Empl. trans.

A. -

Rechasser qqn. "Ramener qqn en arrière, repousser qqn" : Je voy que j'ay perdu la grace De saint Pierre, l'ami de Dieu. Or me rechace de ce lieu [le paradis] La mére de misericorde Par qui cuidoie avoir acorde A Dieu le pére et ma paiz faire. (Mir. pape, 1346, 378). Et, souventes foiz, avenoit Que, quant Hector s'en retournoit, Atout son conroy, en la ville, Les Troyens, de la gent Achille Ou d'autres Grecs, chaciez estoient, Anssi, souvent, les rechaçoient (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 78). ...ledit suppliant capitaine, qui tenoit une arbalestre d'acier bandée, dont il avoit tiré et tiroit contre ceulx qui rachassoient ses gens vers ladicte ville (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1424, 149). Et, se je voy que Gervaise soit rechassié, je lui viendray au secours et frapperay dedans. (BUEIL, I, 1461-1466, 107). Puis les François viendront a folle et rechasseront les Anglois dedans leur parc et y sont plusieurs mors (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 337). Et a esté luy mesmes depuis peu de temps fort oultraigé, rebouté et rechassé dedens la ville et fort blecé. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 374). ...mais tous lesdits Bourguignons furent durement rechassez dedans la ville, à leur grant honte, perte et confusion (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 377).

Rem. WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, 49/13 (recachoit).

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Estre rechassé des mures. "Être remis à sa place" : ...sans aller de deux en trois, luy demanda l'aumosne amoureuse. Il fut de prinsault bien rechassé des meures (C.N.N., c.1456-1467, 120).

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Inf. subst. "Poursuite, action de repousser" : ...le baron de Staffort s'embasti si avant au rechasser qu'il fut navré et pris et mené en la cité (LE BEL, Chron. V.D., t.2, 1358, 24).

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Rechasser un animal qq. part. "Repousser, ramener" : Et quant il fu asseur de gesir avec le bergier, il lui ala aidier a rechasser ses moutons a l'ostel (Percef. Compl. R., c.1450 [c.1340], 130).

B. -

DR. Rechasser qqc. sur qqn. "Faire une réclamation en justice en assignant qqn sur qqc" : ...s'il advenoit enssy, quant que ce fut, que par ost, par chevauchie ou par feu, li dite fiertre et les reliques qui dedens seroient fussent perdus, ars u mal mis par aucuns adventure, nous, pour nous ne pour noz successeurs, n'en seriemes de riens tenut de demander, requerre ne rechachier sur les dits confreres (Drap. Valenc. E., 1337, 23).

C. -

Empl. abs. [Au jeu de paume] "Prendre la balle au bond"

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Au fig. : SATHAN. (...) Et quant j'euz congneu sa simplesse [d'Ève] Respondent si fragillement, Je prins en moy grant hardïesse De rechasser bien brefvement, Et luy dis veritablement : "M'amye, jamais ne morrés, Car en joye eternellement A tousjours sans fin vous vivrés." (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 83). [Cf. G. Roques, R. Ling rom. 51, 1987, 645]

D. -

CHASSE "Reprendre la chasse après un défaut" : C'est bonne chasce que du cerf, quar c'est belle chose bien quester un cerf, et belle chose le destourner, et belle chose le laissier courre, et belle chose le chacier, et belle chose le rachacier [var. rechassier], et belle chose les abais, soient en yaue ou en terre, et belle chose la cuirïe, et belle chose bien l'escorchier et bien le deffere et lever les droiz, et belle chose et bonne la venaison. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 61). Chescun de cez chienz sont bons en leur cas, les uns pour chascier tost et les autres pour rechascier (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 131). Autres chienz y a moyens qui vont assez tost et si chascent et rechascent assez bien, et ceulz la valent mieulz que ne font les autres sus diz. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 131). Ore vuill je donc, puis que cest enfant a esté bon paje et bon vallet de chienz et ore est bon aide, qu'il soit bon veneur, et li vuill aprendre comment il doit chascier et rechascier et requerir et prendre a force et par maistrise le cerf. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 193).

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[Cont. métaph.] : La mort si me tire Se vers moy de tire Par le pousuyvant Ne me vient allegement Nuyt et jour la mort si me chasse Et ne cesse de moy chasser, Se le seigneur si ne pourchasse Son sellé, ou fait pourchasser, Il me fauldra faire enchasser Mort ou vif dedans une chasse, Car je ne scay tant rechasser Que Fortune ne me rechasse. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 146).

V. aussi rachasser