C.N.R.S.
 
http://www.atilf.fr/dmf/definition/sire 
Liste des articlesStructure des articlesArticles sans exemplesArticles complet
 2 articles
 
 Article 1/2 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     GRAND-SIRE     
FEW XI senior
GRANT SIRE, subst. masc.
[GD : gransour ; FEW XI, 455a : senior]

"Grand-père, ancêtre" : ...si hoirs encargont les armes tout entires, ensy que leurs gransires les avoit portéiez (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 368). ...s'en fut une filhe tant soilement, mariée à monssaingnor Thiry de Berghes, le jovene, qui en at des enfans, dont ly ainsneis est chevaliers et nomeis messires Renars de Berghes ly jovenes, car ly viez monssaingnor Renar de Berghes, ses gransires, est encors en vie. (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 473). Colart Cossiaul [avoit] prestet (...) a sen grant signeur XIIII frans dont il prendoit pourfit comme en uzerant. (Arch. Nord, 1401, B 10355, f° 9 v°, IGLF). Et est bien vray que les mesmes offices, Rogier de Lichtervelde, mon grand sire, tenoit et gouissoit bien l'espace de XVI ans. (Arch. Nord, 1416, B 17620, dossier Lichtervelde, IGLF). Abbavus (...) : pater avi, grans sires, peres de l'aiol (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 1). Enssi morirent ches trois chevaliers sour les Liegois, li gransour, puis le peire et après son filh. (STAVELOT, Chron. B., a.1447, 119). Premier y fut monsangneur Johans duc de Borgongne et conte de Flandre, cuy gransour fut ly roy de Franche, et seroige à monsangneur Johan de Bealwier (STAVELOT, Chron. B., a.1447, 140). ...Je vueil (...) que ailliez en une isle (...) ou j'ay fait porter vos deux oncles Gadiffer et Nestor avecq onse des chevaliers qui vouerent les veuz au couronnement du roy Gadiffer vostre grant sire. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1007).
 

DMF 2020 - Synthèse Hiltrud Gerner

 Article 2/2 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     SIRE     
FEW XI senior
SIRE, subst. masc.
[T-L : seignor ; GDC : sire ; FEW XI, 448a : senior ; TLF : XV, 545b : sire]

I. -

[Féodalité (empl. rare en comparaison de seigneur)]

A. -

"Celui qui possède un fief, une terre, et qui a autorité sur les hommes qui y demeurent ; détenteur du ban, de la justice dans une ville, une région" : ...comme nostre amé et feal le prieur de Coustures d'Argençon, du diocese de Poitou, sire de la dite ville, nous eust supplié que de grace especial nous li vousissions octroier un marchié, chascune semaine, en la dite ville de Coustures, au jour du merquedi (Doc. Poitou G., t.2, 1335, 112). N'y a seigneur, ne si grant sire, Tant s'en sache bien entremettre, Qui ou peuple sache fin mettre. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 14). ...et pour estre deslivrez du servage ou leur seigneur les tient a tort, priënt ilz tous dieu de bon cueur que il matte leur sire et que il l'ocie. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 8).

 

-

Sire de + nom propre : ...[il] ouvra de peleterie tant en l'ostel de son dit feu seigneur de pere, comme en l'ostel où ledit sire de Haguenonville, son seigneur et mary, et elle estoient logez (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 362). Ce jour, a esté receu le sire d'Ivoy en office de bailly de Coustantin (BAYE, II, 1411-1417, 40). Messire Jehan de Villiers, segneur de l'Isle Adam, se oppose à ce que le sire de Montberon ne soit receu en office de mareschal de France en son prejudice, pareillement s'est opposé le sire de Chastelluz (FAUQ., I, 1417-1420, 167). ...le sire de Brederode (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 89). ...et y furent prins le conte de Roussy, mareschal de Bourgongne, le sire de Longy, le bailly d'Auxois, le sire de Lisle, l'enseigne du seigneur de Beauchamp, le filz du conte de Saint-Martin, messire Loys de Montmartin, messire Jehan de Digoigne, le seigneur de Rugny, le seigneur de Challigny, les deux filz monseigneur de Viteaux, dont l'un est conte de Joigny, et autres (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 336).

 

-

Prov. : Et, pour ce, dist le proverbe comun que il n'est pas sire de son païs, qui de sez honmes est haÿs (Songe verg. S., t.1, 1378, 232). Car de son païs n'est li hons sires clamez, Quant il est de ses gens haïs et despitez (CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.1, c.1380-1385, 248). De son païs n'est pas sires qui n'est amez. (CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.2, c.1380-1385, 155). Car sire n'est de son paÿs Qui de ses hommes est haÿs. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 141). ...et cilz n'est pas sire de son païs, qui de ses hommes est hays. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 7).

 

Rem. Prov. H., 230 [S99] (HÉRAUT CHANDOS, Vie Prince Noir T., c.1385 ; GERS. ...).

B. -

En partic. "Suzerain, souverain" : Noble le Lion qui fut roys, Sires et empereres droys... (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 5). Charlez est noz sire. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 3). ...et susciter séditions et guerres en Espagne, des nobles contre leur sire (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 143).

II. -

[Comme titre, en empl. allocutif ou délocutif, semble une forme plus respectueuse que seigneur (en partic., c'est le titre donné au roi)]

 

Rem. Sur l'empl. allocutif de sire, cf. L. Foulet, Romania 71, 1950, 1-48 ; 180-221 ; 72, 1951, 31-77 ; 324-367 ; 479-528 (chez LE BEL et FROISS.) ; T. Kähärä, Coll. Nancy, 1997, 281-295 ("Nom d'adresse sire en moyen français").

A. -

[Appliqué au seigneur féodal, principalement au roi, ou, p.ext., à un personnage de haut rang ou encore à un personnage d'une certaine importance sociale]

 

1.

[Titre donné au roi, au souverain] : Et quant Saintré entend le roy, lors a genoulz luy dist : "A ! sire, pour Dieu mercy, au mains soyez content..." (LA SALE, J.S. E., 1456, 207). ...et veez là, Sire, de quoy vous povoit servir astrologie. Mais, affin de eviter thedieuse prolixité, cy endroit mectray fin ad ce prologue, vous suppliant très humblement m'excuser, Sire, que là où je n'esciproye cy après des choses si haultement, ne par si subtilles ou ellegantes raisons, comme bien seroit requis à vostre très sacrée Majesté, de supporter et supplier mon petit entendement (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 8 r°).

 

-

Sire roi : Sire roy, je vous remercie ; Plus que jamaiz suis vostre amie Ad faire vostre bon desir. (Pass. Auv., 1477, 106).

 

-

Souverain sire : Souveraine Court par qui sommes icy, Vous nous avez gardez de desconfire ; Or la langue seule ne peut suffire A vous rendre suffisantes louenges, Si parlons tous, fille du souverain Sire, Mere des bons et seur des benoistz anges [ou s'agit-il ici de Dieu ?] (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 76).

 

-

Le roi nostre sire : ...[il] se print lors à poursuir routes de gens d'armes, ala ou pays d'Espaigne et armée que y envoya le roy nostre sire au secours dudit roy d'Espaigne (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 131). ...ladicte defense avoit esté commandée à faire par le Roy nostre sire. (BAYE, I, 1400-1410, 5). La Court a fait defense à Amiot Viard, sur peine de cent marcs d'or, qu'il ne mefface ou face meffaire à maistre Jehan Mengin, conseillier du Roy nostre sire. (FAUQ., I, 1417-1420, 159). Oudit temps, pour raison de l'aprouchement desdiz Bourguignons ainsi venus à Beauvais, furent faictes à Paris de moult belles ordonnances par sire Denis Hesselin, pennetier du roy nostre sire, esleu de Paris et prevost des marchans de ladicte ville (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 274). Cestui maistre Jehan de Bruges a faicte une prenosticacion que j'ay eue au moïen du seigneur de Donjullien, à qui le roy, nostre sire, l'avoit baillée pour moy monstrer, qui est en françois très bien couchié et s'efforce parler jusques à très longtemps. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 156 r°).

 

2.

[Titre honorifique donné à un personnage de haut rang] : Damoisel sire, laisiéz esteir (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 34).

 

-

[Entre pers. de rang (élevé) comparable] : Chiers sires et amis, toute recommandacion devant mise, plaise vous savoir que mardi derrenierement passé, je feys excecuter un malfaitteur nommé Thevenin Tout Seul, pour ses demerites, en la juridicion d'Essonne (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 55). Nalmon montat (...) disant : "Sire Aloris, je vous mercye..." (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 38).

 

-

[Titre honorifique d'un homme de loi, des membres du parlement, des conseillers du roi...] : Maistre fut, sire, senateur, Juges honnouré et docteur (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 20). Et, ce Xe jour, survint en la Chambre de Parlement sire Jehan de Pressy, tresorier et gouverneur des finances (FAUQ., III, 1431-1435, 86). ...entre lesquelz y fut maistre Jehan Le Boulenger president en Parlement, maistre Henry de Livres conseiller de ladicte court, sire Jehan Clerbout general maistre des monnoyes, Jaques Rebours procureur de ladicte ville de Paris (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 173).

 

3.

[Titre honorifique donné à un ecclésiastique] : ...au moien de ceste adventure, fut [le curé], comme encores est, appellé sire Baudin Casier. (C.N.N., c.1456-1467, 446).

 

-

[Pour s'adresser à un prêtre, à un moine] : LE CHAPPELLAIN. (...) Se ma voulenté voulez faire, Penitance vous chargeray Legiére a faire (...). LA ROYNE. Sire, sachiez certainement J'ameroye miex c'on m'arsist Que trop pechier me convenist. (Mir. femme roy Port., c.1342, 191). "...Non feray pas, dit le [prieur] ; ung prestre ne doit ame tuer. - Si ferez, ferez, sire, par la mort bieu..." (C.N.N., c.1456-1467, 62). ...nostre bon chevalier souvent luy disoit : "Par dieu ! par dieu ! noz sire, vous estes trop privé de ma chambriere..." [Adresse à un chapelain] (C.N.N., c.1456-1467, 455). Saint Jehan, dist la meschine, qui s'avança de parler, sire, si vous en povez bien tant dire. (C.N.N., c.1456-1467, 488). Annas, sire, tresnoble presbtre, Maintenant veyons sa foulie. (Pass. Auv., 1477, 211). SAINCT MARTIN. (...) Lors, de Dieu quelque lieutenant Bon conseil me pourra donner. (Petite pause ; en s'en allant, au second prestre.) Sire, sans plus long sermonner, Treshumblement je vous salue. (LA VIGNE, S.M., 1496, 149).

 

4.

[Titre donné, par déférence, à un personnage d'une certaine importance ou présenté comme tel ; mais parfois aussi, par affaiblissement, proche de "monsieur" (en partic. ds le théâtre profane, dans les farces)] : ...au partement que fait avoit de l'ostel dudit sire Jaques, estant à Forez, près de Laigny, avoit iceulx draps et couverture prins en sondit hostel. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 369). ...il convenoit qu'il venist à Paris par devers sire Jehan de Vaudeter, son maistre (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 393). Et requeroit ledit sire Hemon que certains joyeaux (...) qui avoient esté miz en gage par maistre Jehan Salant audit sire Hemon, pour la somme de CCCC escus fussent vendus (BAYE, I, 1400-1410, 55). Or, bien, bien, je suis en vostre dangier, sire, et ne me puis encores venger. (C.N.N., c.1456-1467, 505). Oudit temps, pour raison de l'aprouchement desdiz Bourguignons ainsi venus à Beauvais, furent faictes à Paris de moult belles ordonnances par sire Denis Hesselin, pennetier du roy nostre sire, esleu de Paris et prevost des marchans de ladicte ville (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 274). Et, ou lieu d'eulx, le roy mist et establist quatre personnes seulement ; c'est assavoir sires Germain de Merle et Nicolas Potier, Denis le Breton et Simon Enjorran. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 1). Item, donne a sire Denis Hyncelin, esleu de Paris, Quatorze muys de vin d'Aulnys Prins sur Turgis a mes perilz (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 88). Sire, bien le devriés amer. (Pass. Auv., 1477, 95). Va t'en parler a mon mary, Sire Pilate, et luy dy Mon songe que t'ay raconté. (Pass. Auv., 1477, 168). Dieu vous doint vivre a honneur, Sire Pilate ! (Pass. Auv., 1477, 272). MUNIER. Ostez-vous, car je me conchye. CURÉ. Par sainct Jehan ! sire, preu vous face ! Fy ! (LA VIGNE, Munyer T., 1496, 237). LE PREMIER GENTIL HOMME [au IIe] Mais, beau sire, Est-il bien à nostre mounyere ? ["Comment va notre meunière ?"] (Gent. moun. T., c.1500, 333).

 

-

[Précédé d'un poss.] Mon sire : Ves cy les prisoniers, mon sire, Que m'advés envoyé querir. (Pass. Auv., 1477, 172).

 

-

[D'une femme à un homme] : ...elle le salua moult gentement et sy luy dist : "Beau sire..." (Chev. papegau H., c.1400-1500, 1). ...la tresbonne chambriere luy va dire : "Or ça, sire..." (C.N.N., c.1456-1467, 122). LA FEMME luy faict la reverence [à L'AMANT]. Sire, Dieu vous doint bonne vie ! (Colin loue dép. Dieu T., c.1485, 144).

 

-

[D'un serviteur à son maître] : Le pouvre maistre (...) luy dist : "Que vous faut il, mon filz, et qu'avez vous a plorer maintenant ? - Helas ! sire et j'ay bien cause..." (C.N.N., c.1456-1467, 93).

 

-

[D'un commerçant ou d'un artisan à un client] : LE MARCHANT. (...) Combien Le faites vous ? LE MARINIER. Je le vous donray, sire doulx, Pour trente livres. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 259). Le Tavernier. Beau sire, vous souvient-il point Que... (Chaulder. T., c.1500, 221).

 

-

P. iron. : Par sainct Jehan, sire, vous mentez. (Jen. filz de rien T., c.1475-1500, 323).

 

-

Beau sire / cher sire : Et que me ferez vous, beau sire, ce dit elle ; la moue ? (C.N.N., c.1456-1467, 151). Ha ! dit maistre Ymbert, par dieu, beau sire, il ne m'en souvenoit plus (C.N.N., c.1456-1467, 400). Je vous rans graces humblement, Cher sire, d'un si tresgrant bien. (Pass. Auv., 1477, 95). Qui le reprent [le jeune], il croyst en yre. Il veult qu'on l'appelle beau sire, Tant se mire ; Le jeune cuyde avoir sapience, Tant plus est fol et plus s'empire. (Pass. Auv., 1477, 118). Advansons nous, Samuel, beau sire ! Remectons la pierre en son lieu. (Pass. Auv., 1477, 263). LA CHAMBERIERE [au COUSTURIER]. Toutesfoys, beau sire, Par vostre ame, voulez-vous dire Que... (Coust. Esop. T., c.1500, 163). LA DAMOYSELLE [à NAUDET]. Et que luy faisoit-il, Jesus ? Je te pry, dy le moy, beau sire [Éd. : "aucune nuance péjorative. Elle flatte Naudet pour qu'il parle plus librement"]. (Gent. moun. T., c.1500, 290).

 

.

P. iron. : LE MARY. (...) Et puis je vous diray, beau sire... MESSIRE DOMINÉ DÉ. Basta tant qui debet suffire. (Pont aux ânes T., c.1480-1500, 101). LE CHAULDRONNIER. Et, savetier, infaict pugnays, Je te prie, beau sire, tays toy. (Chaulder. T., c.1500, 204).

 

.

[Adressé au limier] : [Var.] ...A beau sire la yra, la yra (BRÉZÉ, Chasse T., c.1481-1490, 46).

 

Rem. Sur beau sire, cf. H. Lewicka, Les Comp., 1968, 95-96.

 

5.

Estre sire envers qqn. "Se montrer courtois envers qqn" : ...amés vostre moullier en cuer et la tenez chiere par raison, soiés sires et gracieux envers elle (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1080).

B. -

[Comme forme allocutive ou délocutive, dans un cont. familial (par appellation déférente)]

 

1.

[D'une femme à son mari] : LA DAME. (...) Ce que j'ay fait, c'est par vous, sire : Le pechié vous en demourra. LE SEIGNEUR. Je n'en puis mais (Mir. enf. diable, c.1339, 10). ...la tressage musniere va dire a son mary : "Par ma foy, sire, nous sommes bien tenuz a monseigneur..." (C.N.N., c.1456-1467, 41). ...[elle] s'avança de parler et dist a son mary : "Et Jehan, beau sire..." (C.N.N., c.1456-1467, 290).

 

-

"Époux" : ...Gadiffer vostre chier sire (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 308).

 

2.

Grand sire

 

-

"Grand-père ; ancêtre" : ...si hoirs encargont les armes tout entires, ensy que leurs gransires les avoit portéiez (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 368). ...s'en fut une filhe tant soilement, mariée à monssaingnor Thiry de Berghes, le jovene, qui en at des enfans, dont ly ainsneis est chevaliers et nomeis messires Renars de Berghes ly jovenes, car ly viez monssaingnor Renar de Berghes, ses gransires, est encors en vie. (HEMRICOURT, Miroir Hesb. B.B., 1353-1398, 473). Abbavus (...) : pater avi, grans sires, peres de l'aiol (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 1). ...au couronnement du roy Gadiffer vostre grant sire (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1007).

 

-

"Beau-père, père du conjoint" : Socer : sire pater uxoris uel mariti (Abavus IV, R., c.1350, 477). Socer (...) : le pere de la fenme ou du mari, sogres, sieres (Aalma R., c.1380, 384). Socer (...) : socre, sire, le pere de le femme ou du mari (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 465). Socer : (...) pater uxoris vel mariti, sire (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 363).

 

Rem. Doc. 1336 (inventaire de biens, en pays de Liège) ds E. Poncelet, Oeuvres de J. de Hemricourt, t.3, 1931, CCLIII.

C. -

RELIG. [Comme forme allocutive ou délocutive pour s'adresser à Dieu] : Sires Dieu, mon Salut... (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 49). Sire, ainsin comme c'est verité, descendez maintenant en vostre povre hostel, en l'ostel de mon ame, deffendez vostre logis, c'est vostre droit. (GERS., Pent., p.1389, 75). Sire, monstre nous ta misericorde, et nous donne ton salut ! Sire, point nous ne demandons ta sapience, ta justice et ta puissance, car plus doubtons que desirons, nom pas sans cause (GERS., Purif., 1396-1397, 62). Pourtant, Sire, s'il vous plaist user de grace envers moy, comme piteux pere envers son mauvais filz, comme doulx seigneur envers son inutil serviteur, la gloire, Sire, en est a vous et le proffit a moy, et vous doy bien amer, servir et honnourer. (GERS., Trin., 1402, 164). Toutes foys, Syre, je conferme Mes desirs (...) A ta volenté souverainne. (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 62). Sire Dieu, faictz croistre les bledz, Affin que... (Chaulder. T., c.1500, 215).

 

-

Beau sire : Biaux Sire, Dieu, Jhesu Crist, regarde comment... (Veng. Nostre-Seign. F., t.1, c.1300-1400, 120). Biaux sires Diex, vueillez m'aydier (Mir. march. juif, c.1377, 183).

 

-

Nostre Sire. "Dieu, Jésus-Christ" : Adont vint Nostre Sire a eulx Et par nom Adam appella (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 137). En Egipte tous les lieux vis Ou nostre sires repaira, Vi Nazareth ou repaira De Bethleem ou il fu né (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 54).

 

.

Le souverain sire : Pleust à Dieu, le souverain sire, Que... (Deux hommes deux femmes T., c.1500, 425).

III. -

P. ext. [Très rare en comparaison de seigneur] "Maître de qqn ou de qqc."

A. -

"Maître de qqn" : Congneut aussy que, la nuit passée, il estant logiez en l'ostel Guillot Fouquaut, son sire, demourant à Gentilly, au partir qu'il a aujourd'uy matin fait dudit hostel, a prins en icelli hostel le lit et traversain duquel il a esté trouvé saisy oujourd'ui. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 35). Qu'a Ycarus soie pareille, Qui pour trop hault monter chay, Dont durement lui meschay, Quant si hault monta que la cire Des eles que lui ot son sire Atachees se fu fondue [ici son père] (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 75).

 

-

"Maître par rapport aux domestiques, aux serfs"

 

.

[D'un serviteur à son maître] : Puis qu'a vous servir sui conmis, Sire, s'il vous plaist, regardez De quoy serviray (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 272).

 

-

"Chef" : Et gardez, tant que vous aurez a estre conquerant, que entre vous compaignons ne vous maintenez comme sire, mais commun au grant et au petit, et parler et tenir compaignie a chascun selon sa qualité, car ce fait les cuers enflammez d'amour a ceulx qui ainsi sont humain en seignourie. (ARRAS, c.1392-1393, 87).

 

-

Le sire des noces. "Celui des noces qui est au premier plan, le marié" : ...après la feste faillye, que les jeunes gens furent retraiz et qu'ilz eurent prins congié du sire des nopces et de sa dame, la bonne mere, les cousines, voisines et aultres privées femmes prindrent nostre dame des nopces et la menerent en la chambre (C.N.N., c.1456-1467, 496).

 

Rem. Cf. la dame des noces. V. noces.

 

-

Estre sire. "Avoir un rôle de premier plan, de maître" : Donne si tu vieulx estre riches Et sers si tu vieulx estre sires ; Car pour donner et pour servir Peut ung home monter et venir Asséz toust en auctorité, S'il est garni d'umilité. (Liber Fort. G., 1346, 76).

 

.

Estre sire de. "Dominer" : Ainsi le royaume d'Assire, Qu'estre des autres souloit sire, Si en fu du tout bestourné Et a la fin a mal tourné (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 187).

B. -

"Maître de qqc." : ...s'aucune puissance je avoie, (...) elle ne venoit point de moy ne sire n'en estoie (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 51). ...et si n'estoit point le fait tant lache que le chevalier ne fust sires de sa scelle (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 436).

IV. -

[Empl. fam. ou arg., sans équivalent pour seigneur]

A. -

[Pour désigner tel ou tel personnage]

 

-

Gros sire. "Personnage important" : On mist ce jour en si cruel sentier De sang humain les rabiz, les gros sires Qu'il ne fut plus ne besoing ne mestier Au moins exprés, mettre sur mer navires. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 175).

 

-

Bon sire. "Brave homme" : Joseph, le bon sire (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 126).

 

-

[Dans le style narratif] Nostre sire. "Notre homme, notre héros" : Ordonna neantmains a sa gouge qu'elle entretenist le prestre, voire sans faire la courtoisie, et si fist elle si bien que noz sire en avoit tout au long du braz. (C.N.N., c.1456-1467, 455).

 

-

[Avec valeur fortement péj.] : Vous estes ung terrible sire. (Sots Magn., a.1488, 209).

 

.

"Nigaud" : Vous me acoustrez bien en sire... [JAQUINOT s'offusque d'être appelé Jehan] (Cuv. T., c.1475-1500, 45). [LA FEMME à COLIN] Je n'ay point d'argent, povre sot (...) Vrayement, sire j'en auray. (Colin loue dép. Dieu T., c.1485, 138-139).

 

.

Arg. "Dupe" : Ung cornier, .I. sire et une duppe c'est tout ung. (Procès Coquill. S., 1455, 97). Sur la sorne que sires sont rassis, Sornillez moy ces georgetz si farciz [Trad. de l'éd. : "Sur le soir, quand les imbéciles sont à plat, videz-moi ces pourpoints si bien remplis"] (VILLON, Ball. jarg. T., c.1455-1460, 339). [Autres ex. p.323 ; 329 ; 331 ; 337 ; 373]

B. -

Arg. [Invocation de Dieu à la vue d'un écu ; d'où l'écu lui-même] Beau sire Dieu : Si je pouoie vendre de ma santé A ung Lombart, usurier par nature, Faulte d'argent m'a si fort enchanté Que j'en prendroie, ce croy bien, l'avanture. Argent ne pend a gipon n'a saincture. Biau Sire Dieux, je m'esbahis que c'est, Car devant moy croix ne se comparest, Sinon de bois ou pierre, que ne mente (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 50).

 

-

Beau sire (Dieu). "Écu" : ...Pour desbouser beaus sires dieux (VILLON, Ball. jarg. T., c.1455-1460, 333). [Autres ex. p.339 ; 351] Et frappés en la hurterie Sur les beaulx sires bas assis [Éd. "bas placés dans les bourses, ou couchés à plat lors de la frappe de fausses pièces"] (VILLON, Ball. jarg. T., c.1455-1460, 337).

V. aussi seigneur, messire
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

Liste des articlesStructure des articlesArticles sans exemplesArticles complet
Fermer la fenêtre