C.N.R.S.
 
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     MOYENNER     
FEW VI-1 medianus
MOYENNER, verbe
[T-L : moiener ; GD : moiener ; AND : moienner ; FEW VI-1, 584a : medianus ; TLF : XI, 1191b : moyenner]

Empl. trans.

A. -

[Idée de position moyenne, de milieu] "Atteindre le milieu de (d'une tâche, d'un discours, d'un livre, d'un ouvrage...) ; p. méton., continuer, poursuivre" : J'ay trez bien commenchié, bien moiienné oussy, Se le fin est mauvaise, j'aroie tout honny [éd. : "le commencement et le milieu de mon action ont été bons, si la fin est mauvaise j'aurai tout perdu"] (Hugues Capet Lab., c.1358, 145). Or me doint Dieu grace de la [ma matiere] commencer, moyenner et finer (Bouciquaut L., 1406-1409, 171). ...une besongne doubteuse au commencer et perilleuse au moienner (...) ...vostre emprinse fut doubteuse et au moienner perilleuse, mais la fin en est joyeuse. (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 461).

 

-

[D'une chose] Moyenner qqc. "Modérer, tempérer qqc." : Pourquoy je vous appreuve que le sexe feminin desire et appete la chose plus ardament que le masculin, se crainte ne moiennoit la influence (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 134).

 

-

Part. prés. en empl. adj. [D'une pers.] "Qui occupe une place ou un rang intermédiaire" : Et ces secuns [cinquantains] estoient dis medians des mestiers ou moiennans et jugaires. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 112).

 

-

Part. passé en empl. subst. Moyenné. "Milieu" : Quant il vinrent au piet de le montagne, qui estoit si roste et si malaisie à monter, il menèrent les chevalés chargiés amont, ensi qu'il peurent. Quant il vinrent en le moiiené de le montagne, li dis messires Guillaume Douglas et messires Symons Fresiel alèrent devant. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 52). Quant li chevalier qui dedens Aguillon estoient veirent que cilz pons estoit fais oultre le moiienné de le rivière, il fisent apparillier trois naves et entrèrent ens. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 121). Et fist devant le forterèce desvoleper se banière qui estoit faissie d'or et d'asur à un chief pallet, les deux corons geronnés à un escuçon d'argent enmi le moiienné. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 223). Et adonc faisoit il moult froit et très destroit sus ce passage, car ce fu en le moiiené de fevrier (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 7).

 

Rem. Rubrique incertaine : malgré l'accent aigu de moyenné, l'art. le en pic. étant fém. aussi bien que masc., il se pourrait qu'il s'agisse sans plus du subst. fém. moyenne.

B. -

[Idée de moyen, d'entremise, de médiation]

 

1.

"Régler qqc. par de bons offices" : ...afin que bon traictié doresenavant y puissions entreprendre, moyenner, et bien finer à l'ayde de Dieu (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 61). Et alla le cardinal des Ursins dessus nommé, avoec lesdis ambaxeurs du roy de France pour moyenner et aidier à faire ladicte paix (Chron. anon. Ch. VI, D.-A., c.1431, 265). En ladicte année, au mois de janvier, vindrent et arriverent en la ville de Paris les ambassadeurs de Flandres, qui avoient moyenné la paix d'entre le roy et les Flamens, au moien du mariage de mons. le daulphin et de damoiselle Marguerite d'Auteriche, contesse de Flandres, fille dudit duc en Auteriche. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 126).

 

Rem. DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 301.

 

-

Empl. abs. "Faire office de médiateur" : Et tost après le roy de France et le duc de Bourgongne envoièrent leurs ambaxadeurs au Pont-de-l'Arche pour traicter avecques le roy d'Angleterre de la paix du roy de France et de lui ; et ala avecques lesdiz ambaxadeurs pour moienner, ledit cardinal d'Ursie. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 295). Et alla le cardinal des Ursins dessus nommé, avoec lesdis ambaxeurs du roy de France pour moyenner et aidier à faire ladicte paix. (Chron. anon. Ch. VI, D.-A., c.1431, 265). Semblablement y envoya le conte Palatin et les Suysses, pour moyenner et paciffier (COMM., III, 1495-1498, 25).

 

-

DR. Moyenner qqc. en cour. "Servir d'intermédiaire, d'arbitre en qqc. (dans une cause)" : Nulz de ceulx que nous avons nomméz ne doivent estre ostéz de collacion pour faire juges, mais le y doit l'en appeller, se la cause n'est sienne propre, ou s'il n'y a partie, ou s'il ne l'a moyennée en court, ou se la cause n'appartient à aucun de son lignage ou adjoins à lui, ou s'il n'a donné conseil en la cause ou porté tesmoignage en court (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 107).

 

2.

P. ext.

 

a)

"Diriger qqc. (ici la corde d'un cerf-volant)" : Et li maistrez aloit le dragon gouvernant Et va desouz le vent le corde amoienant [var. moienant] (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 747).

 

b)

"Négocier qqc." : ...se bonnes gens moienant ceste gerre se voloient ensonniier de tretier unes trieuves jusques a la Saint Jehan Baptiste que li pais se peuist un petit rencrassier et repourveir, on consilloit a messire Carle de Blois que ils s'i acordast legierement (FROISS., Chron. D., p.1400, 555).

 

c)

"Ménager, procurer, accorder qqc." : ...le droiturier juge, moiennant sa sainte misericorde, a terminé leurs jours, non mie ainsi comme aux mauvais diffamez dessus dis, mais à la fin des bons et des bien renommez. (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 24).

 

Rem. Ou est-ce moyennant ?

 

d)

"Quantifier qqc. (par le moyen de qqc.)" : ...quant ly stier, quartalz et toneal là ons moinne vin, sont trop useis, ilh portent aux rechivans tres grans damaiges ["au moyen desquels on mesure le vin" (Éd.)] (HEMRICOURT, Patron Temp. B., c.1360-1399, 117).

 

3.

[D'une chose] "Servir d'intermédiaire" : Pressuposons que oreison fut introduite pour moienner entre grace divine et necessité humaine... (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 162).

 

-

Se moyenner par qqc. "Se transmettre par qqc., avoir qqc. pour intermédiaire" : Item note que habiter commence du cervel par cause de ymaginacion qui precede et il se moyenne par le foye et acomplit par les coillons (GORDON, Prat., c.1450-1500, VII, 1).

 

.

Moyennant qqc. "Par l'intermédiaire de qqc." : Germain Legé (...) souffroit maladie grande comme fievre continue, moyennent la pleuresie qu'il avoit avecques grande restrinction de colique et ylarque passion et pluseurs autres maladies lesquelles estoient incurables (Mir. ste Cath. Fierbois C., 1470-1483, 141).

V. aussi moyennant
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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