C.N.R.S.
 
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FEW VI-1 34-39,40b magister
MAISTRE, subst. masc.
[T-L : maistre ; GD : maistre1/maistre3/maistre4 ; GDC : maistre ; AND : mestre1 ; DÉCT : maistre ; FEW VI-1, 34-39,40b : magister ; TLF : XI, 201b : maître1]

I. -

[Idée de domination]

A. -

"Toute personne qui exerce une autorité sur qqn"

 

1.

"Seigneur (par rapport au vassal) ; en partic. roi, souverain" : Li rois retint ceste cose en grant orgueil et grant presumption, et dist qu'il ne voloit nul mestre en France fors lui. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 176). "Je vueil", dist-il, "parler à monseigneur de Glocestre, mon maistre, car c'est pour besoingne qui touche à lui grandement..." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 54). "Se je donne et marie ma fille au conte de Guerles, il vouldra estre et sera mon maistre. Je ne seray le sien point..." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 147). Sire chevalier, dist le roy, menassier povez vous assez, car autre chose n'emporterez vous de moy, car voz maistres ne voz menaces ne prise je pas un festu. (ARRAS, c.1392-1393, 158). Et lors la dame lui dist moult attrempeement : Sire chevalier, monseigneur n'est pas ceans, et pour tant vueil je aler par devers monseigneur nostre maistre, pour savoir que c'est qu'il lui plaist, car il me semble qu'il soit cy venus comme par maniere de faire guerre. (ARRAS, c.1392-1393, 207). ...[le chevalier] se vint loger en une hostellerie qui par le fourrier de monseigneur le duc [Phelippe] de Bourgoigne son maistre luy avoit esté delivrée. (C.N.N., c.1456-1467, 431). ...un vaillant evesque d'Espaigne (...) pour aucuns afferes du roy de Castille, son maistre, ou temps de ceste histoire, s'en alloit en court de Romme. (C.N.N., c.1456-1467, 580). Or sa, ce titre sera cy mis ; Mon maistre [Pilate] l'a ainsi ordené. (Pass. Auv., 1477, 215). Neemyus, natif de Jherusalem, fort entendu en la science des estoilles et, pour ce, bien amé de son maistre [Arthaxarxes], roy de Perse, et aussi de Esdras et de Socrates, fut environ ce temps en grande appreciacion et obtint du roy, son maistre, de reclorre de murs Jherusalem, qui avoit esté razé (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 48 r°).

 

-

Seigneur et maistre : Li rois riches dons li donna Et maistre et signeur l'ordonna Et fist de toutes les provinces Sus les sages et sus les princes De son païs de Babiloine. (MACH., C. ami, 1357, 18). ...Jaquemon d'Artevelle (...) fist le mestre et le signeur et volt monstrer poissance entre ceuls de Gand. (FROISS., Chron. D., p.1400, 270). Nostre regne nous ont tolu [les Romains] Tant que n'avons seigneur ne maistre, Fors ainsi qu'i le veulent mectre, Et ainsi nous tiennent es géz Leurs tributeurs et leurs subgéz Et, pour nous plus mectre en denger, Font nostre roy d'un estranger (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 531).

 

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D'estriver à son maistre ne peut on gagner. "Il y a tout à perdre à se battre contre son suzerain" : ...Car on dist .I. parler souvent en reprouver : D'estriver a son maistre ne poet on gaignier (Bât. Bouillon C., c.1350, 133). [gaignier recouvre prob. un ancien gaaignier qui faisait un vers juste]

 

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Quand le maistre est mort peu vaut le remanant : ...toust seront desconfit, leur force vont perdant. Quant le mestrë est mort, peu vault le remanent. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 330).

 

-

[D'un être céleste (dieu paien, Dieu chrétien)]

 

.

(Souverain) maistre : Dieu peut pardonner et veult Trop plus que pechier on ne peut, Car il est Dieu souverain maistre. (Mir. mère pape, c.1355, 358). Li dieux qui est signeur et maistre, De quan qu'il puet morir et naistre, De quan qu'il est, fu et sera Et qui jamais ne finera, Qui est darreins et primerains, Et de tous les dieux souverains (MACH., P. Alex., p.1369, 3). "Mon Dieu, dit elle, mon maistre et mon empereur, poin[t] ne suys du tout non saichant de la belle entreprise que tu veulz faire, et de l'excellente dame que proposez former..." (GERS., Concept., 1401, 391). "Belle seur, disoit Raison a l'Ame, tu es la tres belle ymaige, laquelle Dieu, le souverain Maistre, a voulu faire pour monstrer son art par dehors, sa puissance, sa saigesse et sa benivolence..." (GERS., Trin., 1402, 166).

 

-

Maistre premerain : Bonneürté est, ce me samble, Ce qui donne ces sis ensamble : Gloire, Delit et Reverence, Puissance, Honneur et Souffissance. C'est bien parfait et souverain Qui vient dou maistre premerain Qui est fin et commancement, Trebles en un conjointement, Uns en trois et un tout seul bien, Ou il ne failli onques rien. (MACH., R. Fort., c.1341, 103).

 

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Maistre de toutes les choses : En toutes choses commencier on doit appeller le Createur des creatures, qui est maistre de toutes les choses faictes et a faire, qui doivent tendre a perfection de bien et les autres pervenir selon les vices des creatures. (ARRAS, c.1392-1393, 1).

 

2.

"Personne qui a autorité sur qqn pour se faire servir" : "Comment, Amours ?" Ce dist Raisons, "est ce dont de vos tours Qu'il amera, sans avoir nul secours, Celle qui a donné son cuer aillours ? Et qui vous sert, Il n'a mie le loier qu'il dessert ? Certes, fols est qui a servir s'aert Si fait maistre, quant son guerredon pert." (MACH., J. R. Beh., c.1340, 125). Se de vostre serf faites maistre, S'iert grant folour. (Mir. femme roy Port., c.1342, 168). Se David par ceste raison Son maistre et son seigneur l'appelle [Crist], Conment sera la chose telle Que son fil soit ? (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 240). ...il estoit allez en la ville de Cosne sur Loire, pour trouver maistre à servir (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 228). ...un nommé Thevenin Le Bourguignon, clert dudit Godefroy, lui dist que sondit maitre ne le vouloit païer de ce qu'il avoit gaigné et deservi à lui (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 370). ...six ans a ou environ, qu'il estoit logiez et demouroit comme varlet en l'ostel Thierry Godehaire, porteur d'affeutrure, et que sondit maistre fu alez hors en la ville, il ala en la chambre de sondit maistre à un matin, environ heure de prime, et illec trouva le coffre de sondit maistre ouvert, ouquel coffre il print troys frans en or qui y estoient, lesquelz, ainsi par lui prins, il emporta, et se parti de l'ostel de sondit maistre sans son sceu (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 404). ...puis deux mois a ou environ, il a esté sanz maistre et vacabond parmi la ville de Paris, attendant trouver le service d'aucun seigneur (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 166). En quelle doulceur et humilité pria il et escript pour ung serf fuitif qui avoit emblé les choses son maistre, nous le pouons congnoistre par l'espitre qui est a Philemon pour Onesimus. (GERS., P. Paul, a.1394, 512). ...ne laissera, pour rien que luy puist advenir, qu'il ne l'advertisse de tout ce que loyal serviteur doit faire a son maistre. Le maistre, lyé et joyeux de la nouvelle garde de sa femme, laisse l'ostel (C.N.N., c.1456-1467, 96). Le varlet fist son rapport a son maistre (C.N.N., c.1456-1467, 121). ...les varletz dirent que c'estoit leur maistre. (C.N.N., c.1456-1467, 367).

 

-

"Celui qui paye les services d'un avocat, client d'un avocat" : Je di tousjours en verité En plaidoyant devant ses juges Mes raisons et mes suterfuges ; Je caiche menu et souvent Le droit, et arrier et avant Je sçay bien desfendre mon pal ["affaire"] (...) ; Je lo mainte fois et conseil Que faiz nouveaulx doubteus se treuve, Si que mes maistres ait la preuve, Car qui scet garder près et loings A la fois treuve des tesmoings Dont on puet prouver sa besongne. (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 160).

 

-

Prov. À mauvais maistre mauvais message : Et ceulx qui se meslent de faire Les lettres, dont gens ont a faire, Dieu scet se j'en vi, la entour, A plusieurs faire maint faulx tour, Dont s'en ensuivi dueil et perte A maint ! Dieu leur doint leur deserte ! Et ainsi, comme dit un sage : " A mauvais maistre mal message." (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 59).

 

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À tel maistre tel message : [Le narrateur voit en pensée mécréance lui apparaître comme une bête hideuse et argumenter contre le Saint-Sacrement] Touttefois en cy je me reconfortay que je aperceu tantost qu'elle estoit envoiee de par les Juifz incredulez, selon le texte de l'evangile saint Jehan (...) A tel maistre tel messaige. (GERS., St-Sacr. G., c.1402, 699).

 

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À tel maistre tel valet : Ainsi comme dit est, fu fait messire Bertran de Clequin, à la tres grant exaltacion et exaulcement du reaume, conestable de France, et vrayement se peut de lui dire ce que dit le proverbe commun : «A tel maistre, tel varlet ou serviteur», car, selon la digneté du sage maistre, c'est assavoir le roy Charles, estoit aduisant si chevalereux et si vertueux lieutenent et serviteur, laquelle chose croy, que en leur temps furent .II. des plus solempnelz hommes, chascun en sa faculté, qui fussent ou monde, dont soit mension. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 194). A tel Seigneur telle mesgnie, A tel maistre tel varlet, A fol Seigneur fol serviteur (TARDIF, Facéties Pogge M., c.1490, 120).

 

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[Prov. inversé] Selon le cler est deu le maistre. "Tel clerc, tel maître" (Cf. R.H., Comment. Test., 83 : «Inversion, à effet, comique, d'un proverbe courant (Selon seigneur maisnie duite) (...) "Tel maître, tel valet"») : Bien dit ou mal, vaille que vaille, Enregistrer j'ay fait ses diz Par mon clerc Fremin l'estourdiz, Aussi rassiz que je pense estre, S'il me desment, je le mauldiz : Selon le clerc est deu le maistre. (VILLON, Test. M., 1461-1462, 59).

 

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Celui qui sert son maistre sans faire vilainie On le doit mieux aimer qu'amant ne fait amie : ...Il [un maréchal] a esté tres bon touz les jours de sa vie, Vers son maistre loyaulx sans penser a folie ; Cilz qui son maistre sert sans faire villenie On le doit mieulx amer qu'amans ne fait amie (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 240).

 

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[Prov. inversé] : : Je congnois le maistre au varlet (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 54).

 

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On ne doit jamais servir son maistre oultre son gré : Et dist qu'on ne doit jamaiz servir maistre oultre son gré et pareillement que les maistres ne doivent retenir les serviteurs, quant ilz demandent congé, qu'ilz ne leur donnent liberalement. (BUEIL, II, 1461-1466, 259). Il dit que ung serviteur est lasche de servir son maistre oultre son gré, et fault dire, quant il ne le sert par amour, qu'il le sert par haine et pour lui faire mal. (BUEIL, II, 1461-1466, 260).

 

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Qui sert bon maistre attend bon loyer : Charité les a deffenduz D'aller en enffer le reclus, Et Pitié qu'ilz ont bien norrie En leur maison toute leur vie. En dit ung proverbe souvent : Qui bon maistre sert, bon loyer en atant. (Liber Fort. G., 1346, 74). Mais, je me doubt, et il peut estre, Que la deffaute tint au maistre, Car bon loyer cellui actent, Qui service a bon maistre tend. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 11). Maintenant a la bourse desgarnie, Necessité le contrainct qu'il le dye, Car qui bon maistre sert bon loyer en actend. (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 176). ...Qui bon maistre servir entend, Par droit bon loyer en actent. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 236). Et les anges te portent tant d'honneur Que a toy servir se voeullent emploier : Qui sert bon maistre il attend bon loyer. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 427).

 

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Nouveau maistre, nouvel argent : LE PREMIER ESCUYER. ...Nous aurons autre roy nouveau. LE SECOND ESCUYER. Voire, voire, c'est le plus beau ; Nouveau maistre, nouvel argent. (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 208).

 

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On ne peut servir à deux maistres : ...Car, qui fais de siecle procure, A peine peut il desservir Benefice et Dieu bien servir, Auquel service sont voüez [les prélats d'Église] ; Et dire a l'Escripture ouez Que "l'en ne peut bien a .II. maistres Servir, ne tenir divers estres." (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 66). On ne puet servir a deux maistres. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 197). ...quant au regart d'avoir deux cordes [deux cordes en son arc], c'est a entendre deux dames, il n'est point possible que celluy qui ce fait soit constant en fait n'en pensee ; car nulz ne poeut a deux maistres servir. Par ainsy, l'une corrompt l'autre. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 159).

 

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Par servir devient on maistre : ...par droit dessert Loyer et honneur qui bien sert, Et par servir devient on maistre. (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 11).

 

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Qui commet un méfait avec son maistre se voit seul pendre/est tout seul bouilli : ...Il resamble celui a se malle journee Quil va avoec son maistre embler a recelee Et puis se voit seul pendre. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 631). ... "Or est mes corpz cheti[s] ! Il appert et c'est voir et il avient tousdis Qui avec son maistre s'an vait per le pays A la faulce monnoie, il est tout seul bouilli..." (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 899).

 

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Qui bon maistre sert, il a bonne saudee : Et quant li drapz fu pains, et li oevre ordenée (;) Elle en donna le maistre, c'est véritez prouvée, Tant : qu'ains puis povreté il n'ot, en sa durée. Car qui bon maistre sert, il a bonne saudée (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 43).

 

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[Dans un cont. fig.] "Celui qui a autorité sur les passions et les vices" : Dyogene respondit : "Je n'ay que fere du serf de ma serve". "Qu'est-ce à dire ?" dist Alexandre, "veulx tu dire que je suis serf de ta serve ?" "Ouy," dist-il, "car je suis maistre et dompte convoitise et tu la serfz, pourquoy tu sers celle qui me sert". (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 56 r°).

 

3.

[Le mari par rapport à sa femme] : ...comme femme fresle, legere et muable de courage, ay baillé part et porcion a aultry de ce dont il estoit et devoit estre le seul seigneur et maistre ? (C.N.N., c.1456-1467, 424).

 

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[Dans le langage courtois] Estre mis à maistre. "Être dominé" : Si prins a penser durement A ma dame, a qui bonnement Me sui, sans retollir, donnés Et ligement abandonnés ; Et pensoie dont ce puet naistre Que je sui si fort mis a maistre Que j'ai et cuer et corps ravi Pour ma dame c'onques ne vi (MACH., Voir, 1364, 132).

 

4.

[Le vainqueur par rapport à son prisonnier] : ...Se un prisonnier baille la foy A son maistre, soit prince ou roy, Que de lui ne se partira Sanz congié ne ne s'en yra, Se son maistre depuis le lie (...) Ou le fait en prison garder, Le prisonnier s'en puet aler, Sans ce qu'il ait en riens mespris (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 313). Et y eut aussi maint homme mort et pris et recreu sus les camps, ensi que li aucun escheoient en bonnes mains, et qu'il trouvoient leurs mestres courtois. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 169). ...messires Thumas de Felleton (...) fu mis à finance de son maistre messire Jehan de Lignac, à qui il paia trente mil frans, et puis fu delivrez. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 14). Che propre soir après souper, acata li sires de Gommegnies le conte de Saint Pol à son mestre qui pris l'avoit, et l'en fist fin de dis mil frans. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 188). ...devers son capitaine s'en retournoit pour faire finance de sa renson, et a son maistre l'envoyer ou la porter. (C.N.N., c.1456-1467, 54). Et, pour ce, le prisonnier achatte sa foy et sa franchise par argent ou aultrement et fait tant que son maistre le quitte de sa foy. (BUEIL, II, 1461-1466, 213).

 

5.

"Toute personne qui exerce une autorité dans un domaine, un secteur donné"

 

a)

MAR. "Capitaine commandant effectivement un navire (dont il n'est pas nécessairement propriétaire)" : ...le maistre du dromon lui print a demander : "Dame, pour Dieu, fait il, ou voulés vous aller ?" (Tristan Nant. S., c.1350, 104). Au Ponteaudemer en vint ung messagier qui estoit maistre de nef de mer et estoit Costentinois (Chron. Valois L., c.1377-1397, 39). ...Adam Beringuier, mestre de l'Edouarde du roy nostre seigneur (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1339, 13). À Perrin Duval, maistre dune [l. d'une] nef de Cherebourg, tant pour le fret de sa nef où il mena Sanche Loppis dudit lieu de Cherebourg en Angleterre pour les besoignes de Monseigneur, comme pour la despense que firent ledit Perrin et ses compaignons oudit voyage (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 364). ...Jaquet le Bouchier et le dit exposant, maistres de trois barges d'armée (Doc. Poitou G., t.4, 1372, 143-144). Li rois d'Engleterre (...) avoit monsigneur Robert de Namur fait maistre d'une nef, que on appelloit La Sale dou Roy, où tous ses hostelz estoit. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 91). Gueres ne nous convient debatre, Prenons les et couvertement Les pourterons deligenment En celle nefz, qui veult passer, Comme je voiz, oultre la mer, Se le maistre de la galée En veult de nous prandre soudée. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 162). Ledit roy n'avoit ne croix ne pille et donna une robbe fourrée de belles martres au maistre du navire, promectant luy myeulx faire le temps à venir. (COMM., I, 1489-1491, 205).

 

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Maistre-marinier : LE MAISTRE MARINIER. L'orage est choit, le temps amende : De ci partir nous esconvient. (Mir. emper. Romme, 1369, 289). Et le maistre marinier naga tant que aucun pou devant le jour il arriva en l'isle de Holland. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 110).

 

-

Maistre-nautonnier. "Patron d'un bateau" : ...et endementiers issirent les deux chevaliers de la nacelle ; et le maistre nautonnier leur amena a cascun son cheval (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 237).

 

b)

ART MILIT.

 

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"Chef, celui qui exerce un commandement (quel que soit le niveau)" : Et convint que il feist serement à son maistre [un homme d'armes] qui l'avoit prins que il se armeroit avecques ceulx de leans contre tout homme. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 19). Tous pevent a peine suffire a grever les ennemis par guerre, mais chascun veult faire compaignie et chief a part soy, et tant y a de chevetaines et de maistres que a paine treuvent ilz compaignons ne varlés. (CHART., Q. inv., 1422, 56).

 

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Maistre de l'ost. "Chef militaire" : Et pour ce que ou chapitre precedent fu faite question de obeïssance au pere et au medecin ou au maistre d'un ost, et aussi pour ce que obeïr est faire honeur, aucuns font ici questions de teles choses. (ORESME, E.A.C., c.1370, 459).

 

c)

"Chef d'une communauté"

 

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[De l'Église] : Les autres louerent l'excellence de sa dignité en prelature [de saint Pierre] en tant que Dieu le feist maistre et prince sur toute son Eglise, en tant que tous autres, feussent apostres ou disciples, voire et nostre Dame, furent en ce subgetz a luy (GERS., P. Paul, a.1394, 486).

 

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[D'un ordre religieux, militaire ou hospitalier] : ...li uns estoit abbes de Clugni, et li autres mestres des Frères Preeceurs (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 2). ...quatre cens hommes d'armes (...) avoient empris (...) d'aller à Seris, une grosse ville qui est au maistre de Saint Jaque. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 159). En Pruce, a une cité qui s'appelle Marienbourc, qui est grant cité, et s'i tient le hault maistre de Pruce, qui est plus grant maistre que cellui de Rodes, et sont ces Religieux vestus de blanc à une croix noire, et est un très bon païs de blez et de bestial et de poissons, et ny croist point de vin, et boivent cervoises. (LE BOUVIER, Descript. pays H., p.1451, 81). ...le maistre de Saint Jaque et celuy de Calestrave, atout ce qu'ilz avoient de gens, se mirent au dos de leurs ennemis par ung costé ou mieulx peurent besongnier (Comte Artois S., c.1453-1467, 94). ...en priant sadicte Sainteté qu'elle veille pourveoir ledict Rondellin d'icellui office de maistre general dudict ordre saint Françoys (Lettres Ch. VIII, P., t.3, 1492, 276). A conseillier l'appoinctement sur la requeste baillée par escript à la Court par les maistre, freres et suers de l'ospital des Quinze Vins à Paris (FAUQ., II, 1421-1430, 209). Et y estoit le grant maistre de Sainct Jacques, l'archevesque de Tolledo, les plus grans de Castille pour lors. (COMM., I, 1489-1491, 136).

 

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En partic. Le (Grand) Maistre (de Rhodes)/Le (Grand)Maistre de l'Hospital. "Le Chef de l'Ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem" : Li grans maistres de l'Ospital Descendi dou chastel aval, A moult tres noble compaingnie, De chevaliers et de maisnie, Pour eaus veoir et conjouir, Et pour les nouvelles oïr. (MACH., P. Alex., p.1369, 57). Li roys en Rodes demoura, Et li maistres moult l'onnoura. Aussi feïrent tout li frere ; Chascuns de lui servir se pere. (MACH., P. Alex., p.1369, 202). Sagement se sont contenu Et devant le roy sont venu. Là fu monsigneur Perceval, Et le maistre de l'Ospital, Et le prince de Galylée, Et Bremont, qui bien fiert d'espée, Et maint autre que pas ne nome, Qui tuit sont vaillant et preudomme. (MACH., P. Alex., p.1369, 203). ...il qui parle, en sa compaignie Nicolas Boutin, se trensporterent en l'ostel du grant maistre de Rodes, estant lors logiez en Avignon, et (...) se bouterent en une des chambres dudit grant maistre, en laquelle il prindrent toute la robe qui troverent en icelle chambre (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 249). Et vint le maistre de Rodes prier aux deux freres, et a leurs barons, que ilz voulzissent venir en la ville esbatre. (ARRAS, c.1392-1393, 90). Et les barons de Poictou et de Chippre prindrent congié, et aussi fist le grant maistre de Rodes, (...) et aussi firent tous les freres de la religion. (ARRAS, c.1392-1393, 144). ...tous les autres seigneurs qui survindrent, c'est assavoir, le grant maistre de Rodes, l'arcevesque de Bourges, l'evesque de Beauvaiz et autres barons, chevaliers et conseillers (BAYE, II, 1411-1417, 129).

 

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[D'une communauté quelconque] : ...tous les pastours du boscage L'eslirent a sur eulx roys estre, Et que sires en fust et maistre (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 194).

 

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[Dans un cont. fig., à propos du Soleil par rapport aux planètes] : Et à la fin, et soubz entente De procéder par droite sente Et monstrer le fait évident, Establirent à Président Le beau Soleil, leur noble maistre À décider et à cognoistre, Sans appeller ne contredire, Sur tout le fait qu'ilz vouldrent dire. (LA HAYE, P. peste, 1426, 33).

 

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[D'une bande] "Chef" : Chils avoit aultres brigans desous lui, et le tenoient a mestre et a capitainne, pour tant que il estoit le piour de tous les aultres et li plus outrageus, et bien les paioit de mois en mois (FROISS., Chron. D., p.1400, 857).

 

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[D'une maison, d'une famille]

 

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Maistre de leans. "Maître des lieux" : ...ilz parlerent au maistre de leans (C.N.N., c.1456-1467, 36). La voisine, voyant l'autre avoir l'audience et gouvernement du maistre de leens, n'en eut pas peu d'envye (C.N.N., c.1456-1467, 522).

 

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Les maistres de la cité/d'une ville. "Les notables" : ...li bourgois de Gand (...) quant il eurent fait che pour quoi il estoient là venu, prissent congiet as maistres de Liège, liquel ordonnèrent avoecq eux certains hommes, pour aler sour le païs (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 205). Et leur enquesterent les grans bourgoys et les maistres de la cité comment ilz avoient exploictié en leur voyage. (ARRAS, c.1392-1393, 193). Messires Renauls de Ghinghant, lor chapitainne, entendi que il tretioient pour euls rendre. Si en fu durement courouchiés et maneça les plus grans mestres de la ville a faire coper les testes, et les appella fauls, mauvais et traittes, dont il furent moult courouchiet (FROISS., Chron. D., p.1400, 535). Puis mirent ung poille moult riche sur son chief en signe de triumphe et victoire, lequel fut porté par les quatre plus grans maistres de toute la ville, cloches sonnans, les rues tendues et tapissees le possible (LA VIGNE, V.N., p.1495, 303).

 

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Maistre d'une eglise. "Responsable de l'administration des fonds et revenus affectés à l'entretien d'une église" : ...pour conseillier l'arrest dessusdit d'entre le procureur du Roy et le commandeur de l'ospital Saint-Anthoine, d'une part, et les maistres et gouverneurs de l'eglise du Sepulcre à Paris, d'autre part. (FAUQ., III, 1431-1435, 122).

 

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Maistre de une institution : ...[le] maistre des estapples des lainnes (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 24). ...le roy ung long temps ne fut pas maistre de son conseil ne aussi souverain ; ainçois s'estoient ses oncles et les barons et [les] prelas dessus nommé. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 8).

 

d)

[Avec une épithète valorisante pour désigner un personnage important] Grand maistre. "Personnage important" : Des conseillers des jeunes gens Y vi, compaignons et sergens Des enfens de plusieurs grans maistres, Qui n'estoient loyaulx, n'adestres, Mais conseillers de mal advis (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 51). ...le bon bourgois (...) n'estoit point si mal logé en la dicte ville que ung bien grand maistre ne se tenist pour content et honoré d'avoir ung tel logis. (C.N.N., c.1456-1467, 23). ...une tresbelle damoiselle (...) dont le bruit n'est pas si pou cogneu que le plus grand maistre de ce royaume ne se tenist treseureux d'en estre retenu serviteur (C.N.N., c.1456-1467, 182). ...fust il plus grand maistre cent foiz, si je l'y puis rencontrer je luy osteray la vie du corps [Un homme jaloux de son rival] (C.N.N., c.1456-1467, 234). ...trop mieulx vouloit avoir le bergier a beau frere, au gré de sa seur, que ung aultre bien grand maistre au desplaisir d'elle. (C.N.N., c.1456-1467, 361). Aux grans maistres Dieu doint bien fere, Vivans en paix et en requoy ; En eulx il n'y a que reffaire, Si s'en fait bon taire tout quoy. Mais aux povres qui n'ont de quoy, Comme moy, Dieu doint pascïence. Aux autres ne fault qui ne quoy, Car assez ont pain et pictence. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 38).

 

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[Prov., sentence] Celui qui s'accompagne a plus grand et plus haut maistre que soi il porte sur ses espaules le plus grand faix : Il est escript ou .XIIIe. livre d'Ecclesiasticque que celui qui s'acompaigne a plus grant et plus haut maistre de soy il porte sur ses espaules le plus grant faiz. Et en ce mesmes lieu est escript : "Ne soyez compaignon a plus riche de toy." (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 119).

 

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Loc. Estre grand maistre. "Être au comble de ses voeux" ( (Éd.)) : Il est grant maistre qui vous voit (P. Jouh. D.R., a.1488, 28).

 

6.

P. anal.

 

a)

"Personne qui s'impose par sa volonté, sa force (à qqn)" : Il ne fut pas le maistre lors, ne creu de faire son vouloir, et pour cause. (C.N.N., c.1456-1467, 26). Or le laissez venir (...) voire par Dieu ! s'il estoient trois, j'en seray bien maistre hardiment. (C.N.N., c.1456-1467, 50). ...troys compaignons, dont l'un estoit en estat de homme de guerre et les autres en estat de coquins, dont l'un se disoit maistre des autres et se faisoit appeller Artus de La Guerre et l'autre Marquis et l'autre Charles ; lesquelz se disoient estre gens de guerre et avoient tout perdu le leur. (Doc. Poitou G., t.12, 1475, 1).

 

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Avoir trouvé son maistre. "S'avouer vaincu" : JUPITER. (...) Hélas ! or suis je bien meschant, Que me laisse anssy gouverner ! Je me fassoies redoubter : Or ai ge bien trouvez mon maistre. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 133).

 

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Prov. Il n'est si fort qui ne trouve son maistre : Par ses assaulx, Lescluse et ses vassaux Feurent leurs saulx, en autre camp vont paistre : Il n'est si fort qui ne troeuve son maistre. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 365).

 

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Estre maistre de qqc. "S'emparer d'un site. et y imposer sa volonté" : Si entrerent dedens la porte, car il le trouverent ouverte, et furent signeur et mestre dou chastiel, et bouterent hors tous ceuls et celles que dedens il trouverent. (FROISS., Chron. D., p.1400, 305). ...et conquissent, en cel ivier, sus les Englois la belle nefs qui se nonmoit Cristofle, qui estoit malement grande, toute cargie de lainnes, lesquelles on amenoit en Flandres ; mais li Normant en furent mestre et signeur, et tous les Englois qui dedens estoient, il jetterent tout a bort. (FROISS., Chron. D., p.1400, 345). Chil qui entrerent dedens l'ostel le signeur de Brimeu en furent mestre et l'esforchierent ; et fu pris et fianciés prisons li sires de Brimeu et auquns de ses honmes. (FROISS., Chron. D., p.1400, 377).

 

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Au fig. [Dans un contexte grivois] Estre maistre de la place. "Imposer sa volonté dans un lieu conquis" : Quand il fut maistre de la place, il rompit seulement une lance (C.N.N., c.1456-1467, 197).

 

b)

Estre maistre de soi mesme. "Savoir maîtriser ses passions" : Dist Claudiens, ainsi que se à toy meismes, bon prince, parlast que alors seigneuras tu par droit les autres quant tu seras roy et maistre de toy meismes. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 172).

 

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Estre son maistre. "Être émancipé" : Dont se le pechié des eagiés filz qui sont leurs maistres est imputé aux parens, de tant plus le pechié de cheulx qui sont josnes et fraisles, qui ne scevent la distance entre bien et mal, sera aux parens imputé et demandé. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 163).

 

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Aucun n'est digne d'avoir seigneurie ou maistrise sur aultruy qui ne peut estre maistre de lui-mesme : Car il est trouvé ung proverbe rural qui dist que : Aucun n'est digne d'avoir seignourie ou maistrise sur aultruy qui ne peut estre maistre de luy mesmes. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 105).

 

c)

Estre maistre d'un animal. "Avoir la maîtrise d'un animal, le dominer" : ...et en le suyvant, ne peut estre maistre de son cheval qui estoit eschauffé, et auquel on avoit en la presse couppé la rene de sa bride (LA VIGNE, V.N., p.1495, 288).

B. -

"Personne qui possède qqc. (ou un animal)"

 

1.

Estre maistre de qqc. "Posséder qqc." : GABRIEL. Puis que je le tieng [ce cierge] ja par my, J'en seray maistre. GUIBOUR. Et g'i vueil si ma force mettre Que certes il me demourra (Mir. femme, 1368, 228). ...proufit ou chevance mal acquise et contre honnesteté et bonnes moeurs apporte souvent a son maistre ou a celluy qui le posside plus de dommage que de prouffit. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 216).

 

-

Prov. Un chacun n'est maistre du sien. "Aucun, quel qu'il soit n'est définitivement maître de son bien" : Sy me souvient bien, Dieu mercis, Que je feiz a mon partement Certains laiz, l'an cinquante six, Qu'aucuns, sans mon consentement, Voulurent nommer testament ; Leur plaisir fut, non pas le myen. Mais quoy ! on dit communement Qu'ung chacun n'est maistre du scien. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 71).

 

-

"Personne qui est le siège de (telle passion)" : Finablement, je ne voy bien qui puyst venir de yre, mais en voy troiz maulz evidens. Car, se on la tient enclose ou ceur, elle travaille l'omme. Se on la descoeuvre, elle engendre hayne ou honte. Et aprez, a la fin, quy y persevere, elle maine son maistre en enfer. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 246).

 

2.

P. ext. "Auteur de (telle action)"

 

-

Prov. Le peché retourne toujours sur son maistre. "Le péché retombe toujours sur son auteur" : Et, a celle cause, le regnard dist en soy mesmes : "Pour ce que j'ay mal faict, mal me vient, car tousjours le peché retourne sur son maistre." (MACHO, Esope R., c.1480, 117).

 

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Jamais bienfait ne se pert en nul sens Mais quelque fois sur son maistre redonde. "Un bienfait n'est jamais perdu, parfois il rejaillit sur son auteur" : Jamais bienfait ne se pert en nul sens Mais quelque foiz sur son maistre redonde (CHART., B. Nobles, c.1424, 406).

 

3.

P. anal. "Maître, propriétaire (d'un animal)" : Ces destriers braidissoient, et pluseurs s'en aloient par le champ, sans maistre, leurs resnes traynans. La noise fu grant du charpenteis des espees, des haches, des brans, du bruit et du cry des abatuz et navrez et du son des trompettes. (ARRAS, c.1392-1393, 161). Et se le chien en est loing, tousjours a il le cuer et l'ueil a son maistre (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 68). Li coursiers tresbusça et rompi son mestre le col. (FROISS., Chron. D., p.1400, 860). Et certes la char ainsi nourrie ressemble le cheval, lequel quant son maistre a bien tasché a l'engraissier, il est si dru et si mignot que quant il s'en cuide aidier il ne le puet tenir, et le meine malgré qu'il en ait les voyes qui lui sont prejudiciables, et a la fin, par son regibement et par ses saulz, lui rompt le col : tout ainsi tue l'ame et les vertus le cors trop souef nourri et engraissié de viandes lecharresses. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 18). ...lequel les chevaulx ne povoient souffrir, et ruèrent jus plusieurs de leurs maistres. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 252). Ce bon curé avoit ung chien (...) qui tous les aultres chiens du païs passoit d'aller en l'eaue querir le vireton, ung chappeau si son maistre l'oblyoit (C.N.N., c.1456-1467, 539).

 

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[Désigne le chasseur qui mène le limier] : A trestous les lymiers aprés Fut fait droit chascun par son maistre. (BRÉZÉ, Chasse T., c.1481-1490, 46).

 

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"Fauconnier qui dresse les oiseaux de proie" : Son chaperon a abatu L'oisel qui encor n'a batu, Et a regardé ou visage Son maistre, qui ne fu pas sage, Quar il le tient a la clarté Quant doit aler a l'oscurté. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 99). Mais le pis est que aucunesfoiz l'esprevier qui est ainsi lassé ne revient point a son maistre, mais s'esvole et se repose sur un grant arbre. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 157).

 

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Prov. On nourrit tel chael qui ensuite attaque son maistre. "On nourrit tel petit chien qui après vous fait du mal (on fait du bien à un tel qui ensuite vous fait du mal)" : Tant garda Bauduin, le dansiel de jouvent, Qu'il engroissa sa fille ; et des autres grantment. On norist tel quaiel, ce dist-on bien souvent, Qui saut se maistre au col moult anguisseusement. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 38). Pour ce dist ung proverbe (...) C'on nourrit tel quayel et va on ellevant Que puis coeurt sus son maistre (Cip. Vignevaux W., p.1400, 99). On a bien tel kaiel norit et essauciet Qui depuis mort son maistre. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 673).

II. -

[Idée de compétence (gage d'autorité professionnelle, morale, intellectuelle...)] "Personne qui, en vertu de sa qualification, fait autorité"

A. -

[Domaine universitaire] "Celui qui a obtenu le grade universitaire de maistre et peut donc enseigner" : Je sçay bien qu'il n'ot onques maistre Ne ne hanta onques l'escole (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 232). QUATRIESME MAISTRE. Du savoir suis a grant meschief Conment peut c'estre. JHESUS. Conment ? Tu tiens siége de maistre Et si es si plain d'ignorance Que tu n'en as pas congnoissance ! (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 240). ...Pierre d'Ailly, evesque dessusdit, qui estoit nez de Compiegne, et avoit esté estudiant et après maistre du college de Champaigne dit de Navarre (BAYE, I, 1400-1410, 53). ...et estoient ledit mardi presens les ducs de Guienne, de Berry, de Bretaigne (...) le recteur et pluseurs maistres de l'Université de Paris et pluseurs des bourgois de ladicte ville. (BAYE, I, 1400-1410, 242). A conseillier l'arrest d'entre les maistres et escoliers du college des Dormans, d'une part, et maistre Pierre de Canteleu et les executeurs du testament de feu maistre Jehan Bertault, d'autre part (FAUQ., II, 1421-1430, 363). Ce jour, vint en la Court le recteur et pluseurs des maistres de l'Université en leurs abitz acoustumés (FAUQ., III, 1431-1435, 101). Item, a Marïon l'Idolle Et la grant Jehanne de Bretaigne Donne tenir publicque escolle Ou l'escollier le maistre enseigne. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 126). Las, veez cy chose moult estrange ! Fault il que filz en nepveu change, Laisser le maistre pour disciple ? (Pass. Auv., 1477, 221).

 

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Maître de l'université : Et manda (...) les prelas et le recteur et les maistres et docteurs de le université de Paris (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 146).

 

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Estre à maistre. "Étudier (auprès d'un maître d'école)" : ...mais je m'ose vanter Que je say aussi bien chanter Ou livre avecques nostre prestre Que se j'eusse(s) esté a maistre Autant que Charles en Espaigne. (Path. D., c.1456-1469, 50).

 

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Maistre en/es arts : ...vint et fu present honorable homme et sage maistre Pierre du Moulin, maistre en ars, demourant ou mont Saint-Hilaire de Paris (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 310). Maistre Henry de Arne, maistre en ars, aagé de XXXIIIJ ans ou environ. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 137). ...Nycole Gomaud, né du diocese de Reins, prestre, maistre en ars et bacheler en theologie (BAYE, I, 1400-1410, 191). Et fu visité et jugié le procès de maistre Jean Fusoris, maistre en ars, en médecine, en théologie (Ch. VI, D., t.1, 1416, 377). ...maistre Ernoul de Gibecque, presbtre, maistre en ars et bacheler en decret (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 365). Jehan de Marisi, frere cil qui fut decapité pour favoriser le peuple de Paris, maistre ès ars à Paris, fist une prenosticacion environ ce temps, en laquelle il mist expressement que entour Paris et autre part se verroient choses non autreffoiz veues (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 145 v°).

 

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Maistre en theologie : LE CURÉ. (...) Quar un maistre en theologie Doit ci venir. (Mir. mère pape, c.1355, 350). Cedit jour, l'Université de Paris, par la bouche d'un maistre en theologie de l'ordre de la Trinité, a proposé en la Court ce qui s'ensuit (BAYE, I, 1400-1410, 190). ...un frère prescheur, maistre en théologie, nommé maistre Pierre Flore, inquisiteur de la foy en la province de Rains, fit un sermon notable devant toute la seigneurie (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 79). Qui me diroit : «Qui vous fait mectre Si tres avant ceste parolle [votre vision de l'Enfer], Qui n'estes en theologie maistre ? A vous est presumpcïon folle», C'est de Jhesus la parabolle Touchant du riche ensevely En feu, non pas en couche molle, Et du ladre de dessus ly. (VILLON, Test. M., 1461-1462, 75). Estienne de Chartres, maistre en theologie, medicin et astrologien, fut en ce temps. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 137 r°).

 

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Maistre en medecine : L'Université de Paris par un maistre en theologie a proposé et dit que me Pierre de la Casteigne, maistre en medicine, a demouré XXX ans en l'estude de Paris (BAYE, I, 1400-1410, 126).

 

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P. ext. [Ici, à propos d'une pers. qui a opéré une guérison miraculeuse] "Excellent médecin" : Je vous avoir tramis mander Affin vous pleut a moy dire Qu'est celli mestre en medicine Que si brefmant vous ha gueri. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 129).

 

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Maistre de/en decrets. "Maître en droit canonique" : A Orliens ot un clerc jadis Qui estoit renommez et dis Nobles clers, vaillans homs et riches, Et si n'estoit avers ne chiches, Sires de lois, et de decrez Maistres, et uns homs bien discrez De bien moustrer ce qu'il savoit Et la vaillance qu'il avoit. (MACH., J. R. Nav., 1349, 213). Li gentils roys, qui riens n'oublie, Avoit en sa chevalerie Un tres bon clerc, maistre en decrez, Qui estoit sages et discrez. (MACH., P. Alex., p.1369, 127). ...un vaillant clerc, maistre en decrez (...) Sermonnera presentement. (Mir. Theod., 1357, 78).

 

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Maistre de la loi. "Maître en droit romain" : Combien que soiez li greigneur Maistre de la loy et docteur, Ne le tenez ja a merveilles (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 232).

 

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Maistre de physique. "Maître en médecine" : Fortune scet plus de pratique Que ne font maistre de fisique, De divinité, de logique (MACH., R. Fort., c.1341, 36). Auquel Traictié fonder et faire, Pour les matières mieulx retraire Et procéder plus seurement, S'assemblèrent uniement Tous les bons Maistres de Phisique, Résidens adonc en publique À Paris, la noble cité (LA HAYE, P. peste, 1426, 17).

 

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Maistre d'astrologie. "Spécialiste en astrologie" : Certes Barlaam n'estes mie, Mais Nachor, qui d'astrologie Estes dit maistre. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 287).

 

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Maistre d'escole/maistre en escole. "Ecclésiastique qui dirige l'école attachée à l'église cathédrale" : Item, dist que desdiz deux demi draps de sanguine prins à Vernon, il vendi ausdiz maistres d'escolle huit aulnes à la mesure de Laon, l'aulne au pris de XVIIJ s. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 33). ...maistre Jehan de Resinghem, maistre en escole de MS le comte de Charolois (Comptes Lille L., t.1, 1412, 34). ...et fust icelui Jehannin de Vaudetar rendu à maistre Jehan Alardot, son maistre d'escole, par provision. (FAUQ., I, 1417-1420, 385).

 

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"Celui qui est chargé de l'éducation d'un enfant, maître, précepteur" : Aristote le sage et vieulx Fu son maistre [d'Alexandre], qui bien l'apprist. (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 31). Et aussi gouverneurs et maistre De tieulx enfens si doivent estre Eulx mesmes bien moriginez, Affin que ceulx, qui ordenez Sont par eulx, exemple n'y voient Qui en nesun cas les desvoient, Car rien n'est qu'enfent plus regarde Qu'aux meurs de cil, qui l'a en garde. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 53). Cestui [Socrates] fut maistre de Platon, de Parmenides et de Joaas ausquelz il monstra d'astronomie. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 48 r°). ...et depuis fut precepteur et maistre de plusieurs, comme des enfans de Mardocheus, oncle de Hester, et les introduisit en astrologie. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 50 v°).

 

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"Celui qui enseigne, transmet une doctrine, une philosophie, maître à penser" : Si est saint Pol nostre especial patron et maistre en tant qu'il nous livra et enseigna ung tel disciple [saint Denis] pour estre nostre maistre, docteur et apostre. (GERS., P. Paul, a.1394, 499). Je supply et enhorte a tous peres et meres et maistres que ilz soient diligens a faire confesser leurs enfans, et les enhortent à riens celer. (GERS., Concept., 1401, 428). ...car, comme dit Albert le Grant, qui fut maistre saint Thomas d'Aquin, en son Speculle parlant des livres de astrologie (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 6 v°). Cestui, selon aucuns, fut maistre de Rogier Bacon ou fut son disciple ou compaignon, car j'ay leu en une couverture de livre qu'ilz avoient grande aliance ensemble (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 138 v°).

 

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"Celui qui éduque qqn, transmet des valeurs, des savoirs non enseignés par l'Université" : Quant le roy Richard (...) sceut la mort de messire Symon Burlé, son chevalier et l'un de ses maistres, qui toujours l'avoit nourry et introduit, si en fut durement courrouciez (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 42). Et avoit chils contes esté mestres dou douch Jehan de Normendie, et l'avoit instruit et doctriné en sa jonece. (FROISS., Chron. D., p.1400, 607). Li jones contes de Flandres, qant il se fu ensi emblés, s'en vint a Saint Venant et trouva le signeur qui li fist tres bonne chiere ; car il avoit esté son mestre et l'avoit plus introduit ens es oissiaus que nuls aultres. (FROISS., Chron. D., p.1400, 806).

 

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"Celui qui enseigne un art, une science" : ...Jehan Sedile, maistre d'escole de gramaire (Doc. Poitou G., t.6, 1395, 191). ...ledit Barbotin, qui (...) estoit maistre du jeu de l'espée à deux mains, ayant soubz l'esselle une grant espée rabatue (Doc. Poitou G., t.9, 1453, 326).

 

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[À propos de Dieu] : ...de Dieu seul elle est donnee [la science], non seulement a celui qui enseigne mais aussi a celui qui aprend ; dont Dieu est proprement dit maistre et non pas homme, comme il mesmes dist en l'Euvangile saint Mathieu ou .XXIIIe. chapitre : «Ne veullies pas souffrir qu'on vous apelle «maistre» car vous n'avés que ung maistre». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 28).

 

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[Prov., sentences] Laide chose est au maistre quand il est entaché de la coulpe dont il reprent autrui : Mais dist Cathon : Laide chose est au maistre quant est entechie [l. entechié] de la coulpe dont il reprent autrui. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 171).

 

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Maistre doit monstrer sa science : Maistre doit monstrer sa science. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 196). LA MORT. Menestrel qui danses et notes Savez, et avez beau maintien Pour faire esjoir sots et sotes Qu'en dictes vous ? alons nous bien ? Montrer vous fault, puis que vous tien, Aux autres cy un tour de danse. Le contredire n'y vault rien : Maistre doit monstrer sa science. (Danse macabre C., 1485, 35).

 

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Le bois et les pierres t'apprendront ce que tu ne pourrais apprendre des maistres : A che propos dist saint Bernard en l'epistre faite a ung nommé Henri : «Croy a chelui qui est expert. Tu trouveras plus grant chose es bois que tu ne feras es livres. Le bois et les pieres t'aprenderont che que tu ne pourroies aprendre des maistres». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 122).

 

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[D'une chose] Usage est le maistre de toute chose. "L'usage, la pratique habituelle de qqc. est le meilleur enseignant" : Et comme dist Jule le Hault : «Usage est le maistre de toutes choses». De che dist aussi Ciceron : «Usage acoustumé a une chose adonné vaint souvent art et engien». (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 181).

B. -

[Domaine des métiers, des arts]

 

1.

"Artisan reçu à la maîtrise après avoir accompli son apprentissage et réalisé un chef-d'oeuvre" : ...et tout ainsy comme en regardant une ymaige bien faicte, soit en ung miroir bien cler et poly, soit par dehors en painture ou en tailleure, on a congnoissance du maistre qui a fait l'imaige ou le miroir, qu'il estoit saige, pareillement, mon Ame, quant je te puis regarder de pres et en la lumiere de la foy crestienne, j'ay congnoissance aucune telle que elle souffist a present de nostre Dieu (GERS., Trin., 1402, 166). Item, la Court a enjoint aux generaulz maistres des monnoies du Roy que, selon les ordonnances royaulz faictes sur le fait d'orfavrerie, ilz ne recoivent doresenavant aucun à estre maistre dudit mestier d'orfavrerie, soit grossier ou menuyer s'il n'est approuvé et tesmongnié souffisant par les maistres gardes du mestier (FAUQ., II, 1421-1430, 304). Adont respondirent les maistres qu'ilz feroient son bon commandement [de construire un temple] et qu'il s'advisast du lieu ou il le vouloit fonder. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 54). ...Saintré envoya maistres [ici "des charpentiers"] de Paris pour lui dreschier, de bois et de plances, deux maisons toutes semblables (LA SALE, J.S. E., 1456, 274). Et avoit amené de Napples plusieurs maistres excellens en plusieurs ouvraiges, comme tailleurs et paintres. (COMM., III, 1495-1498, 301).

 

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Passer maistre. "Obtenir le titre de maître"

 

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P. iron. [D'un bourreau] : Huyt ! neuf ! et dix ! Par ma creance Ja ne te lairray os entier. Je suis ung galant de mestier, Bien digne d'estre passé maistre. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 226).

 

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[La maîtrise donne le droit de former des apprentis] : Cils qui vuet aucun art aprendre A douze choses doit entendre : La premiere est qu'il doit eslire Celui ou ses cuers mieus se tire Et ou sa nature l'encline ; Car la chose envis bien define Qu'on vuet encontre son cuer faire, Quant Nature li est contraire. Aimme son maistre et son mestier Seur tout ; et ce li est mestier Qu'il l'onneure, oubeïsse, serve ; Et ne cuide pas qu'il s'asserve, Car s'il les aimme, il l'ameront, Et s'il les het, il le harront : Pourfiter ne puet autrement. (MACH., R. Fort., c.1341, 1). Item, cogneut que, puis un an a ou environ, qu'il servoit en Avignon, en l'ostel Jehan Aubery, pasticier du pappe, et que sondit mestre estoit alez en la ville pour faire ses besoingnes, (...) il qui parle trouva unnes aurmailles ouvertes (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 404). ...il s'estoit partiz depuis quatre jours ou environ, en entencion de venir à Paris pour soy esbatre et savoir s'il pourroit trouver maistre pour ouvrer de sondit mestier de tixerrant. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 214). ...lui, comme maistre de l'un des ateliers de charpenterie que l'en faisoit et a fait oudit lieu de Villebon, a ouvré en icellui lieu par l'espace de deux ans continuelment (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 404).

 

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Prov. Les apprentis deviennent maistres : Les aprentis deviennent maistres. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 196).

 

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Maistre-charpentier : ...dudit prisonnier il avoit cognoissance, parce que durant le temps que l'en avoit ouvré ou chastel et fort de Vilebon, icellui prisonnier estoit maistre charpentier des ouvraiges fais oudit chastel (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 401). Ce jour, la Court a ordonné que (...) ledit graphier delivre sur l'ouvrage des aysemens de Parlement au maistre charpentier du Roy (...) XX libvres, par maniere de prest (BAYE, I, 1400-1410, 92). ...deux maistres charpentiers jurez, se transporteront en ledicte Hale (FAUQ., III, 1431-1435, 31). Or me convient tourner arriere, A vous raconter la maniere De l'edefice, sur la porte De ceulx qu'Esperance conforte Et dont elle est maistre portiere, Non obstant qu'avant et arriere Convoye trestous les montans, Qui s'i efforcent, en tous temps, Et que pour eulx elle labeure En tous les chemins, a toute heure, Et qu'es grans travaulx les convoye Et leur face emprendre la voye, Car, qui esperance n'aroit Ja nul ne s'en efforceroit (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 122).

 

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Maistre-fevre : Et tant erra Benuicq autour de celle plaisante place qu'il trouva la forge du maistre febvre (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1070).

 

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Maistre-maçon : ...maistres Hugues Le Coq, Mahieu Courtois, Pierre Pilory et Phelippe de Nanterre, conseilliers du Roy, et à ce faire commis de par la Court, appellez avec eulz deux maistres maçons (FAUQ., III, 1431-1435, 31). Si appella ung jour quatre maistres massons qu'il tenoit a covenant et leur dit : "Je veulh que vous me faictes ung peu de ediffice qui m'est necessaire, mes je veulh que vous soyés maistres et manuvriers, car je veulh que arme du monde n'en sache riens, fors que entre vous et moy." (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 217).

 

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[Dans un contexte métaph.] Maistre-maçon : Et a l'edification de cestui precieux fondement de Saint Pol, c'estassavoir a l'incarnation du benoit fil de Dieu ou ventre de ceste benoite vierge, le Saint Esperit maistre masson, ceste benoite et souveraine vierge aminstra la prumiere pierre, qui est dite pierre angulaire, qui conjont lez deux paroirs en un (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 72).

 

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Maistre-ouvrier : ...j'en ay eu IIJ paires de soulers et IIJ paires de patins, et le surplus donné le vin aux compaignons des maistres ouvriers (LA SALE, J.S., 1456, 57).

 

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Maistre de moulin. "Celui qui est spécialisé dans les moulins et s'occupe de leur entretien" : Leurens, li maistre dou moulin, ouvroit 7 jourz (Doc. 1382. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 738).

 

2.

"Celui qui a la responsabilité de l'exécution d'une tâche"

 

a)

Maistre de l'oeuvre. "Architecte" : Et est proprement le maistre de l'euvre en edificacion. (ORESME, E.A.C., c.1370, 400).

 

b)

Maistre des oeuvres/des ouvrages. "Directeur des travaux, chef de chantier" : ...après ce qu'il estoient esleu à chascune feste de saint Jehan Baptiste pour le gouvernement de la dicte ville, ordenoient deux de leurs compaignons pour estre argentiers et si ordenoient deux autres du dit eschevinaige pour estre maistre des oevres de la dicte ville (Hist. dr. munic. E., t.2, 1370, 612). Et sera present ledit Dauviller aux paiemens que fera ledit maistre des euvres aux ouvriers qui feront lesdictes reparacions (FAUQ., I, 1417-1420, 7). À Guillaume Robin, maistre des euvres dudit seigneur à Angiers, ledit jour, soixante et trois solz, dix deniers à lui deuz (...) : pour la voicture de XXVI pippes d'eaue amenées au vivier du petit jardin du chasteau d'Angiers, pour ce XXVI s. (...). À lui, qui a paié deux maneuvres pour avoir empli lesdictes pippes à la rivière (Comptes roi René A., t.1, 1451, 5). ...j'ay mandé quérir et venir vers moy maistre Simon de Beaujeu, maistre des euvres du Roy en la séneschausié de Beaucaire, estant à Nismes, qui eut la charge principalle de l'édiffice de ladicte Loge (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 218). ...autres offices esquelx l'on aura la dite recepte et maniance d'argent, comme de maistre des ouvrages, receveur de la maladrie, hospitaulx et chartriers (Hist. dr. munic. E., t.1, 1466,,, 109).

 

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Maistre de oeuvres de charpenterie/de maçonnerie : À Pierre de Chassigny, maistre des euvres de charpenterie de monseigneur le duc de Bourgoingne, 18 gros, pour lui et huit ses varlés, qui sont neuf personnes, pour avoir deschargié et revierchié certaines bombardes de monseigneur qui estoient en ladicte place de charbonnerie devant icellui hostel de l'artillerie (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 516). ...a Maistre Alexandre de Berneval et maistre Jacques de Soteville, maistres des oeuvres de maçonnerie et carpenterie, pour leurs paines et travaulx d'avoir fait les criées, les marchiés dessusd., visité, solicité et tesé lesd. planchiers et hachis, paié pour ce commandement de Monseigneur de Meaulx (Comptes Archev. Rouen J., 1437-1438, 169).

 

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Maistre des engins. "Spécialistre des machines et engins de guerre" : A l'endemain vinrent doi mestre des enghiens que li dus de Normendie avoit mandés et fait venir de moult lonc a grant coustages. Et dissent au duch et as signeurs : "Faites nous delivrer bois et ouvriers, et nous ferons et ordonnerons quatre enghiens que on nonme kas..." (FROISS., Chron. D., p.1400, 669).

 

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Maistre ingenieur : Et furent fait chil enghien, nonmés kas, sus quatre grosses nefs, a la devise et ordenance des deus mestres enghienneours qui menoient les ouvriers. (FROISS., Chron. D., p.1400, 669).

 

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Maistre d'hache. "Maître charpentier" : ...l'ung de noz bombardiers tira ung cop de la tour Sainct Nicollas d'une grosse bombarde, lequel tua le maistre bombardier du Turcq et son maistre d'ache et celuy qui avoit commission de asseoir la bombarde (Deables Enfer V.V., 1480, 173).

 

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Prov. Il n'est ouvrage que de maistre : Bergiers de fer, dignes de triumpher, Par bien griffer ont faict bonne paix naistre : On dit qu'il n'est ouvraige que de maistre. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 219).

 

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[D'une réalisation] De main de maistre : Se tu estens au vent ton voile, Fait de main de maistre et de toile, Tu scez bien que ta nef ira La ou li vens la conduira, Pour ce, sans plus, que la franchise De ta nef au vent sera mise. (MACH., R. Fort., c.1341, 94). Si montames par les degrez En une chapelle moult cointe, D'or et de main de maistre pointe Et des plus trés fines coulours Qu'onques mais veïsse que lours. (MACH., R. Fort., c.1341, 143). Adonc la belle m'acola Et mis son bras a mon col a, Et je de .II. bras l'acolai Et mis son autre a mon col ai. Si attaingni une clavette D'or et de main de maistre faite, Et dist : "Ceste clef porterés, Amis, et bien la garderés, Car c'est la clef de mon tresor : Je vous en fais seigneur dés or Et desseur tous en serés maistre..." (MACH., Voir, 1364, 364). - Sire, pour le Dieu Souverain, dist la dame, tout ce ay je trouvé raisonnable et fait de main de maistre (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 562).

 

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Maistre (de qqc.). "Responsable de qqc." : ...li sires de Clari (...) estoit maistres des canons le signeur de Couchi (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 239). ...faut delivrez finances a grant foison aux distz maistres de cuysine pour avoir sal, potagerie et autres choses necessaires qui pourroient faire mestier (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 134).

 

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"Celui qui est préposé à qqc." : ...car se aucun est auquel mengier .X. mesures est trop et mengier .II. mesures est de tant trop peu, pour ce ne commandera pas le maistre qui ordenne des viandes que l'en dresce ou livre pour chascum .VI. teles mesures, car ce seroit trop pour l'un et peu pour l'autre. (ORESME, E.A., c.1370, 160).

 

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"Celui qui met en oeuvre qqc., artisan de qqc." : Et pour ce, ceulz qui traictent les agonizateurs, ce est assavoir ceulz qui sunt maistres des exercitations teles comme sunt joustes et tournois, doivent mettre la musique de laquele il usent en tels armonies et en tels melodies. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 356). Si s'avisèrent li Roumain et Urbains qui se nommoit pappes, quant Clemens fu partis de Fondes, que il le manderoient et le feroient mestre et gouverneur de toute leur guerre. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 157). De tous ces tretiés estoit enssi que tous mestres et souverains messires Jehans de Buel, de par le duc d'Ango qui se tenoit à Angiers. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 279). Car celuy duc, redoubtable patron de chevalerie et maistre dez victores, fust si constumier de vaincre, qu'il luy sembloit avoir surmonté fortune et desconfit maleur, et que Dieu et les destineez fussent jureez avecquez luy. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 141).

 

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THÉÂTRE Maistre des secrets. "Celui qui s'occupe de la machinerie, responsable des machinistes" : Le maistre des secretz nommé Maistre Germain Jacquet fut envoyé querir a Ostun. (Procès-verbal de la représentation. In : LA VIGNE, S.M., 1496, 118).

 

-

Maistre du tournoi. "Héraut" : ...quant ils furent assamblez et tous venus [les chevaliers] et que les maistres du tournoy l'eurent party, il n'y eut plus d'arrest. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 27).

 

c)

Maistre des (basses) oeuvres. "Bourreau" : ...Colin d'Espinay, maitre des basses euvres (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1424-1425, 23). ...maistre George Boucher, habitadour d'Arle, et bourreau sive maistre des oeuvres et exécuteur de justice (Comptes roi René A., t.2, 1474, 455).

 

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Maistre de la haute oeuvre. "Bourreau" : DEMANDE. Compains puis estre dit a la mort. Qui ainsi ne l'entend a grant tort, Car le vif, mort errant je rens Au desplaisir de ses parents (...). RESPONSE. De ce vous advertist le maistre de la haulte oeuvre. (Devin. R., c.1470, 114).

 

d)

Maistre de la basse oeuvre. "Vidangeur" : DEMANDE. ...de tous més suis conduiseur : Du grant, du moien, du myneur. Sans gouster en ay les narines Pleynes, et mes vaisseaulx et tynes. Cuisinier ne bouteillier ne a Dela les grans mers ne decha Qui aist l'adveu par telle guise Comme le porte ma franchise. RESPONSE. Ce est dit pour le maistre de la basse oeuvre. (Devin. R., c.1470, 119).

 

3.

[Idée d'excellence dans un domaine]

 

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Bon maistre. "Homme expert, compétent, habile dans son art, sa pratique" : Se n'avez medicin, bon maistre, Si tost que vous serez navrez A Dieu soyez recommandez (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 2485). Que ce medicin est bon maistre ; Je ne sans plus nulle doleur. (Pass. Auv., 1477, 129).

 

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Estre (bon) maistre et ouvrier/manouvrier (de qqc.). "Maîtriser la connaissance et l'exécution (de qqc.)" : Si appella ung jour quatre maistres massons qu'il tenoit a covenant et leur dit : "Je veulh que vous me faictes ung peu de ediffice qui m'est necessaire, mes je veulh que vous soyés maistres et manuvriers, car je veulh que arme du monde n'en sache riens, fors que entre vous et moy." (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 217). ...après les merciemens gracieux et deuz en ce cas, dont il estoit bon maistre et ouvrier, se part d'elle (C.N.N., c.1456-1467, 183).

 

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Maistre de qqc. "Qui excelle en qqc., qui est passé maître dans l'art de qqc. (de positif ou de négatif)" : Il est tout vray, sans nulle doubte, Que je sceus la maniere toute Des alerions, et leur guise, La naturele avec l'aquise, Dou gibier la grant melodie, Et de l'affaitier la maistrie, Au meins de ce que m'en moustrerent Cil damoisel qui m'en parlerent, Dont li pluseur maistre en estoient, Si que mieus parler en savoient. (MACH., D. Aler., a.1349, 308). Orpheüs jouoit de la lire Mieus qu'homme ne le porroit dire, Qu'il en estoit souverain maistre, Trop plus qu'homme né, ne a naistre. (MACH., F. am., c.1361, 203). Il [Néron] estoit souverainement curieux de instrumenz de musique, et si que il avoit envie des autres qui en estoient bons maistres (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 118). ...uns encantères, maistre de nigremance, qui estoit en la marce de Napples (...) vint au duc d'Ango. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 175). ...mais il faut qu'il soit maistre De grant barat, qui veult monter Par la et ce chemin hanter ! (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 114). Or s'est fait le cabuseur adourer, et lez sotz abusez ont rendu honneur et louenge au maistre de deshonnesteté, et au controuveur de toute infamie. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 119). Mais le chevalier qui maistre estoit de son mestier, le porta hors de la selle. Mais quant le roy se senti a terre, il saily sus a coup (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 333). PATHELIN. S'il [escouvient] que je m'aplicque A bouter avant ma praticque, On ne sçaura trouver mon per. GUILLEMETTE. Par saint Jaques, non de tromper : Vous en estes ung fin droit maistre. (Path. D., c.1456-1469, 50).

 

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"Bon connaisseur de qqc." : Ly grans maistres d'armes Vegece Nous dist que les laboureux Sont pour les armes prouffiteux ["sont aptes à"]. (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 1398).

 

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Maistre enchanteur : Li dus ot de ceste parolle grant merveille, et appella de ses chevaliers le conte de Vendome (...) et les autres, et recorda che que chils maistres encantères dissoit. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 176).

 

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Prov. L'experience rend l'homme maistre : ...a propos de cellui Bertran, ce que Aristote dit en le .VIIIe. d'Ethiques, que dès .XIIII. ans en avant doit commencier le gentil homme petit à petit à soy exerciter es travaulx, qui aux armes apertienent, pour cause que la chose aprise et duitte en jeunece est communement retenue et volentiers continuée, et est chose perilleuse et desseant estre non appris ou mestier d'armes quant on entre en bataille, en laquelle convient exposer corps à mort, ains que on en ait l'experience, et comme dit cellui meismes Aristote : «L'experience rend l'omme maistre» (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 195).

 

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Coustume rend maistre : Aprez il vuelt que vous chevauchez tousjours en ordonnance, quelque part que vous alliez, soit en paix, soit en guerre, pour duire voz gens à estre tousjours prestz. Car, quant ils l'auront de coustume, quant le besoing y viendra, ne vous ne eulx, ne traveillerez point à le faire. Car coustume rent maistre et devient nature. (BUEIL, II, 1461-1466, 32). ...car, ainsi qu'on dit, usaige rent maistre et fait l'omme prest et habille (BUEIL, II, 1461-1466, 71).

 

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Estre maistre (sur tous). "Être le plus fort, le plus fin (de tous)" : Or cuidoye estre sur tous maistre, De trompeurs d'icy et d'ailleurs, Des fort coureux et des bailleurs De parolles en payement A rendre au jour du jugement, Et ung bergier des champs me passe ! (Path. D., c.1456-1469, 194).

 

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Un fin maistre : Je cuide que c'est ung fin maistre. (Sots gard., a.1488, 105).

 

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Un tour de maistre

 

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"Tour joué en finesse" : Ce n'est riens qui ne puist estre, On voit de plus grans merveilles Que de baster aus corneilles Lez mariz et l'erbe pestre. Car de jouer tours de maistre Femmes sont lez nonpareilles (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 377). On a jouay ung tour de maistre. (Copp. lard., a.1488, 178).

 

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"Exploit" : Quant Lints fut repeuplee et ravitaillie sans dur encombre, comme il appert, les Bourguegnons ne se tinrent pas à tant ; mais, pour monstrer à leurs ennemis ung tour de maistre et qu'ilz avoient en eulx esperit, sang et vie, ilz vindrent à chief d'une haulte besongne dont il sera memoire cent ans en avant, car ilz se mirent en notable arroy, plus fiers que tigres animéz, pour assaillir le bolvart dessusdit. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 69).

 

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Estre maistre de + inf. "Être habile à" : Or as tu cause de forgier L'espee, si peus commencier, Mais n'est pas a ma volenté : Plaisir ne l'a pas ordonné, Qui est maistre de la forgier, Si li pri que te vueille aidier. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 112). Cellui fu maistre de trouver Maintes choses (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 278). Soient tous maistres de gouverner leurs voilles, tirer cordes à point et lascher, ancrer et desancrer, si que le besoing est (BUEIL, II, 1461-1466, 56).

C. -

[Titre donné aux titulaires de certaines charges]

 

1.

[Dans la politique, les finances]

 

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Maistre de la chambre aux deniers : ...12 aunes d'un marbré lonc de Broixelles, délivré en ce terme, pour faire une robe pour maistre Pierre de Berne, naguaires maistre de la Chambre aux Deniers de l'ostel du Roy (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 153). ...que à ce matin fust en ladicte Chambre des Comptes, pour rendre compte avec le maistre de la Chambre aux Deniers (BAYE, I, 1400-1410, 24). ...maistre Jehan Sarrote, maistre de la Chambre aux deniers de mondit seigneur (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1420, 644).

 

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Maistre (particulier) de la monnaie/des monnaies : Pareillement, la Court a fait defense à Regnault de Thumery, maistre particulier de la Monnoie de Paris (FAUQ., I, 1417-1420, 235). ..Augustin Ysbarre, maistre particulier des monnoyes d'icelles villes, certaine finance que mondit seigneur avoit pieça prestee comptans au roy nostre sire pour convertir ou fait de sa guerre et dont mon seigneur avoit esté assigné sur ledit Augustin par les generaulx gouverneurs des finances de ce royaulme (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 112). Dudit Guillemin Seran et Pierre Viart, maistres particuliers de la monnoye de Dijon, sur ce qu'ilz pevent et pourront devoir à monseigneur à cause de la revenue de ladicte monnoye, la somme de dix mille frans, en deniers payez pour les convertir es frais de la convention que le roy nostre sire entent prouchainement faire avec le roy d'Angleterre pour le bien et appaisement des querelles des deux royaumes (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1420, 655). Ce jour, la Court fist venir en la Chambre de Parlement les maistres des monnoies pour leur parler du contenu en la requeste des orfevres (FAUQ., II, 1421-1430, 232). Regnault Thumery, maistre particulier de la monnoye de Paris (Ch. VI, D., t.1, 1422, 424). ...vint ans a ou plus il mist demourer Anthoine Grignon, son filz, avec Jacques Cuer, lors estant marchant et maistre de monnoie, pour aprandre fait de marchandie et d'échange (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 392).

 

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General maistre des monnoies : ...Jehan Poillevillain, general maistre des monnoies (Clos galées Rouen M.-C., t.2, 1354, 143). Quant au fait de noz monnoies et aux généraulx maistres d'icelles (Ch. VI, D., t.1, 1406, 295). Et, après ladicte execucion ainsi faicte dudit connestable, fut le samedi, XXIIIe jour dudit moys de decembre, fait publier à Paris, à son de trompe et cry publique, le desappoinctement des generaulx maistres des monnoies pour les causes contenues oudit mandement. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 1). Extraiz faiz à la requeste des gardes et juréz du mestier de l'orfavrie à Paris (...) et collationnéz en la presence de maistre Jehan Fourcault, procureur du Roy en la chambre de generaulx maistres des monnoies (Industr. Paris F., 1462,,, 299).

 

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Maistre des Comptes/Maistre de/en la Chambre des Comptes : ...maistres Jehan de Pacy, David Bousse, Dreue Suquet, maistres des comptes des officiers de Flandres et d'Artois et de la terre de Malines. (Hist. Lille T., t.1, 1405, 85). ...maistre Phelippe de Boisgillon, maistre des Comptes du Roy nostre Sire (BAYE, II, 1411-1417, 134). Et sont les commissaires donnez maistre Guillaume Le Clerc, maistre en la Chambre des Comptes, Gerard Perriere, Phelippe du Puiz et Jaques du Gard (BAYE, II, 1411-1417, 238). À maistre Jehan de Lanstais, conseillier et maistre des comptes de mondit seigneur à Lille, la somme de cinq cens frans monnoye du roy nostre sire, laquele il a à mondit seigneur, par son commandement et requeste, prestee et bailliee comptant en sa main, et de laquele somme, que icellui seigneur a convertie et distribuee à son plaisir, il ne veult autre declaracion estre faicte en ses lettres de mandement patent sur ce faictes (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 274). ...lesquelz tous concordablement, paucis demptis, esleurent en prevost de Paris maistre Giles de Clamecy, conseillier du Roy et maistre de la Chambre des Comptes. (FAUQ., I, 1417-1420, 246). ...maistre Jehan Bonnost, conseillier et maistre des comptes de mondit seigneur à Dijon (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1420, 647).

 

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Maistre des gabelles. "Comptable chargé des gabelles" : ...nous vous avons pieça mandé [aux membres de la Chambre des comptes] que tous les maistres des gabelles et tous les receveurs d'icelles (...) vous feissiez contraindre de venir compter de leurs receptes par devers vous (Doc. 1347. In : R.-H. Bautier, Bibl. Éc. Chartes, 123, 1965, 445).

 

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Région. (Provence) Maistre rational. "Officier chargé des comptes" : C'est l'emolument du seel de la Royne en la comté de Provence, si comme Guigonet maistre racional a baillé par escript en une cedule dont la teneur s'ensuit. (LE FÈVRE, Journ. M., c.1380-1390, 102). Ce jour firent sacrement les officiaulz qui s'ensuivent: le president de la chambre (...), les maistres racionalz, les notaires de la chambre et des appelacions (LE FÈVRE, Journ. M., c.1380-1390, 453). Jehan Matharon, maistre racional (Comptes roi René A., t.2, 1479, 86).

 

2.

[Justice]

 

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Maistre des requestes

 

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"Officier de justice faisant partie du Grand Conseil du duc de Bourgogne, introduisant les affaires au sein de ce Conseil" : Si furent ordonnéz a ce [une ambassade] deux nobles chevaliers, messire Jehan de Croy, messire Simon de Lalaing, Toison d'or, roy de l'ordre du duc, et maistre Jehan de Clugny, maistre des requestes (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 29).

 

Rem. Cf. F. Lot, R. Fawtier, Hist. des instit. fr. au Moy. Âge, t. 1, 1957, 223.

 

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"Maître de la chambre des requêtes au Parlement de Paris" : Jehan de Voisines, maistre des requestes de l'ostel du roy nostre sire (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 84). ...veu le procès ou procès fais par ledit mons. le prevost contre ledit prisonnier par messire Almaurry d'Orgemont dessus nommé, maistre Robert Cordelier et Jehan de Voisines, maistres des requestes du roy nostre sire (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 416). Cedit jour, après disner, furent les seigneurs du Conseil assemblez en l'ostel du Chancellier pour eslire president et maistre des Requestes du Palaiz (BAYE, I, 1400-1410, 297). Maistre Phelippe des Essars a esté receu maistre des Requestes ou lieu de maistre Eustace de l'Aitre, qui est de nouvel president de la Chambre des Comptes (BAYE, I, 1400-1410, 302).

 

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Maistre des Requestes de l'hostel (d'un prince). "Maître des Requêtes attaché à la maison d'un prince" : ...maistre Gefroy de Perusse, de la nation d'Acquitaine, maistre des Requestes de l'ostel de monseigneur de Berry (BAYE, I, 1400-1410, 12). ...maistre Pierre de l'Esclat, maistre des Requestes de l'Ostel du Roy et conseiller de la Royne (BAYE, I, 1400-1410, 224).

 

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Maistre des intestats/des testaments. "Juge de l'Officialité, c'est-à-dire de la juridiction de l'évêque, commis au contentieux des testaments des clercs" : ...a ung plastrier pour avoir repparé deux troux en planchié de la chambre au maistre des intestas et ung trou en mur d'emprès chambres aesiées (Comptes Archev. Rouen J., 1407-1408, 66). ...neantmoins ung nommé Silvestre Juval, pour occasion de certain lais qu'il disoit à lui avoir esté fait oudit testament, l'avoit [Robert Agode] fait citer devant le maistre des testamens en Court ecclesiastique (FAUQ., II, 1421-1430, 265). Des testamens qu'on dit le Maistre De mon fait n'orra quy ne quot, Mais ce fera ung jeune prestre Qui est nommé Thomas Tricquot. Voulentiers busse a son escot, Et qu'il me coutast ma cornecte ; S'il sceust jouer en ung tryppot, Il eust de moy le Trou Perrecte. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 147). Pour lequel acomplir, icellui suppliant est esté [sic], puis aucun temps ença convenu en la court de nostre amé et feal conseiller l'evesque de Poictiers, par devant son official audit lieu, par devant le maistre des testamens (Doc. Poitou G., t.12, 1483, 601).

 

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Maistre du Conseil du Roi : Quant li baron d'Escoce et li mestre del conseil le roy sceurent que li dis messires Guillaumes de Montagut (...) s'en aloit querre secours au roy englès (...) il parlèrent ensamble. (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 130).

 

3.

[Domaine royal]

 

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Maistre des eaux et (des) forests. "Officier royal à qui incombe l'administration, la juridiction et la comptabilité des forêts d'une province" : De pluseurs exploiz de forests (...) que Colart de Fresnoy, maistre des eaues et forests de Monseigneur, fu institué oudit office (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 49). ...noz maistres des eaues et des forests pourront congnoistre des causes regardans leurs juridicions ordinaires : c'est assavoir touchans le fait des dites eaues et forests (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 298). Pierre de La Crique, lieutenant du maistre des eaues et forez d'Orliens (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 66). Maistre J. Virgile (...) s'oppose à l'execution (...) de toutes lettres royaulx (...) sur le don de l'office de maistre des Eaues et des Forests es païz de France (BAYE, II, 1411-1417, 140). Cedit jour, le seigneur de Graville a requiz estre receu en office de general maistre des Eaues et Forests que tenoit le baron d'Ivry, qu'il disoit estre mort (BAYE, II, 1411-1417, 225). Messire Jehan de Villiers, seigneur de l'Isle Adam, fist en la Court le serement de l'office de maistre des Eaues et Forests de Normandie (FAUQ., I, 1417-1420, 3). Item, il en y a aucuns qui prennent boys livré par le verdier et par le commandement et ordonnance de monsieur le maistre des eaues et forestz ; et est icelle livrée appellée ou nommée guerbages, parquages, telages et caruages, et pour cause de ce paient au roy plusieurs devoirs, c'est assavoir guerbes, deniers, tourteaux (PETIT, Cout. R., 1444, 349). Lequel poisson (...) fut baillé par ledit Berthelemy Gardet pour la despense de bouche et des chevaulx du maistre des eaues et forestz de mondit seigneur de Bourbon (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 447).

 

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Maistre du Clos. "Officier qui a une juridiction, ou du moins une inspection sur les forêts" ( (D'apr. Éd.)). : ...le Maistre du Clos, les Bocherons ne Ouvriers quelconques, ne prendront, ne feront abatre arbres quelconques qui ne soit necessaire à nos dictes Euvres. (Ordonn. rois Fr. S., t.6, 1376, 220).

 

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Maistre sergent. "Officier chargé de la surveillance et de l'inspection dans tel secteur des forêts royales" : Que chascun Verdier, Gruier, Garde ou Maistre Sergant, visite chascune quinzaine à tout le moins, toutes les Gardes de la Forest dont il est Verdier, Garde ou Maistre Sergant, et voye l'estat et le port des Sergans, et les malfais qui y seront fais (Ordonn. rois Fr. S., t.6, 1376, 227).

 

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Maistre des ponts (de Paris) : En la ville de Paris aura deux Maistres des pons de ladicte Ville, pour monter et avaler les nefz, bateaux et vaisseaux tant montans que devalens par dessoubz lesdis pons de Paris (Ordonn. rois Fr. V., t.10, 1415, 323).

 

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Maistre des ports et passages. "Officier chargé, dans le ressort d'une généralité, de l'entretien des ports, ponts et routes, de la surveillance des personnes et des marchandises, avec juridiction dans son ressort" : ...comme Philippe Gilier eust et ait esté par long temps en pluseurs offices de nous et de noz predecesseurs, c'est assavoir en la recepte de Poitou, Limosin et Belleville, maistre des garnisons de nostre tres chier seigneur et pere, ou temps qu'il estoit duc de Normandie, tresorier de Mascon, maistre des pors et des passaiges de nostre royaume et en pluseurs autres estaz, entre les quelx il fu tresorier de nostre Dalphiné, et depuis tresorier de France, chastelein et garde de nostre chastel de Meleun, et commis et deputez à faire les ouvraiges, reparacions et edifices (Doc. Poitou G., t.3, 1367, 341). Henry de Marimont, varlet tranchant du roy (...) et maistre des pors et passaiges au pais de Languedoc, a Alfonse Malteys, chevaucheur d'escuyerie. (Pol. Louis XI, G., Pièces justif., 1462,,, 413).

 

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Maistre Visiteur general des ports et passages : Jean par la grace de Dieu, Roy de France : au Maistre-Visiteur general des Ports et Passages de nostre Royaume, ou a son Lieutenant, Salut. (Ordonn. rois Fr. S., t.3, 1358, 254).

 

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Maistre general de toutes les mines : ...l'office de maistre général, gouverneur et visiteur de toutes les mynes de nostre royaume (Pol. Louis XI, G., Pièces justif., 1483,,, 453).

 

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Maistre des chaussees de Paris : Thomas Le Ralle, maistre des chaussées de Paris (Ch. VI, D., t.1, 1422, 419).

 

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Maistre de la maçonnerie de Paris : ...comme le Roy dès l'an CCCC VIII ly eust donné l'office de maistre de la maçonnerie de Paris (BAYE, II, 1411-1417, 252).

 

4.

[Maison du roi ou d'un grand seigneur]

 

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Maistre des garnisons. "Officier de la Maison d'un grand, chargé de l'approvisionnement" : ...le maistre des garnisons du Roy, cent l. t. (FAUQ., I, 1417-1420, 7). ...maistre Guillaume Perdriel, maistre des garnisons du roy nostre sire (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 88). Jehan Martin, maistre des garnisons de la Royne (Ch. VI, D., t.1, 1422, 426). ...les blez et vins ont esté receuz par le commandement de mondit seigneur par les maistres des garnisons des blez et vins de mondit seigneur (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 423).

 

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Maistre de la chambre. "Majordome, conseiller (d'un souverain)" : Saichés par moy vous mande le Empereur de Rome Par devant son commys, le maistre de sa chambre, Au jour .XXIIIIe. du mois nommé decenbre ; A laquelle journee de ly est ordonnee Que chascun cy voise au lieu dont il est né. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 62).

 

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Maistre d'hostel. V. hostel

 

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"Officier qui commande l'ensemble du personnel domestique attaché au service d'un grand personnage" : De maistre d'ostel n'avez point, Sire : un nouviau vous en fault faire (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 250). LE ROY D'ESCOSSE. (...) Mon maistre d'ostel vous lairay [Dame] Et mon prevost ; ces deux seront Qui du tout vous gouverneront. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 34). Il est assavoir que au disner des noces d'un grant roy, cinq choses sont neccessaires et moult desirees. La prumiere si est biau temps et cler. La seconde grant planté de vins et de viandes delicieuses et estranges. La tierce biau palais et large ou biau lieu pour celebrer le disner. La quarte un seneschal ou grant maistre d'ostel saige, vaillant et bien expers pour ordonner et commander par tout les offices. (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 87). ...en la cité de Panpelune, où il estoit alez pour gaigner, il print et embla, en une hostellerie où estoit logé le maistre d'ostel du roy de Navarre, deux cens florins d'Arragon (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 251). ...presens messire Guillaume Cassinel, chevalier et maistre d'ostel de la royne (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 71). En cel estat pensa ly contes moult longuement et tant que le maistre d'ostel lui vint dire : Monseigneur, il est prest quant il vous plaira. Par foy, dist ly contes, ce me plaist. Ilz laverent, et s'assistrent, et furent bien servi. (ARRAS, c.1392-1393, 37). ...messire Jehan de La Tramoille, seigneur de Jonvelle et grant chambellan de Bourgoingne, conseillier et premier maistre d'ostel de monseigneur (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 23). ...le service de chevalier d'onneur et maistre d'ostel de madame la duchesse de Bourgoingne (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1420, 340). "Monseigneur le maistre d'ostel," (...) "j'ay nom Jehan." - "Jehan," (...) "d'ores en avant vous ne serez plus paige. Le roy vous a son varlet tranchant ordonné..." (LA SALE, J.S., 1456, 67). ...s'adrecerent au maistre d'ostel du seigneur, qui estoit ung ancien escuyer, qui les receut, comme estrangiers, treslyement et honorablement. (C.N.N., c.1456-1467, 172). Si advint ainsi que, quand ce seigneur d'Aussy [premier chambellan du comte de Charolais] devoit partir et que l'on regardoit que cely de Rosinbos n'y estoit point, vindrent les maistres d'hostel a ly et les escuiers de cuisine et luy demanderent a qui, en l'absence de eulx deux, on porroit baillier l'estat et le plat du premier chambellan (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 103). DECIUS [Empereur]. Rommain, franc chevalier courtois, Je vous y reçoy doulcement Et si vous fay semblablement Chamberlan et maistre d'hostel. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 191).

 

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"Dans une armée, homme responsable de l'hébergement" : Après viennent les mareschaulz des logis, les maistres d'ostelz, les fourriers, prevostz et sergens pour deppartir les logis. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 235).

 

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Grand maistre (d'hostel) de France. "Lieutenant du roi" : Et, le XXVIIIe jour de mars ensuyvant, ledit Anthoine de Chabannes, conte de Dampmartin, fist le serment dudit office de grant maistre d'ostel de France, es presences desditz seigneurs de Bourbon, de Treignel, de Crussol et maistre Jehan de la Loere, secretaire dudit seigneur. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 205). Et en la suscription : "à nostre chier et amé cousin le conte de Dampmartin, grant maistre d'ostel de France." (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 208). En ce temps, le VIe jour d'avril mil IIIIcLXVII, le roy, estant au Montilz lés Tours, donna au grant maistre de France commission pour aller en la conté de Champaigne, par laquelle commission il le fist son lieutenant general, et luy mist soubz sa charge quatre cens hommes d'armes, desquelz Salezart avoit la charge de cent, le seigneur de Saint-Just de cent, Estienne de Vignolles et Robert de Conimgan, chascun de cent, avec IIII mil frans archiers. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 209). Le samedy XXe jour dudit moys d'aoust, oudit an mil IIIIcLXVIII, messire Charles de Meleun, seigneur de Normenville, qui avoit esté grant maistre d'ostel de France, lequel office il avoit usurpé sur Mons.. de Crouy, auquel le roy l'avoit par avant donnée, et lequel avoit été nouvellement constitué prisonnier par le commandement du roy en son Chasteau Gaillart lés Andely sur Seyne, et baillé en garde entre les mains d'aucuns gens d'armes de l'ordonnance du roy. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 211). Et constitua Anthoine de Chabannes, grant maistre de France, son lieutenant general es marches de Picardie, et luy mist soubz sa charge IIIIc hommes d'armes et VI mil frans archiers. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 214). Et le tint le duc en tel dangier que jamais ne fust retourné en France si n'eussent esté les parolles rapportéez par maistre Nicole Boisseau, que luy avoit dittez le grant maistre de France, qui tenoit son armée pour le roy es marches de Picardie, avec l'aide que fist Mons. le grant bastard de Bourgoigne, garny de honneste couraige (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 218).

 

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Maistre de salle : Et aux autres tables chevaliers de Berne grant foison, et estoit souverain maistre de salle messire Espan de Lyon, et IIII. chevaliers maistres d'ostel. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 117).

 

5.

ART MILIT.

 

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Maistre des arbalestriers. "Commandant de l'infanterie et de l'artillerie (avant que le maistre d'artillerie le remplace)" : Messires Hues de Chastillon, mestres des arbalestriers (...) nouvellement estoit retournés d'Angleterre (...) Quant il fu revenus, on li rendi son office, ensi que devant, de estre nommés monsigneur le Mestre. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 182). Toutes gens d'armes (...) passoient oultre par l'ordenance des marescaus et dou mestre des arbalestriers. (FROISS., Chron. D., p.1400, 589). ...et messire Pierre de Navarre, conte de Mortain, aussi son cousin germain, et pluseurs autres seigneurs, tant du sanc royal que autres estans à Paris, admiral de France que maistre des arbalestriers (BAYE, I, 1400-1410, 207). Ce jour, messire Hue de Lannoy, chevalier, fu receu et fist le serement acoustumé en office de maistre des arbalestriers. (FAUQ., II, 1421-1430, 37). Et des deux costez de la battaille seront les deux esles et leurs gens de trait, conduittes par deux princes ou l'admiral et le mareschal ou maistre des arbalestriers ou aultres cappitaines, saiges et vaillans, qui doivent soubitement envoier a dextre et a senestre bons et souffissans hommes de bien a cheval, pour descouvrir les contrees, les passaiges et le pays. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 236).

 

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Maistre de l'artillerie. "Commandant de l'artillerie" : Jehan Pescheur, artilleur et varlet de chambre du duc de Berry, s'oppose que aucune delivrance ou institution ne soit faicte à Mahiet de Beauvais, Estienne Lambin, ne à autre, de l'office de maistre et garde de l'artillerie du Roy nostre Sire (BAYE, II, 1411-1417, 149). L'artillerie se conduit soubz ung chevalier qui se nomme le maistre de l'artillerie, lequel a telle auctorité, qu'il doit estre obey en son estat comme le prince (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, 1474,,, 89). Ilz blessèrent ung bien fort homme de bien, appellé messire Jacques d'Orson, maistre de l'artillerie dudict duc, qui peu de jours après y mourut. (COMM., I, 1489-1491, 238).

 

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"Celui qui dirige un groupe d'artilleurs" : De pavoys, de pics, de peles, trenches, cables pour remuer vostre artillerie, je m'en rapporte aux maistres de l'artillerie (BUEIL, II, 1461-1466, 45). Et fut telle diligence faicte par tous les maistres de l'artillerie, que toute la dicte artillerie estoit environ huit heurers du matin au dict camp ou estoit les tentes et pavillons tendus ainsi qu'il appartient en tel cas. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 290).

 

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Maistre-canonnier. "Homme d'armes spécialisé dans le service d'un canon" : Or tantost aprés quelques grans coups ruez d'artillerie par les ennemys, incontinent que les maistres cannoniers du roy peurent choisir de l'oeil icelle, ilz affuterent ung gros canon a toute une grosse boulle de fonte, en telle maniere que du deuxiesme coup qu'il delascha, il rompit et mit en plus de mille pieces les bastons qui ainsi fort tiroient contre les Françoys. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 284).

 

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Maistre des chevaucheurs. "À Rome, maître de cavalerie" : ...liquel aveuques son maistre des chevaucheurs, L. Fulvius, alla assegier Satricule (BERS., I, 9, c.1354-1359, 21.2, 39). L'onneur de la vengence de l'empereur des Samniciens fu donné a son frere, car cilz, plainz de doleur et d'ire, prist le maistre des chevaucheurs rommainz et l'abati a terre et l'occit et murdri (BERS., I, 9, c.1354-1359, 22.9, 41).

 

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Maistres des gens à cheval. "À Rome, maître de cavalerie" : Et combien qu'il fust provoqué a bataille par Hannibal et que le peuple murmuroit contre luy qu'il ne combatoit, neantmoins oncques ne voult souffrir que la chevallerie rommaine, deprimee par les victoires des adversaires, feust a ung coup et comme la derreniere foiz exposee es perilz de Fortune, qui moult estoit favorable au vainqueur, et tant y contrestat que le peuple, en derogant au tiltre de son honneur, esleva en dictature et comme son compagnon Municius, le maistre des gens de cheval, et cellui qui soubz lui et son subgiet estoit fut son egal et son compaignon. (CHART., Q. inv., 1422, 36).

 

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Maistre-logeur. "Fourrier en chef, reponsable du logement des troupes en campagne" : Ceste façon touchant les logeiz estoit que, en toutes ses compaignies, chascun avoit ung maistre-logeur. Et ce maistre-logeur portoit une petite bannerette comme d'ung pié et demy en carré, en quoy estoit la livrée de son cappitaine. Et, incontinent qu'ilz partoient des battailles pour aller prendre les logeiz, il ne fut osé partir ung chevaucheur pour aller au logeiz sur peine de la mort, sinon ceulx qui avoient une bannerette au poing. (BUEIL, I, 1461-1466, 179).

 

-

MAR.

 

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Maistre amiral : Si ordonna son mestre amiral dan Radigo de Rous à estre patrons, avoech le dessus dit Yewain, de toute ceste armée. Si se partirent dou port de Saint Andrieu en Galisse, quant la navie fu toute preste. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 84).

 

-

Maistre du port. "Capitaine de port" : Et sachiez que le tiers jour après, Gieffroy au grant dent arriva soubz le Limacon, mais le maistre du port ne le laissa pas entrer dedens. (ARRAS, c.1392-1393, 215).

 

6.

Maistre des mestiers. "Chef de corporations" : Et y furent encores faitz pluseurs beaulx personnaiges tous consonans ausdiz monseigneur le daulphin et madame la daulphine. Et, pour honneur de sadicte venue furent mis hors et delivrés tous prisonniers de ladicte ville de Paris, et y fut fait nouveaulx maistres des mestiers. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 133).

D. -

[Forme allocutive (ou délocutive)]

 

1.

[Correspond à un titre ou à un état]

 

a)

[Un titre universitaire, professionnel]

 

-

[La maîtrise en arts] : LE ROY. (...) Puis le menez [l'enfant] sanz contredit A maistre Josce l'alemant Et li dites que je li mant Que bien l'apprengne. (Mir. st J. Cris., c.1344, 267). LE QUART ESCOLIER. A mains d'une liue, chier maistre ; N'en doubtez pas. (Mir. st Val., c.1367, 138). Item, donne aux amans enfermes, Sans le laiz maistre Alain Chartier, A leurs chevetz de pleurs et lermes Trestout fin plain ung benoistier, Et ung petit brain d'esglantier En tous temps vert pour guepillon, Pourveu qu'ilz diront ung psaultier Pour l'ame du povre Villon. (VILLON, Test. M., 1461-1462, 137). Oultre, monseigneur, je vous veulx dire XII petis vers de maistre Alain Chartier, qui ne sont pas de mon ambassade (BUEIL, II, 1461-1466, 30). Oncques maistre Françoys Villon Ne composa si bon jargon. (Vig. Trib., c.1480, 232).

 

-

[La maîtrise en médecine] : Car tout aussi com d'une drame Le bon maistre garist et drame L'ueil empeschié de catharacte, Dou quel il couvient qu'il abate Par soutil engien une toie Qui la clarté tient et desvoie, Et li rent sa clarté premiere, Tout einsi me rendoit lumiere De cuer, de memoire et de l'ueil, Et me metoit d'umbre en soleil Sa clarté et sa resplendeur. (MACH., R. Fort., c.1341, 56). Si j'en parle a maistre Morin, Vourras tu bien avec lui estre ? C'est des mires le meilleur maistre (Mir. st Panth., 1364, 311). ...oy aussi maistre Jehan Le Conte, cirurgien juré du roy, qui dist que la playe faite audit feu Criquetot en la teste fu d'une hache, si comme il croit en sa conscience. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 409). Et peut on ajouster et croistre La recepte, selon le maistre, Choses chaudes et conférens Et aussi odoriférens, Dont sont faites narrations Es précédens descriptions (LA HAYE, P. peste, 1426, 152). ...pour le traveil du seigneur de Loissellench, aussy qu'il estoit blechié (...) disoient les maistres que il avoit moult a souffrir, le roy manda le vin et les espices (LA SALE, J.S. E., 1456, 266). Or sont venuz maistre Pierre, maistre Jehan, maistre cy, maistre la, tant de phisiciens que vous vouldrez (C.N.N., c.1456-1467, 32). Helas ! maistre Jehan, ne voiez vous aultre fasson pour la recouvrance de la santé de madame ? (C.N.N., c.1456-1467, 140). ...disent les maistres qu'elle eschappa de mort a cause d'avoir senty des biens de ce monde. (C.N.N., c.1456-1467, 351). Et qu'est ce la, dist il, maistre cyrurgien ? (C.N.N., c.1456-1467, 505). "O tu, maistre medicin, que dis tu de cestui pacient que tu as en ta gouverne ?..." (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 133).

 

-

[La maîtrise en droit] : ...un vaillant clerc, maistre en decrez, Dit maistre Guillaume Rousée... (Mir. Theod., 1357, 78).

 

-

[Une maîtrise professionnelle (le possessif exprime ici la familiarité)] : PATHELIN. Voyla mon homme proprement Qui m'attent ; voyla mon marchant [un pelletier]. Je voys à luy tout beau marchant, Faisant semblant de le congnoistre. Et Dieu vous doint joye, nostre maistre ! (Nouv. Path. T., c.1474-1485, 45).

 

b)

[Correspond souvent à un titre dans l'administration royale, sinon désigne qqn qui en est proche] : LE TABELLION. (...) Un instrument vous en feray Bon et bel, que vous porteray Ja : souffist il ? L'OSTELLIÉRE. C'est bien dit, maistre Pierre, oil. (Mir. roy Thierry, c.1374, 321). LE SAMEDI IXe jour d'avril après Pasques, mil CCCIIIJxx et dix, par davant ledit mons. le prevost, lui estant en jugement sur les carreaux, presens maistres Pierre de Lesclat et Guillaume Porel, conseillers du roy nostre sire en son parlement (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 208). ...maistre Dreux de Dampmartin, maistre des euvres de monseigneur de Bourgoigne... (Doc. 1422. In : Bibl. Éc. Chartes, 70, 1909, 448). ...confessions faites par ledit escuïer, devant honorable homme et sage maistre Henry de Marle, advocat en parlement et bailli d'icelle conciergerie. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 14). ...honorables hommes et sages maistres Dreux d'Ars, auditeur, et Michel Marchant, advocat (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 185). ...maistre Pierre du Pré, excecuteur de la haulte justice du roy nostredit seigneur (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 263). Le mercredi, second jour du mois d'aoust, l'an mil CCCIIIJxx et onze, par devant monseigneur le prevost, lui estant en jugement sur les quarreaux, presens honorables hommes et saiges maistres Jaques Boujeu, Robert Broisset et Guillaume Porel, conseilliers du roy nostre sire en parlement (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 300). Aujourdui, la Court m'a enjoint que je enregistrasse la cedule que me bailleroit maistre Jehan de Cessieres (BAYE, I, 1400-1410, 3). Ce jour, maistre Guillaume de Launoy a esté receu conseiller du Roy en la Chambre des Enquestes ou lieu de feu maistre Guillaume Liroiz (BAYE, I, 1400-1410, 28). Et fu ordonné que, pour ce que les maistres ou seigneurs de ceans ne povoient bonnement venir d'oultre les petis pons qui estoient rompus et que Seinne passoit et issoit ses termes, ilz s'assembleroient en aucun lieu et feroient Conseil et arrests (BAYE, I, 1400-1410, 218).

 

c)

[Correspond à un état en religion] : ...savoir faisons à touz presenz et avenir, que pour le accroissement du devin service (...) et pour ce que noz amez les religieux, maistres freres et soeurs de l'Ostel Dieu de Paris soient plus enclins à prier Dieu (...) nous, à yceux religieux (...) avons ottroyé et ottroyons... (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.2, 1341, 121). Li maistres par especial, Et les freres de l'Ospital, Et aussi tous ceus dou païs, De qui il n'estoit pas haïs, Grant honneur et grant reverence Li feïrent de leur puissance. (MACH., P. Alex., p.1369, 52). Que demande ce maistre moyne ? (P. moyne, a.1500, 47). ...maistre Simon Guitoys, à present prieur-curé de ladicte eglise de Tarascon, grant arcediacre d'Avignon, sera doien et double chanoine prebendé d'icelle eglise de Tarascon (Ordonn. rois Fr. P., t.19, 1482, 9). Ha ! que ces maistres jacobins, Cordeliers, carmes, celestins Ne jouent de nature la basse, Onc chien puant de passe passe Ne fut si listre, par mon ame. (Rapp., c.1480, 63). Ilz vindrent en grand nombre de gens de bien vers les princes dessusdictz au lieu de Sainct Mor et porta la parolle maistre Guillaume Chartier, lors evesque de Paris, renommé très grant homme. (COMM., I, 1489-1491, 55). ...aussi fut la grant messe chantee par maistre Robinet, chanoyne de Rouan. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 260). Allez vous en, maistre novice, Chanter la messe en vostre eglise. (P. moyne, a.1500, 49).

 

2.

P. ext. [Forme allocutive ou délocutive très générale dont l'emploi reflète des rapports sociaux variables]

 

-

[Marque une connivence bienveillante] : GUILLEMETTE [au Drapier]. Par Nostre dame, mon doulx maistre, Vous n'estes pas en bon memoire (Path. D., c.1456-1469, 112).

 

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[Marque une certaine considération] : LE LARRON. (...) Sa, maistre, morir vous estuet Ou la dame me renderez, Dont ci endroit eu avez Si voz solaz. LE MARCHANT. Quelle dame, doulx sire ? (Mir. march. larr., c.1349, 105).

 

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[Marque une politesse sincère] : Ne vous desplaise, biaux maistres, je cuidoie trouver ung mien fremier d'Excesses, car trop bien vous le ressamblez. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 54). "...Les aultres s'en retourneront querre vostre raençon, et, ce que vous ferez et paierez, je ay ordonné qui recevra les deniers. Si tost comme ilz seront mis oultre, vous partirez, je l'ay ainsi dit et ordonné, et il vous souviengne, Geronnet, que je vous fay bonne compaingnie. Se les nostres, par aventure d'armes, tournent en ce party, si leur faictes." -- " Par ma foy", respondy Geronnet, "biaulx maistres et sire, voulentiers, car moy et tous les aultres y sommes tenus." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 201).

 

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[Valorise le personnage désigné par maistre] : ...maistre Jehan se mist ung peu au dessus des aultres, et commença sa petite collacion (C.N.N., c.1456-1467, 222). ...trouverent la le maistre bergier qui besoignoit entour de ce parcq. (C.N.N., c.1456-1467, 357).

 

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[Associé à un subst. de valeur péjorative dont il renforce le sens ou la portée] : Ha ! [ha !] dist il, maistre houllier, vous m'avez bien celée ceste bonne chere [Valeur d'injure ici] (C.N.N., c.1456-1467, 26). Je me rys d'ung maistre coquart Le plus follas que je viz oncques. (Pipée R., c.1470-1480, 147). CUIDER. Argent m'y fault ! Argent m'y fault ! Sa, mes enffans, sa, mes minos, Venez achapter dorellos, Sa, venez ! ains qu'il soit plus tart. BRUYT. Et qui est se maistre cornart Qui reveille le guet ainsi ? (Pipée R., c.1470-1480, 160). Mais escoutez se maistre sot, Quels grans abillités il nomme ! (Pipée R., c.1470-1480, 191). Ce a bien esté a vous mal dit Dire que fammes habandonnees Sont a Paris ou alouees Les a ce fault, maistre enrimé ["Rimasseur ignorant ou ignare" (Éd.)], Infame Bourguignon salé Lequel est de vostre aliance. (S. fol, c.1480-1490, 8). Puis que j'ay fait dessus voz murs ung sault, Maistre paillart, vous demeurrez icy. (LA VIGNE, S.M., 1496, 232). Allés, vostre [ fievre ] quartaine, A vostre abaye, maistre frappart, Et voulés vous estre paillart, Vuidés tost, c'est trop demouré ! (P. moyne, a.1500, 47).

 

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[Marque d'une politesse un peu distante à l'égard d'un subalterne (dont on reconnaît le travail, les responsabilités)] : [La maîtresse de maison s'adresse au majordome] Apres ce, maistre Jehan, tu doiz adviser se le cheval a bonne encontre et bonne herpe et ouverte, qu'il ne soit courbé ne fuiselé (et s'il est durié, c'est bon signe) (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 138). Maistre Jehan, se vous voulez engressier pour vendre ung de noz chevaulx, primo soit etreillié, lavé et tenu nectement, et fresche lectiere. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 140).

 

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[Accompagné de mon ami, il marque une légère condescendance] : Et puis, mon amy maistre Jehan, tu te dois congnoistre a l'aage dont il est [le cheval]. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 137). Maistre Jehan, mon amy, qui veult achecter un cheval il le doit premierement veoir a l'estable (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 137). Apres ce, maistre Jehan mon amy, tu doiz aler au costé et regarder s'il est point grevé soubz la seelle (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 138).

 

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P. antiphr. : "Or ça, maistre, passez et vous mectez devant." Alors le petit Saintré, tout honteux, le viz de honte tout enflamé, soy inclinant, avec les autres devant se mist. [Appellation ici adressée à un inférieur] (LA SALE, J.S., 1456, 6).

 

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Par dérision : PREMIER SERGENT. (...) Sa, nous vous despoullerons, maistre ; Or sus : sur ce gril vous fault mettre Envers gisant. LORENS. Ce ne vous suy point refusant (Mir. st Lor., 1380, 189). Maistre Jhesus, despoulhés vous ; Et vous, Sirus, tout de cest'eure Faictes les partuis de mesure. (Pass. Auv., 1477, 194).

 

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Nostre maistre : [Un diable s'adresse à Gadiffer] "Comment, nostre maistre, avez vous esté tant presumptueux que de venir en noz marches, veu que Perceforest vostre oncle nous a mis a mort, et moy par especial qui estoie sire des forests...?" (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 20). Adont vingt ung mauvais esperit au jenne chevalier, qui lui commença dire : "Comment, nostre maistre, ou avez vous prins le hardement de vous soir sus ce prerron, la ou Darnant, nostre souverain prince, doit seoir quant il doit rendre ses arrests ?" (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 152). Et quant Estonné eut esté ainsi touillié en ces orties tant que la char lui cuisoit comme s'yl fust escorchiez et sallez, il oÿ la voix d'un homme qui lui commença a dire : "Nostre maistre, ainsi fait on en ce paÿs aux chevaliers qui voeullent couchier avecq les dames !" (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 349). "Nostre maistre, soyés certain que je vous occiray, car pour neant ne m'avés couppé le bras qui ne me donnoit qu'empeschement !" (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 115).

 

-

P. iron. : ...si commença maistre trenchecoille a faire ses preparatoires pour besoigner. (C.N.N., c.1456-1467, 404). ...s'avisa maistre mary, pour estre de l'estat de sa femme asseuré, qu'il feroit tant (...) que d'elle orroit la devote confession (C.N.N., c.1456-1467, 463).

 

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[En partic. à propos de gens d'église dont le comportement est en contradiction avec leur état] : ...maistre moyne, plus eschaufé qu'un estalon, de son baston ung coup hurta (C.N.N., c.1456-1467, 107). Ung jour fut prest [prins] de faire bonne chere en la chambre de maistre moyne, après disner, ou sa dame promist de comparoir (C.N.N., c.1456-1467, 274). Ce maistre curé, qui estoit grand farseur et fin homme, commence a prendre la parole (C.N.N., c.1456-1467, 403). Ce maistre evesque se fist bailler ces perdrix, et les trouva telles qu'elles estoient, bonnes a bon escient (C.N.N., c.1456-1467, 581).

 

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[Avec l'adj. poss. nostre, empl. ironique au compte de l'auteur] : Si s'en retourna nostre maistre en son lit, enprès sa femme, sans dire mot (C.N.N., c.1456-1467, 367). ...pource que tressubtilement avoit perceu nostre maistre curé parler a sa dame, il se doubtoit tresfort de ce qui estoit. [L'homme pense que sa femme le trompe avec le prêtre] (C.N.N., c.1456-1467, 493).

 

-

[Façon de s'adresser à un sanglier avant de le tuer] : Et, s'il [le sanglier] est en fort païs et il li court sus, il est en perill d'estre blescié, ou luy ou son cheval, mes il doit venir au devant de luy et le doit apeller en disant : "Avant, maistre !" (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 232). [Un sanglier vient de blesser un pauvre homme lors d'une chasse] ROY AVENIR. A, maistre porc, je vous aray. Or tenez, est il adoubé ? (Et le tue) (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 300).

III. -

[Désigne un objet] "Dans la chasse à engins, corde qui borde un filet et le tient suspendu"

 

Rem. Cf. HENRI FERR., Modus et Ratio T., c.1354-1377, gloss., s.v. maistre. FEW VI-1, 41a. Cf. aussi GD V, 100a, maistre 3 (partie d'une charrue, doc. de 1377) et maistre 4.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

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