I. -

Empl. intrans. "Courir à nouveau (qq. part) ou courir en sens inverse, retourner en courant, ou bien courir en tous sens" : ...ilz prendent ung bon cheval et font sus monter l'escuier du mort ; et cilz escuiers fait le cheval sourre et recourre tant que il le recrandist, et quant li chevaulx est bien lassé et retréanst, il lavent au cheval la teste de bon fort vin pur, et tantost le cheval chet. (JEAN LE LONG, Voy. Bieul B., 1351, 284). Lors (...) veissiez chevaulz (...) courre, recourre et en l'air tourner (LA SALE, J.S. E., 1456, 353). Touteffois chascung recourut à son enseigne, et revint le conte à son estendard, qui fut suyvi de ses gens (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 262). SAINCT MARTIN. Je ne puis maintenant courir Në aller en aulcune part. Pour ce d'y vouloir recourir, Vous voyez qu'il est ja trop tart. (LA VIGNE, S.M., 1496, 411). SAINCT MARTIN [à Dieu]. (...) Tes grans secours Ne me sont cours, Mais le grant cours Se viennent rendre A moy qui cours, Trote et recours, Faisant mains tours Autour de Tours, Pour toy actendre, A toy entendre, De toy prés tendre, T'amour pretendre, En toy m'estandre Jusqu'a la mort. (LA VIGNE, S.M., 1496, 474).

II. -

Empl. trans. indir. Recourir à qqn/à qqc. "Avoir recours à"

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[À qqc.] : Mais d'Esperence me souvint ; Et vraiement, adont couvint, Se je voloie avoir victoire, Que je recourisse au memoire Que j'avoie escript en mon cuer, Et que je ne gettasse en puer Nuls de ses dous commandemens, Ne de ses bons ensengnemens. (MACH., R. Fort., c.1341, 124). ...ilz recourrent aux consaulx des sages quant ilz ont doubte d'auchune chose (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 294). ...et pour ce que c'estoit ennuyable et empeschable chose de souvent recourre et aller à la ballance (ORESME, Monnoies W., c.1365, XVII). Et se nous voulons avoir plaine cognescence de savoir se un seigneur naturel, Impereur, Roy ou aultre seigneur terrien, doit estre dit et appellé tyran, recourons aux euvres et aux fais dez tyrans. (Songe verg. S., t.1, 1378, 219). Car, ou verité ou rayson qui sont fondemens de la loy divine leur faillent, ilz recourent au glaive et a la fureur, et se aident dez instrumens de l'outrage humain. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 126). En ceste partie mect Vallerius ung aultre estrantegement ; dont, pour savoir toute ceste histoire, faulroit recourre a son III^e livre, ou II^e chappiltre, a la lettre Chorum virtutes. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 46).

Rem. MONDEVILLE ds T-L VIII, 472. FOUL., Policrat. B., II, 1372, 22/147.

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[À qqn] : Lors recouri je sans paresse A Esperence, ma deësse, Qui me mist en cuer et en bouche De dire ce qui plus me touche. (MACH., R. Fort., c.1341, 130). Doulce gent, au conmencement de nostre sermon nous recourrons a la glorieuse vierge Marie, et lui prierons que elle nous vueille donner grace... (Mir. nonne, 1345, 313). Et recourir au juge, c'est aler querir ce qui est juste (ORESME, E.A., c.1370, 289). ...si a deliberé sur ce ycelle Université et dit qu'elle a requiz la Court representans le Roy, à qui a acoustumé de recourir (BAYE, I, 1400-1410, 110). De ceste tresglorieuse prosperité de paiz (...) quant par noz tresdesplaisans pechiez le avons perdue, premier devons recourir ad ce tressouverain seigneur, et tous ceulz qui besoing en ont, que la nous rende (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 10). De recourir au Createur Dedans chescune adversité N'a que bien, car, en verité, Il cort une grande heresie. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 116). ...ne savoit a qui recourre ne soy rendre pour trouver garison de sa dolente, miserable et bien pou plaincte maladie. [D'un jaloux] (C.N.N., c.1456-1467, 85). Aux dieux me convient recourir Pour leur presenter mes poisons. (Cene dieux, c.1492, 128). LUCIFFER. (...) Espris volans, deablesses et grans deables, Sortez dehors, ou voz jours seront cours ; Et si brouez trop plustost que le cours, Par tout le monde en villes et en cours, En monasteres et en religions. Puisqu'a vous maintenant je recours, Admenez moy, pour me donner secours, De toutes ames cent mille legions. (LA VIGNE, S.M., 1496, 139).

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Recourir qq. part (pour désigner une pers.) : Dame, qu'a ce grant besoing cy Me vueillez aidier et secourre, Car je ne say ailleurs recourre (Mir. abbeesse, 1340, 85). LE MARI. (...) Las ! Et je ne sçay ou recourre Qu'a toy, fontaine de pitié. (Mir. enf. ress., 1353, 60). Et je, qui suys en attente de ma mort et desesperé de ma vie, ne scey plus autre part recourir (CHART., Q. inv., 1422, 24).

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Recourir vers qqn : ...dira que elle se charge de son pouoir d'en faire la paix ou d'estre leur bonne amie en la peticion que ilz demandent et en toutes aultres choses de son pouoir, leur priera que tousjours soyent loyaulx et bons obeissans a son dit seigneur, et que a toutes heures pourront vers elle a leurs besoings recourir et que point ne leur fauldra de chose que elle puist. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 32).

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Inf. subst. "Recours" : C'est celle que je desir D'ardent desir, ... De cuer vray, Celle a qui j'ay Mon recourir (DESCH., Art dictier R., 1392, 288).