C.N.R.S.
 
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     MARINIER     
FEW VI-1 marinus
MARINIER, adj. et subst. masc.
[T-L : marinier ; GD : marinier ; AND : mariner ; DÉCT : marinier ; FEW VI-1, 345a : marinus ; TLF : XI, 404b : marinier]

I. -

Adj.

A. -

[D'une chose]

 

-

"À la façon des marins, de marin" : ...blanchet pour doubler les chausses dudit seigneur et pour unes brayes marinières pour le bastard (Comptes roi René A., t.2, 1453, 8).

 

-

"Destiné à la navigation en mer" : ...il devoit prendre a son choiz la moictié de toutes les nefz et aultres fustes marinieres qu'il avoit. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 26).

B. -

[D'un soldat] "De marine" : [Le narrateur voit]...une tres belle et propre gallee, la nompareille du monde, magistralement composee comme ung tres sumptueux artifice, estoffee de cables, ancres, maast, hune (...), desgarnie touteffois de sauldars mariniers et gens propices a la rime. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 77).

C. -

[D'une terre] "Entouré d'eau" : ...cuer amant est moitoier A part equale De s'amour seule et principale, Soit l'aventure bonne ou male, Rire, plourer, couroux ou gale ; Dont raison yere Qu'en terre sauvage et maronniere De cuer soie o lui prisonniere Et de sa prison parçonniere, Sans y clamer Franchise ou le droit entamer D'Amours qui me fait affamer, En souspirant dela la mer, Ou mon cuer vire Et passe plus tost que une vire Sans batel ou autre navire. (CHART., L. Dames, 1416, 236).

D. -

Empl. subst. au fém. "Celle qui conduit une embarcation" : Si commencerent a rire les deux gentes marinieres [deux allégories] quant virent les trois vavasseurs en ce point s'effrayer. (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 105). ...Compaignie commença a appeller les deux tresdoulces et plaisans marinieres. Si se leverent et varerent en mer leur barque qu'avoient mise en une calle en terre, c'est assavoir en ung lieu coy ou le vent ne peut frapper, comme en ung port (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 108).

II. -

Subst. masc.

A. -

"Marin, navigateur, celui qui connaît l'art de la navigation, batelier" : Alchioines les ont appellés mains, Car vraiement, Les maronniers qui en mer sont empeins, Quant d'eaus voient ces oiselès prochains, D'avoir fortune ou tempeste certeins Les font souvent. (MACH., F. am., c.1361, 168). ...vous veul dire et retraire De Julius Cesar la fin. Li dieu furent de lui affin Si fort que une estoille en feïrent Et ou firmament l'asseïrent Assés prés de la tresmontainne, Qui est une estoille hautaine Qui par nuit le monde enlumine De sa clarté, qu'est pure et fine ; A li reprennent leur avis Li marinier, ce m'est avis (MACH., Voir, 1364, 554). Et s'estoit mis en mer à un aultre port, en le gouvrenance d'un maronnier que on clamoit monsigneur Richart le Flamench. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 120). Pour ce m'en vueil en Tarce aler. A ce marinier vois parler, Savoir que du mien li donray Et par li menez y seray. (Mir. st Alexis, 1382, 342). Madame, je m'en vueil aler aprez monseigneur mon frere, faictes moy avoir quelque bon maronnier qui bien sache la contree de ceste mer (ARRAS, c.1392-1393, 216). ...J. Le Monnoier et J.. Grevin, marchans, et Colart Dance, marinier (BAYE, I, 1400-1410, 10). ...les bons maronniers qui portent avec eulz leur carte de navigier, pour eschiever les roches de la mer et recouvrer le large de la mer, quant est fortune de mer (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 243). Riche maronnier fust, plenté de nefz avoit, Car pluseurs galïos a celui temps louoit. (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 28). Mas me creez, tout sans nul sy ; Devant vous me mettray ainsi Comme doit le bon maronnier ; Suigrez ceste sans fourvoier ; Laissez celluy qui vous detourne, Car de tout point tous vous ajourne A morir, se vous le creés. Cy s'en voise Sathan criant. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 183). Item, dit que ceulx qui par mer veullent aller, soit en armée, ou en quelque aultre voyaige ou affaire quelle que elle soit, doivent singullièrement eulx pourveoir de bons mariniers expers et maistres en cellui office et que bien saichent congnoistre l'estre et la naissance de tous les vents et quelles choses leur peut nuyre et quelles non. (BUEIL, II, 1461-1466, 55). ...A ceste armee le roy mist tout sur mer. Aussi fist il, patrons et marinniers, Vieilz notonniers, pillotes, canonniers (LA VIGNE, V.N., p.1495, 134).

 

-

Maistre marinier. "Capitaine de navire" : ...Ly maistres maronniés par qui je suis sauvee, M'a, pour m'amour avoir, cy endroit destournee, Mais je ne l'ameroye pour d'or une caree. (Tristan Nant. S., c.1350, 107). Et vous advertis qu'elle est encores au port, combien que le maistre marinier avoit deliberé de s'en retourner pour ce qu'elle demouroit tant longuement. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 78). Adont le maistre maronnier reprint la parolle et dist... (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 126). ...Jason, (...) joyeusement s'en aloit avec Argos son maistre marinier, qui si bien le mena qu'a une tres bonne entree de la merveillable isle il le adreissa. Lors descendy Jason sus le gravier et prinst son glui et ses cendres et s'en entra en l'isle par grant desir. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 206).

 

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Estoile des mariniers. "Étoile polaire" : Ces poles sont deux poins ymaginez ou ciel qui ne se meuvent oncques, dont l'un est devers septentrion hault eslevé sur Terre quant au regard de nous qui habitons devers celle partie, et est assez pres de l'estoille de nort, qui est aussy appellee souvent l'estoille des mariniers pour ce qu'elle les adresce de nuit par ce qu'elle ne se meut pas sensiblement. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 8).

 

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Pierre de marinier. "Aimant" : Item ly dyamant croissent sur les roches de cristal et de aymant c'on nomme mangnet, autrement : la pierre de maronnier qui trayt le fier. (MANDEVILLE, Lap. M., c.1350-1390, 175).

 

-

[Dans une référence mythol. ou biblique] : Adoncques Jonas dist aux maronniers qu'ils le jettaissent en la mer, et par ainsi la tempeste et les perils du tout cesseroient. Et quant ils le y eurent jette [l. jetté], une balaine l'englouty tantost. (MIÉLOT, Spec. hum. salv. L.P., 1448, 150). Seraine selon le philosophe est vng monstre marin qui chante en la mer si doulcement que elle fait les maronniers passans arrester et endormir. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 491). ...la seraine, par son très doulx chanter, endort les maronniers et puis les conduit a perdicion. (LA SALE, Sale D., 1451, 31).

 

-

[Dans un cont. métaph.] : ...par une figure assés gracieuse et devote, vielle et nouvelle, aus maronniers de ce monde, la dicte benigne Grace Dieu ensengnera a la dicte dame et au mari aussy, aus vierges, vuesves et continens, pelerins en ceste mer, la droitte voye royale (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 315).

 

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[P. allusion à la pratique du marin (pour illustrer une leçon de morale)] : "...chelui qui crient le peril de la mer jecte sa marchandise en la mer pour du peril eschaper ; et quant le marinier peult, il alliege ung grant dommage par souffrir petit dommage". (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 207).

 

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[Objet d'une charge dans une ballade de DESCH.] : ...Depuis qu'Adam fut faiz premiers, Ne fut plus faulx ne plus malings Que sont partout les maronniers. (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 68). Pluseurs sont par eulx desrobez, En la mer les gettent tous chaux, Se riches sont ; et defoulez Sont les povres par leurs travaulx. (...) Gens ne sont pire a toutes fins Que ne sont partout les maronniers. (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 68).

B. -

En partic. "Celui qui sert à la manoeuvre d'un bateau, matelot" : Pour Jehan Martin dit Maillon, marinier, et 17 autres mariniers ordenez sur la garde de la dite nef et de la dite galiote a La Rochelle (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1341-1342, 29). Les IIIJ. galées s'en vont Et li maronnier qui ens sont Tant ont à la mer estrivé Que tuit sont à Courc arrivé, Par un dimanche bien matin. (MACH., P. Alex., p.1369, 146). Encores en la nef avoit XXIIII mariniers roiddes, fors, et legiers, qui sont appellez soubresaillans, qui estoient tousjours prestz et appareillez a toutes les neccessitez de la nef, comme plus plainement a este declaire (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 565). ...lesquelles miennes galees (...) estoient tres mal armees, tant de maronniers comme de compaignons arbalestiers (Bouciquaut L., 1404, 281). ...et quant elles [les grues] approchent et ilz volent par dessus la mer et ilz ont passé la moitié de leur chemin ilz lessent cheoir les pierres qu'ilz portent selon ce que les mariniers tesmoingnent que mainte fois l'ont veu, mais le sablon ne vomissent iusques a ce qu'ilz soyent ou ilz veullent aler. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 478). ...les mariniers drecerent leurs voilles contremont. Le vent s'i fiert de grant randon (Cleriadus Z., c.1440-1444, 680). ...une karacque ancrée plainne de telles marchandises que elles ont acoustumé de porter, garnie de personnages tenans touttes manières de maronniers, les ungz montans en la hune, et les autres juans sur les cordes (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 132). Aux mariniers qui nous ont passé et repassé le port, à aller et venir à Saint-Victor, le jour des pardons, en don à eulx fait, en ung florin d'Utref (Comptes roi René A., t.3, 1480, 247). Or sus, messagier, lieve toy, Va-t-en tantost et sans actendre Au port de Londre sans delay Et veille a mon plaisir entendre. Si est que nous voulons descendre En able ou sont les mariniers Que leur voilles ilz veullent tendre Et que incontinent tout soit prest. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 100). Gentilz maronniers, Dieu vous gart, Estes vous tous prestz a partir ? (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 105).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

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