C.N.R.S.
 
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     GELER     
FEW IV 86a gelare
GELER, verbe
[T-L : geler ; GDC : geler ; DEAF, G432 geler ; AND : geler ; DÉCT : geler ; FEW IV, 86a : gelare ; TLF : IX, 150b : geler]

A. -

"Se transformer en glace" : Et qui de ceste yaue prendroit Et la mettroit Par un temps froit En un vaissel, elle prendroit Et jaleroit, Si qu'on feroit De la glace une ymage ; Mais ja son goust n'en perderoit Ne mueroit (MACH., Les lays, 1377, 408). ...non obstant que le graphier eust feu en vaissel delez son siege pour garder l'ancre de son cornet de geler, neantmoins l'ancre se geloit en sa plume de IJ ou de IIJ mos en IIJ mos (BAYE, I, 1400-1410, 212). ...et que par icelles grans gelées eussent esté gelées les rivieres, et en especial Seinne (BAYE, I, 1400-1410, 215). Puis que mon sens fut a repos [après cette perte de conscience, cet entroubli] Et l'entendement desmellé, Je cuiday finer mon propos, Mais mon ancrë estoit gelé Et mon cierge trouvay soufflé (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 30). Et furent les rivieres de Seine, Marne, Yonne et toutes autres rivieres affluans en ladicte riviere de Seine, prises et gelées si très fort que tous charrois, gens et bestes passoient par dessus la glace. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 104). Par trois jours fut departy le vin que l'on donnoit chez le duc, pour les gens qui en demandoient, à coups de congnée, car il estoit gellé dedans les pippes et failloit rompre le glasson, qui estoit entier, et en faire des pièces (COMM., I, 1489-1491, 168). ...predist aussi à ce très noble empereur la merveilleuse glace qui fut trouvée vers la mer Pontique où l'eau se trouva gelée de XXX couldées de hault, comme il fut rapporté. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 105 v°).

 

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[D'un objet] Gelé. "Pris dans les glaces" : ...et tant que à Paris avoit grant necessité tant de boiz que de pain pour les molins gelez, se n'eussent esté les farines que l'en y amenoit des païz voisins (BAYE, I, 1400-1410, 215).

 

-

Empl. pronom. Se geler : ...non obstant que le graphier eust feu en vaissel delez son siege pour garder l'ancre de son cornet de geler, neantmoins l'ancre se geloit en sa plume de IJ ou de IIJ mos en IIJ mos (BAYE, I, 1400-1410, 212).

 

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Empl. impers. "Faire si froid que tout liquide se transforme en glace" : ...tu sais bien qu'il ne fesoit si grant froit cest annee comme il fait à present, car il neige, gresillie et gielle si fort que l'yauve est aussi espès engiellee comme la laeüre de mon pié (Man. lang. G., 1396, 55). Ce jour, neiga et gela bien fort, plus que long temps par avant n'avoit fait. (FAUQ., II, 1421-1430, 124). ...car les feriers de Pasques il negoit, il geloit et faisoit toute la douleur de froit que on povoit pencer. (Journal bourgeois Paris T., 1405-1449, 150). Et le dimenche ensuivant, que on dit le dimenche perdu, gela si fort et si asprement que (...) tout fut ars et bruy de la gelée. (Journal bourgeois Paris T., 1405-1449, 282). Le mardi XIIe jour d'avril apres Pasques fleuries oudit an MIIIIcXLV, la lune estant en son plain, entre trois et cinq heures apres minuict, y gela à glace et tres fort en tout ce pays cy (MAUPOINT, Journ. paris. F., 1445, 36). Lequel suppliant luy demanda qu'elle avoit, et elle luy respondit qu'elle venoit dudit puys pour cuider avoir de l'eaue et qu'elle y avoit trouvé ledit Guillaume l'ainsné, qui l'avoit empeschée d'en aporter, et non content de ce, luy avoit gecté ung seau d'eaue sur elle, combien qu'il gelast très fort et faisoit grant froit (Doc. Poitou G., t.10, 1460, 245). Et ne fist point de froit ne ne gela point qu'il ne feust la Chandeleur (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 300). En ladicte année, l'iver commença tart et ne gela point que ne feust le landemain de Noel, jour Sainct Estienne, et dura jusques au huitiesme febvrier, qui sont six sepmaines, durant lequel temps fist la plus grande et aspre froidure que les anciens eussent jamais veu faire en leurs vies. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 104).

 

-

Loc. Il gele à pierre fendant. "Il gèle à pierre fendre" : ...car jamais amant ne doivent avoir froit soit qu'il gelle a pierre fendant (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 20). ...pareillement de ceulx [des amoureux] qui couchent entre deux goutieres toute la nuyt, voire quant il gelle a pierre fendant, et sy n'ont point de couverture ne de froit (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 154).

 

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Prov. Plus gele, plus estreint./Plus gele, plus destreint. "Plus il arrive de maux, plus il est difficile de les supporter" : XXX mil Sarrasin, qui furent de sa gent, Vinrent assir Baudas avironnéëment. Plus gèle plus destraint, che dist-on bien souvent. (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 1). Car com plus gelle, et plus destraint (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 221). "Signeur, signeur, com plus gielle, plus destraint." (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 91). De tant plus gelle, et plus estraint (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 194). Se guerre commencent les vifz, A nouvel cas, nouvel aviz. Je l'ay soubz mon povoir contraint. Tant plus gelle, tant plus estraint. (DU PRIER, Songe past. D.-M., c.1477-1508, 120).

 

Rem. Cf. la var. "Plus il gresle, plus destreint" sous : gresler ; voir aussi destreindre et J. Morawski, Prov. fr., 1925, n° 1756 ; J. W. Hassell, Middle Fr. proverbs, 1982, G 20 ; DI STEF. 398c-399a : s.v. geler ; Thesaurus proverbiorum Medii Aevi, t.4, 1997, 75, s.v. frieren ; FEW atteste les deux loc. "il gèle à pierre fendre" et "plus il gèle, plus il étreint" dep. FUR. 1690.

B. -

"Endommager par un froid excessif"

 

1.

[...des végétaux] : ...à cause de quoy plusieurs bourgons des vignes qui estoient trop avancéez furent perdus et gelez, et les fleurs des arbres et les souches en divers lieux perdues et gellées. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 105). ...et ce qui estoit en terre fut gelé et perdu, dont vint famine et de famine mortalité (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 100 v°).

 

-

"Être endommagé par le froid" : Chacun estoit contemps du sien et sergens ne gaignoient riens. Les vignes lors jamais ne geloient ny ne failloient ne les bestes point n'aourtoient (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 205). ...mais afin que icelles ne gelent [les feves des maraiz], on en plante vers Noel, et en janvier et fevrier et au commancement de mars ; et plante l'en ainsi a diverses foiz, afin que se les unes sont gelees, que les autres ne le soient pas (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 118).

 

-

Inf. subst. : Mais si que les fleurs sont brulées Par geler ou qu'elles matissent, Ainsis les femmes se fletrissent Par vieillesse ou par accident D'avoir porté un seul enfent (DESCH., M.M., c.1385-1403, 191).

 

2.

[... une pers., un animal] "Être saisi par le froid, geler" : ...et actendoit [le pauvre homme] en nostre jardin plus de demye nuit que je ne pouoie trouver maniere d'aller a lui, et quant je y alloye, je trouvoy le pouvre home tout gelé, mais il n'en fasoit compte. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 106). Ne il n'est nul qui la n'en giele, Car toudis y pleut, nege et giele (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 128). Cestui predist les signes horribles qui apparurent ès arbres et aussi le grant yver par lequel les oyseaulx geloient en l'air et tumboient mors (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 100 r°).

 

-

Geler de froid : Mon amy tu gelles de froit Le doulx iesus te vueille ayder. (Myst. st Martin K., a.1500, 310).

 

Rem. Première attest. de ce sens.
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Hiltrud Gerner

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