (...) les gens d'eglise, nobles, gens des bonnes villes et autres du tiers commun estat de vostre seneschaussée (Lettres Louis XI, V.M., t.10, 1482, 29). A noz trés chers et bien amez les gens d'eglise, nobles, gens de bonnes villes et aultres du tiers et commun estat de nostre bailliage de Senlis. (Lettres Louis XI, V.M., t.10, 1482, 37).

REM. HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 144 (TLF). Premier emploi officiel (Tertius Status) lors des États généraux de 1484, cf. F. Lot, R. Fawtier, Hist. des instit. fr. au Moy. Âge, t.2, 1958, 574. J. Batany, Approches lang. soc. médiév., 1992, 229.
 

"Courbure d'une voûte ogivale" : LE CHARPENTIER. Pour faire ung chief d'euvre hounourable Du mestier de charpenterie, Sans le dire par vanterie, Je ne craindroye homme vivant, Soit pour faire ung portau devant, Ung paveillon ou ung retrait Fait de bïays ou de plain trait, En droicte ligne ou en tiers point, ou autrement... (Myst. Résurr. Angers S., 1456, 253).