C.N.R.S.
 
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     MANGEUR1          MANGEUR2          MANGEUR3     
FEW VI-1 manducare
MANGEUR, subst. masc.
[T-L : mangëor ; GD : mangeur2 ; GDC : mangeur ; AND : mangur ; FEW VI-1, 174a : manducare ; TLF : XI, 302b : mangeur]

A. -

Au propre "Celui qui mange" : ...est drois que vengence En soit par jugement prise Selon la fourme et la guise Qu'il se voult faire decepveur, C'est que de terre soit mengeur En bien la langue punissant, Et que sus le pis voist rampant Pour le conseil quë a donne Mauvais et plain de faussete (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 258). Veez-là ce mengeur de souppes et humeur de brouetz de court ! (BUEIL, I, 1461-1466, 55). Cestui roy fut si très bon et si vertueux qu'il expulsa plusieurs foiz les ennemis de son royaume. Fist plusieurs belles fondacions et lui fut trouvé de tresor XVIII millions d'or, par quoy fault dire qu'il n'estoit tant de mengeurs autour des roys. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 142 r°). Les flateurs menteurs ont les loz Ou loyaulté n'est que fumiere, Et rongeurs mengeurs font grant chiere (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 47).

 

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[Comme terme d'insulte] Mangeur de chair humaine : Chien enraigier, mangeur de chair humainne, Tirant cruel, qui fais tourmant et peinne Aux bons servans du roy de paradis, Cuyde tu donc, par puissance mondainne, Imperialle, qui est la souverainne, Destournez cy no pensée certainne Pour maintenir imperiaulx edictz ? (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 123).

 

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"Goinfre" : Mando (...) : mangeur, hardel, lecheur (Aalma R., c.1380, 245). [Cf. LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 291 : mando (...) : lechierres, glouton, qui trop mengue]

B. -

En partic. DR. "Homme (sergent ou autre) que la justice envoie en garnison dans les maisons des débiteurs ou des condamnés, pour y vivre aux frais de ces derniers, jusqu'au paiement de la dette ou l'extinction de la peine" : ...pour iceli fait, nostre amé et feal capitaine deputé de par nous ès parties de Poitou, ait fait emprisonner le dit Estienne et mettre tous les biens des diz mariez à nostre main et certains mengeurs en yceulx, combien que il en fussent et soient du tout ignorant et sans coulpe de la dite vente, jà soit ce que le dit Estienne fust de leur famille et demourant en leur hostel (Doc. Poitou G., t.3, 1349, 7). Si procèdez diligemment sans faveur et sans déport contre touz ces malfaiteurs, par prise de corps et de biens, en mettant mangeurs en leurs maisons, se ilz ne viennent à obéissance, car chascune des parties a offendu, et ayés bon advis sur la manière de procéder. (Hist. Lille T., t.1, 1385, 56). ...et pour ce la Court au jour d'ui envoie IJ sergens du Chastellet pour mangeurs en son hostel, jusques à ce que fust venu en ycelle Court (BAYE, I, 1400-1410, 60). ...et pluseurs autres aussy de petit estat avoient dit pluseurs injures de lui [le duc de Berry] et avoient prins les biens de pluseurs de ses serviteurs et empeschié seellé, miz mangeurs en leurs maisons ou contempt de ly (BAYE, II, 1411-1417, 26). ...en leur mettant mulctes et peines, et menassant de mettre mengeurs en leurs maisons ou cas qu'ilz n'obeyront (FAUQ., I, 1417-1420, 22). ...ledit maistre Michiel a requis que les mengeurs qui estoient en garnison en sa maison feussent mis hors et que ses biens lui feussent delivrez (FAUQ., II, 1421-1430, 324). ...et à ce faire vous les contraignez par la caption de leurs biens et de leur corps, en mectant en leurs maisons mengeurs à leurs despens (Doc. 1415. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3 c.1425-1440, 92).

C. -

"Celui qui se nourrit aux dépens de qqn, qui commet des pillages, des exactions, des mangeries" v. mangerie : ...alors les povres hommes, qui sont mengiez des mengeurs, a leur seigneur ne ont de quoy paier (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 18).

 

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Mangeur de gens : Leur advocas et leurs docteurs, Qui ne sont que mengeurs de gent (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 68). Si ne voldra nullement que ses prevostéz soyent baillees pour argent aux plus offrans et derreniers encherissans, si comme on fait communement maintenant en France, et pour ce a eu telz sieges en assés de lieux de tres mauvaise ribaudaille, mengeurs de gens et pires que larrons, car il n'est mauvaistié qu'ilz ne facent pour tirer argent. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 87). Et senefie que cellui qui premier les porta en armes [les lézards] estoit de merueilleuse condicion et grant et de merueilleuse vertu et chault en ses affaires et mengeur et destruiseur de gens. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 492).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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