A. -

Au propre "Déplacer de bas en haut"

1.

Empl. trans. "Lever à faible hauteur, déplacer de bas en haut, soulever" : Lors se prindrent sans plus mot dire aux bras, et Aigres qui estoit moult courroucié du despit que cellui lui avoit dit, et qui grant haïne avoit a lui d'autre chose, estraint de si grant vertu le glouton qu'il lui rompit deux des costes senestres et puis le souleva et le geta de si grant vertu contre terre, que au cheoir il lui brisa deux autres costes ou ventre (Bérinus, I, c.1350-1370, 370). ...il mettent leurs tesmoingz [leurs testicules] en sachés propres a ce, et les sourlievent et loient ses sachés a leurs rains. (JEAN LE LONG, Voy. Odoric A.M., 1351, 8). Comme celui qui trahine son vestement pour ce que il ne ait labeur et poine ou tristece a le souslever et faint que il a grant labour a le trahiner et que il en est grevé. (ORESME, E.A., c.1370, 389). ...il seul, de nuyt, monta en un porche et louages appartenans à Jehan Henry, ouquel porche il souleva et esleva l'uys de la chambre d'un compaignon dont il ne scet le nom (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 263). Alors fichié s'est entre nous et mis Un ventelez Doulz et plaisant, qui noz cours mantellez Nous soubslevoit souefs et freschelés (CHR. PIZ., Dit Poissy R., 1400, 164). ...je soublevay ung peu ma face pour une je ne scay quelle doulceur et une lueur que je apparcevoye de nouvel (GERS., Trin., 1402, 169). Alors qu'il sentist sa douleur, et ne peust sa haiche souslever, comme chevalier hardy et preux tint sa haiche fort en sa main senestre (LA SALE, J.S., 1456, 127).

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"Lever pour déplacer, pour enlever" : FRANCEQUIN. Actendez donc que je soublieve Ung peu la table et les treteaux. Sortez, monsieur. Sus, qu'on relieve La nappe, serre ces cousteaux, Emporte tranchoire et plateaux (LA VIGNE, S.M., 1496, 205).

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"Relever qqn (qui s'incline devant qqn)" : Perseus s'enclina aux piedz du consul quant on lui presentoit, mais le consul le soubzleva et l'assist dedens une celle d'onneur. (MAMEROT, Romuleon D., 1466, 82).

2.

Empl. intrans. ou pronom. "Se relever, se soulever, être déplacé de bas en haut" : ...la roÿne qui ung peu sourleva... (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 9). Le roy lui fist faire de beaulx oratoires de bois en pluseurs eglises, où d'estre longuement avoit devocion, comme à Saint-Marry, sa perroisse, aux Augustins et ailleurs, car moult estoit femme solitaire et de grant contemplacion, et tant, que j'ay certainement ouy recorder à gens dignes de foy que, en sa contemplacion, on l'a aucune fois veue soulevée de terre en l'air plus de .II. piez (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 67). Au point du jour quant Aurora se lieve, Et peu a peu son exquis lustre eslieve Pour esclarcir l'essence diuturne, Ung reposant voluntiers se soublieve, Et sa celule totalement relieve. (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 107). Mais touteffois par volunté divine se print a soublever et a revigourer peu a peu, jaçoit ce que a grant payne pouoit elle mectre ung pied devant l'aultre (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 113).

B. -

Au fig.

1.

"Relever" : Soulevez doncques et aydiez ceste nostre fragilité. (GERS., P. Paul, a.1394, 492).

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"Relever, améliorer la situation de" : Il soubzleva toutes les citéz en Champaigne par ses biensfaiz et dons (MAMEROT, Romuleon D., 1466, 365).

2.

[Du coeur] Soulever de joie. "S'émouvoir de joie" : Quant Raine ot oÿ son seigneur, si lui souleva le cuer de joye et se hasta moult de respondre comme celle qui estoit moult desirant de faire son prouffit et dit a Famius : ... (Bérinus, I, c.1350-1370, 35). Quant la dame les vist venir, tout le cuer lui souleva de joie (Bérinus, II, c.1350-1370, 124).