C.N.R.S.
 
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     SOUSPRENDRE     
FEW IX 351a prehendere
SOUSPRENDRE, verbe
[T-L : sosprendre ; GD : sousprendre ; FEW IX, 351a : prehendere]

A. -

Au propre

 

1.

"Prendre, enlever qqn ou qqc."

 

-

"Prendre, attraper qqn, se saisir de qqn à l'improviste" : D'une [corde] sans plus je te dirai Pour ce que plus m'efforcerai De toi dedens li encorder Quë es autres et arrester. (...) C'est la corde au bourrel d'enfer Qui plus quë arrement est ner, Celle dont il trahine et pent A son gibet ceus qu'il sousprent. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 225). Se vous saviez un po tencier, Bon seroit et pour certein cas Ou vous devenez avocas ; Car on vous porra bien sousprendre, Se vous ne vous savez deffendre. (MACH., J. R. Nav., 1349, 162).

 

-

[L'âme (saisie par les démons)] : S'ame des ennemis sousprise Sera, s'il persevére ainsi En sa rancune, sanz mercy A Dieu requerre (Mir. parr., 1356, 4).

 

-

[Un animal] : Car a son retour s'embati Vers une aigle, se l'abati. Mais on dit qu'elle fu sousprise ; Pour ce fu elle a mort sousmise. Car il s'estoit mis en office Avec sa force de malice. (MACH., D. Aler., a.1349, 356). En celle cusançon estoie Pour honneur a quoy je tendoie. Cusançon avoie et desir Que je peüsse, a mon loisir, Aucuns lievres a point sousprendre, Par quoy je les peüsse prendre. Or porroit aucuns enquester Se c'est honneur de levreter. A ce point ci responderoie Que c'est honneur, solas et joie (MACH., J. R. Nav., 1349, 154).

 

-

"Enlever qqc." : ...et n'est point mon entente de riens souprandre sur mond. sgr ; et si aucune chose avoye delaissé ou souprins, de remectre et mectre en estat deu toutes foiz qu'il viendroyt à ma congnoissance (Cartul. Sires de Rays B., t.2, 1410, 447).

 

2.

En partic. [En contexte guerrier] "Attaquer à l'improviste" : Si estoit sen entente que de chevaucier jusques à Mortagne, et de sousprendre le ville qui se tient dou royaume (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 154). ...les gardes de la porte ... quant ilz oyrent l'effroy et le buschier et gens parler et chevaulx hannir, cogneurent tantost qu'ilz estoient deceus et souspris. Si se leverent et vindrent aux fenestres de la porte et commenchierent à cryer : "Trahy ! trayhi !", à haulte voix. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 216). ...j'entens Que la ville de Meleun Et la duchié et le conmun (...) Veulent a moy estre rebelles ; Si vous y vueil touz envoier : Pensez de vous tost avoier Pour les sousprendre. (Mir. Clov., c.1381, 243). La fu grant ly abbateys. Quant le gallaffre se sent ainsi souspris, si se part de la bataille, lui Xe, le plus coyement qu'il puet, et s'en vint a la mer. (ARRAS, c.1392-1393, 138). Mandons de noz amis et nous tenons secretement ensemble, et verrons quel conroy ilz prendront, afin que, se ilz viennent sur nous, que ilz ne nous treuvent point a descouvert, et aussi, se Remondin se part, que il ne soit pas souspriz d'eulx, car, se ilz ont entencion de lui mal faire, ce n'est que de lui oster sa vie. (ARRAS, c.1392-1393, 70). ...le respit durant, li rois d'Engleterre faisoit toutdis esforccer son hoost et faire grans fosses sus les dunes, par quoi li François ne les peuissent sousprendre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 833). ...adfin que de leurs ennemis ne peussent estre souspris ne envays. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 301).

B. -

P. anal. [D'une chose] "Prendre qqn par surprise, surprendre qqn" : ...Affin que mort soubite ne me souprengne mie (Prières saints R., t.2, 1300-1400, 454). Je sench le feu qui me sousprent, Qui tous me bruïst et esprent. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 154). Entre Albidos et l'autre dunne Fu il souspris d'une fortunne Et la quelle il ne peut passer. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 159). Et faisoit pourveir ses cités, villes et chastiaus moult grossement en Pikardie, et tenoit par tout en garnison grant fuison de gens d'armes, par quoi li pays ne fust souspris d'aucune mal aventure (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 34). Soupris me sent de maladie. Il fault que je soie couchiez. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 27). ...le vespre les sousprent (Cligès C.T., 1455, 87). Et avec ce, puys hier nonne, Nous ne mengeasmes que du pain, Ung bien petit, par quoy la fain Nous commence fort a supprendre. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 997).

 

-

"Tromper qqn" : Li tamps me sousprent, Qui point ne m'aprent Nullement De seüre grasse (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 172-173).

 

-

Estre souspris : Il se fait bon aviser, anchois que on soit soupris . Tout ce ne nous coustera riens, et si en serons plus cremu (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 183).

C. -

Au fig.

 

1.

"Surprendre, séduire, circonvenir qqn" : Je ne di pas qu'en tel attrait Que ce fust par engingneus trait, Pour eaus sousprendre ne sousduire, Mais pour li aviser et duire Aus amiables poins discrés, Nompas pour savoir leurs secrez Selonc especialité, Mais en la generalité De ce qu'on porroit bonnement Dire a tous bons generalment. (MACH., D. Aler., a.1349, 247).

 

-

[D'un sentiment, du péché...] "Prendre, saisir qqn, s'emparer de qqn" : Et son humilité parfaite M'estoit escuz, deffense et gaite Qu'orguieus ne me peüst sousprendre, Qui mains maus norrist et engendre, Et qu'envers tous trés doucement Me maintenisse et humblement. (MACH., R. Fort., c.1341, 7). Grant ardeur le vint enorter Et l'amonnesta et sousprist (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 160). Et souprix de mortelz pecchiés... (Prières saints R., t.1, 1400-1500, 133).

 

.

Estre souspris de l'amour de qqn : Et lors print Remondin congié d'elle [Mélusine] en la acoulant moult doulcement, et la baisa tres amoureusement, comme celle ou il se confie du tout ; car il estoit ja si sousprins de s'amour que quant qu'elle lui disoit, il lui affermoit toute verité... (ARRAS, c.1392-1393, 27). ...et fu tellement soupris de l'amour d'elle que a ceste fois il ne lui osa dire la cause pour quoy il estoit la venus (WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, 126). ...il estoit soupris d'amour d'elle par convoitise charnelle (WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, 129).

 

-

[En contexte amoureux, de la beauté, des qualités d'une femme] "Séduire qqn" : ...li doulz maintiens, li parfais sens, la grant noblèce et la fine biauté que jou ay veu et trouvet en vous m'ont si souspris et entrepris qu'il covient que je soie vos amans (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 133).

 

-

Estre souspris de + inf. "Être séduit en sorte de" : Je fui, ma dame de pris, Sanz mespris, En qui tout bien est compris, Par vo tres douce maniere De vous bien amer espris Et souspris, Si qu'encore sui tout pris, Quant je voy vo lie chiere. (MACH., Les lays, 1377, 467).

 

2.

[D'une pers. ou d'une chose] "Susciter la surprise, l'étonnement" : S'elle fut soupprinse et esbahie de se veoir tenue et saisie de monseigneur le conte, ce ne fut pas merveilles (C.N.N., c.1456-1467, 156). Helas ! monseigneur, ce dist la jeune fille, toute esbahye et soupprinse qu'elle estoit, je vous cry mercy ! (C.N.N., c.1456-1467, 156). Elle, qui estoit prinse et soupprinse, vit bien que le refus n'estoit pas de saison (C.N.N., c.1456-1467, 309). ...ilz furent autant souprins que si cornes leur venissent. (C.N.N., c.1456-1467, 339). ...sa tresbelle et bonne dame et espouse (...) fut bien esbahie, et de tous ses sens tant alterée et soupprinse qu'elle ne savoit sa contenance. (C.N.N., c.1456-1467, 424). Helas ! monseigneur, ce dist la jeune fille, toute esbahye et soupprinse qu'elle estoit, je vous cry mercy ! (C.N.N., c.1456-1467, 156).

 

-

Part. passé "Stupéfait" : Anne, ma suer, quelz songes m'esbahissent soupprise ? (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 149). ...Dieu scet que la pouvre donne Margarite estoit honteuse et soupprinse ! [Longtemps déguisé en femme, l'homme a été démasqué et promené, nu, par la ville] (C.N.N., c.1456-1467, 304).

V. aussi surprendre
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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