"État de ce qui est imparfait, imperfection"

-

[À propos d'une chose] : ...combien que, selonc le dit de l'Apostre en la premiere Epitre aux Corinthiens ou .XIIIe. chapitre : «Science sera destruite», che ne sera que quant a la maniere et a son imperfection, non pas quant a la substance. (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 87). Et perfeccion n'est pas principalment en duracion de temps, mais en estre loing d'imperfeccion. (ORESME, E.A.C., c.1370, 482). Et telle magnitude qui passe en autre gerre ou en autre espesce ne est pas parfaite, quar par neccessité telle issue ou passee en autre est faite selon et pour la deffection ou imperfection de la chose, et ce qui est parfait ne puet avoir telle defaute quar il est divisible et estendu de toutes pars ou en toutes manieres. (ORESME, C.M., c.1377, 54). ...l'empechement Du charnel encombrement Qui trouble le jugement Par son imperfection (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 29). Congnoissez la perfection Que Dieu en voz ames a mis Et des corps l'imperfection. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 59).

-

[À propos de l'homme par rapport à Dieu] : ...on congnoistroit Dieu en ostant toutes imperfections que on treuve en creatures. (GERS., Trin., 1402, 169). ...ainsy quant on oït parler de bonté ou de verité, qui osteroit toute imperfection qui est en la bonté et verité telle comme nous congnoissons en toy, mon Ame, nous verrions Dieu (GERS., Trin., 1402, 169). Saint Denis dist que par trois manieres Dieu est congneut, c'est a scavoir par oster l'imperfection ou par negation, c'est a dire "Dieu n'est pas ce ne cela, tel ou tele". (Somme abr., c.1477-1481, 135). Il est a scavoir que tous les noms et mots qui sont de perfection se dient veritablement de Dieu, ceulz qui contiennent imperfection ou point ne se dient de Dieu, ou se dient selon l'imperfection de la nature humaine, ou par maniere de transport. (Somme abr., c.1477-1481, 154). Boëcius, le premier de ce nom, selon les Ebreux fut le premier parlant de medicine en Egipte et la trouva au moïen des imperfections de nature par les corps celestes. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 17 r°).

-

P. méton. "Conduite douteuse" : Et, pour vous desmouvoir, se aucune voullenté en avez, vous vueil dire et touchier en presence aucunes des imperfections, doubtes et corrupcions qui se font à la court, et meismement des envyes, merencollies et desplaisirs qu'on y prent, et les causes pourquoy. (BUEIL, I, 1461-1466, 46).