C.N.R.S.
 
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     LOUANGE     
FEW V laudare
LOUANGE, subst. fém.
[T-L : löenge ; GDC : louange ; AND : loange ; FEW V, 206b : laudare ; TLF : XI, 6a : louange]

A. -

"Fait de louer qqn ou qqc., de faire l'éloge de qqn ou qqc."

 

1.

"Fait de louer qqn (ou une bête), éloge de qqn" : ...saint Jerome, en un sermon qu'il fait de la glorieuse vierge Marie, en soy escusant de sa loenge, pour ce que on doit moult doubter qu'en loant si haulte royne langue humaine, qui est corrumpable, ne faille, si dit... (Mir. st J. Cris., c.1344, 251). La fu il [l'alérion] hautement loés, Et fu cis moult bien avoués Qui le loa premierement. Car selonc mon entendement, A la guise qu'il le looit Chascuns moult volentiers l'ooit, Et gracioient la loange, Pour ce qu'elle estoit si estrange, D'une estrangeté nompareille, Que c'estoit une grant merveille D'escouter les divisions Qu'on faisoit des alerions. (MACH., D. Aler., a.1349, 294). Li gerfaus fu miens ligement, Et je le garday liement, Car je fui moult au cuer joieus, Quant je me vi de lui joieus, C'est a dire quant j'en joy. J'en eus moult le cuer esjoy, Car moult l'avoie oy loër. Et pour la loange avoër, Avec les loans le looie Toutes fois que loër l'ooie, Et par mi ce, bien dire l'os, Li donnay je un si bon los Que tuit cil qui de moy l'ooient Loër moult forment m'en looient. (MACH., D. Aler., a.1349, 376). Aucuns, comme il me samble, vouldront mettre tache en la louange saint Pierre pour ce qu'il fut repris de saint Pol, que il ne aloit pas le droit chemin en la doctrine Jhesu Crist (GERS., P. Paul, a.1394, 490). Nagaires je m'esbanoyoye par le plaisant et fructifiant jardin de la sainte Escripture, tant pour mettre en oubly les miseres, cures et soussis du temps present, et chassier hors Oyseuse, la fole, comme pour ouyr la louenge des sains et sainctes, affin que par leur exemple, allocucion et par bonne doctrine, je peusse plus legierement et seurement passer le tres brief et tres perilleux pelerinage de ce mortel monde (GERS., Concept., 1401, 388). O doleur intolerable, que le Roy appreuve murtre et loue pechié, auquel est donné le gleve à la vengence des mauvaiz et louange des bons (BAYE, II, 1411-1417, 261). ...et fut cestui empereur [Alexandre le Grand] eslevé entre les hommes jusques à le ultime point de louenge, au moïen de sa science et prudence et de astrologie et des hommes vertueux astrologiens qu'il eut avecques lui (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 58 r°).

 

-

Prov.

 

.

[La louange vient de courtoisie] : Mais riens demander ne vous ose, Amour, merci, ne autre chose, Qu'a moy n'apartient nullement, Et on dit que communement Demander vient de villonnie, Et loange de courtoisie. (MACH., R. Fort., c.1341, 138). Car demander est villonnie Et loenge est courtoisie. (MACH., Voir, 1364, 250).

 

.

[La louange est moins répandue que le blâme] : Car plus tost est blascenge par l'omme publie, Que loenge ne soit. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 56).

 

-

Dire (de / des) louange(s) : ...des autres aucteurs pourra on moult dire de bien et de loenge (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 373). La belle Hester, la preux, la sage (...) De qui tant de louange est dicte En la vraye sainte escripture (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 263). Le roy, qui tant prenoit plaisir a oïr les loanges c'on disoit de Saintré qu'i' ne prenoit garde a lui qui encores estoit a genoulz, subitement lui commanda a lever (LA SALE, J.S., 1456, 129).

 

2.

"Grâce rendue"

 

-

Rendre louange (à qqn). "Rendre grâce à qqn" : Mais encor vi je derechief Que tuit li gentil damoisel, Qui estoient plein de revel, Et les damoiselles aussi, Tous ensamble et chascun par li, Li faisoient feste et honnour Comme a leur souverein signour, Grace et loange li rendoient Et comme leur Dieu l'aouroient. (MACH., D. verg., a.1340, 19). Si vous di que de tous oisiaus Ooit on la les chans nouviaus, Car chascuns rendoit a sa guise Au printemps loange et servise. Si les escoutai longuement Moult volentiers, et vraiement, J'y prenoie moult grant delit, Car leur chanter tant m'abelit Qu'endormir depuis ne me pos, Dont j'entroubliay mon repos. (MACH., D. Lyon, 1342, 162). Si qu'il couvient que je face m'offrande Au dieu qui dort et que dou tout m'atende Aus dieus d'amours et qu'humblement leur rende Grace et loange Dou bon espoir qui en mon cuer amende, Et supplier Morpheüs qu'il entende A moy aidier, se li dieus li commande. (MACH., F. am., c.1361, 174).

 

-

Rendre louange (à Dieu, à la Vierge). "Rendre grâce à" : Graces vous rens, loenge et pris, Quant moy fol de pechié espris Deignez cy de vostre presence Visiter (Mir. parr., 1356, 39). Conforte toy et meinne joie ; Car li sires qu'onques n'oubli Ne t'a mie mis en oubli. Ren au grant Dieu grace et loange, Qui aporté ci par son ange M'a en brief temps de longue voie. Si desir moult que je te voie. (MACH., C. ami, 1357, 42). Loenge en rens a Dieu le pére Et a la vierge bonnement De ce saint convertissement. (Mir. st Sev., 1362, 236). A toy, le mien Dieu (...) A toy je rens graces et loenge (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 60). ...si en rendirent tous graces et loenges a Nostre Seigneur. (MANSEL, Fleur hist., c.1446-1451. In : Chrestom. R., 116).

 

-

Pour toutes louanges. "Pour toute grâce" : Veez cy lenguacges fort estranges. Femme suis pour toutes louanges ; Mon filz ne m'apelle plus mere ! (Pass. Auv., 1477, 221). [Dans cette paraphrase libre du passage de l'Évangile où le Christ en croix confie sa mère à l'apôtre Jean en ces termes : "Femme, voilà ton fils" (Jean 19, 26), l'auteur du mystère cherche à exprimer l'amertume de Marie lorsqu'elle s'entendit appeler "femme" par son propre fils]

 

3.

[À propos d'une chose]

 

a)

"Fait de louer qqc., d'en faire l'éloge" : Et se il est ainsi que loenge soit de telles choses, il est manifeste que des choses qui sont tres bonnes ne doit pas estre loenge, mais leur est deüe plus grant chose et meilleur que n'est loenge. (ORESME, E.A., c.1370, 139).

 

b)

P. méton. "Ce qui est digne d'être loué" : Ses louenges et ses merites Sont bien dignes d'estrë escrites (Vig. Trib., c.1480, 233). Or que chascun doncques s' aplique, Quoy que necessité luy plicque, De sa louenge racompter. (Vig. Trib., c.1480, 235).

 

c)

"Ce qu'on loue (à qqn), ce qu'on lui recommande, avis donné"

 

-

À la louange. "À mon avis, à mon sentiment" : Chascun me dit - Prenez en pacience. Mais je ne puis, car je n'ay pas science. Quant je ne voy ame qui me sequeure, A la louenge, j'ay grant paour que j'en meure. (GARENC., Poésies N., 1389-1415, 112).

B. -

"Fait d'être loué"

 

1.

[À propos d'une pers.] "Fait d'être loué ; gloire, renommée, renom de qqn" : A Bonne Amour Par maintes fois fis devote clamour Qu'elle mon cuer asseïst a l'onnour De celle en qui il feroit son sejour, Et que ce fust Si que loange et gloire en receüst Et que, se ja mes cuers faire peüst Chose de quoy souvenir li deüst Ou desservir Nul guerredon de dame par servir, Qu'en aucun temps li deingnast souvenir De moy qui vueil estre siens, sans partir, Toute ma vie. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 67). Fols est qui a tels dons s'arrange, Ne tent sa main. Car par tel change elle [Fortune] se vange De ceaus qu'elle flate et losange, Et leur oste honneur et loange D'ui a demain. (MACH., R. Fort., c.1341, 39). Mais loange ne vueil ne gloire De ceste geste ou ceste hystoire, Qu'on scet bien que pas nez n'estoie Eins la fondation de Troie, Mais ci l'ay mot a mot escript, Si com veü l'ay en escript. (MACH., F. am., c.1361, 214). Quant lonc temps orent festié, Dancié, jousté et tournié, On donna le pris au milleur. Et le fist faire l'empereur, Si que le pris et la loange Fu donnée à ce roy estrange ; Car par sa lance et son escu Avoit tous les autres vaincu. (MACH., P. Alex., p.1369, 39). Il [le roi] dist : "Ma doleur renouvelle, Quant je voy qu'on me tient si vil, Qu'on dit villenie à mon fil ! Biaus dous Dieux, que t'ai je meffait ? Ne sera pugnis ce meffait ? J'ay perdu honneur et loange En ce monde, se ne m'en vange." (MACH., P. Alex., p.1369, 258). ...[les enfants se rassemblent] pour jouer en la presence de leurs peres, meres et amys, affin d'en rapporter gloire, renomée et loange (C.N.N., c.1456-1467, 555). ...[tu as] hay et mesprisé les bons et justes conseilz de ceulx qui t'y ont voulu joindre [au mariage] affin que tu eusses lignée qui perpetuast ton nom, ta loange et renommée. (C.N.N., c.1456-1467, 556). ...la loange et honneur de l'un ne peut estre sans la gloire de l'autre [Dans le mariage] (C.N.N., c.1456-1467, 562).

 

-

[À propos de Dieu] : Mais soy louer pour neccessité et pour proffitter a autruy, et tout pour la gloire et louange de Dieu est prudence et magnanimité puisque verité y est tousjours gardee. (GERS., P. Paul, a.1394, 502).

 

-

Digne de louange : Ma dame reverent et chiere, Digne de loange et d'onnour, Excellent en toute valour Que cuers porroit ymaginer, Yeus vëoir, oreille escouter, Main figurer, ne bouche dire (MACH., R. Fort., c.1341, 83). [Dieu] Qui la terre et le firmament Feïs, et quanqu'il y appent, Qui en la mer termes et signes Has mis par tes paroles dignes, En commandant qu'elle oubeïsse Et que point de son canel n'isse, Conclus, limité has l'abisme Et signé par ton nom saintisme, Terrible et digne de loange (MACH., C. ami, 1357, 53).

 

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Digne d'honneur et de louange : Là ot maint pelerin estrange, Digne d'onneur et de loange, Qui moult tres grant joie feïrent, Quant au rivage les veïrent. Li grans maistres de l'Ospital Descendi dou chastel aval, à moult tres noble compaingnie (MACH., P. Alex., p.1369, 57). Là ot maint chevalier estrange, Digne d'onneur et de loange, De mainte estrange region, Dont je vous feray mention. (MACH., P. Alex., p.1369, 139). [Le pape] Le bon roy manda qu'à li veigne ; Et il y vint à grant compaingne, Car toute sa chevalerie, Toute sa gent et sa maisnie, Et maint bon chevalier estrange, Dignes d'onneur et de loange. N'il n'avoit cardenal à Romme, Chevalier, bourgois ne prudomme Qui ne venist à l'assamblée, Que le pape avoit assamblée. (MACH., P. Alex., p.1369, 240).

 

-

Louange à vous. "Soyez loué" : Et pour ce, dame de vaillance, Qu'en moy n'a pas sens ou science Pour vos biens et douceurs retraire, Si com je le deüsse faire Et com volentiers le feroie, Mais en vain me travilleroie, Ma dame, trés humblement ren ge A vous grace, mercis, loange Cent mille fois, et vous salu. (MACH., R. Fort., c.1341, 84).

 

-

À la louange de qqn. "En l'honneur de qqn, à la gloire de qqn" : Et tous les chans que je ditoie, A sa loange les faisoie En pensant que, s'il avenist Que mes chans devant li venist, Qu'elle porroit savoir comment Je l'aim et sui en son comment. (MACH., R. Fort., c.1341, 15). Einsi me fist ma dame faire Ce lay qu'oy m'avez retraire, Ja soit ce que riens n'en sceüst Qu'elle fait faire le m'eüst. Mais selonc le sens que j'avoie, A sa loange le faisoie, Et si près de mon sentement Com je pooie bonnement, Tant que par aventure avint Qu'en sa presence cils lais vint (...) Qu'elle me commanda au lire. (MACH., R. Fort., c.1341, 26). Si m'avisay que je feroie Selonc ce que je sentiroie Pour vous et a vostre loange Lay, complainte ou chanson estrange (MACH., R. Fort., c.1341, 131). Et pour ce, sans prendre fin, Cherubin Et seraphin, Tuit ange et archange Dou commandement divin, Sans declin, Sont tuit enclin, A vostre loange, Et de Dieu tout li affin, De cuer fin, Soir et matin. (MACH., Lays, 1377, 402). Le second remede est amer ceulx qui dient verité, et monstrer par signe que on veult bien oïr verité, soit pour soy, soit contre soy, quer un seigneur ou une dame qui ne veult oÿr que chose plaisant a soy et a sa loenge nourrit flateurs entour soy et deboute tous aultres au moins de fait (GERS., Annonc., a.1400, 235).

 

.

[À propos de Dieu, de la Vierge...] : Quanque l'en peut dire par paroles humaines a la loenge de ceste glorieuse vierge... (Mir. st J. Cris., c.1344, 251). Or ay je donques a l'aide de Dieu et a sa loenge monstré clerement en plusseurs maneres par raysons humaines et en lumiere naturelle comment ce n'est pas impossible que une chose qui est de soy corruptible soit perpetuele, ne que une chose qui ait eu commencement dure sanz fin. (ORESME, C.M., c.1377, 260). ...la mort qu'il croit et pense aujourd'ui recevoir en remission et pardon de ses pechiez, à la louange de Dieu nostre createur, de sa très-benoite mère, de toute la sainte Trinité de Paradis et de tous sains, toutes saintes qui sont en Paradis (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 567). En surplus je vouloye en especial trouver et avoir theume convenable a parler plus proprement de ceste solennité a la louenge de la Vierge tres nette et pure, et a nostre instruction. (GERS., Concept., 1401, 388). ...la Court tenoit que ce qu'il avoit fait et entendoit à faire seroit à l'onneur et loenge de Dieu au prouffit des eglises et personnes ecclesiastiques (FAUQ., II, 1421-1430, 296). ...ilz ont volunté (...) de faire une belle procession et devote a la loange de Nostre Seigneur Jhesucrist (C.N.N., c.1456-1467, 222).

 

2.

[À propos d'une chose] "Fait d'être loué ; réputation de qqc." : Biauté qui toutes autres pere Envers moy diverse et estrange, Douceur fine à mon goust amere, Corps digne de toute loange, Simple vis à cuer d'aïmant, Regart pour tuer un amant, Samblant de joie et response d'esmay M'ont ad ce mis que pour amer morray. (MACH., Bal., 1377, 539).

 

-

Chant de louange. "Chant de gloire" : En Paradis sont tous ly angles Et tous les sains et ly arcangles, Qui devant Dieu chantent trestuit Chant de loenge et de deduit. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 144).

 

-

À la louange de qqc. "À la gloire de qqc." : ...et dit qu'il estoient icy venus pour tout le bien commun et par especial de ce royaume, et à la loenge et exaltation de la foy (BAYE, II, 1411-1417, 260). ...car a la loange de sa dilleccion s'apartient de amer ou de daignier amer ce que aucunement est inparfait (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 289). ...en disant plusieurs beaulx et sumptueux ditz a la louenge et exaltacion de sa magnificence. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 169).

C. -

[Désigne une forme poétique ou une prière]

 

1.

"Forme poétique dédiée à l'éloge" : Autre couleur de rethorique nommée simple lay est assez usité en oroisons, requestes et loenges. (MOLINET, Art rhétor. L., c.1482-1492, 241).

 

2.

"Prière à la gloire de Dieu (ou d'un saint)" : La chanterent une loange De Dieu le pere avecque l'ange Qu'on claime "Benedicité". On l'a maintes fois recité Et encor recite on souvent A matines en maint couvent. Quant la loange fu finie, Li rois et moult grant compaignie A la fournaise s'en alerent (MACH., C. ami, 1357, 23). Ma Loenge, mon Cantié nouvel, ma Exultation, ma lengue te puisse beneïr, laquelle tu as faite pour raconter tes merveilles ! (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 60).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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