C.N.R.S.
 
http://www.atilf.fr/dmf/definition/surquérir 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SURQUÉRIR     
FEW II-2 quaerere
SURQUERIR, verbe
[T-L : sorquerre ; GD : sourquerre/surquerir ; DÉCT : sorquerre ; FEW II-2, 1408b : quaerere]

I. -

Empl. trans.

A. -

[Idée de demande insistante (et vaine)] "Demander, chercher qqn avec insistance" : Or fut, sire, la fortune telle que nous arrivames au port malgré nous. De la royne ne sçay nouvelles, mais tant sçay je que quant Juvenis Pater fut arrivé en ceste terre, qu'il sourquist le chastelain de ceste ville. Et sur ce il voulut deffendre sa ville et sa forteresse, mais Juvenis Pater, qui veyt qu'il avoit la forteresse, fist bouter le feu en la ville et le chastelain mectre a mort. (Percef. II, R., t.1, c.1450 [c.1340], 130). JHESUS. (...) Mon pere, se faire ce peut, Allege moy ceste sentence ! Autrement, divine ordonnance Soit faite sans riens surquerir ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 685). SAINCT MARTIN. (...) Dont je te veulx devostement requerre Qu'il te plaise de m'aÿder a querre Et enquerre L'omme de bien que sur tous veulx acquerre : Hillaire a nom, que chascun doibt conquerre Et surquerre. (LA VIGNE, S.M., 1496, 349).

 

-

Empl. abs. "Continuer à demander" : Se tu fais ta petition Au juge, s'il respont raison, Tu ne le dois de plus requerre. Rigour qu'est de feible raison, C'est trop folle petition Et grant honte de surequerre. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 119). De ceste response estoit tant asoufi le roy de Cypre et ceux de son conseil, que autant s'en tint à content de la parole comme de l'effet ; car plus honorablement ne luy pouvoit-on respondre, ne luy n'avoit, ne ne pouvoit avoir cause de plus avant surquerre. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 37).

 

-

Loc. Surquerir le festu au charbon. "Perdre son temps (?)" : Premierement fut monsieur de Bourbon De ce royaulme en ville et en bourc bon Seul pour le tout commis regent de France ; Qui par conseil et advis bel et bon, Sans surquerir le festu au charbon, Manifesta sa bonne sapïence, Son bon vouloir, sa haulte preference En tel façon que le peuple vivoit Paisiblement (LA VIGNE, V.N., p.1495, 141).

B. -

[Idée de pression exercée sur qqn] "Presser, tourmenter qqn" : Qui sourquiert, que on le sourquiere, Et qui fiert, que on le refiere. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 33). Or veez et soyez cognoissans Que sil qui sans pechié se tient Bonne vie et juste maintient, Car tout est fait ce qu'il requiert, Car nulle rien ne le sourquiert. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 76). ...il [les valets de la dame] ne sont ne courtois ne sage Quant ensi le voellent sourquerre [l'amant éconduit]. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 192). Desir enquiert De lui [un homme aimé], Souvenir le requiert, Espoir l'actent, Regret le quiert Et Loyauté mon cuer seurquiert. (CHART., L. Dames, 1416, 248). Ainsi estoit-il de ce noble prince en qui courage n'estoit chu vilaine chose par la longue et attaneuse presse dont l'autre le surquist, voyre mortelle, (...) constraint maintenant malgré luy d'avoir souillé ses mains au sang de son proxime, l'un des hauts hommes du monde, le fils du roy. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 17). JEHAN BOCACE. "Que doncques me surquiers tu ?" LA ROINE. "Je te surquiers voirment et ne te cesseray a tempter, importune, jusques que j'aray tiré conseil de toy a aultruy resconfort, ou que je soye mise en ton livre par toy reciter ma cause." (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 89).

 

-

"Presser qqn de questions" : Mais quant le noble roy entendy comment la royne questionnoit le noble chevalier, il se commanda mener avant, puis dist : "Ma dame, vous surquerez trop le chevalier." (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 309). [Autre ex. p.312]

 

-

Surquerir (une femme) de deshonneur. "Chercher à obtenir, de façon insistante (les faveurs d'une femme), au risque de la déshonorer" : Maiz de trop fier baston la fiert, Qui de deshonneur la seurquiert En la servant. C'est un service en desservant, Et me semble que un tel servant Est de tout perdre deservant Quant envaÿr Veult l'onneur sa dame et traÿr. (CHART., L. Dames, 1416, 286).

 

-

"Solliciter qqn au combat, attaquer" : Mesires Ustasses ne savoit a qui il se conbatoit, mais li rois le sçavoit bien, car il le recongnissoit par ses armes. Et li rois estoit armés simplement ensi que uns aultres chevaliers, et toutesfois il estoit gardés d'auquns chevaliers et esquiers qui la estoient ordonné pour son corps, a la fin que il ne fust trop avant sourquis. (FROISS., Chron. D., p.1400, 870).

 

-

"Chercher querelle à qqn, provoquer qqn" : "...je voel que à l'ostel de Labreth, dont nous issons, tu ne faces point de guerre, se il ne te surquièrent ou efforcent." (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 266). [À propos d'un différend entre le roi de France et le duc de Bretagne] ...il [le duc de Bourgogne] ne donnoit pas le plus du tort au duc breton en son couvert courage, ne au roy le plus du droit, car savoit bien que le roy le surquéroit. (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 79).

C. -

"Vaincre, subjuguer qqn" : La char m'esmoeult aux delis de la terre, Le monde vain a vanité me serre, Et puis le deable, a me vaincre et surquerre, Pour m'atirer a la fin deceptoire (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 467). Ce que l'on scet n'est il besoing d'enquerre. Les pouvres Houcqs sont durement menés Des Cabillaux, qui les veullent surquerre. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 644).

II. -

Surquerant. "Pressant" : ...l'omme est trop sourquerant ne n'est mie vray amant qui [à qui] telz confors ne souffist (Percef. VI, R., c.1450 [c.1340], 544).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

Fermer la fenêtre