C.N.R.S.
 
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     RACINE     
FEW X 19a radicina
RACINE, subst. fém.
[T-L : racine ; GDC : racine ; DÉCT : racine ; FEW X, 19a : radicina ; TLF : XIV, 225a : racine]

A. -

Au propre "Partie inférieure, souterraine, d'une plante, racine" : Adonc regarda l'enfant Seth, Tout contreval de l'arbre secq ; Les rachines qui le tenoient Jusques en enfer s'en aloient (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 80). ...Car racine n'est tant diverse Qui a ce printemps ne s'aërse A geter, selonc sa nature, Fleur, fruit, feuilles, greinne ou verdure (MACH., R. Fort., c.1341, 80). Recorde ce qu'ay devant dit. Et s'elle fait d'une racine Yssir fleur, et rose d'espine, Tout einsi fais j'un cuer florir En toute joie, et fais morir En li doleur ; car je l'esserbe, Si que de mal n'i demeure herbe. (MACH., R. Fort., c.1341, 82). Mais a l'issue dou repaire Ou tant ot ronces et espines, Orties et maises racines, Os je bien mestier de ma dame ; Car se dit n'eüsse, par m'ame, Einsi qu'avoie dit devant : "Chiere dame, a vous me commant !" Je sui tous certeins que mors fusse (MACH., D. Lyon, 1342, 172). Qu'envis puet on deraciner Un grant arbre, sans demourer De la racine, Qu'on voit puis flourir et porter Et ses branches croistre et geter, En brief termine. (MACH., L. plour, 1349, 284). ...Et vit de ce qu'il peut trouver Par le bois, ainsi que racines Et fruiz de ronces et d'espines... (Mir. parr., 1356, 34). Et së en parle qui volra, Mais certainement on verra Tout clerement, je n'en doubt mie, La fleur de lis croistre en l'ortie Et le fruit naistre en la racine Et fin basme porter espine Et en fuzin germer la rose, Qui seroit moult estrange chose, Ainçois que cueure de tel laisse Que je l'entroublie ne laisse (MACH., Voir, 1364, 430). ...Si comme Genesis le prueve, Plus bel ne puet on deviser, Pour amoistir et arrouser La terre, et cils flueves la duit À porter fueille, fleur et fruit, Herbes, arbres, racine et greinne Pour vivre creature humeinne. À l'issir de ce Paradis Que Nostres Sires fist jadis Se depart cils flueves en quatre, Nuls à droit ne le puet debatre. (MACH., P. Alex., p.1369, 191). Derechief, tout arbre si a racine en lieu de bouche par quoy il trait son nourrissement de la terre et est la racine pleinne de neus qui sont comme les nerfs en la beste qui lient les parties l'un a l'autre... Derechief tout arbre generalement a racine qui est moyenne entre le corps de l'arbre et la terre dont il est nourri et pour ce la racine est appellee la vie selon ceulx de Grece (CORBECHON, éd. G. Sodigné-Costes, 1372. In : Bien dire et bien aprandre 11, 1993, 380). Et par aventure, selon ce diroit l'en que la racine d'un arbre est le desus de l'arbre, car yleuques est principaument la vie de lui et par ce prent nourissement. (ORESME, C.M., c.1377, 322). Bectes semees en mars, et quant elles sont bonnes a mengier soient couppees pres de la racine (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 120). Si en ot la beste lors pitié et entra au creus de l'arbre, et je qui estoie caché derrier la racine de l'arbre, regarday que la beste feroit de l'enfant. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 159). ...De mente sèche et majoraine Et la racine bien pelée Aussi de gariofilée, De toutes choses égalment Demie dragme justement (LA HAYE, P. peste, 1426, 148). Et tout entour ceste flour sont les cent fueilles, partans toutes d'une rachine longuette, si comme cy est pourtrait. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 74). Sa semence, Tumbent sur le chemin, est gatee, Car des bestes tost est mangee. Sur roche n'a jamaiz racine. Et si tumbe entre l'espine, L'espine la semence destruit, Qu'en bonne terre porte fruit. [Réf. à la parabole du semeur (Luc 8, 5-15)] (Pass. Auv., 1477, 137). Par son jardin et ceulx de luy prochains, Alla serchant ce que luy fut besoing, Le corps couvert d'un linceul et non chains, Portant l'argent des racines au poing. (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 108).

 

Rem. CORBECHON, éd. G. Sodigné-Costes, 1372, Senefiance 30, 1991, 380 (tout arbre si a racine en lieu de bouche par quoy il trait son nourrissement).

 

-

En partic. [Comme aliment] : ...ne viveray d'autres mais Que de pain d'orge et de racines (Mir. st J. Paulu, c.1372, 94). C'est [Jean-Baptiste] ung homme trestout veluz, Il est mout heureux et trop plux ; Il n'a vescu que de racines, Et toujours aloit par espines. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 115).

 

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[À usage médicinal] : ...Ny en livre (...) Ne trouvay herbe ne racine Qui fust parfaite medicine Pour tel mal estre garissable (Mir. st Sev., 1362, 193). Ne peut malade a li venir Qu'il ne garisse tout a net, (...) Sanz herbes mettre ne racines (Mir. st Val., c.1367, 131). ...Car de tous fruis, de toutes antes De tous estos, de toutes plantes, De toutes herbes à racine Qui puelent porter medecine Trueve on là à très grant planté, Que Sarrasin y ont planté. (MACH., P. Alex., p.1369, 210). La racine de la vigne mellee avec huille oste le poil du lieu qui en est touchié, et oste les verrues (CORBECHON, Propr. choses H., 1372, 57). ...rachine de un choul [employée contre la constipation des chiens] (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 122). Avés vous point de medecine, Oigniemens, poudre ne racine, Quil ne peult souffrir poriture ? (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 230). Las ! Cognoissés des herbes les racines, Par quoy mon mal se peut desraciner ? (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 104). ...fust à la fin de ses jours grant medicin et experimenta plusieurs herbes et racines. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 67 v°). Cestui experimenta moult de choses pour actaindre à la vertu des gommes, racynes et herbes (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 74 r°).

 

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[Comme teinture] : Se tainturier... y mettoit cauch ne rasine, il paieroit ...[vgl. Racine d'Arménie"espèce de garance"] (Doc. 1349. In : K. Baldinger, Z. rom. Philol., 102, 1986, 412).

 

-

[P. métaph. ou dans un cont. métaph.] : Mais je qui sui leur droite mere Leur doing une clarté si clere, Si a point, si bien ordenée, Que la racine qui entée Est dedens leur cuer d'amours germe Fleur, fueille, fruit et nouviau germe, Et les fais plus cointes vint tans Que la terre n'est au printemps. (MACH., R. Fort., c.1341, 81). Car Envie si n'est pas seule, Eins vomist souvent par sa gueule Contrueves, baras, jengleries, Meffais, traïsons, tricheries, Murtres, detractions, haïnes, Ou tant a de maises racines Qu'onques nul n'en dit bon exemple, N'en siecle n'a ordre ne temple Ne seculer qu'elle ne triche. (MACH., D. Lyon, 1342, 224). Ne porte en ton cuer tel rancune A personne vivant que tu ne Pardonnes, remettes, effaces. Et s'il avient que tu le faces, Fai le de volenté si fine Qu'il n'i ait estoc ne racine Qui germe jamais, ou semence, S'il n'est einsi, qu'on recommence. (MACH., C. ami, 1357, 137). Et je croy bien que Dieux vous aimme, Car il le vous a bien moustré En lieus où vous avez esté, Si que, fieux, je vous vueil reprendre Et, en vous reprenant, aprendre Que c'est si mauvaise racine De vivre en pechie de hayne, Que bien jamais ne fructifie (MACH., P. Alex., p.1369, 237). S'en loe Amours qui ha par sa doctrine Moi et mon cuer si tres bien assené Que j'aim(e) la fleur et la droite racine De tous les biens ; car Grace, Loyauté, Franchise, Honneur et Debonnaireté Font nuit et jour en li monteplier Les biens que Dieus et Nature ont plus chier. (MACH., L. dames, 1377, 24). Car tant par est vraie, fine Et de bel arroy Qu'elle est de tous biens en soy Fueille, fleur, fruit et racine Et vrais estos qui ne fine D'acroistre. (MACH., Les lays, 1377, 315). SATHAN [à Lucifer]. Roy rigoureux, racyne ruÿneuse, Roche restive, rodelle rumyneuse, Rouge ribault, reprouvable raillart, Rachat recteur, rude roce rogneuse, Rogue rongeur, riche ronce raffleuse, Ravissant ris, rural retatynart (LA VIGNE, S.M., 1496, 350).

 

-

Loc. fig. Jusques en la racine. "Totalement" : ...Lors est nostre foy sarrazine Apparant jusques en la rracine, En laquele foy il loist faire Tout ce quë a chascun doit plaire (LE FÈVRE, Vieille, trad. De vetula H., a.1376, 375).

 

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P. métaph. [À propos de l'arbre de la Sagesse, figure de Marie] Mettre ses racines en qqn. "S'enraciner en qqn" : ...et in electis meis mitte radices : et met et envoie tes racines en mes esleuz (Mir. st Panth., 1364, 309). Mais conment cuides tu que la vierge s'enracine en personne orgueilleuse et plaine de vanité, n'en personne plaine d'avarice et de cupidité (...) ? En touz ceulx ci ne peut la vierge ses racines mettre ne fichier (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 228).

B. -

P. anal.

 

1.

"Partie qui est à la base (d'un corps, d'un organe...)" : Mais Dieu lui envoya par grace une seraine Qui moitié femme estoit et ly aultre racine Estoit sy c'uns poissons (Tristan Nant. S., c.1350, 92). ...et quant ilz [les cheveux] deviennent blans au bout d'en hault premierement, c'est deffaulte de chaleur, mais quant ilz commencent a blanchir par devers la racine, c'est signe de fleume qui est habondant en la teste. (CORBECHON, Couleurs S., 1372, 374).

 

-

Racine des dents : ...ou se ilz frotent trop souvent les dens de choses qui fussent trop agues en ostant les racines des dens ou s'on a esté neglegent a les mundifier (GORDON, Prat., c.1450-1500, III, 25).

 

-

Racine des cheveux : ...racine des cheveux (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 326).

 

-

Racine de la langue : ...racine de la langue (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 159).

 

-

Racine de l'oeil. "Fond de l'oeil" : ...a tel apostume s'ensuyt douleur du chief et douleur es racines des yeulx et difficulté de respirer (GORDON, Prat., c.1450-1500, VII, 11).

 

2.

"Ce qui est au départ de qqc. (dans l'espace)" : ...sur chascune desquelles [houppellandes] il a fait, mis et assis une grant branche de geneste de broderie d'or, cousues de soye vert avec les cosses de fil d'or de Chippre. Laquelle branche est assise et se prent la racine en l'espaule destre par derrière, et desent par dessoubz le bras senestre et se lace ou quartier devant en la poitrine. (Comptes argentier rois Fr. D.-A., II, 1387, 197). Pour ce dit Aristote de la mer que elle occupe le lieu naturel et commun des yaues, et que elle en est racine et aussi come mere et droit commencement, et que finablement toutes les yaues y doivent retourner (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 286).

 

3.

[Dans le temps]

 

a)

"Commencement, point de départ" : ...en racine et en connencement tout vient d'un lieu principal (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 127).

 

-

De premiere racine. "De prime abord"

 

Rem. Scheler, Gloss. Geste Liège, 211.

 

b)

"Origine, lignée" : ...la rachine (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 85). Et sont les uns [les neveus] plus prochains ensemble et les autres sont plus estranges ou plus lointains selon ce que ilz sont plus pres ou plus loing de la premiere racine ou souche ou escot. (ORESME, E.A., c.1370, 442). On pourroit bien, ce samble toutesfoiz, raisonablement dire que ceulx qui sont estraiz de parens nobles ont plus grant avantage par nature et sont, et doivent estre, plus enclins et plus prests d'entendre a vertu et a bien que les autres ne sont communement, qui sont d'autre racine non noble descendu (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 647). Vous estes de gens de bien et d'une bonne racine de gens. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 306).

 

Rem. Prov. H., 213, c.1325 (Dire as oï, s'il t'en souvient, Que de pute racine vient Pute ente, c'est selonc nature) ; Scheler, Gloss. Geste Liège, 211 (LX chevaliers y ot de grant rachine).

 

c)

[À propos d'un mot] "Origine" : Et les termes de Médicine, De diverse sorte et racine, Sont trop merveilleux et divers À faire rime et joliz vers (LA HAYE, P. peste, 1426, 165).

C. -

Au fig.

 

1.

[À propos d'une chose abstr., en partic. d'un mal] "Origine, ce qui donne lieu à autre chose, ce qui déclenche qqc." : Ma dame, tout premierement Vous dirai le commencement, L'estat, le fons et la racine Qui la verité determine De ce que vous me demandez, Puis que vous le me commandez. (MACH., R. Fort., c.1341, 131). Vierge qui es [la] medecine Des pecheurs, oste la racine De pechié mortel de mon cuer Et ne me lesse a nul fuer Mes cinc senz naturelz perir (ARNAUD, Prière Vierge O., II, c.1350-1400, 150). ...la racine et le fondement de trouver iceulx jours (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 36). ...la chaleur naturelle quant a la racine de sa substance (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 21). Et universelment la racine et la cause de toutes les differences dessus dictes est que eleccion est tant seulement es choses ou les resgarde qui sont en nostre posté. (ORESME, E.A., c.1370, 186). ...car il convient qu'il soit de la racine catholique, qui veult fructifier en ceste communion (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 477). Si devez scavoir que ainsi comme le bon phisicien ja ne mectra curative au malade s'il n'est premierement informe a plain de la racine de la maladie (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 452-453). Avarice tous biens decline Et de tout mal est la racine (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 52). Des lors commença la racine De la tres mortelle hayne D'entre les Troyens et les Grecs (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 26). Sains glorieux, qui par bonne racine avez gloire par toute crestienté, soiés vers moy piteuse medicine, je vous suppli, priez pour ma santé (Prières saints R., t.2, 1400-1500, 211). ORGUEUL. (...) Je suis des pechiers la racine, Je sçay de tous maulx le covyne. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 10). Amours est de salut racine (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 121). Messeigneurs, certes, c'est une peur sans racine (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 399). Mais ce faisoit, vouloient dire aucuns, par voie et manière qui ne plaisoit point au duc, car lui imputoit aucunement la racine du discort entre luy et son fils (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 331). Et ne seroit à descrire la pitié qui fut vue luy à l'heure du destroit, là où multitude d'hommes eussent doubté qu'il ne s'en dust estre passé à légier, pour cause de seignourie, et que aucuns avoient vu autres fois aucunes rumeurs entre son père et luy. Dont ils craignoient que la rachine n'en dust avoir amorti dilection naturelle (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 209). Mais, si gens preud'hommes et de bonne foy par semblant les [tes voies et tes cauteleuses machinées fins] ignorent et faignent de les non entendre, Dieu nientmoins les cognoit et les entend, et selon la racine de ton prétendre, il t'en donra l'yssue (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 145). Et certes bien ay dit douloureuses, car elles [ces noces] estoient pleines de douleur et de racine et de conséquence, posé que joyeuses à luy pour qui se faisoient (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 136). Femme est... rachine de tous maulx, Cause, moyen et principe de guerre (MICHAULT, Procès honn. F., p.1461). ...Car la [à la Cène] commence la racine Du saint sacremant de l'aulter (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 65).

 

-

Racine de. "Source de" : ...De grace enterine, Douce sans amer, De bonté racine, Flour qu'on doit amer, Amour vraie et fine, Qui ne puet finer Et qui ne decline Ne puet decliner. (MACH., Les lays, 1377, 403).

 

-

Par racine de qqc. "Par tel ou tel motif" : Car s'estoit bien perçu, et se percevoit de jour en jour tout au clair, que le roy, sous une feinte simulation, le quéroit plus en un subtil prétendre que par racine de vray amour (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 493).

 

-

Donner racine à qqc. "Permettre à qqc. de naître et de se développer, donner naissance à qqc." : ...une escripture (...) injurieuse à la justice du Roy, à la police et bien commun de son royaume (...) qui a donné racine aux IJ seditions derrienement avenues puiz Pasques en ce royaume (BAYE, II, 1411-1417, 260).

 

-

Prendre racine de/en. "Être dû à, venir de" : Et jà soit ce que pestillence Puisse parfoiz avoir naissance D'eaues en soy corrompues Et de viandes malostrues, Comme souvent el prent racine En temps brehaign et de famine, Toutesfoiz cele maladie... (LA HAYE, P. peste, 1426, 43). Et il n'est pas à oublier, Maiz à noter et publier Qu'aucune foiz ceste ruine De pestillence prent racine De Divin vouloir et plaisir (LA HAYE, P. peste, 1426, 61).

 

-

Prendre sa racine. "Avoir pour origine" : Oultre tout l'art de medecine Qui sus au ciel prist sa racine (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 11).

 

2.

"Principe ; fondement, base"

 

a)

MÉD. "Principe" : ...et toutes ces maladies sont mauvaises et de male terminacion, pour ce que les membres principaux en leur racines sont blessez en ce temps ou par effect des planetes (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 10). Scabie fede ulcereuze fetide qui occupe plusieurs parties du corps : elle a malles racines et est prochaine es malles maladies et est moult forte a curer (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 23). ...le cerveau est la racine ou est mise pour la racine de tout le corps et speciallement est elle dicte la racine du sentiment et du mouvement (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, IV, 1).

 

b)

"Fondement, base" : S. PIERRE. (...) O doulz Jhesus (...) Donnes moy vision certaine Par quoy puisse avoir congnoissance De ton fait et de ta puissance, (...) Et sur ce fonder ton eglise Qu'a gouverner tu m'as commise, Bien appartient que sa racine Soit de bonne et vraye doctrine, Et qu'on y puist adjouster foy. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 263). Alphonse, roy des Rommains, de Castelle et d'Arragon, fist la nouvelle verifficacion des corps celestes en ce temps et en fist racines et fondemens, dont il composa ses Tables. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 124 r°).

 

-

"Vérité (comme fondement)" : Moult eurent grant merveille, li enfant la roïne, Quant d'Esmeret, leur frère, oïrent la rachine ; Qu'il estoit en prison, en terre Sarrasine, Et qu'il n'estoit pas mors de la gent Apoline (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 85).

 

-

En racine. "Dans le fond, véritablement" : Tousjours l'oeuvre démonstre quel homme est en racine, mais non pas tousjours les paroles correspondent et concordent avecques les intentions (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 13). ...non obstant multitude de mauvaistés à luy démonstrées, et lesquelles il percevoit bien ; mais ne les vouloit croire en racine, parce que les autres l'endormoient tousjours en paroles (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 109). La vis je pareillement le roy de Hongrie, Lancelot, lequel usant de mesmes termes de cestui, prophera une mesme question conte fortune par infelicité de court regne et porta occultement aunes boistes, ce sembloit, desquelles allegoit proceder sa mort non attainte en rachine (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464).

 

-

Fondé en racine de. "Fonder sur" : Pour ensievir donques la matère, et laquelle parfois est fondée en racine de rumeur, aucune fois aussi en douceur et en production de bon courage, je laisse ce qui est couvert dedens les pensées et viens à ce qui se monstre par paroles, car là prent-on les gens et les juge-on (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 31).

 

c)

[À propos d'une pers., d'une collectivité] "Fondement, base"

 

Rem. Scheler, Gloss. Geste Liège, 211 (Car Ligois sieront maistres et sovraine racine de leur paiis atour).

 

-

RELIG. [À propos de Marie] : Ave, mére au souverain roy, (...) Qui es fondement et racine Des vertuz... (Mir. pape, 1346, 376). Dame, de pitié boutilliére, Souche de vertuz et racine... (Mir. emper. Romme, 1369, 282).

 

3.

[Domaines scientifiques]

 

a)

ASTR. [trad. du lat. radix] "Racine, dans les tables astronomiques, valeurs de départ des coordonnées planétaires, données pour une date remarquable et la longitude géographique du lieu pour lesquelles les tables sont établies ; date à laquelle correspondent ces racines" : Qui vuet muer les tables a 1 autre lieu qu'au moiien dou monde (...), se ses lieus est plus prochains a orient qu'en occident, si estraie le moiien cours des planettes ; u il ajouste se ses lieu est plus prochains a occident selonc les heures de le distance de sen lieu et du moiien dou monde, et ce doit iestre es ans cueilliés en le rachine. (Compil. sc. étoiles C., a.1324, 85). Quant la figure a chascune racine des jugemens est dressee et les commencemens des 12 maisons assignees, donques convient mectre les planetes 7 et le chief de dragon et la keue dedenz la figure, chacune en telle maniere comme sera le signe qui tient le planete dedenz le almenach sur la journee sur quoy nostre racine et nostre figure est dressee. (PÈLER. PRUSSE, Élect. L.F., 1361, 98).

 

b)

MATH. "Nombre qui, multiplié par lui-même une ou plusieurs fois, en produit un autre" : Racine de nombre est ung nombre qui multiplié en soy une foiz ou plusieurs selon lexigence et nature de la racine produyt precisement le nombre dont il est racine (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, I, 654).

 

-

Racine carree. "Racine carrée" : Rigle pour extraire les racines quarrees ou racines secondes (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, II, 694).

 

-

Racine composee. "Racine composée" : Aultres manieres de racines sont que les simples devant dictes que lon peult appeller racines composees comme de .14. plus R2.180. dont sa racine seconde si est .3. plus R2.5. (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, I, 655).

 

-

Racine cubique. "Racine cubique" : Racine tierce est celle qui mises en troys lyeux et puys multipliee la premiere par la seconde et ce qui en vient par la tierce la derreniere multiplicacion est le nombre dont elle est racine ... telles racines par les anciens sont appelles racines cubiques (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, I, 655).

 

-

Racine imparfaicte. "Racine imparfaite" : Comme devant a esté dit tous nombres ne sont pas vraiz quarrez en tant que deulx lon ne peult avoir racine seconde precise. Car leurs racines multipliees en elles montent tousiours plus ou moins que leurs nombres dont elles sont racines et pourtant sont elles dictes racines imparfaictes dont l'extraction dicelles nest que labeur sans utilité (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, II, 697).

 

-

Racine quarte. "Racine quatrième" : Commant les racines quartes se pevent extraire ou abrevier (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, II, 703).

 

-

Racine seconde. "Racine carrée" : Pour plus amplement demonstrer le stile de l'extraction des racines secondes est icy mise la maniere d'extraire la racine de... (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, II, 695).

 

-

Racine simple. "Racine [à radical] simple" : Et ainsi des aultres racines convient entendre en les multipliant six foiz ou sept foiz on (lire ou) tant de foiz que la nature de la racine le requiert. Toutes telles racines comme les dessusdictes soient appellee racines simples (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, I, 655).

 

-

Racine tierce. "Racine cubique" : Racine tierce est celle qui mises en troys lyeux et puys multipliee la premiere par la seconde et ce qui en vient par la tierce la derreniere multiplicacion est le nombre dont elle est racine ... telles racines par les anciens sont appelles racines cubiques (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, I, 655).

 

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ARITHM. Racine du nombre dizain. "La dizème partie" : Mais pour cecy entendre il faut savoir que c'est la racine du nombre dizain. Si dois notter que la racine du nombre dizain c'est la diziesme partie, et pour tant la racine de dix c'est un, car c'est sa diziesme partie, et la racine de vint c'est deux, et la racine de trente c'est trois, et aini des autres (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 243).

REM. La forme raç est peut-être une forme de franco-italien pour racine : F. Möhren, Renforcement nég., 1980, 208 (XIVe s., li haubers ne vaut une espaniere Ne li escus le rein [var.lo raç] d'une fleschiere).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Annie Bertin

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