C.N.R.S.
 
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     SAPIENCE     
FEW XI sapientia
SAPIENCE, subst. fém.
[T-L : sapïence ; GDC : sapience ; FEW XI, 205b : sapientia ; TLF : XV, 61a : sapience]

A. -

[Domaine religieux]

 

1.

[Désigne Dieu ou son fils] Sapience (eternelle, hautaine, souveraine...) : ...Si com sapience eternelle Vous eslut mére paternelle Du fruit de substance divine (Mir. parr., 1356, 36). Entre Sapience qui est le filz de Dieu et Marie, la vierge benoite, a une tresgrant affinité, car Sapience est creerresse de Marie conme pére et Marie est de Sapience vraie mére (Mir. st Panth., 1364, 307). Et pourtant la divine Sapience qui tousjours est songneuse du sauvement de toute humaine creature, en desirant d'amender la vie des diz esleus et en voulant oster et aneantir tous vices de leurs consciences, veult et entent en ce livre principalment ralumer les estains, renflammer les refroidiez, les pecheurs resmouvoir, les mal devots a devocion rappeller et promouvoir, et les endormis par negligence a l'estude des euvres vertueuses esveiller. (Horloge de sapience S., c.1389, 54). O souveraine sapience plus parfonde que la terre, et plus haulte que les cieulx, qui mesuras le temps et assignas a toutez choses leurs mettes ! (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 35). DIEU LE PERE. C'est mon filz, c'est ma sapïence, mon hoir parfait et naturel. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 440). ...tous les sens de la personne languissoient pour l'abstinence d'espirituele degustation, car Sapience n'estoit pas incarnee ne encores pacifiee pour la personne refectionner et les sens ouvrir. (Traité S. Sacr. B., c.1450-1500, 165). O tres haultaine sapience En ton puissant povoir haultain Deffends moy bien de faire offence Encontre toy, mon souverain. (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 57).

 

-

[Attribut de Dieu] Sapience (divine). "Sagesse divine" : Mais n'i ha point de difference, Car cil .IIJ. font toute une essance, Une vertus, une substance, Un pooir, une sapience : Ci ha trop mervilleus mistere. (MACH., Les lays, 1377, 407). Bonté et sapience premierement appartienent a Dieu, et il en communique aux hommez telle part comme la foible condition en peult recevoir. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 157). Cy avons fait grant demourée Nous qui sommes plain de puissance, En bien, en honneur, en croissance, De Dieu no pere, sapience, Force, vertu, telle science, Tout tel qu'il est, tout tel nous sommes (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 80). ...tu (...) ne es fors une povre creature faitte et composee des quatre elemens par la sapience du Souverain Createur (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 110). SAINCT MARTIN. (...) J'ay en toy mys mon esperance, Affin que j'aye reconfort Assez fort De ta divine sapïence Et clemence En quoy je me fye tresfort, Pour renffort (LA VIGNE, S.M., 1496, 419).

 

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P. personnif. : Et a celle heure une figure lui fut monstree de merveilleuse beaulté, de tres especial façon, qui representoit l'estre et la personne de Sapience, et vit celle precieuse ymage en une nue assise en un throne d'yvoire, vestue de vestemens excellens et de souveraine beaulté. En celui estat apparoit celle dame, espouse plaisant, belle et clere, et reluisant en vestemens dorez, et de couleurs couronnee. (Horloge de sapience S., c.1389, 67). Et est en l'ystoire dame Sapience en une abre appellee therebintus qui est moult vertueuse et souef fleurent, et tient dame Sapience a la main dextre une bouette plaine de ongnement souef fleurent, et ung brain de baulme, et a la senestre ung livre, signifient que sa doctrine est doulce, souef fleurent, plaine de grace et d'onneur (Déclar. Hyst. S., a.1449, 146).

 

2.

"Connaissance des choses divines" : Les uns disoient que felicité est toute vertu ; les autres que c'est sapience, c'est assavoir, cognoissance des choses divines et est speculative ; et prudence est cognoissance des choses mondaines et civiles et est pratique. (ORESME, E.A.C., c.1370, 125). ...saint Pol, qui fu ravi jusques au tiers ciel et la oÿ les secretes paroles qui pas n'appartiennent estre dites de homme (...) et, a son pouoir honorant la hautesce des richesses de la sapience et science de Dieu et humblement la confessant, si pronunça et escria a haute voiz que les jugemens de Dieu nul ne pouoit comprendre et estre incomprehensibles (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 177). La sapience de saint Pierre fut telle que a deux foiz il converti [huit] mille hommes, et nous laissa [deux] belles espitres plaines de haulx misteres et de devote instruction ; sa sagesse apparut aussi en ce qu'il seurmonta Symon le magicien. (GERS., P. Paul, a.1394, 488). Et que nostre roy Charles fust vray philosophe, c'est assavoir, ameur de sapience, meismes imbuez en ycelle, appert par ce que il fu vray inquisiteur des hautes choses premieraines, c'est assavoir de haulte theologie, qui est le terme de sapience, qui n'est aultre chose que cognoistre Dieu et ses hautes vertus celestes, par naturele science. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 13). O clergié plain de sapience Qui avez divine science A prescher, qui est chose utile, Pour Dieu, n'ayez en oubliance A prescher de la conscience, Car elle est a l'ame fertile. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 72).

 

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"Connaissance du bien et du vrai, désir de vivre selon cette connaissance, vertu de modération, de mesure" : Ceste science doit estre humble, non eslevee, autrement ne seroit ce pas vraie sapience, selon le dit de Salomon es Proverbes el .XIe. chapitre : «La ou est humilité, la est sapience». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 17). Che sont ychi les empeschemens de la vie par lesquelz sapience est empeschie, desquelz les .V. sont espiritueulx, asscavoir orgueil, envie, ire, pareche et avarice, les deux aultres sont charnelz, asscavoir gloutonnie et luxure. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 32). Les [puissances] intellectuelles sont sapience, entendement et prudence. (ORESME, E.A., c.1370, 145). Teles vertuz selon lesquelles l'ame dit verité, ou en affirmant ou en noiant, il sont .V. en nombre et sont cestes : art, science, prudence, sapience, entendement. (ORESME, E.A., c.1370, 334). Et par ce que dit est il appert et est manifeste que sapience est la tres plus certaine de toutes les sciences. (ORESME, E.A., c.1370, 341). L'homme (...) est benoit qui en sapience demourra et en justice pensera et en sens bien considerera la circonspeccion de Dieu. (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 83). Et toute voies il afferma et dit pour vrai que les choses communes seroient beneurees se les philosophes les gouvernoient ou que les gouverneurs d'icelles s'estudiassent a avoir sapience et vivre selon elle. (FOUL., Policrat., IV, 1372, 66). Sept dons sont du Saint Esperit: Le premier est de sapience, Le second est d'intelligence, Le tiers de conseil, quart de force, Le cinq a science s'efforce, Le sizismes est de pité, Et le septisme en verité Est de craindre Nostre Seignour En tous temps et par vraie amour. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 213). En ceste maniere dit on que Salemon receupt de nuit sapience et sagesce, qui fu alechieéz et corrompus de l'amour des femmes (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 193). ...ilz estoient Gouvernez par ceulx qui savoient Et ou sapience manoit (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 29). Un autre sage si recorde Que sapience est de concorde La mere, qui toutes fait naistre Les vertus et l'omme sage estre. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 231). ...il lui convient avoir la vertu de sapience qui en soy seule contient tous biens sanz commixtion de mal. (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes G., 1409, 78). Gouvernez vous par sapience Et vous porterés sans doubtance Noble fruyt a grant habondance, C'est a dire devocions, Prieres et oblacions, Car, quant l'arbre bon fruyt ne rend, L'on le couppe (Pac. Job M., c.1448-1478, 200). Et la raison si est car la fin de philosophie c'est sapience, c'est crainte de Dieu, lesquelles les juges doivent avoir devant leurs yeulx (JUV. URS., Verba, 1452, 332). Il veult qu'on l'appelle beau sire, Tant se mire ; Le jeune cuyde avoir sapience, Tant plus est fol et plus s'empire. C'est pour rire ; Car tant plus en conseil s'avance. (Pass. Auv., 1477, 118).

 

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Don de sapience. "Connaissance en tant que don du Saint-Esprit" : Encores veul je et vous commande que es VIJ dons du Saint Esperit vous devez croire et obeïr ; c'est assavoir : le don de paour, le don de pitié, le don de science, le don de force, le don de conseil, le don d'entendement, le don de sapience. (LA SALE, J.S., 1456, 39).

 

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[Sentences] : Et de tel est dit en Ecclesiastique ou .XXIe. chapitre : «Le cuer du fol est comme ung vaisseau froissié qui ne peut retenir sapience». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 68). Car en viellesse forche est debilitee et sapience est augmentee, et pour che dure elle plus que forche. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 86). Et le prophete dit que le commencement de sapience est craindre nostre Seigneur. (FOUL., Policrat., IV, 1372, 68). Si comme dit le sage, l'amour de Dieu est garder les loys, car proprement la paour de nostre Seigneur est toute sapience. (FOUL., Policrat., IV, 1372, 68). Et de tel est dit en Ecclesiastique ou .XXIe. chapitre : «Le cuer du fol est comme ung vaisseau froissié qui ne peut retenir sapience». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 68).

 

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[Sapience opposée ou associée à science] : Avec che sapience ou science ne demeure pas seullement en ceste vie, mais demoura en la vie eternelle (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 86). Mais che ne dy je pas pour tant que chaschune scienche soit sapience a proprement parler, mais toutes doctrines tendent a parvenir a sapience comme ses chambrieres, ainssi que chy aprés sera demoustré. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 91). ...art, prudence, entendement, science et sapience sont les suppoz de perfaitte sagece (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 10). Tant de preuves que c'est sanz compte Je pourroie yci traire a conte Des loenges de sapience, Ou est compris toute science. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 230). ...science est abit des conclusions par les causes plus basses, et sapience considere les causes premieres ; et pour cela meismes il dit sapience estre chief de toutes les sciences (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 10). Et ainsi demeurent habondans en infinis biens plus que ymaginer ne se pourroit, en toute sapience, sachans toutes sciences. (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 47). Par science il congneust les incertaines esperances des mondains, par sapience la certaine expectation dez biens du ciel. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 96). Et tient ung livre a sa main dextre, et a la senestre, le monde, signifiant que par elle et d'elle est ysseue toute science et sapience par laquelle est le monde gouverné et reparé. (Déclar. Hyst. S., a.1449, 134). Comme sapience et science et vertu sont habits de l'ame, force, vigueur, beaulté des membres et la disposition d'iceulz et la composition du corps sont habits corporelz. (Somme abr., c.1477-1481, 165).

 

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(Livre de) Sapience. "Le Livre de la Sagesse (dans la Bible)" : Le premier fruit que li corps qui avra fait penitence recevra si sera clarté, si conme dit le livre de Sapience : Fulgebunt justi sicut sol, li juste resplendiront conme le soleil ou regne de leur pére. (Mir. st Guill., c.1347, 4). Bien est chose sollempnel et notable ce qui est escript ou Livre de Sapience : "Le royaume est transporté de gent en gent pour pechiéz, injures, vilennies et divers baras et fraudes et decepcions". (FOUL., Policrat., IV, 1372, 81). Si conclut que la Court qui a serment à justice et equité face pareillement de ladicte escripture, afin que les supposts d'icelle soient de ceulx dont parle Sapience en les remunerant : Sapientie tertio. (BAYE, II, 1411-1417, 263).

 

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P. personnif. : ...Sapience en forme d'une deesse parle generalment a tous les roix (LA SALE, Sale D., 1451, 6).

B. -

[Domaine de l'activité humaine]

 

1.

"Savoir universel et sagesse" : Alixandre bien heürés, Tresbien heürée est t'enffance, Quant tant as ores sapïence (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 114). On dit que tu [Daniel] as la science Des haus dieus et la sapience Et qu'il n'est chose si secrete Que par voie sage et discrete Tu ne saches la verité. (MACH., C. ami, 1357, 28). Pallas meintenoit que science, Subtilité et sapience Passient toute chose mondeinne Et que richesse estoit vileinne Contre science vraiement. (MACH., F. am., c.1361, 205). ...sapience vault mieulx que toutes richesses, et quelconque bien desirré ne s'i puet comparer. (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 85). ...sapience cognoist tousjours l'usage de toutes choses (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 103). Les philosophes anciens si ordenerent et determinerent que l'en paingnist l'ymage de sapience sur les portes de touz les temples et que l'en escrisist ces paroles "Usus me genuit, peperit memoria, sophiam me vocant Graii, vos sapienciam" qui dient en romans "Usage m'engendra, memoire m'enfanta, les Griex m'appellent sophie et vous m'appellez sapience" (FOUL., Policrat., IV, 1372, 67). Cestui Zenocrates, tres grant philosophe grec, fut par sa sapience si auctorisé que sanz faire serement on le creoit de tout ce qu'il disoit. (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes G., 1409, 199).

 

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Sapience de Salomon : ...pour oir et veoir la sapience Salemon, elle [la royne de Sabba] s'esmut a venir du conmencement du monde jusques en Jherusalem. (Mir. st J. Cris., c.1344, 253). Nous luy donrons l'innocence et virginité de Abel, et la foy de Abraham, la constance de Josué, la sapience Salomon (GERS., Concept., 1401, 395). Certes ie ne doubte point se par feruent amour de Dieu tu te metz a visiter et veoir toutes ces choses, tu seras comme la royne Sabba qui vint veoir la sapience de Salomon et vint de pays loingtain (CIB., p.1451, 190).

 

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"Sagesse procurée par l'expérience de la vie" : Et pour ce que longue experience ne peut estre es hommes sy non par longeur de temps, pour ce dist Job que en viellesse est sapience. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 162).

 

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"Faculté de comprendre, raison"

 

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Les ans de sapience. "L'âge de raison" : De chelui qui est petit et se conduit comme petit jusques autant qu'il viegne aux ans de sapience, tant les maulx comme les biens seront imputéz aux parens. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 163).

 

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"Savoir, savoir scientifique" : "Certes", dist il [Diogène], "bien escouvient que science et sapience soit batue et moquiee des foulz..." (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 242). Et pour ce que ces trois n'y a, Chevalerie par vaillance, Clergie par grant sapience, Et grans edifices parfais, Quant ilz sont en ce monde fais Et escrips, autrement seroit Tout riens, qui ne les escriproit Quant a perpetuel memoire, Dont doivent bien querir victoire. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 271).

 

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En partic. "Science des causes premières, métaphysique" : C'est la seule philozophie et la seule sapience portant son vray nom [théologie]. A che s'acorde Mercure Termegeste le philozophe ainssi disant : «Philozophie est ung regart souvent appliquié pour congnoistre la divinité et sainte religion, qui fait par simple pensee honnourer la divinité et avoir ses fais en reverenche, rendre aussi graces a la voulenté de Dieu qui est seule bonté tres plaine, c'est a dire non violee par quelque curiosité de dangereux corage». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 106). Il est affreant de nommer ceste [la métaphysique] la sapience des sciences, car elle est princesse tres puissante, a laquelle servir les aultres sciences ne doivent pas contredire. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 107). Et sapience, c'est la science de methaphisique qui considere les principes generals de toutes sciences et les causes principalx de toutes choses et les meilleurs et plus dignes choses qui puissent estre, comme sont Dieu et les Intelligences (ORESME, E.A.C., c.1370, 341). Sapience n'est pas universelment tout entendement et toute science, mais elle est entendement des premiers principes generalz a toutes sciences et est science des proposicions et de causes universeles, comme dit est. (ORESME, E.A.C., c.1370, 341).

 

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"Intelligence, faculté de penser, de juger" : Et selon ceste difference sont divisees les vertus ; car nous disons que des vertus les unes sont intellectuelles, les autres sont morales. Les intellectuelles sont sapience, entendement et prudence. Les morales sont liberalité et sobrieté et les autres dont l'en dira aprés. (ORESME, E.A., c.1370, 145). Et tous ces troys vous actribue Comme ad celluy a qui est deue Beauté, sapience et vigueur. (Feste roys, c.1475-1500, 311).

 

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"Savoir raisonné" : Et pour ce est dit en l'euvangille : "Quel signe nous monstres ty ?" et aussi : "Les Juifz demandent signes et les Grecz quierent sapience." (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 148). Et, combien que autrement que les choses ne soient, mes toutesvoies simplement il desjoigne les choses conjointes, celle concepcion et pensee ne sera pas vaine qui de toute inquisicion de sapience si engendre et ordenne la ters convenable voie. (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 159). Athenes, fontaine de sapience et sourse des haultes doctrines de philosophie, n'est elle pas en subvertion et les ruisseaulx de son escolle tariz et assechiez ? (CHART., Q. inv., 1422, 3).

 

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P. antiphr. Sapience du monde. "Recherche des satisfactions matérielles" : Beau tresdoulz filz, oy et m'entens : Ceuls qui des biens de paradis Estoient povre et affadis, Et qui orent en leur pensée Fornicacion pourpensée Et fait bourdel en la maison De leur cuer et de leur raison, Les sotes qui par inscience Eurent suy la sapience Du monde tant qu'elles fuioient (DESCH., M.M., c.1385-1403, 248).

 

2.

"Savoir-faire, maîtrise d'un art, d'une technique" : En commun parler nous assignon sapience es ars a ceuls qui sont les tres plus certains selon telz ars ; si comme nous dison que en art de pierre taillier ou de masonner, Phydas estoit sapient ou sage mason. Et en art de faire statues ou ymages, Policletus estoit sage ymagier. Et par ce nous voulon signifier que sapience n'est autre chose fors la vertu, perfeccion et excellence de tel art. (ORESME, E.A., c.1370, 341).

 

3.

"Finesse d'esprit" : Et ainsi il monstre de la disposicion des estoilles la necessité des choses qui adviennent, afin que il moque noblement de sel et sapience asséz courtoise ceulz qui occupent leur vie a regarder les choses qui fuyent le regart des gens, tant comme elles peuent et entrappellent ceuls qui ont desdaing de parler. (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 189). ...quanqu'il parle [le flatteur], c'est pur sail de sapience ; quanqu'il fait, c'est pure justice et liberalité. (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 238).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

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