C.N.R.S.
 
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     PARER1          PARER2     
FEW VII parare
PARER, verbe
[T-L : parer1 ; GD : parer ; GDC : parer1 ; DÉCT : parer1 ; FEW VII, 622b, 624a, 625a, 626b, 627a : parare ; TLF : XII, 983b-985a : parer1]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Apprêter, préparer"

 

1.

Parer qqn (à qqc.) "Préparer qqn (à qqc.)" : Et puisque sui tes fils [de Phébus], biaus peres, A gouverner ton kar [var. char] me peres. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 97).

 

2.

Parer qqc. "Apprêter, préparer qqc." : Parez la voye nostre Sire, Rectiffïez sans contredire Les sentes du sauveur du monde (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 136). Si fist sa bonne femme l'ostel apprester, tendre, parer, nectoyer et orner au mieulx qu'il fut possible. (C.N.N., c.1456-1467, 462).

 

-

Part. passé "Apprêté, préparé" : Si me fu avis en mon dormant que je vous trouvoie couchié en une sale en .I. biau lit et bien paré. Et la m'estoit avis que vous gisiés forment malades (MACH., Voir, 1364, 506). Li soudans estoit en un lit Basset, bien paré pour delit ; Et à sa destre coste estoient Deux grans amiraus qui tenoient Chascuns une hache en sa main. (MACH., P. Alex., p.1369, 195). Mais combien que chascun convoite lit pour repos, toutesvoies chascun ne convoite pas (...) ou desire lit tel ou tel ou ainsi fait et ainsi paré ou autrement. (ORESME, E.A., c.1370, 223). Son logis est ja tout paré (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 110). ...il vit la table chargée de vins et grandes viandes, ensemble le beau baing tres bien paré (C.N.N., c.1456-1467, 25).

 

3.

En partic.

 

a)

"Préparer en ôtant les parties inutiles"

 

-

Parer le pain. "Enlever la croûte du pain" : ...Pour trenchoirs faire et pain parer (Dit prunier B., c.1330-1350, 59). Qui d'autre part veïst pingnier, Polir, cointoier, alignier Vallès tranchans et eaus parer Et pour leur maistre pain parer, Faire tailloirs, demander napes (MACH., R. Fort., c.1341, 144). ...un parepain (...) pour parer le pain du Roy (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1383, 226). ...sy prennés vostre pain blanc et le parés tresbien (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 161). ...et puis prennés du pain blanc qui soit bien parés et trenchiés (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 176).

 

-

Parer un fruit. "Peler un fruit" : Vez ci vin et pommes qu'aport. Or dites, estes vous d'accort Qu'une en pare que mengerez ? (Mir. Oton, c.1370, 347). Mengiez : elle [la pomme] est de blancdurel, Et l'ay parée bien et bel (Mir. Oton, c.1370, 348). C'est assavoir des mariages qui se font au jourd'ui plus que onquesmais des petis enfans qui sont soubz aage et ne scevent que soit mariage et ne se congnoissent en franc arbitre. Il ameroient mieulx une pomme ou une mite qu'il ne feroient de mariage l'assamblee. Ils esliroient avant une poire paree. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 248). [Ou "mûrie" ?] Puiz prenez gingembre blanc paré ou pelé (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 217). ...sy prennés de bonnes pomes barberines selon la quantité que l'on en vouldra faire et puis les parés bien et appoint et les taillés en beaulx platz d'or ou d'argent (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 194). Mon marichal, or m'aportez Une pomme, j'ay grant desir D'en mengier (...) Ça, ung coutel, si le parray, Et puis apres j'en mengeray. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 63).

 

.

Prov. : Qui tel fruit a tel poire paire. (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 159).

 

.

[Avec valeur minimale] Pomme paree : Armeüre ne vault une pomme paree, S'elle n'est de bon maistre deffendue et gardee. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 85).

 

-

Parer le plomb. "Régulariser le plomb en une certaine épaisseur, longueur et largeur" : Item, ung costeau parouer à deux manches de bois et deux gretz nécessaires à parer le plomb en table, 3 s. 9 d. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 270).

 

b)

Parer le drap. "Peigner le drap" : ...Gieffroy Aude, tixerrant de draps (...) pour souspeçon d'avoir mal prins et emblé environ quatre aulnes et demie de drap vert escru et tout mouillié, et ouquel apparoit assez, comme freschement et nagueires, pour le estendre et parer, il avoit esté mis ès lices acoustumées à mettre pour les ordonner, et duquel il a esté trouvé saisi (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 111). ...un beau noir camelot paré. (HAUTEV., Invent. biens B., c.1441-1447, 55). Item, nul foulon ne peut ne doit fouler ne parer draps qui ne soit bien et loyaument foulé et paré (Mét. corp. Paris L., t.3, 1443, 100).

 

c)

Parer (le sabot d') un cheval. "Amincir la corne" : Se li pié li estraignent, si li paire l'en les piés tendrement (Chir. chevaux P., c.1325-1350, 367). ...et que le pié soit bien paré, par bonne espasse jusques au vif (GUILL. VILLIERS, Hipp. P.-D., a.1456, 147).

 

d)

Parer le vin. "Préparer le vin pour le bonifier (en partic. en achevant la fermentation)" : Les Grecs, quant ilz font et parent leur vin, sy y gettent la moitié ou la tierce partie de vin cuit ; car ilz dient que le vin dur en est fait souef, quant l'en y met avecques ce deux godés de farine d'orge et que il y ait esté par une heure, et cela mesle la lie du vin cuit avecques l'autre. (Rustican H., 1373-1374, 109). ...comme celui qui vendange sa vigne a moité meure et cuide avoir bon vin, mais quant le vin est parés il ne treuve que vernis. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 249). ...X queues de vin entonnées et parées (Trés. Reth. S.L., t.2, 1395, 407).

 

-

Parer le verjus : ...maiz que le vertjus soit tresbien paré. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 272).

 

-

[Du vin, d'une boisson] "Fermenter" : ...il avoit du vin blanc en une volte en laquelle nulz n'y osoit entrer, pour la force des dits vins, que paroient ["à cause de la fermentation du vin"]. (AUBRION, Journal L., 1484, 168).

 

.

Se parer : Adonc vostre bochet gectera comme moust qui se paire (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 265).

 

-

Vin paré/boisson paree. "Vin / boisson dont la fermentation est achevée" : Car c'est uns viés mors en bouteille Qui gaste moust ou vin paré. (Pastor. B., c.1422-1425, 76). Boy de ce gentil vin paré (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 346). ...et ainsi que ung tonnel Ou est mise la nouvelle boisson Non paree s'enfle et veult crever s'on Ne luy baille soupirail ou s'esvente, Tout ainsi est ma pensee et entente (Myst. Incarn. Nat. L., t.1, c.1454-1474, 24).

 

Rem. Cf. GD V, 761a paré "fermenté".

 

4.

"Réparer qqc." : ZEBEDEE. (...) Depeschon nous de reparer Noz rethz ! Tenés, vecy de quoy ; Besongnés, pensés d'emparer ! SAINCT JAQUES MAIOR. Il ne les fault ja tant parer, Mais que les faultes soient reprises ; Il ne fault sinon demarer Et faire troys ou quatre prinses. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 53).

B. -

"Pourvoir, doter (d'une chose nécessaire)"

 

1.

Part. passé "Pourvu (de ce qui est nécessaire)" : Pour ce des maus me separoie, Car quant uns homs est bien parez, Se des vices n'est separez, Po li valent si parement, Au meins selonc mon jugement. (MACH., D. Aler., a.1349, 365). Li roys forment se travilloit, Et li dus pensoit et veilloit Comment li roys fust bien armez, Bien parez et bien acesmez, Par quoy li rois si bien joustast, Que devant tous le forjoustast. (MACH., P. Alex., p.1369, 46). Longtemps toutevoies vaucra encore, et erra, ne savoit où, mais finablement se perçut de l'abboy d'un chien parce que près estoit de la maisoncelle d'un povre homme. Sy en fit grant joie et s'en tint à plus paré que de tous les biens laissés en Brusselles. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 256). Mal se combat qui n'est armé pour batillier et bien paré. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 269).

 

-

Paré de : Après, Honnestez doucement Se sëoit moult honnestement, Qui parée par grant noblesse Estoit d'un mantel de simplesse. Mais nette estoit, sans nul reprouche, De cuer, de corps, de main, de bouche. (MACH., J. R. Nav., 1349, 179). ...atout dix cohortes (...) armez et parez d'escus a la façon des Rommains (JEAN DE ROUVROY, Stratag., c.1425. In : Chrestom. R., 102).

 

-

Bien paré. "Bien doté" : Bonne, belle et bien parée, De tres gentil renommée, Mort ou aligence De vo face coulourée, Qui "tout passe" est appelée, Aten (MACH., Ch. bal., 1377, 605). Pour celle cause a prince el tiennent, Et pour moult bien paré se tiennent D'estre subgiez a filz de roy Ou n'a cruauté ne desroy. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 158). Est il homme ou monde qui ne se tenist pour bien paré d'estre vestu des robes du Roy et de sa livree ? (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 222).

 

2.

"Richement vêtu" : L'autre ressembloit une fee, Tant estoit bele et bien paree, N'onques en ma vie ne vi Rien qui fust si bien assevi. (MACH., F. am., c.1361, 200). Mars, qui est li dieus de bataille, Et la belle Venus, sans faille, Ne s'i estoit pas oubliée ; Eins estoit vestue et parée, Com deesse, royne et dame, En corps, en biens, en cuer, en ame, De tous ceaus qui par amours aiment, Voire et, par Dieu, de ceaus qui n'aiment, Car homs ne li puet eschaper (MACH., P. Alex., p.1369, 2). ...elle avoit en sa compaingnie Dont elle estoit acompaingnie Maintes riches et nobles dames, Dont Dieu gart le corps et les ames, Qui estoient si acesmées Et si tres richement parées, De grans biautés, de grans richesses, Que toutes sambloient deesses. (MACH., P. Alex., p.1369, 35). Quant il furent bien consillié, Ne vinrent pas comme essilié, Pour faire leur response au roy, Car moult furent de bon arroy, Parez et vestis cointement, Si bien, si bel, si richement, Comme se fussent duc ou conte. (MACH., P. Alex., p.1369, 48). D'autre part les cadix estoient Qui leur fausse loy gouvernoient, Et les amiraus tout entour, Parez comme duc ou contour. (MACH., P. Alex., p.1369, 195). ...alez me (...) Dire a ma fille que s'entente Mette a ce que tost soit parée, Qu'au jour d'ui sera espousée... (Mir. fille roy, c.1379, 83). LA FILLE DE L'EMPEREUR. (...) Alez dire que tant feray Qu'en l'eure parée seray Et mise a point. (Mir. fille roy, c.1379, 84). PROSERPINE. (...) Propres habitz j'ay pour ce retenus ; Bailler me fault au paillart la tondue. (Pause de menestriers. Elle se mect en guise de dame bien paree et bien acoustree, fors que devers les piedz, et s'en revien[t].) (LA VIGNE, S.M., 1496, 480).

C. -

"Orner"

 

1.

[D'une pers.]

 

a)

Parer qqc. "Orner, décorer qqc." : Je vi (...) Deux anges descendre des cieulx, Qui assistrent en la chappelle Une chaiére haulte et belle Et moult noblement la parérent (Mir. ev. N.D., c.1348, 84). ...une paire de draps et une custode, pour aider à tendre et parer icelle eglise de Saint-Eustace (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 179). Et sist mondit seigneur le Dauphin tout seul ou haut siege des clers, comme en la place du secont president, son siege affaitié et paré comme une chaiere (BAYE, II, 1411-1417, 41). Et ce jour, à ladicte entrée, furent les rues parées et feux fais en la ville de Paris par l'ordonnance des gens du Conseil du Roy, en signifiance de joye et de leesse. (FAUQ., II, 1421-1430, 143). Les beaulx et riches vestements, aneaulx, ornements, et toutes les aultres precieuses bagues dont vous este parée et ornée plus que nulle aultre de ceste cité, comme bien savez, ay je achatez du gaing et avantage que j'ay fait (C.N.N., c.1456-1467, 561).

 

-

Parer de : Quant il fu heure de mengier, Il se partirent, sans dangier, Et s'en alerent en la sale, Qui n'estoit vileinne ne sale. Parée estoit de dras de soie, Et de fin or qui reflamboie ; Et s'en aloient deus et deus. (MACH., P. Alex., p.1369, 36). On avoit par grant signourie Paré de tapis de Turquie Le palais si très richement Qu'on ne pooit mieux nullement. (MACH., P. Alex., p.1369, 196). J'ay fait, construit et réparé Un jardinet, et tant paré De beaulx entons quelque petit, À mon plaisir et appétit (LA HAYE, P. peste, 1426, 162). ...un tres riche bracelet d'or paré de pierres precieuses (LA SALE, J.S., 1456, 101). Et ainsy fut l'escu d'argent augmenté de cincq escuchons d'azur et de recief paré de cincq besans d'argent en chacun escu (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 38). Le dit chasteau fut tendu et paré De draps de soye et de tapisserie ; Puis force vivres avoit on preparé Pour festÿer luy et sa seigneurie. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 185).

 

-

[P. iron.] : Si voiz tu en ces sepoultures Que le beau corps que tant amoies, Pour qui tant forment te prisoies, N'est riens fors I. femier paré. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 87). [Passelion est abattu à terre] "...bien ay trouvé qui de mon corps a la terre paree." (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 790).

 

-

Chambre à parer. "Pièce d'apparat, de réception" : Au matinet, à grans eslais, [les barons] S'en alerent vers le palais, Droit à l'eure que la corneille Les paresseus huche et esveille, C'est à dire à l'aube crevant, Je pri à Dieu qu'il les cravant, Quant onques si grant mespresure Entra en cuer de creature. En la chambre à parer entrerent Qu'onques un seul mot ne sonnerent ; Chascuns son espée tenoit, Et li princes qui les menoit À l'uis de la chambre hurta. Uns chambrelains bien l'escouta Qui dedens la chambre gisoit ; Si li respondoit et disoit : "Hurtez bellement, li roys dort." (MACH., P. Alex., p.1369, 267). Quand elle fut arriere en la chambre a parer, qui estoit bien tendue de belle tapisserie, elle vit le beau grand feu (C.N.N., c.1456-1467, 339).

 

.

Chambre parée/salle parée : Donner en la sale parée Dessoubz l'imperial signet, Le Xe jour de jullet. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 34). "...Escript en la chambre parée De nostre grant palaix royal, Soubz l'emprainte de nostre seal, En l'an et jour que fumes nez Cinquante six ans tout passés Certainement." (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 70).

 

-

Robe à parer. "Vêtement d'apparat" : Et se Nature soutille ouevre Dont la terre reveste et cuevre, Pour ce que sa robe crotée De l'iver tans li est ostée, Et li donne robe a parer, Trop bien me puis ci comparer A li, car je fais un amant Cointe et joli. (MACH., R. Fort., c.1341, 82).

 

b)

Parer (un cheval) : .I. blanc coursier, paré et vestis de sambue... (FROISS., Chron. D., p.1400, 103). Son cheval estoit paré, selon mon souvenir, d'un demy satin blanc [ et ] violet, en escarteleure (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 332).

 

c)

[D'une abstr. personnifiée] Parer qqn de qqc. "Embellir qqn (d'une qualité)" : Tout ce que grace, mesure, Loyauté Puelent faire à creature De bonté, Li font. Tout a sormonté De quanque Diex et Nature Donnent à bonneürté ; Mais paré L'ont assés de biauté pure À mon gré. (MACH., Lays, 1377, 363).

 

2.

[D'une chose, concr. ou abstr.] Qqc. pare qqn ou qqc. "Orner, embellir qqn ou qqc."

 

a)

Qqc. pare qqn. "Orner, embellir qqn" : Ne je ne me porroie taire Que ne te mette en exemplaire Ton bon pere et ta bonne mere, Car c'est la riens qui plus te pere Et fait d'onneur que leur vaillance. Tant orent bonté et prudence, Qu'onneur si les embellissoit Que d'eaus tout bon et bel issoit. (MACH., C. ami, 1357, 129). Peu de bien ainsi me paroit (CHAST., Temps perdu D., a.1450, 34).

 

-

Part. passé [D'une pers., de son corps, de son aspect...] Qqn est paré de qqc.

 

-

[de qqc. de concr.] : Dont .J. tel cuer est de ligier atrais En bon amer, quant par fine douçour Est d'un regart riant lanciez et trais, Nessans son vis paré d'umble colour, A corps gent, joint, joli et droit Car lors li faut estre soit tort ou droit Par plaisance telement enflamez Qu'il ait desir d'amer ou d'estre amez. (MACH., App., 1377, 639). Gent corps, faitis, cointe, apert et joli, Juene, gentil, paré de noble atour, Simple, plaisant, de bonté enrichi Et de biauté née en fine douçour, Mon cuer ha si conquis par sa vigour Le dous regart de vo viaire cler, Qu'autre de vous jamais ne quier amer. (MACH., L. dames, 1377, 21).

 

-

[de qqc. de plus abstr., d'une qualité] "Doté d'une qualité (qui l'embellit, qui lui fait honneur)" : ...onques Nature En creer nulle creature Ne mist si trestoute s'entente, Comme a sa douce façon gente. Car souvereinne est de biauté, Enrichie de loiauté, De haute noblesse parée, De scens, d'onneur enluminée ; Fine douçour, grace, pité, Franchise et debonnaireté Rengnent en li (MACH., D. verg., a.1340, 16). Delié cuirien Blanc et souëf avoit, sus toute rien Resplendissant, si qu'on si mirast bien ; Vice, tache n'i avoit fors que bien. Douce et serrée Avoit la char, tendrette de rousée, Mais de maniere humble et asseürée Et de trés biau maintien estoit parée. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 72). Et quant dame est einsi amée D'amant, prisie et honnourée, Il d'amours pris et elle prise, C'est une savoureuse prise ; Car la dame est, d'onneur parée, A l'alerion comparée, Selon la trés noble prisie, Dont elle est de l'amant prisie. (MACH., D. Aler., a.1349, 330). Si ne plein pas mon labour, Car ce me samble douçour Fine et esmerée, Quant son gracieus atour Et sa biauté, que j'aour Par douce pensée, Et sa face coulourée, De toute biauté parée, De douçour enluminée, Remir en destour, Sa bonté pure, affinée, Sa maniere asseürée Et ce qu'elle est coronnée De toute valour. (MACH., Ch. bal., 1377, 588). Dame, vo pure biauté Qui toutes passe, à mon gré, Et vo samblant Simple et plein d'umilité, De douceur fine paré, En sousriant, Par un acqueil attraiant, M'ont au cuer en regardant Si fort navré Que ja mais joie n'avré, Jusques a tant Que vo grace qu'il atent M'arez donné. (MACH., Ch. bal., 1377, 620). Quar quant amours maint en cuer debonnaire, Juene, gentil, de franchise paré, Plein de cuidier et de joieus affaire Et de desir par plaisence engenré, C'est trop fort à contrester, Qu'il font souvent sens et mesure outrer (MACH., L. dames, 1377, 182). Mais ce ma joie renouvelle Qu'elle a tant bonté et valour Que chascuns à bon droit l'apelle De tous biens l'onneur et la flour, Et dit que ses corps faitis Est de tous biens parez et assevis, Si qu'on n'i puet amender. Teille la doit on amer. (MACH., L. dames, 1377, 200). Ainsois vo douçour esmerée, Dame honnourée, Tant desirée, D'onneur parée, Qui mon corps teint et mon cuer art, Deüst ma joie avoir doublée. (MACH., Lays, 1377, 286). ...dame honnorée, De franchise enluminée, D'humilité renommée Et de toute honnour parée (MACH., Lays, 1377, 468). Biauté parée de valour, Desirs qui onques n'a sejour D'acroistre, eins croist de jour en jour En plaisance et en douce ardour, Dous regars pris par grant savour, Tous pleins de promesse d'amour, D'espoir, de joie, de tenrour Et de pointure de douçour, Font que j'aim des dames la fleur. (MACH., Motés, 1377, 524). Car en [c]es paroles, en ce chant, je regarde que le vray Dieu de saincte amour, qui mentir ne puet, appelle et nomme ceste benoite Vierge, qui au jour d'uy fut saintement conceue, dame de toute beauté paree (GERS., Concept., 1401, 389). Maiz Mignotise, Flaterie, Oultrage, Faintise, Villain Cuer paré de cointise Ont regné avec Couvoitise Qui a tiré, Dont tout a esté desciré Et le bien publique empiré. (CHART., L. Dames, 1416, 282). Sy ne vint paz le conte d'Artois sy soubdainement que bien ne sceust sa venue celuy de Boulongne, qui autant en fut esjoÿ que de chose que piech'a luy advenist pour le bien et eureuseté d'armez dont le conte d'Artois, son voisin, estoit paré et renommé. (Comte Artois S., c.1453-1467, 4). ...et, a vous dire, son corpz y fu tant redoubté que lez plus fors et bien armez fuioient son encontre et le disoient estre faé ou homme inmortel, car jamais n'avoient veu le pareil ne faire a chevalier, tant fust de proësse paré, le disme de ce qu'il faisoit. (Comte Artois S., c.1453-1467, 76).

 

b)

Qqc. pare qqc. "Orner, embellir qqc." : ...une couronne d'or fine (...) Avoit assis dessus son chief, Ne je n'i vi plus de meschief, Fors tant que la couronne d'or Qui valoit trop mieus d'un tresor Milleur et plus belle apparoit Pour sa biauté qui la paroit. (MACH., D. Lyon, 1342, 176). Et s'avoit environ planté D'aubres qui y furent planté, Assis a ligne et a compas (Je les mesuray pas a pas) : Caurriers, figuiers et chastingniers, Amendeliers et frans meuriers Qui moult bel la haie paroient, Pour ce que trés bien y paroient. (MACH., D. Aler., a.1349, 393). Qu'à sa bonté, qui toutes enlumine, N'est mondeinne bonté qui se compere, Et sa biauté, qui son gent atour pere, Plus que biauté est belle et enterine. (MACH., Lays, 1377, 324).

 

-

Qqc. est paré de qqc.

 

.

[de qqc. de concr.] : ...elle [la terre, après l'hiver] est dyaprée De toutes coulours et parée, Car racine n'est tant diverse Qui a ce printemps ne s'aërse A geter, selonc sa nature, Fleur, fruit, feuilles, greinne ou verdure (MACH., R. Fort., c.1341, 80). Celle damoiselle jolie Qui estoit a ce clerc amie, C'estoit li ente faitissete Comme une douce pucelette, Ou grant vergier d'Amours plantée. La pot estre si eslevée Et de branches si estendue Et de fueilles si bien vestue, De fleurs si cointement parée, Comme estre aus milleurs comparée. (MACH., J. R. Nav., 1349, 223). ...et estoit son chief paré de ses cheveulx beaulx et blondz (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 344).

 

.

[de qqc. de plus abstr.] : Et les grandes et pluseurs fortunes faites en bien et a prosperité, il font la vie d'un homme plus beneuree pour .II. causes : pour ce que sa felicité est de tels biens de fortune decoree, paree et adornee (ORESME, E.A., c.1370, 135). Car sa face coulourée Plus que rose en may, De toute biauté parée Et de maintieng gay, M'a pris ; bien le say. S'en sera de moy loée, Tant com je vivray. (MACH., Bal., 1377, 547). Si vous suppli humblement, sans haussage, Gentil dame, que vous me secourés Par moy daingnier tenir en vostre hommage ; Car vos dous vis rians, fres, coulourès, Qui est seur tous de grant biauté parès, M'a si conquis que je vous serviray Sans repentir, tant com durer porray. (MACH., L. dames, 1377, 89).

II. -

Empl. pronom.

A. -

Se parer (à qqc.) "Se préparer (à qqc.)" : Sy vous requiers moult humblement, ainchois que ce adviengne, qu'il vous plaise moy donner respit ung mois pour moy parer. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 102).

 

-

Estre paré : Par ma foy, dist le roy, j'yrai [dans la chambre mortuaire], Car de sa mort m'endurciray, Sy n'en suis je point bien parez. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 355).

B. -

Se parer de qqc.

 

1.

"S'adonner à qqc. (dont on tire fierté ?)" : Si dist [Orris] que li deables son pere raportoit (...). Ensi li mais enfant de mauvaise matere Vont desirant le mort et de pere et de mere, Pour le tresor avoir, et l'avoir, et le terre (...). N'est mie de bon sanc qui de tel fait se pere (...). Quant Orris sot du roy [son pere qui revient de Jérusalem], mie trop ne s'em pere (Bât. Bouillon C., c.1350, 128). [Difficile d'interprétation ; cf. l'éd. ("se vanter")]

 

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Se parer de + inf. "S'appliquer, s'adonner à faire qqc. (en étant fier de le faire ?)" : ...reprouche De honte ne de vitupére Ne peut venir a qui se pére De vous amer, craindre et servir. (Mir. parr., 1356, 51). Li roys en Rodes demoura, Et li maistres moult l'onnoura. Aussi feïrent tout li frere ; Chascuns de lui servir se pere. Là le Tricoplier atendoit, Et souvent de li demandoit À ses privez, tant qu'il avint Qu'en brief temps en Rodes revint. (MACH., P. Alex., p.1369, 202). Cescuns de fort errer se pere ! (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 99). Un mortel lay vueil commencier Et à tous amans anoncier Comment Amours me vuet traitier Et mettre de joie en misere, Par Fortune qui detaillier Fait mon cuer et en plours baingnier Par un faus traïtre murtrier Qui de tous maus faire se pere : C'est Mesdis qui mon sens changier Vuelt et tous biens de moy chacier Et moy si mortelment playier Que jamais n'iert qu'à moy ne pere. (MACH., Lays, 1377, 371).

 

2.

"Être fier de qqn, de qqc." : Si dist [Orris] que li deables son pere raportoit (...). Ensi li mais enfant de mauvaise matere Vont desirant le mort et de pere et de mere, Pour le tresor avoir, et l'avoir, et le terre (...). N'est mie de bon sanc qui de tel fait se pere (...). Quant Orris sot du roy [son pere qui revient de Jérusalem], mie trop ne s'em pere (Bât. Bouillon C., c.1350, 128). [Difficile d'interprétation ; cf. l'éd.] Apres, Venus, sa chiere mere, Qui de l'enfant forment se pere, Y fu com dame souverainne, Qui moult met sa cure et sa peinne, Afin qu'il soit bien entroduis En amours ; c'est tous ses deduis. Riens plus ne li vuet consillier, Et Mars l'aprent à batillier. (MACH., P. Alex., p.1369, 6).

 

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Part. passé "Flatté, fier, honoré" : ...il n'est chevalier en Bretaigne qui ne fust bien paré de vostre aventure (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1084). ...car tout si noble et de royal sang qu'il estoit, sy se réputoit-il un des moins dignes du monde d'estre venu à celuy honneur, encore si jeusne qu'il estoit et qui riens n'avoit vu, ne valu. Donc, s'il eust été des meilleurs du monde, ce disoit, sy se tenoit-il assez à paré d'estre venu là, et disoit que autant se tenoit à riche alors et plus joyeux que d'avoir couronne en teste. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 97).

 

3.

Se parer de qqn. "Se vanter d'avoir l'appui de qqn" : Qui te meut en telle maniére Que tu as ci ocis ces gens Et les autres faiz negligens De servir aux diex et separes, Et de ne scé quel Dieu te pares Et fais monneste ? (Mir. st Panth., 1364, 358).

C. -

[Idée d'embellissement ou d'ornement]

 

1.

[D'une pers.] "S'embellir, se vêtir avec recherche" : ...puis se vestirent et parerent moult richement (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 368). Or sus, mon amy Tropsadvance, Et vous, amoreux Mitrart, Venés et nous mectons appart, Et nous parons pour mieulx dancer. (Pass. Auv., 1477, 89).

 

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Se parer de. "S'orner de, s'embellir de" : Je m'en vois vestir sanz delay De la meilleur robe que j'ay, Et de mes bons joyaux parer. (Mir. st J. Cris., c.1344, 258). ...les noces de l'aignel vindrent et sa femme se para de bougueran ; par quoy je n'entens mais que la pure virginité de Marie (Mir. chan., c.1361, 139). C'est ma joie et ma soustenance, C'est mes deduis, c'est mes delis, C'est droitement la fleur de lys Dont roy, duc et conte se perent ; Car vraiement tuit la comperent A la fleur de lys en blancheur, A la rose en fine douceur (MACH., Voir, 1364, 136). Les IJ. amiraus descendirent Des galées, puis se vestirent Et s'aournerent richement, Et tuit li autre gentement ; De dras de soie se parerent, Et puis haut eu palais monterent. (MACH., P. Alex., p.1369, 124).

 

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Au fig. "Se doter (d'une qualité)" : Mais veritablement esclot Quanqu'il a sous la couverture Li apparans de sa figure [de Bonneürtez], Si comme, en sa fisonomie, Li bien de toute courtoisie Trés souffissanment y apperent, Dont ses damoiselles se perent. Et elle est aussi bien parée D'elles, sans estre separée D'elles et de leur bon arroy ; Car elles souffissent pour roy Et pour souvereinne royne. (MACH., J. R. Nav., 1349, 280). Tant dolereusement se pére Qui d'orgueilleux mondains tresors (...) Desire paremens avoir (Mir. parr., 1356, 3).

 

2.

[D'une chose] Se parer de. "S'orner de" : ...[la terre] Germe, adoucist et renverdoie Pour la grant chaleur qu'elle sent Dou soleil qui seur li descent, Si qu'adont Nature la bele Li vest une robe nouvele De la couleur d'une panthere Dont contre le printemps se pere, - A dire est qu'elle est dyaprée De toutes coulours et parée, Car racine n'est tant diverse Qui a ce printemps ne s'aërse A geter, selonc sa nature,Fleur, fruit, feuilles, greinne ou verdure (MACH., R. Fort., c.1341, 80).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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