A. -

"Prendre de son côté, à son tour" : Ci aprés demande se je puis retenir ce que j'ay retollu a un larron qui me vouloit desrober [var. justement retenir ce que j'ay tollu a] (BOUVET, Arbre bat. R.-B., c.1386-1389, 307).

B. -

"Reprendre, enlever (ce qui a été donné)" : Dame, cuer et cors vous ottroy Et doing sanz jamais retolir. (Mir. enf. diable, c.1339, 46). Mais Franchise, la trés courtoise, Dit a Durté sans faire noise Qu'il ne se doit point entremettre De retolir ne de promettre Les dous biens plaisans, savoureus, Qui sont fait pour les amoureus ; Car par Franchise sont acquis Et par Franchise departis. (MACH., D. verg., a.1340, 45). Helas ! comment aroie je cuer lié ? Et a grant tort M'a retollu ma joie et mon confort, Et si m'a mis en si grant desconfort Que je say bien que j'en aray la mort ; Ne riens deffendre Ne m'en porroit, nès un seul confort rendre. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 84). Aussi puet elle donner bien A un prince assez plus de bien Qu'il n'en a de pere et de mere. Mais cils dons a saveur amere, Qu'elle retolt souvent ensamble Le sien et l'autrui, ce me samble, C'est a dire ce qu'elle donne Et ce que t'as de lingne bonne. (MACH., C. ami, 1357, 68). ...Pour savoir au jour d'ui qui lez [les armes] me retaura (Hugues Capet Lab., c.1358, 216). Les nobles s'en refroideront de donner avant et retolront, espoir, ce que donné ont (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 231). Si n'en puis mais, se je m'en plaing et dueil ; Car ailleurs voy donner et departir Les tres dous biens que de li avoir sueil, Et à grant tort les me voy retollir Et moy guerpir pour un autre encherir. (MACH., L. dames, 1377, 69). A propos d'amis mors dit oultre Seneque : à quoy ploures ce que tien n'estoit ? Fortune prestez les t'avoit. Se elle les t'a retolus, de quoy te plains ? (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 26). ...estes vous tel, si vous m'avez donné aucune courtoisie ou gracieuseté, que vous le me vouldrez après retollir par ceste façon ? (C.N.N., c.1456-1467, 123).

Rem. DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 317 ; t.2, 142 ; Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss.

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Retolir de. "Enlever de" : LE FILZ. Puissant vierge, vueillez m'aidier (...). Vers ce dyable qui me maine, Dame, me vueillez garantir ! PREMIER DYABLE. Elle ne te peut retolir De nous, s'elle ne veult tort faire. (Mir. enf. diable, c.1339, 44).

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Empl. abs. : Einsi est il, dame, quoy que nuls die, De ma dame qui se change et varie, Donne et retolt, or het, or est amie, N'en une part N'est tous ses cuers, et s'aucuns y repart, Certes, je croy qu'il en a povre part, Et que de li celle part tost se part. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 98). ...et disoient que c'estoit gieu d'enfant d'ottroier et puis vouloir retolir, et que ainsi n'yroit mie (Bouciquaut L., 1408-1409, 336).

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Sans retolir. "Sans réserve" : Dame, a vous sans retollir Dong cuer, pensée, desir, Corps et amour, Comme a toute la millour Qu'on puist choisir, Ne qui vivre ne morir Puist a ce jour. (MACH., R. Fort., c.1341, 126). Se vous suppli, dame, tres humblement Que me vueilliés oïr courtoisement Et avoir soing de mon aligement ; Car, par ma foy, Sans retollir sui vostres ligement Et se vous aim si amoureusement Qu'einsi ne puis endurer longuement, Se ne vous voy. (MACH., Bal., 1377, 564). Amours partist ses biens si largement Come à moy seule et de sa grace pure ; Non pas qu'aie desservi nullement Les douceurs qu'elle me fait, Mais gari m'a de tous maus et retrait, Quant elle m'a donné, sans retollir, Mon cuer, m'amour et quanque je desir. (MACH., L. dames, 1377, 159). ...Vo gentilz corps et vo douce maniere, Ne de vos yex le doulz regart eü Ne vo biauté ne vostre simple chiere, Ne remaint pas pour ce, ma dame chiere, Que ne vous vueille honnourer et servir, Com cilz qui sui vostres sans retollir. (MACH., L. dames, 1377, 236).