C.N.R.S.
 
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     MAL1          MAL2          MAL3          MAL4          MAL5     
FEW VI-1 123b malus
MAL, subst. masc.
[T-L : mal1 ; GD : mal3 ; GDC : mal2 ; AND : mal1 ; DÉCT : mal1 ; FEW VI-1, 123b : malus ; TLF : XI, 222a : mal3/maux]

I. -

[Domaine de l'expérience concrète] "Ce qui est contraire à la santé, au bien être des personnes, au bon état des choses"

A. -

"Souffrance"

 

1.

"Souffrance qui touche le corps"

 

a)

"Douleur " : LA DAME. Diex ! Diex ! Le ventre ! Dieux ! Le dos ! Doulce mere Dieu, que feray ? Ha ! Dieux ! Si grief mal n'enduray Onques mais jour ! (Mir. enf. ress., 1353, 18). Sa, aidiez moy a desvetir De cest habit pontifical : Savoir vueil quel bien ou quel mal Fait une haire. (Mir. pape, 1346, 375). Chiére dame, trop malement Vous voy souvent muer couleur : Aucun mal avez ou doleur, Si com je pens. (Mir. Clov., c.1381, 245). ...ses plaies [du roi] lui escreverent, et en yssi le sang a grant randon parmy les bendeaux. De quoy Uriiens fu moult doulent, et aussi tous ceulx qui le virent. Mais le roy se bouta ou lit soubdainement, et dist qu'il ne se sentoit nul mal. (ARRAS, c.1392-1393, 119). Or vous commande je a tous et a toutes que vous laissiez ce dueil ester, et tendez et appareilliez ceste sale, et menez joye ; et faictes appareillier la messe ; et après le service faictes drecier les tables, et après disner faictes cy, devant moy present, la feste comme se je feusse sur piez, car sachiez que ce me allegera moult mon mal. (ARRAS, c.1392-1393, 121). ...la pouvre femme (...) s'en alla tantost a sa maison plaindre son mal et son martire [La femme a été battue jusqu'au sang] (C.N.N., c.1456-1467, 265). ...tousjours estoit tant de mal oppressée qu'on cuidast bien que l'ame en deust partir. (C.N.N., c.1456-1467, 458). Pour ung mal que vous soufferés, Cent biens laissuz en recevrez, En la joye de paradis, Ou vous avrez vostre desduis (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 126). Mon amy, n'en doubtez en rien, Car, pour ung mal, cent mile bien Vous recevrez pour ce martire. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 155).

 

-

Au plur. : Las, quel torment ! Nepveu, coment-pouvés vous souffrir tant de maulx ? (Pass. Auv., 1477, 210).

 

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Prov. Les maux viennent à cheval mais s'en vont à pied : C'est voir que les maux a cheval Viennent, mais a pié, sire doulx, S'en vont. Monstrez ça vostre poux. Gardez, ne vous dejettez point : Vous serez tantost en bon point (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 241).

 

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Mal de teste/mal au/du chef/avoir mal en la teste : ...chil (...) l'ont en garde, tant que pour le medeciner et purgier dou mal dou chief (FROISS., Chron. D., p.1400, 784). Il vient a l'uis et puis rentre dedens, Il dit qu'il a mal en teste ou en dens, Au lit se met, puis envers, puis adens (CHART., D. Fort., 1412-1413, 162). ...il m'est prins ung tel mal de teste que je ne saroye tenir sur piez (C.N.N., c.1456-1467, 242). Qui ne jette ne laisse ou feu jetter nulz os, jamais il n'ara mal au chief ne douleur aux dens. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 125). Car j'ay tres grant mal en ma teste. (C. Riffl., c.1480-1520, 59).

 

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Mal de dents/avoir mal aux dents : ...De mal de dens sans repos a jamais, Du mal des rains, de malles trenchaisons, Puisse mourir qui empesche la paix ! (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 277). C'est a dire, mon amy : Fuy tristesse de pensee plus que le mal des dens (LA SALE, J.S., 1456, 19). Av'ous mal aux dens, maistre Pierre ? (Path. D., c.1456-1469, 158).

 

-

Mal d'enfant/d'enfanter. "Douleurs de l'accouchement" : ...trespassa à Evreux de mal d'enfanter, comme l'en dit, tres noble dame la royne de Navarre, seur du roy de France (Chron. Valois L., c.1377-1397, 244). En sa chambre est toute esbahye Du mal d'enfant qui si l'argue. (Gris., 1395, 59). Ors avint que, droit la vigiel du Noel, ilz sont tous aleiz a matinez et Beatris fu en sa chambre mult destroite de mal d'enffant. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 12). ...le mal d'anffanter la prinst et la travailla longuement (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 983). Et, durant ce qu'il fut ainsi assegié ou chasteau de Carlat, madame sa femme, fille de messire Charles d'Anjou, conte du Maine, acoucha d'enfant en icellui lieu de Carlat, et, tant par desplaisance de sondit seigneur et mary que dudit mal d'enfant, ala de vie à trespas, dont fut grant dommage, car on la tenoit bien bonne et honneste dame. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 11).

 

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Avoir mal : Il n'i vint mies, ançois s'escusa pour tant que il avoit donc mal en une jambe, si ne pooit cevauchier. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 204). Vouer les fault a saint Espoint, Pour ce qu'ilz ont trop mal ou ventre. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 100). ...notez du clerc qui pria que le bourgois eust mal encores en son autre jambe (GERS., Pent., p.1389, 78). Il [le roi] gist en celle chambre la. Chascuns y puet aler ainsi que s'il n'avoit mal ne douleur. Il a ja fait son testament, et donne a ses serviteurs tant que chascun s'en tient a bien paiez, et est confez, et a recu son Createur et tous ses sacremens. (ARRAS, c.1392-1393, 114).

 

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(Avoir) mal de (son) corps : "Damme (...) ne vous doubtez en riens, car ja de vostre corps vous n'arez mal..." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 257). Une pestillence de mortoere très grande et très espoentable se bouta en son host (...) et y morut de boce et de mal de corps plus de XX.M. personnes. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 267). "...vous seriés mis a courtoise finance, vous n'averiés nul mal de vostre corps." (FROISS., Chron. D., p.1400, 371).

 

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Loc. fig. Avoir mal en ses cheveux. "Se croire trompé" : Par fol cuider leur vient ceste folie [aux jaloux], Et cuident voir tout ce qu'ilz ont forgié Par le penser qui en dorment les lie ; A quoy ilz ont trop merancolié. Un tel cuidant devroit estre lié Com hors du sens, qu'onques cuers vertueux N'ymagina en dame qu'amitié : Pluseurs sanz cause ont mal en leurs cheveulx. (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 155).

 

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Faire mal à qqn

 

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[D'une pers.] : Vous n'avez garde, dit elle, je ne suis pas armée pour vous faire mal. (C.N.N., c.1456-1467, 280). Or gardez bien que tu ne dyes a personne que je sache parler de ceste matere, et je te promectz que je ne te feray ja mal. (C.N.N., c.1456-1467, 375).

 

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[D'un aliment] "Être indigeste" : ...si avons tout laissé pour venir icy, cuidans menger de la lemproye ; mais ad ce que nous voyons, elle ne nous fera ja mal. (C.N.N., c.1456-1467, 263). Advint toutesfoiz, je ne sçay par quel cas, ou s'il eut trop chault ou trop froit, ou s'il mengea quelque chose qui mal luy fist, qu'il devint tresmalade (C.N.N., c.1456-1467, 539).

 

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Se faire mal. "Attenter à sa vie" : Lequel Jehan Le Queu dist à lui qui parle que il feust et demourast avecques icelli Breton en ladite prison, et se prenist bien garde que icelli Breton ne se desesperast ne aussy se feist aucun mal. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 545).

 

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Porter son mal. "Supporter sa douleur" : Ne te chaille, dit le chevalier, porte ton mal le plus bel que tu peuz. (C.N.N., c.1456-1467, 253). Las, tant de mal me fault porter Que je ne le puis supporter, N'avoir ne puis longue durée Se tu ne me fais apporter Nouvelles, pour quoy transporter Je me puissë en ma contree. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 22).

 

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Prov. Douleur couverte fait plus de mal que l'ouverte : Ma douleur ilz ne scavent mie, Car on dit que douleur couverte Si fait plus de mal que l'ouverte. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 94).

 

b)

"Maladie, infirmité" : Aniaulx, affiches et fermaulx, Qui garissent de plusieurs maulx (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 65). Et aprés ce que chascun se fu longuement tenu de parler, cellui qui gisoit reversé sur la terre, plaintif et langoureux et tant actaint de mal que nulle vertu ne lui estoit demouree, si non la voix et le cry, prinst a parler et respondre ce qui s'ensuit (CHART., Q. inv., 1422, 20). Sans lesqueles [causes] avant cognoestre Nul Médicin, tant soit bon Maistre, Ne peut par art ne sagement Curer le mal aucunement (LA HAYE, P. peste, 1426, 20). Pluseurs remèdes par diète Bien gardée, et tousdiz preste, Médicine préservative, À ce valant et curative, Pour éviter et pour extaindre Cellui mal, qui trop fait à craindre. (LA HAYE, P. peste, 1426, 20). ...prenez courage ; mais dont vous vient ce mal si a haste ? (C.N.N., c.1456-1467, 134). Puis que mon mal est incurable et mortel si je n'y pourvoy de tel remede, loé soit Dieu, je prens la mort en gré. (C.N.N., c.1456-1467, 141). LE JUIF. (...) Ce Nicolas si fait merveilles. De ces miracles m'esmerveilles. (...) Aux sours il refait les oreilles, Contrefaictz il fait droit aller, Aveugles veoir cler, Parler les muetz, Tous maulx met au cler. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 79).

 

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Mal de (la) mort. "Maladie mortelle" : Du mal de mort dist le second philosophe : «Mort est ung sompne eternel, avenue que on ne peut eschiever, le laron de l'omme, la fuite de vie, la resolution ou desliement de toutes choses». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 346). Contre che mal [de mort] convient aussi avoir double remede, asscavoir que l'omme ne tiengne compte de la mort et que contre icelle s'apareille et se pourvoie. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 348). ...elle se volt baignier et là conchupt le mal de la mort. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 47).

 

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Prov. Quand mal est au chef embattu, Tous les membres en souffrent : En petit d'eure fu des Frans levez li hus Que Charlez li quiez d'iaux es pris et retenuz Et emmenet as trez qui a or sont batuz. A tant e vous Françoiz matez et recreüz (...). Point ne m'en esmerveil, car moult fu lais li juz Et se dist on : quant maux est ou quief embatuz, Tous li membrez s'en deulent. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 447).

 

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Selon le mal la medecine : Aux uns doit user de doulceur, Et aux autres faire rigueur ; Selon le mal la medecine, Pour curer toute la racine. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 243).

 

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Qui tue son chat, il tue son mal : Quoy que devant soit dit, qui ayme son chien, congnoist son bien. Qui tue son chat, il tue son mal. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 129).

 

Rem. Cf. A. Paupert, Les Fileuses et le clerc, 1990, 52-56.

 

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Avoir mal. "Avoir une maladie" : ...un qui a nom Gilet, et estoit vestu de pers royé de blanc, aagé de environ XXXIJ ans, et a mal ès jambes, et est assez hault homme (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 3).

 

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[D'un animal] : ...[il] fist rere et appareillier sondit cheval, qui avoit mal sur le doz (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 525).

 

c)

[Maladies désignées par des périphrases où mal est très souvent suivi d'un nom de saint (périphrases souvent employées dans des formules d'imprécation)]

 

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"Épilepsie"

 

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Le beau mal : ...ycellui André Guibretea, qui par avant pou de temps avoit esté detenu et cheu du mal caduc, appellé vulgalment le beaumal [sic] [l. beau mal], dont il est coustumier à souvent cheoir et estre malade, et d'estre furieux et fol à l'yssue d'icelle maladie, feust devenu tellement furieux et fol qu'il ne savoit qu'il faisoit (Doc. Poitou G., t.7, 1404, 38).

 

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Le gros mal : ...La goute es flans et le mau saint Quentin Puist il avoir qui mari me donna, Et le gros mal au soir et au matin (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 28).

 

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Le haut mal : Selon les divers regars de la lune s'esmeuvent les humeurs et les maladies ou corps, si comme il appert de ceulx qui sont lunatiques, et de ceulx qui cheent du hault mal, qui sont plus grevez en un aage de la lune qu'en l'autre. (CORBECHON, Soleil Lune S., 1372, 354). ...je eu sa compaignie par plusieurs foiz (...) et pour ce (...) qu'elle estoit malade d'orrible maladie et chéant de hault mal, si comme l'en disoit, je la laissay. (Ch. VI, D., t.2, 1388, 71). ...elle estoit malade d'orrible maladie et cheant de hault mal (Trés. Reth. S.L., t.2, 1388, 350). Et pour ce qu' il nous fu dit que elle estoit entechiée du hault mal, fu ostée et mise hors d'icelle question, et menée choffer en la cuisine en la maniere acoustumée (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 261). [Les épileptiques étaient dispensés de la question]

 

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Mal caduc : ...ycellui André Guibretea, qui par avant pou de temps avoit esté detenu et cheu du mal caduc (Doc. Poitou G., t.7, 1404, 38).

 

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Mal de la caduque : Elle [l'esmeraude] cure toutes fievres, et anichile tous mals de la caduch. (MANDEVILLE, Lap. M., c.1350-1390, 178).

 

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Le mauvais mal : Et dient les maistres qu'elle [l'émeraude] acroit les richesses et fait biau parler, et pendue au col garit de mauvais mal, et conforte la foible veue, et conserve les yeux, donnant bonne memoire et gardant de tempeste. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 330).

 

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"Peste"

 

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Le mal de bosse : ...Ou user, à bon escient, De quelque fruit convénient Comme sont citrons ou grenades, Qui tant aux sains comme aux malades Pevent lors gramment proffiter Pour le mal de boce éviter (LA HAYE, P. peste, 1426, 100).

 

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Le mal d'epidemie : ...Et les sentences et escriz Des Philosophes de hault prix, Pour les corps humains préserver En temps de boce et énerver Le très faulx mal d'épidémie, Qui à cent mile oste leur vie (LA HAYE, P. peste, 1426, 18).

 

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Le chaud mal. "Fièvre continue" : ...li air est mout fort chose quant il est corrumpus, a muer legierement le corps d'ommes et de bestez, pour quoy le philosophe deffendent qu'enfant n'aprecent ["n'approchent"] a homme qui gist en chaut mal, quer enfans sont si tendre et si sont corrumpu tantost. (Chir. chevaux P., c.1325-1350, 365). Tel se dit estre medecin Qui ne congnoist chaumal [l. chau mal] ne fievre (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 109).

 

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"Gonorrhée" ( (Éd.)) : DEMANDE.A quelle heure se lieve le vit le plus souvent ? RESPONSE. Quant il a le mal chault. (Devin. R., c.1470, 170).

 

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Le mal d'Abraham. "Perte de sang périodique dont les Juifs étaient affligés, suivant une superstition fort répandue" : Des fievres mal leur advyenne, Et la mal d'Abräan les preinne ! (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 77).

 

Rem. Déf. d'apr. l'éd. É. Roy, qui cite deux textes illustrant cette superstition.

 

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Le mal de broches. "Les hémorroïdes" : ...[elle] devint notoire a tout le monde par ce mauldit mal de broches, dont en la fin fut garie (C.N.N., c.1456-1467, 37).

 

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Le mal (du frisson) d'avertin. "Accès de folie ; maladie qui rend irascible" : ...en laquele boiste avoit IX feuilles d'une herbe appellé mateflon, laquelle herbe est pour guarir des poux, et sy y avoit une fueille qui garist de mal d'avertin. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 313). Est il que du mal saint Eloy, Du mal du frisson d'avertin, Du mal mon seigneur sainct Martin Soyez vous enflé et batu ! (P. Jouh. D.R., a.1488, 36).

 

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[Dans un contexte grivois] Le mal dont l'on choit deux à deux. "Accouplement" : Gouge qui va l'haquenee et l'ambleure, Pencez qu'elle a esté a la bataille ; S'elle a les reins par trop palesineux, Elle a ung mal dont l'on chet deux a deux Ou l'on combat plus d'estoc que de taille. (PH. BOUTON, Les Gouges, éd. A. Piaget, c.1454. In : Romania 47, 1921, 173).

 

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Le mal Nostre-Dame. "Érysipèle" : Le dyable t'en puisse pourter, Sanglant laron. Alame ! Alame ! Sire, que le mal noustre damme Vous puisse mangier la servelle. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 49).

 

Rem. Défini par "érysipèle gangréneux" ds H. de Mondeville, Chirurgie, éd. A. Bos, 1314.

 

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[Même maladie] Mal qu'on dit joyel Nostre Dame : Qui cueille ou eslit la poiree le samedy aprés nonne, pour le dimence cuire et mengier, il en vient de legier a celles qui ce font, le mal qu'on dist le joyel Nostre Dame. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 99).

 

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Le mal Roulant. "Cystite" ( (Éd.)) : Vous avez pissé contre bise, Sy vous est prins le mal Roulant. (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 139).

 

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Le mal royal. "Écrouelles" : L'autre sur le peril de s'ame Jura que c'estoit verité, Si li aidast la Trinité Qu'il ne morust du mal roial. (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 65). Le segont, qui n'avoit mes doubte De son desloial serement, Du mal roial fu soudement Espris des piez si qu'a la teste (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 69).

 

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Mal de saint

 

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[Pour désigner une des maladies pour lesquelles on a recours à l'intervention d'un saint] : ...il se laisent cheer comme se il fussent mors et traient la langue, et leur saut l'escume de la geule, et font acroire que il sont malades de mal de saint pour avoir et sourtraire l'argent des gens. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 152). Et aussi i avoit grant multitude de menues gens, comme ribaus en chemises, joueurs de dés et gens qui font semblant d'estre malades d'aucun mal de saint pour avoir argent (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 155).

 

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[Désigne ici une frénésie destructrice, un état de folie proche d'une possession démoniaque] : ...mais pour ce que sondit mary veoit bien que c'estoit par frenaisie et merencolie et que onques par entre eulz n'avoit eu rumeur par parolles ne autrement, et cuidant que ce feust par mal de saint ou autrement, et bien marry du piteulx gouvernement d'icelle, et sans la batre, tancier ou mal fere, esperant qu'elle retournast en son bon sens et advis, feussent et se tenissent paisiblement ensemble, come ilz avoient esté tousjours depuis leur mariage, tollera et souffry sadicte femme fere ce que bon lui sembloit (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1425, 182).

 

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Le mal (de) (monsieur) saint Acaire. "Folie, mélancolie" : Je ressoingne aler au moustier Pour les larrons de Jhesucrist, Truans, caymans, qui aidier Se puelent bien, dont li uns dit : "Donnez au povre qui languit Du mal saint Fiacre en grief dolour, [Manque un vers] De saint Mor et de saint Mathieu, De saint Aquaire et de saint Flour !" (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 54). LA FEMME. ...Or dy, comme gaigneras-tu Ta vie ? Tu ne veulx rien faire. Du mal monsieur sainct Aquaire Puisses-tu estre tourmenté (Obstin. femmes T., c.1480-1500, 37).

 

Rem. Cf. H. Lewicka, Les Comp., 1968, 58.

 

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Le mal saint Aignan. "?" : ...ledit suppliant estoit et est encores malade et enferme d'une maladie que l'en nomme le mal Saint-Aignen, duquel saint l'en aoure l'image et representacion a l'eglise de Garennes, qui est a une lieue près ou environ d'Yvry (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1424, 75).

 

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Le mal (monsieur) saint Fiacre. "Hydropisie" : Je ressoingne aler au moustier Pour les larrons de Jhesucrist, Truans, caymans, qui aidier Se puelent bien, dont li uns dit : "Donnez au povre qui languit Du mal saint Fiacre en grief dolour, [Manque un vers] De saint Mor et de saint Mathieu, De saint Aquaire et de saint Flour !" (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 54). ...disant qu'elle estoit malade du mal monsieur saint Fiacre saichant icelle suppliante estre près de son terme de avoir enfant, ce qu'elle avoit tousjours celé à son dit mary (Doc. Poitou G., t.8, 1446, 240). L'YDROPIQUE. ...J'ay fievre lente et suis podagre, J'ars trestout du mal Saint Fïacre, J'ay ou cul lez esmorroïdes (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 150). Le mal de monsieur saint Fiacre Vous puisse estraindre la bedaine (P. Jouh. D.R., a.1488, 35).

 

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Le mal de saint Eloi. "Gangrène" : Est il que ["Le cas est que... vous soyez" (Éd.)] du mal saint Eloy, Du mal du frisson d'avertin, Du mal mon seigneur sainct Martin Soyez vous enflé et batu ! (P. Jouh. D.R., a.1488, 36).

 

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[À propos d'un cheval] "Petite excroissance, aphte dans la bouche du cheval" : Il mengüe tout son chevestre Et si est de mauvaise loi, Car il a le mal saint Eloi ; Les barbes a et le lenpas [lampas "tumeur au palais"] (Dit du Cheval hardi, éd. P. Meyer, c.1350. In : Romania 41, 1912, 93).

 

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Le mal saint Eutrope. "Hydropisie" : ...laquelle estant ainsi grosse dudit enffant, en fut advertie par plusieurs et mesmement par sesdiz père et mère, en lui disant qu'elle estoit grosse et qu'elle gardast le fruit qu'elle avoit, mais tousjours elle nyoit le fait pour honte et vergoingne qu'elle avoit, disant qu'elle estoit malade du mal saint Eutrope. (Doc. Poitou G., t.11, 1473, 344).

 

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Le mal saint Faron. "?" : Que le feu saint Anthoine l'arde, Et le mau saint F[a]ront la farde (Tr. Men., c.1480-1500, 293).

 

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Le mal saint Firmin. "Furoncles, gangrène, ergotisme..." : Le mal monseigneur saint Fermin L'arde ! (Exc., Science A.R., c.1465-1468, 50).

 

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[Création fantaisiste] Le mal saint Foutin. "Désir sexuel" : Quant on est vieulx, li mauls du sant retarde Et faut du tout a voisine et voisin ; Si est saiges qui longuement se garde De ce grief mal ou trop nuit le connin ; C'est ce qui fail le mal de sainct Foutin Venir dessoubz, les corps esprent et art : Lors laisseront li viellart ce hutin, Maiz je me doubt que ce ne soit trop tart. (DESCH., Oeuvres Q., t.4, c.1370-1407, 281).

 

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Le mal saint Garbot. "Dysenterie" : Bé ! dea, j'é le mau saint Garbot ! Suis des foyreux de Baieux. (Path. II, T., c.1475-1480, 273).

 

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Le mal saint Jean. "Épilepsie" : Du mal sanc Jham soys tu abatu ! (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 50). De fievre quarte, de caude maladie, De jaunice,de taingne et de mallons, Du mal saint Mor qui les gens affieblie, Du mal saint Jehan dont chient maint gloutons, (...) Puissent mourir ceulx qui empeschent paix ! (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 278).

 

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Le mal saint Loup. "Maladie de la peau, érysipèle" : De fievre quarte, de caude maladie, De jaunice, de taingne et de mallons, Du mal saint Mor qui les gens affieblie, Du mal saint Jehan dont chient maint gloutons, Du mal saint Leu (...) Puissent mourir ceulx qui empeschent paix ! (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 278).

 

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"(Peut-être) gangrène" : ...ledit quiqoy mourut dudit coup de cousteau ou d'une maladie nommee le mal Saint Jehan qui trois mois ou environ devant qu'il mourust le prinst en une espaule et ou cousté et le mengea jusques aux entrailles. (Berger Fr. K.-G., 1477, 179). Le grant mal sainct Jehan vous enbloque La peau et les oz ! (P. Jouh. D.R., a.1488, 35). Et le mau saint Jehan si l'alume ! (Tr. Men., c.1480-1500, 293).

 

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[Désigne aussi l'épilepsie] : Je chié souvent du mal Saint Lou, J'ay cors, j'ay le fil, j'ay le lou, Je suis roupt, j'ay maise fourcelle (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 151).

 

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[On dit, par ironie, d'une femme aux moeurs faciles, qu'elle est atteinte du mal saint Leu (d'apr. É)] : Cest cy marche a contre poix, J'ay veu ceste la en tel lieu - A telle puree telz pois : Tout n'en vault rien, par le sang bieu ! On rit, on fait le babaleu, Soubz manche fourree, longue chappe - Breviter, c'est le mal sainct Leu : Il est heureux qui en eschape ! (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 325).

 

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Le mal de sainct Loup de Fueilloy : Mes amies et voisines, quant vous alez au retrait, gardez vous de torchier vostre derriere de fueilles et pour aussi vray que euvangile, jamais ne serez malade du mal de sainct Loup de Fueilloy. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 103).

 

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Le mal saint Martin. "Mal de gorge" : Est il que du mal saint Eloy, Du mal du frisson d'avertin, Du mal mon seigneur sainct Martin Soyez vous enflé et batu ! (P. Jouh. D.R., a.1488, 36).

 

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[Désigne aussi d'autres choses, dont l'ivresse] "Ivresse" : "...espoir ont les aucuns [parmi les ennemis qu'on tente de surprendre] tant beu que le mal Saint Martin les tient es testes tellement qu'ilz sont ja endormiz, et ainsi cuident ilz de nous." (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 301). [L'ex. est un ajout du ms. B2] ...Qui amer le voura [Du Guesclin], si le sieuve briefment, Car aux Englois s'en va, se dist isnellement [le héraut], Pour bataille livrer tost et hastivement Et responce donner pour le heraust Climent Que li maux saint Martin fist ceoir ensement. (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 383). Visage de baffe venu, Confit en composte de vin (...), Malade du mal saint Martin Et ausi ront q'un tonnellet ; Dieu me le sauve ce varlet ! Il est enroué devenu, Car une pouldre de raisin L'a tellement en l'ueil feru Qu'endormiz l'a comme un touppin (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 145).

 

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Le mal de saint Mathurin. "Folie" : C'est un guippelin, Et le mal de sainct Mathelin Le tient au sommet de la teste. (Roy sotz, c.1450-1500, 222). Le mal saint Mathurin, Sans le mien, au cerveau vous tienne ! (Path. D., c.1456-1469, 100).

 

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Le chaud mal sainct Mathurin : Se n'est pas un trop grand seigneur ; C'est un nommé le beau Colin. Que le chaut mal sainct Mathelin Luy puisse ronger la cervelle ! (Mère Ofic. T., c.1500, 98).

 

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Le mal (de) saint Maur. "La goutte" : ...Car je ne vi onques encor Cheoir ou grief mal de saint Mor Honne nul sinon d'aventure Que dame eust de son amour cure. (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 21). De fievre quarte, de caude maladie, De jaunice,de taingne et de mallons, Du mal saint Mor qui les gens affieblie, Du mal saint Jehan dont chient maint gloutons, Du mal saint Leu (...) Puissent mourir ceulx qui empeschent paix ! (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 278).

 

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Mal saint Messent. "Érysipèle, zona" : Et ce fait, vint un mire ou cirurgien qui appareilla et lia la jambe du dit Jehan Lainsné, mais assez tost après ycellui Lainsné la se fist deslier. Et depuis par faute de bon gouvernement ou autrement, par la voulenté de Dieu, vint en la dicte jambe une maladie que l'en appelle le mal Saint Messent, et d'icelle maladie et ferure le dit Jehan Lainsné jut au lit malade (Doc. Poitou G., t.5, 1379, 123).

 

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Le mal saint Quentin. "Hydropisie" : ...La goute es flans et le mau saint Quentin Puist il avoir qui mari me donna, Et le gros mal au soir et au matin (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 28). ...le ventre en ay enflé [de mauvais vin] comme uns pourceaux, Et se ne fust la porte desfermée Qui est dessoubz pour yssir la vinée, Je mourusse du mal de saint Quentin (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 219). ...Et disoient en hault [les Anglais] : "Escoutés Franchequin ! Alés boire a Paris la chopine de vin, Et la souppe humer et rotir le boudin, Car vous ne valés riens a maintenir hutin, N'a vestir le haubert et vous lever matin, N'a mengier le pain seq, boire l'eau au bacin ! Vous y pouriez bien prendre le grant mal saint Quentin !" (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 461).

 

2.

"Souffrance morale"

 

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"Souci"

 

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Se donner du mal en sa teste : ...[le roi] se donnoit beaucoup de mal en sa teste pour son fils qui guères n'y accoutoit, et désiroit bien à remédier aux sauvages entreprises que voioit en luy (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 199).

 

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"Angoisse" : ...la tresbelle Katherine estoit de mal tant oppressée, voyant et oyant la desloyauté de celuy qu'elle amoit plus que tout le monde, qu'elle se souhaitoit morte. (C.N.N., c.1456-1467, 178).

 

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"Tourment" : ...et pour la hoster des maulx, peines, et travaux, et courroux que elle veoit que ladite Marion disoit que elle souffroit pour sondit ami qui ce marioit, comme dit est, fist lors deux chapeaux d'erbe terreste et d'erbe aumosniere, et en la presence d'icelle Marion. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 355). Bien peut estre qu'en recompense de ses maulx la gouge en eut depuis pitié (C.N.N., c.1456-1467, 457). ...ung temps sera que vous arés Tant de maulx que vous mauldirés Vostre naiscence et vostre vie. (Pass. Auv., 1477, 190). Oncques n'eust pis Femme du monde ; De pis en pis - tout mal m'abonde. (Pass. Auv., 1477, 240). Ja lie chere Jamaiz n'aroye De Dieu le pere, Veu qu'en la voye - j'ay tué son filz. Maulditz soyés, princes Juïfs, Que m'estes cause de ce mal ! (Pass. Auv., 1477, 276).

 

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Faire des maux à qqn. "Faire des soucis, du tourment à qqn" : ...que s'il se marioit ainsi sans la satisfaire de grans maux et frais qu'elle li avoit plusieurs fois [faiz] en maladies où elle avoit gardé, que elle estoit en aventure d'en yssir hors de ses sens (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 354).

 

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Mal de jalousie : ...si n'estoit il pas encores bien asseuré, tant estoit fort feru du maudit mal de jalousie. (C.N.N., c.1456-1467, 256).

 

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Mal (d'aimer/d'amour) : Et quant le mal d'amer si fort me point Qu'il me couvient fremir, comment qu'il aille, Et que souvent a contenance faille, Par la vertu de quoi elle me touche, Tant que sus moi n'a mains, ne yex, ne bouche, Ne membre nul qui se puisse mouvoir, Mes tous pensis me fault arrest avoir, Ne je ne sçai au quel lés commencier Dont ma besongne puisse en riens avancier, Ains me couvient estre tous esbahis (FROISS., Orl., 1368, 107). Ce m'est assez bien, que pour elle J'aye du mal que mon cuer cele, Et que je l'ayme Sans plus par penser, en moy meisme, Et que seule dame la clayme Et en mes douleurs la reclaime, Quant autre chose Faire n'en puis, et que je n'ose Pas sans plus penser que desclose Lui soit l'ardeur que je tien close, Car se le dire Actraioit a soy l'escondire, Il n'y aroit plus de quoy rire (CHART., L. Dames, 1416, 204). Amours est droit maistre de l'oeuvre. Et qui pensee A sa vertu pou appensee, C'est maladie de pensee, Ou toute joie est despensee En desirant ; C'est le mal qui, plus va tirant A santé, plus est empirant. (CHART., L. Dames, 1416, 268). Se le mal d'amours vous meffait, Croiez qu'el n'en est mie saine ? (CHART., D. Rev., a.1424, 314). Nenny, car le grief mal d'amer Y met fievre continüelle Qui fait sembler le doux amer. (CHART., E. Dames, 1425, 369). Du tout me metz a vostre voulenté : Faictes de moy tout ce qu'il vous plaira. Je vous requiers - ou ce mal m'occira -, Si j'ay meffait, il me soit pardonné. (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 220). ...toute crainte mise arriere, a sa dicte maistresse son tresgracieux et doulx mal racompta. (C.N.N., c.1456-1467, 91).

 

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Prov. Mal sur mal n'est pas santé : Si est mon cuer tant abrevé De douleur qu'a pou n'est crevé, Quant si planté Se sent de sa joie, en planté De tristour ou tant a hanté ; Et mal sus mal n'est pas santé Maiz grief dangier. (CHART., L. Dames, 1416, 235). Mal sus mal si n'est pas santé, Trop sus trop si est grant oultrage, Vostre baillif est tourmenté, Mal sus mal si n'est pas santé. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 171). Quant le souldan entendi le payen, de yre et couroux que en soy eult devint plus rouge et plus embrase [l. embrasé] que ung feu mais on dit communément que mal sur mal n'est mie sante [l. santé]. Car avant ce que on feust ale [l. alé] a demye lieue loings survint leans ung autre messaige qui moult fort estoit bleciez et navre [l. navré] en pluseurs lieux (Gil. Tras. W., c.1450, 48).

B. -

P. ext. "Ce qui est mauvais, dommageable, nuisible"

 

1.

"Dommage, tort, préjudice" : Nulle ame ne peut mal avoir, Doulce vierge, royne franche, S'en vostre secours a fiance. (Mir. enf. diable, c.1339, 19). Frére, a Dieu, qui vous gart de mal Et vous rende ceste bonté ! (Mir. enf. diable, c.1339, 38). Mal nous vint quant oncques nous aliasmes a Glaude, car nous savions bien que lui et ses freres estoient tous de mauvaise vie, et que nul ne passoit par leur terre qui ne feust desrobez. (ARRAS, c.1392-1393, 207). ...mais, a bien enquerir, il sera trouvé que gens de peuple et de bas estat, qui se mettent sus soubz le nom d'armes, sont coulpables de ces horribles excez, et naist d'entre ceulx du peuple le mal qui sur le peuple redonde, par quoy toute la charge n'en doit pas estre sur les nobles hommes, qui mieulx amassent vivre sur le leur, en leurs maisons, comme seigneurs, que estre hebergez a regret et comme hostes en autruy dangier. (CHART., Q. inv., 1422, 33). [En allant à l'église une femme reçoit le contenu d'un seau de cendres sur ses habits] Allez a l'ostel et les m'apportez [mes vêtements], et vous avancez de retourner, que nous ne perdons la messe avecques tout nostre mal. (C.N.N., c.1456-1467, 260). ...l'amant, a l'aide d'une bonne espée a deux mains dont il estoit saisy, se sauva sans nul mal avoir (C.N.N., c.1456-1467, 418). Et quant icellui roy Henry de Lencastre fut audit lieu de Londres, il le mena tout droit devant la tour dudit Londres, dedens laquelle estoient quatre barons dudit pays pour ledit Henry, ausquelz lesdits Henry et Warwyk parlerent par belles paroles, les tirerent hors d'icelle tour après ce qu'ilz leur promisdrent qu'ilz n'aroient nul mal de leurs personnes et qu'ilz les asseuroient ; lesquelz soubz umbre desdictes promesses, yssirent hors de la dicte tour. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 8). Tu n'auras mal ne viollence, Va-t-en, sans plus faire d'arrest. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 194).

 

-

Mal necessaire. "Quelque chose de mauvais dont on ne peut se passer" : Femme est d'amistié ennemye, Pril ["Péril"] de maison, bonté domye, Male aventure desviable, Mal necessaire. Quelle amye ! (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 206).

 

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"Défaut, vice (de qqc.)" : ...après ce que ledit maistre eust proposé XIJ raisons de la negligence dudit Benedic à l'union poursuir et avoir, et du mal et vice desdictes bulles excommunicatoires (BAYE, I, 1400-1410, 232).

 

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"L'aspect négatif de qqc. (p. oppos. à son aspect positif)" : Siques, tout consideré, le bien contre le mal, quant ce vint au matin, il trettièrent pour yaus rendre as Englès. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 149). Toutesfois finablement peset, aviset et comsideret le mal contre le bien, li rois d'Engleterre respondi as Flamens, par l'information faite et donnee des signeurs desus dis, que se il li voloient jurer et seeler que il li aideroient a parmaintenir sa gerre, il entreprenderoit tout ce de bonne volenté, et aussi il lor jurroit a aidier a recouvrer Lille, Douai et Bietune. (FROISS., Chron. D., p.1400, 341). Pour ce maintien, L'onneur gardant que des dames je tien, Et pour esbatre, a ceste fois soustien Qu'en amours a plus de mal que de bien. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 191). Je ne sçay quoy, dit le bon escuier, quel bien et quel mal en adviendra (C.N.N., c.1456-1467, 122).

 

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Mal tourne à bien mais qu'on le veuille. "D'une réalité néfaste, nuisible peut sortir un bien" : Guerre est de mal preservative Contre paix et oysiveté, Et d'autre part est purgative Des biens qu'on a mal acquesté : Par elle est homme exercité En tout soing que mal ne l'acueille. Mal tourne a bien mais qu'on le vueille. (GAGUIN, Passe temps oisiv. T., 1489, 184).

 

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Il n'est mal dont bien ne vienne : ...sainct Augustin dist que Dieu, qui est souveraine bonté, ne souffriroit point les maulx estre faiz ne avenir se non que des maulx il scet extraire le bien, ainsy que en commun proverbe il est dit : "Il n'est mal dont bien ne viengne". (PIGNON, Commenc. seigneurie V., c.1428-1432, 69).

 

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Nul mal ne peut estre evité s'il n'est d'abord connu : Auchunes choses aussi nous lisons ou aprenons pour che que c'est peril a icelles ignorer, car comme dist Boece : «Nul mal ne puet estre eschievé s'il n'est premier congneu». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 79).

 

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Pour le moins de mal. "Pour courir moins de risques" : Et avant que le soudant, qui s'estoit trop avanciez se peust tourner, le fery le roy de l'espee telement sur la teste que il l'abaty tout estourdy a terre. Atant vindrent les payens si fors qu'il convint, pour le moins de mal, le roy reculer entre ses gens. (ARRAS, c.1392-1393, 106).

 

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Dire (du) mal de qqn. "Dire de qqn des choses contraires à la vérité, faire du tort à qqn par des calomnies, des médisances" : Il [le magnanime] ne loe pas moult les gens et n'est pas mal parleur et mesmes de ses ennemis ne dit il nul mal se n'estoit pour cause d'aucune grant injure. (ORESME, E.A., c.1370, 255). ...depuis lequel temps, il, par plusieurs fois, avoient alé et venu en ladite abbaye bien et paisiblement, et sanz ce qu'il eussent ouy d'eulx dire aucun mal ou reprouche. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 213). ...veu l'ordonnance et dit jà pieçà fait par le roy Phelippe, sur ceulx et celles qui diroient mal de Dieu, nostre createur, de la vierge Marie, sa mere, en jurant le villain serement (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 356). Quant on me dit mal d'aucun, je considere se cellui, qui le dit, a aucune particuliere haine à cellui de qui il parle, aussi se envie lui fait dire ou se il tent à le despointier d'aucun degré pour y estre lui meismes. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 175).

 

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Au plur. : Tous maulx de vous [le duc de Bourgogne] je voiz disant, Pour aveugler leur faulse envye [des Français] (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 149).

 

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Dire du mal à qqn. "Tenir des propos désobligeants à qqn" : ...sans cause et a tort et tresmal adverty vous ay chargée et dit du mal assez, dont il me desplaist ; et m'en repens (C.N.N., c.1456-1467, 466).

 

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Faire du mal à qqn : Ne oncques ne me fit Eür Autant de bien com Meseür A fait de mal, c'est son mestier, Mais ne puis Eür accointier. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 74). A toutes lesquelles doubtes ainsi faictes par ledit connestable lui fut solu et dit par ledit seigneur de Saint-Pierre que ce n'estoit point pour lui changer son logeis, et qu'il le meneroit seurement audit lieu du Palais, sans lui faire aucun mal. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 356).

 

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[D'une situation] Multiplier en mal. "Empirer, devenir plus dommageable" : Li contes de Flandres se tenoit le plus dou temps dalés le roy de France et ne savoit conment pourveira ces coses qui tous les jours mouteplioient en mal, et aussi li rois ne l'en savoit conment consillier. (FROISS., Chron. D., p.1400, 271).

 

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Y penser à mal. "Avoir de mauvaises intentions (dans une situation donnée)" : L'ABBEESSE. (...) Je vous y mettray en tel tiltre Que vous devra bien souvenir De vous plus simplement tenir Une autre foiz. SUER YSABEL. Ha ! ma dame, (...) Sachiez qu'a nul mal n'y pensoie (Mir. abbeesse, 1340, 64). Et cil, qui a mal n'i pensa, Tost la vesti et endossa. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 23). Laquelle Sainteron, de bonne foy et sans y penser à mal, lui ait par aucunes fois envoié ladicte Robine. (Ch. VI, D., t.2, 1409, 219). Je n'é cure que l'en y pense A mal, car je n'y pense point. (Path. D., c.1456-1469, 114).

 

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Prov. Qui mal y pense, mal lui vient. "Le tort qu'on projette de faire (à autrui) vous retombe dessus" : LE PREMIER JUIF. Aman, nostre ennemy, Est dedens sa maison pendu Au gibet qu'il avoit esleu Pour Mardochée, il me souvient. LE SECOND JUIF. Par commun proverbe conclu : Qui mal y pense, mal luy vient (Myst. Viel test. R., t.6, c.1450, 177). Qui mal y pense, mal luy vienne (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 664).

 

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[Idée similaire] Nul ne fait mal sans que le mal le touche : "E ! laz, dist li traïtrez, cy perderai le vie ; Nuz ne fait mal que maux ne soit de se partie." (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 775).

 

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Qui le mal et la riote quiert, le mal et la douleur treuve : ...et sont loyaulx et justes vers leurs prouchains et visins, et sont paisibles, et, pour ce, Dieux les fait vivre en pais et paisiblement ; car qui le mal et la riote quiert, le mal et la douleur treuve (LA TOUR LANDRY, Livre pour l'enseign. de ses filles, éd. A. de Montaiglon, 1371, 84).

 

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"Méfait, délit, exaction, crime" : ...en laquelle ville il avoit aprins le mestier de pelleterie, sanz ce que oncques il eust esté à fere ne fait aucun mal ou larrecin, feussent les choses dessus declarées ou autres (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 48). ...et d'icellui cheval orent trois frans, lesquelx ilz despendirent ensemble en ladite ville, sanz ce que alors il feissent aucun autre mal, murdre ou larrecin quelconques. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 64). Or fu le mal encor greigneur De cil qui ot occis son pere Et espousee aprés sa mere ! (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 292). Pesez, pesez voz vouloirs desraisonnables et le grand mal que vous voulez commettre a petite occasion. (C.N.N., c.1456-1467, 549). Il n'est mal que palhart ne face Quant putain le tient estaché. (Pass. Auv., 1477, 100). La chouse n'est pas fort honeste, Couper la teste D'un homme qui n'a riens meffait, Et, par Dieu, j'ay esté bien beste D'estre en feste Ou ung si grant mal a esté fait. (Pass. Auv., 1477, 107).

 

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Au plur. : ...liquels Hennequins a esté par ledit mons. le visconte prins en l'iglese de Saint-Quentin, et enprisonné, pour souspeçon et renommée d'estre Engleis, et d'avoir fait serement aus Englès, et fait plusieurs mauls et criesmes de leze-magesté. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 381). ...que sondit maistre et lui vindrent avec eulx en France et en Brie, jusques environ Colemmiers, et furent grant piece ou pays, faisans plusieurs maux comme Angloiz. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 94). ...lesquelx, tant deçà que delà, ont fait tous les maulx que l'en puet faire, hors bouter feulx publiquement (BAYE, I, 1400-1410, 340). ...et, pour ce qu'ilz avoient fait des maulz et dommages innumerables, il fu advisé que on les mettroit en justice (FAUQ., II, 1421-1430, 351). En ce temps vindrent aussi à Paris plusieurs des nobles de Normandie pour servir le roy en ses guerres, tous lesquelz furent logez aux faulxbourgs de Saint-Marcel lez Paris, entre lesquelz y en avoit aucuns particuliers qui firent moult de maulx et larrecins, et de ce en furent aucuns d'eulx reprins par aucuns des bourgois de ladicte ville, et qui, contre leur gré et voulenté, y vouloient entrer. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 103). Et, au commencement, lesdiz de Dynam firent de grans maulx et dommage ausdiz Bourguignons, et y en demoura plusieurs mors, qui gueres ne furent plains. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 164). ...le larron qu'en desroy A fait de grans maulx et habus (Pass. Auv., 1477, 219). Audit temps, les gens d'armes bourguignons, qui estoient en garnison à Beaumont, à Bains et Maubauge, faisoient plusieurs maulx en la conté de Guise et autres pays estans en l'obéyssance du roy, en brulant les villaiges, et autres maulx. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 378).

 

2.

"Peine, malheur, calamité" : Ce qui les meut a tels opinions, c'est pour ce que ilz veulent fuir le mal et la misere ou il sont. (ORESME, E.A.C., c.1370, 109). Notez comment par bonnez roynes et veritables, chastes et humbles les biens sont venuz a divers royaulmes, comme la foy s'acreut en France par Clotilde, espouse au roy Clovys ; et, par le contraire, n'est mal qui ne vienne en un royaume quant femmes d'estat se tournent a mal. (GERS., Annonc., a.1400, 239). Quant mon corps estoit en maladie au monde, tu, mon enfant, et vous, mes autres amis, plouriez et monstriez cuer moult doloreux, et vous offriez faire tout vostre pouoir pour mon alegement. Las ! toutesfoiz mon mal present [au purgatoire] et celuy de lors ne sont pas a comparer, car je soustiens tres plus angoisseuse peine que celle du monde. (GERS., Déf., 1400, 228). Il presdit sur une conjunction de Saturne et Mars (...) et, pour ce qu'elle signiffioit sur Occident, dist mal advenir aux riches hommes d'icelle partie, et à leur roy, ce qui advint. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 39 v°).

 

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[Tournure intensive] Mal sur mal : Quant nostre malleur je re[m]ire Excessive est l'adversité ; Car mal sur mal sur nous deux tire : En extreme perplexité, Par debilité Le corps alité, Mourant de famine Dont sur nous domine Desepoir par necessité. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 11).

 

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Avoir du bien et du mal. "Avoir des succès et des échecs" : "Il fault, qui voelt vivre en che monde et avoir honneur, avoir dou bien et dou mal." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 216).

 

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Faire qqc. à mal. "Faire qqc. pour son malheur" : Basin, se dist Charlez, vostre requeste feray : je socouray mes hommez et vous promet : a mal le pensat Jehan, car il serait destruis et tout son linaige mis en servaige ! (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 223).

 

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Prendre à mal que + sub.. "Prendre en mauvaise part le fait que" : Et là venu, le chevalier du duc fit honneur à la royne et luy dit ce qu'il avoit en charge : c'estoit que le duc son maistre se recommandoit par moult de fois en sa bonne grâce, priant que en mal elle ne voulsist prendre que luy-mesme n'estoit venu devers elle pour la visiter (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 281).

 

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[D'une situation] Tourner/se tourner/venir à/en mal. "Tourner en catastrophe" : Jehans de le Faucille (...) quant il veï (...) que on avoit outrageusement ocis le baillieu dou conte, senti bien que les coses venroient à mal. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 180). Il convient et vous savez que les choses aient aucun commencement de mal quant elles se tournent en mal. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 23). ...avec ce affiert au dit grant courage, si que dit est desprisier basses choses esquelles sont entendues qu'il ne perde le temps qu'il doit emploier au bien du gouvernement de sa seigneurie et subgiéz en fatras et choses enfantelines et femenines en fait et en parolles, ne qui à preu ne peuent venir, car de telz choses henter pourroit ensuivre despris de ses subgiéz, qui à trop grant mal lui pourroit tourner que on le reputast tout fol ou nices et simple qui ne sont les proprietéz de grandeur. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 107).

 

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Vouloir (du) mal à qqn : Je ne vueil mal a personne qui vive, Et me souffist ce que Dieux m'a donné (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 91). Lors envoya deux chevaliers de hault affaire devers Remondin, assavoir mon qu'il queroit en alant par my le pays de Bretaigne ainsi armez, ne se il vouloit point de mal au roy ne a son pays. (ARRAS, c.1392-1393, 51). Vray Dieu, se cilz nobles homs avoit prins nostre damoiselle pour moillier, bien nous yroit, nous n'aurions mais doubte de payens, ne d'omme qui nous voulzist mal. (ARRAS, c.1392-1393, 119). J'ay voulu avoir et user de vengence et avoir pugnicion de ceulx que j'ay seulement pensé qui m'avoient voulu mal ou mal fait, et en ay voulu avoir haultement et estroitement mon desir acomply, feust tort ou droit, sans les espargnier ne avoir d'eulx aucune mercy. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 26). ...aucuns publioient à Paris, comme avoit ledit Berry entendu, qu'il haioit les habitans de Paris et leur voloit mal (BAYE, II, 1411-1417, 19). ...si luy en vouloit tant de mal qu'on ne le vous saroit dire [Une jeune femme se croit trahie par son ami] (C.N.N., c.1456-1467, 213). Il me veult tout le mal du monde pour une pouvre foiz que j'ay voulu ronciner sa mere (C.N.N., c.1456-1467, 325).

 

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Au plur. : Et quelconques choses sont faites ou pour paour de plus grans mals eviter ou pour aucun grant bien obtenir (ORESME, E.A., c.1370, 176). Nous (...) enterons en la matere des gerres de Bretagne (...) par lesquelles moult de mauls et de violenses sourdirent (FROISS., Chron. D., p.1400, 461). Ainsi furent Troyens desmis De tous leur plus prochains amis, Dont ilz orent douleur assez ; Mais ne sont pas leurs maulx passez ! (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 131). ...vanité est norrice de tous mauls, la fontaine de tous vices, la voie de iniquité, qui met l'omme hors de la grace de Dieu. (LA SALE, J.S., 1456, 27). Item, ne sçay qu'a l'Ostel Dieu Donner n'a povres hospitaulx. Bourdes n'ont icy temps ne lieu, Car povres gens ont assez maulx. Chacun leur envoye leurs oz : Les Mendïans ont eu mon oye ; Au fort, ilz en auront les oz ; A menues gens menue monnoye. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 127). ...et là, faignant que fust le dieu Anubius, eut sa compagnie, qui estoit femme mariée et moult grande et estymée chaste et pudicq, dont il vint plusieurs maulx, car ledit empereur Thibere les fist tous mectre en croix et subverser ledit temple et fist exiller ledit Mundus, qui l'un des grans de Romme. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 75 v°). Cestui prenostica moult amplement de l'eslevacion des Escorcheurs desquieulx fut aucteur le duc de Bourgongne et Symon Caboche et Haqueville et se commança par les bouchiers de Paris et firent moult de maulx. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 151 r°).

 

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Dire maux à qqn. "Souhaiter des malheurs à qqn" : Et elle tant plus montoit sur son chevalet, et disoit de maulx et maledictions a son pouvre mary (C.N.N., c.1456-1467, 489).

 

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Prov.

 

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A mal prochain hastif secours. "Quand un malheur est proche il est urgent de trouver un remède" : Ou futur gisoit l'aventure De ma dolleur ou de ma joye ; Aultre espoir n'aultre couverture N'aultre remede n'y songoye, Fors qu'en pensant mon frain rongoye En la face de mes ans cours : A mal prochain hastif secours. (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 135).

 

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Aprés un mal en viennent dix : ...Congnoissons que Dieu crea l'homme, Et de labourer luy enjoint En paine et sueur sans qu'il chome, Pource qu'en paix mengea la pomme En son terrestre paradis. Apres ung mal en viennent dix. (GAGUIN, Passe temps oisiv. T., 1489, 177).

 

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Un mal vient rarement seul : Helas, puisque parler convient, On dit que quant ung mal si vient Que voulentiers seul ne vient mye. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 150).

 

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De deux maux il faut choisir le moindre : Dont doit-on, qui bien veult eslire, De deux maulx prendre le moins pire (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 42). Mieulx vault mariage suïr Qu'ame et corps ardoir et bruïr. Si est bon de deux maulx eslire Le meilleur et laissier le pire. (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 214). Mais, tres chier oncle, de moy si tost marier après la mort de mon pere, je ne monstreroye pas que j'en eusse gaires de douleur de sa mort. Et me semble que je me mefferoye trop et en seroye blasmee moult durement en derriere ; et tel me monstre belle chiere qui en tendroit moins compte de moy. A ce respondy le roy : Ma belle niepce, grant chose a ou faire l'estuet, et de deux maulx on doit prendre le plus petit, quant l'un en fault avoir. (ARRAS, c.1392-1393, 189). "De dois mails doit-ons faire le mainre por le plus grief laissier ; ilh vaut mies que chu soit vostre maris, que vos soyés ochis et nostre pays gasteit." (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.1, a.1400, 31). ...Car de deux maulx, puis que tu peuz eslire, C'est le meilleur que preignes le moins pire. (CH. D'ORLÉANS, Ret. am. C., 1414, 9). De deux maulx le moins pire est a eslire. (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 197). [Olivier de la Marche, qui ne veut pas risquer un affrontement pour libérer deux prisonniers]... choisy de .II. maulx le mendre[,] si conclud que mieulx valoit .II. hommes pris que .IIII.m. en grans perilz. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 51). Non pour tant ne le devez faindre, Car de deux maulx certainement On y doit obvier au maindre. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 148). De deux maulx fault le plus grant eviter. (SAINT-GELAIS, Eurial. Lucr. R., c.1490, 62).

 

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Il n'est nul mal dont bien ne vienne : Ayes de lui recongnoissance Et du surplus ne fais doubtance Qu'il n'est nul mal dont bien ne viengne. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 34). Tu as ta part des biens de France, Prendre les te fault en souffrance, Il n'est nul mal dont bien ne viengne. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 35).

 

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Mal d'autrui est grand passement de temps : ...et quant il me souvenoit du triboulement que la avoie veu [dans la maison de Fortune], si passoye aucquez la doulour de m'amie, que avoye perdue. Adonc me souvint du dit qui dist : "Que mal d'autrui est grant passement de temps !" (THOM. SALUCES, Chev. errant W., 1394, 886).

 

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Nul ne doit despire le mehaing ne le mal d'autrui : Nul ne doit despire le mehaing ne le mal d'autruy, car nul ne scet qui ["ce qui"] à l'ueil lui pent, (LA TOUR LANDRY, Livre pour l'enseign. de ses filles, éd. A. de Montaiglon, 1371, 160).

 

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Nul mal n'advient sans raison : ...Car sçavoir doib, qui sui fais hom, Que nulz maulz n'avient sans raison. Sy m'en passe comme contens Et a Dieu du tout m'en attens (Pastor. B., c.1422-1425, 100).

 

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Loc. prov. Ni pour grand bien trop se resjouir, ni pour grand mal esbahir. "Ne pas trop se réjouir pour un grand bonheur, ni s'effrayer pour un grand malheur" : Ainsi vous pouvez veoir comment fortune vient aucunefois aux ungs et aucunefois aus aultres. Et pource les sages dient par maniere de proverbe : "Ne pour grant bien trop s'esjouir ; ne pour grant mal esbahir" (BOUVET, Arbre bat. N., c.1386-1389, 34).

C. -

P. ext. "Simple difficulté"

 

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Avoir du mal. "Éprouver des difficultés (dans une situation donnée)" : ...madame, qui avoit encores la langue a commendement, quelque mal qu'elle eust, commença une grande et longue harengue (C.N.N., c.1456-1467, 141). ...je suis bien gouverné, quand avec tout le mal que j'ay eu l'on ne me fait que farser (C.N.N., c.1456-1467, 189).

 

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Avoir du mal de faire qqc. : ...n'est ce pas bien raison que avec tout le mal que j'ay eu d'amasser et espergner, pour accroistre et embellir vostre hostel et le mien, je soye reprochée (C.N.N., c.1456-1467, 463).

II. -

[Domaine de la norme (morale, religieuse, sociale...)]

A. -

"Ce qui est contraire à la morale, au bien"

 

1.

"Disposition à nuire, méchanceté..." : Ainsi Raison et Loyaulté fauldroit, Et Crainte et Honte, Ne on ne sçaroit plus qu'Honneur vault et monte Car bien et mal seroit tout en un compte, Ne Hault Vouloir qui tout vaint et seurmonte Ne cerche guiere A s'empeschier en basse euvre et legiere. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 166). Qui ne la bryde de bonne heure, Jeunesse en mal les gens incluz (Pass. Auv., 1477, 117). En jeunesse tout mal est mis Et compris (Pass. Auv., 1477, 118). Bien peut le jeune mal fuÿr, Si se veult regir par raison, Et qu'il s'en vayse recuillir Avec gens de bonne maison. (Pass. Auv., 1477, 119). Lazer, mon amy, mon bon frere, Comme sçavés, nous devons ayder Es grans pecheurs pour les retraire De mal et a bien les tirer, Fin que puissions admeriter Le saulvement de nostre arme. (Pass. Auv., 1477, 133). ...il luy plait [à Jésus] Que soit deffait - le mal de m'ame (Pass. Auv., 1477, 151). ...en toy Jhesus, nul mal Je [Pilate] n'ay trouvé par renommee Celon la loy imperïal (Pass. Auv., 1477, 176). Par Dieu, ce sont maulvaiz Juïfz, Remplis de mal et de malice. (Pass. Auv., 1477, 269).

 

2.

"Ce qui est mauvais, ce qui est contraire au bien" : A ce propos narrent les histoires rommaines que la longue paix descongneue, la plenitude des biens qui enorgueillist les couraiges des ingras et la delicieuse oysiveté qui donne occasion de soy subtilier a mal, furent cause des batailles intestines, guerres et discors d'entre les Rommains es temps de Catilina, de Silla et de Marius, dont la seigneurie rommaine, plus par eulx-mesmes que par estranges ennemis, est decheue du tout et sans ressource, qui fut tele et si haulte comme les ruines le demonstrent. (CHART., Q. inv., 1422, 26). Ne say que vous appellez "bien" - Mal emprunte bien autruy nom - Mais il est trop large du sien Qui par donner pert son renom. (CHART., B. Dame, 1424, 346). Car, selon ce que les princes et les haulx hommes se maintiennent en estat et en vie, le peuple y prent sa rigle et son exemple soit de bien ou de mal, de paix ou d'esclandre. (CHART., Q. inv., 1422, 37). Et de tant comme le bien est plus universel et commun, est il plus excellent, et par le contraire le mal plus damnable, comme par une mesme discipline se jugent deulx contraires. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 46). ...il te propose faire le bien contre le mal et ne rendre point malediction pour malediction, et ainsi des autres exhortations, conseilz et bonnes admonicions. (CIB., p.1451, 188). Se voullez aller a cheval Et estre homme de grant affaire, Premier il nous fault contrefaire Du saige et du bon entendeur, Dire le mal et le bien taire Et estre tresparfait menteur, Bourdeur, mensongeur, raporteur, Jurant fort d'estoc et de taille. (Sots triumph., c.1475, 45). Par une famme qu'on cognoit Tout mal croit, Si elle non est de bon affaire. (Pass. Auv., 1477, 107). Pere et mere, juge, predicateurs Seuffrent a mal leurs subjetz convertir, Et par ce point perissent bonnes meurs. (Cene dieux, c.1492, 110).

 

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Mal de qqc. "Ce qui est mauvais pour qqc." : A vous parle, compains de galle, Mal des ames et bien du corps : Gardez vous tous de ce mau halle Qui noircist les gens quant sont mors ; Eschevez le, c'est ung mal mors. Passez vous au mieulx que pourrez, Et, pour Dieu, soiez tous recors : Une foyz viendra que mourrez. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 132).

 

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Science de bien et de mal. "Connaissance du bien et du mal" : A Eve vint et si lui dist Que du fruit deffendu goustast Et son mari amonnetast D'en mengier, si eussent fiance Qu'aussitost aroient science De bien et de mal, et pareil Seroient a Dieu non pareil. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 136).

 

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Condescendre à mal. "Consentir à, accepter de faire ce qui est mauvais" : Se Dieu m'eust donné rencontrer Ung autre piteux Alixandre Qui m'eust fait en bon eur entrer, Et lors qui m'eust veu condescendre A mal, estre ars et mis en cendre Jugié me feusse de ma voys. Neccessité fait gens mesprendre Et fain saillir le loup du boys. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 33).

 

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Discerner le bien du mal : De ceste Discrecion, de quoy elle sert ou puet servir, dist l'Ecclesiaste que c'est une vertu par laquelle se puet congnoistre ce que est bon et ce que est mauvais en discernant le bien du mal en l'election du bien pour ce que il est valable et deboutant le mal pour ce qu'il est nuisible. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 66).

 

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D'un mal faire mais. "Accroître une chose mauvaise" : O Belzebut, d'enfer ministre, Et vous diables d'enfer maulvaiz, Charchés quelcun bon artumiste Qui sache d'un mal faire maiz, Et je luy donrey charge et faiz D'aler Herodïas tempter, Pour faire la mort actempter A Jehan baptiste, de Dieu voix. (Pass. Auv., 1477, 92).

 

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Dire mal : L'omme qui veult mener rigle de bonne vie pour avoir beaucoup de bien en ses jours doit garder sa langue de dire mal et que de ses levres ne yssent quelconques parolles de faulseté ne tricherie, delaisse le mal et l'eschieve et face le bien, quiere paix et la suivre. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 83).

 

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Enhorter/tirer qqn à mal : Et dient les docteurs que Dieu leur fit grant cortoisie, car leurs parens lez eussent tirez a mal. (GERS., Pent., p.1389, 80). Et pour ce je adjouste le second enseignement. Ne retenez, sire, envers vous quelzconques personnes qui vous enhortent a mal et au contraire de verité (GERS., Noël, p.1404, 310).

 

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[D'une chose] Attraire à mal : ...les aultres oïent paroles attraihans a mal et qui boutent le feu mauvais es maisons Dieu et es hospitaulx du Saint Esperit, c'est a dire es ames. (GERS., Pent., p.1389, 80).

 

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Faire mal/mal faire. "Agir d'une façon contraire au bien" : De che dist saint Gregoire ou livre dessus nommé : «Jamais par obedienche ne doit on mal faire, mais auchunefois doit on laissier auchun affaire par obedience». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 226). Auchunes sont chastes pour che que pas ne sont requises, ou pour che que la puissanche de mal faire leur est par terreur ou crainte ostee. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 408). Et le invercundeus n'a honte de faire mal. (ORESME, E.A.C., c.1370, 274). Toutefoiz ne vueil je pas dire Ces choses affin de mesdire, Ne diffamer le tres noble ordre Angelique, a qui n'y veult tordre, Ne de nul singulierement, Mais reprendre pulierement Les vices, qui ne sont a faire, Et ce peut chacun, sanz meffaire, Dire, tant soit simple personne, Affin que le renom, qui sonne Desplaisamment, facent cesser Ceulx qui, par mal faire et penser, L'ont acquis (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 9). Ensi sçavoit messires Hues li Espensiers aler au devant de ses besongnes et bien sçavoit que il faisoit mal, mais tant estoit endurcis en ses malisces que il n'en savoit ne voloit issir. (FROISS., Chron. D., p.1400, 53). Sans nul grever, sans mal faire, Son affaire Veult parfaire (CHART., L. Plais., c.1412, 149). Il vous semble que seigneurie est autant a dire comme puissance de mal faire sans punition. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 68). ...ilz [Des "sergents" venus arrêter un homme] avoient grand volunté de mal faire ; il(z) sembloit qu'ilz voulsissent tuer quaresme ! (C.N.N., c.1456-1467, 508). Job si voult tout son temps user A bien fairë et a bien dire, Oncques ne se voult abuser A mal fairë et a mal dire, Rien a nul ne sceut refuser Ne creaturë esconduire, Tout son temps voult, sans plus muser, Au vouloir Dieu du tout conduire. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 104). Et, pour parler d'Allemaigne en general, il y a tant de fortes places et tant de gens enclins à mal faire et à piller et robber et qui usent de force et violence les ungs contre les autres pour petite occasion, que c'est chose merveilleuse (COMM., II, 1489-1491, 210).

 

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Faire mal de + inf. : A viz m'est que le marquis fist Trop mal d'espouser Griseldis La bonne vierge qui toudiz Avoit paix en sa povreté, Car moult durement s'est porté Envers elle jusques a ci, Qui ses deux enfans lui toli Et maintenant la vuelt laissier, Et pour sa noblesce essaucier En vuelt une de hault lignage. (Gris., 1395, 79). ...ne aussi ne les congnoissoit, ne savoit qui ilz estoient, et faisoient mal de le ainsi injurier, en rappellant ycelles injures à son courage (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 48). Vous faites mal et pechié de batre ceste povre fille, qui riens ne vous demande. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 146).

 

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Prov.

 

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Qui mal fait, il hait lumière : ...car l'en dit communement que qui mal fait, il hait lumiere. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 469).

 

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Qui fait mal s'oblige à tourment : O aveuglez, vous vous rïez Quant aulcun homme avez trompé ; Mais une fois vous vourrïez N'avoir mangé que pain trempé En bel eaue, et qu'atrempé Eussez vos langues aultrement. Qui faict mal s'oblige a torment. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 64).

 

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Penser mal : Qui pense mal, bien ne lui vieigne Dieu doint a chascun sa desserte ! (CHART., B. Dame, 1424, 344).

 

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Penser mal de qqc. "Juger qqc.comme mauvais" : ...luy sembla qu'elle pourroit aller veoir son chanoine accompaignée de sa voisine, sans qu'on y pensast mal (C.N.N., c.1456-1467, 521).

 

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Se tourner à mal : ...et, par le contraire, n'est mal qui ne vienne en un royaume quant femmes d'estat se tournent a mal. (GERS., Annonc., a.1400, 239).

 

3.

"Mauvaise action, faute" : Punit serey Du mal commis (Pass. Auv., 1477, 276). Grant mal sera, par mon serment, De faire morir Jehan babtiste. (Pass. Auv., 1477, 97).

 

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Au plur. : Pour ce conclus : de bien faisons effort, Reprenons cueur, ayons en Dieu confort ; Nous n'avons jour certain en la sepmaine. De noz maulx ont noz parens le ressort, Par offencer et prendre autruy demaine. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 63). Nous advons de grans maulx commis, Desqueulx justement portons poine (Pass. Auv., 1477, 218).

 

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Faire du mal. "Commettre une action contraire au bien" : Tais toy, tay toy, dit le bon prelat, qui avoit toutes les mains grasses (...).Je ne fais point de mal. [Un prêtre mange des perdrix un vendredi] (C.N.N., c.1456-1467, 583).

 

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Loc. prov. Faire mal et prendre du pis. "Semer le vent et récolter la tempête" : A chascun [le jeune] menasse la mort, Et s'en va courant d'uys en huys ; Quelcun l'assomme comme ung porc, Jeune fait mal et prent du pys. (Pass. Auv., 1477, 118).

 

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Rendre mal pour mal : Ne vous contrevengiez de frappeures de langue, car c'est grant vertu de ne blecier cellui qui a blecié, et grant force de courage de non rendre mal pour mal, lesquelles choses commande Nostre-Seigneur en son Saint Euvangille. (CHR. PIZ., P.V.H., 1416-1418, 33). Pour Dieu, seigneurs, ostez vos mains ! On ne doit pas mal pour mal rendre. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 129).

 

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Prov.

 

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On ne fait mal que mal ne soit fait : Je ne fais mal que mal ne me soit fait (BOUVET, Arbre bat. R.-B., c.1386-1389, 309).

 

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Nul mal ne demeure impuni : ...il n'est bien qui ne soit mery et mal qui ne soit puny. (LA TOUR LANDRY, Livre pour l'enseign. de ses filles, éd. A. de Montaiglon, 1371, 121). ...Mais justice bien lui promet Que mors en sera et honnis : Nulz maulz ne demeure impunis. (Pastor. B., c.1422-1425, 98). Justice venra tost ou tart Et sera ["saura"] qui mangea le lart. Croy de vray ce que je te dis : Nul mal ne demore impugnis (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 209). ...par équité telle que tout bien fait est rémunéré également, comme le mal fait pugni. (CHASTELL., Vérité mal prise K., c.1460, 263).

 

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On fait mal pour le pis esloigner : Mieux vaut coper .I. doit c'unne tieste trenchier Qui poet le loy de Dieu acroistre et essaucier, Il fait bon reculer pour li pluz avancier, Et sy fait on bien mal pour le pis eslongier : Ce dist Catons li sages. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 373).

B. -

RELIG.

 

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"Ce qui est répréhensible du point de vue religieux, péché" : A justement parler, c'est mal ou pechié tout che qui est contraire a la voulenté divine. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 226). Toutesfoys escoutez encores la fraude et decepcion de l'ennemy ! Car il ne souffist pas que l'ame qui se est mise sa parrochienne et sa subjecte soit tellement ensevelie ; mais affin d'acroistre le mal, et que d'aucune aventure remede n'y soit mis par misericorde, il gette dessus l'ame ung drap fait et tissu d'ypocrisie, de faintise et simulacion pour apparoir belle au monde. (GERS., Purif., 1396-1397, 66). ...par son feu - [Jésus] m'a fait lacher Ma meschant cher, Que trabucher - en mal m'a fait. (Pass. Auv., 1477, 151).

 

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Donner cause de mal à qqn. "Être ocasion de péché pour qqn" : ...mais l'ordure du pechié, duquel la parole corrompt l'air, me contraint a les taire, affin aussy que je ne donne cause de mal aux innocens. (GERS., Pent., p.1389, 78).

 

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Le mal pardurable. "La damnation éternelle" : Et doit icellui pecheur avoir regard que puis que creature doit desirer la santé du corps, qui est estour lourgable [l. escoulourgable ?] et trespassable, par plus forte raison doit il curer de la noble ame qui est ordonnee a recevoir le bien perpetuel ou le mal pardurable. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 17).

 

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Mal d'Enfer : Du mal d'Enfer dist saint Jerome sur Jeremie ou .IIIe. livre : «Mieulx vault non estre que vivre en tourment». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 351).

 

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Le mal de tel défaut. "Le péché de (tel défaut)" : Contre ces .II. maulx est dit en Ecclesiastique el .XIe. chapitre : «Esjoÿs toy, jenne homme, en ton adolescence», asscavoir contre le mal de ire enflee, «et soit ton cuer en bien es jours de ta josnesse», asscavoir contre le mal de luxure. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 281).

 

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[De Dieu] Rendre mal pour mal/bien pour mal/mal pour bien : Saint Augustin dist que Dieu rend mal pour mal, c'est a dire paine pour pechiéz, et ce par justice, car il est juste. Item rend bien pour mal, c'est a dire grace aux injustes, car il est bon. Item rend bien pour bien, c'est grace pour grace, car il est bon et juste. Jamais ne rend mal pour bien, car point est injuste. (Somme abr., c.1477-1481, 177).

 

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Les maux. "Les mauvaises actions, les péchés" : Filles, veez vous la le pays ou vous fustes neez et ou vous eussiez eu vostre partie, ne feust la fausseté de vostre pere, qui vous et moy a mis en grant misere sans fin jusques au jour du Hault Juge, qui punira les maulx et essaucera les biens. (ARRAS, c.1392-1393, 11). ...Que Humain Lignage en tout uni Deust à mort estre puni Et effacé son nom de Terre, Par fort venim, famine ou guerre, Selon les maulx et les péchiez Dont il estoit moult entechiez. (LA HAYE, P. peste, 1426, 37). Marte, ma seur, elle est infame Et ostinee en ses maulx. (Pass. Auv., 1477, 134). Pour estre monde Vaiz rendre compte - de tous mes maulx ; De mes deffaulx (...) vaiz quarre grace. (Pass. Auv., 1477, 152). De doleur j'ay le cuer tout vain, Par desdain, Des maulx qu'ont fait tous les pecheurs. (Pass. Auv., 1477, 197). Ainsi Dieu prevoit les maulz que fait cestui qui les euvre, et toutevoies pas n'est cause des maulz qu'il fait, et neentmoins, il sera se il est preveu de Dieu. (Somme abr., c.1477-1481, 167).

C. -

THÉOL. Le principe (de) mal. "La cause active de tout ce qui est contraire au bien" : S'ainsi est que l'un des deux a estre en l'aultre ou par l'aultre, mais estre par soy et non par aultre est bon, et le principe mal seroit plus mal se il n'avoit cellui estre qui est bon, ergo le principe de mal, qui se dist mal, n'est pas souverain mal, car s'il avoit estre par soy qui est bon, pas ne souffreroit qu'il fust souverain mal. (Somme abr., c.1477-1481, 106). Item se il estoit ung mal souverainement duquel procederoient tous maulz, il s'ensievrroit que, selon le corps, Cristus seroit de ce mal principe, car en son corps a esté le mal de paine, comme sa passion et sa mort et aultres paines qu'il souffrit demonstrent, laquelle chose dire est abus, comme puet apparoir par les choses dessus dittes. (Somme abr., c.1477-1481, 107).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

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