C.N.R.S.
 
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     GROIN     
FEW IV 293b grunium
GROIN, subst. masc.
[T-L : groin ; GD : groin1/groindechien ; GDC : groin ; DEAF, G1447 groin ; AND : groin ; DÉCT : groin ; FEW IV, 293b : grunium ; TLF : IX, 537b : groin]

A. -

"Partie antérieure, plus ou moins allongée, de la face de certains animaux, groin" : Thirus est une beste obscure ; Quant elle voeult faire s'ordure, Dessoubz sa queue son groing met Et par my sa bouche tout fait (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 38). Si vous pri que regardon Se on devroit donner tel faucon Pour ce blanc levrier desguisé Qu'Amour de Chiens a devisé. Il dit qu'il a queue de rat, Groing de poisson et pié de chat. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 424). [En parlant de lions] Egar ! ne l'ont fait seulement Qu'alener [saint Ignace] et des groins omer Et de lieu en autre bouter, Et si est mors. (Mir. st Ign., 1366, 112). [À propos de l'éléfant]...mais en son groing il a maniere d'un bouel qu'il a droictement au bout du groing ainsi comme ung pourcel, qui lui pend jusque près de terre (Voy. Jérus., c.1395, 62). L'ours va ferir dessus le groing, Qui si fort l'avoit agrippé, Que tout le groing lui a coppé Plus de plain pié, je le recorde. Or n'a plus garde qu'il le morde, Car trenchié l'a jusques aux yeux (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 320). Taulpe est vne beste aueugle ayant le groign en fourme d'un porc tous iours estant et fouissant en terre. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 469). ...pour une couverte d'un cheval, faicte à la façon de sarazmesme, et pour deux grans boutons à pendre au coul dudit cheval, trois coeffes à mectre d'avant le groin dudit cheval, et pour unes patenostres de musquet pour ledit seigneur (Comptes roi René A., t.2, 1452, 179). En servelle de chat qui hait pescher, Noir et si viel qu'il n'ait dent en gencyve, D'un viel matin qui vault bien aussi chier, Tout enraigé en sa bave et sallive, En l'escume d'une mulle poussive Detrenchee menu a bons cyseaux, En eaue ou ratz plungent groins et museaux, Regnes, crappaulx et bestes dangereuses, Serpens, laissars et telz nobles oiseaux, Soient frictes ces langues ennuyeuses ! (VILLON, Test. M., 1461-1462, 114). LE ROITELET. Puisque j'ay le vergon au poing N'y aura mousquet ne butor, Lyon ne griffon, prés ne loing, Qui n'aist de mon bec sus son groing (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 651).

 

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En partic. "Museau du porc, du sanglier" : Par groing de pourcel ensement peus-tu [la jeune épouse] entendre clèrement Qu'en toy ne doit avoir danger Ne de boire, ne de menger, De grant disner, ne de petit : Tous dois prendre par appétit Et en bon gré, se tu es sage (...) Et fay tout ainsi com le groing Du pourcel qui partout se boute ; Tout prent en gré, riens ne déboute (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 23). Autres manieres de menjues y a que l'en apelle vermeiller, c'est quant ilz boutent et reversent la terre du groing devant pour querir les vers et la vermine de la terre qu'ilz menjuent. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 158). Pales et vers, longue teste et cocue ["grotesque"], Yeulx de perdriz et nés de chahuant, Groing de pourcel, long coul comme une grue, Bossus derrier et enfossez devant (...) Qui onques vit corps de telle façon ? (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 32). Il est fait du groing, des oreilles, de la queue, des jarrectz cours et des .IIII. trotignons bien cuiz et tresbien plumez, puis mis en saulse de percil broyé, vinaigre et espices. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 249). Puis prenez pour le meilleur plat les piez, le groin et les oreilles, et du remenant aux autres. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 251). En oreilles, pieds et groins de pourceaux, et ung gigot farcy d'aulx, que le roy donna au Bailly (Comptes roi René A., t.3, 1476, 303).

 

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En partic. [Trompe de l'éléphant] : Elephant qui est appellé barro quant a ceulx de Inde pour son cry est dit barritus duquel les dens sont yvire et pour geulle a groing et entre toutes les aultres bestes c'est le plus grant de corps et de vertu (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 475).

B. -

P. ext. péj. "Visage, trogne (en parlant d'un diable ou d'un être humain)" : [En parlant de saint Jean Paulu, qui vit comme une bête sauvage]...onques mais sanz faille, Je ne vy telle beste en boys. (...) Trop malement a petit groing, Selon que elle a grant le corps. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 129). Une brongnie Si grande que d'un cop de poing Sur la machoire, lez l'oÿe, On lui rompi prez tout le groing. (TAILLEV., Destr. D., c.1427-1430, 52). SATHAN (en forme daybolicque). (...) Petiz dyables, baissez le groing Et m'aourez comme ung arbitre (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 21). Il a le groing trop bien empraint : Il y appert mainte escripture. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 280). Maldist soit, maistre, vostre groing ! Pour vous sumes ainssi destruit. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 134). Se je treouvre vilain qui fauche Et y ne me die le chemin, Conviendra que mon braz lui hausse Pour luy assener sur le groin. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 640). Cela n'est pas peler chastaignes ; Tu songnes du bec, Narinart ! Quel groing a porter l'estandart Soubz une vielle cappeline ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 349). Je suis contant, pour tous potaiges, Seulement de garder les gaiges Et regarder le jeu de loing Ou, au fort, de bouter mon groing Dedens le pot a la moutarde. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 352). Les deables t'ont bien rapporté, Faulx larron et tous tes consors, Car a tormens hideux et fors Sera vostre groing huttiné. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1039). Tirez vous sça, mon sade groing. (P. Jouh. D.R., a.1488, 19). BURGIBUS [s'adressant à Lucifer]. Pis c'un dragon ta langue va sifflant Et ton pugnais, renffroigné groing soufflant ; Je m'esbaÿs a quoy deable tu pence. (LA VIGNE, S.M., 1496, 350). LE PRESCHEUR. Mais escoutés ce fol testu ! Comme souffrez vous tel coquart ? Vous vez que ce n'est q'ung paillart, Ung coquillart et ung yvroing. LE CUYSINIER. Il[a]pert bien a votre groing : Comme il est enluminé ! (Serm. bien boire K., c.1500, 573).

 

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Tour de groin. "Baiser" : Ha ! m'amyë, ung tour de groing. (P. Jouh. D.R., a.1488, 25).

 

Rem. Voir aussi tour de bec, s.v. tour.

 

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Loc.

 

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Faire les groins. "Faire la moue, la trogne, bouder" : A ce jour [de saint Valentin.] Je dors tousjours sur mon coissin, Et ne foys chose qui agree Gueres a ma malassenee, Dont me fait les groings au matin, A ce jour [de saint Valentin.] (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 436).

 

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Lecher le groin. "Se lécher les babines, se régaler" : Il [le tavernier] prent et cars et marmosins, Et vent vin blanc et vin claret. Il vous fera lichier le groim Ne plus ne moins que ung furet (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 85).

 

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Au propre et au fig. Bouter (son) groin. "Mettre le nez ; intervenir" : Et le chat entra dedans la despence, ou il trouva ung pot plain de creme. La endroit y bouta son groing, et ne pensoit plus a l'oyson, car il se regobillonnoit bien, et eut la pence fournie. (Livre Regnart S.-H., c.1460, 64). Je suis contant, pour tous potaiges, Seulement de garder les gaiges Et regarder le jeu de loing Ou, au fort, de bouter mon groing Dedens le pot a la moutarde. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 352). Et toy, en sces tu riens, Sathan ? Sy bien l'as espïé tousjours Et essayé par tant de tours, Tu en dois sçavoir quelque chose Ou, quant est a moy, je suppose Que dyable n'y scet bouter groing. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 825).

 

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Mentir parmi son groin : Malebouche leva la hure Et frappa son siege du poing, Reniant Dieu et sa figure Et dist : "Tu mens parmy ton groing !" (MARTIN LE FRANC, Champion dames D., t.3, 1440-1442, 150).

 

Rem. Cf. aussi mentir parmi la bouche, mentir parmi ses dens, mentir par sa gargate, mentir par/parmi la gorge, mentir parmi sa teste.

C. -

P. anal. "Partie proéminente d'une chose"

 

1.

"Promontoire, cap" : Nous volons et mandons à ceulz à qui il appartient que l'en face en touz temps de nuit feu ou groing de Caux (Ordonn. rois Fr. S., t.4, 1364, 428).

 

Rem. (Trad. de Gilles Colonne, Gouvernement des princes, 1444 (ms. déb. XVIe s.) La nature du lieu fait les forteresses estre plus fortes quant elles sont assises sur les groins des rochiers) ds GD IV, 364a

 

2.

Groin de chien. "Sorte de tenaille terminée à l'un de ses bouts par un bec très fort" : Là monta Robert de Miraumont, Guillaume de Grenant, messire Gauvain Quieret et plusieurs autres Bourguignons et Picardz, et cinq ou six des archiers du duc, lesquelz avoient en garde une grosse tenaille, que l'on nomme ung groing de chien, pour rompre les gons, les verroux et serrures de toutes portes. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 37). Et si tost que les premiers furent descenduz de la muraille, ilz occirent le guect avant qu'il eust loisir de crier ne de faire effroy, et puis prestement les archiers coururent à la poterne, et du groing de chien, par aspreté et par puissance, rompirent les gons et les verroux de la poterne (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 38). [GD : Groin de chien]
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Hiltrud Gerner

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