C.N.R.S.
 
http://www.atilf.fr/dmf/definition/mépriser 
StructureSans exempleCompletFormesExemples
FamilleTextesSourcesImpressionAide à la lecture
     MÉPRISER     
FEW IX pretium
MESPRISER, verbe
[T-L : mesprisier ; GD : mesprisier ; AND : mespriser ; DÉCT : mesprisier ; FEW IX, 372b : pretium ; TLF : XI, 665a : mépriser]

I. -

[Idée de mépris]

A. -

Empl. trans.

 

1.

Mespriser qqn. "Traiter qqn avec mépris" : Et s'aucuns voloit mesprisier Ma douce dame ou mains prisier Pour ce qu'elle ainsi m'appella Ou se assez largement parla, C'est son bien, s'onneur et son los, C'est ce dont je la pris et los (MACH., Voir, 1364, 216). Elle [la beauté] a esté a pluseurs cause de abhominables pechiez et de mort temporelle et eternelle ; et mesmement aucunes gens en ont esté pour ce mesprisiez en batailles et desconfiz (GERS., Concept., 1401, 417). ...et qui resiste a discipline, et mesprise correction, il sera mesprisé du correcteur (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 65). ...l'espouse indaigne ne l'a volu recever, mais le mesprisa (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 281). Alors vira sa hacquenee et appella ses chiens pour giboyer, comme celle qui de lui ne tint nul compte et qui le meprisa. (LA SALE, J.S., 1456, 273). Et, pour ce, renvoya le roy ledict Symon avecques très maigres parolles, sans riens vouloir jurer, dont ledict duc se tint fort mocqué et mesprisé et en eut très grant despit. (COMM., I, 1489-1491, 229).

 

2.

Mespriser qqc. "Considérer qqc. avec mépris"

 

a)

"Considérer qqc. avec mépris, le juger dédaignable" : Les Allemands mesprisoient la pompe et parolles dudict duc, l'atribuant à orgueil (COMM., I, 1489-1491, 138).

 

b)

"Considérer qqc. avec mépris, ne pas faire cas de qqc., négliger qqc." : Remus, en se moquant de son frere ou en mesprisant les murs qu'il avoit fait, tressaillit les diz murs (BERS., I, 1, c.1354-1359, 7.2, 11). Adam, desobeissant et mesprisant le commandement de Dieu ou deffense, menga la pomme (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 81). ...et qui resiste a discipline, et mesprise correction, il sera mesprisé du correcteur (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 65). ...en tous leurs haulx affayres ne mespriserent oncquez oreison (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 166). ...mesprisant le bon commandement de son maistre... (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 202). Et se aulcuns sont qui ceste regle mesprisent et qui ne veullent eulz duyre par conseil, ce procede, comme dit Socrates, par deffault de experience. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 142). Se ton amy te donne conseil par bone amour, renz luy par bonne amour audience et obedience, c'est a dire, croy son conseil et ne le mesprise ne contempne. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 148). Et sera bel exemple pour ces seigneurs jeunes qui follement entreprennent, sans congnoistre ce qu'il leur en peult advenir ne aussi ne l'ont point veü par experience, et mesprisent le conseil de ceulx qu'ilz deüssent appeller (COMM., II, 1489-1491, 108).

 

-

Mespriser + inf. "Dédaigner de, négliger de" : ...mais contempnent et mesprisent apprendre lettres et quelque science sçavoir (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 155).

 

c)

"Considérer qqc. avec mépris, tenir qqc. pour indigne d'intérêt, dédaigner qqc. (qui aux yeux d'autres peut avoir de l'attrait)" : ...sanz faire aucun autre hardement fors que de mesprisier choses de vanité (BERS., I, 9, c.1354-1359, 17.16, 32). Ceste povreté d'esperit, ou fut elle doncques enracinee plus parfondement que en la saincte ame de saint Pol qui se reputoit le premier entre les pecheurs, qui estoit continuellement en paour et en tremeur, qui mesprisoit toute richesse terrienne, et les reputoit fiens ou boe, qui labouroit de ses propres mains pour soy nourrir et les siens sans user de l'auctorité de prendre son vivre temporel de ceulz ausquelz il semoit bien espirituel ? (GERS., P. Paul, a.1394, 509). Jadis furent messes establiez de gens mesprisans choses temporellez, et ordonnees au mistere de ses sacrifices (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 175). Jeunesse je veulx mespriser Et despriser, Pour mieulx suyvre vie virtueuse. (Pass. Auv., 1477, 118). DOYEN, (en allant.) Je suis esbahy quant je vise Au gouvernement de Martin, Commant ce grant bien il mesprise, Car ce n'est pas petit butin. (LA VIGNE, S.M., 1496, 407).

 

-

[Par litote] Ne pas mespriser qqc. "Ne pas dédaigner qqc., aimer qqc." : Cestui ne mesprisa pas la science de astrologie, ains l'ayma parfaictement et le monstra assez, où il parle des ars (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 88 r°).

B. -

Empl. pronom. Se mespriser

 

1.

"Se considérer comme indigne d'estime" : Tu te doys bien mesprisier et ceulx qui jamais seront et descendront de ton lignage, car non pas tant seullement toy mais aussy ton lignage est compris en trahison (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 203).

 

2.

"Se sous-estimer" : Et ne fault ja qu'aucuns me dient : "Nous ne pouons mie estre telz comme saint Pierre et saint Pol". Certes aussy bien pouons nous prendre ceste amour comme ilz firent. Nous sommes hommes telz comme ilz estoient. Nostre ame comme la leur est faicte a Dieu congnoistre et l'amer. Ne nous mesprisons pas doncques, ne decevons, ne deshonnourons, ne dampnons et perdons a escient, mais soyons telz que nous puissons estre nombrez avec ceulz qui sont amez de Dieu (GERS., P. Paul, a.1394, 516).

II. -

[Idée de méprise] Mespriser qqc. pour qqc. "Confondre qqc. avec qqc. d'autre" : Bien voy que mesprisons Vertu pour vice. (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 132).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

Fermer la fenêtre