C.N.R.S.
 
http://www.atilf.fr/dmf/definition/maladie 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     MALADIE     
FEW VI-1 male habitus
MALADIE, subst. fém.
[T-L : maladie ; GD : maladie ; GDC : maladie ; AND : maladie ; FEW VI-1, 90a : male habitus ; TLF : XI, 230a : maladie]

A. -

MÉD. "Altération critique de la santé, maladie" : En toute maladie, c'est bonne chose d'avoir confort en pensee, et aussi quant le pacient prent bien ce que l'en lui donne ; et le contraire est mauvaiz. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 62). C'est un homme que moult apresse, Sire, mal de mesellerie, Qui sur toutes est maladie Moult reprouvée. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 259). Si comme se maladie est desnaturele a corps humain, il convient que son contraire, ce est santé, lui soit naturel. (ORESME, C.M., c.1377, 602). Et la cognescence de cez remedes medicinales luy appartient [au médecin], car a luy appartient la cognescence de la conplexion de l'onme, et la cause de la maladie (Songe verg. S., t.1, 1378, 73-74). Mez pour ce que, a la conservacion de corps humain naturel et pour querir santé quant il enquert aucune maladie, Diex si a donnee et trouvee une art, laquelle est appellee Medicine, pour le corps tenir en sancté et pour le ramener quant il est aucunement alteré (Songe verg. S., t.2, 1378, 168). ...chascun jour il se complaignoit à elle qui parle de ce que souventes fois, ès compaignies où il aloit, il sentoit et enduroit moult d'angoisses, de maladies et espointures qui lui survenoient. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 330). Mais Hermine dist que devant que elle verroit quelle fin son pere prendroit de sa maladie, que elle n'en feroit plus avant. (ARRAS, c.1392-1393, 121). Ce jour, n'a peu pronuncer les arrests messire J. de Poupaincourt, premier president, pour ce que ceste nuit lui est survenue maladie telle que n'est peu venir à la Court. (BAYE, I, 1400-1410, 48). Quelque maladie qu'on luy apportast ou denunçast, tousjours faisoit bailler clisteres. (C.N.N., c.1456-1467, 467). Et la fin et intencion de cirurgie est oster la maladie et garder la santé selon ce qui est possible. (PANIS, Guidon, 1478, chap. sing.). Fist les baings de medicine à Naples, qui garissoient de toutes maladies. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 70 v°).

 

-

Maladie corporelle : ...Gloutonnie est nourrice de pluseurs autres pechiéz, et engendre pluseurs maladies corporeles et espiritueles (LEGRAND, Bonnes meurs B., 1410, 322).

 

-

Une maladie prend à qqn : Et, à l'entrée du mois de mars ensuyvant, prist une maladie au dit roy de France, pour occasion de la quelle les traictiez qui furent apointiez (...) furent assoupez. (Chron. Jean II Ch. V, D., t.1, 1350-1364, 340). Et ainsi, com partir voloit, Li prist une grant maladie, Qui si le contraint et maistrie Que tout son fait fu depecié A ceste fois et empeeschié. (MACH., P. Alex., p.1369, 130). L'evesque de Biauvais là estant, une maladie luy prist, dont il s'alitta (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 3). Il fut levé de la table et tenu près du feu et les fenestres closes, et combien qu'il en voulsist approcher il en fut gardé par aucuns qui cuydoient bien faire, et fut l'an mil IIIIc quatre vingtz au moys de mars que ceste maladie luy print. (COMM., II, 1489-1491, 280).

 

-

Choir/entrer/tomber en (une) maladie. "Tomber malade" : N'il n'estoit nuls si vrais amis, Qui ne fust adont arrier mis Et qui n'eüst petit d'aïe, S'il fust cheüs en maladie. Ne fusicien n'estoit, ne mire Qui bien sceüst la cause dire Dont ce venoit, ne que c'estoit (Ne nuls remede n'i metoit), Fors tant que c'estoit maladie Qu'on appelloit epydimie. (MACH., J. R. Nav., 1349, 149). ...ilz entroient en fievres et en maladie, et ou corps ilz avoient le cours du ventre (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 98). Le duc de Lancastre chey en langour et en maladie très grande et très perilleuse (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 112). Il se desfrit et entre en plus grant pencee et espie et enquiert, dont il fait que foul, quar noble cuer de homme ne doit point enquerir du fait des femmes, car si le bon home sceit une foiz la faulte sa feme, il entrera en telle maladie car jamés nul medicin ne l'en guerira. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 55). ...il en entra en merancolie et maladie, et en morut (FROISS., Chron. D., p.1400, 319). Comment le roy tumba en une griefve maladie, dont il perdit la parolle et congnoissance pour ung temps. (COMM., II, 1489-1491, 280).

 

-

Encourir une maladie. "S'exposer à une maladie" : Mez celle abstinence doit estre raysonnable et telle que nul ne perde l'usage de rayson, et que l'abstinence soit telle que, par elle, nul n'en enqueure aucune maladie, car elle seroit, adonques, deraysonnable et contre la volanté de Dieu. (Songe verg. S., t.2, 1378, 226).

 

-

Estre aggravé/aggrevé de maladie. "Être accablé (par la maladie)" : ...[il] dit que, ou Quaresme derrenierement passé ot un an, il fu forment malade et agrevez de maladie, et ne trouvoit homme qui lui donnast conseil pour la garison d'icelle maladie, et lui dura ladite maladie jusques à la Saint-Martin d'iver ensuivant (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 286). Ce jour, a esté enjoint à maistre Deniz de Paillart, filx de feu messire Philibert Paillart, president en Parlement en son temps, qu'il alast veoir madame Jehanne de Dormans, sa mere, aggravée de maladie et près de sa fin, comme elle disoit (BAYE, I, 1400-1410, 198). Vostre femme est fort aggravée de chaulde maladie et en dangier de mort (C.N.N., c.1456-1467, 135).

 

-

Estre entaché d'une maladie. "Être affecté, touché par une maladie" : Item, quelconque a en son corps vice notable ou en quantité ou en couleur ou en figure ou deffaut de eage ou d'aucun membre ou qui est imparfect ou impotent ou qui est entechié d'aucune laide maladie, si comme celui qui est epilentique ou mesel ou lunatique (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 306). Messire Jehan de Hollande (...) veoit ses compaignons et ses amis entechiez de ceste maladie dont nul n'en eschappoit (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 99). ...si tost que [le seigneur d'Aussy] arriva a Bruselles, s'allita tout quoy et se trouva en grant peril de mort aveuquez pluseurs aultres qui tous furent entechiéz de maladie prise oudit pays de Zeellande. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 140).

 

-

Estre en maladie. "Être malade" : C'est grant doleur que d'estre en maladie, D'avoir les fievres, froidures ou frissons, Rage de dens et mal d'espidemie, Estre batu souvent de gros bastons, Avoir gravelle et mal de trenchoisons (MACH., App., 1377, 646). O Dieu ! quelle misere ! Que fera, Sire, ceste povre emprisonnee [la mère au purgatoire] ? De quelle part se tournera ? Quel secours elle appellera se son enfant la refuse ? Quant mon corps estoit en maladie au monde, tu, mon enfant, et vous, mes autres amis, plouriez et monstriez cuer moult doloreux, et vous offriez faire tout vostre pouoir pour mon alegement. Las ! toutesfoiz mon mal present et celuy de lors ne sont pas a comparer, car je soustiens tres plus angoisseuse peine que celle du monde. (GERS., Déf., 1400, 228).

 

.

Estre en extreme maladie. "Être à l'agonie" : ...quant on est en extreme maldie [sic], le temps est venu d'estre payé selon les oeuvres que l'on a faictes (MACHO, Esope R., c.1480, 92).

 

-

Eschapper/guerir de maladie : Vous li direz qu'il mant Sevestre, Et il tel baing li mousterra Que si tost conme ens enterra Gari sera, que que nulz die, De touz poins de sa maladie (Mir. st Sev., 1362, 202). Et doit doner le phisicien comandemens et enseignemens teulx, c'est assavoir que ceulx qui garderont telle diette, ou telle, par raison, deveroient de telle maladie eschaper, et ceulx qui ne la garderont, morront. (Songe verg. S., t.1, 1378, 84). ...et aultrement, que ceulx qui gardent lez comendemens de medicine comunement sont sains, et si eschapent et garissent de leur maladies (Songe verg. S., t.1, 1378, 85).

 

-

Prendre la maladie. "Tomber malade" : ...soudainement est mort [le roi d'Angleterre] et comme par merencolie du mariage de nostre roy, qui règne à present, avec madame Marguerite, fille du duc d'Autriche. Et dès qu'il en eut les nouvelles, print la maladie. Car lors se tint à deceü du mariage de sa fille, qu'il faisoit appeller madame la daulphine (COMM., II, 1489-1491, 231). D'autre part, le roy Charles, son père, quant il print la maladie dont il mourut, il entra en ymagination que on le vouloit empoisonner à la requeste de son filz (COMM., II, 1489-1491, 283).

 

.

[D'une maladie] Prendre/surprendre qqn : Mais il est bien tout autrement: Car avant que homs son sens perde, Ne que forsens a lui s'aërde, Le prent et seurprent maladie Qui le trait a forcenerie. (MACH., J. R. Nav., 1349, 227). Maladie le prist et aherdi sus son cemin, de laquelle il s'acouça au lit en la chité de Chartres, et en morut. (FROISS., Chron. D., p.1400, 462). ...environ IIJ sepmaines ou un mois aprés que vous fustes parti, une maladie la print telle que a veue d'eul toute secchoit tellement que, selon le dit du phisicien de la royne, elle estoit brief eticque ou morte se son air naturel ne l'eust recouvree (LA SALE, J.S., 1456, 270).

 

-

[D'un membre] Avoir maladie. "Être atteint d'une affection" : Quant aucun pisse sang par troubes, et a strangurie, et la douleur vient soubz le nombril et ou panil, c'est signe que la vessie et les voies de l'orine ont maladie. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 100).

 

-

[Prov., sentence]

 

.

De la maladie qui vient du chef se sentent tous les membres : Par semblable le vice qui du prince redonde sur ses subgietz pervertit l'ordre, trouble l'office et empire la condition de tous les estatz de son peuple ; car de la maladie qui vient du chief se sentent tous lez membres. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 45).

 

.

Douteuse est la maladie dont on renchiet. "Redoutable est la maladie qui connaît une rechute" : LE FRERE. ...Je sens mon cuer sain et entier, Et sens que j'ay determiné De mon mal si qu'il est finé : Lever me vueil. L'ESCUIER. Sire, vous ferez vostre vueil ; Mais, pour Dieu, ne vous hastez mie ; Car trop doubteuse est maladie Dont on renchiet. (Mir. emper. Romme, 1369, 262).

 

.

En grief maladie gist grief remede. "Une maladie grave exige un traitement lourd" : Quant ung chevalier est griefment plaie [l. plaié] en bataille, il ne laisse point a la faire guerir pour les meschiefs que il doit souffrir en retranchant ou en recousant sa playe, car en grief maladie gist grief remede. (GERS., Epiphanie G., 1391, 533).

 

.

Les maladies sont curees par leur contraire : Et nous savons une devise Que li bons philosophes dist ; Il afferme, et je croy son dit, Que les maladies quelconques - Et qu'autrement il n'avint onques - Sont curées par leur contraire. (MACH., J. R. Nav., 1349, 203).

 

.

[Ex. qui illustre le prov. : les maladies sont curees par leur contraire] : Qui par froit prant la maladie, Par chaleur doit estre garie, Et la chaleur par la froidure, Selon la raison de nature. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 238).

 

.

Maladie couvee est difficile à guerir "Une maladie qu'on entretient et qu'on ne reconnaît pas comme maladie est difficile à guérir" : Maladie couvée moult est à warir forte. Cescune des miresses [Gloutonnie et Luxure] sour lui se boiste porte, A se malade dist cescun jour et enorte : "Fait tout chou que tu voels, de riens ne te déporte." (GILLES LE MUISIT, Poésies K., t.2, c.1347-1353, 87).

 

.

Tel est qui guerit maladie d'autrui qui ensuite cause sa propre perte : ...tel est aucune foiz mire D'autrui maladie garir, Qui puis fait soy mesmes perir (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 48).

 

-

[Différentes maladies]

 

.

Chaude maladie. "Maladie accompagnée de fièvre" : Vous ferés ung coullaire qui vault moult a maladie chaulde se le corps est mundifié au commencement de la maladie a mitiguer douleur et a faire dormir (GORDON, Prat., c.1450-1500, III, 2). ...ilz ne sont mors tous deux que de chaulde maladie (C.N.N., c.1456-1467, 138).

 

.

Maladie asthmatique : Avecques cautere rond se font troys cauteres en la poitrine specialement en maladie asmatique et empime (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, V, 2).

 

.

Maladie cardiaque : Par cest exemple orrible et par maint autre se puet congnoistre que peril c'est en mariage de la maladie cardiaque et de paumison et de desperation. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 239).

 

.

Maladie des boeufs. "Affection cutanée due à la présence de parasites" : ...de la section sur les vers engendres soubs la peau et ce nomme ceste maladie la maladie des beufs (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, I, 66).

 

.

Maladie de causon. "Fièvre ardente" : Et vecy merveille comment en maladie de causon ou est inflacion dernierement peust estre matiere crue (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 3).

 

.

Maladie de cours/flux de ventre. "Diarrhée" : ...aultrement, ilz estoient si chargiez et empeschié, eulx et leurs gens, de maladie de cours de ventre ou de fievre que ilz estoient mort à moittié, et ne pourroient nullement souffrir, ne porter les painnes ne les dangiers de la mer. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 101). Et de mal en pis sourdit en leur ost une maladie de cours de ventre, qui fort les acoura : car là leurs gens mouroient espoissément de cellui mal (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 127). En ladicte année fut mortalité commune et universelle par la pluspart dudit royaume de maladie de flux de ventre et autres maladies, à cause de quoy plusieurs gens de façon moururent en ladicte ville de Paris et ailleurs. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 262).

 

.

Maladie de feu/maladie saint Antoine. "Maladie inflammatoire de la peau, zona" (synon. feusaintAntoine) : ...car selon vng acteur nommé Dyacores la fiente [de l'agneau] confite auecques vinaigre guerit vne maladie de feu auecques cyre vierge et wylle guerit arseures et aussi les cornes et les ongles valent a medicine. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 474-475). Jay [l. j'ay] este [l. esté] depuis assez veritablement informez de la principalle malladie quy mena lessusdit roy a la mort, cest [l. c'est] a scavoir, que ce luy vint par feu qui luy prinst par desoubz au fondement, que len [l. l'en] dist estre malladie Saint Anthonne. (WAVRIN, Chron. H., t.2, p.1471, 426). Cestui fut moult erudict en la science des estoilles et trouva la cause, dont provenoit ceste maladie que l'on disoit "sacro igne" ; disoit provenir de l'influence de Mars bruslé, etc., et incita le peuple de Picardie, par especial de recourir à la Vierge Marie. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 116 r°).

 

-

Maladie de fievre. "État de santé altéré, caractérisé par la fièvre" : En ceste dicte année mil IIIIc quatre vingtz et deux, de ladicte maladie de fievre et raige de teste ["Rage dont l'un des syndromes est la tête enflée" (d'apr. FEW X, 9a)] moururent en divers lieux moult de notables et grans personnaiges, tant hommes que femmes. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 113). ...il tumba en une maladie de fièvre, à l'occasion de laquelle ou dudit cop, au bout desdiz XVIII. jours, il est alé de vie à trespassement. (Doc. Poitou G., t.12, 1475, 3).

 

.

Maladie de la goutte : Pour ces jours, estoit li contes de Hainnau en l'ostel de Hollandes, et gissans au lit de la maladie des goutes. (FROISS., Chron. D., p.1400, 246).

 

.

Maladie de lepre : ...voire le sang pur et ou quel il ny a point de corrupcion, mais le sang corrompu est inductif de totale corrupcion par tout le corps, comme il appert es febricitans et en la maladie de lepre. (CIB., p.1451, 218).

 

.

Maladie de Naples. "Syphilis" : ...mais finablement il concquist la grosse verolle, de laquelle, comme impetueuse, horrible et abhominable maladie, il fut angoisseusement touchiét, et aucuns de ses gens, qui retournèrent en France, en furent douloureusement oppresséz ; et pour ce qu'il n'estoit nouvelle de ceste griefve pestilence avant leur retour, elle estoit nommée la maladie de Naples ; aucuns l'appelloyent les grosses pocques, les aultres la grant gorre. (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 410). ...plusieurs des Espaignolles estoient mallades d'une malladie qui alors couroit, appellée la malladie de Naples, laquelle estoit de telle condicion qu'il sambloit que les gens fuissent laidres. Et duret ycelle malladie ung an ; et estoit contagieuse et acorsonneuse terriblement. (AUBRION, Journal L., 1496, 380).

 

.

Maladie de pestilence. "Peste" : En ce temps, furent apportées à Paris les chasses de saint Crespin et saint Crespinien, pour trouver remede à ladicte maladie de pestilence, et aussi pour eulx quester, afin d'avoir de quoy recouvrir l'eglise desdiz sains audit lieu de Soissons, que ladicte fouldre et tempeste avoit ainsi destruicte et abatue, que dit est devant. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 166).

 

.

Maladie de la rage : Et, quant ilz mordent un homme, a poines en peut garir, comme j'ay dit, quar leur morsure est trop venimeuse pour les crapax qu'ilz menjuent, comme j'ay dit, et d'autre part pour la maladie de la rage. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 97).

 

.

Maladie de saint. "Affection nerveuse et mentale, équivalent du mal saint Mathurin ou du mal saint Acaire (?) ou synonyme de mal de saint (qui demande qu'on invoque le saint susceptible de la guérir)" (Semble ici être l', ) : LE GENTIL HOMME. ...Quel mal est-ce dont il se plaint ? ESOPET. C'est maladie de sainct. J'en suis souvent en grand danger. LA CHAMBERIERE. Pourquoy ? Jesus ! ESOPET. Il veult menger Les gens quand ce mal le surprent, Qui soubdainnement ne le prent Pour le lyer et le [de]batre (Coust. Esop. T., c.1500, 170).

 

.

Maladie du costé. "Pleurésie" : Et, ce mesme jour, fut remonstré au roy par les medecins et cirurgiens de ladicte ville que plusieurs et diverses personnes estoient fort traveillez et molestez de la pierre, colique, passion et maladie du costé (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 322).

 

.

Maladie nerveuse : ...spasme si est une maladie nerveuze en laquelle les lacertes sont venus en retraiant vers leur naissance, c'est vers le cervel, et sont inobediens en dillatacion (SAINT GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 194). Spasme est mouvement mauvais venant en la vertu motive voluntaire de disposicion de maladie et pour ce est maladie nerfveuse. (PANIS, Guidon, 1478, tr.III, doct.1, chap.1, 173).

 

.

Maladie de saint Fiacre. "Hydropisie" : ...et en la ville de Corbueil acoucha malade de la maladie de Saint Fiacre. (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 105).

 

.

Maladie royale. "Écrouelles" : ...ou nous alons aux roys, car les roys les souloient curer en tastant, mesmement le roy de France et, pour ce, l'appelle on maladie royalle (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 20).

 

.

Maladie dont l'on choit. "Épilepsie" : ...ledit Jehan Morrigeau, qui est maladif de la maladie dont l'en chiet, dist qu'il estoit malade et requist que on envoyast querir le prebstre (Doc. Poitou G., t.11, 1468, 129).

 

.

Maladie inguinaire. "Peste" : En deux Somme[s] ilz départirent, Dont en la première, sans doubte, En poursuyvant leur droite route, Ont démonstré, par leur savance, Des causes, signes et naissance De la maladie inginaire Com par Nature il se peust faire (LA HAYE, P. peste, 1426, 19).

 

.

Maladie interieure/maladie exterieure : Fist aussi icelui Virgille en icelle cité, pour l'utillité du peuple, pour une admiracion perpetuelle, une maniere de baings de somptueuse construction, qui garissoient de toutes maladies interiores et exteriores, et, pour chacune diversité de maladie, mist epithaphes et tiltres, pour advertir que l'un ne se print pour l'autre. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 70 r°).

 

.

Maladie materielle. "Maladie avec suppuration" : Et pour decider ceste matiere est a noter que selon la diversité du corps, plus grant ou moindre quantité de viande est convenable au disner que au souper, car les corps sont sains ou il declinent en maladie ; si declinent a maladie, ou en maladie materielle ou sans matiere. (Rég. santé corps C., 1480, 11).

 

.

Maladie saint Acaire. "Folie, mélancolie" : LE TAVERNIER. Dieu gard, dame. Vostre mary est-il ceans ? LE CHAULDERONNIER. Helas ! il est tout hors du sens. Je ne sçay qu'il luy peult faloir. LE TAVERNIER. Comment ! pourroit-il bien avoir La malladie sainct Aquaire ? (Chaulder. T., c.1500, 220).

 

.

Maladie seche et chaude : Et, selon ceste posicion, la comete, non mie de soy, mez pour accident, segnefie mortalités causees de maladies seches et chaudes, car, en tel temps, avient volantiers une chaleur tres desordenee. (Songe verg. S., t.1, 1378, 380).

 

.

Haute maladie. "Épilepsie" : Esmeraude, en latin smaragdus, est une pierre précieuse assez cogneue et est de très verte couleur, d'ont proffite moult à la veue, et est bonne portée au col contre la haulte maladie et conforte la mémoire, et rompt volentiers quant cellui qui la porte a affaire à femme, comme dit Aubert et autres qui ont escript des pierres précieuses. (LA HAYE, P. peste, 1426, 198).

 

Rem. Cf. haut mal, v. mal.

 

-

En partic.

 

.

Maladie d'enfanter. "Douleurs de l'accouchement" : Et ne sceut point la dicte suppliante se le dit enfant estoit mort ou vif, quant elle le gecta en ladicte fosse, ne s'il estoit masle ou femelle. Et aussi ne sceut s'il fut baptisé, pour la maladie d'enfenter qu'elle enduroit (Doc. Poitou G., t.8, 1447, 420).

 

.

Privees maladies des femmes. "Règles des femmes" : La vayne de dessoubz la cheville du pié par dedans saigne l'on pour filz et pour apostumes qui viennent es aignez et aussi pour esmovoir les priveez maladies des femmes quant elles ne les pevent avoir en temps deu. (LE LIÈVRE, Traité saignée W., a.1418, 17).

B. -

Au fig.

 

1.

"Souffrance qui trouble l'âme et l'esprit (essentiellement dans la passion amoureuse)" : En amer a douce vie Et jolie, Qui bien la scet maintenir, Car tant plaist la maladie [var. melodie], Quant norrie Est en amoureus desir, Que l'amant fait esbaudir Et querir Comment elle monteplie. (MACH., R. Fort., c.1341, 105). Qui bien aimme a tart oublie, Et cuers qui oublie a tart Ressamble le feu qui art, Qui de legier n'esteint mie. Aussi qui a maladie Qui plaist, envis se depart. En ce point, se Dieus me gart, Me tient Amours et maistrie. (MACH., L. plour, 1349, 283). Si vous dirai la maladie Qui me perse le cuer et l'ame : J'aimme par amours une dame, Tant bonne et bele, a grant merveille, Qu'en ce monde n'a la pareille. (MACH., F. am., c.1361, 194). Pleins de dolour et disiteus d'aye, Loing de merci, familleus de merir, Nus de tout ce qui me puet resjoïr Sui pour amer et de mort en paour, Quant ma dame me het et je l'aour. N'il n'est confors de ma grief maladie Qui me peüst de nulle part venir, Car une amour s'est en mon cuer nourrie Dont je ne puis joïr ne repentir Ne vivre lié ne morir ne garir Ne bien avoir fors languir à dolour (MACH., Bal., 1377, 540). ...Tant que s'amour qui me lie Soit onnie A tous fors à moy qui plour Pour doubte que ne m'oublie. Ce detrie Ma joie et ma maladie Fait gringnour. (MACH., Ch. bal., 1377, 608). En .IJ. amans qui s'aimment signourie Estre ne doit, einsois doivent avoir Un cuer, une ame et une maladie, Une pensée, un desir, un voloir ; Dont se vos cuers n'est onnis A mon desir, li miens sera honnis, Car je ne puis pas longuement durer Sans vostre amour avoir ou esperer. (MACH., L. dames, 1377, 229). Si gracïeuse maladie Ne met gaires de gens a mort, Mais il siet bien que l'on le die Pour plus tost actraire confort. (CHART., B. Dame, 1424, 340). ...elle [une coquette] s'appensa de non plus comparoir, affin encores de luy rengreger [à l'amoureux] et plus accroistre sa maladie. (C.N.N., c.1456-1467, 414). J'ay une recepte cy mise Pour (la) maladie des jaloux. (Dorib., p.1480, 248).

 

-

Amoureuse maladie : ...a l'entrée d'un vergier Me fist aventure aporter. S'entray ens pour moy deporter, Pleins d'amoureuse maladie, Et pour oïr la melodie Des oisillons qui ens estoient Qui si trés doucement chantoient Que bouche ne le porroit dire (MACH., D. verg., a.1340, 14). Mais ja n'en sera meins amez De moy, pour chose qu'on m'en die, Eins sera mes voloirs doublez, Et l'amoureuse maladie Sera dedens mon cuer chierie, Ne ja sans li garir n'en quier : Pour ce l'aim je de cuer entier. (MACH., L. dames, 1377, 96). Mais se l'espart Seur moy s'espart De ses dous yex, je n'ay resgart De mort pour mal qu'Amours m'envoie ; Et s'il li plaist que je devie De l'amoureuse maladie, Je ne puis, à meins que je die Qu'onques ne fu si dure amie Et que le dart Qui mon cuer art Vient de sa biauté, que Diex gart (MACH., Les lays, 1377, 435). ...ne je ne puis Plus avoir, jour de ma vie, L'amoureuse maladie. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 120).

 

-

Maladie de saint Amant. "Jalousie" : Aultres maintiennent que jalousie est maladie Sainct Amant, fort furieuse, ung petit caduque, engendree en la region de Rains, par extreme challeur, attraiant mauvaises humeurs, pour causer tremblement de membres (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 885).

 

-

Maladie des ames. "D'un point de vue religieux, tout ce qui éloigne du salut, péché" : C'est l'oreison dominical dictee par la bouche de celuy qui par doctrine nous aprint, et par exemple, a adorer, quant luy mesmez aux affaires de son humanité requist son pere, et que il voult que sa devote patenostre que il ordonna fust enregistree ou livre de ses saintes Evangillez, comme une medicinal requeste pour remede dez maladies dez amez. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 163).

 

-

Maladie de peché : Et pour ce l'odeur et la vertu qui yssi de lui, c'est assavoir le benoit fil de Dieu, le doulx Jhesu fu souverainement souef flairant, souverainement vertueux et confortatif contre maladie de pechié et souverainement puissant pour la puissance de l'ennemi disciper et destruire. (Mir. prev., 1352, 230).

 

.

Maladie d'orgueil. "Péché d'orgueil" : Se ung tel exemple, ung tel miroir, une telle medicine ne garist cuer humain de la maladie d'orgueil, ne scay chose autre qui la doye garir. (GERS., Noël, p.1404, 295).

 

2.

"Situation critique, risque"

 

-

La maladie croist. "La situation empire" : Je voy que le besoing nous fault Et croist tousjours la maladie (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 370).

 

-

Connaistre la maladie. "Être conscient du risque" : J'entens bien qu'il y a peril Et conçoy bien la maladie. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 224).

 

.

Entendre la maladie. "Comprendre la situation, ne pas être dupe" : Qui est si fol qui ne congnoit Que feme est de fresle nature, A l'omme subjecte par droit, Comme l'en voit en l'escripture ? Je ne voy de quoi tu la puisses Loer, se les choses ne fains. Et si ne croi que jamais visses Les dis des sages et des sains. Mais de quelque fole es tu chains. J'entens trop bien la maladie. Sy as tous entendemens fains Pour femme que Jhesu mauldie (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 161).

V. aussi mal1
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

Fermer la fenêtre