C.N.R.S.
 
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     SOUPE     
FEW XVII *suppa
SOUPE, subst. fém.
[T-L : sope ; GDC : soupe ; FEW XVII, 284b : *suppa ; TLF : XV, 765b : soupe]

A. -

"Tranche de pain trempée dans le vin ou dans un autre liquide (en partic. du bouillon)" : Il n'avoit pas tous ses aviaus, Car souvent mangoit des naviaus, Des feves et dou pain de soile, D'un haran, d'une soupe a l'oile, Par deffaut de bonne viande. (MACH., C. ami, 1357, 104). Et quant leur souvenoit de fain, Pourveü estoient de pain, Dont en l'aige faisoient soupes (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 85). ...laquelle qui parle leur bailla du fromaige et du pain et du vin, et fist ledit prisonnier fondre ledit fromaige, et firent des souppes dedens, lesqueles ledit prisonnier menga à la pointe de son coustel (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 559). Or apourte donc en ta main, Le trainchet pour trainchier nous souppez. Nous y mectro[n]s de grosses louppes, Car tantost trampee seront. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 73). Happe ceste laine, Et prens une souppe en ce plat, On t'y fait beau brouet. (P. Jouh. D.R., a.1488, 35). Ha sanglant gibet que il poyse Il a assés mangié de souppes (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 89).

 

Rem. GRÉBAN, Pass. J., c.1450, gloss. ; MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, gloss. ...

 

-

Soupe de pain : ...et y peut on mectre des souppes de pain levé ou autre, que ja ne se tournera, puis que le lait est ainsi gouverné comme dit est (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 224). La tierce [utilité] est qu'il accomplist la digestion des viandes mal digerees et clot l'orifice de l'estomac. Le quart est que les choses trop digerees, la soupe leur reduit a bon moyen, et tout ce est veritable de la soupe de pain faicte en vin quant le pain est roti sur les charbons ou desceiché. (Rég. santé corps C., 1480, 103).

 

-

Soupe en lait/en vin. "Tranche de pain trempée dans le lait/dans le vin" : ...si ne bu puis hui matin Ne mengeay c'une soupe en vin Tant seulement. (Mir. femme roy Port., c.1342, 157). Et le lendemain, par matin, se leva Gieffroy et ses freres, et ouyrent la messe. Et après, prist Gieffroy une souppe en vin... (ARRAS, c.1392-1393, 299). ...je mangeue soupe en laict (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 223). ...apprez ce qu'ilz eurent pris le souppe en vin, ilz monterent et se mirent a chemin (Comte Artois S., c.1453-1467, 140). ...Pour une soupe en vin prenre (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 622). En ce texte sont mises quatre utilités que fait la souppe en vin. La premiere est que elle mondifie les dens a cause que le pain adhere aux dens plus long temps que le vin seul sans pain, et ainsi les immundices et limosités adherantes aux dens en sont mieulx consumees et purifiees. La seconde : qu'elle aguise la veue et prohibe les fumees caligineuses adscendre aulx cerveau qui offusquent les esperiz visibles a cause que la soupe en vin digere les humidités estant en l'estomac. (Rég. santé corps C., 1480, 103).

 

Rem. FROISS., Méliad. L., 1373-1388, gloss.

 

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Soupe grasse. "Tranche de pain trempée dans un bouillon dans lequel a cuit du boeuf" : Auchuns en mengeant, quant leurs escueilles veullent vuidier, degoutent leurs grasses souppes sur la nappe... (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 253).

 

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[Comme expr. d'une valeur minimale] "Peu ou rien du tout" : ...il te doit souvenir que se le dit serviteur n'estoit bien en ta grace, le dit seigneur ne lui donroit pas le remanant d'une souppe grasse. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 353).

B. -

Loc. fig.

 

-

Soupe grasse. "Pofit, bonne chance"

 

Rem. MARTIN LE FRANC, Estrif D., 1447-1448, 226/23.

 

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Faire une grasse soupe. "Tirer du profit" : Et toutesfoiz le dit mahommet, s'il cognoistra par ses facteurs que en l'eauue grasse du venant a son seigneur il ne pourra faire une grasse souppe, tost se delivra de lui, ou par adventure le baildra a gouverner a ung autre petit mahommet (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 574).

 

-

Faire soupe d'autel pain. "Rendre la pareille" : Après ce fait Devers Amours Loiauté se retrait, Et dist einsi, que riens n'eüst meffait, Se d'autel pain li eüst soupe fait. "N'il n'est raisons Pour ce, s'il est vrais, loiaus et preudons, Qu'il soit de ceuls qui batent les buissons Dont li autre prennent les oisillons..." (MACH., J. R. Beh., c.1340, 125). Je luy feray d'autel pain souppe (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 176). Mais aux maris en est la coulpe, Et s'elles leur faisoient souppe D'autel pain, cause y averoient, Mais a nul fuer ne le feroient (DESCH., M.M., c.1385-1403, 291).

 

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Faire d'autel pain soupe./Servir soupe de tel pain. "Agir de la même façon, rendre la pareille" : De tel pain souppe fault servir, A trompeur trompeur et demi (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 383).

 

Rem. DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 176.

 

-

Mouiller sa soupe en qqc. "Avoir part à qqc., y être intéressé" : Et toutesfoiz le dit officier licencie ne reputera pas les dictes reigles comme estouppe. Quel merveille ! car souvent il y moillera sa souppe. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 327). Item, il a legèrement passé et seellé lettres de dons excessifz sans y faire quelque résistence. Et les particularités seront trouvées par les comptes de Michel du Sabulon, de Alixandre Boursier et de plusieurs autres, qui ne se sont point faings de y mouller leurs soupes. (Doc. 1412. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2 c.1425-1440, 324).

 

Rem. DI STEF., 808c.

 

-

Plus ivre qu'une soupe. "Trempé de vin jusqu'aux os" : Se sont tres mauvaise mardaille. Ilz sont plus ivres qu'une soupe. (Myst. st Clément Metz D., p.1439, 406).

C. -

P. méton. "Bouillon ou potage" : Malars de riviere a la dodine, tanches aux souppes et bourrees a la chaude saulse, pastelz de chappons de haulte gresse a la souppe de la gresse et du percil. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 175). ...Fourmentee, venoison, rost de poissons, froide sauge, anguilles reversees, gelees de poisson, pastez de chapon a la soupe courte (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 176). Au boucher: demy mouton pour faire la souppe aux compaignons et ung quartier de lart pour larder (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 185). Doncques lui serviront ses escuiers et varlés de moult bon viande : c'est à savoir, à la primiere course, de soupe des naveux, s'il soit en estee ; et s'il soit en yver, des chous de porree ou de poais avecque la larde, ou de puree. (Man. lang. G., 1396, 51).

 

-

[Pour les chiens] : ...quar chien qui est nourri de gresse et de soupes depuis qu'il a mué ses denz, s'il n'a touz jours soupes ou lecherie, voulentiers est de mauvaise garde (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 112). Aux chiens qui viennent des boiz et de la chasse fait l'en devant leur maistre, et luy mesmes leur fait, lictiere blanche devant son feu, l'en leur oint de saing doulx leurs piez au feu, l'en leur fait souppes et sont aisiez par pitié de leur travail. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 103).

 

-

Loc. fig. Estre mené en la soupe. "Boire le bouillon (?)" : Se je devoie estre menés En la suppe, se vous battrai ge. (Myst. st Clément Metz D., p.1439, 406).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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