A. -

Au propre "Faculté d'entendre ; fait d'entendre"

1.

"Faculté d'entendre, ouïe (un des cinq sens)" : Quant elle ot finé sa balade, Qui moult me fu plaisant et sade Dedens le cuer et a l'oïe, Pour ce qu'onques mais armonie Si trés douce n'avoie oy, Moult durement m'en esjoy. (MACH., R. Fort., c.1341, 106). Les vens de midy grefvent l'oye, font les yeulx calligineux, griefvent le chief, font les hommes perecheux, dissolvent les humeurs (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 66). Et donques l'en pourroit dire par samblable que le son des estoilles qui est tant loing et qui est causé par ce mouvement ne peust estre apparceu par nostre ouïe precisement et la vertu memorative ne autre ne peust faire que il soit ouÿ puisque il ne vient siques a nos oreilles. (ORESME, C.M., c.1377, 476). Et celle yave qui est la oie Tant grieve et estonne l'oie Que de leur nature essourdis Sont la gent cy, pour voir te dis (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 67). DIEU dit a Raison. A toy ces six escoliers donne, Cuer, Tast, Langue, Flair, Oeil, oÿe, Affin que ma doctrine bonne Par toy, Raison, d'eulx soit oÿe. (Coeur sens M., a.1433, 76). ...quant le nerf de l'oyee est blessé l'omme en devient sourt (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, II, 6).

2.

"Fait d'entendre, d'être entendu, écoute" : ...le science qui se nomme, Entre les amoureuses gens (...) li mestiers gens, Car tous coers amoureus esgaie, Tant en est li oïe gaie. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 52). Fol ne voit riens que folie, pour ce n'y vault enseignement, et sermon qui n'a point d'ouye est si comme citolle en plomb (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 170). Lorens froissa le cuer dur, il rendit ouye espirituelle (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 720).

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À l'ouïe de. "À l'écoute de" : Et mon pere me dit a m'oïe : ... (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 52). Et se on disoit aucune chose de moy qui appartenist a sens, a bon loz, ou beauté, et on le deist en ma presence et a mon ouye et que ce ne fust a moy, je ne me excusoie pas qui ne feust en moy, ains me taisoie pour loy accorder, et m'y delictoie et prenoie grant plaisance. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 24).

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À l'ouïe de tous : ...que icellui prisonnier, à la premiere justice que l'en feroit, feust batus et mené tout batant, au cul de la charrete, puis le Chastellet jusques à la justice, et que illec, et par cry solempnel, à l'oye et audience de tous, icelli prisonnier, sur peine de la hart, feust banyz à tous jours de la ville, viconté et prevosté de Paris (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 159).

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À (l')ouïe de (la) paroisse. "Devant tout le monde, publiquement" : Et nous eust le dit commissaire rapporté par son serement (...) que il avoit fait, à l'oïe de la paroiche de Vateville, les criées par trois dimenches continuels (Commerce marit. Rouen F., Pièces justif., 1336, 101). ...ledit Johan maintinst que, de la jurée qui avoit esté faite a dit monsegnour sur li, les preconizacions avoient esté faites a oye de parroesse solempnement, comme coustume requiert (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1338, 166). ...le sergent fera diligence de soy enquerir se l'obligé a meubles. Et s'il n'en treuve aucuns, en deffault d'iceulx meubles il pourra prendre et mettre en la main du roy les heritages appartenans a l'obligé, et sera fait savoir et signifié la prinse a l'ouye de la parroisse ou les heritages seront assis, et y seront tenus par quarante jours. Et après ladite signification et lesdiz quarante jours passez... (Echiq. Normandie S., 1462, 128).

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D'ouïe. "D'après des témoignages oraux" : Et se je y mech aucunes choses que j'ay ouÿ raconter par gens de foy et neiz du païs dont on dist ses merveilles, si sera ce pou et les metteray come de ouÿe et tesmoingneré seulement d'ouÿe. (JEAN LE LONG, Voy. Odoric A.M., 1351, 2).

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En ouïe. "De manière à être bien entendu" : Quant le miracle et la merveille Vit li rois, forment s'esmerveille Si dist hautement en oye : "Misaël, et vous, Azarie, Il n'est plus de dieus vraiement Que le vostre qui telement Vous a ganrenti et sauvé. Venez car vous estes sauvé." (MACH., C. ami, 1357, 24).

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Incliner/tourner l'ouïe. "Prêter une oreille attentive, recevoir favorablement" : Mais Dieux scet bien puis qu'il convendroit traire Ou traveillier, s'on tourneroit l'oie (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 62). Si te prions en general Devant ton siege imperial, Dieu et empereur tout puissant, Vray signeur du lieu triomphant, Que ton oye glorieuse Veulles humblement incliner A nostre requeste piteuse (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 10).

B. -

P. méton.

1.

"Oreilles ; région de l'oreille"

a)

Au plur. "Oreilles" : Adont mis je mes yeus en ouevre Pour vëoir comment Nature ouevre, Et aussi fis je mes oyes Pour escouter les melodies, Et pris tout mon entendement Pour bien congnoistre clerement Les biens que j'ooye et vëoie (MACH., D. Aler., a.1349, 391). Ung chief represente la teste en laquelle sont assis les yeulx les ouyes la bouche et le nez qui sont les principaulx membres et la greigneur partye par quoy le corps est conduit et gouuerné. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 500). SCIENCE. Quant ung cerveau est refroidé Les humeurs a cop s'en descendent Tant que les oyes sourdes rendent. Or des peusanteurs et des fes Je te supposeoie estre faiz Sourt. PARIS. Sourt ? A cela ne pensez La Dieu merci, j'os cler assez. (Exc., Science A.R., c.1465-1468, 44).

b)

"Tempe" : ...les diz Guillaume Bresden et Jehan Villain (...) vindrent par derriere lui et lui donnerent un cop de baston parmi la temple ou oye de la teste (Doc. Poitou G., t.6, 1396, 241). ...icelui laboureur (...) se prist et de fait osta a icelui compaignon ledit baston, et en ce conflict lui en donna un seul cop sur la teste près de l'oye, duquel cop il chey a terre (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1429, 142). ...ledit suppliant print le levier que ledit Vadier avoit apporté, et le cuida frapper sur les espaulles ; maiz il le frappa sur l'oye, dont icelluy Vadier chey sur la dicte late (Doc. Poitou G., t.10, 1458, 68).

2.

"Ce que l'on entend ; son émis par un cor, portée de ce son"

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[Pris comme mesure de distance] : Item, ledit seigneur ou ses officiers pevent porter et tendre en ladicte forest toutes manieres de fillés pour fere leur cache, et se ilz acueilloient un cerf ou une autre grosse beste hors de ladicte forest et de la garenne, ilz le pevent percacher et prendre dedens ladicte forest tant avant comme l'oye d'un cor de l'ourée de ladicte forest. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 176).