C.N.R.S.
 
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     SAISIR     
FEW XVII *sazjan
SAISIR, verbe
[T-L : saisir ; GDC : saisir ; DÉCT : saisir ; FEW XVII, 19b, 20b : *sazjan ; TLF : XIV, 1431a : saisir]

A. -

[Idée de possession, de prise de possession]

 

1.

DR.

 

a)

"Mettre en possession"

 

-

Saisir qqn de qqc. "Mettre qqn en possession de qqc." : Lors l'ont les barons couronné Et saisi de tout le regné (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 232). Ce veu, s'en rapporterent au dieu Appollo de Delphe, qui fist response qu'elle [une table en or] fust baillée au plus sage d'eulx. À ceste cause icelui Tales en fut saisy et depuis fut baillée à Byali et à Byas et en la fin vint à Solonem. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 39 v°).

 

.

Au fig. : Or t'ay je dont tout descouvert, Que je ne t'y ay riens couvert, De ceuls que vois en ma presence, Qui tuit me font obeïssance, Les noms, la force, le servise, Et si t'ay dit toute la guise De moy, et comment li amis Est de joie par moy saisis. (MACH., D. verg., a.1340, 49).

 

.

P. plaisant. Saisir son bec. "Mettre son bec en possession (de boisson), boire" : Puis qu'il fault que nous y alons, Il fust bon de son bec saisir Au mouvoir. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 207).

 

-

Le mort saisit le vif. "L'héritier d'un homme qui vient de mourir est immédiatement investi de ses biens" : ...que aucuns de noz successeurs, ou aiens cause de nous, peust, apres nostre deces, arguer contre monseigneur de Flandres fait de possession, ne la coustume par laquelle li mors saisist le vif ; et quant ad ce, nous les prenons et fourcloions (Trés. Reth. S.L., t.2, 1371, 196). ...par la general coustume nottoire de nostre royaume, qui est telle que le mort saisit le vif (Mand. Ch. V, D., 1376, 643). Car une election ne baille pas plus de droit a un prince que fait droit de succession, maismement car la seignorie se continue du pere au filz. Et pour ce est il dit que le mort saisit le vifz (Songe verg. S., t.1, 1378, 125). Il est acoustumé que le hoir vient à saisine telle quelle de ce de quoy celui qui mourut estoit vaistu et saisi ; car le mort vaitist et saisit le vif, par la coustume qui est telle et generalle (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.2, 1437, 296). Quant aucun va de vie à trespassement et celluy qui doit estre eritier est empesché ès choses de la succession ou en général ou en particulier et ce est dedans l'an de la mort du deffunct de la succession dont l'on traicte, s'il veulst, il s'en tiendra pour saisi par la généralle coustume de royaulme de France par laquelle le mort saisit le vif. (Vieux cout. Poitou F., c.1451-1454, 71).

 

-

Estre saisi de qqc. "Être mis en possession de qqc., être propriétaire de qqc." : Le roy ot conseil (...) que bon seroit pour lui d'estre saisi et revestu de si noble jouel comme la seigneurie de Gennes (Bouciquaut L., 1406-1409, 184). ...or sont les prelats possesseurs et saisis de leur temporel, et toutevoye on les veult dessaisir sans les ouyr ne appeller, qui est, soubz correction, grant iniquité, et ay esperance que vous y adviserez, et pourverrez. (JUV. URS., Verba, 1452, 375).

 

-

Saisir qqc. "Entrer en possession, en jouissance de qqc." : Quant il ot de tout le regné Saysy les foiz et les homages (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 242).

 

b)

"S'approprier qqn/qqc."

 

-

Saisir qqn/qqc./se saisir de qqn/qqc.

 

.

[D'un seigneur] Saisir un fief. "Retenir par voie de saisie le fief de son vassal pour manquement de celui-ci à ses devoirs" : ...se le vassal ne baille son dénombrement dedans quarante jours après quil a esté receu par son seigneur en foy et hommaige, icelluy seigneur peult peult [sic] saisir icelluy fief (Cout. Chât. O.-M., c.1480-1500, 418).

 

.

Saisir qqc. "S'emparer de qqc., confisquer qqc. (une terre, un héritage...)" : ...le roy fist seiser par sa meyn totes les teres et chateux qe le esvesqe de Herford avoit (Chron. London A., c.1350, 47). ...la Court a enjoint au premier huissier de ceans que presentement il se transporte en l'ostel dudit Sambrin et qu'il prengne, saisisse et apporte devers la Court tous papiers, registres et cedules qu'il trouvera en l'ostel dudit Sambrin (FAUQ., II, 1421-1430, 293). Et pour icelle succession avoir et recueillir, le roy s'en parti pour aler oudit pays de Poictou, pour prendre, saisir et avoir ladicte succession d'icellui seigneur de Thouars ; à quoy faire le roy y demoura par tout le moys d'avril. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 237).

 

-

Saisir qqn/se saisir de qqn

 

.

Estre saisi/se tenir saisi de qqn/qqc. "Avoir qqn en son pouvoir, avoir qqc. en sa possession" : ...avant que (...) les honmes dou pais (...) destournent la proie, bon seroit que vous en soiiés saisis : si en sera vostre hoost plus plentiveuse (FROISS., Chron. D., p.1400, 653). Depuis que Jehans de Qopelant ot rendu et delivré le roi d'Escoce a la roine d'Engleterre, et que elle s'en tint saisie, ne demora gaires ou pais de Northombrelant, mais . elle s'en retourna viers Londres et enmena avoecques li le roi d'Escoce, et fist tant par ses journees que elle vint a Londres. (FROISS., Chron. D., p.1400, 792). Or i ot un grant meschief, car li honme de la ville, les trois pars estoient plus pour la contesse de Montfort que pour messire Carle. Et prissent chil honme lor chapitainne, et qant il en furent saisi, il dissent que il l'ociroient, se il ne se tournoit a lor opinion. (FROISS., Chron. D., p.1400, 811).

 

.

[Vocab. judiciaire] Saisir qqn/se saisir de qqn. "S'emparer de qqn, prendre possession de qqn, arrêter qqn" : ...puiz que aucun presente une remission en cas criminel, la Court se doit saisir et garnir de son corps (BAYE, I, 1400-1410, 56). [Ceste complaincte au prevost faicte, le compaignon] encusé de ce crime fut en l'heure prins et saisi (C.N.N., c.1456-1467, 159).

 

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Au fig. [De la mort] Saisir qqn. "Prendre possession de qqn, s'approprier qqn" : Je congnois que pouvres et riches, Sagez et folz, prestres et laiz, Nobles, villains, larges et chiches, Petiz et grans, et beaulx et laitz, Dames a rebrassés colletz, De quelconque condicïon, Portans atours et bourreletz, Mort saisit sans excepcïon. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 42).

 

2.

Estre saisi de qqn/qqc.

 

a)

Estre saisi de qqn. "Avoir qqn à sa disposition" : Ainsi le Jouvencel tira à part le sire de Rocqueton et luy demanda : "Monseigneur de Rocqueton, n'avez vous pas voz guides, ainsi que je vous avoye dit ?" Et le sire de Rocqueton luy respondist : "Oil, Monseigneur, j'en suis saisi, et sont bonnes gens et surs, combien que je ne leur ay pas dit la verité de nostre entreprinse..." (BUEIL, II, 1461-1466, 124).

 

-

"Être en possession de qqc., être muni de qqc." : Meïsmes les archiers, quant le trait fu faly, Couroient à l'assaut et estoient saisy De petites hachettes (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 558). ...l'amant, a l'aide d'une bonne espée a deux mains dont il estoit saisy, se sauva sans nul mal avoir (C.N.N., c.1456-1467, 418). ...il fut tantost saisy d'une tresbonne [espée]. (C.N.N., c.1456-1467, 437). ...tu (...) es saisy de ce que à quoy tu béoies (...) c'est des terres sur Somme (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 146). Ledit Martin, qui si baudement souloit parler et respondre, se monstra ebahi de premiere face, et touteffois il s'excusa sur son harnois, et dit qu'il reviendroit une aultre fois, saisy d'ung, de deux ou de trois harnois, et feroit tellement que son honneur y seroit gardé. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 322). ...et d'aultre part saillit Galiot, sa cotte d'armes au doz, bassinet en teste et la visiere baissée et close, et, si tost qu'il fut saisi de son baston, il se sourdit tout en air moult vigoureusement. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 74).

 

.

Se tenir saisi d'une chose abstr. : Ce que il se doit garder se ennemis l'assaillent, que sa cité ne soit vuidee, c'est que le bon esperit se doit tous jours tenir saisi et rempli de vertus. Et de ce cy dit saint Augustin que, ainsi comme ou temps de guerre les gens d'armes ne se dessaisissent point de leurs armes ne ne les despoullent point ne jour ne nuit, aussi durant le temps de la vie presente ne doit point estre despouillié de vertus (CHR. PIZ., Ep. Othea L., c.1400-1401, 243).

 

-

Estre saisi de ses estriers. "Avoir les pieds aux étriers" : ...son cheval gisoit mort dessoubz lui, et si n'estoit point le fait tant lache que le chevalier ne fust sires de sa selle et saisy de ses estriers (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 436).

 

-

Empl. abs. Se tenir saisi. "Être muni (de ses armes)" : Or sus ! vaillans gensdarmes, sus ! (...) Qu'on se tiengne saisy et joint Affin de leur orgueil abatre. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 157).

 

-

Estre pris/trouvé saisi de qqc. "Être pris/trouvé en possession d'un objet volé ou qui témoigne d'une intention coupable)" : Quant aucun clerc si est pris sayzi, par le juge seculier, de la chose amblee, se celluy a qui la chose amblee appartient vient en jugement et preuve la chose estre seue, se la justice seculiere luy rent et met au delivre, conme il appartient et selon rayson, nientmoins l'Eglyse demande estre restitué par lez gens du Roy de celle chose amblee, pour ce que, ainssi conme ilz dient, leur clerc en fust pris sayzi. (Songe verg. S., t.2, 1378, 183). ...et aussi pour ce qu'il a esté trouvé saisy de deux autres plaz d'estain mussez en son sain. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 225). ...afin que d'icelle il ne feust trouvez saisiz, lessa cheoir entre iceulx deux huis ladite bourse de velueau (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 12). Cogneut aussi que, un an a ou environ, il passant par les Champeaux de Paris, print à l'estal d'un mercier deux petites sainturetes de cuir à usaige d'enfant, et desqueles il fu trouvé saisi (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 72). Il fut trouvé saisy de plusieurs lettres, qui descouvrit le cas. (COMM., III, 1495-1498, 105).

 

-

P. ell. : ...et, en après ce, pour doubte que de ce elle ne feust saisie, icelle chamberiere avoit icelle tasse mucée ou jardin de sondit maistre, en une trosse d'erbe. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 301).

 

-

Prendre qqn saisi. "Prendre qqn sur le fait, en flagrant délit" : Grant debonnaretté fu à nostre roy, quant son barbier, une foiz, li faisoit sa barbe, reempli de trop osée presompcion et mauvaise convoitise, mist la main en la gibissiere du roy pendant à son costé, et ja avoit l'or ou poing, quant le roy le prist saisi (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 72).

B. -

"Prendre, appréhender"

 

1.

"Prendre qqn/un animal/qqc. avec un organe de préhension"

 

a)

Saisir qqn

 

-

"Toucher qqn (pour l'empêcher de partir)" : ...si fu moult dolens et se voult mettre au retour, mais Martains le saisi en disant : "Maistre, vous n'irez avant, si aray avant eü raison de vous, comme de tel que vous estes..." (Bérinus, I, c.1350-1370, 54).

 

-

Saisir qqn par le bras : Et sachiez que elle estoit en tel party, tant de la doulour de son pere, comme des pensees qu'elle avoit a Uriien, qu'elle estoit ainsi comme une personne qui est nouvellement yssue de son sompme. Mais Uriiens, qui bien perceut qu'elle avoit l'esprit troublé, la saisi doulcement par le bras, et la dreca contre mont, en lui enclinant contre elle ; et, en ce faisant, s'entrefirent moult d'onnour. (ARRAS, c.1392-1393, 119).

 

-

Saisir qqn à deux bras. "Enlacer qqn" : De la joye qu'il a a .IJ. bras le saisy (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 301). A deux bras l'a saisi par mervilleux argu. (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 283).

 

-

P. ext. "Recueillir qqn" : S. JEHAN [sur le point de mourir]. Dieu, ton plaisir De moy soit fait ; aultre choisir Ne veulx que toy, mon Dieu des cieulx. Regarde moy de tes doulx yeulx ; Des angelz veulhes moy saisir. (Pass. Auv., 1477, 99).

 

-

En partic. [Avec plus ou moins de violence] "Arrêter, appréhender qqn" : "...Quant il est escappez, j'en ay le cuer mary, Car c'est chilz qui ochist men frere Savary. Ne say comment poray de lui estre saisy." (Hugues Capet L., c.1358, 87). DEUXIESME DYABLE. Il ne revendra de cest an Ne jamais, (...) Puis que saisi l'avons et pris, Et que l'emport. (Mir. st Val., c.1367, 166). Et lors commanda le roy que Jossellins et son filz feussent tous deux penduz. Et cilz a qui le roy le commanda saisirent tantost Josselin, qui crioit au roy mercy moult piteusement. (ARRAS, c.1392-1393, 64). Et il passe le pont et vint dedens, et vint descendre ou lieu ou il avoit acoustumé de descendre, avant ce qu'il se apperceust qu'il eust perdu sa forteresse. Et tantost qu'il fu descenduz, il fu saisi de tous costez et liez fermement. (ARRAS, c.1392-1393, 204). ...[il] le saisit par la manche et le voult arrester. (C.N.N., c.1456-1467, 61). Lesquelz huit barons, quant ilz sceurent venir ledit duc d'York devers ledit parc, le laisserent entrer en icellui avecques le conte de Warwyk et autres, qui vindrent tout droit où estoit ledit roy Henry, lequel ilz prindrent et saisirent. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 7). Lesquelles choses, qui furent sceues par le gouverneur dudit Arras pour le roy, fut ledit Symon Courtois prins et saisy et mené devers le roy à Tours, où il confessa tout ce que dit est dessus, et à ceste cause il fut decapité. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 81).

 

.

"Mettre la main sur qqn" : [Le coeur de Villon :] Que penses tu ? - Estre homme de valeur. - Tu as trente ans ! - C'est l'aage d'ung mulet. - Est ce enfance ? - Nennil. - C'est donc foleur Qui te saisist. - Par ou ? Par le collet ? - Riens ne congnois. - Si faiz. - Quoy ? - Mousche en lait : L'ung est blanc, l'autre noire, c'est distance. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 70). [Thiry, 300 : «Jeu sur les sens de saisir ; au figuré, pour le Coeur, la folie (foleur) s'est emparée du poète ; Villon répond en prenant le verbe au sens propre, se demandant plaisamment s'il a été attrapé par le cou».]

 

-

Se tenir saisi de qqn. "Appréhender, arrêter qqn" : DEUXIESME SERGENT. De vous me vueil tenir saisi, Par Mahon, maistre. (Mir. st Ign., 1366, 79).

 

.

[Dans un cont. métaph.] : Quant cils sera saisis et pris Joians en l'amoureus pourpris, Lors li doit peinne encommencier, Pour lui en honneur avancier. (MACH., D. Aler., a.1349, 307). Car vous m'avés si franchement saisy, Pris et espris et mis en vo dangier Qu'à riens qui soit ne me doing ne ottri Fors à vous seul que j'aim sans delaissier. (MACH., L. dames, 1377, 142).

 

b)

[À propos d'un animal]

 

-

Saisir un animal. "Attraper (un animal)" : Dont quant il se vuet disposer Vers le vespre, pour reposer, S'il puet aucun oisel choisir Et il le puet prendre et saisir, Il a tantost en son propos De li porter a son repos. (MACH., D. Aler., a.1349, 284).

 

-

(Se tenir) saisi (d'un oiseau de proie). "(Tenir) le bout de la laisse de l'oiseau dans sa main" : ...si le reclame au vespre et au matin de plus loing en plus loing et devant les gens pour soi mieux tenir, sesi de lui, tant qu'il soit bien duit de venir au poig ("poing") (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 224). Et sachiez que en cest endroit les bons espreveteurs dient un tel proverbe : Au lier et au deslier Te tien saisy de l'esprevier. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 150).

 

-

[D'un animal] "Prendre, attraper (un autre animal)" : LE FAULCONNIER. [au marquis]. Sire, se Dieu me gart de haire, Vostre faulcon a ja saisi Le hairon et mis dessoubz lui. Si fault aler querre la proye. (Gris., 1395, 6).

 

c)

"Prendre qqc. dans ses mains, empoigner qqc." : De lui prendre moult se prouverent, Mais n'en porent a chief venir, Car a deux mains ala saisir Une branche que il rompy, Et d'un gros arbre se couvry, Quant mis se fu en son estant (Dit prunier B., c.1330-1350, 81). Une grant espee au chevet Ot, et celle saisir la vait (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 226). Li dus saisi le brief, si le va desploiant. Le teneur en lisi qui va ciertefiant Comment li grant segneur (...) Enmenoient le roy dou tout à leur commant (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 337). ...sault sus tout en haste et saisit son pourpoint. (C.N.N., c.1456-1467, 180). ...il vint saisir les verges et en sa main les tient (C.N.N., c.1456-1467, 264). Et, en l'amenant de sa prison en la chambre de la question dudit Chastellet, saisy ung couteau qu'il apperceut sur son chemin et d'icellui se coppa la langue, et puis fut remené en sa prison, sans autre chose faire pour ledit jour. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 225). FRANCEQUIN. (...) Ne laisse rien, porte ces tasses, Veille tost ces voirres saisir. Tiens les bien, car si tu les casses, A l'oste feras desplaisir. (LA VIGNE, S.M., 1496, 206).

 

-

Se tenir saisi de qqc. (une arme). "Tenir son arme prête (au combat)" : Adont le preux Nestor sailli sur son cheval et se tint de son escu et de sa lance saisy, pour ce qu'il ne savoit point la voulenté des deux chevaliers estrangiers. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 264).

 

-

[Dans un cont. métaph.] : Mais loial Volenté d'amy Et Desirs qui est tout emmy Le cuer d'ami, volent après, Et se le sieuent de si près Qu'adès a il d'eaus congnoissance, Et se les puet sous sa puissance Choisir, saisir, prendre et mener Et a son plaisir demener. (MACH., D. Aler., a.1349, 331).

 

2.

P. ext.

 

-

(Se) saisir de qqn/d'un bien, d'un territoire. "S'emparer de qqn, de qqc." : ...le conte de Montfort (...) bien avoit de quoi faire grans largeces, car il avoit saisi deviers li le grant tresor qui avoit esté a son frere et lequel il avoit trouvé en le chité de Limoges, (FROISS., Chron. D., p.1400, 474). Icy parle des choses qui advindrent après la bataille de Morat et comme le duc de Bourgongne se saisit de la personne de madame de Savoye et comme le roy son frère l'en delivra. (COMM., II, 1489-1491, 122).

 

-

En partic. "Conquérir par la force armée (un site stratégique, une région...) : Apriés ce que li rois d'Engleterre eut couru tout ou en partie le roiaulme d'Escoce et pris et saisis dedens le pais pluisseurs chastiaus (...) li rois David d'Escoce, (...) demora tous esbahis (FROISS., Chron. D., p.1400, 235). Et tantos li rois Phelippes envoia saisir la conté de Pontieu et la conté de Monstruel et toutes les terres que li rois d'Engleterre avoit relevé de la couronne de France, et qu'il tenoit au jour que les desfiances vinrent. (FROISS., Chron. D., p.1400, 301). Les portes et les bailles de Calais furent ouvertes ; les Englois entrerent dedens et se saisirent de la ville et dou chastiel. (FROISS., Chron. D., p.1400, 851). ...Alixandre Sçot que Daires saisir et prendre Vouloit la monteigne (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 45). Le Vme [avis] est qu'il [le prince] se doit saisir des pas dessusdiz avant que ses anemis, et la, se il peult, les attendre et assaillir. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 243). Saint Germain est la clef et le passage Ou passer fault, soit a gaing ou dommaige, Et dont se doit saisir et acoustrer Qui au royaume de Napples veult entrer. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 245).

 

3.

P. anal.

 

-

[D'un mal] "Toucher, frapper qqn/qqc." : ...les maladies avoient saisi leur vieillesse et avoient affloibloié les vertus et les forces de leurs corps (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes G., 1409, 100).

 

-

[D'un phénomène climatique] "Avoir une certaine action sur qqc."

 

-

Part. passé en empl. adj. Mer saisie. "Mer gelée (il s'agit ici de la Manche) (?)" : LE HERAULT. A vous tres haulx puissans seigneurs, Ducs, contes de grant baronnie D'Angleterre, et tous les greigneurs Qui ont passe(r) la mer saisie, Par devant vostre seigneurie Je vous viens denoncer messaige. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 415).

 

4.

Au fig.

 

a)

Saisir qqc. "Atteindre qqc." : Pour haulte chose mediter Vous amaine en ceste place. Tant avons fait, par la Dieu grace, Que le plus hault avons saisy. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 402).

 

-

"Éprouver qqc." : "...Ha ! mere Mabilette que grant douleur saisis Quant de vo noble corps je me fus departis !..." (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 23).

 

-

[De l'oeil] "Apercevoir, accrocher qqc." : Moult ont mi oel bien cuesi Quant vos regars ont saisi, Dame d'onnour (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 79).

 

-

Saisir un chemin. "S'en aller" : SAINCT MARTIN. Lever nous convient par loisir, Francequin, pence a mon affaire ; Puis nous fault ung chemin saisir, Pour mieulx ma volunté parfaire. (LA VIGNE, S.M., 1496, 210).

 

b)

Saisir qqn de qqc. (un sentiment) "Faire éprouver à qqn (tel sentiment)" : Cils estas puet prendre et saisir Simples oiseaus d'un tel plaisir Que tels est pris qui ne s'en garde, Quant une dame ou vis regarde Tele, comme j'ay devisé. (MACH., D. Aler., a.1349, 363).

 

-

[D'un sentiment] Saisir qqn. "Prendre possession de qqn" : Car vostre amour m'a saisi Et si navré Que j'en perch sens et arroi. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 133).

 

-

Saisi de qqc. "Qui est sous la domination, l'influence de qqc." : Ce que il se doit garder se ennemis l'assaillent, que sa cité ne soit vuidee, c'est que le bon esperit se doit tous jours tenir saisi et rempli de vertus. Et de ce cy dit saint Augustin que, ainsi comme ou temps de guerre les gens d'armes ne se dessaisissent point de leurs armes ne ne les despoullent point ne jour ne nuit, aussi durant le temps de la vie presente ne doit point estre despouillié de vertus (CHR. PIZ., Ep. Othea L., c.1400-1401, 243). Elle se mect a escripre unes lettres qui narroient tout du long (...) la desloyaulté dont elle l'a trouvé saisy (C.N.N., c.1456-1467, 179).

 

-

Empl. abs. "Qui ressent une impression forte" : La fu Richart saisy qui estoit plain d'irour (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 338). Ha dya ! ma damoiselle, dit lors le gentil conte, qui se trouva saisy, vous estes a merveilles fiere. (C.N.N., c.1456-1467, 156).

 

c)

"Comprendre, savoir"

 

-

Saisir + interr. indir. : SAINCT MARTIN. Mon chier seigneur, s'il vous vient a plaisir, Vous me donrrez licence de saisir Par quelle voye des deux vous pourray suivre. LE PERE. Veille moy poursuivre Et ma loy ensuivre, Se bien t'en veult prandre. (LA VIGNE, S.M., 1496, 147).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

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