C.N.R.S.
 
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     MUSARD     
FEW VI-3 musus
MUSARD, adj. et subst. masc.
[T-L : musart ; GD : musart ; AND : musart ; DÉCT : musart ; FEW VI-3, 279b : musus ; TLF : XI, 1241a : musard]

A. -

"(Celui) qui perd son temps, qui est désoeuvré, paresseux" : Car je n'avoie a homme né Riens a faire n'a marchander, Fors sans plus pour moi eschauder Au feu qui esprent maint musart Et qui plus en est prés plus art. (MACH., Voir, 1364, 288). Pour ce a ledit pelerin esperance en la misericorde de Dieu que, combien qu'il soit venus bien tart comme musart et a l'onzime eure, ou darrain quartier de ses jours, soubz l'onbre des benois Celestins (MÉZIÈRES, Test. G., 1392, 320). Peleus, oyant ceste response, fu moult esbahy et se mist au retour tant triste qu'il sambloit nez et nourry en tristesse et destiné de morir triste, pensif et musart (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 165). A Chartreux et a Celestins, A Mendïans et a Devoctes, A musars et clacque patins, A servans et filles mignoctes Portans seurcoz et justes coctes, A cuidereaux d'amours transsiz Chauçans sans mehain fauves boctes, Je crye a toutes gens mercys. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 148). Somes nous gens musarde ? (Mart. st Pierre st Paul, fragm. Anholt R., c.1480-1500, 196). Regardez moy quel musart ! Hay avant ! (P. Jouh. D.R., a.1488, 35).

B. -

"Étourdi, sot, tête en l'air, dupe" : Quart femme par son beal parler Fait bien saige musart muser [en muasart ; var. clamer] Par sa faulse sorselerie. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 94). Trop seroie quoquarz, foux ou musarz ou yvres, Se j'am dioie plus ne que m'an dit mes livres (Gir. Ross. H., c.1334, 119). Uns fous musarz y vint qui se prit au moquer (Gir. Ross. H., c.1334, 295). L'estature que ci propose Estre ne me samble autre chose Que Fortune qui ne repose Heure ne jour. La teste a d'or, se dire l'ose, Ou toute richesse est enclose, Ce samble aus musars qu'elle alose, Qui en errour Vivent tele qu'il n'est gringnour ; Qu'elle n'a pooir ne vigour De donner, fors peinne et labour. (MACH., R. Fort., c.1341, 37). ...il faisoit moes et visages et grant risees, si que chascun avoit grant joye de lui et de ses diz, et le tenoient tuit pour fol, et il les tenoit aussi tous pour musars (Bérinus, I, c.1350-1370, 90). De quoy les barons furent moult courrouciez de ce qu'ilz se veoient ainsi amusé, pour quoy ilz laissierent la queste par ennuy et dirent tous par maltalent que bien estoient tous musars, quant, pour le songe de Cycero, ilz avoient toute jour musé et trassé la ville pour neant. (Bérinus, I, c.1350-1370, 417). Autre chose le vrai chief est, Autre le timbre qui sus est, Le chief se tient et se deffent, Et le timbre a .I. pou de vent Ou a .I. cop est abatu, Car en li n'a point de vertu Fors de cornes ou dens monstrer Pour les musars espouenter (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 249). Il estoit grans et lons et fors, Et plus vif c'un alerion, Et s'ot corage de lion. Trop le doubtoient Sarrazin, Qu'en li avoient mal voisin ; Entour li faisoit grant essart ; Je tieng celi pour trop musart Qui se metoit enmy sa voie Pour estre mors ; et toute voie Dieu, honneur amoit et vaillance ; Et si estoit nez de Provence. (MACH., P. Alex., p.1369, 73). Chascun me doit bien diffamer, Et apeller fole musarde. Tant ay mal que l'eure ne garde Que perde vie. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 37). ...le bon homme se repentoit et se reputoit pour musart de ce qu'il avoit commaincie la querelle. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 498). Comment, dist-elle, sire musars, estes vous si despiteux que vous ne me daigniez respondre ? (ARRAS, c.1392-1393, 24). Par foy, dist cil qui fu fier et escoux, damp musart, avant fauldra bien que nous saichons qui vous estes, que nous retournissions pour vous. Par foy, dist Gieffroy au grant dent (ARRAS, c.1392-1393, 200). Mais je vueil avoir le corps de vous pour moillier. Et lors que la dame l'entendy parler, si fu moult courroucee, et lui respondy en hault : Par foy, sire, fol musart roy, a ce don avez vous failly. Demandez autre chose, car cestui ne aurez vous pas. (ARRAS, c.1392-1393, 305). ...comme suis je folle et musarde de pencer aux rassis maintiens d'Alixandre (Cligès C.T., 1455, 77). ...il creoit fermement qu'elle en luy son cuer et amour avoit ; comme font ces quoquars et musars qui tiennent et cuident que telles femmes paillardes les ayment pour ce que leurs amys les appellent et par devant leur font le beau beau, et en derriere le syzeau (Nouvelles inéd. L., p.1452, 40). Qui fait ainsi muser musars ! Se n'est pas engin de busars Qu'avoir tel art et stile en teste. ["Qu'est-ce qui fait ainsi les sots perdre leur temps"] (Pipée R., c.1470-1480, 169). LEVIATAN [un diable]. (...) Car il nous fault en verité Aussi toust que aurons tempté Ung homme quant le trouvons fol Que tantoust luy rompons le col Adonc ferons sambler musart Ihesu crist car il sera tart Du repantir après la mort (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 76). LA TROMPETE. (...) J'ay si tresbien escornyflé Qu'il fault deslascher mon pourpoint. LE PERE. A quel propos songe tu en ce poinct ? Qu'as tu mengé ? Pourquoy es tu musart ? Ne te veulx tu mectre aultrement a point Et pourchasser desormais ton hazart ? (LA VIGNE, S.M., 1496, 159).

 

-

[D'un comportement, d'un sentiment...] "Irréfléchi, sot" : Ceulx donques qui par lor lettreure Tendent a avoir glore vaine Ou a quelque chose mundaine Lor amour est fole et musarde, Et pour ce mie ne les garde Lor scïence d'iniquité, Quant a savour de charité N'ont ordené leur appetit (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 104). On ne doit pas croire ses songes. Raisons est que tu la veÿsses Ainçois que d'elle(s) te plaingnisses ; Et s'en bon estat la trouvoies, De li plaindre te dev[e]roies, Car amans qui se plaint a tort A cuer rude, nice et entort. Esveille toi et la resgarde, Car t'amour n'est pas si musarde Qu'elle jamais rien te deïst De quoi le contraire feïst. (MACH., Voir, 1364, 492). Si gard que parolle N'en tiengne, ou trop musarde et folle S'en pourra trouver, quant si ose Est qu'elle cuide qu'il repose D'y aler (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 98). Vouloir sans vueil et sans gré consentir, Crainte hastive, Seure päour, hardïesce craintive, Desir forcé et force volentive, Advis musart, muserie soubtive, Clarté obscure, Loyal meschief, desloyale droitture... (CHART., D. Fort., 1412-1413, 191).

C. -

"Frivole, libertin" : L'ENNEMI. Fole musarde deputaire, Qui brisié as ton mariage, As tu pris cest abit sauvage ? (Mir. Theod., 1357, 94). Amours scet bien ses biens abandonner Aus fins amans qui sont en son hommage ; Et les mauvais qui n'ont cure d'amer Et font semblant d'estre en son dous servage Comme musars leur fait paier musage, N'il n'aront ja merci, je n'en doubt mie : Telle est d'Amours la noble signourie. (MACH., L. dames, 1377, 102). Mais que doit faire la sage jeune femme qui cheoir ne veult en blasme, et qui bien est avisee que de telle amour ne puet venir que tout mal prejudice et deshonneur, par quoy nulle voulenté n'a d'entendre a tieulx museurs, et ne veult mie faire comme aucunes musardes a qui trop bien plaist que on les poursuive par grans semblans, et leur semble belle chose de dire : je suis amee de plusieurs, c'est signe que je suis belle et que il a en moy assez de bien (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 180).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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