A. -

[D'une pers., de son comportement]

1.

Soigneux de qqn/de qqc. "Qui prend soin de qqn ou de qqc., qui s'occupe, se préoccupe de qqn ou de qqc., qui est attentif à qqn ou à qqc." : L'AMPEREUR. Alez, maistre, donc en bonne heure ; Or soiez de mon filz songneux. (Mir. st Val., c.1367, 126). J'ay cy trouvé ces bonnes gens Qui de moy sont si diligens, Si curieux et si soingneux Que chascun me fait qui miex miex. (Mir. Berthe, c.1373, 196). Si arresterent et conclurrent les capitaines entre eulx que, sus le soir, ilz se departiroient et enmerroient tout leur butin et leurs prisonniers dont ilz en avoient plus de deux cens ; et de ce furent-ilz soingneux, car ilz mistrent bonnes gardes aux portes (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 220). ...pour itant besongnoit il bien à... cil d'Audenarde... que il fuissent sus leur garde et songneus de leur ville (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 218). Clers et laiz, vilains et gentilz, Qui sont (...) entalentiz Et songnieux du bien de ce regne... (Mir. fille roy, c.1379, 37). Et sachiez que Melusigne (...) estoit si tres soingneuse de ses enfans, qu'ilz croissoient et amendoient si fort que chascun qui les veoit s'en donnoit merveille. (ARRAS, c.1392-1393, 79). ... et l'avoient les gardes empris a garder sus l'abandon de lors testes. Si en estoient tant plus songneus, (FROISS., Chron. D., p.1400, 802). Item, et especialment pourront remonstrer comment le feu roy Henry, cui Dieu pardoint, estoit soingneux de leur paiement. (FAUQ., II, 1421-1430, 365). Plus y pense, plus merveillier Me fait le mal qui est en eulx, Soyez de ce fait cy soingneulx, Visez y (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 222). Seigneurs, de verité je croy Certaines femmes trop piteuses Des prisonniers et moult sogneuses (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 135). Se nous voullons que a mercy Dieu nous prenne, Soyons songneux de nostre concience (Cene dieux, c.1492, 140).

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Soigneux de + inf. "Qui prend soin de + inf., qui se préoccupe de + inf., qui est soucieux de + inf., qui s'applique à" : C'est un baston pour un vachier Qui en nul temps ne puet ploiier, Quar dur est et racornillie, Tortu et racroquevillie. (...) J'en fais fuir et hors (en) chace Grace (de) Dieu de toute place Et en faiz abuissail a ceus Qui sont de retourner soigneus A la haie (de) Penitance (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 248). GABRIEL. Michiel, de faire oir noz voiz Arons nous pensée soingneuse. (Mir. ev. N.D., c.1348, 76). Or y parra, dist l'emperiere, comment vous le trouverez, car je vous commant, de tout quanques je puis, que vous soiez soingneux de ceste besoingne parfaire. (Bérinus, I, c.1350-1370, 417). Pour Dieu, or soiez soigneux doresenavant de vous sagement maintenir (Bérinus, II, c.1350-1370, 60). Tant fu Huëz ly enfez de chevauchier songneus Qu'il entra en Hainnau (Hugues Capet Lab., c.1358, 83). [aussi v.1592] Et se Pité me vuet estre piteuse Et bonne Amour par pensee amoureuse Li ramentoit ma doleur dolereuse, Je ne doubt point Qu'elle n'en soit vers moy plus gracieuse Et de savoir mon estat plus songneuse ; Et s'il est bons, elle en sera joieuse. (MACH., F. am., c.1361, 170). LE ROY. C'est bien dit ; pensez d'en aler, (...) Et soiez songneux et jalous De li [mon filz] garder. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 244). Messires Bremons de la Vote Ot la siste [galée], qui par mer flote Plus legierement c'une aloe Ne vole, dont chascuns la loe. Garnie estoit de bonnes gens, Qui sont songneus et diligens De serchier la mer et la terre Pour avoir honneur et acquerre. (MACH., P. Alex., p.1369, 144). ...le tres vaillant roy fu moult soigneus et diligent de enquerir et poursuivre la verité de la loy de Dieu et la transporter et la communier en Grece (FOUL., Policrat., IV, 1372, 66). Et grandement sougneus estoit De moi remonstrer et retraire Que je me vosisse avant traire Pour parler a ma droite amour. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 126). ...il fist folie, quant il ne fu plus songneux de garder Audenarde que il ne fu (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 180). Si m'en fault [de ses biens] estre curieuse Et de la fille aussi songneuse Faire nourrir. (Mir. fille roy, c.1379, 29). LE MARQUIS, voulant esprouver sa femme :. Moult ay bonne fortune eüe Quant femme ay pris si vertüeuse Et de tout bien faire soigneuse, Qu'ains maiz je ne vi la pareille ; De sa prudence me merveille, Maiz sa constance esprouveray. (Gris., 1395, 51). Et sont diligens et songneux De faire en tous cas leur devoir (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 142). Si soit soigneuse de les faire lever matin (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 154). ...pour ce, soyez soingneuses De recevoir leur plaisant compaignie Pour resveillier voz pensees joieuses. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 129). Sus, sus, d'ambler soiez soigneux. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 138). ...Dieu scet puis qu'il eut ce bien s'il estoit diligent et soigneux de se trouver vers elle qu'il amoit plus que tout le demourant du monde. (C.N.N., c.1456-1467, 305). Il me fault bien estre songneux De les servir de cueur begnin. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 132). Si devez bien estre soigneux De voloir avoir ceste place, Qui vous est le plus dommageux Et qui plus de mal vous prochasse (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 473).

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Soigneux pour + inf. : ...estre songnheux Me fault pour avoir de la telle, Que soit blanche, doulcete et belle. J'en vaiz querir je ne sçay ou. (Pass. Auv., 1477, 237).

Rem. Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 520/97.

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Soingneux que : Et s'on mesdit ou tu seras, En l'eure le rabateras, Car tels mesdit souvent d'autrui Qui a moult a mesdire en lui. Soies diligens et songneus, Qu'onques juenes homs paresseus Ne pot a haute honneur venir Ne son heritage tenir, Qu'il n'en perde ou qu'on ne li tole. (MACH., C. ami, 1357, 125). Doit estre soigneuse que son mary soit nettement tenus en robes et toutes choses, car le net aournement du mary est l'onneur de la femme (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 174).

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Empl. abs. "Attentif, appliqué, zélé" : Mon seigneur mon pére et sa gent Ay avec moy ci amenez, Pour estre touz crestiennez (...). Pour Dieu, biau pére, en cest affaire Soiez songneux. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 299). Moult emploie bien son labour Qui vous sert, vierge precieuse, De cuer et pensée songneuse (Mir. roy Thierry, c.1374, 273). Et pour ce dist Tullès que le prince doit estre songneux et dillegement pourchassier que son païs soit bien garny de tous vivres (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 16).

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Mal soingneux. "Négligent" : Mais elle ne fu periceuse De rescrire ne mal s par droict et a loisir Les dictateurs des croniques de Franceongneuse, Ains me rescript par le message Ce qu'est escript en ceste page (MACH., Voir, 1364, 370). Doit estre dessus pour les garder d'oiseuse, car par ouvriers mal soingneux est aucunes foiz desert le maistre (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 205).

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Empl. subst. : C'est souffissance couvoiteuse ; C'est pais dolente et rioteuse ; C'est vanité ; C'est pacience dongereuse ; C'est diligence paresseuse ; C'est oubliance la soingneuse Contre amité ; C'est l'arbre d'inhumanité, Enraciné seur fausseté (MACH., R. Fort., c.1341, 42).

2.

"Qui fait ce qu'il fait avec soin, qui travaille avec soin, avec application" : ...je n'ay mye jardin plantureux où je puisse cueillir si belles fleurs que tu m'as envoyées de ton tresfertille verger, demonstrant que tu es ortalin soigneux et labourieux cultiveur de la terre feconde (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 162).

B. -

[D'une chose, d'une action] "Qui est fait avec soin, avec application" : Ne say qu'en dire ne penser, Mes noz malades fault penser Par une voye tres oigneuse [l. soigneuse] (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 548).

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"Choisi et appliqué avec soin" : ...n'est il possible a bon gouvernement et soigneuse medicine que vous puissez repasser ? [Adresse à une grande malade] (C.N.N., c.1456-1467, 142).

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[Du désir] "Appliqué, vif, ardent" : ...par ung soingneux desir, Je conduysoys mon char de souvenance A visiter Les dictateurs des croniques de France (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 119).