A. -

"Goulu, glouton" : Et s'elle [ton amie] est gaye et envoisie, Se dy qu'elle est saffre et hardie, Et s'elle est de simpleche plaine, Se le nomme rude et vilaine. (Ovide remede amours H., p. 1300 [1400-1430], 75). ...S'elle [ton amie] est gresle, appelle la etique Ou maisgre ou seche ou halee ; S'elle est saige et bien emparlee, Si dy(,) qu'elle est saffre et friant Ou trop hardie ou trop riant ; Et s'elle est de coye maniere, Simple, taisant et peu parliere, Si dy(,) qu'elle est villaine et rude. (Echecs amour. K., c.1370-1380, 26). Saffre cuer et voz gourmans yeulx Sont ceulx, point il n'en fault doubter ; Ilz ne pevent par tous les lieux Riens veoir sans en vouloir gouster, Et leur deust il l'ame couster, Mais que la femme soit riens belle, Il vouldroient s'y adjouster Et ne leur chault de l'onneur d'elle. (Chev. dames M., c.1462-1477, 153). LE COUSTURIER. Et, par mon seigneur sainct Marceau, Esopet ja n'en mengera [du repas qui vient d'être servi] : Il est trop saffre du museau. Repaisse du pain et de l'eau(e), S'il veult ; cecy me demourra. (Coust. Esop. T., c.1500, 165).

B. -

"Vif, alerte" : ...Farouches, privez et ramaiges, Humains, courtoys, begnins, sauvages, Dissimulateurs, inventeurs, Cueurs actifz et saffres couraiges, Laissez bourgades et villages Affin d'estre noz auditeurs. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 126). Se ung bon estargaveur rencontre Femme riant, saffre de chiere, Baude, alaigre, de belle monstre, Qui a son habit se demonstre Femme de frequentation, Aussi on ne dit rien encontre, Doit il sans information Plus grande ou inquisition, Luy demander la courtoisie, Sans plus, pour la presumption De la veoir si saffre et jolye ? (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 187).

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"Piquant" : Doux yeux indes et morillons ; Doux yeux empanés de sajétes, Aussi saffres que barbillons, Qui font marcher sus espinettes, Et gallans aller a mussettes, Quant il gelle a pierre fendant, Baiser les huys et les cliquettes Pour les dames qui sont dedens (Amant cord. M., 1490, 68).

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"Brillant ?" : ...et lui dessira toute la coiffe de fer et sa saffre doublentine, il lui faulsa (Doolin de Mayence V, P2., a.1500, 148).

Rem. L'Éd. y voit saffre 1 ("Doublure d'orfroi (?)"). Mais l'accord au fém. et le sens font vraiment difficulté. Note de l'Éd. p.289-290 : " le translateur voit peut-être en doublentine, un synonyme de "haubert", sans tenir compte de sa difficile association avec saffre..."