C.N.R.S.
 
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     MÉDIRE     
FEW III dicere
MESDIRE, verbe
[T-L : mesdire ; GDC : mesdire ; AND : mesdire ; DÉCT : mesdire ; FEW III, 68b : dicere ; TLF : XI, 574b : médire]

A. -

"Dire du mal"

 

1.

Mesdire de qqn. "Dire du mal de qqn, médire de qqn" : Jamais ne mesdirez d'abbesse Nulle après li. (Mir. abbeesse, 1340, 95). Largesse qui après sëoit Parla, car moult bien li sëoit, Et dist : "Guillaume, vraiement, Je sui mervilleuse, comment Vous osez des dames mesdire ; Car ce ne deüssiez pas dire. Et de ce qu'avez dit, li blames Est plus seur vous que seur les dames..." (MACH., J. R. Nav., 1349, 242). Garde toy bien, quoy que tu dies, Que de personne ne mesdies. Et s'on mesdit ou tu seras, En l'eure le rabateras, Car tels mesdit souvent d'autrui Qui a moult a mesdire en lui. (MACH., C. ami, 1357, 125). Porte honneur a tes anemis De ta parole, qui po couste, Et si les ressongne et les doubte Tant qu'encontrë eaus te pourvoies, Si que d'eaus asseürez soies. Mais garde bien qu'on n'en mesdie En ta presence, quoy qu'on die, Car c'est trop petite vengence, Ce m'est avis ; et sans doubtance, Qui en mesdit, ou fait mesdire, Plus que ses anemis s'empire. (MACH., C. ami, 1357, 138). ...ilz detraient ou mesdient de vous comme de malfaiteurs (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 424). Einsi, pour moi desconfire, Fait mon cuer defrire Et en dueil confire Qui toudis empire ; Dont li las soupire, Quant en la bele se mire Dont nuls ne porroit mesdire, Qui deüst son mire Estre. Or ne remire Son mal ; dont eslire Vuet pour le meins pire Mort qui tost le veingne occire. (MACH., Les lays, 1377, 317). C'est mes chastiau, c'est mes ressors, C'est ce qui estaint m'ire ; C'est li avoirs, c'est li tresors Dont homs ne puet mesdire ; C'est de ma vie li drois pors, C'est ma joie, à droit dire. (MACH., Les lays, 1377, 432). Mais garde bien, sur tout ne t'enhardi A faire chose ou il ait villenie, N'aucunement des dames ne mesdi ; Mais en tous cas les loe et magnefie. (MACH., Prol., c.1377, 4). ...pour haine on ne doit mie mesdire d'autrui, quelque injure que on ait receue (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 141). ...les dames ou femmes de la court mesdient trop bien l'une de l'aultre (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 147). Et s'aucun me vouloit reprendre Et dire que je le maudiz [mon seigneur, l'évêque Thibault d'Aucigny], Non faiz, se bien me scet comprendre ; En riens de luy je ne mesdiz. Vecy tout le mal que j'en dis : S'il m'a esté misericors, Jhesus, le roy de paradis, Tel luy soit a l'ame et au corps ! (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 24). Car j'ay mis le plumail au vent : Or les suive [les amants] qui a actente ! De ce me taiz doresnavant, Car poursuivre vueil mon entente. Et s'aucun m'interrogue ou tente Comment d'Amours j'ose mesdire, Ceste parolle le contente : "Qui meurt a ses loix de tout dire". (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 69). Sy me soubzmectz, leur serviteur [des Frères mendiants] En tout ce que puis faire et dire, A les honnorer de bon cueur Et obeïr sans contredire. L'omme bien fol est d'en mesdire, Car soit a part ou en prescher Ou ailleurs, il ne fault pas dire, Ces gens sont pour eulx revanchier. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 98).

 

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Mesdire de qqn en derriere. "Médire de qqn derrière son dos" : Enfans, encore vous deffens je que vous ne creez ne aiez fiance en jangleur ne en flateur, ne en homme qui de autrui mesdit en derriere. (ARRAS, c.1392-1393, 86).

 

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Mesdire contre/sur qqn : Et pourtant ceulx sont bien infames Qui mesdient contre les dames, S'elles deviennent amoureuses (Narcissus, p.1426, 298). Nous vous voullons icy prier Que [vous] nous disez par loisir Comment nous pourrions bien pugnir Ces cocardeaulx et ces badins Qui mesdisent sur leur voisins ? (Sots Magn., a.1488, 209).

 

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Mesdire de qqc. "Dire du mal de qqc." : En auchuns fait a esmerveillier, qui ne veullent pas estre veüz ignorans et toutefois ilz sont negligens de aprendre, et de la discipline et de l'ignorance ilz mesdient. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 33). C'est vaillantise et grant prouesse Quant un noble cuer si s'adresse Qu'en vertus il soit bien propice Et eschever et fuïr vice, Ne qu'on ne puist trouver en lui Riens dont puist mesdire nullui (CHR. PIZ., Dit rose F.E., 1402, 110).

 

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Empl. abs. : Garde toy bien, quoy que tu dies, Que de personne ne mesdies. Et s'on mesdit ou tu seras, En l'eure le rabateras, Car tels mesdit souvent d'autrui Qui a moult a mesdire en lui. (MACH., C. ami, 1357, 125). Et commande aussi les oeuvres de mansuetude, si comme non batre ou ferir et non tencier ou mesdire. (ORESME, E.A., c.1370, 278). ...et la cause est car il doivent estre blasmés et pugnis premierement pour ce que ilz se sont enyvréz, secondement pour le mal que ilz ont fait en leur yvresce, si comme ferir ou mesdire. (ORESME, E.A.C., c.1370, 198). ...ne vueil je pas dire Ces choses affin de mesdire, Ne diffamer le tres noble ordre Angelique (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 9). Si ne crains avoir despendu Par friander ne par lescher ; Par trop amer n'ay riens vendu Qu'amis me peussent reprouchier, Au moins qui leur couste moult cher ; Je le dy et ne croys mesdire. De ce je me puis revanchier : Qui n'a meffait ne le doit dire. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 35).

 

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Sans mesdire : Et nompourquant tant en vueil dire Sans venterie et sans mesdire A sa loange seulement, Que de li venra proprement, S'en toute ma vie riens vail, A qui cuer, corps et ame bail. (MACH., R. Fort., c.1341, 13). Et d'autre part, chose est certeinne, Que la court en est assez pleinne De tout ce qu'on a volu dire De par ma dame, sans mesdire ; Si que de ma dame me tais. (MACH., J. R. Nav., 1349, 263). Si puis dire, Sans mesdire, Que, s'il ne li vuet souffire, Il a tort, Qu'autre confort Rouver, querir et voloir Est matire D'escondire Et de perdre, tire à tire, Le ressort Et le deport Qu'il suet d'Amours recevoir. (MACH., Les lays, 1377, 385).

 

2.

Mesdire à qqn. "Dire du mal de qqn, maltraiter qqn en paroles" : Cedit jour, la Court a defendu à maistre Dominique qu'il ne mesdie, en quelque maniere que ce soit, à maistre N. d'Orgemont. (BAYE, I, 1400-1410, 154). Ce jour, la Court a fait defense à maistre Robert Cochereau, procureur des habitans de Nemoux, qu'ilz ne meffacent ne mesdient aux religieuses de Joye-Nostre-Dame-leis-Nemoux. (FAUQ., II, 1421-1430, 221). Quant l'empereur [Alexandre le Grand] ot remiré De Dïomedés tout le dit, "Ta fortune je te mueray Mauvaise en bonne", ce lui dist. Si fist il ; onc puis ne mesdit A personne, mais fut vray homme. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 33). QUART. Monsieur, vous me pardonnerez Se vous ay meffait ne mesdit. (LA VIGNE, S.M., 1496, 285).

 

3.

Mesdire qqc. à qqn. "Dire qqc. de mal de qqn" : ...c'estoit l'omme du monde que elle hayoit le plus, sans ce que icellui Rotisseur lui eust meffait ou mesdit aucune chose (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 262). ...auquel Eustace il qui parle dist ces parolles ou en substence : Jehan Eustace, mon compere et ami, qu'avez-vous ? Que vous a l'en meffait ou mesdit ? (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 416).

 

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Mesdire qqc. de/sur qqn. "Dire qqc. de mal de qqn" : Le destroit lien de compaignie est tenir estre plus contre nature homme mesdire auchune chose de son compaignon a cause de son prouffit que soy soubmettre a tous dommages. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 260). Neponcian a eu soing de soy tellement conduire que personne ne eust cause de sur lui quelque chose mesdire (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 298).

 

4.

Inf. subst. "Médisance" : Et sa gracieuse parole, Qui n'estoit diverse ne fole (...) mais bien affrenée, Cueillie a point et de saison, Fondée seur toute raison, Tant plaisant et douce a oïr, Que chascun faisoit resjoïr, Me metoit un frein en la bouche Pour moy taire de ce qui touche A tout ce qu'on claimme mesdire. Mais laisse avoit pour le bien dire, Car nuls ne doit dire d'autrui Ce qu'il ne vuet oïr de lui. (MACH., R. Fort., c.1341, 9). Et, se mesdire on doit blamer, Ancore fait moins a amer Meffaire (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 37).

B. -

"Dire mal, dire faussement" : Sur quoy ne sçay plus autre rien qu'en die, Si sollassable est leur chant d'escouter Et leur maintien, sans ce que j'en mesdie. (RENÉ D'ANJOU, Regn. et Jann. R., c.1457-1461, 48). Sainte Eufemie, vierge et martire, Impetre moy par ta puissance Que de mes pechez, sans mesdire, Puisse faire vraie penitence. (Prières saints R., t.1, c.1488, 45).

V. aussi mesdisant
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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