"Possesseur légitime des biens d'une succession, ayant-droit" : ...Messrs des comptes à Paris envoyerent en ceste ville d'Angiers ung sergent pour adjourner les heritiers et bienstenans de plusieurs qui de longtemps ont esté fermiers et receveurs de grant nombre de fermes et receptes de cestuy vostre dit pais (Lettres Louis XI, V.M., Pièces justif., t.10, 1482, 467).

REM. Doc. 1465 (La Rochelle, bienstenans) ds GD I, 646c.
 

DR. FÉOD. "Celui qui tient un bien librement, sans devoir aucune charge" : Dune autre aide (...) pour partie dune raencon acordée aus Angloiz de Saint-Sauveur-le-Viconte pour tenir paisible et en seurté le païz et subgès de Monseigneur (...) laquelle aide, par lordenance et assiete qui en fut faitte, se montoit IImIIIcXXXIIII frans, de quoy chet par lordenance de Monseigneur pour gens deglise, nobles et frans-tenans contenus en la dicte assiete, lesquielx Monseigneur a voulu et mandé par ses lettres estre tenuz en souffrance de ce en quoy il estoient assis (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 29).

Rem. Cf. aussi TLF VIII, 1221a, franc-tenancier.
 

I. -

Adj.

A. -

Au propre "Solide, collant" : BRUYT. Il nous fault de l'aglux avoir, Et nous serons pres maintenant. PLAISANT FOLLIE. Mais gardés qu'i soit bien tenant. (Pipée R., c.1470-1480, 181).

B. -

Au fig.

1.

[D'une pers.] "Qui tient trop à qqc." : Et doit savoir la nonnain que toutes fois qu'elle est trop tenant de ce qu'elle a entour lui envers ses suers qui besoing en ont, ou qui lui requierent, soit de donner s'elle en est aisiee et par congié, ou de prester, elle peche par avarice, ou quant elle est avere d'enseingnier a autrui ce qu'elle scet, soit du service de Dieu aprendre ou d'aucun art d'ouvraige de soye, ou d'aucune chose honneste et necessaire, c'est mout mauvaise avarice. (FRÈRE ROBERT, Chastel perill. B., c.1368, 256).

2.

[D'une chose abstr.]

a)

"Durable" : Et pour ce dit Seneque que le memoire des benefices doit estre tenant et durable et le memoire des injures doit estre tantost passé. (ORESME, E.A.C., c.1370, 255). Et se je le sers humblement Et sa bonté devotement, Qui est souveraine et entiere, J'aim de cuer de tenant maniere Et de ma parfaicte pensee (LE FÈVRE, Vieille, trad. De vetula H., a.1376, 355). Quel vice en grans seigneurs ! Et ja souloient les greigneurs Avoir parolle aussi tenant Comme une tour ; mais maintenant, Se tu n'es folz, point ne t'i fie, Car c'est tout vent, je le t'affie ! (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 25).

b)

"Tenace" : Oncques mais je ne fuz sy las Ne senty douleur sy tenant, Ainsy que je faiz maintenant ; Je tremble tout comme une feuille Et n'ay membre que bien me veuille, Tant suis mat et aventuré. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 831).

II. -

Subst. masc.

A. -

[Désigne une pers.]

1.

"Celui qui tient un fief d'un seigneur, vassal" : ...vingt-quatre tenanz dehors chacun XII deniers, qui valent vingt-quatre souls (Cartul. Laval B., t.2, 1335, 188). Aus houmes et tenans de la ferme de Caz en la viconté de Carenten, et semblablement à Messire Guillaume Carbonnel, chevalier, seigneur de Beuran, fieuffermier dicelle, pour remission à eulz faitte (...) de pluseurs arrerages de rente (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 141). Et prie, vueil et commande à tous mes tenans et subgets qu'ilz seellent avecques moy ceste ahiretance, biau filz de Foeis, que je vous donne (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 74).

-

Franc tenant : ...toutes et telles aultres et semblables franchises comme ont et prennent les aultres nobles et frans tenans et usagers de ladicte forest. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 216).

2.

"Chevalier qui lance un défi à la joute et défend la place" : Et durerent les dictes jouxtes des le mercredi .XXIII. jour d'avril jusques au premier jour de may ; et se nommerent les tenans du dedens des dictes jouxtes Chastillon et Bourdillon. Au regard des defendans du dehors le nombre est incongneu, car c'estoit a tous venans, pourveu que ce fussent gentilz hommes, et de toutes lignes. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 261).

3.

"Celui qui tient trop à ce qu'il a, qui retient ce qu'il a, qui se montre avare" : Le premier [signe] est que les melancoliques sont envieulx. Le IIe est qu'il sont tristes. Le IIIe est : il sont avaricieux. Le IIIIe : qu'il sont tenant, et rien ne veulent exposer et mal paiant. (Rég. santé corps C., 1480, 146).

B. -

[Désigne une chose]

1.

MÉD. "Ce qui tient, attache, tendon" : Tantost tu congnoistras se les nerfz sont tranchés ou les tenans ou colligacions. (PANIS, Guidon, 1478, tr.VII, doct.2, chap.8).

2.

"Ce qui forme un ensemble qui se tient, ce qui est contigu, attenant, dépendances" : ...la forte maison des Hermoises, les fosséz et les jardins, et tout le tenant et pourpris devant et derriere (Trés. Reth. S.L., t.2, 1378, 241).

-

"Propriété, possession"

Rem. MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 316 ; 349.

3.

Loc. adv. En un tenant

-

[Dans l'espace] "D'un seul morceau, formant un espace continu" : ...Une maison, masure et un fossé tout en un tenant (Trés. Reth. S.L., t.2, 1378, 258).

-

[Dans le temps] "Sans discontinuer" : La demoura Huon .I. an en ung tenant (Hugues Capet Lab., c.1358, 85). Et le bon tamps qu'avoir soloient Recommencerent maintenant, Et ung petit en ung tenant, Illoec sus l'erboy qui fu vers. (Pastor. B., c.1422-1425, 126).

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"D'affilée, sans interruption" : Par le grant Dieu c'om doit louer, Il n'an ara plux maintenant [des coups], Assés en a en ung tenant (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 196). Se semble ung viel matin famis, Hullant huit jours en ung tenant. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 618).

-

"À la suite, de suite" : Onques les Gascons, XXX. Ans d'un tenant , ne furent fermement à ung seigneur (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 204). Ceste doloreuse mort fut l'année du grant yver, l'an mil quatre cens et sept, et dura la gelée soixante six jours en ung tenant, très terrible et tant que au desgeler, le Pont Neuf de Paris fut abatu en Seine. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1, c.1425-1440, 165). .II. jours en .I. tenant (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 304). Sur quoy le roy, parlant ariere a son chancelier, commanda qu'on leur deist qu'ilz deissent leur charge que avoient de par le duc de Bourgoingne tout en ung tenant, et qu'il les voloit oÿr tout a une fois. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 178).

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"Tous à la fois, tous ensemble" : Toutes s'en vont en un tenant, En Grece n'en remaint nesune (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 322). Touteffoiz, je n'y pense mal Pour lui [l'évêque Thibault d'Aucigny], et pour son lieutenant, Aussi pour son officïal Qui est plaisant et advenant, Que faire n'ay du remenant Mais du petit maistre Robert : Je les ayme tout d'un tenant, Ainsi que fait Dieu le Lombart. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 71). ABBÉ. Las, vous ne sçavez la misere En quoy nous sommes maintenant Ne pour quoy nous faisons priere En cestuy lieu, tous d'un tenant. (LA VIGNE, S.M., 1496, 380).

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"Tous ensemble dans un même endroit" : Quant furent assamblé le gent en ung tenant... (Hugues Capet Lab., c.1358, 114). Et estoit l'ordonance du duc son oncle tele que il logast dedens son hostel, l'ostel d'Artois, et toute sa famille et chevalerie dedans le quartier des Halles tout en ung tenant (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 235).

-

[Dans l'espace] Tout en tenant. "D'un seul tenant, dans un ensemble continu" : Puis que sommes en bon prepos, Je veul si fayre pour rayson Une forte et grosse mayson Et l'egleyse tout en tenant. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 143).

-

[Dans le temps] Tout d'un tenant. "Tout de suite" : Bien revenu Soit le prophette vertueux ! Mon corps sera bien curïeulx De l'aler veoir tout d'un tenant. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 500).