C.N.R.S.
 
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     MARTYRER     
FEW VI-1 397b martyrium
MARTYRER, verbe
[T-L : martirer ; GD : martirer/martirier ; AND : martirer ; FEW VI-1, 397b : martyrium]

A. -

"Martyriser, torturer" : [Titre] Des quatre freres Mineurs qui furent martiriez pour la foy Jesu Ccrist ou païs de Cana. (JEAN LE LONG, Voy. Odoric A.M., 1351, 9). Li enfant qui de cuer et d'ame Loërent Dieu dedens la flame Et menoient revel et feste, Qu'onques un cheveu de leur teste N'i fu malmis ne empirez, Mieus vorrent estre martirez Que faire ou penser tel foloy Comme d'errer contre leur loy, Ne qu'orer l'estature d'or Que fist Nabugodonosor ; Il furent sain et sauf delivre (MACH., C. ami, 1357, 56). Adont par jugement lez feront martirier (Hugues Capet Lab., c.1358, 286). ...si virent bien que le roy faisoit martirier ses gens pour neant (LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1358, 289). La crois est li plus nobles signes Des crestiens et li plus dignes, Car Dieus y fu crucefiez Pour nous tous et martyriez, Qui nasqui de sa Vierge mere, Par le comandement dou pere, Et d'enfer tous nous racheta, Et ses bons amis en geta. (MACH., P. Alex., p.1369, 14). Et veirent bien que li rois faisoit ses gens navrer et martiriier sans raison. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 130). LORENS. Tirant cruel et dolereux Qui si me martires sanz cause, Voiz qu'en moy ce feu cy ne cause Chaleur nulle desordenée (Mir. st Lor., 1380, 190). Vous m'avez apporté toute doulour et emportez toute ma joye. Par Dieu, se je creoie mon cuer, je vous feroye mourir de male mort, mais raison naturelle le me deffent, pour ce que vous estes mon frere. Alez vous ent, ostez vous hors de devant mes yeulx. Que tous les menistres d'enfer vous puissent convoier et martirer de VIJ. tourmens infernaulx. (ARRAS, c.1392-1393, 242). ...grant mal lui faisoit d'ainsi veoir martirer ses bons et loyaulx compaignons (Bouciquaut L., 1406-1409, 115). ...cestuy Claudius Nero n'est pas cellui Nero qui fist tant de maulx et qui fist martirier saint Pierre et saint Pol. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 46). Or es tu pres de ton trespas ! Dieu, helas, Bien me desplait que te martrye Pour les grans vertus que tu as. Pardonne moy, Jehan, je t'en prye ! (Pass. Auv., 1477, 100). Bien seront martirés Chrestïens, qui sans doubte Nous dieux ont desprisés Et Mahomerie toute. (Mart. st Pierre st Paul, fragm. Anholt R., c.1480-1500, 192).

 

Rem. WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, gloss. ; CHAST., Temps rec. D., 1451, 97, v.1590...

B. -

P. ext.

 

1.

"Faire périr qqn de mort violente" : DIEU. Dame, dame, trop se meffist Le chetif qui le martira [un archidiacre tue son évêque pour lui succéder] (Mir. ev. arced., c.1341, 142).

 

2.

"Tourmenter qqn (physiquement ou moralement)" : ...la doleur dont en morant langui, Qui mon viaire a desteint et pali Par sa rigour, Est de vos maus cent mille fois gringnour ; Car fine joie et parfaite douçour Sont vostre mal encontre la dolour Qui me martire. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 90). Pour ce mes dolens cuers souspire, Quant il sent que son mal empire Et qu'adès ha de mal en pire Sans aligence Et sans confort dou grief martire Qui le tourmente et le martire ; Si que ne sçay le mieus eslire De ma grevance. (MACH., Compl., 1340-1377, 241). DEUXIESME MAISTRE. (...) Par le grant Dieu, j'en ai esté Et sui encore si plain d'ire Qu'il me semble c'om me martire D'une grant masse. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 242). LA DAME. (...) ne sçay plus que dire. Car certes assez me martire Le dueil que j'ay. (Mir. enf. ress., 1353, 47). Pour ce ne say que devenir, Car pas ne scet bien le martire Qui pour li m'ocist et martyre. (MACH., F. am., c.1361, 195). Nous sommes les dolentes méres Qui avons porté (...) ces petiz enfans Que mettre voulez a martire. Sire, c'est ce qui nous martire Et nous tourmente ainsi pour voir. (Mir. st Sev., 1362, 198). Martyrés sui de l'amoureus martyre Plus durement assez que je ne sueil, Car j'ay desir qui m'ocist et martyre De reveoir la belle sans orgueil Qui fait en moy demourer si grant dueil Que pour s'amour souvent soupire et pleure, Pour ce que trop ensus de li demeure. (MACH., L. dames, 1377, 144). Cilz doulz pensers à vous amer m'atourne Tres loyaument, et je aussi m'i atour ; Mais mon desir mon memoire bestourne, Dont maintes fois de la gent me destour. Là vois souffrir sa pointure en destour, Là doucement m'assaut et me martire. Pour ce toudis ma pensée à vous tire. (MACH., L. dames, 1377, 212). Car desirs ne se refreint, Eins me cuide desconfire : Si m'atire Et martire. Mais esperence le veint. (MACH., Les lays, 1377, 361). Ne say dire Le martyre Qui mon dolent cuer martyre Jour et nuit : Trop m'empire ; S'en souspire, Qu'amours à moy desconfire Trop le duit (MACH., Les lays, 1377, 446). LE MARQUIS. Ha ! beaux seigneurs, il m'est a vis Que pou d'amour a moy avez, Qui vostre seigneur me clamez, Et qui tant m'amiez et prisiez, Ce dites, et me conseilliez De present a moy marïer. Me voulez vous dont martirer En moy lïant en marïaige ? (Gris., 1395, 13). ...[elle] voyoit bien a sa contenance que grand doleur le martiroit (C.N.N., c.1456-1467, 535).

 

-

Empl. pronom. réfl. "Se tourmenter" : La s'empire Tire a tire ; La ne fait que fondre et frire ; La son dueil demeinne ; La, sans rire, Se martire ; La se mourdrist ; la desire Qu'il ait mort procheinne. (MACH., L. plour, 1349, 289). Pour plaindre et plourer, Pour soy martirer... (TAILLEV., Lai mort Cath. Fr. D., 1446, 247).

V. aussi martyriser
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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